Calembours et calembredaines

J’ai bien bien ri à cette vidéo humoristique de ce petit jeune qui s’appelle Marc Tourneboeuf. Ces jeux de mots très marrants m’ont fait penser à Raymond Devos dont j’aimais tant les sketchs, ou même Pierre Repp, un des plus grands bafouilleurs de tous les temps (dont on se souvient toujours pour le rôle dans Peau d’Âne). ^^

(Oui j’ai les références d’humoristes de mes grands-parents. ^^ )

NO vamos a volver a los márgenes

Je ne sais pas si vous connaissez Carla Antonelli, mais si ce n’est pas le cas, alors il faut réparer cela d’urgence. Elle est sénatrice espagnole et aussi députée de l’assemblée de Madrid, et c’est également une femme trans. Elle a fait un incroyable discours il y a quelques jours qui fait beaucoup de bien, en plus d’y trouver cette verve et morgue toute almodovarienne qu’on aime tant !!! ^^

Source : Instagram (pour les sous-titres en anglais) et Instagram (celui de la sénatrice et députée en question).

Cela fait des jours et des jours, et avant cela fait déjà quelques mois que j’en parle hein, que je vois des attaques de plus en plus prégnantes de toutes les extrêmes droites contre les droits des trans, mais aussi contre la transidentité en général, et les progrès même plus importants, selon moi, que la société a réalisés grâce à cette inclusion. Et donc ce coup de gueule libérateur m’a fait un bien fou (la droite espagnole attaque depuis quelques années la Ley trans). Car purée, mais les trans c’est moins de 1% de la population, ce n’est pas possible que ce soit une telle problématique, surtout quand on voit que ce serait une telle engeance à vous retourner la société entière. On dirait notre copine homophobe favorite qui nous promettait la colère de Dieu…

Un des célèbres moments de la campagne homophobe contre le mariage pour tous (23/10/2012)

Carla Antonelli le dit haut et fort, les personnes trans ne seront plus marginalisées et reléguées !

Les giboulées

Ce week-end, ça a commencé : les petits indices que le printemps va bientôt nous tomber dessus. Oh on va bien encore se prendre des gelées pour cramer les petits bourgeons qui n’auront pas manqué de se faire leurrer par le redoux. Mais on a eu encore de belles cordes qui nous sont tombées dessus « à la nantaise » avec des étranges interruptions ensoleillées… Avec en plus, des journées qui rallongent, et une lumière qui peu à peu est un peu plus dorée que la veille, on sent qu’on tient le bon bout.

Les petites chatounettes ont bien chopé le truc. Depuis le week-end, elles guettent le moment où elles peuvent de nouveau profiter d’un brin de rayon de soleil. Souvent, c’est Sookie qui se colle à la baie vitrée, derrière la télévision, contre les cactus, et dont le pelage noir profond devient bouillant au bout de quelques dizaines de minutes. Arya se contente de se lover dans les tentacules duveteux et accueillant de notre poulpe de canapé. ^^

(Ooups, il faut qu’on rachète un abat-jour, le truc s’est littéralement auto-déchiré et a fini par tomber comme ça l’autre jour.)

The Brutalist

Bon bah, je vais devoir un peu être à contre courant pour ce film. Il remporte en ce moment beaucoup de suffrages avec des tas de nominations et de promesses de prix. Et c’est en effet un plutôt bon film, vraiment de bonne facture en tout cas, mais c’est loin d’être un chef d’œuvre selon moi, et il est notamment perclus de pas mal de maladresses d’écriture.

On suit l’histoire d’un architecte, brutaliste donc, juif hongrois qui se retrouve immigrant aux USA après la seconde guerre mondiale, et le traumatisme des camps. Il a été séparé de son épouse (envoyée avec leur nièce dans un autre camp) qui est encore coincée en Europe. La première partie c’est la rencontre de cet architecte (Adrien Brody)), qui se retrouve simple manutentionnaire dans une usine, avec un millionnaire américain très suffisant (Guy Pearce) qui lui demande de construire un projet. Leurs rapports sont très particuliers avec l’américain particulièrement xénophobe et autoritaire, un petit tyran bourgeois parfait. La seconde partie voit l’arrivée de l’épouse de l’architecte (Felicity Jones) et de leur nièce, avec un déroulé de projet qui subit bien des péripéties. Il y a aussi un épilogue qui se passe lors d’une biennale d’architecture dans les années 80 à Venise.

Le film est connu pour avoir une forme très singulière pour un film de 2025 puis qu’il dure 3h30, est présenté en deux parties avec un entracte, est filmé comme dans les années 50 avec de la vraie péloche en format Vistavision, et fait la promesse d’un vrai et beau spectacle de cinéma. Et ça c’est vraiment le cas. La mise en scène est très efficace, même si parfois un brin emphatique, et sert très bien son propos. Formellement, c’est vraiment réussi, et cela prouve que l’on est encore capable aujourd’hui de produire un cinéma aussi exigeant et aux résultats probants. Mais là où le film est le plus réussi c’est pour les trois comédiens : Adrien Brody, Guy Pearce et Felicity Jones. Et Adrien Brody en particulier qui est fabuleux, et mérite à lui seul un bel Oscar pour ce rôle incroyable qu’il tient d’une main de fer du début à la main.

Et parfois, on a de très bon films pour lesquels on aimerait qu’on prenne son temps pour raconter des choses sur des durées moins concises. Mais là en l’occurrence, autant la première partie tient bien la route, selon moi, autant la seconde est trop longue, et n’arrive pas bien à tenir en haleine. On a l’impression d’avoir compris où on va, et que tout est répété en boucle sans beaucoup d’intérêt. Là où ces minutes supplémentaires auraient pu nourrir un récit plus riche, j’ai plus eu l’impression de rodomontades qui auraient pu être coupées.

Et puis on a des choix d’écriture qui m’interrogent vraiment, entre l’évocation de la toxicomanie ou du viol, mais surtout celui de placer dans l’épilogue les clefs essentielles du film. Pourtant ça pourrait aussi être une sorte de révélation et de « twist » qui peut aussi être un super moment de jubilation. Mais là non, j’aurais pris beaucoup plus de plaisir si ces informations avaient été instillées dans le film avant. De même quant aux allusions des camps, elles sont presque absentes et c’est dommage. Devoir arrivé aux dernières minutes du film, pour mieux comprendre le pied de nez global m’est presque apparu comme un gâchis. Et puis avec ce qui arrive à Guy Pearce à la fin, ou la disparition de Felicity Jones, il y a des tas de petites choses que je n’ai pas comprises ou appréciées. Trop délayé pour des répétitions inutiles, et pas assez de réponses qui m’intéressaient à priori.

On a donc une forme sympa, des interprétations magnifiques, mais une certaine incongruité dans la narration, et des longueurs au final qui sont difficilement pardonnables dans un film de 3h30. Tout ça pour ça quoi…

Bottoms

Quand PH nous a proposé ce film pour un Cinéfolles, je n’étais pas super convaincu. J’avais vraiment peur d’un teen movie qui dépasse un peu trop ma tolérance de futur boomer. Mais c’était vraiment une excellente surprise, et clairement si j’en fais un article alors qu’il date de 2023, ce n’est pas pour rien !!

Et bien sûr ce qui fait toujours la différence c’est que c’est un film très bien écrit, plutôt bien joué avec une production qui tient la route. Les bons auteurs, et là en l’occurrence, les bonnes autrices, sont clefs et permettent de donner des bons films même lorsque d’autres défauts sont là. Et les films de lesbiennes ne sont pas légion, alors que l’on a, selon moi, affaire à un film qui a tout d’un statut « culte » à venir.

L’histoire c’est celle de PJ (Rachel Sennott) et Josie (Ayo Edebiri) qui sont deux goudous lycéennes en galère de meuf (elles n’ont encore jamais eu de relation sexuelle). Alors qu’elles naviguent dans la rude existence d’ados queers dans un lycée où elles sont largement considérées comme les loseuses du coin, elles ont chacune un crush (hétéro évidemment) et parfaitement insensibles à leurs charmes. Elles commencent à nourrir leurs réputations de filles dures à cuire qui ont passé du temps en « juvie1 » (ce qui est affabulé), et elles ont l’idée de mettre en place un cours de self défense pour les filles de l’école (avec l’aide d’un prof à mourir de rire). Le truc se transforme rapidement en fight club où elles se battent vraiment, mais ça rapproche tout ce petit monde, et les deux héroïnes y gagnent un certaine réputation.

Tout cela se fait aussi dans un lycée avec un écosystème classique, donc avec à la tête des athlètes bourrins et des bimbos écervelées, mais également, et c’est tellement drôle, un pédé footballeur très mauvaise qui s’appelle « Matthieu2 » et qui est aussi au sommet de la chaîne alimentaire estudiantine. Mais surtout le film est complètement déjanté et nawak, d’une délicieuse absurdité et d’un humour décapant qui fonctionne à merveille (sur moi). J’ai vraiment beaucoup ri et très candidement.

J’ai vraiment pensé à un film aussi important que « Nowhere » a pu l’être pour moi en 1997. Mais là où Nowhere était une vision sous ecsta d’une génération perdue, là c’est plus conforme à la genZ, avec en sus une bonne dose d’absurdité qui flirte tout de même avec une *certaine* réalité. Mais sans jamais se prendre au sérieux, et avec vraiment énormément d’humour, de dérision, on y décèle aussi une claire envie de s’amuser avec le spectateur.

C’est en plus chouette de voir un film qui décrit un univers quasi au-delà des queerphobies, avec des jeunes gens fluides et moins engoncés dans des rôles et attitudes prédéterminés. J’ai aussi beaucoup aimé que le rôle du jock local par Nicholas Galitzine (qui jouait le prince anglais pédé dans cet affreux film) absolument débile, mais également peu crédible en hétérosexuel avec un jeu incessant sur son profil à la fois macho, mais aussi sensible et sur le fil d’on ne sait quoi. Vraiment c’est drôle, car les autrices jouent à la fois sur les clichés, mais les déconstruisent aussi dans une même scène, ce qui rend le truc très intéressant et franchement marrant.

Et les moments fight club où elles se ramassent les unes les autres, avec des moments sanguinolents, sont des scènes d’une drôlerie beauf assez irrésistible, et transcendées par cette magnifique et solaire « lesbianité ». On ne le dira jamais assez BRAVO LES LESBIENNES !!!

J’espère bien que les d’jeuns ont vu et verront ce petit film qui m’aura marqué à sa manière. ^^

  1. Juvenile detention, ce qu’on appellerait une maison de correction en France. ↩︎
  2. J’ai un peu halluciné de voir ce prénom tellement français et vraiment prononcé en français dans le film (il y a aussi une « Sylvie » d’ailleurs). ↩︎

Oublier

J’ai écrit depuis adolescent pour laisser une trace, pour ne pas oublier, mais surtout pour m’incarner. Je me trouvais tellement transparent, insipide et insignifiant, que l’écriture devait aussi donner de l’importance à ma vie, et sans doute me sauver au passage.

J’ai été drôlement inquiet du coup quand j’ai constaté que le papier dégueulasse de mes agendas de lycée absorbait de manière inquiétante l’encre dégueulasse de mes stylos à plume de supermarché. Mais ça s’est stabilisé, et comme on peut le voir, même si l’encre s’est estompée, le texte reste lisible après 33 années. Cela me permet de voir à quel point j’écrivais des trucs terribles, dignes du meilleur du pire des Skyblogs des années 2000. Ahah, moi qui voulait que l’écrit m’incarne dans le monde, je n’écrivais que des billevesées adolescentes. Mouahahaha. Cela prouve à postériori, que j’étais déjà une belle Drama Queen, ce qui est rassurant dans le fond.

Le papier est donc là pour me rappeler des tas de choses. Et chaque plongée dans ces documents est un petit bonheur. Car la quantité de trucs qu’on oublie c’est dingue !! Et dès 2003 le blog a pris la suite, même si le fait d’être lu a rapidement fait obliquer la teneur des articles, s’obligeant à un peu plus de retenu et de tempérance.

Le web-log m’a tout de suite conquis dans cette même logique d’incarnation par le verbe qui me motive depuis minot, mais donc aussi cet aspect systématique et routinier que j’aime beaucoup. On peut tout dire sur un blog, du plus banal au plus insipide, mais son existence même en ligne lui confère une marque indélébile (pas tant que cela quand on constate la réelle pulvérulence de nos supports numériques).

Mais donc régulièrement, je parcours mes propres articles, et j’aime bien justement aller regarder ce que j’ai publié il y a tout juste vingt ans. Ce n’est pas compliqué, je prends le dernier article, je retire le titre et je change juste l’année en gardant le mois, et hop : https://matoo.net/2005/02/ une archive !!!

C’est grisant de relire les participations à une émission de radio, ou le scandale des pédéblogues du moment à propos du bareback (Dustan allait mourir un peu plus tard cette année), ou simplement se souvenir que Clara Sheller est sortie à ce moment et que ça a été un truc très important pour les gays à l’époque (et 101 commentaires !!) ou encore cette vidéo incroyable et totalement NSFW qui mêle chanson de Madonna et extraits de films pornos. ^^

Tout ça pour dire que mon blog est une boîte à souvenirs, comme ma vraie boîte que j’ai chez moi, ma petite mallette en osier avec plein de trucs dedans. On oublie plein de trucs, mais ce qui est là pour le moment permet de s’en rappeler un petit peu. ^^

Rangée des bagnoles

Un très bel article de Sacrip’Anne sur l’amour et ses prises de tête, mais pas que. C’est beau, c’est bien écrit, c’est exactement ce que j’ai dans la tête et qu’elle arrive à dire (j’admire ^^ ). Et il y a même les blagues acrimonieuses pour détendre l’atmosphère qu’on se fait dans notre tête (parce qu’on est nombreux dans nos têtes).

Je ne sais pas s’il a perçu quoi que ce soit, de son côté, à part peut-être « elle en fait une drôle de tête, pourvu qu’elle ne me vomisse pas dessus ».