Soleil d’hiver

Ce matin déjà, je me suis levé avec un beau ciel bleu, et cela faisait bien dix jours que ce n’était pas arrivé. Elle est bien jolie cette luminosité crue de l’hiver.

Il fallait absolument qu’on en profite le plus possible, donc direction le bord de mer à Beg-An-Tour (Doëlan). Il faisait assez beau mais la marée et les coefficients aidant, il y avait de belles vagues avec de belles couleurs « glaz ».

Et le soir pour le coucher de soleil, rebelote mais au Pouldu. On fait le petit tour classique, et on profite des vaguelettes illuminées par le soleil couchant.

Tout ça fait beaucoup de bien !! ^^

Et quand en plus, on est en bonne compagnie, et qu’on peut aussi se reposer au chaud. Hu hu hu.

Le bruit des bottes

Je ne sais pas si vous avez suivi ce truc incroyable qui se passe aux USA avec l’arrivée de Trump, de nouveau, au pouvoir. Mais c’est tout à fait similaire (et je mesure mon point Godwin après 37 mots seulement) aux autodafés (juste à l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933) et autres réécritures de l’histoire ou exposition de l’art dégénéré (Entartete Kunst en 1937) par exemple. Et puis c’est pas comme s’ils ne se mettaient pas à nous faire des saluts romains nazis à tout bout de champ. Nous avons tout bonnement un nouveau gouvernement qui fait supprimer les mentions de transidentité de tous les services publics en ligne ou encore les recommandations sur la PrEP qui a disparu du site web de la CDC1.

Ces obligations d’invisibilisation ont aussi été propagées sur les sites internet des National Park Services où dorénavant les trans sont gommés (via un skeet de Xavier) de notre réalité et notre histoire, et y compris concernant un Monument National newyorkais depuis 20162 : Le Stonewall Inn (la photo ci-dessus est celle de mon dernier passage là-bas en 2013, c’est une sorte de pèlerinage majeur pour moi).

Et donc voilà ce que ça donne : ce n’est plus LGBT mais LGB !

C’est d’autant plus choquant alors que le Stonewall en 1969 était largement fréquenté par des personnes travesties et transgenres, et ce sont ces personnes qui étaient déjà les plus discriminées, et qui ont été les fers de lance de notre propre émancipation actuelle.

C’est le pouvoir aussi fascinant que terrifiant que notre monde numérique, celui de pouvoir changer l’histoire d’un simple « chercher / remplacer » sur des centaines de bases de données. Et c’est évidemment à Elon Musk que l’on doit une telle stratégie numérique de mainmise sur ces dispositifs digitaux officiels qui sont des sources de confiance et des repères immuables pour tout un chacun.

Cet exemple n’est qu’un tout petit minuscule effet de cette politique offensive de renormalisation de la société, et elle voit se relever les mœurs les plus rétrogrades érigées en commandements sacrés pour tous et toutes.

Christina Pagel a justement publié un texte très intéressant qui résume tous ces changement en mode Blitzkrieg, et leurs impacts délétères majeurs sur la société américaine, mais au-delà aussi sur cette affreuse galvanisation de nos propres fascismes made in Europe en germination.

Je vous mets un fil de pouets Mastodon qui reprend en synthèse ses propos (je vous le mets en français, puis la VO) :

« Voilà donc comment meurt la liberté… »

Les 3 premières semaines de Trump ont été un déluge incessant d’actions. Il est incroyablement difficile de suivre le rythme.

J’ai passé en revue 69 actions et cartographié le schéma – montrant comment elles s’inscrivent dans 5 grands domaines cohérents avec les États autoritaires.


Les décrets de Trump, les prises de pouvoir de Musk, le démantèlement des institutions plus rapidement que quiconque ne peut le suivre, l’attaque contre la science, le savoir et les organismes coopératifs internationaux et les alliés font tous partie du manuel de l’autoritarisme.

J’ai également regroupé les actions dans un tableau pour illustrer cela.


2 livres (How Democracies die, The Road to Unfreedom) mettent en évidence les étapes clés pour éroder la démocratie :
Saper les institutions indépendantes
Affaiblir l’opposition
Démanteler les protections sociales
Se retirer des alliances internationales
Instrumentaliser le nationalisme
Saper la science
Saper les élections libres (y compris la désinformation)


** Presque toutes les actions que Trump a entreprises au cours des trois dernières semaines correspondent directement à ces étapes. **

Applebaum dans son livre de 2020 « Twilight of Democracy » avertit que les démocraties deviennent incroyablement fragiles une fois que leurs élites abandonnent les normes démocratiques…

Trump n’a jamais aimé les normes démocratiques mais les respectait (parfois) en paroles lors de son 1er mandat. Dans son 2ème mandat, il se délecte de les détruire.

Tous les Républicains qui résistaient ont depuis longtemps disparu. Les autres ont soit embrassé le chaos, soit choisi la complicité.

De nombreux Démocrates semblent paralysés.

Pendant si longtemps, les États-Unis ont été le principal allié du Royaume-Uni et de l’Europe, la voix la plus forte pour proclamer sa démocratie.

Mais les États-Unis sont maintenant une menace pour l’économie mondiale, la santé mondiale et la stabilité mondiale. Plus tôt cela sera reconnu, mieux ce sera.

Nos dirigeants semblent paralysés, incapables de parler des États-Unis dans le même langage qu’ils utilisent pour les pays traditionnellement hostiles, espérant que l’œil du tyran les épargnera.

Avant de pouvoir agir face à une crise, il faut reconnaître qu’on y est – il est temps pour nos dirigeants, et nos médias, de se réveiller

La version originale pour les anglophones. ^^

« So this is how liberty dies… »

Trump’s first 3 weeks have been a relentless flood of actions. It’s incredibly hard to keep up.

I’ve gone through 69 actions & mapped out the pattern – showing how they fall within 5 broad domains consistent with authoritarian states.


Trump’s executive orders, Musk’s power grabs, dismantling institutions faster than anyone can track, attacking science, knowledge and international *cooperative* bodies and allies are all part of the authoritarian playbook.
I’ve also grouped the actions in a table to illustrate this.


2 books (How Democracies die, The Road to Unfreedom) highlight key steps to erode democracy:
Undermine independent institutions
Weaken the opposition
Dismantle social protections
Retreat from international alliances
Weaponise nationalism
Undermine science
Undermine free elections (inc misinfo)


** Almost all of the actions Trump has taken over the last three weeks map directly onto those steps. **

Applebaum in her 2020 book « Twilight of Democracy » warns that democracies become incredibly fragile once their elites abandon democratic norms…

Trump never liked democratic norms but did (sometimes) pay lip service to them in his 1st term. In his 2nd term, he is revelling in burning them down. Any Republicans who resisted are long gone. The rest have either embraced the chaos or chosen complicity.

Many Democrats seem frozen.

For so long the US has been the core UK & European ally, the loudest voice in proclaiming its democracy.

*But the US is now a threat to the global economy, to global health and to global stability. The sooner this is acknowledged the better.*

Our leaders seem paralysed, unable to talk about the US in the same language they use for traditionally inimical countries, hoping that the bully’s eye passes them over.

Before you can act on a crisis you have to recognise you are in one – it is time for our leaders, and our media, to wake up.

  1. Un juge fédéral a ordonné un retour en ligne de ces informations hier. ↩︎
  2. Le bar est inscrit au Registre national des lieux historiques en 1999 et désigné site historique national en 2000, puis monument national en 2016 par Barack Obama ↩︎

Transhumance féline

Regardez-moi cette petite malheureuse !! Et c’était un parcours très stressant pour elle avec le tramway, puis la gare et enfin le TER, puis la voiture jusqu’ à la maison. Mais bon, le chéri est à Clohars depuis dimanche dernier avec Sookie. Et moi je gardais Arya à Nantes. Et donc j’ai fait Nantes/Quimperlé en TER avec ma petite anxieuse, mais qui n’a pas miaulé à la mort au moins.

Mais bon, à peine étions-nous arrivés en Bretagne et à la maison, elle a rapidement retrouvé ses marques, aucune inquiétude.

Et ma petite Sookie m’accompagne sagement depuis ce matin, en télétravail sur un bureau dans une chambre, sur une couette bien chaude en me jetant des petits regards invitant à la sieste.

La pie voleuse (Robert Guédiguian)

Je ne suis pas un grand connaisseur du cinéma de Robert Guédiguian, mais j’avais, comme tout le monde, aimé Marius et Jeannette, et surtout il y a une dizaine d’années beaucoup apprécié les neiges du Kilimandjaro. J’étais content de renouer avec cette bande de comédiens, Ariane Ascaride en tête que je trouve une superbe actrice, et le regard du cinéaste marseillais sur cette ville qu’il magnifie.

Le sujet du film me plaisait bien aussi avec cette auxiliaire de vie qui s’occupe de personnes âgées, et qui pique deux trois trucs dans la caisse, ni vu ni connu, tout en étant sincèrement très investie dans son travail et le soin donné aux personnes. En plus, nous sommes dans le quartier de l’Estaque et c’est l’occasion d’avoir un petit échantillon, en plein hiver nantais neurasthénique, de cette extraordinaire lumière marseillaise qui rassérène en elle-même.

Et on est bien servi, car Robert Guédiguian filme toujours aussi bien les comédiens et leur écrin marseillais, donc on profite bien des paysages, et de cet urbanisme côtier très particulier. L’histoire aussi se passe plutôt bien, et j’ai été plutôt rapidement bien pris dans cette intrigue de menus larcins (mais pas si menus) pour un rêve par procuration un peu fou, et une jolie galerie de personnages secondaires. J’ai notamment bien aimé le personnage de la fille, interprétée par Marilou Aussilloux (dont la beauté et le sourire irradient l’écran), et Grégoire Leprince-Ringuet qui n’est pas un comédien génial (je reste sur les chansons d’amour), mais à qui la barbe va… plutôt bien. ^^

L’énorme problème c’est qu’en plein milieu du film, alors que le pot aux roses est en train de se découvrir, on a une intrigue secondaire, amoureuse, très étrange et malaisée. Et le film ensuite patauge avec des trucs pas crédibles, presque bancal, autant dans cette soudaine idylle que dans le déroulé d’une plainte et d’une enquête sur les actions frauduleuses d’Ariane Ascaride. Et alors que le réalisateur ne sait plus comment faire pour se sortir de ces péripéties abracadabrantesques, bah salut le film est terminé. On retire la plainte, boum, tout est bien dans le meilleur des mondes, et on n’aura même pas le fin mot sur le coup de foudre qui marche sur trois pattes.

Et vraiment la rupture est très visible, gênante et drôlement maladroite, car on a une scène que j’aime beaucoup avec Marilou Aussilloux, qui avec beaucoup de candeur et lucidité, explique ce qu’il s’est passé, et décrit ses parents en mettant en exergue, au-delà des problématiques d’argent, un vrai phénomène de société et, je pensais, un tournant du film vers le vrai sujet. Mais non deux secondes plus tard, elle se tape Grégoire Leprince-Ringuet1 en mode :

Donc c’est dommage, c’était une fable sociale qui aurait pu avoir son intérêt, et en retrouvant le couple Ariane Ascaride / Gérard Meylan qui fonctionne plutôt bien, il y a des atouts. Mais ça ne mène à rien selon moi avec un vrai énorme problème d’écriture…

  1. On ne lui en veut pas, ça tombait malgré tout sous le sens, et on s’identifie bien au personnage. ^^ ↩︎

Les clichés ont la vie dure

Evidemment qu’on n’a pas en France de statistiques ethniques et pas non plus de statistiques sur l’emploi des LGBT. Mais Baptiste Coulmont le petit sociologue malin et champion des inférences statistiques a simplement pris les données du recensement. Et que se passe-t-il si on regarde les professions des personnes en couple avec des personnes de même sexe puisque le recensement ne recode plus le sexe du conjoint (ou de la conjointe) quand le couple est de même sexe.

Bon bah énormes surprises hein !!? OU PAS !!! Mouahahahaha. ^^

C’est la beauté des clichés et caricatures, ils reposent rarement sur des phénomènes complètement illusoires et infondés. ^^

Skyline nantaise du soir

J’aime vraiment cette vue du profil typique de la ville de Nantes, qui est bien visible de la gare, lorsque je la traverse en allant et rentrant du boulot. On y voit de gauche à droite : la Tour LU, le château des Ducs de Bretagne, la Tour de Bretagne et la cathédrale. Au coucher du soleil bien sûr, c’est particulièrement joli. ^^

Sinon je ne vous ai pas montré ce week-end, mais nous avions la visite d’un ami, et Arya a trouvé sa position idéale : à ronronner sur ses genoux, tout en étant près d’un truc électronique. Dès qu’elle voit un téléphone ou un PC, il faut qu’elle se couche dessus. Là c’était le combo parfait. Huhu.

Dans une prison de Mexico City circa 1935

Un ensemble de photographies de mexicains, prétendument arrêtés pour homosexualité en 1935, fait partie de la collection de la Photothèque Nationale de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire (INAH) au Mexique. Ces images proviennent de la prison de Lecumberri à Mexico.
On sait très peu de choses sur les détenus eux-mêmes, si ce n’est que ces photos ont été prises dans cette prison tristement célèbre pour ses conditions inhumaines. Jusqu’en 1976, les hommes homosexuels y étaient souvent emprisonnés dans le pavillon J, ou « Jota ». Le terme « joto », dérivé de cette lettre, reste un terme homophobe courant au Mexique.

Traduction du début de l’article d’où viennent les photos.

J’ai vu ces photos sur Insta, et j’ai cherché quelques références complémentaires, mais ça tourne en boucle. Néanmoins, je reste fasciné par ces photographies nonagénaires qui figurent ces types plus fierce et Yassss Queen que jamais. Je ne sais pas si c’était de la déconnade alors qu’on cherchait à les ficher, ou s’il y a autre chose derrière, mais j’aime tellement leur attitude bravache et espiègle, avec des poses que ne renieraient pas des Queens d’aujourd’hui.

Ma petite émotion queer et positive du jour. ^^

IMMERSIA – Au fil de l’eau, la lumière (église Notre-Dame-de-bon-port de Nantes)

On avait vu les pubs pour ce spectacle depuis quelques temps, mais on était franchement hésitant, parce que l’atelier des Lumières par exemple ce n’est pas du tout notre truc, et qu’on voit parfois à boire et à manger sur des shows de mapping vidéo lors de certains spectacles (mais avec des trucs tops parfois). Là c’est assez onéreux en plus, et j’avais un peu peur d’un truc pas à la hauteur, trop court ou neuneu. Mais non, c’était plutôt sympa et agréable. ^^

C’est un spectacle son et lumière de 45 minutes avec un son très enveloppant, et 360° de vidéo y compris sur les interstices de cette gigantesque église et son dôme emblématique. On est sur un classique mapping vidéo très précis qui met bien en valeur l’architecture du lieu, et une belle perfection dans la coïncidence entre le virtuel et le réel. L’entrée est assez cool avec une ambiance tamisée et un éclairage à la bougie simulée qui fonctionne très bien. On des niches un peu partout avec des tas de bougies qui éclairent l’endroit dans une ambiance gothique et médiévale très idoine.

Et le spectacle en lui-même est vraiment très bien exécuté. En revanche, c’est un de ces machins qui ne prend aucun risque, et laisse un petit goût d’inachevé. Il y a notamment une voix off mais qui dit vraiment des banalités affligeantes qu’on trouverait sur des e-cartes-postales des années 90 avec des chats qui ont les yeux qui scintillent des affirmations en comic-sans qui défilent. Franchement si c’est pour dire des trucs aussi vaguement spirituels qui frisent le New-Age pour ne pas être religieux mais l’évoquer dans le dire clairement… Pffff. Et surtout rien sur l’architecture du lieu qui aurait pu au moins avoir un intérêt culturel ou historique. Je crois que j’aurais préféré un truc qui assume plus justement le lien religieux, quitte à être un peu prosélyte.

J’aime beaucoup notamment toutes les références à l’ancien testament de l’église et son lien avec la mer et les marins (d’où son nom). Les 4 piliers majeures de l’église sont au nom de 4 femmes importantes de l’ancien testament : Bethsabée, Esther, Abigaïl et Ève. En complément avec Notre Dame dans un rôle de protection des marins, j’aurais trouvé ça très cours de caté le samedi soir en thématique, mais bien plus intéressant que les propos lénifiants qu’on a pu entendre.

Mais sinon, la musique est plutôt cool dans le genre piano minimaliste avec envolées lyriques (encore une fois le truc qui doit plaire à tout le monde donc du Clayderman amélioré ^^ ) qui colle bien aux vidéos qui vont de l’abstrait soulignant les courbes architecturales, à un intérieur d’église plein d’or et de vitraux imaginaires, en passant par des impressions d’eaux qui montent et débordent, des étoiles et constellations qui défilent.

On y voyait aussi un effet sympa avec des tissus blancs diaphanes qui flottent dans les airs animés par un gros ventilateur, et éclairés par des nuances et motifs colorés. Comme ce sont des objets réels qui sont ainsi « augmentés », ça fonctionne assez bien dans un tel grand espace, et ça rajoute aux impression créées par la vidéo.

Et enfin, les effets dans le dôme en lui-même étaient plutôt bien négociés, avec surtout des projections de constellations ou de l’écliptique et du zodiaque.

Donc voilà, pas le spectacle de l’année, mais franchement sympathique et très agréable à expérimenter. Donc mieux que ce je pensais, mais il y aurait tout de même tellement plus intéressant à faire en termes de narration, d’approche culturelle et pédagogique, ou même de lien plus assumé avec un tel édifice religieux (que ce soit pour le côté biblique, spirituel ou simplement architectural).