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Foot ou Céline Dion ?

Comment vous parler d’un cliché, sans en être un moi-même, ce n’est pas évident… On va essayer tout de même. ^^

Vous n’êtes pas sans savoir que j’ai changé récemment de job, et donc je savais bien qu’en intégrant une équipe un peu plus « technique et ingénierie », ça serait forcément des collègues un peu plus « moustachus et couillus ». Mais c’est toujours un choc de replonger au quotidien dans un tel cadre de référence.

Il y a donc très peu de femmes dans ce nouvel entourage de boulot, et vraiment on est dans une ambiance qui est juste totalement surannée pour moi. Ce n’est pas tant d’ailleurs que ce soit toxique ou malveillant, mais c’est en revanche maintes occasions d’écarquiller les yeux un peu dubitatif de tout ce qui est en train de se dérouler.

Et ce que je trouve fascinant/inquiétant/déprimant (rayez la mention inutile), c’est que tout cela est parfaitement transgénérationnel puisque mes collègues sont nés entre 2002 et 1968 (je suis dans les plus vieux, mais on est plusieurs ^^ ).

Cette ambiance très masculine donc se traduit par des interpellations à base de « ma poule » ou « mon poussin » uniquement entre mecs évidemment, et qui s’appuient par des remarques très viriles pour contrebalancer l’éventuelle incompréhension. (Hu hu hu.) Mais il y a aussi une surreprésentation extrêmement prégnante en conversation footballistique, mais alors prégnant quoi !! Et surtout, il y a toutes les métaphores du monde pour parler de cul en gloussant, et le plus drôle c’est quand on insinue qu’on s’encule d’une manière ou d’une autre (en s’asseyant sur un truc contondant, ou en passant derrière quelqu’un ou je ne sais quoi de plus inventif). Et ça glousse et caquète ensuite, mais comme au collège quoi. ^^

Ce n’est pas très grave bien sûr, blague de potache quoi… Mais cela me rend juste assez silencieux et discret, exactement comme les quelques femmes qui émaillent ce lieu de travail. Ils savent tous que je suis pédé, car c’est un truc que je dis très rapidement, dès que j’en ai l’occasion en tout cas (à peu près aussi vite que les collègues dégainent un « mes enfants », « ma femme », ou « ma copine » donc immédiatement). Et je remarque donc une exclusion assez immédiate, pas du tout offensive ou ostracisante per se, de ces échanges de garçons car j’ai rejoint tout naturellement le clan des filles. BREF MATOO EST DE RETOUR À L’ÉCOLE !!!

Bon ça ne m’empêche pas de m’exprimer ni d’échanger ou de plaisanter, car vraiment tout cela n’est pas pesant et omniprésent non plus. Allélulia. Mais j’avais vraiment l’impression que c’était un signe des temps anciens et que c’était vraiment totalement derrière nous. Bah non !

Et cette semaine, j’ai eu deux jours à Tours en déplacement pour un séminaire sur un sujet avec une quarantaine de… mecs (et 4 ou 5 femmes tout de même). On avait tout ce qui fait le charme de ces réunions avec un ice breaker et du team building, bref ces trucs auxquels je suis absolument allergique mais considérés comme des briques essentielles du boulot tel qu’on le voit aujourd’hui. Pour l‘ice breaker qui consiste donc à se présenter et mieux faire connaissance, il fallait apporter un objet qui nous représentait en forme de clin d’œil. Et là je vous le donne en mille, la moitié de la salle avait rapporté un t-shirt de son équipe de foot favorite. Mazette !!!

Pour le team building, donc l’activité sympathique pour nous détendre et faire de nous des grands potes, on m’avait parlé de bowling ou de karting, ou je ne sais quoi, que je redoutais donc comme les cours d’EPS dans les années 90. Et là quand j’ai vu que ça allait être un blind test musical, j’ai remercié tous les dieux de l’Olympe dans ma tête. On était réparti en équipes de personnes qui ne se connaissaient ni d’Ève ni d’Adam, et j’ai évidemment fait gagner mon équipe. Alors que les footeux rouspétaient qu’ils n’allaient rien y connaître (en effet), l’animateur encore plus vicieux a en plus imposé des thèmes improbables1.

Et j’ai gagné presque tout seul les quizz sur Céline Dion et celui sur les comédies musicales2. Mon équipe était ravie d’une telle érudition, et se demandait bien comment je pouvais avoir une culture générale aussi spécifique. LAULE !

Quand on est rentré au bureau, mes collègues ont évidemment vendu la mèche à ceux qui n’étaient pas à Tours, en vantant mes talents de caelinophile en rigolant de cela bien sûr. Et quand un collègue pour renchérir a demandé comment j’avais « fait », j’ai répondu narquoisement :

C’est le privilège de l’homosexualité, ça vient avec le package !

Et comme je m’en doutais, tout le monde s’est tu, gêné et confus par cette révélation qui n’en était pas une mais qui était sans doute une remarque trop assertive et franche pour une fille.

Après je vous assure que j’en fais des tonnes, car ce n’est pas du tout une ambiance dégueulasse, et ce sont des gens très très sympathiques et accueillants. Et je suppose que si j’étais dans une ambiance à 98% gay, et que je n’étais pas fan de Lady Gaga et de Drag Race, je pourrais aussi me sentir un peu « à part ». Mais je ne me doutais juste pas que ces comportements « mascus » de base étaient encore si inscrits dans les mœurs, et que dans un groupe où se concentrent des vrais mecs, au bout d’un moment on sent forcément un peu un olibrius. Mais j’ai toujours aimé être un type singulier, donc ça me va, et je n’ai pas fini d’ajouter mon grain de sel à ce plat un peu fade. ^^

PS : Mes collègues de télétravail, elles sont hyper cool et ouvertes d’esprit.

  1. Mais ça dépend pour qui. ↩︎
  2. C’est pour cela que quand on parle de clichés hein… ↩︎

0 réflexion au sujet de « Foot ou Céline Dion ? »

  1. Intéressant. J’ai deux exemples différents. Avec des amis gays, nous sommes partis en week-end l’année dernière et, lorsqu’ils ont voulu regarder RuPaul’s Drag Race un soir, je n’avais absolument aucune idée de quoi ils parlaient… Ils n’arrivaient pas à croire que non seulement je n’avais regardé jusque-là aucun épisode, mais que même le nom ne me disait rien. Ceci dit, je n’étais pas le seul dans ce cas. L’autre personne, c’était… mon mari :p

    Le deuxième exemple est beaucoup plus récent. Toutes les semaines, je danse le Ceroc (danse à deux). Il y a un cours, puis ils laissent la musique pendant 1h30 et on danse avec qui on veut. Traditionnellement, les femmes suivent et les hommes dirigent. De temps en temps, des femmes préfèrent diriger et, plus rarement, des hommes suivent. J’ai commencé à suivre cet été (du coup, pendant les cours, je me retrouve avec des hommes qui n’ont pas le choix, car ce serait très mal vu de refuser :-)). Mais finalement, certains me disent qu’ils aimeraient bien suivre aussi, et d’autres se sont carrément mis à suivre les cours suivants. La semaine dernière, un mec est même venu vers moi après le cours pour m’inviter à danser (il dirigeait et je suivais). Le plus intéressant, c’est qu’il est hétéro. Il était venu avec sa copine. J’ai trouvé ça rafraîchissant qu’un jeune trentenaire hétéro trouve tout à fait normal d’inviter un autre mec à danser alors qu’il aurait pu inviter une femme. Les temps changent rapidement, je trouve. Ceci dit, dans ce milieu (la danse), les mœurs sont sûrement plus fluides qu’à ton boulot, mais bon, j’étais content et je suis rentré chez moi avec un sourire 🙂
    Et la, je viens de me rappeler que j’étais censé te contacter en septembre avant que tu ne quittes Nantes. J’ai complètement zappé. Desolé.

    1. Ah mais j’espère bien que le monde change aussi en mieux, et merci d’en apporter un exemple concret !
      Si jamais tu passes par Rennes, tu sais que tu es le bienvenu !! :bisou: :bisou:

    1. Evidemment acquis, on ne nait pas avec la passion du foot. Et tu sais je pense que leur assuétude, qui est diamétralement opposée à mon rejet, sont dans les deux cas le résultat d’expériences de la vie. :clindoeil: :gene:

  2. Tiens, c’est marrant, j’avais l’impression que le parlage de cul en gloussant au taf était un truc du siècle dernier (peu importe que le milieu soit plutôt féminin ou plutôt masculin et whatever orientation sexuelle).
    Sinon, c’est curieux à mes yeux que le foot soit clivant, moi qui suis « née avec », même si je me suis fortement calmée après le Heysel.
    Ton billet me fait prendre conscience d’à quel point je me sens bien dans l’entreprise pour laquelle je travaille parce que lorsque nous avons un peu de temps pour nous parler, ça cause énormément bouquins, même les jeunes. Et ça fait tellement, mais tellement de bien.

    1. Mais moi aussi Gilda !! Parfois je suis étonné de la teneur même des remarques, qui ne se disent simplement plus (et tant mieux, on est au taf !).
      Je ne grogne pas sur ce manque de chance pour me sentir plus proche d’eux culturellement, il faudrait aussi peut-être que je fasse des efforts sur le foot après tout. C’est un cas de pas de chance ! Ils ne peuvent pas comprendre que le foot représente tout ce qui m’a fait tant de mal dans mon enfance. :gene:

  3. En te lisant, je réalise combien mon environnement professionnel en se féminisant beaucoup a bien évolué, le foot et le rugby n’y sont pas absents mais ça reste non graveleux. Et qu’avais-tu porté comme objet pour l’ice breaker ? :sourire:

    1. Et je trouve ça super qu’on parle de sport en plus, vraiment ce n’est pas dérangeant. Je suis plus un peu ennuyé par l’homogénéité des conversations qui m’excluent de facto. :rire:
      (Brice, tu t’exclues toi-même du mouvement !! Désolé, je me fais rire tout seul en me souvenant de cette réplique culte des Guignols entre Waechter et Lalonde.)

      Pour briser la glace, j’avais juste pris ma liseuse qui est toujours dans mon sac, et j’ai évoqué mon rapport à la lecture et l’écriture. ^^

      1. Tu sais, je vis dans un pays de rugby et ça ne m’intéressait pas du tout. J’ai fini par acquérir volontairement une culture minimale pour nourrir quelques conversations… Et finalement, j’ai fini par regarder à la télé et aller voir des matchs (très occasionnellement). :sourire:

        1. Ah mais je n’ai vraiment rien contre dans l’absolu, c’est juste que c’est associé à trop de gens vraiment pas gentils, et que j’en ai souffert depuis tout petit. Donc j’ai facilement fait une croix dessus, mais je comprends la passion ou même l’appréciation modérée. Un jour peut-être ça me parlera plus ! :gene: (Mais je crois que j’ai la même relation avec le sport que celle classiquement décrite par Churchill. :huhuchat: )

  4. J’ai travaillé dans un milieu à 80% féminin et, je confirme, on ne parle pas de cul. Ce n’est jamais notre première préoccupation. Et jamais de foot, sauf si l’une d’entre nous y joue et, dans ce cas c’est pour parler de ses matchs, de ses entrainements.
    Heureusement pour nous nous avons eu la chance d’avoir un garçon dans l’équipe et il a toujours amené le rire, les filles sont très, trop, sérieuses… Il a allégé l’atmosphère. Décentré les discutions qui auraient sûrement trop tourné autour des difficultés, des problèmes à régler.
    Je suis heureuse que l’ambiance de travail « machocentrée » ne te pèse pas.
    Mon fils Arthur, qui travaillait dans un atelier de mécanique (engins de chantier) a craqué, se sentant totalement isolé, décalé, effaré, outré, par les rafales permanentes de remarques sexistes, dévalorisantes, dénigrantes, contre les femmes, les homos, les noirs, les arabes, les assistés, les fonctionnaires, les… Il a fait un burn out…

    1. J’ai aussi été saoulé tu sais de bosser dans un environnement très/trop féminin où de nouveaux clichés viennent en remplacer d’autres (notamment ne parler QUE de ses enfants, mein gott). Je comprends Arthur (c’est l’haltérophile trop choupi là, c’est ça ? En plus il a tellement l’allure du gars bourru ^^ ), j’ai un exemple similaire avec un cousin de mon mari qui est militaire, mais qui n’est pas bas de plafond et qui déprime au quotidien dans un milieu raciste, homophobe et misogyne. :triste: :triste:

      1. Oui, c’est le trop choupi (sans me vanter mes quatre gars, et ma fille, le sont tous, trop choupi) non haltérophile (quel est le terme pour « celui qui fait de la force athlétique?)!

  5. Ça fait plaisir un tel témoignage. Ça me fait penser à mes années de théologie, entre « purs cathos », à me demander d’où ils sortaient, où ils vivaient, etc : qui étaient décalés, eux ou moi?

    H. qui se fiche éperdument du foot (son truc, c’est les frères Lebrun), me disait qu’il se tient au courant des matchs importants et des résultats pour ne pas s’isoler des conversations des équipes. En tant que cadre, il fait attention à ne pas paraître prétentieux ou snob. Problème de « classes » — ou de cases.

    De temps en temps, au café ou ailleurs, j’entends un mec dire « mon mari » (la dernière fois quelqu’un qui devait avoir plus de 70 ans) et je bénis le mariage gay qui permet de dire cela tranquillement.
    Je suis tombée sur une stat qui m’a affolée: 6% de la population mondiale vivrait dans un pays où le mariage gay est possible. J’oublie toujours que le chiffre est si bas. C’est une exception.

    Moi j’aime bien les icebreakers. Jamais je n’aurais imaginé un truc comme la moitié avec un maillot de foot… J’aime beaucoup le choix des autres, mais je suis très embarrassée pour moi.

    Tu es sûr que l’animateur n’était pas gay et qu’il ne le faisait pas exprès?

    1. C’est vraiment le côté systématique qui m’a perdu, sinon je peux comprendre la passion du foot comme celle du ping-pong (j’ai dû googler « frères Lebrun » :rire: ). Je vais faire comme quand je rentre à la maison et que je dois trouver un sujet de conversation avec mon frère (je google « PSG » pour avoir quelques trucs à lui dire). :mainbouche:

      Il avait un *je ne sais quoi* en effet l’animateur. LAULE !!

  6. Ces réalités qui fondent les clichés colportés et perpétués…
    Heureusement que l’ambiance n’est pas homophobe, mais elle reste quand même marquée par l’hétéronormativité.
    Pour l’Ice Breaker, tu avais apporté quel objet ? Un narval ?

  7. Hello, ben oui moi aussi je voudrais bien savoir ce que tu as amené ? c’est la question que je me suis posé en lisant, je vois que je ne suis pas le seul.

    Sinon, je vis dans le monde du transport et qui a quand même un peu évolué et du coup depuis 2013, je n’ai (presque) plus aucun de problème pour dire mon mari. Mais je préfère être dans le « vrai » monde que dans un monde protégé car sinon c’est la douche froide. De plus mon compagnon actuel est indonésien et oui je peux dire que l’on est extrêmement chanceux par rapport à d’autres, ce qui n’exclut pas le progrès bien entendu. Donc oui que 6 % de la population mondiale, ça ne m’étonne pas malheureusement.

    1. Oh mais moi je suis très ouvertement pédé, et ça rien ne me l’ôtera. :amitie:
      J’avais apporté ma liseuse tout bêtement pour parler importance de lire et d’écrire dans la vie. :clindoeil:

  8. Team building, tout ce dont j’ai horreur. De mon côté, « c’est compliqué » comme dirait le statut FB. Je bosse pour une très grosse boîte (mes collègues ne savent pas), cette boîte est un client de mon employeur (mes collègues ne savent rien non plus). Il faut dire que j’ai compartimenté au max et limite les discussions à la pluie et au beau temps. C’est ni très gay ni très gai mais j’ai la paix 🙂

  9. Pff, un t-shirt d’une équipe de foot pour se définir, c’est complètement nul et en réalité, ça ne dit rien du tout. Il faut être coincé pour rester sur un objet aussi impersonnel.
    (Et sinon, mon Papa est super calé en comédies musicales hollywoodiennes classiques, Gene Kelly et Fred Astaire sont ses meilleurs potes.)

    1. Bah non, je peux comprendre qu’on se passionne pour des trucs comme ça tout de même. Il y en avait un qui racontait son rapport avec son ticheurte des Girondins de quand il était petit et que son papa l’emmenait aux matchs. C’est juste le caractère omniprésent qui me décontenance. :mainbouche:

  10. « je google « PSG »  »

    C’est à ça qu’on voit le temps qui passe. Si tu étais jeune tu aurais demandé à ChatGPT 😀

    J’ai l’impression que c’est une constante, dans ma vie, en ce moment, ces moments où on se rend compte qu’à la fois on a bien avancé mais que… pas tant que ça, ou en tout cas ça reste fragile.

    1. Disons que les évolutions ne sont pas homogènes, et qu’on retrouve parfois des poches de résistance qui te font penser qu’on est dans un univers parallèle !! :rire:

      (Tu as trop raison pour chatGPT !! :gene: )

  11. Fichtre
    Ça m’a mis un coup sur la tête pour toi cette histoire
    Je crois que ce serait au dessus de mes forces personnellement ! May the force be with you mon cher :coeur:

  12. Arf.
    Je me rends compte que travaillant dans un environnement quasiment exclusivement féminin je n’ai que très peu ce « problème ».
    J’imagine, même si de part ta personnalité tu arrives à t’affranchir de cela, ça rappelle forcément des souvenirs pas très heureux.

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