Évian-les-Bains

Il suffit de prendre un bateau depuis Lausanne, et hop en une vingtaine de minutes on peut aller à Évian qui a son petit charme. Cela ne casse pas trois pattes à un canard, mais le coin doit sa fortune à la marque éponyme, et ses eaux réputées depuis le 18ème siècle. Donc on y trouve quelques très beaux édifices Art Nouveau (dont la « buvette » en cours de rénovation qui vaudra le coup d’œil une fois terminée, methinks). Il y a aussi LA source à laquelle on peut s’abreuver, avec un joli dispositif historicomercatique. ^^

Plus intéressant, on peut grimper sur le mont qui est au-dessus de la ville, et notamment grâce à un ancien funiculaire de 1913 assez impressionnant (un vieux truc à crémaillère à la mécanique bien huilée). On a un chouette panorama sur Lausanne qui est en face, et les montagnes qui commencent à apparaître.

Cathédrale Saint-Pierre de Genève

Bon c’était vraiment histoire de parfaire ma collection car on n’a même pas pu y entrer (il y avait un concert). Mais même de l’extérieur, cette façade néoclassique à colonnade n’est vraiment pas à mon goût. Pourtant depuis la marche des Fiertés, ça donnait un panorama qui donnait plutôt envie avec ses deux tours carrées.

Mais non, bof bof.

Marche des Fiertés de Genève

Par le plus grand des hasards, il y a une Pride pendant mon séjour suisse, alors ni une ni deux, c’est une excellente occasion de faire un tour à Genève, et de faire ma première marche des fiertés de l’année (après une année 2024, où pour la première fois pour moi depuis 1997, je n’ai pu en faire aucune1).

Le temps était, et est resté, assez incertain pendant toute la journée, et on a eu quelques averses orageuses, mais globalement un temps agréable et chaud. C’était marrant de participer à cette petite Pride, car c’était assez petit au final (le parcours et le nombre de gens), alors que c’est le rassemblement suisse LGBT par excellence. Et clairement c’est à l’image du pays, donc c’est gentil, propret et bien ordonné. Hu hu hu.

C’était un défilé très sympa avec ses drags, ses chars et des joyeux drilles, pour animer tout cela. Comme d’habitude, on note une participation très jeune et très féminine, ce qui est très très cool ! Et même si c’était très présentation, il y avait tout de même une caution « kink » avec une belle délégation puppies. Et comme dans n’importe quelle manifestation, concert ou rassemblement dans le monde entier, il y avait un DRAPEAU BRETON (associé à celui des puppies) !!! Hé hé hé. ^^

La manifestation se termine dans un parc (des Bastions) où il y avait un village associatif, de la musique et de quoi passer une bonne soirée ! L’ambiance était très chouette et festive !! On n’est pas resté, parce qu’on n’a plus l’âge, mais ça m’aurait beaucoup plu il y a quelques années !!

  1. Donc j’ai du rattrapage à faire !! ↩︎

La cathédrale de Lausanne et le lac Léman

Nous sommes pour quelques jours à Lausanne pour rendre visite à une amie très chère, et j’en profite car je n’avais jamais mis les pieds en Suisse !! C’est fou car je connais tout de même quelques francophones d’ici avec les Internets, mais je n’avais jamais eu (ou saisi) l’occasion de m’y rendre pour un peu de tourisme et découverte.

Evidemment tout commence par une cathédrale… Et surtout si la cathédrale est gothique, alors ça commence bien !!

C’est vraiment un très bel endroit qui est protestant depuis le 16ème siècle, ce qui explique peut-être qu’on puisse aller derrière l’autel ce qui était une première pour moi. Cela permet une belle photo de toute la nef, que je prends habituellement de manière parfaitement diamétralement opposée. Sinon l’intérieur est assez sobre, mais met plutôt en valeur une architecture imposante et grandiose per se.

J’ai beaucoup aimé cette petite partie de statuaire avec d’importantes traces de polychromie. Et aussi ce gisant, presque transi, d’un chevalier (laïc) : Othon Ier de Grandson (1238-1328, mort à 90 ans donc !) qui est en plein cœur du chœur et dont la sculpture du visage m’a impressionné.

Ensuite on est descendu dans la ville et on a suivi un parcours panoramique avec pas mal de vues du Lac Léman que l’on aperçoit d’à peu près tout Lausanne puisque les constructions sont sur des pentes qui plongent dans le lac. C’était une chouette balade malgré un temps très incertain qui nous a fait craindre le pire. Mais à part quelques gouttes et un ciel lourd, on avait une température agréable, et on a pu bien profiter de la marche.

Mais bon, lorsque j’ai voulu prendre en photo les environs du port d’Ouchy, il a fallu que je tombe là-dessus.

Je zoome. ^^

Bon, vous comprenez pourquoi je supprime les gens dans mes photos, hu hu hu. ^^

En arrivant à la fin de journée, avec un dénivelé de 2000 mètres (ressenti), on était vraiment crevé mais content de cette première journée suisse.

Dustan après 30 ans

Il n’y a pas longtemps je pensais que l’année prochaine : ça fera 30 ans que « Dans ma Chambre » de Guillaume Dustan est sorti. Et il y a peu de temps, Madjid a pondu un article sur Dustan. Cette synchronicité m’a fait sourire, et encore plus avec ce brûlot qui n’est pas exactement un panégyrique de l’écrivain. J’adore qu’il en parle avec des guillemets de ce Guillaume Dustan qui a été un fouteur de merde pas possible, qui a certes rué dans les brancards, et en a tiré une certaine gloire qu’il a également réussi à éclater par terre.

Et je suis d’accord avec ce qu’en dit Madjid, il y avait une certaine médiocrité chez Dustan et un truc bourgeois assez insupportable au fond. Mais surtout sa contribution directe au mouvement de « relapse » (relâche quant à la protection contre le VIH) pour une revendication du bareback (le fait de monter à cru soit baiser sans se protéger) qui était une affirmation très individuelle de la prise de risque a mis en difficulté tous les militants et militantes en lutte contre le SIDA. Et lui en tant que séropo voulait tout faire péter, en avait assez de porter cette honte de la maladie, et voulait que chacun prenne ses responsabilités, et lui aucune en l’occurrence.

Cela a conduit à une période assez sombre dans mon souvenir, avec une guerre fratricide assez violente entre « pro » et « contre », et des trucs assez fous comme des gamins qui demandaient à se faire plomber (contracter le VIH de manière volontaire et assumée) en fantasmant sur le don du VIH (les séropos étaient alors des donneurs valorisés pour leur cadeau). Il y a eu le développement de tout un imaginaire surréaliste autour de la maladie qui n’était plus mortelle grâce aux trithérapies, et qui, pour certains, était aussi un clan désirable, une sorte de culture gay ultime avec sa communauté, ses codes, son identité, une certaine liberté recouvrée (car rien ne pouvait arriver de pire), et une énième resucée en réalité du classique Eros et Thanatos.

Je pense aussi au roman de John Rechy qui m’a tant troublé, ou même à la mini-polémique d’il y a vingt ans1 qui avait vu un blogueur très « connu » se faire vilipender parce que soi-disant chantre du bareback (et ce n’était pas du tout le sujet). J’avais essayer d’apporter, avec mon expérience et sans doute mes humbles maladresses, mon propre éclairage à cette trouble période. Et la réalité c’était aussi ce relâchement général et cette lassitude qui nous engourdissaient tous. Et mettre un couvercle dessus, même avec le poids moral d’une prévention essoufflée le plus écrasant, ne suffit pas à retenir la pression qui croît irrémédiablement.

Et donc pour des personnes comme Madjid ou Lestrade, il a fallu lutter contre ce mouvement qui risquait la vie de bien des gens. Et ils ont bien fait je pense, le truc était trop grave et palpable. En revanche, cette parole si étrange et sulfureuse, même si l’imposture était manifeste, était là, et elle a marqué son temps. Oh c’était très léger et ça n’a pas duré. A peine de souvient-on d’un énergumène avec une perruque moche chez Ardisson, mais pour moi ce sont plutôt des romans troublant qui disaient des vies à la fois en résonnance avec moi, et parfaitement opposées.

Lorsque Dustan est mort, il était déjà complètement oublié. C’est dire si ça a été une apparition fugace et discrète, même s’il a imprimé une marque durable chez certains, et reste un horrible personnage pour beaucoup. C’est pourquoi c’était vraiment incroyable de voir une pièce (réussie) adaptée de son premier roman il y a cinq ans sur scène à Paris.

Je comprends qu’avec le recul de ces années, le personnage puisse avoir un côté inclassable, singulier et punk qui plaise, mais donc c’est bien d’avoir le son de cloche de Madjid qui est également très juste. Quant à moi, je ne peux pas choisir, je ne peux pas trancher. Je prends le connard et l’auteur, le queer et le bourgeois, l’émancipateur et le danger public comme un tout inaltérable, irréconciliable et paradoxal.

  1. Les réseaux sociaux c’était les blogs ! ↩︎

La prévention par l’exemple

Si seulement on avait des petites vidéos comme cela faites par le gouvernement pour expliquer le principe de « deep fake » et les stratégies d’arnaques en ligne qui deviennent redoutables grâce à l’usage de l’IA générative.

Source : The Travis Bible via Mastodon

L’auteur explique : I made this video to warn my parents about AI scams (And to test out Veo 3 to see first hand how these programs are evolving).

J’ai fait cette vidéo pour sensibiliser mes parents à propos des arnaques à base d’IA (et pour tester Veo3 pour tester l’évolution de ces logiciels par moi-même).

Donc il s’agit de la même technologie dont j’ai parlé il y a quelques jours. Et il faut avouer que cet exemple est encore une fois super convaincant. Il est particulièrement croquignolet de l’avoir utilisé pour démonter des « scams » et c’est très drôle qu’il en fasse lui-même la remarque à la fin en disant que l’on ne peut pas faire confiance à l’IA, mais il fait une vidéo avec de l’IA pour dire que ne pas croire les vidéos faites par IA. ^^

J’ai écouté pas mal d’épisodes du podcast de France Inter « Le code a changé » par Xavier de La Porte, et je vous le recommande, c’est souvent très fouillé, intelligent et remarquablement vulgarisé. Là c’est en lisant les recommandations d’Alex, que j’ai écouté les deux épisodes d’une série consacrée à l’IA qui sont diablement bien troussés.

Vraiment je vous encourage à les écouter, car Xavier de La Porte pose des problématiques passionnantes, et il consulte des experts qui expliquent relativement simplement les concepts scientifiques en œuvre. Le sujet du langage est fascinant, mais aussi celui de la limite de la connaissance des ingénieurs et chercheurs quant à la mise au point de ces grands modèles. Car il est notable qu’aujourd’hui, c’est tellement complexe que personne ne peut exactement savoir comment ça marche !! Et les mecs expliquent que oui c’est un truc qui fonctionne de manière empirique, on modifie des paramètres à l’instinct et on regarde ce qui fonctionne mieux, et on essaie d’éviter les régressions.

L’un des invités, le génial Alexei Grinbaum, explique aussi que les premiers modèles n’étaient pas satisfaisants, et que ça s’est mis à fonctionner vraiment quand on a eu quelques milliards de paramètres. D’un seul coup, bam le modèle s’est mis à être bon. Il rapproche cela du nombre de neurones que l’on a nous-mêmes dans nos cerveaux, comme si nous avions approché cette complexité, et que ça donnait un modèle capable de dialoguer avec les humains. Cela met aussi en exergue qu’une complexité grandissante permet aisément de nous dépasser, et que cette méthode permet aussi de dialoguer avec des chiens ou des baleines, il suffit d’un corpus de base suffisant. ^^

*Ajout du 02/06/2025 :*

En complément de tout cela, vous avez aussi Khrys qui a proposé les diapositives et le discours d’une conférence autour de l’IA, et c’est très bien fichu. C’est un joli recadrage épistémologique et les concepts sont à la fois très justement expliqués et illustrés de manière accessible et simple.