History was not very long ago

Je suis super fan de Matt Bernstein sur Instagram aka mattxiv. Il arrive à exprimer des choses incroyables en quelques images et textes. Et il fait mouche quasiment à chaque fois sur n sujets LGBT et queer. Je suis très très admiratif de cette personne.

Là il met en exergue toutes ces personnes, militant et militante ou icône queer, qui souvent sont déjà décédées, trop tôt, trop en avance. Et même si on a l’impression que c’est l’histoire, eh bien c’est une histoire très récente, et ces personnes pourraient encore être bien en vie aujourd’hui. C’est souvent de par leur appartenance, de leur lutte ou leur simple être, qu’elles sont mortes prématurément.

Un nouveau joujou de bureau

Il est sympa hein ???

J’ai toujours voulu avoir un Faucon Millelium, alors je suis ravi que ce soit enfin le cas. C’est mon cadeau à moi de moi pour la rentrée des classes !! ^^

Le jouet est super réaliste et vraiment bien fichu, avec carrément les aménagements intérieurs sous le capot (et même la fameuse table d’échecs 3D). Et il y a des boutons pour faire les bruitages célèbres du vaisseau, avec même comme on le voit la lumière bleutée du réacteur arrière !! Et carrément les personnages miniatures dans le cockpit, Han Solo, Chewbacca, Obi-Wan Kenobi et Princesse Leia, c’est vraiment conforme au film. J’adooooore !!

Matoo, 48 ans. ^^

Emilia Pérez (Jacques Audiard)

De la part d’Audiard, on pouvait compter sur un film de bonne facture, car il y a des hauts et des bas, mais c’est vraiment le cinéaste français le plus doué de sa génération. Et j’ai vraiment bien aimé Emilia Pérez, évidemment les résultats de Cannes avait déjà donné quelques indices à ce sujet.

C’est un film français étonnant puisqu’il est hispanophone, et l’histoire se passe principalement au Mexique. En plus de cela, c’est un film de femmes et avec un prétexte queer tout à fait singulier et saisissant, et c’est un film musical, pas vraiment une comédie musicale, mais un truc proche selon moi d’Annette et sa vigueur « opératique ». Les héroïnes, Zoe Saldana, Selena Gomez et évidemment Karla Sofía Gascón, sont parfaites et merveilleusement solaires dans leurs rôles respectifs, et rien que pour elles, le film en vaut largement la peine.

On suit les péripéties d’un narco-trafiquant mexicain (Karla Sofía Gascón) qui enlève une avocate, Rita (Zoe Saldana), et qui lui demande de l’aide pour faire une transition de genre et changer radicalement de vie. Il devient alors Emilia Pérez, se fait passer pour mort, et met sa famille à l’abri en Suisse. Mais quelques années plus tard, Emilia ne tient plus et fait revenir sa famille au Mexique en se faisant passer pour une cousine du trafiquant décédé. Rita et Emilia s’associent pour lancer une association qui recherche les personnes victimes des trafics de drogue, et cette dernière tente ainsi de se racheter.

Je rapprochais donc le film d’Annette car on est sur une sorte de tragédie en quelques actes avec des intermèdes musicaux qui viennent soit relever, alléger ou rendre encore plus graves et « passionnelles » certaines scènes. Les chansons sont particulièrement réussies, et les quelques scènes musicales sont vraiment utiles à la narration, tout en ajoutant une dimension surréaliste et une mise en avant marquée des émotions des personnages. Avec la langue espagnole et ces héroïnes hautes en couleur, on est forcé (en tout cas, moi ^^ ) de faire des comparaisons avec le cinéma d’Almodovar. On retrouve vraiment des similitudes selon moi, même si ça peut paraître un peu léger.

Mais surtout le film est, comme toujours chez Audiard, remarquablement filmé, avec aussi sa dose de violence (ambiance cartels mexicains…) et d’actions qui donnent un rythme très soutenu à ces 2h10 de film. Entre cette histoire plutôt palpitante, les scènes musicales (Zoe Saldana lors de la soirée de bienfaisance est notamment un moment génial) qui sont comme suspendues dans la narration, et le jeu des trois comédiennes, on est pris et enveloppé dans l’intrigue, et le tout est fichtrement haletant.

Après sur le traitement de la transidentité, il faut en dire un mot. En tant que petit cisgenre, et comme beaucoup de me coreligionnaires, j’ai trouvé qu’Audiard, en boomer accompli, n’a pas fait de conneries énormes. Certes ce n’est pas un film pour donner une bonne image à une héroïne transgenre, mais on a une histoire qui met merveilleusement en valeur une superbe actrice trans, et on comprend parfaitement l’espoir qu’elle nourrit en faisant une transition qui est une émancipation, mais surtout une réconciliation avec son être profond et sincère.

En revanche, c’est toujours important de saisir les remarques des concernées, et j’ai mieux compris les critiques de certains et certaines en la matière. Notamment dans les deux fils de touites suivant.

https://twitter.com/illiskaa/status/1826170243342873003

Alors autant je trouve gonflé qu’on parle de « nanard » ou de film raté, autant j’ai compris et suis carrément d’accord avec le fait qu’on est dans un récit de transidentité qui est vraiment daté. Et Audiard a fait quelques grosses erreurs et maladresses en effet dans la manière dont il insiste sur la chirurgie et la transition physique, esthétique et le « devoir » de la personne trans. Clairement il me fallait un peu de jugeotte fournie par des adelphes pour le réaliser, et en effet mon cis-gaze1 rendait l’exercice difficile.

En y repensant, en effet, on est dans une situation et des modèles très proches de la série Transparent (qui date de 2014) ou encore Veneno (que j’ai tant aimé !!) qui nous place encore dans une époque où on parlait de transsexualité, et nous sommes bel et bien à l’ère de la transidentité. Il y aurait donc eu sans doute une manière plus habile et « moderne » de raconter cette histoire.

Je suis donc circonspect sur le film, car je l’ai bien aimé. Mais en effet rétrospectivement, cette vision de la transidentité désuète comment la qualifier ? Si on transposait cela à de l’homosexualité, je n’aurais aucun problème à expliquer qu’un film nous refait la « cage aux folles » en 2024. Et pourtant l’intention peut être bonne, et il ne faut peut-être pas tout jeter aux ordures ? Bref, je ne sais pas. Mais je sais que je ne sais pas. ^^

  1. La simple manière dont je vois « la vie » à travers ma situation de personne cisgenre. ↩︎

Infection transgénérationnelle

Le génial David Madore se pose cette fois encore une question passionnante, et il nous entraîne dans une de ses magnifiques digressions mathématiques dont il a le secret !!

Suis-je (sommes-nous tous) un descendant direct de Charlemagne ?

Pour tenter d’y répondre, ou en tout cas essayer de se poser les bonnes questions pour cerner le problème, il utilise des modèles mathématiques épidémiologiques en se projetant dans une attaque virale qui remonterait les générations…

Parce que le truc de base c’est évidemment de se dire :

Nous avons tous 2 parents, 4 grands-parents, 8 arrière-grands-parents, 16 arrière-arrière-grands-parents, et, si on remonte 40 générations pour retomber à peu près à l’époque de Charlemagne, cela donne 1 099 511 627 776 ancêtres à ce niveau — mille milliards, soit quelque chose comme 4000 fois la population mondiale de l’époque (à la louche, 250 millions).

Mais on sait bien qu’on a tous beaucoup d’ancêtres en commun, et que c’est très contre-intuitif à quel point le phénomène est énoooorme. Donc sa proposition d’investigation est la suivante :

Imaginons que nous regardions l’histoire de l’Humanité à l’envers (je veux dire, en faisant couler le temps en sens inverse). J’imagine conceptuellement que je suis porteur d’une infection (l’infection avoir David Madore dans sa descendance) et que cette infection se transmet (en remontant le temps, donc) à mes deux parents, qui la transmettent eux-mêmes à leurs parents, etc. Nous avons là un modèle épidémiologique dont le nombre de reproduction R₀ (ou, comme j’aimais bien le noter dans mes articles de vulgarisation à ce sujet, κ) vaut 2. (Pour être un peu plus précis sur la comparaison, les individus sont considérés comme « susceptibles » à partir de leur mort — je rappelle que je joue le temps à l’envers, donc on commence par mourir —, ils sont « infectés » à partir de la naissance d’un enfant infecté, et ils le restent jusqu’à leur propre naissance, laquelle transmet l’infection à leurs propres parents.)

A lire à tête reposé… ^^

Beetlejuice Beetlejuice

Bon, évidemment on ne s’attendait pas à un super film, et il était super risqué d’avoir carrément un nanard. Avec Tim Burton aux manettes et sans doute avec une moindre pression artistique (on espère aujourd’hui), ça pouvait aussi être une bonne surprise. Comme beaucoup de gens j’adore le premier opus, et c’est vraiment un de mes films de la préadolescence (j’avais 12 ans).

Bon bah, ce n’est pas un nanard, c’est un film tout à fait regardable et un divertissement de bonne tenue. Mais au regard du premier film, et pour une suite c’est dans l’absolu un film très très moyen. Donc raté pour la suite qui aurait pu à la fois plaire aux anciens et aux nouveaux (je me demande d’ailleurs s’il plaira aux jeunes d’aujourd’hui, peut-être bien que oui) !

Ce qui est réussi c’est que ce n’est pas un film dédié au fan service avec une enfilade d’easter eggs et autres réminiscences ou clins d’œil faussement dissimulés dans des coins de décor. Il y en a bien sûr, c’est le jeu, mais bien assumés et sans être trop appuyé, juste la bonne alchimie. Et ainsi le rappel du premier film fonctionne bien.

Mais ce qui est bancal, c’est que le film en tant que tel n’est pas incroyable. Pas super bien écrit, pas super bien joué, pas super intéressant… beige quoi.

Nous sommes bien en 2024, et on retrouve Lydia (Winona Ryder) et Delia Deetz (Catherine O’Hara), 35 ans plus tard. La première est une sorte d’Elvira qui présente une émission télé sur les fantômes et maisons hantées, tandis que la seconde vit sa meilleure vie d’artiste, toujours aussi perchée. Lydia a une fille (Jenna Ortega) qui ne s’entend pas bien avec sa maman, et qui a beaucoup de problèmes à accepter la mort de son père (tombé d’un bateau sur l’Amazone).

La mort accidentelle de Charles Deetz ramène tout ce petit monde à Winter River (où on retrouve la maison des Maitlands, et la fameuse maquette du grenier). Il y a alors plusieurs intrigues qui se croisent : l’ex de Beetlejuice (Monica Bellucci) qui cherche à se venger de son mari, la fille de Lydia qui se fait berner par un mort pour se rendre dans l’au-delà, Lydia qui doit épouser son agent (Justin Theroux), et Delia qui se retrouve morte pour avoir acheté deux serpents faussement inoffensifs.

Eh bien c’est fou, mais tout ça n’a que très peu d’intérêt en terme d’histoire, et tous les arcs qui sont développés se terminent plutôt en eau de boudin, notamment et avec un grand étonnement celui de Monica Bellucci (vraiment aucun intérêt, le truc aurait carrément pu être supprimé au montage), et aussi celui qui avait de l’intérêt avec le gamin tueur qui flirte avec Jenna Ortega.

Ce qui fonctionne surtout dans le film, c’est son rythme qui est très chouette, et les gimmicks de Beetlejuice très conformes au premier film, tout aussi dingues, gores et tordus. Mais malgré tout, on voit bien les 35 ans de plus chez Michael Keaton, et j’ai été dérangé par son maquillage très visible, beaucoup plus que pour le premier film. La DA des morts et des décors est vraiment burtonienne à souhait, et ça ça fonctionne super bien. Les effets se veulent un peu vintage et old school, et malgré tout ils ont complètement raté les effets des « vers des sables » avec des procédés juste affreux.

Le truc se regarde, mais on voit bien que c’est de guingois, ça part dans tous les sens, que la direction d’acteur est souffreteuse, et que ça manque juste d’un choix clair, simple et lisible pour le spectateur. Et je n’ai pas pu m’empêcher de penser que les personnages secondaires ou les décors ont été aussi conçus et proposés pour des produits dérivés ou des parcs. Le bébé Beetlejuice notamment est clairement dans les rayons à Noël !! Et je ne boude pas mon plaisir non plus, car j’ai tout de même rigolé à certains moments, mais il y avait des blagues à chaque plan, et clairement une sur dix fonctionne partiellement.

Cela donne aussi un cabotinage extrême pour Catherine O’Hara qui a l’air de faire son maximum, mais ça ne donne rien, alors qu’elle avait prouvé son potentiel comique à maintes reprises dans Schitt’s Creek.

Bref, même si je noircis beaucoup le tableau, je maintiens que ça se regarde tout de même, et que ça aurait vraiment pu être pire, mais ce n’est juste pas très bon. Et je ne vois pas ce qui reste de Burton là-dedans. Cela m’a donné l’impression que cette suite avait été confiée à un tiers avec un cahier des charges des trucs burtoniens à convoquer. Il reste tout de même quelques scènes sympas, et cette mise en scène énergique qui permet de tenir jusqu’au bout.