Festival REGARD(S) 2025 – courts métrages queer (Cinéma Arvor)

C’était le festival Regard(s) la semaine dernière à Rennes, il s’agit du festival de cinéma LGBT du coin, et ils faisaient une classique séance de courts-métrages en deux parties pendant le week-end. On est allé voir ça, et c’était plutôt une bonne fournée !

C’est toujours chouette les courts avec ce côté mini-histoire souvent comme un fabliau des temps modernes, et toujours un accent singulier de par la thématique queer. Mais en réalité, elle invite autant au drame et à la tragédie qu’à l’humour, l’ironie mordante et parfois diablement revancharde. C’était tout cela, avec en plus un truc (forcément) très jeune et actuel qui fait du bien (de voir que les choses se suivent et se ressemblent, mais se renouvellent également).

ACROBATS

Eloïse Alluyn, Hugo Danet, Anna Despinoy, Antonin Guerci, Alexandre Marzin, Shali Reddy France – 2024 – 8 min

C’était un très beau film d’animation (des Gobelins si j’ai bien vu le générique) très coloré et touchant. Une toute jeune fille reçoit une fleur de son amie, et ça la met en joie. Elle rentre chez elle et c’est une toute autre ambiance, on est dans un univers fantasmagorique avec des idées qui s’incarnent vite en saynètes surréalistes et multicolores. Grosso modo la famille n’est pas très gay-friendly, et leurs pensées à eux sont très ferroviaires (laule) ou au ras des pâquerettes. Heureusement l’alacrité communicative et irrésolue de la gamine ne peut que lui échapper !! C’est très court mais d’une absolue dinguerie et poésie. Jouissif !

YOU CAN’T GET WHAT YOU WANT BUT YOU CAN GET ME

Samira Elagoz et Z Walsh Pays-Bas – 2024 – 13 min

Je ne pensais pas que le procédé pouvait me plaire sur une telle durée, mais c’est tout le contraire. Car il s’agit d’un diaporama en réalité, c’est vraiment seulement une succession de photos, de captures de SMS, de la musique et on suit ces deux personnes, plutôt transmasc dans la démarche (mais ce n’est pas le sujet), qui sont très très amoureux et entrent dans une passion dévorante à distance. Cela fonctionne super bien, et ils véhiculent de merveilleusement bien leurs émotions et le bonheur de se trouver dans ce maelstrom de leur propre quête d’eux-mêmes.

Il y a en plus pas mal de qualité formelle à l’œuvre, donc ça m’a épaté. Juste un bémol, et c’est souvent le cas avec les courts-métrages et c’en est bien le plus difficile exercice : trouver une chute !! Et là c’est un peu décevant, on était sur une aventure très prenante, et on termine un peu en eau de boudin pour moi. Vraiment dommage !

HEARTBREAK

August Aabo Danemark – 2023 – 26 min

Alors là totalement nawak et irrésistible ! Et danois évidemment. Hu hu hu. On suit deux gars qui doivent se marier, et c’est carrément le jour de mariage. Mais la première scène c’est l’un des deux qui est presque à vouloir étouffer son mec sous un oreiller… Oh là, étrange… On comprend alors que réellement l’un des deux a des envies de meurtre, mais ils arrivent de la manière la plus singulière à passer outre ce…kink ? En tout cas, c’est drôle et acide, vraiment d’une irrésistible acrimonie, et ça se termine en apothéose !! (Et il dure tout de même pas mal de temps, mais ça fonctionne !)

CAPITANES

Kevin Castellano et Edu Hirschfeld Espagne – 2024 – 15 min

Alors là évidemment, on est dans le fantasme complet, et en plus avec des espagnols ! Mazette !!! Complètement nawak encore, deux mecs d’une équipe sont renvoyés au vestiaire pendant un match, et ils sont prêts à se mettre sur la gueule, mais ils mettent autrement. Et les équipes reviennent au vestiaire, et c’est assez fou… Surréaliste, barré, un mélange de movida et de foutage de gueule, mais assez agréable à regarder, alors pourquoi pas ? Hu hu hu.

FAMILIAR

Marco Novoa France – 2024 – 19 min

Malgré quelques maladresses de mise en scène, c’est une idée tellement cool qu’elle rattrape les petits défauts initiaux. On voit une jeune femme et son compagnon, on comprend qu’elle a perdu un bébé. Ensuite, on la voit qui suit son compagnon, plutôt compère, lors de ses shows drag, car c’est en réalité Le Filip qui joue le rôle. En parallèle, on suit un gamin qui vient de se faire virer de chez ses parents. Ils vont se croiser, et on aboutit à une petite intrigue très touchante et fantastique. Et ça fonctionne super bien, car on a en plus quelques scènes très bien filmée, et la plongée dans le fantastique est une réussite alors que c’est très casse-gueule.

HABIBI ET LES CRACHEUSES

De Younés Elba France – 2024 – 21 min

C’est dommage car le film est formellement vraiment beau et bien fait. J’aime la manière de filmer les visages et les émotions, mais ça manque juste d’une histoire avec un peu plus de péripéties et de tensions. Pourtant l’intention est super, et on est pris par tout le début avec ce groupe d’amis, un mec gay et ses deux super copines, qui va tout tenter pour l’aider à rejoindre sa mère qui veut enfin lui reparler. Les comédiens et comédiennes étaient top en plus, mais parfois ça tient vraiment à l’écriture, et sans doute juste un avis personnel car le court-métrage a gagné le prix du public. ^^

DRAGFOX

Lisa Ott Royaume-Uni – 2024 – 8 min

Oh le petit bijou queer anglais avec un gamin qui cherche à mettre la robe de sa petite sœur en secret dans la nuit, et qui croise un renard-drag-queen (avec la voix de Ian McKellen évidemment ^^ ). L’animation en image par image est somptueuse, et les chansons sont fabuleuses. Une parenthèse enchantée et une belle évocation de l’identité de genre chez un petit chou !

HELLO STRANGER

Amélie Hardy Canada – 2024 – 16 min

J’ai beaucoup aimé cette tranche de vie plutôt documentaire, mais avec une forme très originale. Cooper raconte comment sa voix est son caillou dans la chaussure d’une transition de genre assumée et évidente. Elle est très touchante et d’une sagacité et clairvoyance qui feront du bien à d’autres. Et j’ai aussi trouvé que formellement, il y avait une maîtrise de l’image et de la narration, même si encore une fois un peu désappointé par la fin du court.

CHICO

Enzo Lorenzo Belgique, France – 2023 – 22 min

Bon là c’est belge hein, alors forcément génial et barré. Cela part dans tous les sens avec à la fois une solidarité des gens qui vivent un peu à la marge, mais aussi le caractère aléatoire, inique et violent de ce genre d’existence un peu paumée. On suit Jojo qui fantasme sur un gars (pas le bon évidemment), et il prend tous les risques pour lui plaire, jusqu’à se retrouver dans une panade pas possible. Mais c’est une belle aventure, et j’ai vraiment adoré ce personnage principal. Il est aussi solaire que maladivement timide et pas assuré, mais il y a un truc qui irradie du comédien et qui m’a profondément touché.

NEO NAHDA

May Ziadé Royaume-Uni – 2023 – 12 min

J’ai bien aimé la photo du film justement, et cette surprise de découvrir ces photographies des années 20 de femmes travesties avec des costumes d’homme et fez traditionnel. Mais le court est un peu court… On suit bien cette jeune femme, mais on s’ennuie un peu, et encore une fois ça manque un peu de substance. Un format documentaire aurait peut-être été plus intéressant, ou carrément plus surréaliste ou encore une intrigue un peu plus épaisse.

GENDER REVEAL

Mo Matton Canada – 2024 – 13 min

Sans doute un des meilleurs courts de la série pour moi, c’est absolument jouissif. Nous sommes sur un trio fabuleux, un trouple genderqueer non identifié, et l’un d’eux a été invité à la fête de « révélation de genre » du bébé de son patron. Vous voyez le genre ? Donc les trois queers débarquent dans un temple du conformisme et de la glorification de la binarité. C’est la totale avec les cupcakes vagin et bite, des trucs bleus ou rose, etc. C’est une succession de scènes vraiment drôles et très déglinguées. On est sur « Est-ce que les hétérosexuels vont bien ? » qui se finit comme un épisode de Happy Tree friends. Vous imaginez ? En plus c’est très bien joué et bien filmé, et on a le bonheur de revoir Lyraël Dauphin qu’on avait adoré dans la série Empathie.

COEURS PERDUS

Frédéric Lavigne France – 2024 – 34 min

C’est plutôt pas mal de prime abord, même si j’ai d’abord été un peu paumé sur la chronologie. Mais il y a vraiment un truc suranné dans ce genre d’histoire en 2024, alors qu’on a eu tant de récits de ce genre dans beaucoup de films ou d’œuvres LGBT en général, pas pourquoi pas. Le souci là c’est encore l’écriture un peu bancale selon moi, et pourtant formellement c’est bien. Bien filmé et très bien joué surtout de la part de Guillaume Soubeyran, on suit l’histoire avec attention, mais la fin m’a dérouté. Le mélange suicide, VIH, transmission est vraiment trop dissonant. C’est dommage car avec justement une histoire aussi classique, je pensais que la conclusion pouvait sortir des sentiers battus.

Alors mon petit classement à moi… (sans le vouloir avec une belle diversité de nationalités !)

  1. GENDER REVEAL (Canada)
  2. HEARTBREAK (Danemark)
  3. DRAGFOX (Grande-Bretagne)
  4. FAMILIAR (France)
  5. CHICO (Belgique)

Bugonia (Yórgos Lánthimos)

Je n’avais vraiment pas aimé Pauvres créatures malgré le talent manifeste d’Emma Stone dirigée par l’excellent Yórgos Lánthimos, mais j’en ai tellement aimé d’autres (surtout The lobster) que j’y suis allé sans idée préconçue. Et j’ai beaucoup aimé cette fois !

Il faut dire que c’est vraiment merveilleusement joué par Emma Stone et Jesse Plemons, et que l’histoire est barrée à souhait. Mais elle nourrit énormément de choses qui donne du grain à moudre, en plus d’une intrigue SF qui fait sourire et rend le film attachant, et encore plus surréaliste qu’il le présente de prime abord. J’ai beaucoup pensé à Nope pendant tout le film, et je trouve qu’il y empreinte vraiment ses différents niveaux de lecture, son étrange incursion du fantastique, et sa géniale singularité ainsi que son grain de folie.

Emma Stone est une caricature de CEO d’une grande entreprise multinationale de chimie, qui est notamment responsable de la manufacture d’insecticides à base de néonicotinoïdes. Elle vit dans une résidence somptueuse et se tient à un programme hyper stricte pour entretenir sa propre santé. On la voit vraiment en cliché du nabab « corporate » qui conseille, à contrecœur, à ses employés à quitter à 17h30… s’ils n’ont plus rien à faire, et ce n’est pas une obligation bien sûr etc. En quelques scènes très drôles (et aussi à pleurer de réalisme…), elle campe merveilleusement bien cette incarnation moderne de notre capitalisme bienfaiteur de l’humanité. (Laule)

Jesse Plemons bosse pour cette même entreprise dans un emploi subalterne, mais il est complètement ravagé par des émissions et des sources en ligne complotistes. Il pense avoir repéré en Emma Stone une extraterrestre qui est parmi les humains pour mieux les asservir, et notamment en détruisant les abeilles. Dès lors, il cherche à l’enlever, à l’aide de son cousin un peu benêt et très influençable, et il veut surtout qu’elle puisse l’emmener sur son vaisseau spatial pour rencontrer l’Empereur de la galaxie d’Andromède. Les deux ploucs réussissent contre toute attente leur coup, et la CEO tente de les convaincre que tout cela n’est vraiment pas crédible. Mais ils sont très très convaincus.

Bugonia est aussi un vrai « truc » que j’ignorais fondé sur des croyances antiques de génération spontanée d’abeille sur des cadavres de taureaux sacrifiés. Et je vois en quoi le film brode un peu sur ces mythes… Mais on est surtout dans des épisodes qui accumulent des couches de surréalismes et de nawak, tout en évoquant des sujets bien d’actualité comme la fin de la biodiversité, les solutions hypocrites du grand capital et l’attrait des théories complotistes. Le film est souvent très drôle car frisant l’absurde et le loufoque. Mais il en devient une fable finalement assez peu caricaturale, et c’est dur de dire si c’est à en rire ou à en pleurer ?

Et avec une fin digne de celle de Nowhere, je suis assez fan de cette conclusion qui ajoute encore une irrésistible incongruité à cette œuvre inclassable, mais qui pourrait, sur un malentendu, aussi ajouter de l’eau au moulin complotiste !! ^^

Wicked (partie 2)

J’y allais un peu frileux après avoir vu quelques témoignages de déception sur les réseaux sociaux, avec notamment des longueurs, moins de chansons marquantes, et une intrigue un peu chaotique. Mais moi ça m’a vraiment encore bien plu. Même si je reconnais quelques maladresses, mais principalement liées à la difficulté inhérente à l’exercice de tuilage entre les histoires (avec celle du Magicien d’Oz donc), et quelques longueurs (mais je soupçonne que c’est comme pour la comédie musicale), je trouve que l’histoire est vraiment très belle et j’ai été agréablement surpris par la trame des personnages principaux.

On est sur un second « acte » de comédie musicale, donc je n’étais pas étonné que l’on soit moins dans des envolées lyriques, et aussi que l’on subisse quelques longueurs (je ne sais pas pourquoi mais les comédies musicales sont toujours un peu chiantes en seconde partie après l’entracte). Malgré tout, on replonge facilement et agréablement dans le monde d’Oz, et on reprend une année après les événements de la dernière fois. Nous avons donc une vision à peu près conforme au film de 39 avec une méchante sorcière de l’ouest au visage vert et une gentille fée Glinda, toujours souriante et amène, dans un pays d’Oz toujours en proie à la ségrégation (envers les animaux notamment) et à un pouvoir corrompu.

Petit à petit, le scénario va se mettre en place avec l’arrivée de Dorothy, la genèse attendue des personnages secondaires avec le Lion peureux, l’Homme de fer-blanc (qui cherche un cœur) et l’Épouvantail (qui n’a pas de cerveau). Mais surtout on suit toujours les deux amies, dont je pensais qu’elles deviendraient ennemies dans une vision assez manichéenne, et j’ai beaucoup aimé le traitement de leur relation et la complexité des émotions qui s’en dégagent. Car Elphaba et Glinda restent en réalité très liées, et vraiment entichée amicalement l’une de l’autre jusqu’au dénouement.

C’est sans doute la facture globale du film qui m’épate, on est dans une qualité hollywoodienne qui n’existe plus, j’ai l’impression, pour ce genre de blockbuster. Et c’est donc très plaisant de renouer avec des gros budgets qui se voient vraiment ! Aussi les images sont magnifiques, et on ne lésine pas sur les effets, mais la réalisation est également léchée, et on a de super bonnes comédiennes et comédiens qui délivrent une prestation à la hauteur des enjeux.

Malgré tout, il y a en effet quelques longueurs, mais je n’ai pas non plus regardé ma montre (même si la fin n’en finit pas, ce qui m’agace toujours). Et les quelques morceaux vocaux de bravoure, surtout et avant tout pour Cynthia Erivo, valent vraiment l’attente.

Dans l’ensemble c’est une œuvre qui tient la route quoi ! Et je reste vraiment conquis par les idées sous-jacentes de Gregory Maguire qui a écrit le roman. Quelle idée géniale de refaire une histoire de conte pour enfants la plus standard et normalisée avec le point du vue du « méchant », et de nous montrer par l’exemple comment fonctionne le « récit national » et la propagande.

Arco (Ugo Bienvenu)

Ce film d’animation est sans doute une démonstration du meilleur de la créativité européenne, car c’est techniquement irréprochable, merveilleux sur le plan artistique et créatif, mais aussi carrément bien négocié et original sur le plan narratif ! Et tout cela en n’étant pas dans une fibre Disney ou Hollywood gnangnan, et pas non plus dans une œuvre inaccessible aux enfants. C’est vraiment un super film pour toute la famille, comme on dit, et qui enfin surprend, émerveille, fait rire et émeut, presque sans erreur de parcours. Sacrée prouesse !

C’est donc l’histoire d’Arco qui est un gamin qui vient d’un futur lointain, un futur dans lequel on vit sur des plateformes dans les nuages, qui reposent sur des piliers car la montée des eaux et les diverses catastrophes naturelles ont mis en péril la vie à la surface. Arco vit peinard avec sa sœur et ses parents, et ces derniers reviennent tout juste d’un voyage dans le temps (celui des dinosaures) pour aller récupérer des spécimens de plantes qui vont leur être utiles. Car avec leurs tenues arc-en-ciel, et un diamant qui diffracte la lumière sur leur capuche, ils peuvent non seulement planer dans les airs mais aussi se déplacer dans le temps en faisant de magnifiques trainées dans le ciel !! Arco est encore trop petit pour les voyages temporels, et il est dég car il veut absolument voir un vrai dinosaure. Alors dans la nuit, il pique la tenue de sa sœur, et il se lance dans le vide pour faire un petit voyage chez des dinos, ni vu ni connu.

Mais bien sûr, il n’y arrive pas. Et malgré un vol plané approximatif et quelques jolis arcs-en-ciel, il atterrit avec pertes et fracas sur la Terre en 2075. La Terre en 2075 montre encore une vie à la surface, mais avec des maisons qui sont protégées par des vraies cloches en verre pour se protéger des intempéries qui détruisent la nature, et même d’incendies dévastateurs.

Il perd son diamant dans la forêt, et il est trouvé inconscient par la petite Iris qui le récupère pour le soigner chez elle. Les deux enfants deviennent potes, et Iris aide Arco à trouver un moyen pour rentrer chez lui. Mais ça ne va pas être simple, les parents d’Iris sont loin pour leur boulot, mais un robot humanoïde, Miki, est là pour s’occuper d’elle et son petit frère. Et trois étranges bonhommes assortis étaient à l’affût des arcs-en-ciel, ils ont repéré le vol inaugural raté d’Arco, et ont réussi à récupérer le diamant !

Tous les ingrédients sont là avec un scénario SF très sympa et plutôt élaboré, avec pas mal de surprises et de révélations jusqu’à la toute fin du film. Mais on a aussi des scènes assez drôles avec le trio « chasseur de trainées multicolores », et l’émouvante relation entre Iris et Arco, mais également celle avec son petit camarade Clifford, ses parents ou le robot Miki, sont vraiment bien racontées, avec subtilité et de manière originale.

Après les inspirations sont assez clairement du côté de Miyazaki sur le merveilleux et le mélange des genres, également aussi sur la DA impeccable et des efforts notables sur la richesse des décors et des paysages. Et clairement sur le thème musical majeur de l’envol avec les rais multicolores, on est vraiment de manière très appuyée sur les mouvements très lyriques de « la légende d’Ashitaka » de Mononoke. Mais là où la patte française est reconnaissable, c’est qu’on y voit aussi du Mars Express et carrément du René Laloux.

Et c’est là aussi où on voit les limites de cette french touch, parce que c’est assez caricatural qu’on garde cette manière très peu naturelle de doubler les personnages. Et pourquoi tous les dessins animés français doivent-ils ressembler aux Mondes Engloutis !!! Après ce n’est pas une mauvaise référence, mais cela donne tout de même pas mal de trucs un chouïa bancals ou maladroits.

C’est une toute petite remarque contrastée sur une œuvre globalement très réussie, et qui, je l’espère, trouvera son public en salle. Et c’est aussi un film qui mérite d’être vu en salle pour profiter du grand écran et de la musique, car c’est vraiment très très beau. Et quel talent donc pour de l’animation françaiiiiiise môssieur !!! ^^

Un simple accident (Jafar Panahi)

Après le film d’hier, j’avais besoin de voir autre chose, et donc découvrir la Palme d’Or 2025 était un parfait exutoire. Et comme c’est un bon film, ça fait un bien fou !! Un film de cinéaste, un film avec une histoire, et un contexte politique, social et humain singulier, des comédiens et comédiennes qui tiennent la route, et une caméra avec un regard qui interpelle. Après le film n’est pas non plus parfait, mais tout de même c’est une véritable réussite qui méritait bien ses prix et son succès.

C’est suite à un « simple accident » qu’un type et sa famille (son épouse enceinte et sa petite fille) doivent s’arrêter dans un endroit et demander de l’aide pour redémarrer leur véhicule. Mais voilà que Vahid entend le type marcher du fond de son lieu de travail, et il tremble d’effroi… Le grincement de la prothèse de jambe du type lui rappelle immédiatement son ancien bourreau (on comprend qu’il a été en prison pendant plusieurs années et qu’il a subi un calvaire). Sur un coup de tête, il le kidnappe et veut l’enterrer vivant dans une zone désertique. Mais évidemment le type dément être le fameux « Eghbal », et Vahid a un doute. Il va alors voir un ancien co-détenu ayant aussi été torturé par le gars pour en avoir le cœur net. C’est ainsi qu’il est tour à tour mis en contact avec d’anciens compagnon d’infortune, tous traumatisés par leurs emprisonnements et ce tortionnaire. Ils vont se questionner sur qui est ce type, ce qu’il faut lui faire…

Inutile de dire que le film est très lourd sur le sujet très politique et très actuel de l’Iran, et surtout avec un réalisateur qui a été en prison, et qui est encore aujourd’hui couramment menacé, mais continue à tourner en prenant les plus grands risques. Le film en lui-même est aussi une prouesse puisqu’il est tourné avec des extérieurs pour lesquels il n’a bien sûr eu aucune autorisation. Les femmes ne sont pas toutes voilées, ce qui est également interdit.

Ce qui est intéressant et troublant, c’est aussi que l’auteur ose un mélange de genres hallucinant et génial. D’ailleurs cette juxtaposition d’ambiances ferait un peu penser à Parasite avec cette incroyable faculté de passer du film politique, au thriller, à la peinture de mœurs, à la comédie absurde et au mélodrame. Et il faut le faire pour réussir cette alchimie, mais c’est sans doute l’immense réussite de ce film. Car Vahid rassemble Shiva qui est en train de faire les photos de mariage de son amie Goli (en belle robe de mariée) et son futur époux Ali. Or les deux femmes ont été emprisonnées et sont tout autant des victimes d’Eghbal. Et pour finir, il y a Hamid, un beau mec complètement déboussolé et encore largement atteint par les tortures, avec une colère irradiante et qui le consume pendant tout le film. Ce petit monde est dans le van de Vahid, et essaie de savoir ce qu’ils doivent faire de ce type, si c’est bien le bon bourreau, et comment se sortir de cette inextricable aventure.

Mais pour chacun ce parcours initiatique en forme de road-movie bancal, dans un Iran où la corruption généralisée les amènent à bakchicher toutes les deux minutes, et partager entre l’humanité de situations singulières (s’occuper de la femme enceinte de la fille d’Eghbal) et l’envie de faire disparaître ce type pour enfin avoir une forme de « conclusion » à leurs souffrances encore à vif, et à des séquelles qui (p/n)ourrissent encore leur quotidien physiquement et moralement.

Le film nous emmène aussi, nous spectateurs, dans la camionnette avec une caméra, curieux témoin oculaire, qui nous fait partager les doutes et les souvenirs de torture, et les douleurs encore vivaces. Tout cela est supportable par ce mélange de genres, et par cette légèreté qui existe encore, même dans un monde insupportable. Le rythme est très soutenu, et on n’est vraiment pas dans une ambiance lymphatique ou contemplative, avec parfois justement un peu trop d’hystérie pour moi, mais juste un brin.

La fin est un retour formel à la scène initiale, avec un même gimmick très habile qui est lourd de signification, alors qu’il était assez mystérieux pour nous au début. On peut alors imaginer plein de choses, mais donc allez le voir !! C’est beau du cinéma comme ça ! Avec des codes cinématographiques assez universels pour nous toucher au cœur et au cerveau, et nous permettre de nous identifier avec ces personnages dont pourtant le quotidien est si différent, mais dont l’histoire peut ainsi parfaitement nous interpeler.

Tron : Arès

J’ai déjà raconté à quel point Tron est un film important pour moi, j’ai vu ça à 6 ans au cinéma, et c’est avec War Games (l’année suivante), une des raisons pour lesquels j’ai voulu faire de l’informatique1 depuis tout minot. Il faut avouer que Tron était déjà assez bancal, mais pour moi c’était simplement l’Alice au pays des Merveilles de l’informatique, avec Flynn qui sublime toute sa réalité transposée dans un monde familier, et où sont personnifiées toutes les règles techniques qu’il connait et code. Le film est avant tout culte pour sa direction artistique et son action dans ce cadre si singulier, mais si on creuse un peu c’est évident assez naze.

La suite malheureusement va bille en tête sur tout ce qui était bancal et insiste très très lourdement dessus. Et exit la poésie, le côté Alice et les métaphores de l’informatique (contrôleur, processeur, programmes etc.), on est très prosaïquement et ridiculement dans ce « monde » (The Grid) avec des vrais gens. Mais cette suite avait son petit charme grâce à des effets spéciaux potables et surtout une bande son tonitruante. L’histoire était risible, mais ça se regarde avec un peu de second degré.

Avec ce troisième volet, je suis extrêmement circonspect car il y a tout un tas de choses qui prises séparément sont de bonnes qualités. On a de bons comédiens et comédiennes avec Greta Lee ou Jared Leto (même s’il fait beaucoup de merdes ces dernières années), et surtout Evan Peters et Gillian Anderson. Bon cette dernière ne fait aucun effort, et assure un service minimum. On a l’impression qu’elle veut au plus vite sortir de cette galère. Mais Evan Peters lui essaie vraiment à fond, et je salue son professionnalisme, car Dieu sait qu’on lui en fait dire des conneries.

Ce qui fonctionne c’est surtout le visuel qui est sans faute, avec vraiment de fabuleux effets spéciaux et une mise en scène assez tonique et enlevé. Je n’ai pas aimé la musique de Nine Inch Nails en revanche. Vraiment je trouve que ça ne fonctionne pas, et il y a un choix curieux d’avoir cette omniprésence musicale, parfois dissonante, qui rend l’ensemble du film comme une suite de clips avec un peu trop d’adrénaline (c’est bien aussi les moments calmes). Donc c’est joli à voir, assez bien fichu et les comédiens font le job.

Mais comme d’habitude, là où ça pèche terriblement : l’histoire. Putain mais c’est tellement con… Ils parlent d’intelligence artificielle uniquement pour ne pas en parler du tout, le lien scientifique entre la création virtuelle et la création réelle est à pisser de rire tant c’est idiot et une vraie insulte à la raison humaine. Et puis il faut arrêter avec cette fascination du « code », et encore plus caché sur des disquettes 5 pouces souples qui ont plus de 40 ans, et encore plus en « forme » de double-hélice… Mazette… Je n’arrive plus à mettre de guillemets tellement il m’en faudrait des dizaines imbriqués.

Et puis comment imaginer un scénario qui fait arriver The Grid dans la réalité pour conquérir le monde, alors que notre monde est tellement informatisé que c’est depuis l’intérieur que le pouvoir peut se prendre. En cela tiens, Tom Cruise avait mieux imaginé son « Entity » dans Mission Impossible, c’est dire… Et la conclusion du film qui est totalement technolâtre, avec des créations virtuelles à qui on donne vie grâce à ce code « en double-hélice » et qui permettent de solutionner le réchauffement climatique et guérir le cancer. Yoloooo !

J’ai eu de l’espoir avec l’entrée de Jared Leto dans le monde de Flynn de 1982, c’était cool d’avoir refait l’ancien look et tout. Mais ce n’est pas du tout bien utilisé, et le pauvre Jeff Bridges annone encore un galimatias confus et abscons qui n’arrange bien sûr rien.

Et vraiment chaque réplique est stupide, risible, emphatique et souvent absurde. Et donc tout ce qu’il se passe est naze…

Mais c’est joli, c’est rythmé. (Mais j’ai cru que ça durait 3 heures au lieu de 2.)

  1. J’adore cette expression qui ne veut rien dire mais qui est encore couramment employée. Tu fais quoi dans la vie ? Je fais de l’informatique. LAULE. ↩︎

Downton Abbey 3 : Le grand final

Je suis un méga-fan de Dowton Abbey, et j’ai vu la série en entier 5 ou 6 fois. Je suis allé à Highclere Castle l’année dernière et c’était merveilleux (parce que les pièces filmées et la configuration des lieux sont absolument identiques entre la fiction et la réalité) !! J’avais beaucoup aimé le premier film qui était selon moi un chouette hommage à une série qui s’était arrêtée pour les bonnes raisons : on avait tout dit, il n’y avait plus de méchant, le schéma narratif avait déjà été joué trois fois, le côté soap commençait sérieusement à atteindre la qualité formelle de la série et l’intégrité de bons comédiens et comédiennes.

Mais le premier film finissait bien pour Thomas, et cette touche gay-friendly était bienvenue. On retrouvait l’esprit de la série, et le côté neuneu était pardonnable pour un opus cinéma en conclusion, et un bon « fan service ». Le second film était une atteinte assez grave à l’ordre moral avec un scénario affligeant, des intrigues éculées, et une usure de ces gimmicks, qu’on adorait pourtant, jusqu’à la corde. J’imagine que comme le premier avait marché, il fallait un second.

Le troisième est au moins annoncé comme le dernier, donc il faut saluer l’initiative. Et c’est tellement mauvais là, que ça assure, je pense, une véritable fin. Parce que là, aucun des acteurs ou actrices n’a envie d’être là. Ce n’est que sourire mielleux et répliques lénifiantes, avec toujours ce béni-oui-oui des domestiques qui confinent à l’imbécillité, et cette vision angélique de la dame patronnesse qui rendrait anarchiste Stéphane Bern. Et ils ont tellement des trucs merdiques à jouer que ça ne rend pas bien du tout, ils sont parfois complètement faux et à côté de la plaque alors qu’ils ont prouvé par le passé qu’il s’agissait tous de bons comédiens.

Donc le truc est une énième resucée d’une saison de Downton Abbey mais avec une intrigue rappelant à la fois la série, mais brodant sur le scandale de la pauvre Lady Mary qui se voit ostracisée suite à son divorce. Tout est expédié en deux secondes, même le potentiel méchant de l’histoire qui n’était vraiment pas à craindre, et c’est uniquement l’occasion de ces gimmicks de la série qu’on a aimé entre 2010 et 2015. Et comme c’était déjà limite « cringe » sur le film précédent, bah là ça ne passe plus.

Après, je ne boude pas mon plaisir de revoir le château, les décors, les costumes et même les comédiennes et comédiens. Mais il faut arrêter là !!! Je vous demande de vous arrêter ! ^^

On était juste tous les deux dans une immense salle de cinéma hier pour la séance, alors j’espère que ce n’est pas le reflet du box-office, sinon cela devrait suffire pour leur couper la chique.

Dracula (Luc Besson)

Ouh là là, je vais avoir du mal à ne pas faire mon odieux connard sur ce coup-là !! Et pourtant je suis celui qui a aimé Valérian hein, donc le Besson bashing n’est pas spécialement un plaisir pour moi (même si Lucy hein, où Scarlett termine sur une clef USB). Mais là, il n’y a que très peu de choses à sauver. Allez, les costumes et le maquillage sont sympathiques et plutôt notables, et Caleb Landry Jones fait vraiment de son mieux, le pauvre. Il faut aussi avoir une petite pensée positive pour Danny Elfman qui signe une bande son intéressante, malgré l’hommage un peu trop appuyé à l’extraordinaire musique de Wojciech Kilar pour le Dracula de Francis Ford Coppola.

Il y a tellement de choses qui ne vont pas, dans la forme et dans le fond, dans l’écriture, la manière de filmer ou la narration. Tout est bancal et souffre énormément de la comparaison avec le film de Coppola, qui reste une référence (pour moi) difficilement surmontable.

Il y a déjà ce truc de nous pondre en 2025 un film complètement en anglais, alors qu’il se passe entre la France et la Roumanie, et que les comédiens sont en majorité français. Et malgré tout Besson a gardé les noms originaux, donc on a un Jonathan Harker et une Mina Murray qui sont des français qui vivent à Paris… Mais bien sûr ! Mais tout cela en mélangeant avec des anglais en lien avec la Reine… Et donc Dracula parle anglais avec ses compatriotes de Transylvanie en 1480 avec évidemment un accent à couper au couteau, et tous les français avec leur accent bien français. Mais pourquoi ??? Parce que la transposition à Paris moi j’accepte, mais il faut au moins inventer un petit prétexte pour les situer là-bas, ou alors changer tous les noms.

Et donc ça fait déjà film de série B à cause de tout ça. Même les américains s’y mettent maintenant et respectent un minimum les langues parlées par les gens des pays où l’action se déroule, et encore plus lorsque c’est il y a très longtemps. Mais le pire ce n’est pas cela, le pire c’est que jusqu’au bout on se demande si ce n’est pas une parodie. On se demande si c’est à prendre au premier degré ou pas, on se demande s’il a voulu nous faire rire. Parce qu’on est obligé de rire à plusieurs reprises, et c’est tellement drôle que si vraiment c’était à prendre sérieusement, bah ce n’est pas possible du tout.

En réalité, j’ai pensé à un pastiche de French & Saunders qui auraient pris le Dracula de Coppola en modèle. Car le Dracula vieilli et monstrueux en son château des Carpates est un doppelgänger de celui de Gary Oldman, mais en version folle ou Drag Queen (Piche aurait été parfaite pour le rôle), et avec un brin de Padmé jouée par Dawn French dans la parodie de Star Wars de French & Saunders. La coiffure est insensée et totalement huuuuurlante. Et Jonathan Harker qui est à deux doigts de se faire tuer demande son histoire à Dracula qui la lui raconte (bah voyons).

Et Dracula dans son château c’est un peu comme la Bête dans le film de Cocteau, mais ce sont ses gargouilles qui le servent, et qui comme dans le Bossu de Notre Dame sont animées et obéissent aux ordres du maître des lieux. Comment vous dire que cela ne fait pas peur du tout, du tout. On atteint des sommets quand on découvre que Dracula a concocté un parfum en voyageant à travers le monde, et qu’il a réussi à composer une fragrance qui attire toutes les femmes. Et là on se croit juste dans le Parfum de Süskind et surtout son adaptation. Les scènes suivantes qui illustrent son usage du parfum sont à mourir de rire puisqu’on a une scène style Bal des Vampires à la cour de Catherine de Médicis puis Louis XIV mais qui rencontre Bollywood et Sense8. Et ne parlons pas d’une scène de couvent avec des bonnes soeurs, là c’est la comédie musicale Sister Act qui rencontre le clip de Kylie Minogue All the lovers.

Et malgré tout cela, je soutiens que Caleb Landry Jones fait de son mieux, et dirigé comme il l’est, il faut saluer sa performance. Le mec a tout donné et il aurait pu faire un bon Dracula. Mais le pauvre est dans un film vraiment mauvais, et ça ne suffit pas. Christoph Waltz qui est un très bon comédien renonce du début à la fin, il récite son texte, et il se barre à la fin avec un auf wiedersehen des plus éloquents. On sent qu’il s’excuse d’être là à tous les plans. Les autres jouent comme dans un téléfilm de TF1…

On a envie de rire ou de pleurer jusqu’à la fin… Pour tout vous dire, lorsque les protagonistes se rendent dans le château de Dracula pour récupérer Mina, ils croisent un panneau indiquant la frontière entre la France et la Roumanie. Voilà voilà.

On sent malgré tout un hommage à Coppola bien sûr, mais là c’est une parodie, avec un manque d’imagination flagrant dans l’écriture et le scénario, et sinon c’est pompier et grossier, sans aucune finesse ou virtuosité. Car Besson a eu tout cela, mais c’est tout le contraire qui est démontré ici. Ce qu’il a pensé comme des incises modernes « pop » sans doute se révèlent des fautes de goût tragiques, et tragicomiques au final.

Les Quatre Fantastiques : Premiers pas

Alors bon baaaaah, tout est relatif hein. Par rapport aux dernières bouses Marvel, c’est vraiment pas mal, et ça remonte le niveau des dernières productions. Mais par rapport, et jamais je n’aurais cru pouvoir écrire cela, au dernier Superman, c’est clairement, pour moi, un cran en-dessous. Et c’est surtout dû au scénario qui est très faiblard, et globalement plein de machins bancals et pas très bien écrits.

Je lis de-ci de-là que pas mal de gens sont sous le charme de la direction artistique Terre-8281 qui mixe un décorum totalement sixties, mais avec une technologie plus avancée tout en gardant un aspect rétro (écran cathodique géant à Times Square, ordinateurs couleurs avec écrans bombés, écriture sur disques, robots autonomes mais bandes magnétiques etc.). Je ne boude pas mon plaisir pour le côté rétro justement, et qui correspond aussi aux histoires des 4 Fantastiques que je lisais minot. Mais je n’ai pas aimé que ce soit un tel gimmick que ça paraisse très faux et surjoué, surinterprété sur chaque plan très criard et paraissant avoir été filtré.

Entre ça et Mad Men, vraiment je préfère le travail de reconstitution du dernier (mais c’est une alternative de la Terre, alors je ne boude pas plus).

Mais mon plus gros souci, ce sont les comédiens et ce qu’on leur fait dire. Vanessa Kirby est vraiment très bien, et elle est une parfaite Susan Storm, mais les trois autres sont juste mauvais. Cela me brise le coeur pour Pedro Pascal évidemment, mais vraiment ça ne fonctionne pas, et c’est en partie dû à des dialogues ineptes et parfois infâmes. Johnny est moche, et après Chris Evans ou Michael B. Jordan, bah ça ne marche pas quoi. On ne comprend vraiment pas ce que les meufs lui trouvent à celui-ci. Et il est con-con mais il arrive à déchiffrer tout seul une langue extra-terrestre qui paraît un mélange de latin, d’italien et d’espagnol. Je crois vraiment que mon problème vient autant des comédiens que de l’histoire et des dialogues, donc je n’ai pas trop envie de leur jeter la pierre. Mais bon, disons qu’ils ne rattrapent pas vraiment le truc.

Mon second problème c’est qu’avec cette DA, il y a des effets spéciaux que j’ai trouvés en dessous du dernier Superman, mais bien au-dessus des derniers Marvel. Globalement j’ai retrouvé cette imagerie de jeu vidéo que je honnis de plus en plus dans les superproductions « fonds verts » comme cela. Et ne parlons pas de cette pauvre Natasha Lyonne (que j’adore) à qui on a oublié de dire qu’il fallait regarder au-dessus de la tête du comédien2 en face d’elle qui allait avoir une bonne dose d’effet spéciaux pour devenir La Chose.

Et donc avec tout cela, j’ai eu l’impression de voir un film en « live action » (comme on dit aujourd’hui) des Incredibles, avec le côté familial, les années 60, et même le méchant « homme-taupe » et son univers souterrain. Bah je préfère The Incredibles parce que c’est mieux écrit, mieux joué, plus drôle et mieux ficelé.

Mais je n’ai pas passé un mauvais moment, plutôt un bon même parce qu’on renoue tout de même avec un divertissement de qualité. Je sais que c’est un peu contradictoire avec l’article, mais j’assume mes contradictions. Hu hu hu. C’est un vrai plaisir de revoir ces personnages, et j’aime bien le jeu avec leur notoriété, et tout ce qui existait déjà dans les vieilles séries où ce sont des héros très connus à la ville comme à la scène. Le méchant Galactus et sont héraut le Surfeur d’Argent (là une surfeuse en l’occurrence) sont des méchants emblématiques des 4 Fantastiques, mais je suis presque à préférer l’interprétation qui en avait été faite dans un précédent film

Et j’aurais été beaucoup moins difficile si je n’avais vu Superman la semaine dernière, donc je m’interroge sur toutes les bonnes critiques sur le film, en me demandant s’ils ont vu l’autre eux-aussi. En tout cas, ce reboot fonctionne globalement, et n’est pas une déception, mais ce n’est pas non plus un immense coup de coeur, et il y a encore tout de même des tas de défauts ou maladresses.

  1. Alors oui pour les béotiens, nous sommes nous là sur la Terre-616 qui est notre réalité du multivers et à peu près le cadre de la saga des films du MCU. Mais donc là c’est une autre version de la Terre (N°828), et cette réalité alternative présente des années 60 plus avancées technologiquement, même si on garde des accents très rétros dans les outils mis en avant. ↩︎
  2. TALK TO THE DOG!!! (En référence à un sketch bien connu de French & Saunders) ↩︎

Superman (James Gunn)

C’était une grosse promesse cette nouvelle génération de Superman pour DC Comics. Mais bon, on nous vend quasiment toujours ce genre de chose hein… Après c’est tellement la cata les films de super-héros, mais c’est vrai que si je jette un coup d’œil dans le rétro côté DC c’est The Suicide Squad1, et côté Marvel c’est le troisième et ultime opus des Gardiens de la Galaxie. Et qu’ont-ils en commun ? Eh bien ce sont des films de James Gunn, le même gars à qui l’on doit ce retour de Clark Kent sur les écrans, et le début d’une nouvelle séries de films DC.

Et je vous le dis tout de go, c’est une très très bonne surprise !!!

Ce n’est pas le meilleur film de la Terre, mais c’est vraiment sympathique et agréable à regarder, et c’est surtout un film d’une facture tout à fait correcte. James Gunn a fait du James Gunn, ni plus, ni moins. Donc c’est bien fichu, léché, pas con, bien joué, et une attention particulière aux effets spéciaux, à un scénario avec un sous-texte pas complètement hollywoodien, et un bon mix de représentation (notamment homme-femme). Et c’est exactement ce que j’ai reconnu dans ce Superman.

Mais déjà, une bonne chose, le film dure un peu plus de deux heures (et je n’ai pas senti de longueurs), et ne s’appesantit pas sur une énième introduction de la vie de Superman. Donc pas de destruction de Kypton, de parents éplorés, de comète qui file vers la Terre avec un bébé Kal-El qui apprend des trucs en accéléré, et pas de découverte de l’adoption ou de sa jeunesse. Non, en trois phrases résumées et trois plans, on est avec Superman qui se prend une méga déculottée de Lex Luthor et se plante la tronche dans une épaisse couche de glace en Antarctique. Le film démarre en une minute, bravo !!

Et James Gunn en profite du coup pour donner quelques surprises dans ce qu’on pense une ellipse parce qu’on connaît tous l’histoire du kryptonien. Par exemple, on découvre les parents de Clark comme deux bons bouseux à l’accent à couper au couteau (et son père c’est JJ LaRoche2 !!) et pas du tout des gravures de mode peu crédibles, comme on nous vend parfois (la mère notamment est croquignolette). Et les parents biologiques, Jor-El et Lara, alors qu’on les voyait comme des pacifistes qui envoient leur fils sur Terre pour son bien et celui de ses habitants, bah en vrai dans un message complémentaire décrypté par Luthor, on découvre qu’ils sont des enflures qui conseillent à Kal-El de baiser à couilles rabattues pour asseoir une lignée, et surtout de dominer les terriens qui sont des faiblards.

On a aussi une bonne galerie de personnages, avec un chouette David Corenswet qui est mignon comme tout en Clark/Superman, mais aussi un très très bon méchant avec Nicholas Hoult en Luthor qui n’y va pas par quatre chemins, et qui est parfois carrément inquiétant. L’excellente Rachel Brosnahan, la merveilleuse Mrs Maisel, est une Lois crédible et plutôt charismatique. Le film se positionne aussi avec quelques side-kicks héroïques qui sont aussi suprenants et que sympas. On a notamment un Nathan Fillion très drôle en Green Lantern avec une coup de cheveux improbable, une surprenante Hawkgirl, assez bad-ass et qui ne fait pas de la figuration, et un Mister Terrific qui est le plus mis en avant (le comédien jouait Darwin dans un ancien X-Men) et qui est véritablement essentiel à l’intrigue.

Bien sûr, je n’oublie pas le chien de Superman, Krypto, qui n’est pas d’ailleurs son chien, mais il ne garde juste pour quelqu’un. Le chien est complètement dingue et fout un bordel sans nom avec ses super pouvoirs. Il est d’ailleurs une des facettes du comique du film, ce qui est assez nouveau à ce niveau de comédie dans un Superman selon moi (ou bien rappelle un peu celui de 78). Car c’est souvent très drôle, et très bien tourné en dérision à maints égards, ce qui contraste avec la vision « Snyder » toujours très « dark » et gothique, très porté sur le drame et la noirceur d’âme des personnages.

Il s’agit d’un savant dosage, et d’une alchimie qui a bien fonctionné pour moi. On a en plus une petite réflexion politique pas piquée des hannetons, avec un Lex Luthor qui clairement est un concentré du pire d’Elon Musk, tout simplement. Mais le plus important pour moi dans un film pareil, c’est tout de même la qualité des effets spéciaux. Et là, ouf, on y est. C’est très très beau et on ne se croit pas dans un jeu vidéo. Les scènes sont très propres, le chien qui est complètement en CGI est très bien rendu, et on a droit à des scènes d’action hyper haletantes et convaincantes, aussi bien pour la qualité des effets que pour la chorégraphie des combats.

Après l’histoire peut tenir sur un timbre-poste, je m’en fiche, mais elle tient la route, et on a un divertissement de qualité, formellement, esthétiquement, sur le fond, pas trop con et qui réconcilie avec la saga Superman. Comme je l’ai dit, le cahier des charges « James Gunn » est un brin trop visible et académique, mais c’est vraiment parce que je fais mon chieur. Pour une fois, je me dis « ah vivement le prochain ! ».

  1. A l’exception du Justice League retapé par Zach Snyder, mais c’est un tel ovni… ↩︎
  2. Pruitt Taylor Vince qui a joué un célèbre personnage de la série Le Mentaliste. ↩︎