Convergence des luttes et convergence des haines

Il y a quelques temps mes pérégrinations virtuelles mastodonesques1 m’ont amené vers le profil d’Elia J. Ayoub, puis son podcast « The Fire These Times« , et par sérendipité juste sur un épisode intitulé « This Arab is Queer ». Eh bien, vous me croirez si vous voulez, mais ça a aiguillonné ma curiosité. Hu hu hu.

J’ai ainsi pu écouter des coreligionnaires arabes et queer qui discutent notamment de l’ouvrage présenté par Elias Jahshan : This Arab is Queer.

C’est un regroupement de plusieurs textes qui avait aussi été présenté à l’IMA l’année dernière, et qui permet de découvrir des auteurs et autrices LGBT qui s’expriment véritablement sur leurs ressentis et leurs expériences « de première main ». Le podcast permet d’avoir un petit aperçu de cela, mais aussi d’avoir un discours très nuancé et plutôt sain, à mon avis. C’est à dire qu’on n’est pas du tout dans le fait de prôner l’occident comme seul havre pour les LGBT, ni à dire que c’est le rêve d’être pédé au Moyen-Orient, mais qu’il y a des nuances dans tout cela. L’homophobie est terrible à vivre dans les pays arabes, mais on y trouve aussi des évolutions et de l’optimisme, et il faut s’y battre pour que ça continue, et même en assumant des paradoxes moraux et religieux. Le racisme existe dans les pays occidentaux, mais c’est encore là qu’on y trouve un vrai espace de liberté, et qu’on améliore aussi la société dans bien des domaines. Oh que ça m’a fait du bien d’entendre cela.

Bref, j’ai trouvé ça assez salutaire par rapport à toutes les mises en boîte instantanées que je lis tous les jours. Les discours totalement symétriques et diamétralement opposés consistant à être : pour l’arrêt du massacre des gazaouis et donc propalestinien et donc antisémite, ou pour la défense d’Israël suite au 7 octobre et donc islamophobe et d’extrême droite.

Et de la même manière, j’ai vu fleurir des tas de mèmes et de blagues de droitards sur le fait que des associations queer revendiquent un soutien à la Palestine en mode « chickens for KFC » comme ci-dessous ou pire. Le pire étant sans doute quand Marianne reprend cela pour le traduire « Les dindes votent pour Noël » avec en plus une jolie métaphore homophobe bien sentie. ^^

Mais pourtant, on peut soutenir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, avant même de parler de droits LGBT, parce que là c’est juste ça quoi. Et pour autant, ça ne réfute absolument pas l’homophobie comme valeur cardinale de ces gens, mais juste on voudrait qu’on arrête de les massacrer sous un faux prétexte, juste parce qu’on aimerait bien s’en débarrasser une bonne fois pour toute pour annexer leur territoire. Et en face, l’acceptation de façade des LGBT ne tient pas une seconde, quand on voit la réalité des valeurs d’un gouvernement israélien d’extrême droite. Si en revanche Israël est bel et bien un pays assez tolérant des LGBT, c’est bien un ensemble de valeurs portées et défendues par des gens de gauche, les mêmes qui sont aussi contre la politique d’extermination et de colonisation de leur gouvernement.

Orphéus en a parlé récemment, et c’est ce qui m’a décidé à reprendre cet article. ^^ Je repensais à un article que j’avais écrit en 2006 en revenant de vacances en Israël (que j’ai adoré !), qui m’avait valu une sacrée volée de bois vert. Et le pire c’est que je ne démens pas ma maladresse ou même mes torts. Oh mais que j’en ai des torts et des défauts ! Mais on est presque vingt ans plus tard, et en réalité c’est juste exactement la même chose…

Et pourtant ça me titille, car oui l’antisionisme2 est aussi le repaire des antisémites, tout comme l’anti-mariage gay est celui des homophobes alors que la manif pour tous nous a seriné être très très acceptante et gay-friendly. Je sais donc que les discours un peu trop sophistes peuvent vraiment faire prendre des vessies pour des lanternes.

Et moi-même, je critique certains gays de droite qui ferment les yeux sur l’homophobie de leurs gouvernants, et ils pourraient me répondre que l’on peut séparer les choses comme je le fais pour la Palestine. ^^ Comparaison n’est pas raison, je sais. Et là c’est un peu gonflé comme raisonnement, et un vrai syllogisme au final. Mais j’essaie aussi de tester les limites de mon propre raisonnement, et de mon propre système de valeurs.

La convergence des luttes nous incite à essayer de dépasser certains clivages, et a essayé aussi de penser au-delà, ou bien c’est juste une intersection de velléités protéiformes jusqu’à un mouvement si singulier qu’il ne représente plus rien ni personne ? Mais la convergence des haines, on l’a vu parfaitement incarnée lorsque lors de la manif pour tous, en 2012, des représentants officiels des religions chrétiennes, juives et musulmanes s’étaient ligués au-delà de leurs propres inimitiés. Ils avaient défilé dans leur haine commune des LGBT, et on a même pu y voir un certain terreau optimiste de valeurs communes… Mein gott.

Pour finir, cette situation actuelle me paraît juste parfaitement illustrée par ce mème que j’ai posé en tête d’article. J’en parlais déjà en 2006, le truc est tellement imbriqué, avec de la haine des deux côtés, des exactions des deux côtés, des gens qui ont tort et raison des deux côtés, et depuis tant de temps, que revenir aux raisons pragmatiques et légales d’origine paraît illusoires. On s’en sortira donc autrement que par un simple exercice de raison, de droits ou de morale, et pas à l’aune du respect des droits LGBT même si c’est tentant pour certains (adeptes du pinkwashing). Mais je n’ai pas idée de comment… En tout cas je suis incapable de dire qui a le droit ou qui devrait. Il faut juste que les massacres s’arrêtent !

  1. Vous voyez que ce réseau social sert à quelque chose !! ^^ ↩︎
  2. J’en parle très directement et sans ambages dans mon post de 2006 et je réutiliserais pas la même phrase aujourd’hui car ce serait trop maladroit (ça l’était déjà) malgré la grande complexité et subtilité de cette notion qui est parfaitement bien documentée dans sa page Wikipédia. ↩︎

L’extrême-centre

Evidemment c’est un chouïa caricatural (seulement un chouïa je pense) de la part de ces gauchistes de Radio Nova ( ^^ ), mais c’est cool d’avoir une telle explication très référencée et documentée de Johann Chapoutot sur ce sujet. Et je trouve le propos et les anecdotes rapportées assez passionnantes et croquignolettes.

En tout cas cette notion d’extrême-centre est fascinante, et en effet elle traduit très bien les discours ambiants et notamment macronistes.

Mon brave Titouan, vous êtes un génie du mal

Le compte IG Tintinades est vraiment une source inépuisable de rilolage pour moi. Et je suis retombé sur celui-ci plus haut qui me fait en effet mourir de lol. ^^

Il y en a quelques uns avec des blagues bretonnes, et je trouve que c’est toujours une belle mise en boite, tout en restant absolument adorable. Et j’ai tellement lu et relu Tintin toute mon enfance, que ce décalage percutant fait terriblement mouche.

Le retour du VAN en hiver

J’avais déjà évoqué le Voyage en Hiver qui est la version du Voyage à Nantes pour les décorations des fêtes de fin d’année. Il n’y avait pas eu un retour terrible de cette idée de mettre des lanternes colorées dans la ville, qui était pourtant assez nombreuses, mais pas assez pour produire un vrai effet waouh. Et il y avait eu surtout des plaintes de ne pas avoir de choses plus classiques et « Noël ».

Là le résultat c’est que c’est comme l’année dernière, mais avec quelques pauvres guirlandes en plus en travers des rues. Vraiment ce n’est pas terrible. Alors que les lanternes ne sont encore une fois plutôt pas mal selon moi, même si je ne suis pas complètement fan du truc. On a donc quelques coins de rues sympas comme plus hauts, et quelques immeubles comme ci-dessous.

Après, ça fonctionne parfois joliment quand la mise en scène a un peu plus de piquant, comme ce chamois mouflon au-dessus d’un marché de Noël sur la place Royale.

Sinon, moi vous savez, je continue cahin-caha ma carrière d’arbrachattes™ professionnel. ^^

Paquebots 1913-1942 (Une esthétique transatlantique) au musée d’Arts de Nantes

Après les trains, voilà que le musée d’Arts de Nantes présente une super expo sur les paquebots. Et vraiment c’est encore super réussi, et tout autant intéressant que bien fichu. La thématique est vraiment cool, et c’est particulièrement ce que j’aime, avec une claire inspiration Art déco dans les créations de cette (Belle) époque, des éléments de design et d’ingénierie, mais aussi les évolutions dans les modes de transport comme les modes de vie, ainsi que des œuvres (notamment picturales) plus formelles inspirées par ces navires.

Il y a beaucoup de choses autour de la construction du Normandie qui est sans doute l’image d’Épinal du paquebot pour tous les français. Et comme il y a une forte contribution des fonds des chantiers de St Nazaire, on a des tas de photos géniales de l’époque de la construction. On a aussi beaucoup de témoignages de tout ce qui avait été créé pour le bateau comme la vaisselle, l’argenterie, les mobiliers ou même les éléments de décor (notamment en verre ou des laques superbes). Après, j’ai trouvé que cette section était un peu limitée, et aurait bénéficier d’un peu plus de pièces. Mais on a aussi des exemples de « transats » (les chaises longues pliantes qu’on trouvait sur les bastingages des croisières) dont je n’imaginais pas que cela venait justement de transatlantique !!

Il y a toute une série de peintures de l’époque que j’aime beaucoup, et qui s’inspirent à la fois de l’ingénierie, des techniques et de la représentation de la modernité, mais également de l’art abstrait qui s’était bien imposé depuis pas mal d’années. On a notamment bien flashé sur cette peinture de Victor Servranckx.

Il y a aussi des propositions de design sublimes que ce soit dans les affiches de réclame sur les croisières en paquebots, mais aussi par exemple avec cette brochure pour les cabines de première dont j’adore la modernité encore actuelle (design « flat » et au suprématisme incroyable avec juste ces aplats de couleurs).

Dans la chapelle, on peut voir un film et une maquette d’un bateau qui composent une œuvre de Hans Op de Beeck qui a un certain charme, mais qui n’est pas non plus un truc complètement fou-fou.

La scénographie et la muséographie sont excellentes comme toujours, et la complémentarité des œuvres et du parcours en font une exposition super agréable et fluide. Les collections de photos sont super impressionnantes, et c’est toujours troublant pour moi de voir notamment toutes ces photos qui ont plus de cent ans maintenant, et qui montrent des gens qui sont morts et enterrés depuis longtemps, mais dont les attitudes ont l’air tellement similaires à celles qu’on pourrait avoir aujourd’hui.

J’aime bien ces expositions à la croisée des chemins et qui explorent les liens entre plein d’arts différents. Et il n’y a pas à dire, en termes de design c’était vraiment ma came cette époque !!!

P’tit tour à Strasbourg

Vous aurez donc compris que nous sommes passés à Strasbourg surtout pour le concert de Zaho de Sagazan, mais ça nous a permis de profiter un chouïa de cette belle ville. J’ai vraiment un faible pour Strasbourg, déjà parce que j’ai des origines alsaciennes et que ça me fait plaisir d’être dans le coin de mes ancêtres, mais aussi parce que j’y ai passé quelques bons moments avec un certain J. il y a… bah ça fera vingt ans en 2026 (nan mais j’allais au cybercafé pour écrire des articles à cette époque…) hein. ^^

Et la ville est magnifique, à taille humaine, avec un centre-ville très beau, plein d’histoire et d’une jolie architecture, tout en étant piéton et avec de bons restaurants. Comme on connaît bien la ville, on n’a pas non plus spécialement joué les stakhanovistes, mais comme de bons touristes on est déjà allé manger une choucroute à la Petite France.

On s’est rapidement fait la réflexion qu’avec le même nombre d’habitants, des transports en commun omniprésents, ainsi que le vélo, peu de voitures dans le centre-ville, des ponts et un mélange d’ancien et de moderne, on avait vraiment pas mal de points communs entre cet Extrême-Orient français et notre bonne ville de Nantes (modulo les grues et le passé industriel intramuros, et la ville détruite pendant la guerre).

Mais bon, sur le plan des cathédrales gothiques, Strasbourg gagne haut la main (sur la gastronomie aussi, il faut le reconnaître ^^ ). La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg est en bonne place dans mon classement, et cette escapade vient confirmer mon sentiment.

J’avais envie de revoir le Musée de l’Œuvre Notre-Dame dont j’avais un très bon souvenir. Je trouve que c’est vraiment un must de la ville selon moi, et ma visite d’hier l’a encore confirmé. Alors évidemment, il faut aimer les arts médiévaux, gothiques et pré-Renaissance, mais dans le genre c’est donc un régal. Et il y a vraiment une très chouette collection de peintures à l’huile sur bois du 15ème, et c’est vraiment ma came. ^^

Et sinon, on est dans les bâtiments de l’Œuvre de la cathédrale, c’est-à-dire l’endroit qui, depuis le projet même de construction, a abrité toute l’administration du chantier. C’est une architecture complexe de plusieurs immeubles depuis le 11ème siècle avec des salles qui reflète différents usages. Il y avait autant de réunions de chantier que des récoltes d’argent ou des architectes qui dessinaient des plans. Il y a d’ailleurs une salle géniale où on apprend que pour cette cathédrale, des plans très précis, qui préfigurent le dessin technique, permettaient de réaliser les élévations avec un certain professionnalisme d’ingénieur. On y voit aussi les méthodes, outils et supports utilisés, c’est passionnant !

Sinon, le musée permet aussi de voir de plus près la statuaire de la cathédrale et d’anciens monuments de Strasbourg avec des exemples magnifiques d’œuvres gothiques locales de premier plan. On a aussi une vue magnifique sur un des profils de la cathédrale pendant toute la visite. ^^

Et pour finir, ça me fait sourire que le chemin principal qui mène à la gare est un joli chemin rainbow LGBT qui termine devant la gare avec les symboles trans et intersexe. Il faut toujours suivre l’arc-en-ciel, vous savez bien. ^^

Zaho de Sagazan au Zénith de Strasbourg

En sortant du concert de Zaho de Sagazan en mars dernier, je m’étais dit qu’il fallait vraiment la revoir rapidement. Mais la tournée marche du tonnerre, et c’était difficile d’avoir des places rapidement. Donc quand c’est comme ça, je fais la tournée des dates de tournées dans l’hexagone, et je me dis que c’est une occasion d’une petite escapade. Ce fut le cas pour ce concert à Strasbourg !

Nous sommes donc 8 mois après le début de la tournée, et c’est bien le même concert, mais on voit bien le « fine-tuning » très délicat, et globalement une approche aussi artistique que professionnelle de grande qualité. En effet, on y a vu une plus parfaite adéquation entre le décor et les scénographies, mais aussi une ingénierie du son particulièrement soignée et sans un iota de travers. La chanteuse est quant à elle toujours aussi à l’aise et d’une maîtrise incroyable de son audience à son jeune âge. Elle arrive à mélanger une attitude très naturelle, tout en étant très pro dans la manière dont elle gère et délivre son « show ». Et quelle voix encore une fois !!

Donc le même concert, mais un peu plus poli et achevé, et un plaisir pour les spectateurs qui s’est vu dans la manière dont la dernière demi-heure électronawak s’est passée debout à danser à la demande de Zaho. On reçoit toujours également cette énergie folle et communicative, et comme j’adore ses chansons c’est pour moi une parenthèse de joie vraiment cool.

En avant-première il y avait Jan Verstraeten, chanteur belge flamand, qui nous a enchantés avec quelques morceaux vraiment sympas, et un style barré qui était une parfaite introduction au concert. Je conseille d’aller jeter une oreille à ce qu’il fait. ^^

Petit déménagement de blog

Bon, ce n’est pas grand chose mais c’est un truc assez important pour moi. J’aime vraiment la permanence des choses, et quand j’ai démarré le blog c’était majeur pour moi de rester sur la même adresse internet, et d’avoir le plus de stabilité possible. Je m’enorgueillis donc d’avoir pendant plus de vingt ans conservé mes articles à la même adresse, et donc il n’y a aujourd’hui aucun lien mort de l’extérieur qui pointent vers ici.

Quand j’ai commencé à bloguer, le truc chic c’était d’avoir un sous-domaine dédié, c’est à dire un truc en blog.blablabla.net (le .net se faisait beaucoup pour faire genre altermondialiste ^^ ). Cela mettait en avant le « blog » en l’associant au nom de domaine, et c’était cool pour le référencement, en plus d’avoir une « tête d’adresse » originale à communiquer. Bon, inutile de dire que tout cela est parfaitement obsolète. Et je n’ai jamais trouvé quoi faire d’autre avec le matoo.net, sinon d’y mettre un message un peu énigmatique et nerd comme j’aime en mimant le fameux perdu.com des années 90.

Cela faisait quelques temps que je me disais que je devrais simplifier l’url du site en étant simplement matoo.net ! Voilà qui est fait. Cela supprime même la notion de blog de l’adresse, mais bon c’est toujours écrit en gros tout en haut. Hu hu hu. Et puis on s’en fout quoi. ^^

Normalement toutes les redirections sont faites, donc toutes les anciennes adresses fonctionnent et fonctionneront. Le seul truc qui m’ennuie c’est le changement d’adresse pour les flux de syndication qui permettent de me suivre sur des lecteurs de flux, mais bon j’ai aussi mis une redirection en ce sens. On verra si ça fonctionne.

Donc si vous me suivez par lecteur de flux, la nouvelle adresse est https://matoo.net/feed !

Comme c’est un post parfaitement inutile et visant surtout à tester la finalisation de la migration (et voir si le post apparaît partout ^^ ), je vous livre les deux photos de week-end des chatounettes. C’était hier samedi alors qu’on avait un brin de soleil, et les deux en ont profité pour ronfler en se dorant un peu la pilule. Rien de nouveau sous le soleil.