Je passe devant ce bout du canal St Félix tous les matins et tous les soirs lorsque je suis en vélo. Selon mes horaires et ceux du soleil, et selon le temps qu’il fait, j’ai souvent droit à ce jolis reflets comme ce soir. Malgré un temps pourri avec de la flotte toute la journée, cette accalmie a au moins permis un cliché. ^^
Mois : octobre 2023
Iwak #18 – Selle
Ça c’est mon vélo, il est beau hein ? Il m’a coûté un rein, mais il est trop cool, il est électrique, tout automatique (pas de vitesse mécanique ou électrique), avec une courroie en carbone, une sonnette qui fait un ding des plus distingué, une magnifique couleur verte, des poignées en cuir et une selle marron qui ne fait pas mal au cul. ^^
J’adore mon vélo, j’essaie de l’utiliser le plus possible, notamment pour aller au boulot, ou pour me promener le week-end. Hu hu hu.
C’est marrant j’ai des tas de photos de mon grand-père paternel avec un vélo, je crois qu’il l’aimait aussi beaucoup, comme sur cette photo de 1941.

Iwak #17 – Démon
J’ai toujours tripé sur notre vision judéo-chrétienne ultra flippante des démons, et du Démon suprême bien sûr, celui qui Porte la Lumière, en comparaison à celle des japonais, notamment les yōkai, totalement intégrés à leur folklore. On y trouve autant de trucs malfaisants que d’esprits assez bénéfiques, comme les petits kodama adorables de Princesse Mononoke, ou le terrifiant Kyûbi de Naruto : le renard à neuf queues.
J’avais beaucoup aimé aussi la notion de « daemon » dans le film adapté des romans À la croisée des mondes, avec des animaux qui incarnaient l’âme des humains et qui vivaient à leur côté, et étaient inséparables. De la même manière, le daimôn de Socrate est une sorte de Jiminy Cricket, une muse intérieure, qui peut nous guider, nous inspirer et nous rassurer.
Bref, je réhabilite la notion de démon. ^^
Iwak #16 – Ange
C’est drôle, j’ai tout de suite pensé à cela… Les anges de Laramie, Wyoming, qui ont ainsi inventé une tenue pour obstruer le discours de monstres homophobes alors que Matthew Shepard était décédé. L’ange en figure de proue de l’article était Delphine dans « Le projet Laramie » monté par mon cher et tendre en 2012, un merveilleux souvenir de théâtre pour moi (je l’avais vu en 2006 au théâtre à Paris également).
Et je me suis ainsi rendu compte qu’il y a quelques jours, le 12 octobre, nous étions le 25ème anniversaire du meurtre homophobe de Matthew Shepard. C’est fou, tout me ramènera toujours à cet homonyme dont je me sens si proche. Né la même année que moi, il aurait donc le même âge. Et je me souviens tellement bien de cette année 1998, de toute ces découvertes et expériences d’émancipation. Le souvenir de Matthew est de plus en plus diffus, il est presque totalement ignoré des générations actuelles, et souvent une vague réminiscence pour les plus anciens. 1998 n’était pas encore assez versée dans les Internets pour que l’on puisse trouver des tas de traces dans la presse, et pourtant dieu sait que les médias ont fait couler de l’encre, aux US bien sûr, mais aussi chez nous.
Le Projet Laramie est une pièce de théâtre de Moisès Kaufman de 2000. Il s’agit d’un principe de pièce assez génial. Moisès et sa troupe sont allés à Laramie quelques jours après le crime, alors que Matthew était encore à l’hôpital, et ils sont restés même après son décès. Ils ont interviewé les gens du coin exactement comme dans un documentaire, mais la pièce consiste donc en des comédiens et comédiennes qui « jouent » ces entretiens incroyables.
En 2002, HBO a adapté la pièce dans un film extraordinaire que je vous conseille ardemment : « Le Laramie Project« . Les moindres figurants du film sont ultra-connus aujourd’hui, soit dans des séries, soit dans des films. Ce long-métrage semi-docu est vraiment fabuleux, et le jeu des acteurs et actrices absolument hors norme selon moi. Je reste hanté par ces images qui permettent aussi de réaliser quelle ville tranquille et classiquement américaine est Laramie, Wyoming.

Il y a aussi tout un passage terrible qui décrit l’endroit où Matthew a été laissé pour mort, sur une barrière. Cela me rappelle aussi cette citation du film. On imagine aussi ce qu’il voyait, les lumières de Laramie, qu’il aimait regarder de loin…


Cette histoire d’ange est l’idée de la meilleure copine de Matthew, qui est incarnée par Christina Ricci dans le film.

Pendant que Matthew est à l’hôpital et durant le procès de ses assassins, le révérend Phelps, tristement célèbre, est là avec ses zélotes. Il est là à crier et ahaner que le SIDA guérit de l’homosexualité et que god hates fags. C’était insupportable je pense de voir ces vociférations (légales) devant le tribunal et tous les journalistes qui s’entassaient là.



L’amie de Matthew a alors l’idée de découper de grandes toges blanches avec des ailes immenses d’anges, pour dissimuler complètement les homophobes. La scène est d’une puissance redoutable dans le film.
C’est ça des anges.







Une semaine de séparation
Après une semaine parisienne, enfin de retour aux pénates nantaises, et cinq minutes après être rentré, et s’être étalé sur le canapé (notre activité de couple préférée ^^ ), je me retrouve évidemment avec Sookie et Arya sur moi. Hu hu hu. Arbrachattes™ powaaaaa !!!
Musée de la Vie Romantique de Paris
Cela faisait des années qu’on m’en parlait, pour ses collections mais surtout pour le lieu, le bâtiment, les jardins et le petit café, et puis la gratuité des musées de la Ville de Paris qui rend ça encore plus accessible. Et force est de constater que l’écrin est superbe et très très charmant, ce qui convient plutôt bien à une « Vie Romantique » parisienne.

C’est assez curieux comme musée, on sent bien que le truc a un peu le cul entre plusieurs chaises. C’est avant-tout l’ancienne demeure et atelier d’un peintre romantique d’origine néerlandaise : Ary Scheffer (jamais entendu parler de ce mec ^^ ). Et autour de ses œuvres, on trouve tout un tas d’objets ou d’œuvres assez connexes du mouvement romantique, mais on sent bien que c’est opportuniste et pas spécialement « riche ». Donc on a par exemple pas mal d’objets de George Sand suite à une donation, ou des tas de petits bronzes qui étaient très populaires à l’époque (et qui m’ont énormément plu), ou encore des tableaux rassemblés là pour donner une ambiance de ce que pouvait être la production artistique de cette période romantique.

Après je me suis dit que ç’aurait été assez cool d’avoir du Chopin pendant la visite par exemple, et que vraiment ça méritait d’aller jusqu’au bout de cette reproduction d’une atmosphère « romantique ». Car même le parcours pédagogique n’est pas très lisible ou facilement compréhensible, et je trouve que tout cela manquait un peu d’explications historiques, de contexte ou de précisions sur le mouvement artistique même qui est censé être là illustré.

En revanche, on est vraiment dans une demeure d’époque avec la sensation de passer réellement de pièces en pièces dans un logement privé, et cela fonctionne vraiment bien. En plus de ce jardin adorable, et la sensation d’être dans un espace hors du temps, à la fois très parisien, et plus du tout en regard des contraintes parisiennes actuelles. Je comprends que l’endroit soit prisé pour aller prendre un petit kawa ou un thé tranquillement.
Cela vaut vraiment le coup d’y passer une heure en flânant. ^^

Iwak #15 – Poignard
Le mardi soir, j’allais régulièrement dormir chez ma grand-mère quand j’étais minot, car elle me gardait avec mon frère le mercredi, et parfois mes cousines. Ce sont de merveilleux souvenirs, car on regardait la dernière séance le soir, présentée par Eddy Mitchell, et c’était en semaine mais comme on ne travaillait pas le lendemain, on pouvait regarder le film avec elle1. Et parfois, on faisait « soirée cinéma », c’est-à-dire que ma grand-mère nous préparait des frites (à la main bien sûr) et qu’elle confectionnait également des cornets de papier pour qu’on les mange avec les doigts (!!) en regardant la télévision. Ah ça, croyez-moi c’était la belle vie, et une grand-mère très cool.
Typiquement les films de capes et d’épées étaient propices à une « soirée cinéma », et j’aimais énormément les films avec Jean Marais, notamment Le Bossu et Le Capitan de André Hunebelle (et aussi les Fantomas qui sont de lui aussi, dans un autre genre). Il s’agissait de films vraiment classiques et populaires des années 60, mais qu’on regardait encore avec beaucoup de plaisirs dans les années 80, et que souvent nos parents avaient eux-mêmes vu enfants au cinéma.

J’étais fasciné par l’incarnation de Jean Marais quand il faisait le Bossu et qu’il couinait un « Voulez-vous toucher ma bosse mon seigneuuuuuur ? ». Mais l’autre scène qui m’est resté, c’est dans Le Capitan qui est un redoutable film d’actions et d’époque, avec Jean Marais qui escalade la tour d’un château pour aller libérer sa belle avec seulement l’aide de deux poignards, qu’il insère entre deux pierres pour s’en servir d’appui. Tout le monde savait et rappelait que Jean Marais n’était jamais doublé pour ses cascades, et qu’on voyait là une véritable prouesse.

Et c’est assez dingue, car Jean Marais était vraiment l’incarnation du beau mec par excellence, courageux et fougueux, impétueux et téméraire, le bourreau des cœurs qui manie l’épée avec génie, qui déjoue les plans des méchants et sauve sa meuf à la fin de tous ses films. Mais il finissait ses films uniquement joue contre joue avec ses héroïnes, et ça m’a toujours marqué. Je ne comprenais pas trop les sous-entendus rigolards de mon père à l’époque bien sûr. Mais plus tard on m’expliquera que Jean Marais était loin d’être un homme à femmes, et il était de notoriété publique qu’il avait été l’amant et l’amour de Jean Cocteau. Tout cela était tacite, mais incroyablement su et étrangement accepté sinon intégré dans une mythologie parallèle.
Plus tard en effet, j’ai trouvé que Jean Marais était parfaitement pédé dans son attitude dans absolument tous ses films, et ça paraît dingue que tout le monde ait fait semblant de ne rien voir pendant tant d’années. ^^

- C’est d’ailleurs le mardi 19 octobre 1982 qu’on a vu en relief le fameux film d’épouvante « L’étrange créature du lac noir » dans cette émission (on trouvait les lunettes bleu et rouge dans le Télé 7 jours de la semaine). ↩︎
Iwak #14 – Château
Je voulais juste rappeler ce truc tellement hasardeux, mais qui n’est resté en tête. Il y a dix ans, en 2013 à peu près à la même période, je publiais quelques photos en noir et blanc assez abîmées de mes grands-parents, et notamment une photo scannée d’un antique négatif qui avait l’air de montrer ma grand-mère devant un château inconnu.

J’avais demandé si des gens pouvaient m’aider à reconnaître cet endroit pour me donner un peu plus de contexte. J’avais essayé de chercher avec le style ou même l’architecture de la chapelle qu’on aperçoit, mais j’avais totalement fait chou blanc. Et puis, seulement 6 jours plus tard, en tapant un commentaire quelconque sur un site, j’avais vu que le gentilé « cannois » était souligné comme si c’était une faute.

En googlant ce dernier pour me rassurer sur son orthographe, j’avais été surpris de constater que la ville proposée par défaut par google n’était pas Cannes dans le sud de la France, mais Cannes-Écluse dans le 77.

Et là, puisque je me préparais à entrer dans un de ces vortex Wikipédia dont on ne ressort pas vivant, j’ai décidé d’aller voir à quoi cette ville ressemblait. Et BADABOUM !!

La première image m’avait évidemment tapé dans l’œil car ça ressemblait énormément à l’architecture de mon château, mais avec des détails très différents. Sur la page de la ville, je vois une vignette de l’église du coin, et quand je l’agrandis, je me dis que j’ai vraiment fait mouche !

En regardant un peu la situation géographique sur une carte, les angles de vue sont tout à fait compatibles avec la photo. Et en réalité, je comprends que la photo est simplement à l’arrière du château par rapport à celle trouvée sur les Internets.

Et enfin, j’ai trouvé ensuite une carte postale quasi-identique à celle de ma grand-mère (j’ai rafistolé et colorisé celle qui est en en-tête ^^ ).

Je re-raconte la même histoire qu’il y a dix ans, mais c’est parce que vraiment j’ai halluciné (et encore aujourd’hui) qu’un tel hasard survienne moins d’une semaine après avoir entamé de vaines recherches sur un château perdu dans les limbes. Et surtout que le contexte au final m’a bien été donné, puisque ce château était à l’époque un préventorium, et que la tuberculose était une maladie très répandue dans ma famille (grand-mère, grand-oncle notamment).
Al Dente World Tour (Matteo Lane) à l’Alhambra
C’était tellement cool d’avoir l’opportunité de voir en live un tel comédien de stand-up !! Comme beaucoup de gens (pédés ^^), je vois ses vidéos depuis quelques années, et j’admire son humour « camp » irrésistible et son immense talent de réparti. C’est vraiment l’archétype du comédien new-yorkais de stand-up qui tchatche, et improvise même, en interagissant avec des spectateurs sur fond d’un mur de brique dans un sous-sol d’un café-théâtre. Mais là en plus, c’est pédé à mort, et donc c’est trop cool. Hu hu hu.
Autant je me rappelle avoir vu Margaret Cho dans un cadre assez exceptionnel il y a une dizaine d’années (c’était à la Java !!!), autant maintenant on a assez de gens intéressés par des shows en VO pour avoir récemment vu Hannah Gadsby au Trianon. Et là ce sont donc des comédiens et comédiennes queers ce qui les place, j’imagine, dans une niche rendant encore plus compliqué leurs venus. C’est sans doute très chouette et émouvant pour eux de savoir qu’ils ont autant de fans dans le monde entier, et pour nous de voir ces génies de la scène en France1.
J’ai adoré ce moment de pur stand-up à l’américaine avec un Matteo Lane qui enchaîne les histoires, et qui a un chouette rythme et une jolie habileté à placer ses blagues et ses chutes, ce qui est tout le talent de ce genre d’exercice. J’étais surpris de cela, mais même à Paris, il a réussi à interagir avec des personnes du public, et à les mettre en boîte de manière très sympathique. J’ai retrouvé quelques blagues que je connaissais déjà, mais c’était malgré tout une grande découverte, et j’ai vraiment ri de bon cœur.
J’avais un peu peur car récemment je trouvais qu’il était un peu trop sûr de lui, ou jouant un peu trop sur son côté gym-queen, tout dans l’apparence et « fake« , et je redoutais que ça devienne un peu trop « A-Gay »2 pour moi. Mais le voir en live et avec surtout la manière ultra-décomplexée qu’il a de jouer sur son côté folle et bottom, j’ai plutôt été rassuré.
J’étais déçu qu’il n’y ait pas de rappel, et que ce soit même un chouïa trop court, j’aurais bien aimé encore l’écouter et rigoler avec. Je me dis que ça doit être top dans un vrai contexte de comedy-club à NYC, et que c’est sans doute la meilleure manière de goûter à ce genre d’humour.

- Cela montre aussi que le niveau d’anglais a également énormément progresser en France, contrairement à ce que les mythes entretiennent. ↩︎
- Je me demande si cela parle à quiconque, je fais référence aux Chroniques de SF où Armistead Maupin évoque ces A gay c’est-à-dire des pédés d’une certaine classe, avec de la thune, musclés, cultivés, masculins et très exclusifs à leur sous-milieu, dédaignant les autres « pas A ». ↩︎
Iwak #13 – Hausse (Rise)
Ce 10 mai 2014, il y a donc presque dix ans, Conchita Wurst , qui représentait l’Autriche, gagnait l’Eurovision avec la chanson Rise like a Phoenix. Donc cette fois, je mise plutôt sur le mot en anglais. ^^
Cela fait presque dix ans donc que tout le monde a découvert cette Conchita Wurst, un homme gay à barbe absolument sexy, sublimement maquillé et habillé, et qui chante merveilleusement bien une chanson qui parle de résilience et de flamboyance au-delà des difficultés. Cette même personne qui conclut son discours de remerciement au concours par un emblématique « We are unstoppable ».
Et après, puisque nous étions déjà tous sur les Internets, il y a eu cette tempête médiatique et sur les réseaux sociaux complètement dingue, avec autant de manifestation de joie que d’un déferlement de haine homophobe. J’imagine que l’essor actuel des Drag Queens donnerait une tonalité très différente si cette victoire avait lieu aujourd’hui, et on s’attend d’ailleurs que les prochaines sessions de l’Eurovision en présentent un de ces quatre. Mais à l’époque, je me rappelle cette curieuse sensation alors que le mariage pour tous était voté, et que j’allais moi-même me marier d’ici quelques semaines.
Cette homophobie était encore plus crasse que d’habitude, car il y avait encore plus d’incompréhension et de stupeur des personnes qui manifestaient leur désapprobation de cette victoire, cela allait au-delà de son orientation sexuelle. C’était contre le personnage de Conchita Wurst, alors que c’est avant-tout une performance drôle et sensuelle, troublante et hilarante. Et je pense que c’est aussi ce qui a touché et troublé. Ce gars homo qui se transforme en gonzesse trop bonne mais qui garde sa grosse barbe, c’est tout ce qu’il fallait pour rendre hystérique les masculinistes et autres promoteurs de cette mâle toxicité.
C’est pour ça que c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi vraiment cette victoire et ce personnage ont été un déclic important, et que je considère majeur dans toutes les petites étapes d’émancipation de toutes les personnes qui ne se conforment pas aux normes, et qui jouent avec les représentations, même celles des genres.
Hugleikur Dagsson à sa manière avait bien su représenter la gagnante de l’Eurovision avec son minimalisme génial et tellement précis.
