30ème Marche des Fiertés de Toulouse

Il y a cinq ans, Matthieu Jeanneau avait réalisé la plus belle affiche qui soit pour une Pride. Mais nous étions en 2020, et donc comme la plupart des marches des fiertés, celle de Toulouse fut également annulée pour cause de COVID. J’étais vraiment triste pour lui et pour tout le monde que l’affiche n’ait pas eu l’opportunité d’être plus largement diffusée. Mais cette année, pour ses 30 ans, Toulouse a sollicité Matthieu de nouveau, et il a pondu cette petite merveille.

Il est doué le bougre puisque c’est encore une œuvre photographique formellement épatante, mais surtout une composition magnifique et puissante qui met en avant l’inclusion et nos luttes de la plus belle des manières. On y reconnaît même un autre Matthieu qui joue dans un club de rugby toulousain, et dont les courbes sont parfaitement reconnaissables et lui indéniablement callipyge. ^^

Reflet de l’âme et profil de consommation

Alors évidemment cela part d’un service de photos en ligne payant qui se focalise sur le respect de la vie privée, mais ce site propose d’utiliser un service Google qui permet de sortir à la volée des données de ciblage publicitaire à partir de photographies lambda.

Voilà par exemple ce que ça donne pour moi :

Imaginez ce que ça peut donner en inférant les données de plusieurs images, voire de tous vos albums personnels ? Eh bien, c’est un profil absolument irréfutable et précis de qui vous êtes, de votre catégorie socio-professionnelles et surtout (car il n’y a rien de plus important que cela) de vos appétences de consommation dans tous les domaines. ^^

Thunderbolts*

Alors ok, après toutes les merdes accumulées ces dernières années, qui ont d’ailleurs redonné un peu de galons aux Éternels1, on est sur un film qui, comme les critiques, est assez potable pour qu’on puisse s’en faire l’agréable remarque. Le truc se regarde plutôt sans douleur ni déplaisir, et est un divertissement Marvel qui redresse un chouïa la barre. Mais bon, on ne va pas plus en faire un panégyrique.

Disons que dans l’absolu, l’aventure Marvel avec des méchants qui se retrouvent alliés pour combattre un super-vilain fonctionne avec les ressorts habituels : de beaux combats, de l’humour et quelques effets spéciaux. Mais le problème c’est quand on le compare au Suicide Squad de 2021, bah c’est beaucoup moins drôle et barré. Et pourtant on voit bien que ça joue sur les mêmes gimmicks, mais c’est deux crans en dessous, et malgré un Red Guardians (David Harbour) qui cabotine à mort, ça reste un peu plat pour moi. Et pourtant on a une Florence Pugh qui est vraiment excellente, et qui fait en partie la bonne tenue du film, surtout si on compare au catastrophique Black Widow.

Mais ensuite, on se récupère le Winter Soldier, John Walker le Captain America du pauvre et la méchante de Ant-Man et La Guèpe, donc pas la crème de la crème non plus… Et cette pauvre Olga Kurylenko qui avait déjà été suffisamment malmenée dans Black Widow nous fait un caméo pour se faire tuer en deux temps trois mouvements. C’est terrible !!!

Mais on a un super-vilain, un garçon paumé qui devient Sentry, qui n’est pas inintéressant dans son histoire et son personnage, et avec Julia Louis-Dreyfus qui tient bien son rôle de méchante institutionnelle, manipulatrice et veule, cela avait un certain potentiel. En plus, Sentry (qui est en réalité la facette super-héros du personnage) est plutôt un grand dépressif qui décide de plonger le monde dans le néant (son nom de super-vilain est The Void) après une crise existentielle. Toute cette section avait en réalité un joli potentiel également, puisqu’on est dans la tête des héros qui tentent de lutter, un peu à la manière de « Légion« , contre un vilain qui joue en plongeant les héros dans des univers mentaux et des constructions psychologiques jouant sur les fragilités des uns et des autres.

Mais cette séquence est expédiée en quelques minutes, et bam c’est la fin du film. ^^

Donc ça se regarde gentiment, et ce n’est pas complètement raté. Mais c’est tout quoi.

  1. C’est dire !! ^^ ↩︎

Plutôt ça que de perdre son règne

Maintenant on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles comment la planète va mourir, non pas comme une probabilité mais comme l’histoire du futur. On leur dirait qu’on a découvert des feux, des brasiers, des fusions, que l’homme avait allumés et qu’il était incapable d’arrêter. Que c’était comme ça, qu’il y avait des sortes d’incendie qu’on ne pouvait plus arrêter du tout. Le capitalisme a fait son choix : plutôt ça que de perdre son règne.

Marguerite Duras, Le Matin, 4 juin 1986.

Source :

Cela paraît presque avant-gardiste même si le réchauffement climatique est un phénomène scientifique qui est analysé depuis bien avant, et que l’ensemble des dogmes économiques humains sont à peu près alignés sur une destruction systémique de la planète. Mais dans les mots de Duras, cela a une saveur particulièrement agréable et encore plus nihiliste. ^^

La lecture de l’ensemble de l’article est d’ailleurs édifiante, je vous la conseille.

Tempus fugit

Je ne peux que constater la même chose, et c’est triste mais bel et bien réel et inexorable bien sûr.

Et dans un nombre désolant de cas, les nouvelles qui me parviennent un jour sont des nouvelles de type Tu ne savais pas ? Mais c’est fini depuis x mois pour lui. S’ensuivent quelques mots évoquant un accident, une maladie, ou depuis quelque temps le grand âge (2).
[…]

(2) Désormais des ami·e·s « un peu plus âgés » que moi, avec ma façon très relative de percevoir le temps qui passe, et qui peuvent avoir allez, vingt ans de plus, pas grand chose à mes yeux dès lors qu’il s’agit d’amitié, hé bien voilà, ils ou elles sont vraiment âgés et parvenu·e·s à l’étape où une fin de vie peut survenir simplement parce que c’est fini. Les rides je m’en fous, les cheveux blancs, c’est juste normal, la fatigue et le ralentissement, je fais avec, mais ça, je ne m’y fais pas.

Extrait du blog de Gilda « Traces et trajets » : Ce qu’une absence de nouvelles cache hélas parfois

By the river

Ce week-end, j’étais donc à Paris, mais surtout chez ma maman à Osny où nous fêtions son 75ème anniversaire. Je suis allé faire mon petit tour traditionnel vers la Viosne, et avec le soleil et les pousses tendres, cela lui donne des aspects amazoniens (ce qui est très drôle quand on sait où on est… une mince bande forestière entre la route et la voie ferrée).

En allant et revenant de Paris (par la gare Saint Lazare), on est passé par le pont ferroviaire d’Asnières devant cette vue de la Défense que j’aime bien, avec l’île de la Jatte devant. Cela donne à la Défense et ses gratte-ciels un petit air de Lower Manhattan.

Et puis, on a aussi profité d’être à la maison pour faire des câlins à Obi-Wan qui ne demande que ça. ^^

Et puis dans nos balades vexinoises du week-end, nous sommes allés à Auvers-sur-Oise où je ne suis allé que très peu, et je n’avais jamais vu l’église peinte par Vincent Van Gogh, ni sa tombe. Voilà qui est fait !!! ^^

Mais me voilà déjà rentré à Nantes, et j’ai été bien accueilli. ^^

Ce fut un week-end bien occupé !!!

NTO × Sofiane Pamart present : Forever Friends (Phantom)

J’allais écrire que j’étais un vieux de la vieille de l’électro, mais c’est ridicule, car on trouve toujours des générations précédentes et suivantes d’un courant artistique quelconque. L’électro c’est un peu plus délicat, car on a beau trouvé des antécédents, il y a une limite tout de même dans l’invention même de l’électronique qui n’est pas si ancienne. Huhuhu.

Donc si mon père était un féru de Vangelis (tiens cela me rappelle cette histoire d’ailleurs !) ou Jean-Michel Jarre, et que j’ai été abreuvé de ces nappes électros dès mon jeune âge, moi ce sont les années 90, lors de ma vingtaine, qui m’ont touché ! De Carl Cox à Manu le Malin en passant par Laurent Garnier, j’ai été complètement happé par la house et la techno des années 90 (et mon éclectisme légendaire m’a fait aimer beaucoup de courants différents). J’ai fréquenté les free parties des forêts d’Île de France, et il me fallait une sacrée jeunesse pour tenir le coup sans rien gober1. ^^

Le gros de cette période est passée pour moi, mais j’en garde une certaine assuétude pour la musique électronique. Et ces dernières années, j’ai vraiment accroché à NTO. Cet Anthony Favier (1985), qui a une page Wikipédia seulement en Allemand ( ^^ ), est un DJ et créateur/producteur de musique électronique en pleine ascension depuis son album Apnea en 2021. Et là il s’associe au pianiste Sofiane Pamart (qui lui a une page en français) pour un tout nouvel album : Forever Friends.

J’ai bien aimé ce mélange qui rappelle des trucs comme le célébrissime Children de Robert Miles (1995). Mais c’est assez casse-gueule comme assemblage, car ça peut aussi vite faire Rondò Veneziano. Mouahahahahahah. Et là c’est vraiment réussi avec une production particulièrement qualitative et des accords très harmonieux entre le piano et les nappes électroniques.

Loyalty – NTO + Sofiane Pamart

Mais il y a aussi des collaborations où le côté dansant reprend sur le côté tripant, et ça rend vraiment super bien. C’est un peu la raison pour laquelle, j’avais très très très envie d’écouter cela en live avec un public et une bonne acoustique.

Bagarre – NTO + Sofiane Pamart

En revanche, c’est très drôle car quand j’ai pris les places, je n’ai vraiment pas fait gaffe. J’ai cru que c’était un concert à Bercy standard, et je n’ai réalisé qu’il y a peu de temps que c’était une vraie soirée en mode « boîte de nuit » au club « Phantom » qui se trouve en-dessous du POPB de Bercy !! Et le concert des deux artistes c’était de 1h30 à 2h30. Donc obligé de faire mon d’jeuns et de me faire une soirée en boîte comme avant.

C’était une chouette découverte que le Phantom qui est un club immense, avec un son correct et de bonnes lumières.

Le système de miroirs monte et descend et cela produit des effets d’optique sympas où le public se reflète.

Evidemment, j’ai testé le selfie via ces miroirs. ^^

Il y a d’abord eu un set très sympa de Romain Garcia qui a très bien su mettre l’ambiance et chauffer la salle pour la suite.

Et vraiment avoir l’album réinterprété en live par les deux compères, NTO et Sofiane Pamart, était une très chouette expérience. En étant complètement englobé par le son, avec l’ambiance des gens qui guinchent autour, et surtout avec NTO aux manettes, cela donnait des morceaux hyper dansants, rythmés et avec pas mal de montées qui m’ont bien plu. La complicité entre les deux est manifeste, et cela transparaissait dans le concert. Entre les stances au piano qui sont très minimalistes, et dotées d’un certain lyrismes à la Max Richter ou Wim Mertens, on a ces montées électros qui viennent cueillir ensuite tout le public.

Mais purée parlons-en du public ! Je ne suis vraiment pas habitué des soirées hétéros, et là clairement c’en était une. Et j’ai vraiment pensé aux vidéo du Tréma (Est-ce que les hétéros vont bien ?) pendant la soirée. Hu huhu.

Cela contrastait aussi pour moi avec les soirées électros qui sont pour moi pleines de gens perchés qui sourient constamment et sont très agréables. Là c’était vraiment de la viande saoule, et beaucoup moins affable. On était vraiment avec des filles qui ne sourient pas, parce que j’imagine que sinon ça attire les mecs. Et des gars qui ne sourient pas non plus, car ça doit sinon sans doute faire pédé. Et les couples avec le mec derrière et la fille devant totalement protégée par son gardien (d’ailleurs la plupart du temps, il pose ses bras autour d’elle), c’est une image que je pensais tellement « siècle dernier », mais elle est fort vivace donc. Et donc de nos jours, on a encore droit à des meufs qui s’invectivent, et leurs mecs qui commencent à se prendre la tête…

Bon, clairement ce n’est plus pour moi ces soirées de jeunes. Je le savais déjà, mais en plus les jeunes hétéros, C’EST PAS POSSIBLE2 !!

Mais bon, ça m’a convaincu de retourner malgré tout faire quelques vraies soirées électros sur Nantes, je devrais me trouver cela facilement.

  1. C’est mon truc vous savez. Je n’ai jamais pris de drogue de ma vie, y compris alcool ou cigarette. J’en ai parlé il y a vingt ans, justement en évoquant ces free parties. ↩︎
  2. Tout cela à lire avec beaucoup de dérision et de second degré évidemment. ^^ ↩︎

Commémomisération

Virgile joue régulièrement lors de commémorations dans sa ville, et il subit donc aussi les discours des édiles en question. Il raconte tout cela avec son habituel talent, clairvoyance et bon sens. ^^

La nation fracturée ? La faute à qui ? Le fond de la pensée de droite, et j’insiste là-dessus, c’en est vraiment une composante essentielle, c’est d’inventer constamment des critères pour déterminer qui est « in » et qui est « out ». La couleur de peau, la religion, l’orientation sexuelle, le corps (masculin contre féminin, valides contre invalides), la position sociale (travailleurs contre chômeurs), le moyen de transport favori (bagnolards contre cyclistes), la bouffe (viandards contre végétariens)… Tout est bon pour trier et classer les individus et jauger lesquels sont dignes d’être de bons citoyens et lesquels ne le sont pas. Le vrai problème, c’est que quand elle en a le pouvoir, la droite met en place les politiques qui découlent de cette obsession du classement : elle vote des lois contre l’immigration, elle invente Parcours Sup, elle manifeste contre le mariage pour tous, elle interdit les compétitions sportives aux trans, elle interdit aux cantines de servir des repas végétariens, elle déconventionne l’enseignement privé musulman pour des broutilles quand l’enseignement privé catho frappe et viole littéralement des enfants, elle favorise un urbanisme anti-étrangers, anti-invalides, anti-pauvres ; tout en se gargarisant de la Laïcité et de l’Universalisme À La Française qui garantissent une égalité de traitement pour tous.

Extrait de l’article « Schizophrénie commémorative » de Virgile.

La scalabilité de l’alliance

J’ai beaucoup aimé ce post d’Aude C. qui explique par quelques anecdotes qu’il est toujours compliquer de se jauger à l’aune de sa propre mesure, étant donné que tout est très relatif dans ce domaine, et qu’on est souvent peu clairvoyant avec soi. Elle montre comme le féminisme ostensible et emphatique peut être perçu également par un tiers comme une marque de minoration d’autrui bien ordinaire, mais aussi ses propres biais ou faiblesses à d’autres occasions.

Et ça tombe bien, car on essaie de faire au mieux dans la vie de tous les jours, mais on a tous nos qualités et nos défauts. Il faut sans doute éviter de se prévaloir d’être bon en ceci ou en cela, surtout quand on parle d’alliés. Il vaut mieux laisser les personnes qu’on défend le faire pour nous. ^^