Iwak #23 – Rouille (Rust)

J’ai déjà évoqué une certaine appétence à la rouille depuis la petite enfance et les lits en métal pour la sieste en maternelle. Mais en plus de jouer avec des poules ou des boulets de charbon chez mon grand-père, j’ai évoqué une vision plus rose chez ma grand-mère, mais c’était en oubliant l’arrière de sa maison où on adorait jouer près des cuves à mazout rouillées. Vous me reconnaissez peut-être sur cette photo, où je suis avec mon frangin et mes deux cousines, près des fameuses cuves dont l’odeur nous prenait un peu la tête, mais qu’on aimait bien.

Mein gott, entre les merdes de poule, la peinture au plomb qui s’écaillait, le mazout qui fuyait de cuves rouillées, on est absolument tout sourire, et j’adore que quelqu’un (sans doute ma môman) a jugé bon de nous immortaliser ainsi, dans ce décor idyllique. Mouahahahah. Mais bon c’était aussi ça l’insouciance de cette époque, et pour moi ce sont des souvenirs géniaux. Je n’avais aucune conscience de ce mode de vie très prolo et d’une simplicité déconcertante. Mais c’est vrai qu’on laissait facilement les gamins à s’amuser un peu comme bon leur semblait tant qu’ils fichaient le camp dehors.

Je me souviens aussi que je ne comprenais pas pourquoi tout le monde n’utilisait pas Frameto !!! Il y avait la pub mille fois par jour, et j’étais fasciné par celle avec le plongeur qui date de 1986 (comme quoi mes souvenirs sont potables, j’avais 10 ans). Je trouvais génial ce truc qui permettait de transformer la rouille en métal, et après tu veux vivre dans l’eau sans rouiller. Fabuleux ! Donc j’arrêtais pas de promouvoir ça auprès de ma grand-mère et mes parents, mais tout le monde souriait poliment, et m’ignorait. Apparemment la publicité n’avait pas le même effet sur eux. Mais je trouvais ça fou car cette panacée aurait pu prolonger l’existence de cette pauvre cuve à mazout souffreteuse et phtisique.

Après, je n’avais pas pour autant tenté de convertir mes parents à Ovomaltine (j’ai dix s’condes pour vous dire) ou Juvamine (Juvabien ?), donc peut-être que le moustachu made in 1986 a aussi eu un impact sur mon assuétude à Frameto. ^^

J’aimais aussi beaucoup la pub Ricoré (on était des consommateurs) et la chanson que tout le monde connaissait sur l’Ami Ricoré (chantée par Corinne Hermès en 1982, vous le saviez ?). Donc je ne résiste pas à vous partager le nouvel Ami Ricoré… du Nord. ^^

Sans queue ni tête

Donc voilà un article fort inutile et divers, fait de miscellanées visuelles de ces derniers jours ! Donc ce week-end nous étions à Clohars, et samedi matin il faisait beau, avec une belle lumière d’automne sur le jardin que voilà en tête d’article.

Et lundi, de retour à Nantes, il a flotté toute la journée, mais juste au coucher du soleil l’horizon était dégagé tandis que la pluie continuait de tomber. C’était une ambiance de fin du monde très éloquente et dramatique !

Et ce soir, rien à voir mais Arya fait encore son numéro de je m’affale dans mon canapé les quatre fers en l’air ! Elle reste comme ça hyper longtemps, et a sincèrement l’air « bien », même quand elle contemple le plafond avec une drôle de mine. Mais à quoi pense t-elle ? ^^

Iwak #22 – Camp

J’ai souri en voyant hier chez Estèf son anticipation grave du mot du jour1, alors que moi tout de suite je pense : GAY KITSCH CAMP2 ! Et le « camp », j’en ai entendu parler la première fois quand j’étais à Newcastle pour mes études en 1996. Je me souviens bien avoir vu cette expression (j’avais vu ça sur un flyer ou un petit livret au Tyneside Cinéma) et avoir eu du mal à la comprendre, et obtenir une explication de Brian à ce sujet3.

Le vocable fait aussi parti de notre langue, et il en a peut-être l’origine :

Le camp, terme anglais probablement tiré du français « se camper » (« prendre la pose »), est utilisé par les historiens de l’art et les critiques culturels pour décrire à la fois un style, une forme d’expression. L’esthétique camp joue sur l’exagération, le grotesque, la provocation et l’ironie et émerge comme une forme de sensibilité importante dans la culture des années 1960. Le style camp est aussi décrit comme un regard propre à la sous-culture gay masculine, et queer en général.

Page wikipédia pour Camp (style)

Et il se trouve qu’hier un de mes vidéastes préférés des Internets : *Very* Nasty Stories, aka Max, a sorti une superbe vidéo à propos du Camp et du Polari. C’est un créateur génial selon moi qui publie des vidéos très intéressantes, fouillées et documentées sur les films d’exploitation (de la série B, de l’horreur, du cul, des petits budgets mais aussi des trucs arty tout à fait cultes et au ton ou à la liberté totale) et leurs lectures queer plus ou moins crypto. Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet, et vraiment il excelle à vulgariser et donner des tas de codes sur ces sous-cultures.

Je vous laisse le découvrir dans la vidéo suivante sur ce passionnant sujet donc !

Et en plus, il est super mignon pour ne rien gâcher. La vidéo d’origine est bien sûr visible sur son post chez IG.

Le Polari c’est donc une sorte de Lingua Franca ou de Pidgin : Le polari (de l’italien : parlare, aussi orthographié palarie, palare ou parlary) est un argot ou un sociolecte parlé en Angleterre par des populations diverses généralement en marge de la société : hommes et femmes de spectacle, marins, homosexuels, etc. Et donc cela permettait d’échanger à mots codés et de se repérer. On retrouve finalement des stratégies différentes mais similaires aujourd’hui lorsqu’on détecte des signes plus ou moins subtils chez nos coreligionnaires (un pantalon aussi moule-burnes c’est pas un hétéro ça ma fille !!).

Ce qui est étonnant et qu’on pourrait aussi nous appliquer aujourd’hui, c’est que le Polari a été révélé au grand public lors d’une émission de la BBC dans les années 60 avec le grand succès de Round the Horne qui présentait un duo cryptopédale : Julian et Sandy (interprétés par Kenneth Williams et Hugh Paddick qui jouaient les folles hurlantes « camp »). Et dès lors que les expressions sont devenues « mainstream » (et que l’homosexualité a été dépénalisée), la langue est largement tombée en désuétude. Si vous voulez jeter un coup d’œil, voilà un dictionnaire. ^^

Cela me rappelle un peu la vague « Drag Queen » qui a commencé avec RuPaul Drag Race en 2009, je touitais tout seul à ce propos à l’époque, et je me moquais du recyclage du « Sachez Chanter » du tube de RuPaul de 1993 Supermodel (You Better Work)4.

A cette époque, et jusqu’en 2014 (la saison 6 a vraiment changé la donne), on était vraiment quelques furieuses à connaître et suivre les saisons. Et quand on croisait des congénères converties, on pouvait en parler et on était clairement incompréhensible pour les non-initiés. Après, la saison 6 et Bianca del Rio, à peu près tous les gays ont commencé à regarder en masse, et c’est presque devenu un langage queer commun, en plus de la réémergence des créatures dans les bars gays (car le tout premier mouvement date bien du milieu des années 90, on avait eu le groupe « Sister Queen » en 1995 avec le tube « Let me be a Drag Queen »).

Mais depuis 2022, on a une arrivée en France de manière très populaire, car à la télévision, et ça change tout. Les drags et tout le vocabulaire qui va avec ne sont plus l’apanage de quelques-uns (ce qui n’enlève rien bien sûr au bienfondé du mouvement ou de la tendance). Cela retire juste le côté crypto et signe de ralliement, même s’il est tout de même aujourd’hui le signe d’une personne alliée, et ce n’est pas rien.

Bon j’ai bien divergé, mais retenez que le compte de Max est à suivre avec des tas d’anecdotes très peu connues (de moi) et vraiment passionnantes !!

  1. « Camp à venir. Quel mot terrible. » chez Estèf. ↩︎
  2. C’est une maison d’édition créée par Patrick Cardon en 1987. ↩︎
  3. Il m’avait déjà expliqué l’expression « friend of Dorothy » pour dire pédé, en référence à Judy Garland. ↩︎
  4. Enfin pour moi, ça a toujours été ça depuis les années 90, donc un truc en français. Mais je suis en train de voir dans les paroles officielles que c’est bien « sashay shantay » donc je suis circonspect maintenant. ^^ ↩︎

Iwak #21 – Rhinocéros

Il est assez récent mais je suis très très fan de mon rhinocéros, œuvre de Chris Evans, qu’on voit en figure de proue, sur laquelle j’avais flashé. Formellement je la trouvais superbe déjà, et vraiment son style et son procédé de création me plaisent beaucoup, mais l’histoire derrière l’animal et sa représentation avait fini de me conquérir.

A l’origine, en 1974, c’est ce rhinocéros là qui est conçu par deux artistes de Boston, Daniel Thaxton et Bernie Toale, en représentation du mouvement LGBT (et sans doute plus gay qu’autre chose à cette époque).

Un rhinocéros lavande, mais pourquoi vous demandez-vous ?

« it is a much maligned and misunderstood animal » and that it was lavender because that is a mix of pink and blue, making it a symbolic merger of the feminine and masculine.
[« C’est un animal très décrié et incompris » et qu’il s’agissait de lavande car c’est un mélange de rose et de bleu, ce qui en fait une fusion symbolique du féminin et du masculin.]

Page wikipédia LGBTQ symbols

Voilà le genre de supports promotionnels qui ont alors été créés pour être diffusés notamment dans le métro de Boston pour promouvoir la Pride de 1974 de juin.

Mais voilà qu’au mois de mai, la régie publicitaire du métro annonce à l’association (Gay Media Action) que dans l’impossibilité de déterminer l’éligibilité de la publicité pour un tarif « institutionnel », on allait finalement passer de $2 à 7$ par impression. C’était impossible d’augmenter comme cela le budget, donc la pub n’a jamais été diffusée, mais la polémique a produit quelques articles de presse.

Et comme un bon effet Barbara Streisand, ce fut un déluge de rhinocéros lavande à la Pride de Boston de 1974 (t-shirts, pins, pancartes), dont une représentation grandeur nature en papier mâché sur un magnifique char ! Et depuis c’est un symbole (américain donc) important des mouvements LGBT.

La réponse était dans le flux

Je lisais ce matin un article de Sacrip’Anne dans mon lecteur de flux. Et j’ai ouvert la page pour y répondre, et puis comme ça arrive parfois, j’ai tourné mon commentaire 7 fois dans ma bouche, et j’ai renoncé. Trop de banalités ou de trucs qui pourraient apparaître comme des gentillesses polies un peu trop gnangnantes.

Mais ça m’a saoulé car j’aurais voulu dire tout de même quelque chose, parfois on voudrait juste que l’auteur sache « Yes gurl, I feel you« . Et puis comme par magie, trois clics plus loin, hop un article qui est la réponse qu’il me fallait.

Donc voilà. CQFD.

Merci les potoblogueurices de faire mon taf. ^^

Iwak #20 – Inexploré (Uncharted)

Les mines du Roi Salomon, c’est le film hollywoodien par excellence. Il date de 1950 et figure Deborah Kerr et Stewart Granger dans l’adaptation du roman éponyme de 1885. Il y avait déjà eu des versions muettes, et on aura une version nanard des années 80 parfaitement dispensable, mais celui de 1950 est un de mes films cultes d’enfance.

On est complètement dans la veine des histoires d’exploration de terres reculées et parfaitement incognita, où les trésors les plus dingues ont eu la réputation de s’y trouver. Là c’est la version africaine, avec le fameux roi Salomon qui y aurait accumulé de fabuleuses richesses. J’avais adoré ça gamin, et ça reste un film que je trouve hyper efficace dans sa réalisation, son action et, assez rare pour l’époque, qui a bénéficié d’un tournage sur place (dans différents pays d’Afrique qui étaient encore des colonies) très impressionnant. Que ce soit les paysages, les animaux ou les tribus, il y a tout un tas de passages très beaux.

En revanche, nous sommes en 1950, et c’est l’archétype du film colonialiste, raciste et malgré tout typique de tous les films d’action d’aujourd’hui. Car que ce soit un film de cette époque ou de SF récent, on peut y voir des schémas très similaires. Et donc les héros blancs civilisés viennent apporter l’émancipation aux pauvres populations locales, à la fois veules et sans opiniâtreté, sagacité ni combativité. Bien sûr, on montre aujourd’hui des choses un peu plus nuancées, mais en réalité le fond reste assez proche de ça. Exemple avec Les mystérieuses cités d’Or dont j’ai récemment parlé, malgré le rôle essentiel des seconds couteaux c’est Esteban qui est le fils du soleil et qui va sauver tout le monde par son courage et son inventivité.

En dépit de tout cela, le film donne la part belle au principal rôle féminin du fait que Deborah Kerr est clairement la méga star hollywoodienne (même si Stewart Granger et ses tempes grisonnantes est un séducteur réputé). Et donc même si le film est bien misogyne comme il faut, elle tient malgré tout la dragée haute et apparaît dans toutes les scènes. Il y a aussi un parti pris moral avec un Alan Quatermain qui est contre la tuerie gratuite des animaux de la Savane, ou bien qui est clairement proche et avec une certaine considération des autochtones. Evidemment on a toujours un paternalisme terrible, mais c’est à noter.

Le film commence donc avec Deborah Kerr qui débarque avec son frère pour requérir les services d’Allan Quatermain, le plus célèbre pisteur et chasseur d’Afrique (un truc comme ça). Son mari, Henry Curtis, a disparu lors de ses explorations pour trouver les fameuses mines, et elle veut partir à sa poursuite. Allan débarque dans le village, et on a l’occasion de voir quelques images d’un village.

La première rencontre avec Deborah Kerr est géniale, elle est hyper guindée et bourgeoise, quand il entend qu’elle veut partir à l’aventure, il refuse d’emmener une femme. Mais elle réussit à le persuader.

Ils démarrent l’aventure, mais elle a gardé son corset et ses apparats de grande dame ce que l’aventurier trouve ridicule et énervant. Le bras droit de Quatermain est un africain, Khiva, dont on peut percevoir une certaine amitié et considération entre les deux hommes mais si c’est bien le « patron ». Il a tout de même plusieurs lignes de dialogue.

En revanche, j’adore car comme dans tous les films d’aventures, de Tarzan (celui de 1932 avec Johnny Weissmuller) jusqu’aux films des années 80/90, les noirs sont à la fois lâches (ils se barrent tous par peur des autres tribus) et souvent ignorants du terrain (les blancs guident), et alors là carrément : c’est Allan Quatermain qui parle toutes les langues africaines et qui fait toute la parlotte avec les chefs tribaux pendant tout le film. Hu hu hu. C’est tellement ridicule aujourd’hui. Mais à peu près du même ordre que Sun dans LOST (2004) qui est une milliardaire coréenne mais qui passe son temps à jardiner des plantes médicinales en amont de la plage. Je sais que ce n’est pas exactement du même ordre, mais il me semble qu’on peut facilement filer la métaphore.

Après on le passage connu du film où Deborah Kerr s’émancipe de sa condition de femme bourgeoise en arrachant son corset, et en décidant de se couper elle-même les cheveux !! Mais le lendemain, après un grand bain, c’est un magnifique brushing made in LA. Et j’adore la scène où Stewart Granger lui fait « mais qu’avez-vous fait à vos cheveux » dans un brouhaha monstre. Et elle lui fait le geste d’explication qui m’a toujours fait l’effet d’un « Mais qu’est-ce que tu crois gros con, qu’ils sont tombés tout seul pendant la nuit ? ». Et par accident (évidemment), elle lui tombe dans les bras. Tout le film est ponctué de ces scènes accidentelles où ils se retrouvent sensuellement intriqués. ^^

Après quelques mésaventures, ils rencontrent Umbopa, un personnage mystérieux et à l’allure très impressionnante !!

Après c’est de plus en plus compliqué, ils ont plein d’emmerdes, et tout le monde se barre, ou se fait tuer par tribus peu clémentes. Et à mesure qu’ils progressent vers les territoires inconnus, ils prennent des risques. Ils ne sont plus qu’avec Umbopa en réalité, qui, très pratique, s’est muté en un impressionnant boy porteur de sacs.

Ils arrivent à destination pour découvrir des partisans d’Umbopa, et ce dernier est en réalité un prétendant au trône local qui a été spolié par son oncle (Scar1).

Bon après c’est encore la cata, mais il se retrouve avec un gars qui parle d’Henry Curtis. Là c’est ma super scène culte, et je la fais super bien en montrant le visage de mon chéri et en lui disant « Curtis, Curtis… ». Cherchez pas, c’est très « private joke ». ^^

Mais le gars en profite pour les amener dans les mines du Roi Salomon, et pour les enfermer avec le trésor jusqu’à leurs morts. Ils y découvrent le cadavre d’Henry, ce qui confirme à Deborah Kerr qu’elle est libérée de tout engagement, et peut enfin filer le parfait amour avec Allan.

Après, comme d’habitude, ils trouvent un chemin consistant à péter un mur de grotte vers une rivière souterraine qui débouche sur l’extérieur. Et là ils débarquent au village en plein guerre civile et combat singulier entre Umbopa et son tonton.

Evidemment ça se finit bien pour eux, Umbopa devient le roi, et les deux stars continuent leurs jeux de tension sexuelle à couper au couteau. Mais surtout depuis qu’il est roi, le gars est vachement plus intéressant et une relation à chouchouter. Donc voilà qu’on lui parle bien, qu’on se sert la pince, qu’on se fait des coucous, et qu’on repart avec des diams et des boys pour porter nos affaires !!! A bientôôôôôt Umbopa, on revient avec des militaires bientôt pour coloniser ton pays de sauvages !! Merciiiiiii !

Bon, je fais mon rigolo. Mais c’est un bon film de cette époque, et vraiment vraiment mieux que les deux avec Richard Chamberlain et Sharon Stone de 1985 et 1986. Il faut bien sûr le regarder avec la bonne distance, et le contexte d’époque aussi moisi soit-il.

  1. Non, je déconne. ^^ ↩︎

Iwak #19 – Crête (Ridge)

C’est encore une vue du cirque de Mafate depuis le Maïdo à la Réunion, car c’est ce qui m’est tout de suite venu en pensant au mot « crête ». Cela m’a fasciné de faire quelques randonnées en passant presque sur ces étroits chemins qui sont juste sur le fil de la montagne, avec des pentes des deux côtés. Mais la métaphore m’intéressait plus sur le coup. ^^

Et je pense aussi à ces blogueurs qui, nativement, viscéralement, sont arrivés sur le fil, et ont parcouru un chemin de crête qui ne pouvait être qu’éphémère. Briller très fort mais peu de temps, car l’un ne va pas sans l’autre. C’est aussi d’ailleurs en cela que je reconnais ma propre médiocrité1, condition sine qua non à une certaine longévité.

Je pense à des Mennuie, Paumé, Bradshaw ou plus récemment Gauthier et Quentin, qui se racontaient entiers et écorchés, et qui par définition ne pouvaient pas continuer à se promener sur la crête les yeux bandés indéfiniment. Cela a permis pendant quelques temps de nourrir le flot fertile et renouvelé de ces histoires et anecdotes qui passionnent les foules (parce que c’est passionné, c’est du cul et c’est une bonne dose de dopamine et sérotonine dans des Internets sous Prozac).

Mais j’ai mes propres petits plaisirs non coupables, ceux qui n’ont pas forcément fait l’unanimité ou qui ne sont légion que dans mes favoris et flux de syndication, et lorsqu’ils s’éteignent je suis seul à pleurer leur disparition dans mon coin. Surtout que souvent, ça se résume à un arrêt des publications, et que je réalise leur disparition au hasard de mes errements sur la toile, ou en revisitant des anciens articles.

Mawy ou son bédéblog Koudavbine2 en font clairement partie. J’ai adoré la lire toutes ces années, mais ça fait deux ans qu’elle ne publie plus, et les dernières fois c’était en partie pour fournir les explications. Ça sent le sapin !!! Mais j’adore son blog car c’est l’antithèse du truc web d’aujourd’hui. Elle dessine à la main et elle publie les scans, c’est une goudou reloue et assumée qui tire à boulets rouges, et ça se barre dans tous les sens avec de la caricature, des anecdotes, de vrais brûlots queer et furieux plutôt bien sentis, et vachement d’humour et de dérision dans tout cela.

Je ne me suis jamais remis de ses Pokémons. ^^

Des chats bien sûr, tels qu’on les connaît bien ces suppôts de Satan !!

Mais en pleine pandémie, des adaptations nécessaires, jusqu’aux principes ACAB bien inspiré à partir d’un black bloc. ^^

Le poké Lunacup avec l’attaque « bois mes règles » si c’est pas de l’humour de Xena la guerrière ça !! ^^

(Ses chats s’appellent Greta et Perli.)

L’Ado qui évolue en Booer avec l’attaque « Ouin ouin », c’est collector. Et Nucléair en Croissansverte juste avec une fleur !!!! Mein gott. ^^

Rien à voir, mais tout à voir, je viens de réaliser que Tto s’est barré aussi !!! Il n’a rien dit et ça fait, si j’en crois l’archive de ses flux RSS, plus de 6 mois qu’il a tiré sa révérence. Nan mais tout fout l’camp j’vous jure !! Me voilà encore en deuil. 🙁

  1. Qui veut juste littéralement dire « moyen », je ne me flagelle pas. Hu hu. ↩︎
  2. Koudavbine = could have been hein. ^^ ↩︎

Iwak #18 – Conduire (Drive)

Apprendre à conduire na jamais été dans mes priorités, et mes parents l’ont vite compris en m’obligeant à suivre la Conduite Accompagnée. Là je n’ai pas eu le choix, et pourtant j’avais clairement exprimé que je n’en avais pas envie. Mais ma mère a été radicale en mode non-négociable : t’habites en grande banlieue, tu passes ton permis !

Tout a été pénible et flippant pour moi dans ce processus. Le code, raté la première fois, et les heures de conduite : supplice d’Ixion1 par excellence. J’y allais la boule au ventre, je subissais ces soixante minutes infernales sous l’autorité du vieux proprio de l’auto-école qui était très sévère et parfaitement désagréable, mais c’était trop cool d’apprendre à conduire me disait tout le monde, et mes parents me payaient tout ça, c’était une chance. Youpi les Babous.

Ce moniteur décati, ma redoutable némésis à double-pédalier, me faisait mille reproches, ne comprenant pas mon ignorance des bases de la mécanique, ou que mon père ne m’ait pas déjà fait conduire avec lui, ou encore que je ne sache pas utiliser les pédales2 ou passer les vitesses alors que ce sont des réflexes instinctifs chez les hommes. Et il pilait en plein milieu d’une rue alors que je conduisais pour me gueuler dessus, ce qui me faisait peur, me disait que j’étais nul, qu’il me faudrait au moins trois ou quatre tentatives pour avoir mon permis.

Mais môman avait bien senti que j’étais pas dans mon assiette, et j’ai fini par cracher ma valda. J’avais été très surpris, car pour l’école, par exemple, même avec les pires psychopathes, il fallait s’adapter et manger son caca. Mais là ce n’était pas l’Education Nationale, là c’était mes parents qui payaient et une sacrée somme pour eux. Donc elle s’est déplacée pour expliquer que si l’on ne me trouvait pas un moniteur plus adéquat, elle refusait de payer la suite et elle me bougeait d’endroit. Je n’ai plus jamais revu le proprio que de loin. Ouf !

Et j’ai eu Marielle en monitrice, et c’était génial. Elle était douce, gentille et pédagogue. Je pense qu’elle était trop fille à pédé, et qu’elle m’a directement grillé en réalité. Tant mieux pour moi !! On a fait un virage à 180°, je suis allé à mes leçons le cœur léger, et on a beaucoup ri et échangé. Et j’ai réussi la conduite.

L’inspecteur a dit « Il faut vraiment que je sois un supporter de la conduite accompagnée pour vous la donner. C’est vraiment parce que vous allez conduire deux ans avec vos parents !! ». Bon ok, mais c’était une victoire !! Et ça s’est plutôt bien passé avec mes parents qui étaient vraiment très très chouettes avec moi, autant mon père que ma mère d’ailleurs. J’ai conduit 3000 km, et ça m’a bien aidé pour le vrai passage.

J’avais plutôt bien réussi mes études jusque là, et cet apprentissage de la conduite m’avait vraiment fait miroiter un échec cuisant. Mais finalement, c’était une leçon supplémentaire. Même sans grand talent (c’est vraiment pas mon point fort, hu hu) et motivation, mais avec de la gentillesse et de la pédagogie, je sais que je peux faire beaucoup de choses, même d’un niveau médiocre.

J’avais besoin surtout de prendre confiance. Mais dans l’absolu, c’est juste que la conduite pour moi c’est forcément tranquille et cool. Jusqu’à 110, ça va très bien, mais au-dessus, donc sur l’autoroute, j’ai vraiment peur des voitures et des embardées possibles. Cela ne se passe pas du tout quand je suis passager, mais en conducteur vraiment je n’aime pas ça. Vous imaginez mon trauma pour l’accident de l’été dernier

30 ans plus tard, je suis au moins capable de conduire un véhicule à peu près partout (Paris ne m’a jamais posé de problème par exemple, y compris la fameuse place de l’Etoile), même si j’ai mes limites et ne serai jamais Fangio. D’ailleurs quand j’accélère un peu sur la route, le chérichou me lance tout de suite « Ooooh qu’est-ce qu’il t’arrive Gran Turismo ?! ». Voilà c’est mon surnom de conducteur, parfaitement idoine. ^^

PS: Vous noterez que je vous livre la photo de mon permis, comme quoi vraiment je vous donne tout sans aucune retenue. Hu hu hu.

  1. C’est ça son histoire. ^^ ↩︎
  2. Pourtant… ^^ ↩︎

Le Robot Sauvage

J’avais lu que c’était « mieux que WALL-E », mais non il ne faut pas exagérer. Mon petit WALL-E n’est pas encore détrôné ! On est plutôt dans un mélange de ce dernier, de Baymax, du Géant de Fer et des robots de Laputa pour le design. Donc plutôt de bonnes références, et au final un film d’animation de bonne qualité. Mais ça reste très très enfantin, malgré de curieuses, et bienvenues, incursions d’un humour un peu morbide et décalé.

Un robot de service aux humains est échoué à cause d’un typhon sur une île sauvage. Le·a robot·e (quel est son genre ? ^^ ) se lie avec les animaux, et devient accidentellement la maman d’un oison qui vient d’éclore. Son rôle est alors d’élever l’oie pour qu’elle réussisse à se nourrir, nager et voler pour rejoindre la prochaine migration. Evidemment la conquête des animaux de l’île n’est pas évidente et se frotte à d’abord de l’incompréhension et une certaine animosité. ^^ Et l’oison doit subir l’opprobre de ses semblables alors qu’il se comporte en imitant sa maman robote. Hu hu hu.

Bref, le truc est relativement cousu de fil blanc, et un chouïa trop dégoulinant pour moi, mais c’est le film familial parfait. Et il a pour lui d’être d’une beauté époustouflante (sauf pour la partie citadine qui manque un peu de relief et de détails) avec un style très particulier et flamboyant pour les espaces naturels. C’est plein de jolis et bons sentiments, mais l’action est plutôt soutenue, et il y a comme je disais ces quelques accents humoristiques qui rendent l’œuvre assez attachante.

Je m’attendais à un truc un peu plus adulte, mais ça se regarde très bien !

Iwak #17 – Journal

Je suis très très fan de cette planche (de feu Franquin et ses Idées Noires) pastichée par le grand dessinateur (et grand BDblogueur) Boulet.

Tiens mais cela fait longtemps qu’on a pas parlé de blog sur ce blog non ??? C’est marrant car depuis le début de ce phénomène de la toute fin des années 90 au début des années 2000, il est l’objet de son propre medium. Et vngt ans après, je continue à pas mal m’exprimer sur cela. Ce qui me plaît, ce qui fait que je continue, et sur cette mort annoncée qui telle une Diva revient pour une nouvelle tournée d’adieu tous les ans.

Force est de constater que la majorité des potes qui bloguaient et se sont convertis aux réseaux sociaux ne le regrettent pas, et trouvent même toute satisfaction à pouvoir s’exprimer et se relier avec ses proches, ou se renifler les fesses avec d’autres coreligionnaires qui passent par là. Mais quelques uns persistent. Je vois surtout les quelques communautés très endogames des plateformes bien installées qui perdurent malgré l’adversité : les blogspot/Blogger et les WordPress.com surtout. Après les dotcleariens s’accrochent aussi bien aux branches, et il y a toujours quelques irréductibles, et même des nouveaux, mais force est de constater qu’on est tous et toutes en danger critique d’extinction. Tiens je vais rajouter ça dans mon blog dans le pied de page. ^^

Récemment, j’ai fait mon coming-out de blogueur (une fois de plus), et on m’a dit avec un sourire en coin : « Ah oui genre comme un Skyblog ou un MySpace ? ». Et ça m’a bien plu de répondre « Oui oui assez proche de cela, un journal intime en ligne en somme. » La personne n’a pas su quoi répondre ensuite vu que c’était plutôt un pied de nez qui était censé me faire rire, pour lui expliquer ensuite vraiment ce que j’entendais par « blog ». Sérieusement. Hu hu hu. ^^

Un journal (intime ou pas) comme on pouvait le lire avant sur les Internets, ou bien un carnet, sans doute une plus jolie et idoine traduction du weblog. Mais passée la commisération sur le c’était mieux avant, c’est tout de même également vachement bien aujourd’hui. C’est fou, jamais je n’aurais cru avoir encore assez de feu sacré pour continuer comme cela à me répandre sur la toile, et surtout pas pendant vingt balais (purée !).

Mais donc continuons à écrire ces billevesées pulvérulentes et translucides qui s’éparpillent au gré des liens et des publications sur les réseaux et les arcanes du ouaibe.