Iwak #4 – Esquive

Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre : un article par jour avec un thème précis.

Le mot du jour m’a fait pensé à un truc pour lequel je ne suis pas doué. Parmi la kyrielle de trucs pour lesquels je ne suis pas doué, mon frère a toujours insisté sur ces machins pour me faire comprendre que j’étais une nullité complète par rapport à lui. Il y avait ce truc d’avoir le réflexe de je ne sais quoi, tu peux être certain que je me prenais des baffes ou des pichenettes.

Mais rapidement, j’ai appliqué ma méthode du bonze imperturbable. Cela fut dès l’enfance un vrai mécanisme de défense. Et je crois que ça a dû me venir de petit scarabée dans Kung-Fu, c’est drôle mais il me semble que c’est aussi con que ça. Donc on s’en branle de l’esquive car on doit rester immobile et impassible, le truc c’est la résistance et la résilience, tout finit par passer. Little Buddha en 1993 m’a confirmé que c’était mon truc le bonze marmoréen et immarcescible. (Ouai c’est ça les références du prolo de mon époque. ^^ ) Et l’ataraxie des stoïcien est venue me convaincre un peu plus profondément et viscéralement que c’était VRAIMENT mon truc.

Il se trouve qu’aujourd’hui même, je faisais du rattrapage de podcasts de Radiolab, et je suis tombé sur cet épisode à propos du dilemme de la conduite autonome.

Dans le genre « esquive », il y a ce paradoxe moral vieux comme le monde où on vous dit qu’un tram arrive à un aiguillage, il se dirige pour écraser 5 personnes sur les rails. Mais si on active l’aiguillage et qu’on le dévoie, alors il n’écraseraqu’une seule personne. 90% des gens trouve moral de faire cela, et pense qu’il faut dévoyer et sauver le maximum de gens. Mais une variante de cette histoire consiste à dire qu’une autre manière de sauver ces gens est de mettre un poids important sur son passage. Et vous êtes sur un pont au-dessus des voies, il y a un homme obèse penché sur le parapet. Il suffit de le pousser pour sauver les gens ? Est-ce qu’on le pousse ?

C’est un dilemme, car 90% se refuse à accomplir ce sacrifice, alors que dans les deux cas pourtant, il ne s’agit que de sacrifier un homme. Hu hu hu.

Le podcast explique, et c’est passionnant, que des recherches autour du cerveau ont prouvé qu’il s’agissait peut-être d’un réflexe très très primitif qui nous empêche de nous tuer les un les autres. D’où le fait que la pichenette pour faire tomber le gros soit inconcevable. Mais si on imagine un procédé technique moins direct, comme actionner un levier, alors on dévie de notre « cerveau primitif » et on est plus dans une sorte de logique rationnelle plus froide.

Le sujet se poursuit sur la thématique des voitures autonomes. Le gros dilemme qui est exactement celui du tram, c’est que l’on ne sait toujours pas aujourd’hui comment on doit programmer les véhicules dans ce genre de cas « cornélien ». Et l’émission cite un exemple assez génial. Lorsqu’on explique aux gens qu’un algorithme de voiture autonome empêcherait un conducteur de foncer sur un piéton, même si c’était pour éviter un accident mortel (genre foncer contre un mur en béton, ou écraser un piéton dans la trajectoire opposée), 90% des gens trouvent ça moral. Quand on explique l’algorithme, et qu’on demande aux gens s’ils achèteraient une voiture pareille, 90% dit que jamais de la vie !!

Je trouvais que ça rentrait pas mal dans le thème du jour. ^^

Vision laborieuse et crépusculaire

Autrement dit, je suis sorti du boulot un peu tard, et c’était la vue que j’avais juste après le coucher du soleil. ^^ J’adore comme on devine très bien le profil du château des Ducs de Bretagne, la tour de Bretagne (oui il y a plein de trucs bretons à Nantes, hu hu hu) et la cathédrale St Pierre et St Paul.

Et en rentrant, j’ai rapidement compris que mon mari était en déplacement et avait été, comme moi, absent toute la journée. J’ai été squatté deux minutes après mon arrivée à l’appartement.

Fin du Matinaute

Je suis abonné depuis les premiers jours à cette newsletter, et c’est vraiment un email que je lis ou au moins je parcours avec plaisir. Même si je ne suis pas toujours d’accord avec Daniel Schneidermann (mais souvent oui ^^ ), j’adore son point de vue et surtout son cheminement de pensée, et ses références qui sont toujours très riches et illustrées.

Je suis vraiment désolé que ça doive s’arrêter à cause d’une polémique de plus, à cause d’une polarisation de plus qui fait que tout doit être pris comme une attaque, comme un « clash » ou comme une métaphore filée vers les extrémismes. Même si, en l’occurrence, l’évocation de Jacques Doriot et Marcel Déat était gonflée, j’ai adoré cela parce que ça m’a fait un peu cogiter. Déjà j’ai cherché qui étaient ces messieurs (dont j’ignorais donc cruellement l’existence), et ensuite j’ai trouvé assez génial de vraiment me poser la question de ce rapprochement. Et basta, on n’a pas besoin d’effusion de sang. D’autant plus quand ASI se charge d’en discuter ouvertement et de manière intelligente, intelligible et sensée.

Mon Matinaute me manquera.

Iwak #3 – Chemin

Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre un article par jour avec un thème précis.

Au début, le chemin était en réalité un faisceau de ruelles étriquées non éclairées, de boulevards embouteillés, d’avenues larges et désertées, d’impasses parisiennes pavées de bonnes intentions, de routes goudronnées vertigineuses en lacets dans la montagne, de chemins vicinaux de bourgades rurales, de routes non carrossées impraticables, d’itinéraires de randonnée forestiers avec des balises effacées par les intempéries, de carrefours sans signalisation, et de plein d’options mêlant tout cela, des trajectoires les plus sécurisantes et pépères, aux plus périlleuses et casse-gueule.

Aujourd’hui, c’est un peu à l’image de la photo en tête : un chemin sablonneux qui mène à un calvaire d’une plage bretonne, avec un coucher de soleil sur l’Atlantique à la clef. Hu hu hu.

Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence

J’ai vraiment des souvenirs prégnants d’une certaine peur devant des moments que je comprenais vraiment comme charnière de ma petite existence. Comme quand je me demandais : mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire comme études, et donc comme boulot et donc comme vie !! Ou quand, à l’instar d’un Rastignac des Pédés (avant d’en devenir le Président), j’ai regardé par la fenêtre de mon 14m2 de Bastille, et je me suis demandé en 1998 quel sens allait maintenant prendre cette vie de (pédé) parisien.

Vue de mon premier appartement parisien du 11e – octobre 2001

(J’étais déjà très drama-queen, vous l’aurez deviné.)

Et à chaque embranchement, le chemin est plus ou moins cahoteux mais nous permet d’avancer un peu plus loin dans l’existence. C’est drôle car s’avancer ne veut pas dire y voir plus clair, pas au-delà du prochain virage ou de la montée, et il ne vaut mieux pas doubler sans visibilité… Les surprises, bonnes ou mauvaises, sont toujours possibles et la qualité du chemin n’est en rien un indicateur sur l’efficacité de l’itinéraire. ^^

Donc mon petit chemin sablonneux n’est peut-être que poudre aux yeux, et tout peut changer dans une direction inconnue. C’est aussi flippant que ça redonne de l’intérêt à la vie finalement. ^^

Le cliquetis des mousquetons

Ils écrivent une fois tous les deux ans ces sapajous d’anciens blogueurs de mon cœur, mais quand c’est pour un si beau post, bah je ne peux qu’applaudir. Vraiment poétique et inspiré, on est avec lui !! ^^

Alors, abandonnant discrètement le groupe, j’avais gravi silencieusement les blocs de roches empilés à droite de la falaise. Entre les pierres, un matelas d’aiguilles absorbait le bruit de mes pas et laissait s’enfoncer mollement les grosses chaussures de montagne. Quelques sauterelles voltigeaient en crissant. L’été, pourtant presque mourant, conservait son odeur de pin. Au fur et à mesure de mon ascension, le bruit des grimpeurs s’étouffait.

Alors une fois seul, seul avec le ronflement de la rivière au fond de la vallée, je me suis arrêté. Et seulement, là, j’ai savouré.

Le paysage avait ce côté rassurant des environnements exigeants, de ceux qui imposent leur rigueur et offrent en retour leur pureté et la satisfaction, non pas de les vaincre, mais tout juste de les apprivoiser, d’en obtenir l’assentiment à notre présence. Ces rocs striés de lichens presque jaune et de mousse rêche vert sombre. Ces conifères un peu squelettiques. En haut, ces langues de glaces sur les faces nord. Ces oiseaux de proie, ombres noires glissants sur le relief tourmenté.

« Un week-end » (02/10/2023) RAL3020

Authentique (David Costello-Lopes) à la Cité des Congrés de Nantes

Comme beaucoup de gens, je connais David Castello-Lopes par ses vidéos sur les Internets, et vraiment il me fait énoooormément rire depuis quelques années. Et justement, je l’apprécie parce qu’il produit des choses nouvelles depuis quelques temps déjà tout en étant toujours aussi bon et drôle, ce qui est un bon signe pour s’imposer comme cela en ligne sur la durée. Il ne faut pas rater ses capsules pour une émission suisse qui sont des petits bijoux d’absurde et de dérision.

Et là c’était un passage à la scène, ce qui n’est pas évident, et qui est donc plutôt réussi, même si avec quelques limites selon moi. Ce qui est réussi c’est qu’il est aussi drôle en live que dans ses vidéos ou à la radio, et qu’il mêle très habilement la vidéo avec son spectacle. Il est en interaction constante avec des extraits pré-filmés qui le font jouer constamment avec les échelles et proportions, et avec une série de doppelgängers assez hilarants.

Mais la limite que j’évoquais, c’est que son show manque un petit supplément d’âme pour moi. C’est drôle mais c’est un copier-coller de ce que j’aurais pu voir dans des vidéos sur Internet, et son jeu est top mais millimétré. En réalité, une version filmé du spectacle donnerait exactement ce qu’on a vu. C’est pro, c’est propre et chiadé, mais ça manque un peu de spontanéité, de stand-up ou d’un truc qu’on ne verrait que parce qu’on est sur un spectacle vivant.

Cela n’empêche qu’on a passé un très bon moment, et qu’il a beaucoup de talent qui se traduit impeccablement sur scène.

Ada Lovelace

Si vous ne connaissez pas grand chose sur une de mes héroïnes personnelles, je vous conseille ce court et chouette épisode de podcast à propos d’Ada Lovelace. Elle n’est rien de moins que l’inventrice du tout premier programme informatique ou plus exactement « algorithme » de l’histoire. (Et en plus c’est la fille du poète Byron, rien que ça. ^^ )

The Creator

Rololo, je vous le dis tout de suite, c’est une catastrophe (Thérèse !). Il n’y a pas grand chose qui va, et c’est dommage car ce qui va bien, va plutôt bien. Et pour le dire rapidement : c’est bien filmé (merci le réal de Rogue One, c’était pour ça que j’étais là), plutôt bien joué, et les effets spéciaux sont jolis et originaux, on est dans des décors qui ne sont pas habituels. Mais alors tout le reste est à mettre à la poubelle, et ça en fait des rubriques !!

Sur le fond, l’énorme problème c’est que le sujet même, le fond même de cette histoire de SF, est complètement con. Mais qu’en plus, l’intrigue est totalement classique et cousue de fil blanc, le film est référencé à mort, mais c’est tellement visible que c’est gênant. On a vraiment l’impression d’être dans un gloubi-boulga d’Alien ou Terminator (les tenues militaires ou les appareils volant sont totalement cameronesques), de Blade Runner (avec des « simulants » au lieu des répliquants, et le cyberpunk à chien mouillé asiatique sous la pluie), de District 9 aussi à qui j’ai pensé pour le côté banlieue post-apocalyptique et tous les droïdes. On retrouve aussi des trucs de Rogue One avec de longs plans contemplatifs et des décors sublimes, mais ça j’ai plutôt aimé du coup, et comme c’est de l’autoréférencement je trouve que ça passe. ^^

Mais donc en plus de cela, le fond de « Les IA (Intelligences Artificielles) se sont emparées de la Terre, certaines vivent en symbiose, et d’autres cherchent la baston. » est d’une connerie abyssale. Il y a une confusion terrible entre IA et robotique, et même informatique de base. Et donc le gros problème du film c’est l’écriture. C’est TRÈS TRÈS TRÈS mal écrit !! On a dans le film deux types de robots qui sont appelés des IA : des robots à l’allure robotique genre R2D2 ou C3PO (et aussi caricatural que ça), ou alors des « simulants » qui sont des robots mais avec une partie seulement du visage « humain ». Ce visage a d’ailleurs été généreusement donné par des humains qui se font scanner pour cela, car cela ne fait pas des années que les IA justement sont en capacité d’inventer des visages…

Et on voit bien que c’est un parti pris esthétique d’avoir fait seulement une partie du visage pour laisser ce truc mécanique apparaître. Et ce qui est encore plus naze c’est que la roue mécanique creuse (juste pour des effets esthétiques encore une fois de perspective, le mec voulait JUSTE ça pour ça c’est clair) fait des cliquetis quand le robot réfléchit. On est en l’an what mille de mes couilles, et tu me fais un robot avec la même idée que Robbie dans « Planète interdite » qui faisait des clacs-clacs de relais mécatroniques quand il calculait un truc… Mein gott !!!

Et donc John David Washington (toujours aussi beau) est en infiltration chez les asiatiques (New Asia) qui vivent avec les IA, tandis que l’occident (les USA) les a interdit, après une petite « erreur de code » qui a entraîné une explosion nucléaire à Los Angeles. Les USA déploient tranquille le chat dans son panier un vaisseau en orbite, le NOMAD, qui repère des IA et lâche des bombes à la cool. Et donc aucun problème géopolitique, ça passe crème !!

Des soldats viennent chercher John David Washington 5 ans après avoir été bombardé pendant son infiltration, pour qu’il les aide à retrouver un labo secret où serait cachée une IA ultime, une arme fatale qui pourrait faire péter le NOMAD. Mais l’IA en question a la forme d’une petite fille. Et là tout le film est complètement dingue et joue sur un étonnant anthropomorphisme qui ne marche absolument pas. Ce n’est pas du tout comme les répliquants qui sont des cyborgs totalement humains en apparence, et à qui on donne une histoire et des sentiments. Là ce sont biens des robots avec une roue qui fait « clac clac », et même un bouton de mise en veille très facile à atteindre. Ils sont totalement électroniques et sans un bout de chair, mais ils bouffent de la glace, et picolent, mais survivent dans l’espace et ne respirent pas.

Et alors je n’insiste pas sur les myriades d’erreurs « informatiques »… La gamine « arme IA » qui est en fait juste une télécommande qui permet de couper le courant des objets, alors que ça parle de hacking dans tous les sens. Les robots qui parlent un coup une langue asiatique, un coup en anglais avec un accent à couper au couteau (des robots !!!), un traducteur qui ressemble à un Palm Pilot, pas d’implants ou de « persoc » alors que l’on voit des jambes et bras à la Super Jaimie dans tous les sens, mais ni même de smartphone ou d’IA qui compléterait des humains, la gamine qui a besoin d’apprendre des choses (encore cette confusion terrible entre humains et machines) et n’est donc pas connectée (?) mais comment elle fait alors pour faire la télécommande ? Aaaaaaaaaaah. C’est trop con !!!! Et il y a tellement d’autres exemples ridicules comme les bombes qui courent comme des barriques avec des pieds et des mains, un champs de buis sur la station spatiale militaire, et la gamine qui nous la fait « Golden Child L’enfant sacré du Tibet » quand elle doit activer son pouvoir comme une sorte de super Namasté !! YOLOOOO !!

Et puis il y a des conneries scénaristiques plus basiques, des enchaînements incohérents ou débiles, on a les soldats américains qui courent après le héros pendant tout le film en mode « mauvais flic » et qui ne se font jamais repérer ou attraper par les flics locaux robotisés qui sont très très mauvais, pire que des Storm Troopers.

Et jusqu’au bout c’est trop trop con (et cette musique pompier Hans, non !!!). ^^

Mais sinon c’est joli, et il y avait un bon potentiel très très mal utilisé. Mais dans le genre, je célèbre mille fois plus le film de SF indépendant « Vesper Chronicles » dont j’ai parlé ici. Peu de moyens mais superbement utilisés, et une écriture qui fleure bon la SF d’auteurs.