Iwak #31 – Feu

Il s’agit bien du mot anglais « Fire » donc on parle plutôt du feu au sens (XIIe siècle) Du moyen français feu, de l’ancien français fou (IXe siècle), fu, foc, du bas latin feu, du latin fŏcus (« foyer, feu, âtre »), qui a supplanté le latin classique ignis à l’époque impériale. Mais là, ça m’a plutôt fait penser à l’autre définition qui est d’une tout autre étymologie : du latin populaire fatutus, qui a accompli son destin, du latin classique fatum, destin. C’est donc plutôt l’adjectif feu qui signifie « qui est décédé récemment ».

Matthew Perry est en effet mort il y a trois jours, et ça a secoué pas mal de monde, à la hauteur en tout cas de l’importance qu’a été la série Friends dans la vie de beaucoup de gens (toute proportion gardée bien sûr, ce n’est qu’une série TV). Et contre toute attente, alors que je suis à 100% dans la cible qui aurait dû voir et être accroc à Friends (1994-2004), jeune adulte que j’étais au démarrage, bah je n’avais pas vu un seul épisode avant l’été dernier.

Mais l’été breton 2023 ayant été passablement médiocre, j’ai beaucoup regardé la télévision (mais de toute façon, je passe beaucoup de temps à mater des séries, c’est une réalité terrible et je ne veux même pas savoir combien d’heures cela représente dans ma vie). Et je me suis dit, tiens presque trente ans plus tard, est-ce que c’est regardable ?

J’ai eu la sensation d’une série qui a dû être considérée à un moment comme un chouïa ringarde, puis vieillotte, puis rétro, puis carrément vintage. Mais force est de constater que j’ai vraiment beaucoup aimé, et que j’ai pris beaucoup de plaisir à la découvrir, même autant de temps après. Et c’est surtout que pour l’époque, je me suis bien rendu compte à quel point il s’agissait d’un format très novateur (même si ça reste une sitcom) et surtout d’une écriture géniale, et encore parfaitement actuelle. J’ai été à la fois choqué par une certaine misogynie et terrible grossophobie ou transphobie, mais aussi agréablement surpris par l’équilibre dans les rôles et les histoires des uns et des autres, et carrément épaté par certains discours hyper nouveaux comme l’évocation de l’homosexualité, et une vraie attaque très avant-gardiste des standards de la masculinité toxique.

Mais surtout j’ai ri et vraiment de bon cœur (la plupart des blagues font encore mouche, et l’écriture est vraiment travaillée à la manière de répliques de bon stand-up), et j’ai été ému à maintes reprises et, même trente ans après, j’ai accroché à ces 6 personnages. L’harmonie et l’équilibre dans leurs histoires, et puis la proximité avec des personnalités proches de ma génération sont sans doute pour beaucoup à cette identification et cette cristallisation.

Après ces dix saisons bingées en 8 semaines je crois, j’ai enchaîné directement sur l’émission qui les réunissait 17 ans plus tard (après le clap de fin de la série). C’était évidemment assez choquant, surtout de voir l’effet de la chirurgie chez deux des héroïnes, et ce visage fatigué et abîmé de Chandler. Car son personnage était attachant, autant que les autres dans le fond, et il avait ce truc de toujours s’en sortir avec de l’humour et avec une pirouette, ce qui lui donnait souvent les répliques les plus sarcastiques et ironiques (très new-yorkaises et « françaises », mais finalement peu américaines, en plus de les voir fumer avec un grand plaisir dans les premières saisons), et carrément fendardes.

Mais donc c’était le mec drôle, le pote qui te fait rire avant tout, mais qui cache aussi ses traumas derrière son humour à toute épreuve. Et le jeu était subtil derrière Chandler Bing, où tout de même on joue sur sa potentielle homo/bi/pan/sexualité pendant dix ans. Et de savoir qu’il était en réalité, l’homme derrière l’acteur derrière le personnage, en détresse de puis très longtemps sur bien des sujets est d’autant plus triste, et une certaine ironie du sort.

Donc ça m’a fait bizarre cette mort prématurée, surtout que pour moi la série vient tout juste de se terminer. Elle est encore tout fraîche dans ma mémoire pour une première découverte. Clairement la série ne revêt pas pour moi de la même dévotion que certains de ma génération peuvent nourrir à son égard, mais ça m’a fait un petit truc.

Iwak #30 – Pressé

J’ai commencé à bosser en 1997, c’était à un moment assez charnière je crois car pendant quelques semaines, je n’ai pas eu un PC à moi. A l’époque, on se partageait encore ce genre de matériels, mais très rapidement (vraiment de l’ordre de quelques semaines) j’ai eu mon ordinateur juste pour moi. Et le plus fou, c’est qu’on avait des emails qui étaient également partagés, car c’était le début des emails en entreprise, souvent c’était par service ou département. Donc le monde marchait AVANT les Internets !!! Et je me rappelle que deux mois après mon arrivée, hop, tout le monde avait internet sur son poste et un email à son propre nom. C’était carrément précurseur, et j’ai dû attendre des années avant d’avoir la plupart de mes proches avec un accès à un email pro ou perso.

On arrivait à bosser, principalement parce que les communications papiers et le courrier étaient encore de mise, et qu’on fonctionnait donc sur un rythme tout autre. Et encore, tout s’était grandement accéléré avec la généralisation des fax, et on aurait bien du mal à s’en passer même dix ans plus tard. Mais même avec des fax, on avait une latence dans les communications qui donnait une cadence sans commune mesure avec la manière dont on travaille aujourd’hui.

Je me rappelle que tout était excessivement anticipé sur des semaines et des mois, en comptant les allers-retours par courrier ou fax, les réunions pour lesquelles il fallait se déplacer et organiser ces déplacements, des conférences téléphoniques balbutiantes où on se rassemblait autour d’un téléphone avec haut-parleur qui crachotait. Tout cela faisait que l’on attendait de personne qu’il ne réagisse au quart de tour, car ce n’était simplement pas le « rythme de la vie professionnelle ».

Nous sommes arrivés dans une ère de l’opposé complet mais genre à 180°. On est aujourd’hui connecté les uns aux autres, et on reçoit des demandes qu’il faut satisfaire dans les quelques minutes, voire moins. Cela demande aussi une certaine anticipation, mais en réalité c’est juste un engrenage infernal, et une constante attention à ces messages instantanés qui ne laissent plus un répit, il n’y a plus de latence, il n’y a plus de rythme, il n’y a qu’un flot ininterrompu nécessitant une attention continue.

Et cette nécessité est contrebalancée par des technologies qui, ironie du sort, nous habituent de plus en plus à ne plus savoir nous concentrer plus de trois minutes sur un sujet. La consultation des sites web, et le clic de liens en liens, ou l’appui d’app en app, nous a reconditionné pour ne plus nous permettre de focaliser notre attention, puisqu’elle n’est qu’en attente de la prochaine quantité granulaire d’information à consommer, avant le prochain clic.

Et c’est la même chose pour les contenus qui donc sont de plus en plus concis et simplifié, c’est un cycle sans fin qui à la fois se nourrit et génère ce zapping inconsidéré, débilitant et menant à l’entropie de toutes nos existences. (Oui carrément. ^^ ) Et il y a en plus ce phénomène de polarisation des contenus, que j’ai maintes fois évoqué mais qui vraiment m’interpelle énormément. Il est le corollaire de cette accélération de nos vies « communicantes », car pour faire réagir, pour marquer et pour susciter un contact, un avis, une note, un renvoi, il faut agir sur les sentiments, et sur les instincts générant les stimuli les plus efficaces pour faire bouger ce pouce sur cet écran.

Et donc on est dans cette culture de l’immédiateté et du « clash », dans l’information qui génère du sentiment, positif ou négatif, et surtout ultra-positif ou ultra-négatif, celui qui est le plus rémunérateur à l’échelle des régies publicitaires, qui ont clairement accompagné la mutation de nos comportements récents. Encore tout à l’heure, je l’ai constaté dans l’émission « Les informés » de France Info, où deux journalistes exposaient une vision très intéressante, posée et dépassionnée, du conflit israélo-palestinien actuel. Et donc le présentateur a cru bon de faire intervenir un réalisateur de film et producteur de comédies musicales pour donner son opinion très haute en couleur et passionnelle sur le sujet. Inutile de dire qu’il était dès lors impossible de débattre et de confronter des idées, mais évidemment l’atmosphère était beaucoup plus tendue, et je suppose que ça permet à plus d’auditeurs de ne pas décrocher, car ils attendent des réponses autant polarisées et vecteur d’autres émotions. Bref le degré 0 de la réflexion est érigé en standard d’éditorialisation de la vie politique sur le service public.

Ces tensions terribles s’expriment aussi couramment maintenant sur les réseaux sociaux, et ce qui est dingue c’est que nous sommes les acteurs très directs de ces affreuses pratiques violentes et anémiantes. Je suis surpris d’ailleurs qu’on colle à des médias (ie Twitter) des pratiques ou des ambiances, et qu’on pense qu’on pourra trouver une herbe plus verte ailleurs (ie Mastodon ou Bluesky). Comme j’en parlais précédemment, on trouvait à l’époque des blogs les mêmes oppositions, et les mêmes tensions très véhémentes qui n’étaient que le début de ce que nous vivons pleinement aujourd’hui.

Il se passera la même chose sur les autres réseaux sociaux s’ils sont motivés par la pub, l’audience ou ouverts à tout le monde. Et si c’est plus calme aujourd’hui, c’est soit par rapport à une barrière technologique, et donc discriminante, à l’entrée, ou l’attrait d’une nouveauté encore seulement prisée par quelques nerds et geeks.

Bref, on est pressé. Et l’article en question prouve par sa longueur indigeste mon envie renouvelée de lutter, à mon niveau, et à ma manière, pour des Internets plus posés, réfléchis et chiants, mais libérés et émancipateurs à leur tour. ^^

Le Garçon et le Héron (Hayao Miyazaki)

Cela faisait des années que Miyazaki n’avait pas sorti de film, et il était normalement à la retraite, mais il ressort un film alors nous n’allons pas bouder notre plaisir. Il a créé apparemment ce « dernier » film comme son ultime œuvre « avant de mourir » et comme un geste de transmission pour son petit-fils. Il faut d’abord préciser que c’est un très mauvais titre qui n’a rien à voir avec une traduction du titre original, et que le film n’a rien à voir avec « un conte » qui parlerait de la rencontre d’un garçon et d’un héron. Parce que ce titre évidemment fait plutôt penser à un genre de conte de Grimm ou de Perrault, mais alors RIEN À VOIR.

Mais passons, car c’est un très très très bon film, et ça fait super plaisir de l’avoir vu en avant-première en ayant rien lu à son propos. En tout cas, c’est déjà un petit chef d’œuvre formellement, avec une qualité technique dans la 2D et 3D qui est irréprochable, une direction artistique de génie, des graphismes fabuleux et une inventivité encore renouvelée, tout en étant dans une filiation très directe avec les autres longs-métrages du maître.

L’histoire fait immanquablement penser à celle de Chihiro, mais seulement dans la structure et la narration, donc rien de très original de ce côté là, en revanche l’histoire est complètement différente, et vraiment dans le fond c’est très original. On retrouve également un bestiaire plutôt familier, même si foncièrement nouveau, mais avec des monstres gentils, des trucs chelou-ragoutants mais sympathiques, des yōkai plus ou moins agréables et un univers finement miyazakiesque à savourer. On est pas dans la rupture du tout, mais bien dans une continuité de l’œuvre de Miyazaki, et c’est ce qu’on pouvait attendre, j’imagine, d’un dernier film.

Le héros, le fameux garçon, est Mahito Maki. Nous sommes en pleine guerre du Pacifique en 1944, et il a vécu quelques temps auparavant dans un grand traumatisme la mort de sa mère dans l’incendie d’un hôpital où elle séjournait. Il rejoint alors avec son père, un endroit éloigné de Tokyo où vit sa nouvelle « belle-mère » Natsuko, près de l’usine de fabrication d’avions de son père qui fonctionne à plein régime. On apprend rapidement que Natsuko est en réalité sa tante, et qu’elle attend un bébé. Mahito est grandement déstabilisé par ces changements, autant le cadre que les remous familiaux et son deuil. A son arrivée, un héron cendré semble tout de suite le narguer et essaie carrément de foncer sur lui.

Mais tout l’endroit est un peu bizarre (et renvoie un peu des vibes de Totoro) avec ces vieilles mamies qui veillent sur la maison et les occupants, et une tour étrange dans des bois environnants qui est condamnée, mais dans laquelle l’enfant vient chercher des réponses. Et un beau jour, le héron (qui se révèle être une sorte de type caché assez monstrueusement dans le corps même de l’oiseau) vient expliquer à Mahito que sa mère est vivante et qu’il doit le suivre. En même temps, sa tante Natsuko enceinte disparaît dans la forêt, et il part aussi à sa recherche. En mode « quête du lapin blanc », et comme dans Chihiro, Mahito se retrouve dans un monde parallèle mais intimement lié à son histoire familiale proche.

L’animation est comme toujours brillante, mais surtout l’histoire est riche et dense, et très émouvante. Jamais Miyazaki n’avait été aussi précis dans la manière de dépeindre la souffrance d’un enfant qui perd sa mère, et cette première scène de l’incendie de l’hôpital n’est pas sans rappeler quelques moments du fameux Tombeau des Lucioles de Isao Takahata. On est dans un récit assez sombre, et une quête initiatique qui reprend pas mal de thèmes de l’univers de Miyazaki, et il y a une emphase assez visible sur la filiation et la transmission dans une lignée (ce qui résonne avec le fait que Miyazaki dédie ce film à son petit-fils). Pour alléger le tout, il y a aussi quelques saynètes drolatiques ou légères, des personnages secondaires assez truculents (la mamie Kiriko notamment), et son lot de bestioles mignonnes avec les Warawara (équivalent des kodama de Mononoke) qui évoluent dans des environnements magnifiquement dessinés et animés.

Vraiment je l’ai déjà dit, mais c’est une merveille esthétique et artistique du début à la fin. Et même si on peut le voir comme une version alternative de Chihiro, je le trouve bien plus profond et abouti, parfaitement réalisé et monté, et qui prend son temps pour raconter son histoire et montrer ses « visions ».

Iwak #29 – Massif / Immense

J’ai d’abord pensé au Grand Canyon et à l’ensemble des parcs du sud-ouest des USA que j’ai eu la chance de visiter à plusieurs reprises, mais en réalité l’impression d’un truc « massive » c’est ce qui m’est arrivé le plus de fois lors de notre voyage à la Réunion à l’été 2018. Et comme c’est encore un des voyages que je n’ai pas noté dans le blog, j’en profite pour faire du rattrapage comme avec le Japon en 2019.

La Réunion et ses trois cirques sont vraiment un truc énorme, littéralement énorme, qui lorsqu’on y est confronté ne peut laisser insensible. Un activité volcanique assez dingue, avec des éboulements et des effondrements, ainsi qu’une érosion démentielle, ont sculpté ces cirques, et ont créé ces décors naturels surréalistes, et troublants de beauté. Grimper au Maïdo est le plus simple, et c’est de manière surprenante assez facile d’y aller en voiture, on marche ensuite quelques minutes et on se prend une gigantesque claque dans la gueule avec une vue imprenable sur le cirque de Mafate.

On aperçoit des hameaux et des groupes de maisons sur les plateaux plus bas, tout petit petit de là-haut, et c’est dingue de se dire que ces gens habitent là et qu’il n’y a pas de routes pour s’y rendre, uniquement des chemins de randonnée.

Celui de Silaos vaut aussi le coup d’œil, avec une route en lacets sans fin et ultra-flippante, alors qu’on arrive sur la commune du même nom (un endroit avec pas mal de monde qui vit hein, des écoles, des commerces et tout), et qu’on voit ça à 360°.

Salazie c’est encore autre chose, mais tout aussi énorme et fabuleux. Il y a ce village au nom assez génial de Hell-Bourg, et on y voit ce genre de panorama.

Mais en plus, dans le coin on peut se balade dans la forêt de Bébour-Bélouve qui fut une expérience mémorable avec ces fougères géantes qui vous balancent directement dans un décor de Jurassic Park, et une végétation massive et dense qui ruissèle de pluie, soit parce qu’il vient de pleuvoir, soit parce qu’il va bientôt pleuvoir. ^^

Dans la région, on trouve aussi une immense et magnifique cascade appelée le Voile de la Mariée, et ça vaut plus qu’un coup d’œil.

Mais la plus belle des cascades et la plus grande et qui m’a vraiment marqué, c’est celle de Langevin. C’est juste waouh (le tout petit truc rouge en bas sur la seconde photo c’est un homme), et on attend juste King Kong pour qu’il prenne sa douche.

Et puis ok, les cirques c’est énorme, mais que dites-vous du très actif volcan de l’île ? Le piton de la Fournaise en tant que tel bien sûr, mais aussi son environnement… Enorme, incroyable, pharaonique, gigantesque, à couper le souffle.

L’approche avec la plaine des Cafres (à l’époque esclavagiste, les gens habitaient en bordure de l’île, et les esclaves qui s’enfuyaient tentaient leur chance dans les cirques et vers le volcan, les endroits les plus sauvages, reculés mais le seul espoir) est déjà hallucinante avec des falaises qui tutoient les nuages, une végétation assez rase qui pousse sur d’anciennes coulées basaltiques, et des panoramas incroyables lorsque le temps le veut bien (sinon potentiellement c’est de la purée de pois).

Et puis, on arrive à la plaine des Sables avec son air de planète Mars, et cette traversée étonnante, où en plein été (hiver austral) on a des cristaux de glace qui se forment tant on est en hauteur et qu’il fait froid (alors qu’on vient « en bas » de 27°C à la plage). Paysage lunaire et aride mais superbe et encore une fois qui s’étend à perte de vue, et qui paraît prendre tout l’horizon.

Et voilà le volcan si vous êtes assez chanceux pour le voir et ne pas être face à une brume impénétrable. On a eu toutes les configurations mais en tentant 3 fois le trajets, ça a marché pour la troisième !! On avait aussi l’opportunité d’être là pendant une éruption, ce qui a été génial mais nous a empêché de plus approcher les cratères.

Il y a aussi ces gigantesques trainées de lave qui laissent à toutes les époques des paysages modifiés, et cela donne de chouettes visions. J’ai beaucoup aimé cette église joliment appelée Notre-Dame-des-Laves qui est un bâtiment religieux qui a échappé à la destruction lors d’une éruption, et c’est super impressionnant car l’endroit est carrément encerclé de restes de basalte.

Le dernier truc énorme pour moi à la Réunion, c’était ma première fois à voir des baleines, et c’était dingue. Je n’ai pas voulu faire un de ces tours en bateau pour les voir, car j’avais l’impression que ce n’était pas très cool pour les cétacés. Mais à plusieurs reprises, j’ai simplement passé quelques heures à mirer l’océan, et pif, paf, pouf, ça n’arrête pas. Impossible de les prendre en photo comme vous pouvez le voir, mais le simple spectacle de ces bestioles qui sautent et de voir les nageoires caudales, les jets d’air et parfois un corps qui sort subrepticement de l’eau pour y retomber, est incroyable et m’a ravi.

(Y’avait aussi des très grosses et belles vagues !! ^^ )

Iwak #28 – Briller

Vous allez trouver que je radote car j »ai déjà parlé de Kyoto pendant ce défi : que ce soit pour parler d’une goutte de pluie parfaite ou simplement dans l’évocation de cartes, mais il y a eu aussi ce jour fantastique que j’avais évoqué dans le défi de l’été du 1jour1Kif. Mais c’est vrai que j’y suis allé pour la première fois en 2005, et puis de nouveau en 2018, et incroyablement aussi en 2019. A chaque fois c’était pour le boulot, et j’ai profité d’être là pour prendre quelques jours pour moi, et j’ai tellement aimé ma première fois que j’ai voulu refaire Kyoto malgré tout une seconde puis une troisième fois (une quatrième avec mon chérichou serait tout à fait désirée). Pour cette dernière fois, en juillet 2019, c’était vraiment une période de vache maigre pour le blog, et je n’ai même pas parlé du voyage, ce qui me paraît fou aujourd’hui.

Mais voilà ce qui brille pour moi de mille feux, ce qui m’a à chaque fois terriblement impressionné par sa flamboyance, et à la fois sa quiétude et sa distinction, c’est le Kinkaku-ji de Kyoto, le Pavillon d’Or. Et même si je l’ai donc visité la dernière fois, en juillet 2019 sous la pluie, il m’a encore fait un effet vraiment ouf. Malgré les dorures le truc est tout sauf blingbling car il est entouré de verdure, et possède des lignes pures et simples. Malgré le fait que ce soit un haut lieu du tourisme kyotoïte, c’est très calme et silencieux, et on peut en profiter allègrement et paisiblement. Le bonheur quoi.

Puisque nous sommes ici, je vais en profiter pour vous montrer les endroits que j’aime à Kyoto. ^^

Je vous passe la boutique Ghibli, mais vous imaginez que je n’ai pas fait que m’y arrêter. Hu hu hu.

Le petit parc Maruyama était bien sympathique et reposant, tout simple et déjà fou en comparaison des parcs et jardins de chez nous.

Depuis le centre-ville et ses quartiers anciens, on aperçoit la pagode du Hokan-Ji et c’est l’occasion de photos sympas qui mêlent plusieurs époques, Japon médiéval et d’aujourd’hui.

Le Ryōan-ji est le temple et jardin zen « sec » par excellence, où les cailloux savamment disposés remplace les jardins paysagers. Le spectacle est fascinant car on comprend vraiment que cette litière géante ( ^^ ) est un repos de l’âme absolu, en même temps qu’un assemblage tout sauf aléatoire et avec des explications très précises des métaphores ainsi reproduites.

La jolie pagode du Ninna-ji sous la pluie fut l’occasion d’une chouette déambulation complètement seul, un peu perdu, mais un bon moment pour passer d’un lieu « plus intense » à l’autre (mes émotions sont à fleur de peau ici).

Le Ginkaku-ji ou Pavillon d’argent, surtout notable pour ses jardins dingues !! Je pourrais y passer des heures, on est dans un décor totalement compatible avec Miyazaki et ses visions de la nature. Pourtant chaque brin d’herbe est très précisément là où il doit être, et chaque butte de mousse est coupée au millimètres, mais tout apparaît comme un peu sauvage et diablement harmonieux.

Un petit détail du Honen-in, un endroit sans prétention mais dont l’atmosphère m’a beaucoup plu.

Petit jardin intérieur sans prétention du Eikan-do, qui est en réalité sublime et bluffant.

Dans le Hojo du Nanzen-ji, j’était littéralement tout seul car ça ne doit pas être dans la dizaine de temples recommandés dans les guides, et donc dès qu’on sort des sentiers battus, on a accès à des endroits géniaux et déserts (comme partout hein). C’est encore un superbe exemple de jardin zen, mais je trouve encore plus beau et impressionnant que le Ryōan-ji.

Le temple du Kodai-ji est un immense sanctuaire avec cette première cour totalement minérale et minutieusement ratissée avec quelques cônes en points d’orgue dessinant un paysage de montagne abstrait fascinant. On passe d’un point à l’autre avec des passages surélevés en bois qui présente des plus petits temples ou pagodes avec des décors intérieurs tout aussi splendides.

Dans les Les bambous géants d’Arashiyama… Tigre et Dragon ne sont pas loin évidemment. ^^

Les jardins du Tenryu-ji sont superbes, et valent vraiment le coup d’œil.

Le Jojakko-ji et sa belle pagode qui se mérite car il faut monter what mille marches dans la montagne et la forêt. Mais résultat, il n’y a vraiment qu’une poignée de touriste qui l’ose. Hu hu hu.

Le Adashino Nenbutsu-ji et ses 8 000 pierres représentant Bouddha. Super impressionnant bien sûr, mais ce qui est étonnant c’est que l’aspect antédiluvien des temples peut être assez trompeur, car en réalité ce sont fréquemment des sanctuaires qui peuvent dater de pas si longtemps que cela, celui-ci par exemple a été créé en 1903.

Le Otagi Nenbutsu-ji et des 1 200 « rakan » (disciples de Bouddha), c’est quelque-chose !!! Mon préféré c’est celui qui sourit au ciel en plein centre de la première photo. Et celui-ci a été fondé en 766, malgré ce rakan au walkman qui est un don de SONY des années 1980, ce qui montre l’activité de ces temples, et l’importance « corporate » qu’ils revêtent pour les grandes sociétés nippones (les « zaibatsu » notamment).

Le coin est au bord de la rivière Katsura en plein parc d’Arashiyama, et c’est aussi un lieu pour randonner et rencontre faune et flore locale.

Enfin, vraiment pas au même endroit, mais un incontournable de Kyoto c’est le Fushimi Inari Taisha, le sanctuaire aux milliers de torii et de renards messagers. Les torii sont financés par des particuliers ou des entreprises, et ils sont marqués des noms de leurs donateurs qui espèrent ainsi s’attirer chance et prospérité, ces sortes d’ex-voto en somme.

Et puis après c’était Tokyo, certes moins bucolique mais tout aussi passionnant !

Voilà mon tribute à la Tokyo Tower, mon image de cette ville depuis gamin grâce à Spectroman, X-Or, Bioman mais aussi Sailor Moon et consorts.

Le Tokyo d’aujourd’hui où j’ai bossé quelques jours.

Et la pure image d’Épinal de Tokyo avec la foule toujours dense à Shibuya, et les fameuses traversées de centaines de gens sur des immenses passages piétons.

Et enfin, une des dernières images de ce voyage qui m’a beaucoup fait sourire en repartant du Japon et de Tokyo : un petit garçon fan de Gundam qui essaie d’imiter son idole !

Frida dans la peau

J’ai encore cédé à mes envies de tatouage, et voilà le tout dernier frais de ce matin sur mon mollet gauche ! C’est un artiste que je suis sur Instagram depuis 2 ou 3 ans, et dont j’aimais vraiment énormément les dessins et illustrations. Il s’appelle le Roi des Kobolds, rien que ça.

J’aime beaucoup Frida Kahlo, pour son art, sa vie, sa liberté de pensée, d’agir et d’avoir été toute son existence. Une icone queer et féministe pour moi, et dont j’adore l’omniprésence prophétique dans le film Pixar Coco. Le style directement reconnaissable du tatoueur et son habileté à styliser en quelques traits minces et pleins la grande dame m’ont tout de suite conquis, et les deux fleurs en rouge comme seule marque de couleur est aussi le petit truc en plus qui me plaît énormément.

Iwak #27 – Bête/Animal

Souvent quand mes parents insistaient pour nous montrer des films, on soufflait comme de bons ados, mais au final très souvent on admettait que c’était pas mal du tout. Et en général, quand on avait trouvé ça bof, ils reconnaissaient que ça avait beaucoup vieilli. Quand on a vu le film de Jean Cocteau de 1946 : la Belle et la Bête, on s’est rendu à l’évidence : c’est un putain de bon film !!!

C’est vraiment encore pour moi un des grands chefs d’œuvre du cinéma mondial, et clairement dans mon « top » personnel. Il bénéficie déjà d’un noir et blanc d’une incroyable beauté et qui est vraiment utilisé pour raconter son histoire de manière particulière. Mais clairement, quand on voit un peu les films de l’époque et celui-ci, on voit à quel point il est moderne et n’arrive pas à prendre une ride. C’est sûr que le conte lui donne une portée particulièrement globale, d’autant plus que c’est un des mythes universels qu’on retrouve dans énormément de cultures depuis la nuit des temps, même si la « Bête » en tant que telle vient sans doute de Pédro Gonzalès.

Et il y a tout cet imaginaire incroyable porté par les décors et les effets spéciaux (consistant surtout à filmer des scènes puis les repasser à l’envers, comme cela on voit les bougies s’allumer comme par magie), j’avais été super impressionné par ces mains qui s’animent et font le service, et ces instants féériques totalement magnifié par la réalisation.

Bien sûr, il y a la Bête avec Jean Marais incroyablement grimé, et aussi totalement « gay-acting« , vraiment impossible de le penser hétéro deux secondes, qui joue merveilleusement bien ce prince maudit qui essaye de conquérir le cœur de la Belle.

Mais alors ma déception à l’époque et qui me trouble encore aujourd’hui, c’est que le film reste toujours très péjoratif vis-à-vis de la Bête, et que la Belle ne l’aime vraiment bien que quand il devient un homme. Avant, à peu près tout le monde méprise la Bête, et ça paraît être l’opinion publique. Aujourd’hui, à l’image du film de Disney d’ailleurs, il me semble qu’on serait plus aimable et enclin à aimer aussi la Bête. Inclusion à fond !!! ^^

Mais ce qu’il y a de mieux à propos de la Bête et la Bête, ce n’est pas ce film merveilleux, c’est clairement cette chanson géniale d’Amanda Lear qui est injustement méconnue. Ce tube fabuleux et inoxydable fera un jour, je l’espère, un retour tonitruant dans les charts, tant il a un potentiel entêtant, mystérieux et électrogroovy. Chef d’œuvre, je vous dis, chef d’œuvre !