C’est moiiiiiiiiii !!!! (Non ?)
Mois : décembre 2024
Dans quelle case se mettre, et comment y attirer l’autre ?
Je suis retombé sur cet article qui a vingt ans complètement par hasard, et je me suis (re)dit que ça restait toujours un des plus chouettes profils qui soient. Je ne me souviens absolument pas de qui il s’agissait, sauf que manifestement c’était un texte de profil du site GA (GayAttitude, un site web communautaire et de rencontres gay qui a eu le vent en poupe au début des années 2000).
Difficile de savoir dans quelle case chercher l’Autre quand on ne sait pas dans laquelle on est soi-même. Difficile de choisir sa case quand on passe son temps à lire et à écrire, mais qu’on déteste les intellos coincés. Quand on n’aime pas le sport, mais qu’on en fait quand même et qu’on apprécie ceux qui en font (quand même). Quand on aime paresser au lit, au soleil, dans le bain, mais qu’on déteste ne rien faire. Lorsqu’on a 34 ans, mais qu’on ne les fait pas forcément et qu’on apprécie ceux qui ne les font pas non plus, même s’ils les ont. Qu’on trouve ridicule d’être choisi sur sa photo et ses mensurations (178-70), mais qu’on aime bien connaître celles de l’Autre. Qu’on ne fréquente pas les bars du Marais, mais qu’on n’a que des amis homosexuels. Qu’on n’aime pas vraiment les plans cul, mais qu’on ne crache pas sur les aventures. Qu’on va dans les saunas, voire pire, mais qu’on reste fleur bleue et romantique. Qu’on sait être fidèle et volage. Qu’on adore la ville tout en aimant la campagne. Qu’on aime la légèreté tout en détestant le superficiel. Qu’on apprécie la musique classique, l’art, la littérature, mais aussi le shopping et les blagues idiotes. Qu’on bâfre et boit comme un trou, tout en aimant ceux qui savent garder la ligne. Qu’on est plutôt passif, mais qu’on ne veut pas être traité comme une bouche de métro et qu’il nous arrive d’aimer renverser les rôles. Qu’on sait être bavard et silencieux. Contemplatif et ardent. Exigeant et facile. Facile et jamais comblé.
Ce profil me plait car c’est le contraire des petites cases dans lesquels on doit se renseigner pour se faire correctement chercher et trouver par son prochain. Et surtout, il assume la nuance et les paradoxes, et tout de même on est tous fait comme ça, il faut l’avouer. Même si tout le monde cherche à attirer et à montrer le meilleur de soi, on finit par être réduit à des phrases monosyllabiques suivies de quelques émojis sur une de ces applis des RSA1…
C’était il y a vingt ans, je me demande si ce quinqua d’aujourd’hui a tout de même fini par trouver chaussure à son pied. Je le lui souhaite encore aujourd’hui. ^^
- RSA = les Réseaux Sociaux de l’Amour, c’est à dire les apps de rencontre comme la plus connue : GrindR. ↩︎
Se précipiter (Scurry)
S’il y a bien une caractéristique flippante dans nos vies, en tout cas dans la mienne, c’est bien cela : l’accélération. J’ai l’impression que depuis que je suis en âge de comprendre les choses, tout va toujours plus vite. Tous les processus qui m’entourent sont plus véloces, et dépassent depuis longtemps le simple entendement d’un être humain.
L’informatisation a rendu cela exponentiel évidemment. Et l’internétisation a rendu le phénomène omniprésent et omnipotent, en apparence, pour mieux nous donner l’illusion prométhéenne d’être des démiurges, quand nous ne sommes que des créatures de plus en plus sisyphéennes. Nous en sommes à un point un peu fou je trouve, mais chaque jour étant plus fou que le précédent, je n’ose pas m’en émouvoir aujourd’hui. Et comme, on peut lire des témoignages d’il y a 80 ans qui en parlaient déjà1, je ne sais pas à quel point je me leurre à ce sujet.
Mais force est de constater que l’information est tendue comme un slip 24/24, et comme on ne nourrit pas assez la bête, on a droit à des gens qui triturent tout dans tous les sens, épuisant la raison qui se veut réfléchie et posée, et interrogeant sans cesse la passion qui arrive parfaitement bien à sortir des énormités et à en disserter pendant des heures. On demande au boulot des choses pour hier, tout le monde est connecté toute la journée dans des vidéoconférences déshumanisantes, tout s’enchaîne dans un maelstrom d’objectifs qui ne riment plus à rien, tandis que le monde court à sa perte.
Et ce n’est pas que négatif quand on peut comme je le fais communiquer toutes ces merveilles de mots à la con en temps réel dans le monde entier, juste parce que j’en ai envie. Ou encore avoir un presque don d’ubiquité et, pour presque rien2, faire une visio avec un être cher à l’autre bout de la Terre (ou juste une photo par Whatsapp à môman c’est cool aussi). Très positif sauf quand ça a un poids écologique qui contribue à la fin du système même qui le nourrit.
L’avantage c’est qu’on se précipite aussi vers cette fin du monde non ? ^^
J’aime les protoptères
Bon, vous savez que je promeus ici régulièrement mon assuétude pour des trucs un peu curieux. Genre ça :



Et j’en ai bien sûr plus que trois en banque, donc de temps en temps, je me dis qu’il faut bien que j’en distille un de plus. Et donc aujourd’hui, je profite d’une absence de sujets pour poster, et je vous parle des protoptères !!
Alors déjà, le nom est assez génial non ? On dirait plutôt une bestiole microscopique ou un nom de bactérie, un peu comme les petits protozoaires chelous ! Mais non c’est une sorte de poisson qui appartient à la sous-classe Dipnoi qu’on appelle aussi les dipneustes (dont le nom est tout aussi groovy). Globalement ce sont des bestioles qui ont la particularité d’avoir à la fois des branchies et des poumons. Et donc elles peuvent à la fois respirer dans l’eau et hors de l’eau.
En plus de cela, et grâce à ces facultés d’adaptation, ces poissons osseux peuvent, en cas de sécheresse, se foutre dans la boue dans une sorte de cocon humide pendant des mois, en attendant le retour de conditions plus idoines. Et le protoptère éthiopien est l’animal au génome le plus gros du règne animal avec 132,8 milliards de paires de bases.
Mais ce qui m’épate c’est que ce sont des bestioles couramment considérées comme des fossiles vivant tant ils sont sur la Terre depuis très longtemps. Et ils représentent un truc très fascinant pour moi, c’est à dire qu’ils sont sans doute proche d’un maillon connu de notre processus évolutif. Et c’est parmi les trucs qui m’ont toujours beaucoup marqué comme une évolution folle : comment a-t-on transitionné de la flotte vers la terre ferme ? Bah voilà, les protoptères ont les deux capacités à respirer, et ont aussi des nageoires qui leur permettent de progresser dans la boue et sur les berges en les utilisant comme des pattes primitives. Je trouve ça dingue d’avoir ce truc complètement intermédiaire1 et qui nous montre juste parfaitement comment c’est une évolution possible pour nous.
Je reste assez circonspect sur la taille du génome, car il n’y a aucun lien entre le fait d’avoir un génome gigantesque et d’être un animal plus ou moins complexe. Il y a en effet des tas de trucs inutiles dans les génomes, on a juste des tas d’anciens machins qui traînent ou de la redondance. C’est d’ailleurs pas très pratique ce gros génome, car ça prend un temps (et de l’énergie) fou à entretenir, multiplier et gérer pour chaque cellule. Cela donne des bestioles à croissances lentes et finalement peu adaptables à des changements rapides (même si le coup de la bulle humide pour résister à la sécheresse c’est pas mal). Et en réalité, il y a un truc un peu contre-intuitif car en même temps, je lisais que la richesse du génome malgré tout permet aussi (peut-être) des évolutions plus rapides sur le long terme, comme le fait de développer des poumons ou des pattes pour s’adapter sur n générations.
Un peu comme les axolotl, les protoptères ont des super tronches avec une sorte de sourire énigmatique (qui n’est pas un sourire bien sûr ^^ ). Et il y a même un pokémon qui reprend le necture, l’axolotl, le gobie et le protoptère : Laggron. C’est dire s’ils sont cool. ^^

- Evidemment, il ne s’agit que de ma vision « binaire » des choses. La nature conçoit parfaitement toutes ces nuances, et d’autres. ↩︎
À hue et à dIA
Je vais faire exprès de ne pas promouvoir ce post sur les réseaux sociaux, et ne pas non plus y mettre de mots-clefs pour attirer l’attention sur les personnages représentés. Depuis quelques jours, on peut sur feu Twitter utiliser leur IA maison pour générer des images. Mais contrairement à l’ensemble des moteurs de génération qui sont disponibles, plus ou moins gratuitement, sur le marché, celui-ci permet d’utiliser et de mettre en scène l’image de personnalités.
Alors on est limité et on ne peut pas mettre en scène des assassinat ou du porno, mais c’est suffisant pour des détournements ou des associations incongrues. J’ai généré les photos de cet article, et on peut voir à quel point c’est redoutablement efficace malgré la jeunesse de l’outil.




Je ne peux pas m’empêcher d’y voir de la part du réseau social une volonté de polariser encore les personnes, et de donner un outil supplémentaire pour rendre les complotistes plus complotistes, et bien énerver les extrêmes. Au-delà de l’usage peu licite de l’image même de ces gens, on va dans un premier temps semer le doute, et rapidement, sans doute en quelques semaines, simplement rendre toute image suspecte et à jamais considérée comme non-fiable.
Je n’ai aucune idée de savoir si c’est une bonne chose, et que cela nous mettra tous à égalité avec à présent l’expression universelle « Oh ça c’est photochopé1« . Ou bien si c’est un instrument de plus dans les réalités alternatives, donc j’ai cru que ce serait un effet de mode, mais qui s’ancrent dans nos sociétés malgré tous les fact-checkeurs et personnes de bonne volonté de l’Univers Connu.
- Ma mère la connaît, donc le monde entier la connaît. Désolé c’est mon étalon. ^^ ↩︎
Paloma au pluriElles à la Cité des Congrès de Nantes
Je ne savais pas trop ce que j’allais voir avec ce show de Paloma, mais j’aimais beaucoup cette gagnante de la première saison de Drag Race France. Je m’attendais à un mélange de numéros d’humour et un peu de « drag », mais pas du tout. Il s’agit vraiment d’un spectacle d’une humoriste, une humoriste qui est également une Drag Queen, et ce n’est pas non plus du stand-up à la Mado, mais plutôt un enchainement de saynètes où Paloma incarne des personnages (elle l’a fait brièvement à la télévision apparemment, mais je n’ai pas vu ça ^^ ).
Cela m’a un peu fait penser aux incarnations de Foresti chez Ruquier à la télé, il y a quelques années (oui bon, presque vingt quoi, hu hu). Donc tout ce que je dis là pourrait un peu faire « bof ». Surtout que je reconnais une petite frustration de ne pas avoir de robes, de maquillage ou de paillettes pour faire un peu plus « drag ». Néanmoins, j’ai ressenti tout sauf de la déception, parce que le show est remarquablement écrit, et surtout interprété à la perfection, et avec une artiste terriblement impliquée dans son exécution.



Paloma aka Hugo Bardin débarque dans le public, et elle instillera un peu de stand-up et de drag dans cette manière subtile d’inclure le public, et aussi de lancer un peu de « shade » et de « roast » ou de « reading« . Mais tout cela est simplement saupoudré dans une série de scènes où elle incarne des femmes qui nous racontent des histoires, des histoires qui nous font beaucoup rire. La drag n’est encore une fois pas oubliée avec des tenus très sculpturales et des silhouettes de magazine Vogue des années 30.
Mais tout cela est secondaire, car ce qui est bien là ce sont les énormes blagues qui font mouche toutes les trente secondes. Et justement comme on n’est pas dans une forme très singulière ou originale, c’est le fait que les textes sont vraiment très bons, et qu’elle les sort avec un talent fou qui a spontanément provoqué l’hilarité de toute la salle pendant deux bonnes heures. Le personnage de la directrice de casting m’a vraiment beaucoup fait rire, mais les autres également, et j’ai vraiment ri de bon cœur pendant une bonne partie du show.
On voit surtout à quel point, on a une artiste hyper pro devant nous, et qui se donne complètement sur la scène.
La fin du spectacle où elle se démaquille en quelques secondes, et se montre presque à nu, en tout cas de perruque et maquillage, est très intense. On la sent au plus timide et peu confiante que jamais, et lorsque les applaudissements explosent et que les gens se lèvent, elle montre une surprise et une émotion qui seraient difficilement feintes.



C’était vraiment une très belle surprise donc, au-delà de mes attentes implicites donc. Et je retournerai la voir avec plaisir, car il y a de quoi encore développer ses personnages et ces histoires !
Le secrétariat au complet
Mon chérichou et son équipe de choc en télétravail !!
La résilience du Bisounours
Quand j’étais petit, j’étais un gentil petit garçon. Sympa avec mes parents, souffre-douleur de mon frangin, mais connu pour être vraiment un p’tit gars cool. On disait à mes parents que je m’endurcirai avec le temps, et qu’il le faudrait en tout cas. En mode : il ne faut pas se faire marcher sur les pieds, bla bla bla… Bah adolescent, j’étais toujours gentil. Les gens, les personnes avec qui j’étais en classe, les profs, la famille, tout le monde disait « Mathieu il est vraiment gentil, poli, respectueux et adorable. »
Mais on ajoutait que ça ne durerait pas, que mes parents allaient forcément vivre un enfer sur terre dans pas longtemps, avec une bonne crise d’ado (c’est sûr que mon frangin à 15 ans était en garde à vue, alors la barre était haute ^^ ). Mais j’attends encore ma crise d’ado, même si j’ai changé évidemment. Mais les amis plus tard, au lycée, dans les études supérieures, puis ceux de Paris, comme disait ma mère1, ont dit « Mathieu, c’est un mec trop gentil. »
Les gens rajoutent ce « trop » superlatif qui est une manière de parler, ou qui indique vraiment peut-être que c’est une disposition anormalement emphatique. J’ai voulu changer pourtant. A plusieurs reprises, je me suis dit merde il faut que j’essaie d’être méchant !! Mais je n’ai jamais réussi. Alors ça doit aussi être un truc un peu maladif et névrotique (qu’est-ce qui ne l’est pas), j’imagine que j’ai besoin qu’on me « trouve gentil » en réalité. Mais force est de constater que je vis très bien avec ça.
Je ne fais même pas d’effort. C’est juste comme ça. J’aime bien les gens, globalement. ^^
Alors après, je me fais niquer parfois. Notamment en restant gentil avec des boulets insupportables qui me gâchent la vie pendant des années. Mais c’est la ma vie. Hu hu hu.
On me qualifie aussi souvent de « La Suisse », et ce n’est pas tant que je fuis les conflits, mais c’est vrai que je suis souvent neutre, ou tout du moins tempéré, pesant le pour et le contre, et essayant toujours de comprendre les opinions des uns et des autres, même lorsque c’est contraire à mon propre système de valeurs. En cela d’ailleurs, je sais que je peux avoir un peu la tendance macronienne insupportable du « en même temps », et je reconnais que je prône en tout cas toujours l’empathie et la compréhension fine du prisme et de manière dont les opinions peuvent se former chez mes contradicteurs. Je trouve que c’est toujours important de bien avoir cela en tête, et que parfois c’est aussi notre cadre de valeurs qui met le bordel.
Il y a aussi un peu de Marc-Aurèle là-dedans, avec une recherche de ce sur quoi je peux agir, qui m’intéresse grandement, et ce qui m’échappe et donc auquel je renonce aisément, étant toujours en quête de mon ataraxie personnelle. J’avoue aussi ne pas souvent rencontrer de personne qui partage ces valeurs là ou cette méthode. Et ça me frustre beaucoup et souvent, car j’ai l’impression de faire un effort pour aller vers l’autre, jusqu’à comprendre, mais pas forcément valider, un raisonnement spécieux pour moi car élaboré sur des postulats très différents des miens. Et quand l’autre ne fait pas le même effort, je trouve que ce n’est pas très respectueux et… gentil. On y revient. ^^
Aujourd’hui avec la polarisation des opinions, la tempérance et la gentillesse ont complètement disparu. D’abord de nos espaces virtuels, puis de notre champ du réel, ce qui est tellement grave et triste. Et donc, ça m’affole de ne voir que des diatribes contre des diatribes, avec des deux côtés des raisonnements viciés. Alors évidemment celui qui est dans mon cadre de valeurs est plus facile à adouber, mais je n’ai vraiment plus de respect pour ces penseurs à la petite semaine, rhéteurs de pacotille et sicaires de réseaux sociaux.
Après, je vois bien qu’on ne fera pas grand chose avec des tièdes comme moi, et qu’il faut aussi avoir un mélange avec des personnalités un peu plus tranchées. Mais je ne supporte pas ces assertions hypocrites qui laissent de côté tous les défauts de leur réflexion. Moi quand je m’exprime, je défends toujours mon point de vue avec ses qualités, et j’expose aussi les limites et parfois les défauts même de ma pensée. Je trouve que c’est le seul moyen d’être honnête, et d’avancer réellement en collaboration. Je trouve que ça rend non seulement crédible, mais aussi que ça donne le droit d’émettre des critiques équilibrées et sincères, pas juste de pisser à la raie du connard d’en face. Hu hu.
Bisounours je suis, bisounours je reste donc. ^^

- C’était pour les nouveaux ami·e·s pédés et lesbiennes évidemment, qui n’étaient jamais autrement qualifiés par pudeur, comme si la parisianité était suffisante pour les considérer parfaitement interlopes. ↩︎
Du privilège de la beauté
Je n’ai jamais (très rarement) entendu parler de la beauté en tant que privilège dans la société, et pourtant aujourd’hui plus que jamais, mais sans doute depuis très longtemps, être beau ou belle est sans doute une des *choses* qui ouvrent le plus de portes. On ne parle que de privilèges ces dernières années, et c’est un prisme intéressant qui ne cesse de s’enrichir de nouveaux combats, de nouvelles discriminations qui sont mises en exergue pour être mieux identifiées et combattues.
Et on parle des privilèges… Ceux des hommes, des cisgenres, des blancs, des séniors, des minces, des bien-portants, des valides etc. Mais jamais je n’ai entendu parler de la discrimination contre les moches, et du privilège des beaux. Est-ce que ça n’existerait donc pas ? Hu hu hu.
Mais bien évidemment que oui. Il y a même une page wikipédia à ce sujet, c’est dire si ça existe. ^^
Extrait de la page wikipédia : Privilège de la beauté
- Selon une étude, les personnes considérées comme attirantes sont payées 10 à 15 % plus que celles d’une beauté moyenne. Cette différence de salaire est notée aussi chez les PDG.
- Il est possible que les personnes considérées comme laides soient moins heureuses que les personnes qui ne le sont pas. Elles souffriraient également plus de dépression.
- Les peines de prison des personnes considérées comme laides sont en moyenne 20 % plus lourdes que chez le reste de la population. Des différences ont été notées en fonction de la nature de la faute : les cambriolages ont conduit à une peine 24% plus lourde tandis que pour les crimes graves (meurtre et viol) l’écart se resserre, mais reste de 10%.
- Les bébés considérés comme laids pourraient recevoir moins d’amour et d’affection, notamment par leur mère.
- Les personnes considérées comme attirantes sont perçues comme plus intelligentes.
- Les personnes considérées comme attrayantes sont perçues comme plus dignes de confiance.
Et vraiment, je pense que ces quelques éléments parlent absolument à tout le monde. Mais voit-on des associations de défense des moches ? Non. Des militants de la mochitude qui tapent un 10 au laideronomètre ? Non plus. D’ailleurs toutes les associations qui luttent contre les discriminations insistent pour trouver « beau » les gens, et c’est un des arguments de poids. Black is beautiful, big is beautiful, bear is beautiful etc.
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
Après je sais que c’est une notion relative et tout et tout. Et je ne vais pas non plus dire que les gens moches ne peuvent pas trouver le bonheur, la preuve… Hu hu hu. Mais j’ai toujours été fasciné par ce truc, et j’ai moi-même beaucoup trop cédé aux gens beaux. Enfin surtout quand je les trouvais un peu cons, sinon c’est vraiment insupportable. ^^
Mais c’est vrai que c’est une notion qui trouble beaucoup de gens. J’avais déjà évoqué cela avec M. notamment, il y a donc 20 années de cela. Ce dernier m’ayant toujours dit « Nan mais moi j’aime pas les mecs beaux ». Et c’est vrai qu’il a vraiment été en couple avec toutes sortes de mecs, moi y compris. Et je ne suis pas du tout dans sa « league ». Je le ressentais parfaitement bien, avec des regards lourds de sens dans la rue ou les soirées, et parfois quelques remarques narquoises ou carrément désagréables1. Et ce n’était pas toujours facile, mais j’avais, étrangement, assez confiance en moi pour le vivre pas trop mal. Et il me faisait assez sentir son amour et son désir aussi pour cela. (Et heureusement, je me trouvais beaucoup plus intelligent et cultivé que lui. ^^ )
Même ma maman, qui pourtant a le devoir de me trouver la septième merveille du monde, m’avait dit qu’il était vraiment très très beau, du genre « par rapport à toi ».
Je ne trouve pas que c’était spécialement une qualité de sa part de ne pas avoir un critère de beauté très « exigeant », et pas non plus un défaut de la mienne d’avoir succombé également à son joli minois. Les relations amoureuses sont une alchimie complexe, et tout devrait être possible. Mais il n’en reste pas moins, que j’ai pu constater les nombreux privilèges qu’il gagnait avec cela au quotidien.
Depuis hier, les Internets frémissent et bruissent de ce fameux Luigi M. qui a assassiné le directeur d’une mutuelle privée étasunienne. Son physique avantageux et sa belle gueule lui valent d’être largement considéré comme un héros de la lutte des classes, alors que s’il avait été moche je suis certain que la situation serait regardée de manière diamétralement opposée.

Et une fois n’est pas coutume, un peu d’autofellation, puisque j’avais déjà effloré ce sujet il y a quelques temps dans un article où je faisais le lien avec le passing et la transidentité.
Il y a en revanche une chose qui a tout changé, et qui est à la fois géniale et qui m’agace au plus haut point : le passing. Evidemment que c’est majeur et important d’être reconnu, pour des personnes binaires, dans son genre. Et les innovations extraordinaire en médecine, tant pour les hommes que pour les femmes, ont grandement amélioré la vie des personnes trans et leur intégration à la société, puisque « ça ne se voit plus ». Et dès lors qu’on ouvre cette boîte (de Pandore), on se frotte forcément à ce putain de privilège de la Beauté (qui m’insupporte). Et alors, on en vient à faire des différences et des jugements de valeurs dégueulasses. Il y a alors les bons trans et les mauvais etc. De la même manière que l’acceptation grandissante des gays dans la société est valable et validée pour ceux qui sont beaux, musclés et doués en décoration.
Extrait de l’article Adelphité Trans de mon propre blog.
Mais d’un autre côté, ces ambassadeurs et ambassadrices ont un pouvoir extraordinaire et font bouger les lignes. Donc ça m’interpelle et me trouble… Et j’en suis moi-même une énorme victime influençable, alors que je m’émerveille de transitions qui aboutissent à des personnes belles en dedans comme en dehors (j’avoue que le passing a cet effet).
J’avais bien aimé en cela les deux séries TV avec un thème trans très poussé qu’étaient « Pose » et « Transparent ». Et étonnamment, là où la première se passe dans les années 80 et 90 à l’époque NYC, VIH et Ballroom, on avait des comédiennes trans qui étaient « trop » belles par rapport à une représentation historique qui se voudrait fidèle. Mais après tout, quel intérêt ? Et leurs physiques sublimes ont parfaitement servi l’intrigue… Pour la seconde, avec « Transparent », c’est le contraire puisque la série est contemporaine mais montre justement des trans « qui se voient » avec un côté plus naturaliste certes (surtout avec des trans plutôt âgées), mais qui fait justement l’impasse sur les personnes au passing plus abouti. Et encore une fois, ce qui est plutôt cool au final, c’est l’ensemble de ces représentations, et la diversité qui est présentée. Ce qui est cool aussi c’est enfin d’avoir ces représentations dans des séries, et qui arrivent à transcender ce sujet même de la transidentité.
Sur un sujet connexe, je me suis fait la même réflexion sur la mini-série gay du moment « Fellow travellers » où on a deux mecs homos qui vivent une histoire singulière entre les années 50 et 80. Les deux mecs sont Matt Bomer et Jonathan Bailey, et ils ne sont absolument pas crédibles en mecs pédés dans le placard des années 50, dans le sens où à cette époque les mecs n’avaient absolument pas des corps aussi secs, dessinés et musclés avec des abdos taillés à la serpe. Or, la série est aussi là pour montrer des magnifiques pédés aux corps parfaits comme on les célèbre aujourd’hui. Je trouve ça naze, et un manque criant de fidélité à une reconstitution historique.
Bref, j’arrête avec ce privilège de la Beauté, mais il faudra que j’en fasse une tartine un de ces quatre.
J’ai souri récemment, quand je parlais de mon filleul à une de ses anciennes profs. Et elle me parlait de problématiques de racisme qu’elle avait constatées, notamment lorsque des enfants d’origines magrébines se retrouvaient dans de bons lycées à majorité blanche. Mon filleul est lycéen depuis la rentrée justement dans un de ces bons lycées, et je m’enquérais2 auprès d’elle s’il pouvait avoir des problèmes similaires. Elle m’a tout de suite rassuré : Non il est trop mignon pour ça. Il aura tous les copains et copines qu’il voudra.
Et c’est vrai que j’ai pu constater comme la beauté est un privilège efficace pour se prémunir de certains racismes (pas les plus profonds et rétrogrades). Mais il n’est jamais cité dans les convergences de luttes ou de haines. Peut-être justement parce que c’est un privilège bien distribué dans la population ? Mais finalement non, puisque les normes de la beauté changent, et qu’il y a plus d’inclusion aujourd’hui dans ces principes normatifs mêmes (au-delà de l’injonction morale à dire en toute hypocrisie qu’il y a de la beauté dans toutes et tous… mais oui, et puis finalement c’est pas faux en plus ^^ ).
Mais donc cela restera toujours un privilège tacite, et une discrimination à l’opposée tout aussi silencieuse et taboue ? Je n’arrive pas à m’imaginer un changement pareil, mais peut-être que ça viendra avec le temps.
- J’ai beaucoup expliqué qu’il était avec moi pour ma grosse bite, et ça avait à l’époque convaincu un nombre surprenant de gens, alors que je disais vraiment ça sous forme de boutade imbécile. ↩︎
- Purée, je suis pas du tout sûr de moi là. Comment je conjugue ça M. Fraises ?? ↩︎
Wicked (partie 1)
J’y allais vraiment pas du tout pré-convaincu, ne connaissant pas du tout l’histoire, ni le bouquin, ni la comédie musicale éponyme, et ayant uniquement pour références le film de 1939 (évidemment) Le Magicien d’Oz et celui de 2013 : le très Disney Le Monde fantastique d’Oz. Ce dernier n’était pas un grand chef d’œuvre (assez médiocre en réalité), mais s’il donnait quelques billes en tant que préquel.
Wicked est surtout connu comme une comédie musicale avec un immense succès depuis sa création, et je savais que c’était un point de vue très intéressant car le roman de Gregory Maguire, en donnant un autre prisme et une narration des interstices de l’histoire d’origine, très manichéenne, permettait une relecture complètement renouvelée. Et quand on brouille la frontière entre les gentils et les méchants, c’est tout de suite beaucoup plus intéressant. Et donc contre toute attente, alors que je m’attendais à trouver cela au mieux « sympathique », j’ai beaucoup beaucoup aimé !
Car on est complètement dans l’univers d’Oz avec son côté féérique et neuneu, mais dans cette fable un peu simpliste, faisant s’opposer une gentille, belle, talentueuse et vertueuse Glinda à une méchante Sorcière de l’Ouest à l’horrible peau verte et dégaine de fée Carabosse, on retrouve entre les lignes d’origine des chapitres entiers. Et on découvre que Glinda est une petite connasse superficielle et idiote, dont la bonté est surtout une marque de fabrique, tandis qu’Elphaba souffre d’une différence lui venant de sa naissance, et surtout en réalité de l’opprobre que les autres lui font vivre.
Et j’ai aimé que tout soit très subtil dans l’histoire et dans les nuances de leurs personnalités, y compris sur le Prince Charmant, succédané de mannequin instagrammeur. Donc peu à peu, tout en restant très conforme à l’histoire d’origine, on a une autre vision qui se forme, et on comprend très bien qu’une bonne propagande peut parfaitement nous faire prendre, à ce point, des vessies pour des lanternes. Le film est en cela, notamment, très moderne et assez bien vu, tout en étant woke à moooooort, super folles de comédies musicales et filles à pédés assumés (il n’y a pas d’autres habitants à Oz je crois de toute façon ^^ ). Tous les garçons semblent extrêmement sensibles, et les filles prêtes à faire Drag Race, et vice-versa.
J’ai été aussi très agréablement surpris par le jeu des deux comédiennes. Ariana Grande, en Galinda qui devient Glinda dans une démarche digne des plus grands SJW, est aussi dingue et éthérée qu’une Anne Hathaway, mémorable Reine Blanche dans un moins mémorable Alice au pays des Merveilles, et c’est vrai que les deux histoires ont quelques points communs. Mais Cynthia Erivo lui vole aisément la vedette avec un personnage très attachant, et qui est le prisme principal par lequel l’histoire se vit. Et les deux sont des chanteuses de ouf, avec de chouettes moments de bravoure.
Après, sincèrement, que ce soit la musique ou les paroles, on est vraiment dans de la comédie musicale made in Broadway de base de base. C’est vraiment de la chanson de crieuse professionnelle, qui a le mérite de proposer quelques sérénades dont les points d’orgue fournissent de jolis moments d’émotions (et on te met bien le doigt dessus en appuyant fort). Jonathan Bailey est aussi plutôt pas mal, même si j’ai été troublé tout le film avec sa ressemblance avec Rupert Everett (pré-chirurgie évidemment), et même sa voix (et ses oreilles ^^ ). En plus de lui, le casting est très très gay avec notamment Bowen Yang, mais aussi le caméo des deux chanteuses de la comédie musicale que sont Idina Menzel (la mère de Rachel dans Glee, chanteuse de Let it go…) et Kristin Chenoweth qui sont toutes deux des juges récurrentes de RuPaul Drag Race. N’en jetez plus, le gaydar a explosé et a mis des paillettes partout partout. Hu hu hu.
Et la direction artistique qui est dans la lignée de celle de 1939 (les hommages sont vraiment chouettes, j’ai trouvé) avec des effets spéciaux très beaux, et malgré tout de somptueux décors et costumes ont achevé de me conquérir. On est vraiment dans une belle production, le fond, la forme, pas mal du tout. Après 2h40 pour tout cela, c’est un peu trop long, on aurait aisément pu grapiller vingt minutes. Mais je n’ai pas regardé ma montre, et globalement c’est une narration, qui certes prend son temps, mais donne à voir pas mal de choses, avec une action correctement soutenue. Toute cette première partie permet de vivre l’ascension et la découverte initiatique d’Elphaba qui se verra incarner complètement la méchante sorcière de l’Ouest.
L’originalité de l’histoire, le fait d’avoir un récit qui mêle aussi bien les faits d’origine, et cette version « alternative », est assez épatante et follement intrigante. Et même si on devine bien l’issue, qui est déjà connue justement, j’aime assez que l’on arrive à surprendre dans des méandres narratifs insoupçonnés, et qui façonnent une toute autre morale, même si la conclusion sera factuellement la même. Et ce final à coup de balai supersonique m’a assez plu pour que je veuille maintenant voir la suite !!!

PS : Matt Bernstein, dans son podcast, proposait justement une lecture intéressante du personnage de Glinda en tant que pseudo-alliée qui profite de ses privilèges, en réalité, et n’hésite pas à retourner sa veste pour conserver et consolider sa position.