Rattrapage Livres (2013-2018)

Entre 2013 et 2018, j’ai mis plein d’articles de côté dans une liste de « posts à faire » en me disant que j’allais m’en occuper, et puis le temps a passé… Je la compile ici car je me suis juré d’avoir un weblog digne de ce nom. J’en dis un peu plus dans cet article justement.

Les mots pour le dire (Marie Cardinal) (2013)

Sur le coup c’est difficile de dater quand j’ai lu tel ou tel bouquin lorsque ce n’était pas une sortie « fraîche », et comme celui-ci date de 1975 c’est le cas. Mais comme je tiens cette liste dans l’ordre chronologique, c’est à peu près fiable, et là en l’occurrence j’avais posté une citation du bouquin en 2013 :

J’apprendrais beaucoup plus tard que l’esprit ne se présente pas comme ça à la porte du caché. Il ne suffit pas de vouloir pénétrer dans l’inconscient pour que la conscience y aille. L’esprit temporise, il fait des aller et retour, il atermoie, il hésite, il guette et, quand le moment est venu, il s’immobilise devant la porte comme un chien d’arrêt, il est paralysé. Il faut alors que le maître y aille lui-même et fasse lever le gibier.

J’avais beaucoup aimé ce bouquin qui m’avait marqué par la qualité de son écriture et par son aspect autobiographique. Et puis lire comme cela le récit d’une psychanalyse donne l’opportunité de réviser sa propre autoanalyse, ses qualités et ses défauts.

La théorie de l’information (Aurélien Bellanger) (2013)

C’était marrant d’avoir un bouquin aussi geek et intéressant sur le plan narratif, mais tant que ça sur le plan littéraire (le style est vaguement plat). Mais comme c’est inspiré de la vie de Xavier Niel, on y découvre de manière romanesque comment Pascal Ertanger fait fortune dans les services Minitel de cul, et devient le nerd milliardaire qu’on connaît. Le livre est assez drôle, très précis, fouillé et crédible d’un point de vue informatique, et assez bien senti sur la morale de l’histoire.

Pour en finir avec Eddy Bellegueule (Edouard Louis) (2014)

Celui-ci, je l’ai lu à sa sortie un peu comme « tout le monde1« , et j’en ai brièvement parlé dans un article consacré aux Eddy. Je recopie ce que j’en ai dit :

Comme j’ai délaissé ce blog depuis des années, je n’ai pas écrit d’article à l’époque de la sortie de “En finir avec Eddy Bellegueule”, alors que j’ai lu le bouquin avant qu’il ne défraie la chronique (c’était en juin 2014), et qu’il m’a extraordinairement marqué. Ce récit autofictionnel a été une claque pour beaucoup de gens qui se sont identifiés avec “Eddy”, que ce soit dans la description des épisodes homophobes de l’enfance ou dans la distance créée avec son milieu d’origine ipso facto. Je n’ai pas, comme j’ai beaucoup lu ensuite, décrié son changement de nom ou la manière dont il parle de ses parents, car on ne peut jamais satisfaire personne dans ce cas. Soit on apparaît péteux et pédant si on ne fait qu’évoquer son parcours (une expo, un film, un bouquin), soit on reste coi et on prend ça pour du mépris de classe. En plus, j’avais trouvé qu’il avait une chouette écriture (même si un peu trop académique et parfois précieuse), et il y avait cette verve fraîche. Sa narration était portée par ce qu’il me semblait être un vrai plaisir d’écrire et de se raconter. Donc malgré quelques maladresses, cela fonctionnait bien. Et ce titre incroyable évidemment (le nom d’Edouard Louis étant Eddy Bellegueule à l’état civil lors de sa naissance) !

Histoire de ma sexualité (Arthur Dreyfus) (2014)

C’est son troisième roman et je me souviens avoir plutôt bien aimé, même si ça ne m’a pas non plus changé la vie. Mais c’était assez bien écrit, un peu crument mais joliment, et c’était un récit libéré et sans doute émancipatoire pour beaucoup de jeunes gens. Donc c’est bien. ^^

Je te vois Reine des 4 parties du monde (Alexandra Lapierre) (2014)

Alors là, on est vraiment dans ma came de ouf !! C’est un roman historique, donc basé sur des vrais personnages aux charismes avérés, des intrigues vaguement réelles (réalistes en tout cas) et avec une trame romanesque très haute en couleur. Dans un genre proche, je suis tellement fan d’Avicenne par exemple ou encore des naufragés de l’île Tromelin ou de l’esclave Furcy. Là c’est l’histoire d’Isabel Barreto, une femme d’exception qui, à la fin du 16ème siècle, est devenue une exploratrice et une des premières amirales au monde. L’histoire est dingue et géniale, et on suit comment Isabel, d’abord en tant qu’épouse, va voyager et découvrir de nouvelles terres dans le Pacifique avec son mari. Et suite à la mort de ce dernier, elle va se retrouver en commandement de plusieurs expéditions. La fibre romanesque est exactement celle que j’aime, et donc je recommande chaudement.

La mort s’habille en crinoline (Jean-Christophe Duchon-Doris) (2014)

J’ai lu plusieurs romans de cet auteur, et pareil c’est un peu ma came. Ce sont des romans très référencés et avec un gros contexte historique. J’aime bien les polars historiques notamment, et quand en plus il y a une jolie langue du 18ème alors je craque. Là c’est plutôt 19ème, mais l’idée est la même, et j’ai beaucoup aimé autant le fond historique que l’histoire.

Le Coran (Malek Chebel) (2014)

J’en avais entendu parler dans une émission dont j’ai parlé ici. Cela faisait longtemps que j’avais envie de lire le Coran, et c’était vraiment intéressant, et assez beau comme texte (plutôt poétique à beaucoup d’égards). Et j’aimais bien que le gars porte mon deuxième prénom. ^^

Smart : Enquête sur les Internets (Frédéric Martel) (2014)

J’aime beaucoup Frédéric Martel dont le rose et le noir est une de mes grandes références. Mais là, il faisait une vraie enquête sur les Internets dont je parle si souvent, et dont je suis un des nombreux « professionnels » (je l’ai été en tout cas), donc j’ai lu ça avec attention et une certaine attention critique. Eh bien, c’était un super bouquin qui expliquait des tas de phénomènes dans le monde entier, et vraiment un travail extraordinairement fouillé, illustré, expliqué et mis en perspective.

À moi seul bien des personnages (John Irving) (2014)

J’ai lu beaucoup de John Irving (mais il y a bien longtemps car je n’ai qu’un exemple dans le blog) dont j’aime autant l’écriture que l’inventivité et toujours l’originalité de ses héros. Celui-ci m’a bien plu aussi, mais je trouve qu’il a perdu un peu du feu sacré qui faisait ma passion passée pour l’auteur. Disons que c’est un peu mineur par rapport au reste, mais pour les fans ça reste indispensable.

Chronique d’Hiver (Paul Auster) (2014)

Pareil tiens, Paul Auster est dans mon panthéon, mais je n’ai pas lu tant de choses que cela récemment. Mais alors celui-ci est selon moi un livre majeur qui n’est pas vraiment un roman mais pas vraiment un biographie non plus. Il parle bien de lui, de son hiver (il est décédé depuis), et d’un certain bilan de son existence.

La vérité sur l’affaire Harry Québert (Joël Dicker) (2014)

Il fallait le lire celui-ci uniquement parce que tout le monde l’a lu et qu’il était considéré comme un page turner à l’américaine assez savoureux et bien fichu. C’est sans doute son écriture suisse-romande qui lui donne ces capacités !! Hu hu hu. Mais j’ai plutôt bien aimé, c’est clairement au-dessus d’un Musso ou d’un Levy, mais au-delà de l’intrigue en effet plutôt palpitante, l’écriture est un brin limitée.

Global Gay (Frédéric Martel) (2014)

Cette fois Martel est, selon moi, plus dans son domaine et c’est clairement un bouquin dans la lignée du rose et du noir. Comme d’habitude c’est irréprochable, hyper intelligent et documenté, et avec des opinions affutées et sagaces qui retiennent l’attention. Et donc sur cette thématique de « tout ce qui est gay » dans le monde entier, les pistes d’émancipation de certains pays, jusqu’à l’organisation globale en lobbies ou encore le statut du mariage, on apprend des tas de choses. Intéressant à relire peut-être 10 ans plus tard tiens ! ^^

Le monde selon Billy Boy (Gilles Leroy) (2015)

Bon alors, lui je l’ai beaucoup lu et c’est dans le blog, et j’ai absolument adoré ce roman. J’ai retrouvé avec un grand plaisir des personnages qu’on connaissait déjà plus ou moins dans l’univers de Gilles Leroy, et ses gimmicks qui me plaisent tant qui mêle banlieue, homosexualité et une langue virtuose.

Vivre vite (Philippe Besson) (2015)

J’en ai lu beaucoup aussi, mais il y a vraiment à boire et à manger selon moi. Là j’ai bien aimé car c’était une approche différente puisque le roman a pour héros James Dean, sans doute un peu fantasmé et sublimé par l’auteur, et il y a cet intérêt d’une vie qui est déjà une certaine intrigue passionnelle en soi. J’ai bien aimé, même si c’était peut-être un peu « facile ».

La pyramide de glace (Jean-François Parot) (2015)

Je trouve mon cher Jean-François Parot, qui est malheureusement décédé aujourd’hui, et dont j’ai lu l’intégralité des « Nicolas Le Floch« . Eh bien celui-ci est également très bien !

Peine perdue (Olivier Adam) (2015)

Lui c’est un peu comme Gilles Leroy, je les suis et je sais qu’ils ne me décevront jamais après autant de succès. Le roman est incroyable et dresse une impressionnante galerie de portaits de gens très modeste avec un petit côté Ken Loach très assumé. Et son écriture qui vient rajouter la juste acrimonie, le témoignage vrai et authentique, et la peinture de ces caractères qui ne peuvent être mieux décrits et compris.

Des milliards de tapis de cheveux (Andreas Eschbach) (2015)

Ah voilà un très bon bouquin de SF qui est un des classiques du genre. J’ai vraiment adoré cela. C’est un bouquin qui se compose de nouvelles cohérentes, un peu comme un de mes bouquins fétiches Demain les chiens, et qui font découvrir une grande histoire, un peu comme si c’était une collection de textes antiques qui racontent une histoire par bribes, mêlant faits, fables et sublimations. Là c’est un empire galactique qui demande à ses vassaux des tapis de cheveux en guise de tribut, et c’est une histoire dingue et géniale !!!

Anna Madrigal (Armistead Maupin) (2015)

Pour un fan des chroniques de SF, il faut lire tout ce qu’écrit Armistead, je m’exécute donc. C’est un petit plaisir coupable, mais celui-ci en plus était pas mal du tout, et renouait bien avec l’histoire mais resitué dans un aujourd’hui bien différent des années 80.

Une histoire de la violence (Édouard Louis) (2016)

Je vous remets aussi ce que j’en avais dit dans un article à propos de lui et Eddy de Pretto :

Seulement, il y a eu ensuite un second roman (je n’ai pas encore lu le troisième), et là grosse grosse déception. “Histoire de la Violence” est également un récit biographique, mais j’ai eu l’impression qu’il n’était pas écrit par la même personne. C’était vraiment selon moi très très mal écrit, et parfois carrément bâclé. En plus le truc est raconté à la va-vite, comme s’il était en retard pour livrer un manuscrit et qu’il avait fallu finir ça à l’emporte-pièce. Et le fond… On y lit le récit de son agression et viol par un garçon un peu space, et c’est un embrouillamini de sociologie de bas étage (avec sans doute de bonnes intentions mais qui confinent là souvent à un racisme ordinaire très malvenu), de maladresses dans l’exposition des rapports humains et de dialogues surréalistes. Bon bah oui ça ne fonctionne pas, mais pas du tout. Pourtant j’ai aussi lu pas mal de critiques élogieuses, et en majorité sans doute. (Tant mieux pour lui.)

Mais le plus gênant, c’est à présent son statut un peu étrange, et sur le coup vraiment pédant, d’intellectuel bourdieusien qu’on invite à faire telle ou telle apparition ou participation avec des journaux. Et encore plus zarbe, ce trio avec Didier Eribon et Geoffroy de Lagasnerie qui les fait apparaître comme de vrais imposteurs. A la base, j’étais pourtant bien dans la cible (bobo pédé parisien, banlieusard de naissance, de gauche), mais plus ça va et plus je me méfie. Même ses déclarations ultra-gauche me paraissent insincères, et je ne sais pas comment prendre ce dernier bouquin. Bref, je suis un peu paumé avec ce type, pour qui j’ai eu pendant quelques mois un vrai coup de foudre littéraire, et c’est drôlement dommage (pour moi ^^). Je garde tout de même ce bon souvenir du premier livre, et de toute la résonance que cela a pu provoquer chez moi. (Et je lirai le 3ème bouquin pour me faire une idée, et peut-être changer d’avis ! J’espère même secrètement.)

Richie (Raphaelle Bacqué) (2016)

J’ai lu ce bouquin par pur voyeurisme pour savoir, comme beaucoup de mes collègues, ce qu’on pouvait y lire sur le patron, mais surtout pour en savoir plus sur ce Richie qui est si fascinant (énervant et passionnant à la fois). Pas de regret, au-delà des potins, c’est un ouvrage très documenté d’une journaliste dotée d’une jolie plume efficace.

Les Mauvais Anges (Eric Jourdan) (2016)

C’est bien mon genre de roman ça tiens ! Censuré en 1955 et édité en 1984, c’est l’histoire d’amour et de cul de deux mecs. Bon, ça n’est pas une grande littérature, mais un témoignage important et intéressant d’une époque. O tempora, o mores.

L’inconnu du Pont Notre Dame (Jean-François Parot) (2016)

Rebelote, un autre Nicolas le Floch. Très bien aussi !! (Je ne m’en suis jamais lassé, malgré le côté assez répétitif, mais le fond historique évolue et c’est génialement écrit et documenté.)

Ouragan (Laurent Gaudé) (2016)

J’avais lu quelques bouquins qui m’avaient vraiment convaincu de la plume du gars, et celui-ci est vraiment très bien troussé et senti. Le roman est un chassé-croisé de récits, d’expériences et de personnages pendant l’ouragan Katrina en Louisiane, et c’est aussi prenant qu’intéressant, et impressionnant de virtuosité écrite. Quel auteur !

L’espion et l’enfant (Ian Brossat) (2016)

Quelle heureuse surprise que ce roman d’un homme politique que j’aime beaucoup, et dont j’étais curieux de découvrir le talent de conteur. Car c’est vraiment écrit comme un roman mais avec une veine parfaitement biographique puisque l’espion est son grand-père, et lui-même l’enfant du titre. J’ai vraiment énormément aimé cet ouvrage qui fait découvrir ce pan très privé de la vie de Brossat, et qui contient une vraie fibre romanesque et de chouettes sentiments familiaux.

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (Harper Lee) (2016)

Ah oui, là c’est vraiment du rattrapage. Mais c’était une lacune que je devais bien combler un jour. Et je comprends pourquoi ce roman est une véritable pierre angulaire de la littérature américaine, avec notamment un prix Pulitzer 1961. On peut encore le lire aujourd’hui avec un souffle de modernité inouï, un style qui n’a pas pris une ride, et une histoire tellement universelle qu’elle pourrait bien se jouer ces jours-ci. Pas mal du tout. ^^

Sunset Park (Paul Auster) (2016)

Ce n’est pas un « grand » Paul Auster, mais j’ai aimé y retrouver sa plume et ses gimmicks. Il y a également un rythme et une prosodie qui m’ont toujours plu, et que j’ai retrouvé avec bonheur.

Le roman du mariage (Jeffrey Eugenides) (2016)

J’avais adoré son roman phare Middlesex, et celui-ci est également très plaisant. Il y a un vrai plaisir de lecture avec ce style très enlevé et agréable, et un humour vraiment grinçant parfois qui me touche.

Constellation (Adrien Bosc) (2016)

Un premier roman qui se retrouve avec le Grand prix du roman de l’Académie française et qui évoque l’avion Lockheed Constellation du vol Paris-New-York Air France qui s’est écrasé le 27 octobre 1949 sur le Pico da Vara, une montagne de l’île São Miguel, dans l’archipel des Açores, avec 48 passagers et membres de l’équipage de l’avion, dont Marcel Cerdan et la violoniste Ginette Neveu2. Bah ça m’avait intrigué. Et en effet, c’était pas mal du tout, même si je n’ai pas été emporté par son style. Mais tout de même, le roman à partir d’une anecdote fonctionne très bien.

Recueil de nouvelles de SF de l’Institut Kervegan : Un bouleversement majeur à venir dans le monde du travail (2016)

C’est un tout petit truc que j’avais eu gratuitement, mais ça m’avait beaucoup plu ce recueil avec des textes de SF très variés (un peu à boire et à manger, je l’avoue). Quelques nouvelles avaient beaucoup de potentiel, et la SF me nourrit toujours très positivement l’imaginaire (bon parfois ça nourrit aussi ma dépression existentielle mais c’est une autre histoire ^^ ).

La septième fonction du langage (Laurent Binet) (2017)

Oh ce que j’ai aimé ce livre alors !! Très bien écrit, et surtout un mélange très savoureux entre fiction et vrais personnages, avec notamment Roland Barthes en protagoniste principal juste avant sa mort. Ce dernier ayant poussé très avant ses recherches sur le langage, et ayant découvert cette septième fonction du langage3 qui serait un outil offrant un pouvoir de conviction total sur son utilisateur. Et voilà que Mitterrand gagne les élections, alors que c’était le dernier à avoir déjeuné avec Barthes… Et on y découvre que Barthes aurait en réalité été assassiné dans un immense complot visant à acquérir de secret incroyable. On croise dans ce roman toute l’intelligentsia des années 80 avec Sollers, BH Lévy, Umberto Eco, Foucault et bien d’autres. Cette sorte d’uchronie est assez jouissive de par ses références et la finesse de ses propos, en plus de proposer une action très soutenue. Cela ferait un très bon film !

Venez, vous dont l’oeil étincelle (Jean-Christophe Duchon-Doris) (2017)

Encore un de ces romans historiques que j’aime beaucoup, et là encore de Jean-Christophe Duchon-Doris, dont la plume est très agréable et alerte. J’aime beaucoup aussi le fait d’avoir avec ses bouquins des explorations de périodes et de personnages historiques très différents, là nous sommes en l’an 736 dans le sud de la France, donc juste après Charles Martel à Poitiers, et c’est un croisement assez drôle entre la fin de l’Antiquité (le personnage principal est un « Patrice » de Marseille), les Francs qui s’imposent depuis le nord, et les Sarrasins qui conquièrent depuis le sud.

Arrête avec​ tes mensonges (Philippe Besson) (2017)

Le livre a eu un grand succès, et il est à la fois dans la veine des bouquins de Besson, ni plus ni moins. Mais il a ce truc en plus très important c’est qu’il est autobiographique tout en étant un roman. On sent l’écriture quasi passionnelle de l’auteur à certain moment, et son style est vraiment porté par une quête de vérité, et une belle authenticité dans les rapports humains qui y sont figurés. Ce supplément d’âme en fait un très bon roman au final.

Avant les hommes (Nina Bouraoui) (2018)

J’en avais parlé plus de dix ans avant, j’ai mis du temps mais je l’ai lu. ^^

  1. Tout le monde gay en tout cas. ^^ ↩︎
  2. Pompé sur la page Wikipédia du type. ↩︎
  3. Ces fonctions sont basées sur le célèbre schéma de Jakobson que j’aime tant. ↩︎

Alien : Romulus

Il y a eu tellement de catastrophes industrielles avec cette saga (une petite pensée pour le donut charlizicide) qu’il faut au moins saluer ce retour plutôt réussi d’Alien sur les écrans !!! Un peu à la manière d’un Rogue One, on est dans un interstice entre deux films importants que sont le tout premier Alien et celui où il y en a des tas partout, et où on a mis un s à Aliens pour nous le faire comprendre subtilement, le second opus de la saga originelle. Depuis on a eu des croisements plus ou moins bien sentis, et des tentatives de préquelles assez calamiteuses, malgré une série Raised by wolves qui a bien des qualités et dont la première saison m’avait clairement séduit (et pis paf, rien de génial).

Le film qu’on voit là n’est tout de même pas à la hauteur d’un Rogue One qui est devenu mon préféré des Star Wars aujourd’hui, mais force est de constater que c’est un chouette retour dans des films regardables et avec une certaine saveur. C’est du reboot tout à fait correct, avec une vue plus moderne à certains égards, mais un respect à la lettre de la « mythologie ». Mais c’est aussi là où le bât blesse selon moi avec un film qui flirte un peu trop avec le « fan service » et des clins d’œil pour initiés qui sont en réalité carrément des énormes ficelles.

Le scénario et l’action tiennent sur un timbre poste (autre défaut), mais il faut avouer que c’est parfaitement réalisé, exécuté, et que c’est plutôt joliment fait. Et avec la qualité actuelle des blockbusters, c’est déjà pas mal !!! Nous sommes donc 20 ans après la destruction du Nostromo par Ripley, et l’expulsion du huitième passager dans l’espace après être passé à la plancha. Mais des scientifiques missionnés par la méchante entreprise capitaliste ont récupéré les débris et on réussi à ranimer les bestioles. Leur vaisseau est donc en dérive, et il est repéré par des jeunes gens qui galèrent sur une colonie minière, et qui y voient un moyen de récupérer des capsules d’hibernation pour s’enfuir sur une colonie déjà terraformée. Ils ont besoin d’un androïde de la société Weyland-Yutani pour accéder au vaisseau, et ils demandent leur copine Rain de les accompagner avec un androïde retapé par son père, et qu’elle considère comme un petit frère. Mais bien sûr, lorsqu’ils arrivent dans le vaisseau, ça réveille les petites bestioles qui n’attendaient que ça !!!

Alors c’est tellement cousu de fil blanc que vraiment vous pouvez en deviner toutes les péripéties, il n’y a aucune surprise !! Mais les scènes sont très bien chorégraphiées et on a droit à tous les classiques : d’attachants facehuggers (la bestiole qu’on voit sur l’affiche) très agiles aux monstres plein d’acides et de facéties. Et on retrouve aussi pour la touche moderne tout le développement des autres films (et surtout la série que j’ai évoquée) sur la flexibilité génétique des aliens, leur adaptation à tous les milieux, et quelques retrouvailles avec des personnages mystérieux des films récents assez bien senties.

Donc vraiment je ne boude pas mon plaisir, c’est assez plaisant à voir. Un bon divertissement qui fait bondir dans le noir, avec la bonne bande-son, et des scènes bien gores !! Mais franchement le code corrompu ou inadapté d’un androïde qui le rend un peu déficient sur le plan mental, j’ai trouvé ça très maladroit, et trop hollywoodien, même si jouer sur la connivence entre Rain et son frangin robot Andy était original.

Après ça reste un peu limité car le film se contente vraiment de singer les gimmicks des autres longs-métrages, c’est un peu paresseux, mais bon parfois il vaut mieux cela qu’un donut tueur !!

Colette et Georges

Baptiste Coulmont nous propose encore une histoire fascinante (mais tellement classique et pullulante) que l’on peut reconstituer en lisant les archives de l’administration.

On y voit s’y afficher tous les préjugés de l’époque, et notamment un sexisme décomplexé, associé à de la misogynie et du mépris de classe, qu’il vienne d’ailleurs d’hommes ou de femmes. Et forcément je me demande mais quelle vie ont-ils bien pu vivre ensuite ? Ça donne envie de retrouver les quelques marqueurs de nos vies (naissance, mariage, décès) et d’en lire les indices subliminaux (villes, professions, témoins etc.) pour eux et leurs descendants.

Petite pensée pour Utakata

C’est vraiment un truc qu’on adore chez nous : faire des bulles de savon. ^^ Et le fait que dans Naruto, on retrouve cela comme un art et un ensemble de techniques à part entière, le しゃぼん玉の忍術­, cela m’avait beaucoup fait sourire et fait penser aux coutumes de la famille Watoo.

Parce que les bulles c’est génial !!! D’ailleurs, je ne manque pas une occasion pour en photographier et m’en amuser ! J’adorais capturer ces petits moments à Paris, mais ça marche aussi à Nantes, et la joie des petits n’a d’égal que celle des grands.

Pour mes 40 ans, ma maman avait rassemblé la famille pour une fête, et on avait fait plein de bulles.

Ce week-end, c’était les 50 ans de mon frère, et ma maman avait aussi invité pas mal de gens de la famille pour les célébrer. On a passé un très bon moment, et comme d’habitude on est sorti buller à un moment. ^^

La photo en figure de proue me plaît beaucoup car elle figure mon papa et mon petit-petit-cousin (le plus petit minot du moment). Ils ont joué pas mal de temps ensemble à faire et chasser les bulles, et c’est vraiment une activité qui transcende les générations chez nous.

On s’est tous mis à en faire, les petits comme les grands, à admirer leurs couleurs, leur longévité, leur taille plus ou moins impressionnante en les suivant du doigt, et tour à tour à en concevoir puis à les annihiler d’un revers de la main, ou d’une tape grandiloquente de démiurge. On a bien ri, et c’était cool de tous pratiquer comme cela une activité aussi inutile, gratuite, aussi réjouissante depuis la nuit des temps (en gros ^^ ). L’émerveillement collectif des bulles de savon ne s’affadit toujours pas avec les générations, et la technicité a beau un peu évoluer, ça reste tout de même de l’eau savonneuse et un cercle dans lequel on souffle. ^^

Je suis rentré dans l’après-midi, et j’ai profité du beau temps pour attendre mon train au Jardin Atlantique en toute quiétude.

Tiens sinon, tant que j’y suis jeudi soir, le ciel était joli à Nantes, j’ai oublié de vous en parler. ^^

Récapitulatif Mpox par Remaides

Il y a deux ans déjà, on parlait beaucoup de la variole du singe et notamment chez les HSH (les hommes qui sexent avec des hommes ^^ ). J’en ai parlé une fois de manière très anecdotique ici, mais clairement tous les potes se sont faits vaccinés, des proches ont parfois été gravement touchés, et c’était un vrai risque qui a été plutôt bien pris en charge grâce à l’expérience des associations et des briscards des pandémies que sont AIDeS ou Act Up (et l’Etat dont il faut saluer la relative mobilisation — version verre à moitié plein).

Là ça barde un peu plus car l’épidémie sévit un peu plus largement en Afrique, et l’arrivée du virus ici est certaine, même si pour le moment tout à fait invisible pour tout un chacun.

Mais plutôt que de céder aux alarmes inconsidérées : Fred Lebreton signe un article complet qui fait toute la lumière sur les informations de ces derniers jours.

On retient :

  • Ne cédons pas à la panique générale !
  • On ne s’attend pas à une épidémie en Europe comparable à la Covid
  • Toutes les infos sur la vaccination disponible actuellement en France.

Autres temps, autres mœurs, autres traumas

J’ai découvert ce podcast il y a un peu plus d’un an, et il est vraiment sympa. Ce sont deux américains dans leurs « late fifties » qui évoquent ce que ça fait d’être des vieux pédés. Cela parle de relations amicales, amoureuses, sexuelles ou simplement de la société, et j’avais été particulièrement attentif à un très intéressant épisode où ils évoquaient un véritable PTSD (Syndrome de Stress Post Traumatique) pour les gens de leur génération quant aux (pire des) années SIDA.

C’est cette période bien sûr des années 1980 à 95, où les gays tombaient comme des mouches alors que les traitements n’existaient pas, puis peu jusqu’à ce qu’enfin les trithérapies se répandent, et redonnent une vie à des gens qui se pensaient irrémédiablement condamnés. Les deux compères évoquent leurs expériences en la matière, et ce que ces années de détresse ont pu laisser comme marque et séquelles chez certains older gays qui seraient à présent un peu fâchés avec la vie et naturellement empreints d’une certaine animosité envers le monde et leurs prochains.

J’ai naturellement pensé à mon oncle Raymond, le frère ainé de ma maman, qui malgré son homosexualité n’a jamais été quelqu’un de très proche, même si nous avons toujours eu une certaine connivence, mais avant tout celle d’être deux geeks devant l’Éternel. Il m’a donné mes premiers ordinateurs et plein de trucs de PC époque 486 DX2-66 (ceux qui savent…) qui faisaient totalement mon bonheur, et on partageait vraiment clairement cet amour de l’informatique (et de la bite donc). Hu hu hu. J’ai déjà parlé de lui quelques fois dans le blog, que ce soit pour évoquer notre homosexualité, le fait qu’il parte rejoindre son mec en Australie rencontré sur Internet à 64 ans, ou bien mes péripéties lorsque je lui piquais ses cassettes de cul. ^^

Il m’avait avoué dans une carte postale qu’il avait découvert et qu’il lisait mon blog de manière très sympathique d’ailleurs.

Lui est né en 1941, c’est donc encore une génération avant, mais il a toujours été très mutique avec moi sur sa vie intime. En revanche, lorsque nous sommes passés à Perpignan lors de nos vacances à l’été 2021, nous avons été invités par un ex petit copain de mon oncle, Claude, un type que j’ai connu des années en couple avec mon oncle (avant même ma naissance), et qui m’a donc connu tout minot. C’est chez lui et son mari que j’ai reluqué son génial miroir de Belle !!

Mon oncle est autant mutique que Claude est bavard, et il était absolument disert sur tous les sujets les plus indiscrets pour notre plus grand plaisir. Ainsi lors de ce court séjour, j’avais appris énormément de choses sur eux, et notamment qu’ils sont sortis ensemble à partir de 1963, que Claude draguait dans les parcs, au bout des ponts, dans les pissotières et partout où cela se faisait. Et surtout qu’ils ont passé leur temps à se piquer des mecs, à se tromper et plein d’autres joyeusetés. C’était assez fun de découvrir tout cela, en plus de photos à poil de mon oncle des années 60 et 70 bien conservées par son ex et qu’il s’est empressé de me montrer. Ah ah ah. Après, il y avait aussi une homophobie criante et omniprésente dans toute la société, des descentes de flics et une peur globale et insidieuse qu’il a aussi exprimé. Chaque époque a ses marqueurs…

Malgré tout cela, Claude nous a aussi bien expliqué qu’il a eu son lot de mecs morts pendant l’hécatombe SIDA des années 80, et que c’est aussi quelque chose qui l’a beaucoup marqué. Ce qui a été génial pendant ce moment c’est qu’on a aussi découvert qu’ils formaient avec tous leurs potes une vraie communauté (mon oncle habite à Carcassone) d’entraide et de soutien. En tant que vieux pédés, souvent en rupture avec leurs familles, et la plupart du temps sans parents, assez régulièrement aussi avec des enfants d’un premier lit « cishet », ils ont véritablement construit et investit cette notion de famille qu’on se choisit. Et il faut les voir, tous dans leurs 70 voire 80 ans, à se draguer, et se targuer de leurs présences sur les apps, et leur prérogatives de polar bears assumés.

J’avais bien suivi que mon oncle était parfaitement actif sur les RSA1, où il avait rencontré son ex australien (il est revenu en France, après sa rupture donc), et où il badinait selon son bon plaisir. En revanche, ce n’était vraiment pas ce qu’on peut appeler un type très affable ou sympathique. Au contraire, souvent à faire la tronche, à faire des remarques pas très agréables, et très très égocentré, on se disait tout le temps dans la famille que ce n’était pas un cadeau et que ça ne s’arrangeait pas avec le temps.

Je pense aussi à Guillaume et ses podcasts sur la sexualité que j’ai déjà évoqué, car il a souvent parlé de son propre oncle, dont il a appris l’homosexualité. Et il nourrit un imaginaire riche sur ce que/qui pouvait être cet oncle, ses histoires d’amour, de famille, et le lien quasi transgénérationnel entre eux. Cela me fait sourire avec mon oncle ronchon et renfrogné, mais comme souvent chez ces personnages avec un truc attachant, dont j’ai appris finalement plus de choses par son ex.

Evidemment et inexorablement, la santé de mon oncle s’est mis à décliner peu à peu, et dans l’année de ses 83 ans, il y a quelques mois, il est décédé. Il était encore parfaitement indépendant et vivait dans sa maison à Carcassone, mais il a eu des malaises, et il a dû être hospitalisé. Il a appelé son ami B., qui est immédiatement venu de Paris pour le voir, et prendre soin de lui, et en réalité l’accompagner dans ses derniers jours.

B. c’est encore une autre histoire. Lorsque ma mère m’a expliqué que mon oncle lui avait dit qu’il était en relation avec un algérien de 25 ans qui faisait ses études en France. Alors oui bien sûr, on a été un peu interloqué et on a eu des doutes. Et un bon petit racisme ordinaire s’est répandu dans la fratrie et au-delà. Mais les années passant, force était de constater que la relation était toujours là. Et même après la rupture, l’amitié ou en tout cas le lien absolument indéfectible. Raymond pouvait toujours compter sur lui, d’abord dans le sud, puis depuis quelques années à Paris. Je ne l’avais jamais rencontré, mais ma môman me disait que ça avait plutôt l’air d’un mec sympa (elle l’avait notamment vu au mariage de Claude, où mes parents étaient invités), même si elle ne comprenait vraiment pas la nature de leur relation.

Mais voilà, B. a été là, et a tenu informé ma maman de l’hospitalisation, et du décès trois jours plus tard. Il a fallu ensuite organiser les funérailles et nous rendre à Carcassonne pour vider sa maison. Personne d’autre que nous sommes descendus pour cela (compliqué pour toute la famille en Île de France, et une fratrie vieillissante peu mobile), ma mère, mon père, mon frère et moi. Ma mère était à l’ouest, et ça a été compliqué de tout faire en très peu de temps, et moi je télétravaillais faute de pouvoir prendre des congés. Tout le monde était sur le fil de se foutre sur la gueule, mais on a tenu bon. On a réussi à tout faire, et on a assisté à la cérémonie précédant sa crémation.

Mon oncle en avait rien à foutre de son héritage au propre comme au figuré, et il avait prévenu ma mère qu’ils devraient se démerder (les frères et sœurs) car il n’avait pas un rond, et n’en avait rien à foutre de son devenir une fois passé l’arme à gauche. Au moins les choses étaient claires, et c’était tout à fait cohérent avec son caractère.

Mais nous avons réussi à être encore surpris par mon oncle, et ces moments de rigolade nous ont fait du bien. Car à peine avions-nous commencé à débarrasser la maison que des voisines sont arrivées pour nous exprimer, les larmes aux yeux, comme Raymond était un type adorable, serviable, gentil et sympathique, qui était très connu et aimé de la communauté du lotissement, et qui serait énormément regretté. Une voisine est même venue pour la crémation en représentation du voisinage pour exprimer leurs condoléances. C’était surréaliste, et ça nous a bien fait sourire.

Claude était là, ainsi qu’un autre ex que j’aime beaucoup et qui était là avec Raymond à notre propre mariage, et c’était touchant de voir ces personnes âgées tenir à être là pour Raymond en souvenir de leur temps passé ensemble.

B. est resté jusqu’au bout, et je suis content d’avoir eu l’opportunité de rencontrer ce mec adorable (de 37 ans maintenant) et sympathique, vrai compagnon de route et d’une certaine destinée de mon oncle. Il a toujours été là, ami et confident, sans doute amant bien sûr, à la loyauté certaine et indéniable, et en pleurs ne pouvant cacher son profond et sincère chagrin. Et cette situation tragicomique où le pauvre devait réagir positivement à tous les vieux qui lui parlaient de l’Algérie Française qu’ils avaient connu pendant la guerre, avec des gens vraiment très gentils. Mein gott, comme j’avais envie de le secourir de ce racisme ordinaire qui se voulait bien sûr tout le contraire, mais qui était à cent lieues j’imagine de ce qu’il avait envie d’avoir comme conversation.

Je garde cette image, avec son chat, car on avait aussi cela en commun après tout. ^^

Autre élément qui m’a beaucoup fait sourire, et tellement typique de lui. Il avait contracté moins d’une année avant un crédit avec une de ces banques à logos verts d’une somme non négligeable pour s’acheter une voiture, mise au nom de son ami B. Nan mais qui accepte de faire crédit à un mec de bientôt 83 ans. Eh bien, en voilà un pour les pertes et profits, joli dernier pied de nez au capitalisme.

Nous sommes repartis avec l’urne contenant ses cendres, et ma môman voulait organiser une petite cérémonie pour ses frères et sœurs qui n’avaient pu être là. Fin juin, nous nous sommes donc rassemblés à Osny, j’étais là aussi donc, et ma maman a eu la meilleure des idées en faisant placer l’urne dans la tombe de ma grand-mère. Je pense que ça lui aurait fait plaisir, vraiment j’en suis convaincu, d’être de retour à Osny, et avec ma grand-mère. C’était un beau moment au cimetière, et j’étais content d’être venu pour cela.

J’ai toujours été curieux de ce Jean-François Michel, dont ma grand-mère m’avait expliqué qu’il était mort bébé d’une méningite foudroyante. Ma tante m’a alors expliqué que c’était une histoire assez sordide en réalité, nous étions donc en pleine seconde guerre mondiale, en pleine occupation, et lors du décès de cet oncle, des corbeaux ont dénoncé à la police des maltraitances sur l’enfant. Ma grand-mère a donc été inquiétée en plein deuil et en pleine détresse. Il a fallu une autopsie qui a conclu à cette méningite, et a innocenté mon aïeule. La perte de l’enfant, ce soudain opprobre et en passer par une autopsie pour son bébé ont été de sacrés coups du destin pour ma grand-mère à ce moment-là.

  1. RSA = Réseaux Sociaux de l’Amour, soit les apps de rencontre. ↩︎

Solo Sookie

Je suis rentré à Nantes pour reprendre le boulot avec un peu plus d’ardeur, et pour en finir avec ma déprime existentielle (mais je sais que c’est moyennement efficace hein). Alex est resté en Bretagne pour sa propre reprise en télétravail. Je suis reparti avec Sookie qui supporte mieux les voyages en train, et qui surtout aime plus que tout être à la maison. Et alors en plus de tout cela, Sookie est toute seule, puisqu’Arya est toujours avec mon chérichou.

C’est incroyable car cela fait depuis octobre 2017 que nous avons adopté Arya, et Sookie fait la gueule depuis tout ce temps-là (grosso modo). Dès que je l’ai à la maison avec moi, elle redevient comme avant : très proche voire collante, et super sereine. Quand Arya est là, elle se planque et elle est chafouine à bien des égards, même si bien sûr elle reste choupinette très souvent. On pensait que ça s’assagirait avec le temps, mais force est de constater qu’un certain et curieux équilibre a été atteint.

Bon après, les chats ça continue vachement de changer de caractère je trouve. Il y a aussi des périodes avec des comportements plus ou moins chelou. On verra ! Mais là, elle est HEU-REUSE ! ^^

Une question d’air

J’ai toujours aimé son style et ces petits posts qui sont autant de délicates touches sur une peinture impressionniste qui représente maintes années de blogging. Il poste peu aujourd’hui, mais quand c’est pour nous régaler d’articles de cet acabit, bah ça vaut le coup d’attendre. ^^

C’est le matin. Un matin d’été en Bourgogne. Je viens de me lever, d’ouvrir la porte. Un café, je suis sorti. Dehors, le haut des arbres est dans un reste de brume. Le coq chante, il est, avec d’autres oiseaux qui pépient, seul à animer la campagne qui dort encore. L’air est humide et se dépose sur les arbres, les plantes, en gouttelettes transparentes. Pour la première fois, j’ai vu de la vapeur sortir de ma bouche en expirant, et réalisé que sur cette petite terrasse, à constater le réveil de ce petit monde, j’avais froid. J’aime la fin du mois d’août, quand les chaleurs d’été cèdent la place aux aurores fraîches de septembre. J’aurai aimé qu’au chant du coq, s’ajoute un léger souffle, derrière moi. Ça aurait été toi. Tu m’aurais rejoint, tu aurais collé ton torse à mon dos, tu m’aurais entouré de tes bras, mains sur mon cœur, tu aurais posé le bas de ton visage sur le haut de mon épaule, tu aurais joint ton souffle au mien et on serait resté là à vivre le moment en communion. Alors tu aurais frissonné, j’aurais souri, et tu aurais murmuré : “vient, retournons au lit”. Et j’aurais été le plus heureux des hommes.

« Juste un peu d’air » par RAL3020

Hétéro par défaut (titre polysémique)

Un titre délicieusement polysémique mais apparemment polémique si l’on en croit tous les articles à propos du coming-out très public de Lucie Castets il y a une dizaine de jours. C’est dans Paris-Match je crois qu’elle a officiellement révélé (ça fait truc grave) son orientation sexuelle, mais aussi sa situation familiale en réalité. C’est à dire à peu près comme n’importe quel autre homme ou femme politique hétérosexuels auraient fait avant elle, sauf que la mention de l’orientation sexuelle n’étaient pas nécessaire puisqu’elle tombe sous le sens, puisque c’est le standard actuel.

J’ai tout lu et entendu sur le sujet, et si je me permets d’y apporter mon grain de sel, c’est parce que j’ai l’impression que personne ne dit ce qui me semble être un truc parfaitement évident. Comme je l’ai mis dans mon titre, eh oui nous sommes aujourd’hui « hétéro par défaut ». Car on n’imagine jamais les gens comme neutres en orientation sexuelle, à la rigueur aujourd’hui certaines personnes osent penser « tiens il fait bien pédé lui », mais au travail par exemple ça ira par une question innocente sur une compagne ou des enfants, jamais sur une question qui pourrait faire croire qu’on a pris quelqu’un pour un homo. Parce que ce serait une insulte. Et je crois que ça marche dans les deux cas, si on se trompe et qu’on prend un hétéro pour un homo, ça reste sans doute une des opprobres que personne ne souhaite à son prochain, mais si on vient vous voir et qu’on tombe juste, alors on vient juste de dire à la personne « qu’est-ce que tu fais pédé ma chérie ! » (ce que moi je prends très bien ^^ ).

Evidemment j’honnis parfaitement toutes ces situations, mais elles sont notre triste réalité. Et donc tous ces articles et ces gens qui disaient que l’orientation sexuelle est privée, et qu’on n’a pas à le savoir dans un cadre professionnel, et que Lucie Castets aurait pu laisser sa vie privée au placard, eh bien c’est faux. Si on considérait tout un chacun comme pouvant être homo ou hétéro, pourquoi pas. Mais tant que la norme actuelle sera l’hétérosexualité (et ça ne me dérange vraiment pas, c’est la majorité à 90%, et statistiquement on ne se trompe que peu donc en considérant que tout le monde est hétéro), eh bien par défaut tout le monde l’est.

Et donc tous ceux qui taisent leurs orientations sexuelles ne se comportent pas, selon moi, comme des personnes privées et voulant séparer pro et perso, mais comme des personnes qui acceptent, et souvent sans rechigner, qu’on les prenne pour des hétéros, et qui vivent bien ce mensonge. Alors on n’est pas obligé de toujours être dans l’annonce tonitruante de sa sexualité, j’entends bien cela. Et ce n’est pas non plus la première chose que je dis (mais la seconde sans doute ^^ ), mais je considère que c’est très hypocrite de croire que personne ne s’intéresse à l’orientation sexuelle des gens. C’est tout le contraire !

Evidemment c’est plus gênant quand on est homo, car on doit utiliser des termes qui évoquent la sexualité, et clairement sexe et boulot ça ne rime pas. Dès le moment où on fait son coming-out, c’est aussi tout un univers imaginaire qui s’ouvre chez votre interlocuteur : fascination, interrogation, dégoût, transfert de culpabilité bigote ou même attraction. Alors que ça se fait depuis toujours chez les hétéros, et avec la métonymie la plus évidente et innocente : « t’es marié, t’as des enfants ? ». Et ce n’est pas grave comme question, ce n’est pas un crime de la poser (même si pour des hétéros justement non mariés ou sans enfants, c’est parfois une souffrance supplémentaire d’avoir à répondre à ces questions qui ne sont PAS professionnelles), et c’est le b-a BA de la connivence entre hétéros. On commence toujours une conversation sur les époux (ce qu’ils font dans la vie gnagna), les enfants (combien, garçon ou fille, scolarité gnagnagnagna) etc.

D’ailleurs, cela se démontre d’autant plus depuis le mariage pour tous. Mon alliance, premier indice tout de même très explicite, fait qu’on me demande naturellement si je suis marié, et que tout de suite on me parle de mon épouse (même pour une pédale hurlante telle que je suis) car le mariage ça veut forcément dire un homme et une femme. Mais cette sacro-sainte institution du mariage a tout de même tout changé, et quand je précise à chaque fois  » je suis marié à un homme », l’accueil est sans commune mesure avec « avant ». J’ai clairement intégré la communauté de l’Anneau (aka des gens mariés). Et dorénavant, pas de problème pour demander si j’ai des enfants ou si j’en veux etc. (Je crois que préférais presque « avant » à ce niveau. ^^ ).

Bref il n’y a pas de panacée dans le fait de rejoindre ces pratiques que je n’aime pas, ou de continuer à s’en exclure hypocritement. Mais ce que je voulais dire (ouf j’arrive à la fin de mon galimatias), c’est bien que j’approuve tout à fait ce que Lucie Castets a fait. Sinon de toute façon ce serait rumeur, sous-entendu et cela pourrait dire qu’elle a honte de son homosexualité, et elle aurait rejoint tous ces hétéros par défaut. Eh bien, c’est tout le contraire, et ça me fait plaisir.

Je ne jette pas particulièrement l’opprobre sur ceux qui préfère cette étiquette par défaut pour plus de facilité, et parce qu’on n’a pas toujours envie ou la possibilité de le faire comme on le voudrait. En revanche, il faut assumer cette omission et cette fausse neutralité, et arrêter, selon moi, de revendiquer un droit à la vie privée qui est totalement illusoire et tartuffe.

De Merrien à Névez

Ce n’était pas un temps dingue ce week-end (enfin surtout vendredi avec de la flotte du matin au soir sans arrêt, sinon un crachin bien d’ici) même si ça nous a permis de sortir un peu, et de faire quelques balades. D’abord du côté de Merrien (à Moëlan-sur-Mer) où j’aime particulièrement cette anse et ce petit port, avec une côte un peu haute et bien découpée.

Même combat le lendemain avec un temps bizarre, à la fois chaud et couvert, et donc très lourd et humide, mais qui ne se décide pas entre il fait beau ou il flotte. Donc il a fait nuages ! ^^ On était vers Névez, entre la plage de Tahiti et l’anse de Rospico qui propose aussi une côte assez surélevé par rapport à chez nous avec de jolies vues (on n’a pas poussé jusqu’à Port Manech parce que c’est trop chiant pour faire l’aller-retour, mais c’était frustrant).

Et une petite photo bonus d’Arya qui est la championne des positions inconfortables et précaires lorsqu’elle s’insère entre nous. ^^