Noir

En ce jour de solstice où la journée était la plus courte de l’année, c’est aussi la veille du Sol Invictus, où finalement les jours vont d’abord arrêter de raccourcir, et même commencer à s’allonger, petit à petit. Et pourtant c’est le premier jour de l’hiver, et le froid est censé devenir de plus en plus présent et mordant. Les arbres en mode nature morte n’ont pas fini d’étendre leur sombre ramage dénudé sur nos âmes esseulées (je fais du Mylène Farmer, ça marche hein ? ^^ ).

Bref, c’est un peu le retour de l’espoir, mais c’est toujours la grosse merde. Bientôt la guerre, l’IA qui nous mange tout cru, l’extrême droite au portes du pouvoir (avec beaucoup trop de pédés dans ce parti de nazillons), l’écologie qui pisse dans un violon, la biodiversité en décrépitude, les réseaux sociaux qui tuent notre société grâce à nous… Mais bon, on ne sait jamais, peut-être que tout cela se finira vachement bien. ^^

La cage au folles (théâtre du Châtelet)

J’ai pris des places en lisant de très bonnes critiques, et piqué par la curiosité d’une adaptation actuelle d’une telle œuvre : est-ce que la bouffonnerie moqueuse (et malgré tout extrêmement drôle) est devenu un « rions avec » plutôt qu’un « rions de », voire un truc un peu queer et modernisé ? Mais vraiment je n’avais rien lu de spécial, donc j’ai même découvert que le rôle titre était tenu par Laurent Lafitte en arrivant, ou que l’adaptation était d’Olivier Py. Donc vraiment, c’était la pure découverte !

A vrai dire, j’ignorais également que l’hymne LGBT I am what I am de Gloria Gaynor venait de cette comédie musicale (totalement béotien le gars ^^ ). Et c’est donc le thème qui revient pendant toute l’œuvre, ce qui fait qu’on a toujours un rappel mélodique très agréable et familier. C’est une production du théâtre du Châtelet, on peut donc aussi compter sur quelque chose de vraiment au poil et bien léché techniquement parlant, il y a des moyens et ça se voit ! D’ailleurs ce qui est le plus probant est sans doute ce décor gigantesque et tournant sur lui-même qui montre la devanture du cabaret, la Cage aux Folles, et qui pivote ensuite sur une belle scène de cabaret avec escalier monumental et lumières hollywoodiennes (un petit côté revue du Paradis Latin), mais aussi sur les loges sur 3 niveaux, ou l’appartement à la déco kitsch et gay du couple Albin/Georges. L’ensemble de la scène est occupé sur plusieurs étages, et l’occupation de l’espace est très bien fichue et assez impressionnante.

Il y a également du monde sur scène, avec les deux héros évidemment, mais aussi la troupe du cabaret qui forme un chœur de folles danseuses à plumes (plutôt que des travestis, on est sur des « girls »), et cela donne des numéros de groupe assez jolis et bien troussés.

Mais voilà le problème, ce que j’ai aimé, ça s’arrête là… Et c’est principalement parce que dès les premières minutes, j’ai été décontenancé par les choix artistiques ou d’adaptation, et que c’est reste en moi comme un « choc déceptif » pendant tout le spectacle. Et je suis ressorti hyper triste de cet état de fait, autant d’ailleurs parce que je voyais bien à quel point j’étais à contre-courant de la presse ou de la salle, à la fois hilare et applaudissant à tout rompre. Mais bon, je reste droit dans mes bottes. ^^

Evidemment l’histoire reste la même, et je ne pensais vraiment pas à une réécriture. D’ailleurs, autant c’était un problème dans la Cage aux Folles était la seule représentation « gay » pour mes parents quand j’étais gamin. Et donc le film a été un énorme problème sur la manière dont la caricature a été érigée en modèle unique, et a institutionnalisé la follophobie de la société avec le clown-folle en figure de proue. Mais aujourd’hui, il passe mieux parce qu’il est carrément « vintage » et qu’il est au milieu de tant d’autres choses. Donc je trouve qu’il se revoit très bien comme la comédie de la fin des années 70 avec d’anciennes valeurs et représentations, et on peut même voir avec un œil positif le couple représenté et la conclusion du film tout en tendresse pour eux.

En outre, Michel Serrault était un merveilleux Albin, et il fallait qu’il soit lui-même très très folle pour réussir à incarner comme cela Zaza ou avec la même trempe hilarante un assez peu viril Jules César1.

Mais nous sommes en 2025, et la comédie musicale avait déjà opté pour une approche un peu moins gauloise et misant plus sur l’acceptation de la diversité des relations amoureuses, donc soit on modernise, soit on date carrément le truc et on joue sur la reconstitution d’époque. Et là, je n’ai pas compris que l’on soit sur une représentation aussi datée et surtout avec un straight-gaze (et Olivier Py est aussi pédé que moi hein, et ce n’est pas un planqué) aussi manifeste (pour moi en tout cas).

Dès le début, et c’est un vrai choix artistique je trouve, on est sur un cabaret qui s’ouvre avec des travestis qui ont l’air de travestis en effet. C’est à dire l’idée que se font les hétéros des travestis, donc on doit voir que ce sont des mecs avec des perruques et du maquillage. Parce que les perruques ne sont pas très belles, et le maquillage très basique, et alors avec Laurent Lafitte en Albin c’est encore pire. On est vraiment sur le mec hétéro grimé. Et tout son jeu est comme cela selon moi, il singe, il mimique, il est clownesque. Il est exactement comme le mec hétéro beauf au bureau qui fait la folle en imitant le mec de la com un peu trop sensible.

Je pensais que ce serait plus sur une acception plus actuelle et moderne des cabarets comme Madame Arthur ou simplement même comme les shows drags qui sont légions aujourd’hui. Il y a tellement d’artistes drag qui auraient été géniales pour incarner les danseuses ou Albin. Et je m’attendais à vraiment cette nouvelle représentation, avec des maquillages incroyables et des apparences de créatures féminines qui dépassent l’entendement. Là non, on est toujours dans la moquerie du mec qui joue les divas, et c’est pour provoquer le même genre de rire, celui des hétéros. Alors ok, c’est un rire plus gentil et sympathique, il y a plus de commisérations sans doute, mais c’est à peu près identique aux rires gras des publics du théâtre de boulevard de 1978. Et ça, ça m’est resté au travers de la gorge.

Toutes les blagues de Lafitte lorsqu’il est dans le public m’ont fait juste roulé les yeux jusqu’au ciel. Cela sonne tellement faux, tellement Michou des années 70, et pourtant il y a des références qui se veulent plus modernes. Par exemple, c’était une bonne idée de mettre les futurs beaux-parents du fils en chantres de la manif pour tous, plutôt que de simple conservateurs. Mais alors, je ne comprends vraiment plus l’intrigue avec le fils qui cherche à faire se rencontrer ces personnes avec ses parents qu’il aime et qui sont clairement un couple de pédés. Et ne parlons pas de la dissonance du figurant avec son t-shirt Act-Up qui apparaît comme un cheveu dans la soupe. Le truc invisible pour tout un chacun, et qui interpelle quelques initiés, mais pour dire quoi ? On est dans les années combien en fait ?

L’adaptation était l’occasion de rendre ça vraiment moderne et queer, et d’avoir des représentations de folles d’aujourd’hui, car elles sont toujours là les folles, et elles peuvent toujours faire rire, mais on ne rit plus d’elles ! Elles peuvent être les plus belles et gracieuses des girls à plumes. Au lieu de cela, c’est un spectacle pataud qui joue vraiment encore sur les représentations d’antan, ou au mieux sur une vision aznavourienne du « comme ils disent ».

Et puis Laurent Lafitte chante très mal, et ça nuit carrément à la comédie musicale. Vocalement, même si Georges (Damien Bigourdan) essaie tant bien que mal de rattraper le coup, l’ensemble est assez faiblard selon moi, et en tout cas bien en dessous de productions anglosaxonnes vu au Châtelet. Même du côté des numéros de danse, et malgré l’énergie et les jolis costumes, ce n’est pas au niveau d’un show de cabaret, et surtout pas d’un show de Broadway.

Alors je ne sais pas si c’est ma frustration initiale qui m’a rendu l’ensemble aussi peu rutilant (c’est possible, je le reconnais), mais pour moi c’est un truc pour les CE et les clubs du troisième âge qui adoreront rire du monsieur qui fait la folle.

J’ai conscience d’avoir lu des critiques diamétralement opposées et de plein de pédés sur les réseaux sociaux ou même dans Têtu. Donc c’est peut-être moi qui suis devenu un terrible wokiste qui ne pense que non binaire et queer. Les messages de la comédie musicale qui se veulent justement très militants sont peut-être justement très utiles pour l’édification des masses, mais servis comme cela, ils ont pour moi un arrière-goût plutôt amère. Un peu comme un type avec une black face qui ferait un discours antiraciste…

  1. Dans le film de Jean Yanne : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982). ↩︎

Passage

J’aimais bien emprunter les anciens passages commerçants couverts de mon ancien quartier parisien, et en plein confinement c’était un certain privilège de les avoir juste pour moi, et cheminer à l’abris des intempéries pour passer d’un coin à l’autre du second arrondissement.

Il y avait bien le passage Pommeray à Nantes qui avait ses charmes, mais là-dessus les vestiges parisiens ont gardé la prééminence. Ils sont parfois bien dans leur jus, mais il y a toujours une vie très intense et authentique derrière ces portes et vitrines, avec parfois des passages encore plus « roots » et attachants.

Bonheur

Je ne crois pas que je pourrais trouver de meilleure définition que ce simple poème de Voltaire : « Ce qu’il faut pour être heureux ».

Il faut penser ; sans quoi l’homme devient,
Malgré son âme, un vrai cheval de somme.
Il faut aimer ; c’est ce qui nous soutient ;
Sans rien aimer il est triste d’être homme.

Il faut avoir douce société,
Des gens savants, instruits, sans suffisance,
Et de plaisirs grande variété,
Sans quoi les jours sont plus longs qu’on ne pense.

Il faut avoir un ami, qu’en tout temps,
Pour son bonheur, on écoute, on consulte,
Qui puisse rendre à notre âme en tumulte,
Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

Il faut, le soir, un souper délectable
Où l’on soit libre, où l’on goûte à propos,
Les mets exquis, les bons vins, les bons mots
Et sans être ivre, il faut sortir de table.

Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
Le tendre objet que notre cœur adore,
Le caresser, s’endormir dans ses bras,
Et le matin, recommencer encore.

« Ce qu’il faut pour être heureux » de Voltaire

Bon à part peut-être que mon orchidée qui s’était décidée en janvier à refleurir après 3 ans, nous fait un coup de reviens-y après un déménagement à Rennes et quelques semaines de réadaptation très compliquées (je n’avais pas réalisé qu’une orchidée à côté d’un grille-pain ce n’est pas la panacée1).

  1. J’AI PAS LA MAIN VERTE JE VOUS DIS !! ↩︎

Odeur

Alors, vous ne le réalisez sûrement pas, mais vous êtes sur un blog qui vient de déménager à l’autre bout du web. Ça ne sentirait pas un peu le propre ? ^^

Croyez-moi ce n’était pas évident du tout de se battre contre des moulins à vent à essayer de télécharger bases de données et archives avec des performances aussi mauvaises. J’ai dû laisser tourner mon ordi pendant 3 jours et 3 nuits pour tout télécharger en entier, avec moultes plantages, fichiers corrompus, arborescence incomplète etc. Mais vous constaterez au moins que ça fonctionne de manière un peu plus fluide, et qu’il n’y a plus les problématiques de cache qui laissaient certaines coordonnées de commentaire persister.

Il faut encore que je vérifie et revérifie que je n’ai pas des bouts d’archives qui ne sont pas sur le nouvel hébergement (car ça plantait aussi dans l’autre sens, mais plutôt avec le FTP qui trouvait que 17Go de données d’un coup c’était beaucoup, pfff). Donc il se peut que certaines images soient manquantes ou des vidéos, des trucs comme ça.

Allez bisous, je vais me coucher. ^^

Cher

Arf, j’ai eu la même idée que Gilsoub ! Donc aujourd’hui :

It’s Cher BITCHES!!!!

Je continue les brèves, car le truc tient avec des étais qui se cassent la gueule toutes les 5 minutes. Hu hu hu. Ne vous bilez pas pour moi, j’en ai assez d’attendre et suis en train de fomenter un plan pour m’échapper de ce pandémonium cybernétique. ^^

Donc Cher, cette jeune et sémillante artiste de 79 ans, est largement connue pour être absolument inoxydable, et pour avoir eu des vagues de succès, mais une constante : un public gay absolument fidèle et insatiable. Et donc un peu comme pour Madonna, ou encore Dalida ou Mylène Farmer, et même Ysa Ferrer, en France, les pédés de l’Univers Connu les vénèreront jusqu’à la mort. Il y a avec Cher un truc particulier depuis son dernier retour de flammes qui date de Believe en 1998.

Or 1998 est une année importante pour moi1 puisque c’est mon arrivée à Paris, cela coïncide également avec Ray of lights de Madonna, et j’ai eu l’insigne honneur de voir en live Cher au Queen pour la sortie de Believe fin 98. Je ne suis pas un fan de Cher, mais j’adore le personnage et je révère la femme.

Voilà le genre de mèmes qu’on trouve sur le fait qu’elle est immortellement bien refaite d’année en année. Hu hu hu.

Elle-même d’ailleurs en a relayé parfois sur ses réseaux sociaux, et c’est assez drolatique.

Mais évidemment mes favoris, ce sont les calembours et jeux de mots infinis sur son nom… Celui-ci qui est irrésistible, et me fait penser à celui-là.

Allez pour le plaisir !

  1. Hein la coupe de quoi ? ^^ ↩︎

Conception

Et tout est dit ! ^^

Je suis très très fan de Natasha Lyonne depuis la série Russian Doll, et la récente Poker Face a juste confirmé tout le bien que je pense d’elle.

Mais cette première blague, un véritable mème sur les Internets, reste le truc le plus drôle, new-yorkais et absurde, qui me plaira longtemps !!!

(Désolé je ne peux pas poster plus long, ça plante trop. ^^ )

Festival REGARD(S) 2025 – courts métrages queer (Cinéma Arvor)

C’était le festival Regard(s) la semaine dernière à Rennes, il s’agit du festival de cinéma LGBT du coin, et ils faisaient une classique séance de courts-métrages en deux parties pendant le week-end. On est allé voir ça, et c’était plutôt une bonne fournée !

C’est toujours chouette les courts avec ce côté mini-histoire souvent comme un fabliau des temps modernes, et toujours un accent singulier de par la thématique queer. Mais en réalité, elle invite autant au drame et à la tragédie qu’à l’humour, l’ironie mordante et parfois diablement revancharde. C’était tout cela, avec en plus un truc (forcément) très jeune et actuel qui fait du bien (de voir que les choses se suivent et se ressemblent, mais se renouvellent également).

ACROBATS

Eloïse Alluyn, Hugo Danet, Anna Despinoy, Antonin Guerci, Alexandre Marzin, Shali Reddy France – 2024 – 8 min

C’était un très beau film d’animation (des Gobelins si j’ai bien vu le générique) très coloré et touchant. Une toute jeune fille reçoit une fleur de son amie, et ça la met en joie. Elle rentre chez elle et c’est une toute autre ambiance, on est dans un univers fantasmagorique avec des idées qui s’incarnent vite en saynètes surréalistes et multicolores. Grosso modo la famille n’est pas très gay-friendly, et leurs pensées à eux sont très ferroviaires (laule) ou au ras des pâquerettes. Heureusement l’alacrité communicative et irrésolue de la gamine ne peut que lui échapper !! C’est très court mais d’une absolue dinguerie et poésie. Jouissif !

YOU CAN’T GET WHAT YOU WANT BUT YOU CAN GET ME

Samira Elagoz et Z Walsh Pays-Bas – 2024 – 13 min

Je ne pensais pas que le procédé pouvait me plaire sur une telle durée, mais c’est tout le contraire. Car il s’agit d’un diaporama en réalité, c’est vraiment seulement une succession de photos, de captures de SMS, de la musique et on suit ces deux personnes, plutôt transmasc dans la démarche (mais ce n’est pas le sujet), qui sont très très amoureux et entrent dans une passion dévorante à distance. Cela fonctionne super bien, et ils véhiculent de merveilleusement bien leurs émotions et le bonheur de se trouver dans ce maelstrom de leur propre quête d’eux-mêmes.

Il y a en plus pas mal de qualité formelle à l’œuvre, donc ça m’a épaté. Juste un bémol, et c’est souvent le cas avec les courts-métrages et c’en est bien le plus difficile exercice : trouver une chute !! Et là c’est un peu décevant, on était sur une aventure très prenante, et on termine un peu en eau de boudin pour moi. Vraiment dommage !

HEARTBREAK

August Aabo Danemark – 2023 – 26 min

Alors là totalement nawak et irrésistible ! Et danois évidemment. Hu hu hu. On suit deux gars qui doivent se marier, et c’est carrément le jour de mariage. Mais la première scène c’est l’un des deux qui est presque à vouloir étouffer son mec sous un oreiller… Oh là, étrange… On comprend alors que réellement l’un des deux a des envies de meurtre, mais ils arrivent de la manière la plus singulière à passer outre ce…kink ? En tout cas, c’est drôle et acide, vraiment d’une irrésistible acrimonie, et ça se termine en apothéose !! (Et il dure tout de même pas mal de temps, mais ça fonctionne !)

CAPITANES

Kevin Castellano et Edu Hirschfeld Espagne – 2024 – 15 min

Alors là évidemment, on est dans le fantasme complet, et en plus avec des espagnols ! Mazette !!! Complètement nawak encore, deux mecs d’une équipe sont renvoyés au vestiaire pendant un match, et ils sont prêts à se mettre sur la gueule, mais ils mettent autrement. Et les équipes reviennent au vestiaire, et c’est assez fou… Surréaliste, barré, un mélange de movida et de foutage de gueule, mais assez agréable à regarder, alors pourquoi pas ? Hu hu hu.

FAMILIAR

Marco Novoa France – 2024 – 19 min

Malgré quelques maladresses de mise en scène, c’est une idée tellement cool qu’elle rattrape les petits défauts initiaux. On voit une jeune femme et son compagnon, on comprend qu’elle a perdu un bébé. Ensuite, on la voit qui suit son compagnon, plutôt compère, lors de ses shows drag, car c’est en réalité Le Filip qui joue le rôle. En parallèle, on suit un gamin qui vient de se faire virer de chez ses parents. Ils vont se croiser, et on aboutit à une petite intrigue très touchante et fantastique. Et ça fonctionne super bien, car on a en plus quelques scènes très bien filmée, et la plongée dans le fantastique est une réussite alors que c’est très casse-gueule.

HABIBI ET LES CRACHEUSES

De Younés Elba France – 2024 – 21 min

C’est dommage car le film est formellement vraiment beau et bien fait. J’aime la manière de filmer les visages et les émotions, mais ça manque juste d’une histoire avec un peu plus de péripéties et de tensions. Pourtant l’intention est super, et on est pris par tout le début avec ce groupe d’amis, un mec gay et ses deux super copines, qui va tout tenter pour l’aider à rejoindre sa mère qui veut enfin lui reparler. Les comédiens et comédiennes étaient top en plus, mais parfois ça tient vraiment à l’écriture, et sans doute juste un avis personnel car le court-métrage a gagné le prix du public. ^^

DRAGFOX

Lisa Ott Royaume-Uni – 2024 – 8 min

Oh le petit bijou queer anglais avec un gamin qui cherche à mettre la robe de sa petite sœur en secret dans la nuit, et qui croise un renard-drag-queen (avec la voix de Ian McKellen évidemment ^^ ). L’animation en image par image est somptueuse, et les chansons sont fabuleuses. Une parenthèse enchantée et une belle évocation de l’identité de genre chez un petit chou !

HELLO STRANGER

Amélie Hardy Canada – 2024 – 16 min

J’ai beaucoup aimé cette tranche de vie plutôt documentaire, mais avec une forme très originale. Cooper raconte comment sa voix est son caillou dans la chaussure d’une transition de genre assumée et évidente. Elle est très touchante et d’une sagacité et clairvoyance qui feront du bien à d’autres. Et j’ai aussi trouvé que formellement, il y avait une maîtrise de l’image et de la narration, même si encore une fois un peu désappointé par la fin du court.

CHICO

Enzo Lorenzo Belgique, France – 2023 – 22 min

Bon là c’est belge hein, alors forcément génial et barré. Cela part dans tous les sens avec à la fois une solidarité des gens qui vivent un peu à la marge, mais aussi le caractère aléatoire, inique et violent de ce genre d’existence un peu paumée. On suit Jojo qui fantasme sur un gars (pas le bon évidemment), et il prend tous les risques pour lui plaire, jusqu’à se retrouver dans une panade pas possible. Mais c’est une belle aventure, et j’ai vraiment adoré ce personnage principal. Il est aussi solaire que maladivement timide et pas assuré, mais il y a un truc qui irradie du comédien et qui m’a profondément touché.

NEO NAHDA

May Ziadé Royaume-Uni – 2023 – 12 min

J’ai bien aimé la photo du film justement, et cette surprise de découvrir ces photographies des années 20 de femmes travesties avec des costumes d’homme et fez traditionnel. Mais le court est un peu court… On suit bien cette jeune femme, mais on s’ennuie un peu, et encore une fois ça manque un peu de substance. Un format documentaire aurait peut-être été plus intéressant, ou carrément plus surréaliste ou encore une intrigue un peu plus épaisse.

GENDER REVEAL

Mo Matton Canada – 2024 – 13 min

Sans doute un des meilleurs courts de la série pour moi, c’est absolument jouissif. Nous sommes sur un trio fabuleux, un trouple genderqueer non identifié, et l’un d’eux a été invité à la fête de « révélation de genre » du bébé de son patron. Vous voyez le genre ? Donc les trois queers débarquent dans un temple du conformisme et de la glorification de la binarité. C’est la totale avec les cupcakes vagin et bite, des trucs bleus ou rose, etc. C’est une succession de scènes vraiment drôles et très déglinguées. On est sur « Est-ce que les hétérosexuels vont bien ? » qui se finit comme un épisode de Happy Tree friends. Vous imaginez ? En plus c’est très bien joué et bien filmé, et on a le bonheur de revoir Lyraël Dauphin qu’on avait adoré dans la série Empathie.

COEURS PERDUS

Frédéric Lavigne France – 2024 – 34 min

C’est plutôt pas mal de prime abord, même si j’ai d’abord été un peu paumé sur la chronologie. Mais il y a vraiment un truc suranné dans ce genre d’histoire en 2024, alors qu’on a eu tant de récits de ce genre dans beaucoup de films ou d’œuvres LGBT en général, pas pourquoi pas. Le souci là c’est encore l’écriture un peu bancale selon moi, et pourtant formellement c’est bien. Bien filmé et très bien joué surtout de la part de Guillaume Soubeyran, on suit l’histoire avec attention, mais la fin m’a dérouté. Le mélange suicide, VIH, transmission est vraiment trop dissonant. C’est dommage car avec justement une histoire aussi classique, je pensais que la conclusion pouvait sortir des sentiers battus.

Alors mon petit classement à moi… (sans le vouloir avec une belle diversité de nationalités !)

  1. GENDER REVEAL (Canada)
  2. HEARTBREAK (Danemark)
  3. DRAGFOX (Grande-Bretagne)
  4. FAMILIAR (France)
  5. CHICO (Belgique)

Relatif

Quand je me coupe les ongles, si jamais Sookie est près de moi et qu’elle entend le clac très aigüe du coupe-ongle en fin de course, elle sursaute comme une dingue. Vraiment ça fait des années que cela fait ça, et on a remarqué qu’elle stresse de plus en plus, et ne voit même pas d’où ça vient, ça la fait juste sursauter, et au bout d’un moment ça pourrait presque lui produire un malaise ou en tout cas un mal-être extrême. Donc je fais grosso modo attention quand je me coupe les ongles pour être éloigné d’elle. Oui je sais c’est tragique. ^^

La semaine dernière, je n’ai pas fait attention, et j’ai fait la totale : les mains et les pieds, dans la salle de bain. Or la petiote était dans la chambre attenante, et je suppose que ça l’a mise en PLS. En tout cas, j’ai retrouvé la couette pleine de pisse de chat, et on sait qui nous fait régulièrement ces surprises là (mais c’est la première fois depuis qu’on est à Rennes). J’ai supposé que ma séance de coupe-ongles l’a stressé à ce point. (Ou alors je suis complètement dingue, mais le chéri trouvait ça également crédible. Mais bon comme on est tous les deux folles à chattes hein. ^^ )

Donc go tout laver couette, couette d’hiver (spécial mari frileux), protège-matelas, draps et tutti quanti (parce que c’était un pipi d’angoisse de 33 litres, merci Sookie). Et pour que ça aille plus vite, je préfère faire ça en laverie. Donc je retrouve mes habitudes de jeunot (si vous l’avez oublié, c’est un des articles qui avait beaucoup ému à l’époque, aujourd’hui je pense qu’on me traiterait de tous les noms ^^ Ô tempora, ô mores.), et je file à la laverie du coin pour laver mes frusques. Vous me direz que j’ai déjà bien illustré la relativité des causes et des conséquences, mais j’y arrive !

A la laverie, j’ai une heure à tuer, donc j’ouvre l’app Arte TV, et je pioche un documentaire. Je tombe sur ce double documentaire à propos d’Albert Einstein et Stephen Hawking qui promettent de nous expliquer l’univers en deux heures. Allez ! Je me suis dit que j’allais renoncer au bout de vingt minutes et me retrouver à doomscroller sur Instagram, mais même pas !! Le truc est tellement prenant, tellement bien écrit et scientifiquement couillu, tellement bien troussé, que j’ai été subjugué du début à la fin.

Le premier épisode explique diablement bien la relativité restreinte puis générale, et c’est génial de comprendre aussi simplement que possible, cette notion parfaitement contre-intuitive, du temps qui n’est pas le même partout. J’adore cette métaphore de la voiture qui roule avec un lanceur de balles à l’arrière, et de s’imaginer que pour un observateur au bord de la route : si la voiture roule à 60km/h et que les balles sont tirées à cette vitesse, eh bien il l’a l’impression qu’elles tombent à la verticale.

On apprend aussi des choses sur Einstein, et il y a quelques ponts sympas faits sur Hawking. Les deux sont largement évoqués dans les deux parties, mais le premier fait un peu plus la part belle à Albert, et le second à Stephen en se focalisant sur les trous noirs. On finit bien sûr par parler de de E=mc2, mais c’est en comprenant que la première bombe nucléaire (Trinity) c’était moins de 1g de matière qui fut convertie en énergie…

Par la suite, les explications sur le rayonnement Hawking, les trous noirs et les ondes gravitationnelles sont plutôt bien fichues également, et on a des exemples étonnamment assez parlants. Ces deux là ont eu un impact complètement fou sur notre vision du monde, et toujours avec des paradigmes assez contre-intuitifs comme celui de l’évaporation des trous noirs !! ^^

Alors bah juste pour cette découverte, je ne regrette pas la laverie, le pipi et de m’être coupé les ongles (enfin si la pauuuuuvrette fifille !!! ^^ ).

Tout est relatif. Mouaaarf.

Cocon

C’était en 2011 au Grand Palais, il fallait vraiment voir et expérimenter ce truc incroyable. Incroyablement grand et incroyablement déroutant !

Cela ressemble à une énorme baudruche, un blob qui a bien mangé et qui prend tout le volume de la grande Nef du Grand Palais qui comme son nom l’indique n’est pas un petit machin insignifiant. C’est brillant et d’apparence souple, on a parfois l’impression que le truc respire ou se ballonne mais ce n’est qu’une impression car même si c’est une membrane en PVC, ce n’est bien sûr par une baudruche rebondissante. Mais c’est une sorte de peau plastique épaisse assez translucide pour que depuis l’intérieur on ait une certaine transparence et luminosité rougeâtre très jolie.

Et donc cette grosse aubergine transgénique à trois lobes, est à l’intérieur un espace chaud et doux, où on déambulait librement. Les gens étaient hyper calmes et silencieux, et on s’échangeait des sourires gênés et sympathiques à la fois. Est-ce que la métaphore utérine était assez explicite pour tous ? J’imagine que oui, mais après tout, le monde est libre d’interpréter à l’envi un truc pareil !!

En tout cas pour moi, j’en garde le souvenir d’un cocon rassurant et protecteur, capable d’enfanter toute la ville de Paris. Purée la taille de ce truc !!! Les gens, et moi avec, étions vraiment abasourdis par le contraste entre l’incongruité apparente et l’allure fabuleuse de ce béhémot qu’on a bien fait d’appeler léviathan ! ^^