Jardins et bassin aux nymphéas de Claude Monet à Giverny

On a eu une sacrée chance car ce matin le temps était radieux, et l’après-midi était pluvieux et orageux ! Donc c’était idéal pour une visite de Giverny et les fameux jardins de Claude Monet. Cela fait du bien de se prendre un peu de vigueur printanière, même si la visite au mois de mai avait plus d’avantages pour le bassin des nymphéas, mais ça reste drôlement joli.

Adelphité trans

Cela fait quelques années (mais pas plus de quatre, il me semble) que je vois le terme « adelphité » fleurir dans la communauté queer au sens large, mais surtout trans. C’est un terme épicène qui combine donc les notions de fraternité et de sororité (qu’on emploie aussi plus souvent depuis relativement peu de temps). J’ai tout de suite trouvé que c’était drôlement euphonique adelphité, et j’adore lire des personnes parler ainsi de leurs adelphes… Récemment, je m’interrogeai sur mon usage de certains termes et c’était curieux de constater que par exemple :

Ce qui m’épate, en passant, c’est qu’en 2005 je te mettais des “transsexuels” en veux-tu en voilà, c’est marrant comme je n’écrirais plus cela aujourd’hui. Et en réalité, si je regarde l’occurrence des mots-clefs de mon blog, j’ai utilisé ce terme jusqu’en 2008, après je parlais de “trans” tout court, et à partir de 2011 c’est le terme “transgenre” qui est uniquement usité (et c’est le terme correct encore aujourd’hui). 

Article Hedwig and the Angry Inch de ce propre blog ^^

Donc je tenais à commencer à faire fleurir ici aussi pour ce printemps 2024 un si joli mot.

Cela pourrait paraître curieux de prime abord de se dire qu’on a juxtaposé et mélangé ces lettres : LGBTQIA+ (j’ai l’impression que c’est l’acronyme qui résiste ces dernières années) pour décrire les minorités sexuelles1. J’utilise moi-même souvent le terme queer comme un terme général pour englober tout ce qui sort de la norme qu’elle soit sexuelle ou même culturelle (j’aimais du fond de mon cœur l’appellation TorduEs, et la marche qui allait avec, c’était une belle traduction à la fois littérale et singulière, mais malheureusement elle n’a pas percé ^^ ). Mais en réalité, on mélange des orientations sexuelles et des identités de genre ou des cheminements dans ces deux « univers », certes connexes mais après tout disjoints.

Car on est plus aujourd’hui à se considérer sur le spectre de l’orientation sexuelle comme sur celui du genre, et même ces notions là me semblent en réalité de plus en plus illusoires, ou simplement un besoin assez trivial de mettre les gens dans des boîtes et de leur mettre des étiquettes. Et ce n’est pas que pour des trucs mauvais hein, les étiquettes ça permet aussi de savoir à qui on a affaire et comment mieux communiquer, faire le moins d’impairs et se montrer poli. Les pansexuels et les agenres dans la salle peuvent sourire narquoisement, d’accord, d’accord.

Ces spectres ont tout de même un intérêt pédagogique, et de redonner à chacun la liberté de sortir des limites perçues par son éducation et son environnement, et ça c’est tout de même très très cool (Kinsey avait bien commencé en 1948, avec selon moi le même pouvoir émancipateur sa fameuse échelle). Dès lors qu’on comprend les carcans dans lesquels on se trouve, on n’aspire très rapidement qu’à en sortir ou au moins à ressentir le grisement de ressentir ce nouveau souffle de liberté possible.

Là où ça se corse et je trouve cela merveilleux, c’est dans cette nouvelle norme qui consiste à ne pas savoir justement à qui on a affaire (et le quasi-boomer que je suis en souffre grave, mais j’y survivrai car je suis pas trop fragile dans le genre ^^ ). Mais comme la règle d’Or dans ce domaine, comme dans tous les autres, c’est la suivante. On devrait normalement vivre dans un monde bien meilleur.

Flash débat : la transidentité – Groland Le Zapoï du 09/12/2018 – CANAL+

En réalité, la raison pour laquelle on a accolé le T aux LGB, et pour laquelle ces spectres sont si intimes, est surtout très pratique et empirique. Beaucoup de trans dans leur cheminement de vie passent par la case homosexualité, ce qui doit être une première tentative de réponse à leur quête d’épanouissement. Ce sont donc totalement nos frères et sœurs (nos adelphes ^^ ) de lutte et nous partageons un destin commun, et bien sûr ils représentent une frange de la communauté encore plus discriminée. Parce que nous avons une histoire commune, et qu’on a souvent été potes au début, bah on ne va pas se lâcher comme ça. Et je suis heureux de constater que cette intersectionnalité là fonctionne un peu. (Même si la transphobie est présente chez les gays et lesbiennes, j’en pense la prévalence plus faible que dans la population générale.)

J’ai eu moi-même beaucoup de préjugés, et mon propre cheminement. Je me rappelle m’être demandé par exemple pourquoi les trans allaient vers tant de difficultés et de douleurs dans la société, plutôt que de se contenter d’être pédés ou lesbiennes. Et puis j’ai fait le (facile) rapprochement avec certains hétéros qui m’avaient dit exactement la même chose sur le fait d’être pédé2 dans les années 90. Hu hu hu. Et puis il m’a suffi de constater d’un peu plus près l’épanouissement de quelques trans (dans mon cercle à moi uniquement des femmes trans), notamment d’anciens pédéblogueurs, pour avoir une véritable épiphanie à ce sujet. Je me suis retrouvé quelque part avant et après mon propre coming-out. Ces personnes sont simplement devenues elles-mêmes, pas autrement que ce qu’elles avaient toujours été au plus profond d’elles.

Pour les deux auxquelles je pense, je dois réfléchir assez intensément pour retrouver leurs morinoms. Les mégenrages3 qui sont forcément des erreurs communes au début de transition (appeler elle en il, ou utiliser le prénom de naissance), et qui le reste un peu plus longtemps chez les proches (pour la famille notamment), est un truc qui m’échappe tant je trouve que l’on oublie purement l’ancienne personne (et sans aucun effort vraiment).

Il faut savoir qu’il y a une immense4 polémique en ce moment dans la communauté des contributeurs Wikipédia. En effet, s’oppose la volonté de ne pas indiquer les morinoms ou dead-names des personnes trans ou même d’évoquer leur transition puisque ce n’est pas forcément pertinent ou même en accord avec le désir de la personne, et celle de loguer ces événements qui sont autant détails biographiques d’une personne.

Les réseaux sociaux ont cette qualité (parmi beaucoup de défauts) de faire émerger des tas de gens très bien qui militent et informent via des contenus écrits, audios ou vidéos sur la transidentité. Et surtout, c’est pour moi une vraie petite fenêtre sur des coreligionnaires queers que je n’aurais jamais été amené à rencontrer ou connaître (notamment par des générations qui nous séparent aujourd’hui au vu de mon statut de vieillard cacochyme approchant dangereusement la cinquantaine). J’ai été fasciné comme beaucoup de gens par la non-binarité, qu’elle s’exprime sur le domaine sexuel ou du genre, ou même lorsqu’on considère les différents spectres autistiques sur lesquels on se trouve en tant que neuroatypique par exemple. Donc c’est clairement une tendance de fond assez importante, mais qui ne nie pas non plus la binarité, elle étend juste le champ des possibles, et reconnaît les nuances, la fluidité, le changement ou parfois simplement l’indécision5.

J’avais évoqué Brieuc dans le blog qui était un de ces non-binaires qui a publié des dizaines de vidéos géniales à ce sujet, et globalement sur la transidentité. J’ai appris mille choses grâce à cette précieuse personne. Il se trouve qu’elle a (de nouveau) transitionné depuis, et elle a malheureusement supprimé tout ce contenu (pour mettre de côté justement le morinom, l’apparence et tout ce qui se rapporte à un passé qui devient difficile dès lors qu’on est passé à autre chose j’imagine). Comme je la cite en tant que Brieuc, je ne vais pas moi-même faire le lien avec sa transition actuelle. Mais elle fait partie de ces merveilleuses personnalités qui depuis la transition irradie de bonheur et de bien-être. Et ça me rend juste tellement heureux de la voir ainsi !! ^^

Comme pas mal de personnes trans d’ailleurs, il est très drôle de constater, et elle en plaisante elle-même beaucoup, qu’elle est aujourd’hui assez binaire et revendique un schéma très classique où elle est « très meuf » et dans des relations tout à fait « hétéronormée ». Et c’est ce que j’aime dans ce qui peut paraître comme des choses nouvelles et qui pourraient faire peur ou être prises pour des positions politicardes visant à faire changer tout le monde. Ce n’est pas du tout le cas, il ne s’agit que d’ouvrir le champ des possibles, tout en respectant les comportements d’avant, c’est juste qu’ils ne sont plus la norme ou l’obligation.

Il y a en revanche une chose qui a tout changé, et qui est à la fois géniale et qui m’agace au plus haut point : le passing. Evidemment que c’est majeur et important d’être reconnu, pour des personnes binaires, dans son genre. Et les innovations extraordinaire en médecine, tant pour les hommes que pour les femmes, ont grandement amélioré la vie des personnes trans et leur intégration à la société, puisque « ça ne se voit plus ». Et dès lors qu’on ouvre cette boîte (de Pandore), on se frotte forcément à ce putain de privilège de la Beauté6 (qui m’insupporte). Et alors, on en vient à faire des différences et des jugements de valeurs dégueulasses. Il y a alors les bons trans et les mauvais etc. De la même manière que l’acceptation grandissante des gays dans la société est valable et validée pour ceux qui sont beaux, musclés et doués en décoration.

Mais d’un autre côté, ces ambassadeurs et ambassadrices ont un pouvoir extraordinaire et font bouger les lignes. Donc ça m’interpelle et me trouble… Et j’en suis moi-même une énorme victime influençable, alors que je m’émerveille de transitions qui aboutissent à des personnes belles en dedans comme en dehors (j’avoue que le passing a cet effet).

J’avais bien aimé en cela les deux séries TV avec un thème trans très poussé qu’étaient « Pose » et « Transparent ». Et étonnamment, là où la première se passe dans les années 80 et 90 à l’époque NYC, VIH et Ballroom, on avait des comédiennes trans qui étaient « trop » belles par rapport à une représentation historique qui se voudrait fidèle. Mais après tout, quel intérêt ? Et leurs physiques sublimes ont parfaitement servi l’intrigue… Pour la seconde, avec « Transparent », c’est le contraire puisque la série est contemporaine mais montre justement des trans « qui se voient » avec un côté plus naturaliste certes (surtout avec des trans plutôt âgées), mais qui fait justement l’impasse sur les personnes au passing plus abouti. Et encore une fois, ce qui est plutôt cool au final, c’est l’ensemble de ces représentations, et la diversité qui est présentée. Ce qui est cool aussi c’est enfin d’avoir ces représentations dans des séries, et qui arrivent à transcender ce sujet même de la transidentité.

Sur un sujet connexe, je me suis fait la même réflexion sur la mini-série gay du moment « Fellow travellers » où on a deux mecs homos qui vivent une histoire singulière entre les années 50 et 80. Les deux mecs sont Matt Bomer et Jonathan Bailey, et ils ne sont absolument pas crédibles en mecs pédés dans le placard des années 50, dans le sens où à cette époque les mecs n’avaient absolument pas des corps aussi secs, dessinés et musclés avec des abdos taillés à la serpe. Or, la série est aussi là pour montrer des magnifiques pédés aux corps parfaits comme on les célèbre aujourd’hui. Je trouve ça naze, et un manque criant de fidélité à une reconstitution historique. ^^

Bref, j’arrête avec ce privilège de la Beauté, mais il faudra que j’en fasse une tartine un de ces quatre.

Je voudrais à présent vous conseiller quelques comptes de référence qui vraiment sont des trésors actuels à propos de transidentité. Il y a d’abord Lexie7 qui est une fabuleuse pédagogue et passeuse de messages, mais qui est aussi truculente, bretteuse et en colère, et qui est aussi capable de nous chier à la gueule au passage. Je suis très très admiratif et fan, et je trouve qu’elle ne fait que s’améliorer avec le temps. Je vois aussi tout ce qu’elle subit sur les réseaux (comme pas mal de militants que je suis), et je n’en suis que plus adoratif de son travail et son opiniâtreté.

Après pas mal d’années d’invisibilisation, les hommes trans sont maintenant beaucoup plus sur le devant de la scène, et ça a changé pas mal de choses en positif (évidemment). J’ai été épaté aussi de constater que beaucoup de garçons trans sont gays, ce qui n’est que le résultat de ma facette de boomer. ^^ (Bah oui, je me dis t’es lesbienne, après tu deviens un mec, forcément t’es hétéro non ? Bah non. ^^ )

Et cette résurgence a aussi provoqué un autre truc drôle et troublant pour moi. C’est que l’on trouve donc à la fois femmes trans et des hommes trans dans le porno actuel. Eh bien je suis plutôt très sensible à des hommes trans pédés (sans organes génitaux masculins, je le précise car c’est dans ce cas et contexte précis important), et pas du tout à des femmes trans qui peuvent même avoir une bite (élément assez essentiel pourtant de ma sexualité). Cela m’a vraiment conforté dans mon identité d’indécrottable pédé, et pas tant que cela accroc à la bite. Bon passons !

En miroir de Lexie, et absolument indispensable, il faut suivre Morgan Noam. Il est passionnant et tout aussi pertinent et convaincant que sa collègue (ils font aussi des vidéos ensemble). C’est tellement génial de suivre ces personnes intelligentes et fines, et qui sincèrement me donnent un peu d’espoir en l’avenir de nos sociétés (ouai je suis déjà mort ^^ ).

Avec Lou Trotignon c’est moins sérieux, c’est même très drôle, mais en même temps les messages passent aussi, c’est juste que le médium est aussi singulier que génial. Ce mec trans non-binaire (c’est déjà un programme) est adorable, à mourir de rire et un comédien de stand-up qui présente des sketchs très drôles et absolument irrésistible sur la transidentité. Tout en finesse et en dérision, il arrive à bien faire passer ses messages, et je trouve que l’humour est un vecteur complémentaire parfait à un militantisme pur jus.

Enfin mon chouchou c’est clairement Léon Chappuis (ou Léon Salin) qui est déjà une publicité vivante pour la transition (il est vraiment canon ce con !!!8). Hu hu hu. Mais surtout il est absolument bisounours et adorable, et il a une tactique très nature et candide. C’est peut-être son côté suisse (romand) qui fait cela, mais lui son terrain c’est l’évidence des parcours trans, les témoignages positifs et vraiment la candeur des échanges. Cela donne des vidéos touchantes à mort qui m’ont fait chialé (ça fait du bien), et des échanges prosaïques qui sont des questions qu’on se pose. Le mec raconte par exemple dans une vidéo avec d’autres mecs trans qu’il lui est arrivé de draguer une meuf qu’il a un bon passing et que c’est cool mais qu’il faut bien qu’il explique à un moment « qu’il n’a pas de bite !!! » et ça le fait chier. Mais en même temps, la confrontations des témoignages est très intéressante, troublante parfois, toujours bienveillante, et démine justement tous les préjugés ou les sujets scabreux et délicats.

On y comprend aussi pourquoi de toute évidence certaines personnes trans préfèrent sortir avec des trans, ou l’impact de l’exotisation de leur transidentité pour certains ou certaines. J’ai adoré aussi les passages figurant Léon et sa petite amie, qui est elle bisexuelle convaincue et militante. On en finit par se dire que c’est peut-être cette bisexualité qui permet d’obtenir un tel équilibre harmonieux avec un mec trans ? Pourtant il est clairement pour moi un mec comme un autre, même selon moi beaucoup trop hétéronormé à mon goût (mouahahahaha). ^^

Bref, c’est super intéressant et je n’ai pas fini de découvrir des trucs, ce qui est toujours agréable et stimulant.

Mais là, où j’ai versé ma petite larme c’est que Léon a interviewé des parents de mecs trans. C’est très drôle car la vidéo des mamans et celle des papas sont différentes les unes des autres, et donc très binaires au final (hu hu), mais elles ont pour point commun de toucher droit au cœur, de revenir à des valeurs belles et simples d’amour (surtout), de respect, d’écoute et d’une ouverture qui finit par aussi donner en retour beaucoup de richesses à ces parents d’exception. Encore une fois, on y trouve une belle candeur, une profonde humanité, beaucoup d’humour et de décomplexion, et cela fait un bien fou.

C’est aussi un autre bon moyen de faire passer des messages, en revenant à des considérations assez essentielles et basiques. Et encore une fois très complémentaires des approches théoriques ou militantes, qui peuvent aussi un peu trop nous courir sur le haricot.

J’en ai fait une sacrée tartine de cet article, mais j’y tenais car ça compte pour moi.

  1. Je déteste cette terminologie, mais c’est toujours celle qui paraît couramment usitée. ↩︎
  2. Ils me conseillaient sérieusement de ne pas me prendre la tête, de simplement me conformer en mettant avec une femme pour faire plaisir à la société tout en évitant les risques, et de vivre une gentille vie sexuelle hypocrite et débridée en parallèle. ↩︎
  3. Le fait de ne pas utiliser les bons pronoms pour interpeller une personne. ↩︎
  4. Tout est relatif évidemment, c’est à l’aune d’une polémique sur les Internets par les gens des Internets. ↩︎
  5. Il est parfois bon de rappeler que l’indécision est aussi une excellente option devant ce maelström de choix. ↩︎
  6. Personne n’en parle de celui-ci alors qu’il est un des plus injuste et universel de notre monde : la beauté ouvre bien des portes, et c’est un privilège qui en intersection avec des ségrégations donnent des équations bien curieuses et alchimiques. ↩︎
  7. Je l’ai connu incidemment à la téloche alors qu’elle participait à un débat sur France Info, et elle m’avait marqué par sa sagacité et sa rhétorique efficace. ↩︎
  8. Oui je sais c’est un privilège et tout, mais laissez-moi faire ma midinette merde !!! ↩︎

Croissants d’amour

Oui quand elle est comme ça, plusieurs fois par jour, et qu’elle te fixe avec ses petits yeux plein d’affection, je dis qu’elle est en mode « croissants d’amour » comme Sailor Venus (de la série anime Sailor Moon).

Et ce midi, j’ai à peine arrêté de bosser et je me suis mis tranquilou sur le canapé, deux secondes plus tard, j’étais comme ça. ^^

Je ne me plains pas hein, au contraire, c’est vraiment beaucoup beaucoup de câlins d’amour, et en ces temps moroses, bah ça fait du bien à ma dépression existentielle. ^^

Petit manuel juridique à l’usage des homophiles des années (19)60

Je vous ai déjà parlé de Guillaume qui fait des podcasts passionnants à propos des cheminements de sexualité queer, mais là c’est un épisode un peu spécial et c’est une anecdote dans celui-ci qui m’a énormément intéressé. Son invité lui a expliqué avoir trouvé dans une chambre de bonne parisienne, dont il est devenu propriétaire, un fascicule tapé à la machine, et qui se refilait sous le manteau, qui doit dater des années 60.

Il s’agit d’un impressionnant document de 36 pages qui détaille par le menu l’ensemble des droits et des risques légaux attachés à des comportements homosexuels à l’époque. Et on parle d’une époque de grande répression puisque nous sommes quelques années après l’amendement Mirguet qui a officiellement inscrit l’homosexualité comme « fléau social » en 1960, ce qui a aggravé les outrages à la pudeur, par exemple, quand ils sont commis par des homos.

Ces pages ne parlent pas d’homosexuels mais d’homophile et on souligne assez directement la « dignité » qui est recommandé comme l’attitude à suivre pour les homophiles qui se respectent. L’élément juridique le plus vieux date de 1963 et c’est un jugement de cassation, donc j’imagine que ça donne une bonne idée de la période où ce document a été conçu et tapé à la machine. Donc tout cela fleure bon l’époque Arcadie et la plume des affidés d’André Baudry. Inutile de dire que ce n’est pas trop ma came, mais o tempora, o mores. On retrouve bien trop encore aujourd’hui ces homos follophobes et qui ne cherchent qu’à se conformer et lutter contre leurs propres droits, tout en profitant allègrement de ceux gagnés par leurs coreligionnaires hauts en couleur et en militantisme.

Là ce qui est drôle c’est qu’en prologue et épilogue, on rappelle que ces conseils ne sont utiles qu’à ceux qui justement manquent de cette dignité des homophiles qui ne sont pas censés draguer aux Tuileries, mater dans les vespasiennes, baiser dans les bains de vapeur etc. Mais tout de même, ça vaut le coup de connaître ses droits, et de savoir comment se comporter si on se fait arrêter. Et en cela, cela ressemble aussi aux conseils qui sont donnés à tous les militants lors des manifestations ou des actions de guérilla urbaine.

Evidemment la liste des délits donne là un vertige étourdissant. C’est tout de même une trentaine de pages pour évoquer tous les risques à envisager, et pour avoir le maximum d’armes pour se défendre et survivre dans une société répressive autant légalement que moralement. Et tout cela n’a que 60 ans…

Voilà l’épisode si vous voulez l’écouter.

Fleufleurs en feu à foison

(Oui, j’aime les allitérations. ^^ )

J’ai déjà posté plus d’une photo dans le style, mais je ne m’en lasse pas. Et en vrai, ça rend très très bien aussi, surtout avec un petit apéro improvisé et ce spectacle bien agréable.

On a fait une super balade aussi sur la côte très haute, découpée et granitique vers Port Manec’h. C’est un endroit que j’aime bien, et qui rappelle un peu plus le Finistère nord et la Bretagne plus « granitique ».

Mais la plage de Port Manec’h est aussi toute petite et mignonne, et totalement infréquentable en été.

Le chemin côtier est vraiment très cool, et on y voit de belles formations rocheuses qui font toujours penser à plein de trucs plus ou moins farfelus.

Et pour finir une belle paréidolie, parce que franchement on dirait bien le profil du Baron Harkonen non ?

Ça sent le printemps !

On les a attendu longtemps ces vacances, et on est sur les rotules, alors cette semaine de retraite finistérienne nous fait le plus grand bien. Après pas mal de flotte, il semble qu’on en voit la fin, et surtout c’est avec le printemps naissant, le retour des fleufleurs1 !!! Avant le retour des lagures ovales que j’aime tant, c’est un premier signe qui remonte le moral !!

On a fait une chouette balade vers Porsac’h hier, et le soleil était timide mais bien là, avec des températures bien agréables.

C’est une côte très découpée et rocheuse dont le relief est vraiment beau avec des vagues comme cela. Nous sommes après les grandes marées, donc on doit se contenter de tous petits coefficients, mais s’il fait beau temps ça pourra peut-être nous donner quelques belles journées d’affilée (ou pas, mais on s’en fout vraiment).

Ensuite, on est allé jusque Bellangenet pour jeter le coup d’œil classique et traditionnel. Et vous avez ma trombine en bonus. Sympa hein ? ^^

  1. Des arméries maritimes. ^^ ↩︎

Gengis Khan (Comment les mongols ont changé le monde)

C’est la première exposition thématique du musée d’histoire de Nantes que je visite (en dehors donc de la collection permanente du château), et je suis vraiment très impressionnée par la richesse de celle-ci. Les expos du musée d’Arts sont déjà d’un excellent niveau, mais là c’est clairement l’équivalent de ce qu’on peut trouver à Paris et dans les capitales européennes. C’est donc un panorama très complet et très riche sur la constitution et les caractéristiques de l’empire Mongol. Même si l’expo s’appelle Gengis Khan pour attirer le chaland, en réalité il n’est pas totalement au centre, même si c’est bien sûr un des protagonistes majeurs (c’est peu de le dire).

Après, on est dans une scénographie très classique et standard mais avec beaucoup d’explications très intéressantes (et une app gratuite plutôt bien fichue à télécharger au lieu d’un audioguide) et des cartels parfaitement autosuffisants et bien rédigés. Le parcours est à la fois chronologique et thématique, avec des thèmes qui s’égrènent pour bien comprendre les contextes qu’ils soient culturels, politiques, économiques ou sociaux. On trouve pléthore d’objets d’art, d’artisanat, mais aussi des céramiques, de l’orfèvrerie, des textiles, des armes etc. C’est d’une incroyable richesse avec des emprunts à des musées d’Oulan-Bator, mais aussi comme on peut s’y attendre des musées Guimet ou Cernuschi (et quelques pièces du musée de la Compagnie des Indes de Port-Louis).

Mais au-delà d’une exposition irréprochable sur le fond comme sur la forme, le sujet en tant que tel est absolument passionnant. On comprend vraiment bien ce qu’étaient ces peuplades nomades des steppes et zones désertiques de Mongolie, et pour lesquelles le cheval était à la base de toute leur vie. Et comment peu à peu, conquête après conquête, on a pu voir émerger simplement le plus grand empire de l’histoire de l’humanité. La carte du truc paraît totalement surréaliste (à l’époque de Kubilaï Khan, le petit fils de Gengis Khan, celui qui avait accueilli Marco Polo) !!

C’était hyper intéressant de voir comment ils ont mêlé à chaque fois des invasions brutales, mais aussi des négociations et énormément de diplomatie sans forcément aller jusqu’à la guerre. Et surtout il y avait vraiment cette volonté très marquée de faciliter les échanges (les fameuses routes de la soie), et d’avoir une économie florissante (portée par le commerce et la circulation des marchandises) pour l’empire après les conquêtes. Et étonnamment, il y avait une grande tolérance religieuse avec toutes les religions qui cohabitaient : islam, nestorianisme (christianisme nestorien), bouddhisme, chamanisme des origines pour les mongoles. Ils étaient aussi très forts pour intégrer toutes les armes qui se rencontraient sur leur chemin, et ont rapidement fait leur l’usage de la « poudre noire » pour utiliser des bombes et des grenades.

Scientifiquement aussi c’est assez drôle de découvrir l’apport des mongoles, et leur politique pour arranger les échanges entre savants. En réalité, tout ce qui pouvait être bon pour le business était facilité. Mais c’est marrant de voir cette vision globalisée du monde en plein Moyen-Âge. Je n’avais jamais entendu parler avant de Guillaume de Rubrouck qui a eu moins de succès que Marco Polo (il était avant en 1253-1254), mais qui a lui aussi écrit des trucs incroyables pour raconter l’Empire Mongol à ses contemporains. Et il y a cette histoire très intrigante de Guillaume Boucher (dont je ne trouve que la page Wikipédia en anglais étonnamment) qui a justement rencontrer le précédent.

Au lendemain de leur arrivée, Guillaume et ses compagnons sont accueillis par une Lorraine de Metz, nommée Pasha ou Paquette, enlevée en Hongrie et déportée jusqu’à Karakorum, qui est au service d’une dame mongole chrétienne. Paquette est mariée à un Russe qui exerce le métier de constructeur de maisons, de qui elle a eu trois enfants. Paquette leur parle d’un orfèvre nommé Guillaume Boucher dont le père, Roger, tenait boutique à Paris sur le pont au Change. Alors qu’il se trouvait à Belgrade, au service d’un évêque normand, les Mongols, qui ont massacré les populations mais en épargnant les artisans spécialisés, l’avaient fait prisonnier. Une fois arrivé à Karakorum, Möngke l’avait donné à son frère cadet, au service duquel il demeure. Informé des talents de l’orfèvre par son frère, le Khan commande à maître Guillaume un grand arbre à boisson en argent distribuant du vin, du koumis et de l’hydromel. Sur recommandation de Paquette, Guillaume de Rubrouck utilise les services du fils de l’orfèvre pour pallier l’incompétence de son interprète. Lors de son départ, l’orfèvre remet à frère Guillaume une croix ouvragée à remettre au roi de France, son ancien souverain.

Page Wikipédia de Guillaume de Rubrouck

Encore un peu de temps pour y aller, et il y a un monde fou, mais ça vaut vraiment le coup !!