C’est via un post Instagram de Sacripanne que j’apprends la disparition du blogueur Moukmouk de Pohénégamouk. Il écrivait des articles complètement dingues et poétiques, et avec une fixette sur le grand nord canadien et ses paysages de glace ou sa faune des calottes arctiques, ses grands fleuves, ses baleines, ses phoques ou ses ours. Il évoquait aussi des tas de patronymes inuites ou du moins c’est l’impression euphonique que cela me procurait.
Je l’avais cité il y a quelques années à propos d’un texte qui m’avait particulièrement plu. Je ne connais presque rien de lui, mais vraiment rien, juste ses textes, et ce nom tellement étrange que vous le retenez dès la première lecture. A part l’île Moukmouk ou la ville de Pohénégamook (obtenu à grand renfort de gouglages bien évidemment), je n’avais pas beaucoup d’indices. Je me suis souvent demandé si c’était quelqu’un qui était vraiment dans des contrées nordiques, ou si c’était des souvenirs, ou complètement inventés comme le Douanier Rousseau qui peignait selon des cartes postales des paysages exotiques faisant penser qu’il avait vraiment voyagé aux confins exotiques et tropicaux du monde.
J’ai aussi pensé à un moment que c’était une invention d’une copine des blogs, je ne sais pas pourquoi, je pense que c’est parce que je percevais ses accointances avec certaines dans les colonnes de commentaires. J’ai d’abord justement pensé que c’était Sacripanne qui s’amusait à écrire des contes imaginaires derrière cette façade givrée et aquatique. Après j’ai été persuadé que c’était Samantdi pour à peu près les mêmes raisons et facéties d’autrice. ^^
J’ai lâché l’affaire bien sûr, parce que ce n’était pas si important d’avoir ce fin mot. Et je réalise aujourd’hui que même si le post d’Anne a levé le voile au moins sur le fait que c’était une personne à part entière, le mystère reste complet. Il reste ces lignes merveilleuses qui perdureront au moins quelques temps, et puis s’en iront sans doute dans les limbes des Internets, et resteront quelques temps en plus archivés par une des petites merveilles des débuts de la toile, parmi les modestes 867 milliards de pages ouvertes à la libre consultation. ^^
J’aime vraiment beaucoup les gargouilles, elles me fascinent et me font flipper depuis que je suis tout minot. Et quand j’ai pensé à ce mot, il m’est venu ce film de série B de 1991, accrochez-vous : Darkside, les contes de la nuit noire. Ce n’est pas du tout un chef d’œuvre, bien au contraire, mais j’ai dû voir ça avec mes parents en VHS quelques années plus tard. Il y a plusieurs histoires racontées dans le film, un peu comme « les contes de la crypte » avec un enchaînement de courts-métrages. L’un d’eux évoque un artiste maudit qui est fasciné par une gargouille d’un immeuble new-yorkais.
Et un jour, il y a cette fille superbe qui débarque, et on comprend en filigrane que c’est en réalité la gargouille. Elle lui apporte un grand succès, et ils ont même des enfants. Et je ne me rappelle plus pourquoi, mais il devait y avoir un truc interdit à la Barbe-Bleue, et l’artiste trahit d’une manière ou d’une autre la confiance de Gargouillette. La fille se transforme alors, à l’aide d’effets spéciaux de qualité1, en une impressionnante gargouille et ses enfants aussi (en mini-gargouilles quoi). Et elle tue le mec avant de se barrer sur le toit de l’immeuble, et de redevenir une statue avec ses gamins.
Les effets sont dégueulasses, et la tronche des gargouilles est risible aujourd’hui, mais à l’époque c’était tout de même ce qui se faisait de mieux. Et vraiment j’avais été captivé par cette histoire, et j’adorais la comédienne, Rae Dawn Chong, qui est très connue pour être l’héroïne (peu reconnaissable) de la Guerre du feu.
Je pense d’ailleurs que mon amour des gargouilles est aussi une des raisons qui me fait collectionner les cathédrales gothiques d’ici et d’ailleurs. La plus dingue à ce sujet n’est d’ailleurs pas une cathédrale mais elle mérite vraiment le détour si vous passez à Dijon. Il s’agit de Notre Dame de Dijon qui est une sublime église gothique du 13ème siècle dont la façade occidentale est absolument remarquable. Elle est à quelques encablures du Palais des Ducs, et on était tombé dessus par hasard mais j’avais tout de suite été voir ça de plus près.
On est tout de suite pris par cette façade monumentale mais d’une extraordinaire singularité, vraiment ça ne ressemble à rien de connu. Vous avez déjà trois porches monumentaux, mais sur une façade totalement plane, et au-dessus deux étages de galeries avec des colonnades très étranges. On croirait presque un palais vénitien ou une habitation renaissance, et surtout on a une kyrielle de gargouilles qui ne sont pas des gouttières pétrifiées mais bien juste des sculptures qui scandent toute cette surface.
Et vu d’en dessous c’est encore plus fou car on voit toutes les bestioles qui ont l’air de vous tomber dessus avec leurs airs patibulaires (mais presque).
C’est le paradis des gargouilles !!! ^^
Allusion à une des nombreuses scènes cultes de la série culte québécoise « Le cœur a ses raisons« . ↩︎
Je savais bien que j’allais voir un film fantastique français, mais j’imaginais que l’aspect fantastique sera un peu caché pour économiser sur les effets spéciaux, et que le côté français proposerait une métaphore bien intello et capillotractée pour expliquer la fibre fantastique. C’était cool de se tromper, et d’avoir un vrai film fantastique de très bonne facture, et avec des effets spéciaux et des maquillages de grande qualité, et donc très présents, visibles et assumés dans la narration. Et finalement une histoire qui est certes « à la française » mais qui embrasse parfaitement ce contexte singulier et « fantastique ».
Mais surtout quel bonheur d’avoir Romain Duris et Paul Kircher qui sont vraiment sublimes du début à la fin. Et Romain Duris vraiment m’a épaté, avec son jeu si authentique et attachant, et son personnage qui interroge aussi son rapport à sa famille, et à la société toute entière.
Il s’agit plus d’un film d’anticipation, donc plutôt à notre époque, et dans lequel les gens sont de plus en plus atteints de mutations qui les font évoluer peu à peu vers des « animaux ». Ainsi certains se transforment en ours, en chiens, en oiseaux ou autres bestioles. Mais le processus est lent et irréversible et super douloureux avec des corps qui évoluent en se transformant physiquement avec tout ce que sa implique sur l’ossature, la pilosité ou autres changements encore plus spectaculaires. Il y a aussi un changement moral et intellectuel, avec une transformation animale, et une sorte d’abandon progressif de l’esprit humain. Tout cela est considéré comme une maladie, et les malades sont isolés dans des centres hospitaliers.
La femme de Romain Duris est malade, et hospitalisée. Elle est déplacée dans un centre dans les Landes, et Romain Duris et son fils y déménagent pour la suivre et être proche d’elle dans le cadre de sa thérapie. Sur la route, le transport médical subit un accident, et tous les patients en cours de mutation se retrouvent en pleine forêt landaise. La police et l’armée tentent de les récupérer, et Romain Duris et Paul Kircher se lancent à leur tour pour essayer de retrouver leur femme/mère.
Paul Kircher a du mal à se faire à sa nouvelle vie et école, mais il fait quelques rencontres. Rapidement il réalise surtout qu’il est lui-même en train d’initier sa propre mutation vers un animal, et il se transforme peu à peu.
L’histoire est finalement assez simple, et l’écriture même est assez classique, mais si le film est si bien c’est parce que c’est remarquablement filmé, et tenus par des acteurs hors pair. Et là on retrouve la qualité du film français, il y a un charme incroyable dans ces plans, et dans la manière dont les relations humaines sont montrées. La relation père-fils est très belle et émouvante, et on ne peut être insensible à cet homme qui perd coup sur coup sa femme et son fils dans leurs transformations immuables, et un retour à la nature en conséquence.
J’ai aussi beaucoup aimé l’exemple de l’homme-oiseau et son apprentissage, tout cela aurait pu être ridicule mais ça ne l’est absolument jamais. Au contraire, les aspects fantastiques de ces bestioles, dignes de l’île du Docteur Moreau, sont toujours touchants et un peu effrayants. Et finalement, je m’attendais à une histoire métaphorique un peu comme dans « The Lobster » (film que j’affectionne beaucoup) et ce n’est pas tout à fait cela, c’est à la fois une histoire fantastique beaucoup plus littérale, et en même temps on ne peut s’empêcher de chercher des liens avec l’émancipation, le rapport à l’animal ou la vie en société.
Donc c’est un film qui se tient super bien, qui surfe sans problème sur sa thématique fantastique de base, mais qui propose avant tout une magnifique intrigue familiale et intime. L’évolution de Paul Kircher est remarquablement interprétée par ce jeune homme qui apparaît drôlement doué. Scène après scène, on voit dans son physique, sa manière de parler ou ses expressions que des choses sont en train de changer, de le changer. Et le film n’est pas chiant du tout, il est au contraire passionnant, bien rythmé, et donne ses lettres de noblesse au cinéma bien de chez nous. Pourvu qu’on en ait plein d’autres comme ça !!!
J’avais vraiment bien aimé Captain Marvel et Brie Larson m’avait paru convaincante dans le film, et aussi dans ses apparitions dans les Avengers. Ce film confirme ma bonne impression de la comédienne et de la super-héroïne. Et malgré l’insuccès du film au cinéma, j’ai adoré que ce soit un trio de super-héroïnes, et je n’ai aucune difficulté pour m’y identifier ou pour prendre beaucoup de plaisir à les voir évoluer.
On n’est pas dans un croisement « multivers » pour cet épisode, mais les trois héroïnes se retrouvent reliées par un événement « cosmique » qui fait qu’elles se mettent à se téléporter l’une à la place de l’autre, à chaque fois qu’elles utilisent leur pouvoir. Nous avons donc Miss Marvel, super fan de Captain Marvel, qui est la petite candide marrante, avec sa famille qui garantit les scènes comiques. On a aussi Monica Rambeau qu’on avait vu dans la série WandaVision, et qui est la fille de la meilleure amie de Carol Danvers, et qui est fâchée avec cette dernière qui l’a plus ou moins abandonné sur Terre. Le point commun est, comme d’habitude, Nick Fury (toujours l’impeccable Samuel L. Jackson) qui sert de hotline et Jiminy Cricket à toutes ces dames.
Le film se regarde bien, et même si certains effets spéciaux laissent à désirer, il est relativement efficace et bien troussé. Mais c’est tout, et ce n’est pas assez. Le principal problème, et c’est tout de même un truc épineux, c’est l’écriture même. Le scénario est nul, les aventures ne sont pas terribles en tant que telles, et les comédiennes n’ont pas des répliques géniales. La méchante aussi n’est vraiment pas terrible et vraiment pas convaincante ou flippante.
Il y a certes quelques moments drôles, mais pas assez drôles non plus, et on sent surtout avec tristesse qu’il y a pourtant une super matière de base, et que cela aurait pu donner un très bon film. C’est un peu comme si on avait donné 30% de budget en moins pour ce film par rapport aux autres, ou comme si tout était au rabais ou en dessous de ce qu’on est en raison d’exiger. Quand je compare à la réussite du 3ème film des Gardiens de la Galaxie c’est assez dingue, et vraiment dommage.
Et la frustration est encore plus grande avec des scènes qui auraient pu être d’anthologie et font un effet « pétard mouillé ». Avec les chatons Flerken il y a un potentiel extraordinaire pour faire un truc ultra-drôle et qui serait resté dans les annales. Mais au final, cette saynète avec la musique mythique de Cats est mal filmée, et ne permet qu’un petit sourire de connivence. Et même si Miss Marvel est vraiment très rafraichissante et pêchue, il y a dans tout cela une resucée un peu trop copie carbone de Spiderman et sa relation avec Iron Man. Même les blagues avec la famille se répètent un peu trop, et déjà usées avant la fin du film.
C’est vraiment du gâchis, car j’ai adoré les héroïnes, et j’étais vraiment content de cette fibre féminine diverse et à la hauteur des ambitions de Marvel. Mais là force est de constater que le film n’est que médiocre.
Vous connaissez sans doute l’ensemble des typologies de gay, en tout cas tel qu’elles se déclinent en gros clichés (qui ont comme tous les clichés : la vie dure). Une personne que je connais bien sur Twitter en a fait, à l’aide d’un générateur d’images à base d’intelligence artificielle, des sets LEGO imaginaires plus réalistes que natures.
Cela donne des boîtes très très drôles et sacrément bien foutues par rapport au style LEGO. Et évidemment la caricature est très marrante. ^^
Elles sont aux antipodes de la pièce, chacune à côté d’un radiateur à se regarder en *chiens de faïence* entre deux ronflements. C’est très très drôle. ^^
Cela ne faisait pas si longtemps entre son dernier concert et cette tournée, et j’ai encore le souvenir prégnant de cet étrange, touchant et fascinant spectacle en pleine période COVID, et où elle a éclaté en sanglots cédant à la douleur. Mais je continuais à lui faire la gueule, et à ne pas vouloir lui donner un kopeck, parce que ses performances scéniques ne sont plus vraiment à la hauteur, et ne parlons pas de la performance vocale. Mais bon, le dernier concert était proprement génial, et (oui oui) je suis capable sans problème de me contredire d’une phrase à l’autre.
Et puis il y a eu la première de la tournée, et j’ai compris que c’était « The Celebration Tour » avec une vraie rétrospective de la Reine de la Pop. Madonna en mode 1983-2023 et avec des moyens incroyables, et dans une salle pas trop grande (pas un stade, par l’Arena de La Défense)… J’ai été très tenté !! Et j’ai eu l’opportunité inattendue et géniale d’un copain qui proposait de venir avec lui car il avait une place en plus, et la personne qui l’accompagnait ne pouvait pas venir. J’ai sauté sur l’occasion !
Moi qui suis un habitué des fosses bien placées ou des places où on laisse la peau des fesses, j’ai testé la catégorie 2 de Bercy, et je n’ai aucun regret. Même si j’aurais adoré la voir d’aussi près de certains potes, j’ai pu bénéficier d’un spectacle d’une qualité incroyable, et avec cette vue globale et panoramique qui permet aussi une manière différente d’appréhender le show.
Voilà à peu près ce que ça donnait du perchoir où je me tenais. (Et encore là je zoome, car c’était plus petit en réalité.) J’ai malencontreusement oublié mon appareil photo numérique à Nantes, donc vous aurez droit à des photos de smartphone, mais j’ai fait de mon mieux, et ce n’est pas si mal. En tout cas, l’ambiance globale est donc vraiment bien illustrée, il me semble.
Madonna étant Madonna, elle est arrivée avec 1h30 de retard sur l’horaire indiqué. Et ça au moins c’est un des avantages d’être en gradins, on n’a moins mal aux pattes et au dos que lorsqu’on doit piétiner pendant des insupportables heures d’attente.
Comme j’ai beaucoup beaucoup de compliments à faire sur le concert, je vais commencer par les défauts. Le vrai seul défaut hallucinant et vraiment inadmissible c’est clairement la qualité sonore. Mein gott, ce que ça m’a fait mal aux oreilles, c’était terrible. Trop fort, inaudible à certains moments tant cela saturait certaines bandes de fréquence, une sorte de couac d’ingénierie du son et de mix incompréhensible mais à certains moments c’était presque douloureux à mes tympans. J’ai l’impression que c’était la même chose la veille, et donc je ne sais pas si ça tient aux équipements de Bercy, mais j’avais rarement eu un son aussi pourri en concert, surtout pour une star comme cela. Et d’autant plus quand on a besoin d’avoir un soin tout particulier apporté à la « mise en valeur » de la voix de la chanteuse.
Car, non ça n’a pas changé, Madonna ne chante pas bien, et ça ne s’arrange pas avec les années. Mais là au moins, on voit clairement qu’elle chante sur sa propre bande-son « live », et c’est très bien comme cela. J’approuve totalement le stratagème. Et au final, les quelques moments où on l’entend bien ne sont pas trop mauvais, et c’est en tout cas parfaitement authentique et sincère.
Petite déception tout de même sur le fait que ce soit une bande-son et pas un groupe avec des musiciens, il m’a manqué le petit côté « direct » des instruments et d’une musique « jouée sur place ». Vraiment rien d’acoustique donc, mais on bénéficie du coup de remix assez géniaux, et d’une réinterprétation de ses standards vraiment d’un très bon niveau de production. Mais ça, on ne pouvait que s’y attendre, et sans surprise ça le fait carrément.
Le dispositif scénique est faramineux et à la hauteur de la star, c’est à la fois riche et foisonnant, très moderne et à la pointe de la technique, mais ce n’est pas pour les paillettes ou cacher la misère, c’est simplement un outil imparable qui sublime l’œuvre et la carrière de Madonna. Elle est accompagnée et très visiblement du début à la fin, et c’est très beau. Que ce soit Bob The Drag Queen qui accompagne tout le show, l’introduit, le conclut et devient à un moment MC d’une ballroom scene plus vraie que nature, ou bien ses enfants qui interviennent, et les souvenirs des disparus qui hantent avec une absolue bienveillance chaque tableau du concert.
Bob est géniale, magistrale et impériale, la Drag Queen a gagné là toutes ses lettres de noblesse en haranguant une foule enragée qui veut voir sa Reine. Mais Bob c’est Bob, et ça fonctionne terriblement bien, entre hilarité et admiration sincère lorsqu’elle débarque en Marie-Antoinette toute MTVesque qui fleure bon les années 90.
Et puis, c’est Madonna qui débarque et qui est sublime et majestueuse. Nothing really matters démarre, et tout se met en place.
Ensuite, on comprend le principe c’est à chaque fois une période de sa vie et de sa carrière qui se déroule avec quelques illustrations. Mais au-delà des chansons des années 80 ou 90 qui sont une merveille à réécouter aujourd’hui, il y a bien plus que cela. Toute la scène et toute la salle se met au diapason, il y a une kyrielle de danseurs et tous sont habillés pour rappeler Madonna de l’époque, ses costumes, son style et ses coiffures iconiques sont partout. Les images, les vidéos et les effets produisent comme des flash-backs d’une redoutable efficacité et acuité, et pendant quelques minutes on est vraiment de retour en enfance (me concernant ^^ ).
Cet accompagnement permet aussi à la chanteuse de s’économiser et c’est aussi une bonne chose, car elle fait moins de cabrioles mais ce qu’elle fait elle y excelle, et elle a encore un peu de souffle pour pousser la chansonnette sans trop de dommages vocaux.
On est vraiment sur le principe assez actuel de ces shows où la scène est gigantesque et serpente dans une fosse divisée en plusieurs zones. Les gens ne verront pas tout, mais ils seront à un moment très très très proches de leur star, et ça a l’air de satisfaire tout le monde. Idem pour les gens plus éloignés qui continuent d’avoir les écrans en pis-aller, mais qui ont l’opportunité de se rapprocher de la star lorsqu’elle se perche sur une nacelle et fait le tour de la salle suspendue. Le spectacle est aussi travaillé dans sa globalité, avec des éclairages et des effets qui sont visuellement très impactant lorsqu’ils sont vus de loin et dans leur globalité.
On a aussi des rappels très marqués des anciens concerts, avec la mythique boule à facette du Confessions, et vraiment tout qui est fait pour replonger avec elle dans sa carrière, dans ce qui l’a construite comme une icone aussi importante dans nos vie culturelles et sensibles.
Les années 80 et début 90, ce sont aussi les années SIDA qui ont tué le plus le personnes, et qui l’ont laissé particulièrement meurtrie. Elle marque là un point incroyable en mettant en scène d’extraordinaires photos du AIDS Memorial dont j’ai beaucoup parlé ici. Elle défile ainsi suspendue dans ces photos ultra émouvantes de toutes ces personnes décédées, entre personnalités et quidams, et toute la salle était en choc. Une émotion à laquelle je ne m’attendais pas m’a étreint, et après avoir joué sur la nostalgie et la fête des années 80, elle fait mouche en suscitant un moment d’une beauté surprenante et d’une noirceur lacrymale peu commune.
Et ce n’est pas fini car vient Like a prayer et tout le monde chante comme un seul homme à tue-tête. Et il faut entendre tout Bercy chanter comme un seul homme ! Elle respecte presque une certaine chronologie, mais tout en donnant parfois quelques « easter eggs » ou en jetant un truc nouveau au milieu, certaines chansons en interlude sont un curieux mais très chouette amalgame de tubes qui contribuent encore à retracer la vie musicale de la chanteuse en même temps que notre propre parcours.
On la retrouve avec sa fille sur un piano, ou sur un lit dans une posture très érotique, elle n’arrête pas. Le concert propre un rythme tonitruant, il n’y a presque aucune pause, et les enchainements sont d’une rapidité impressionnante, avec même pour les interludes des raisons d’être debout, de continuer à danser, à chanter, et à… célébrer.
Et c’est vraiment cela, on fête un anniversaire, on est vraiment là pour elle. Et elle est là pour nous. Cette vieille bitch de Madonna se montre d’une générosité qu’elle n’a jamais montré avant, et elle se permet enfin d’exprimer sa vulnérabilité, sa créativité, ses facéties et aussi son amour immense d’autrui, au-delà de sa misanthropie de diva de façade.
L’autre moment qu’on attend et qui arrive avec une magnificence absolue, c’est « Vogue » et là c’est incroyable. Bob The Drag Queen est devenue MC d’un ball des années 90 à NYC, et la voilà qu’elle annonce les catégories et que les Queens de tout poil s’avancent et WERK WERK WERK. Ce moment est fabuleux car il dure longtemps, et il est savamment orchestré et chorégraphié, il est encore un de ces symboles d’une époque, c’est aussi encore un clin d’œil à la communauté LGBT et à des communautés racisées qui ont inventé le voguing qui l’a rendue, elle, si célèbre.
Les danseurs et danseuses sont d’un niveau assez fou pendant tout le show, et sont à fond dans leur rôle et dans leur « époque ». Et on retrouve vraiment tout son univers, du gothique, sombre latex et vinyle, et jusqu’aux fringants cowboys de l’Ouest. Et pour couronner encore le tout, et ne vraiment rien laisser de crypto à l’importance des queers pour elle, Madonna débarque drapée d’un drapeau LGBT+. Je ne vous dis pas les clameurs dans le public, et le soutien renouvelé de toutes les folles (littéralement) hurlantes dont je faisais fièrement partie.
On arrive un peu plus vers notre époque contemporaine, et Ray of light s’incarne littéralement dans un jeu scénique de folie à grands renforts de lasers colorés et d’un effet (très con mais) très efficace consistant à filmer et retransmettre une vidéo du dessus dans un autre « plan ». On a déjà ça à un moment au début du concert où Madonna et les danseurs sont filmés du dessus et retransmis en direct. Leur chorégraphie est assez classique de face, mais du dessus cela donne un dessin géométrique bluffant qui figure un œil qui s’ouvre et se ferme.
Là avec ce cube géant, la chanteuse est « sur le sol » mais reproduite sur toutes les faces du dé futuriste. Et ensuite, elle prend encore sa nacelle pour un dernier petit tour en tenue glitter lamée argent et lunettes de trekkie.
Et tout cela dure vraiment un temps très long, on en a clairement pour son argent, avec en plus le déluge de tubes, de show et d’énergie communicative. Et alors qu’on avait eu droit à tous les hommages et images d’Épinal de la diva de la Pop, voilà qu’arrive un inattendu duo virtuel irrésistible entre Madonna et Mickaël Jackson, avec un mash-up géant entre Billy Jean et Like a Virgin. Cela fonctionne du feu de dieu, et j’étais vraiment ému de les voir ainsi tous les deux.
Alors dans tout cela, je peux comprendre en revanche la frustration de certains (plus) jeunes qui ne sont peut-être pas spécialement férus de la Madonna des débuts. Car le show est vraiment focalisé sur l’âge d’Or des débuts, et moins sur les succès (pourtant majeurs) très dancefloor de ces dernières décennies. Et donc les références qu’elles soient dans les styles, les époques, les chansons, ou bien le ballroom ou encore le SIDA, peuvent paraître obscures ou absconses à certains. Moi-même qui suis très amateur de la Madonna des années 2000, j’ai été un peu frustré de ne pas avoir aussi droit à des trucs plus récents. En revanche, pour tous les 35-50 ans je pense que c’était un vrai bonheur de concert « madeleine de Proust ».
Le final est à l’image de celui d’un feu d’artifice, c’est la totale et ça explose dans tous les sens. Tous les danseurs et danseuses se présentent comme autant de Madonna de toutes les époques, des seins (i)coniques à Maryline, en passant par le punk ou le SM. Et Madonna est là avec son look d’aujourd’hui, tout autant avant-gardiste et hallucinant, avec Bob qui revient en Marie-Antoinette pour clore le show. La célébration s’achève dans un délire musical et chorégraphique qui n’est vraiment pas sans émotion, et ça c’est assez inédit pour un concert de Madonna.
C’est vraiment formellement et dans le fond le meilleur concert auquel j’ai pu assister, avec un un niveau de recherche et de conception très abouti, un live généreux et inventif, des effets spéciaux et des danseurs qui subliment les chansons et la carrière de l’artiste. Et puis, elle est vraiment « bien » là, à faire ce qu’elle sait faire de mieux, vieillissante mais victorieuse et glorieuse, mémérisée mais toujours moderne et actuelle, agaçante dans ses discours lénifiant mais militante et galvanisante au possible.
C’était vachement bien, purée que c’était bien !!!
Nan mais ce chat est une pâte vraiment ! Adorable, super câlin et qui cherche les caresses et le contact, et il ronronne, il se pelotonne, et il gueule pour qu’on vienne le caresser encore plus. ^^
[Via Garoo via Paul Fenwick] Imaginez une sorte de corgi qui était une race à part (éteinte aujourd’hui) dont le rôle était de marcher dans une roue de hamster raccordée à un tournebroche pour parfaire la cuisson des rôtis.
C’est tellement dingue que c’est forcément vrai. ^^
Cela faisait deux ans que je n’avais pas pris la Grisette en photo, alors j’ai profité de bruncher avec des amis dans le coin pour passer l’immortaliser une fois de plus (une onzième fois à priori sur ce modeste carnet). Elle est toujours aussi jolie mais moins fringante qu’il y a quelques temps, j’ai l’impression qu’elle aurait besoin d’un bon nettoyage en profondeur !!
L’article Wikipédia à propos des grisettes, et donc celle de 1830 sculptée là par Jean-Bernard Descomps en 1909, est assez étonnant et éloquent dans sa description sociale du « phénomène ».
Le mot grisette désignait avec condescendance, du xviiie au xixe siècle, une jeune femme vivant en ville de faibles revenus, ouvrière de la confection, dentelière, employée de commerce, réputée sexuellement accessible.
On voit et sent tout autant le caractère historique, voire traditionnel avec un peu de nostalgie qui transparaît chez les auteurs et chroniqueurs de l’époque, que l’aspect formellement dégueulasse, proprement misogyne et banalement classiste que revêt une telle considération de certaines jeunes femmes.
On a démarré la journée depuis le 15ème arrondissement, que je connais vraiment très très peu (Rive Gauche, pouaaaaaah), et en cheminant vers la Motte-Picquet, on est tombé sur le petit square Cambronne, et un groupe sculpté qui m’a tout de suite tapé dans l’œil.
Cette merveille est de Henri Amédée Fouques et date de 1887, il s’agit de « Drame au désert ». J’adore la tension terrible qui émane de la bestiole enragée et aux muscules tendus, prête à fondre sur le pauvre type à ses pieds. Cela donne une scène d’une rare véhémence et très impressionnante. J’ai vraiment été saisi.