Jurassic World : Renaissance

C’est toujours un certain événement les films de cette franchise, mais je dois vraiment vieillir ou devenir aigri parce que je suis de moins en moins enjoué par ces sorties. Et surtout j’en trouve un bien sur je ne sais combien, et là encore c’est plutôt une déception. C’est dommage car en réalité il y a pas mal de choses qui fonctionnent, et la facture n’est pas si mauvaise, mais merde ça reste un film, il faut tout de même écrire un scénario et des dialogues moins indigents !!

Parce que l’intrigue peu crédible, ça passe. Je ne suis pas là pour avoir des explications scientifiques qui tiennent la route, donc ok on doit aller récupérer des échantillons de dinosaures vivants (notamment sur une île, l’île Saint Hubert à quelques kilomètres de la Guyane Française, qui servait à bricoler des dinosaures pour le parc, et notamment des dinosaures hybrides génétiquement modifiés). On a besoin en plus de trois échantillons des plus grosses bestioles : le plus gros marin, terrestre et aviaire. Donc il faut faire une piquouse à un mosasaure, un titanosaure et un quetzalcoatlus, parce qu’ils ont des gros cœurs et qu’on pourrait en tirer des enseignements pour inventer un médicament permettant de sauver les hommes de certaines maladies cardiovasculaires. Allez, ok, on y va.

Et donc après, on est sur le scénario le plus classique qui soit. Donc on a un grand capitaliste très méchant qui missionne des mercenaires (Scarlett Johansson et Mahershala Ali avec toute une bande de joyeux drilles en mode black ops) et un prof complètement nerd dont les lunettes ne sont jamais sales ou rayées (Jonathan Bailey). Sur le chemin, on croise bien sûr une famille composée d’un père, ses deux filles, et le petit copain débile (mais assez attachant comme personnage) de l’aînée, qui vogue sur un voilier au milieu de l’océan. Il ne faut pas oublier la touche francophone avec le pauvre Sylvain Béchir dont le rôle consiste à s’exprimer en français pendant tout le film sous forme d’onomatopées ou phrases de trois mots compréhensibles par le monde entier (au moins il est haïtien et a un accent parfaitement français, plutôt qu’un Frenchy dans The Boys ou l’usage parfois de Canadiens à l’imitation de l’accent français bancal). C’est drôle c’est exactement comme Pom Klementieff dans le dernier Mission Impossible, et cela rappelle bien sûr Omar Sy dans Jurassic World qui disait quelques mots ou interjections en français, mais ce dernier avait un rôle plus important et pas aussi « concis ».

La justification scénaristique des trois bestioles emblématiques à chasser donne au moins le prétexte de quelques scènes d’action vraiment sympas. Mais là où le bât blesse c’est pour tout ce qu’il y a avant et après ces scènes d’action : c’est complètement naze. Les dialogues sont vraiment à chier, et ce qu’ils se racontent est tellement con qu’ils en jouent assez mal. Même Scarlett Johansson et Mahershala Ali sont assez moyens, mais il faut dire qu’on leur fait vraiment se parler comme dans un téléfilm TF1, alors je ne peux pas leur jeter la pierre. Et Jonathan Bailey n’est pas un grand comédien, mais là c’est un peu trop visible dans ses percées expressionnistes qui confinent au risible.

Mais bon le plus important ce sont les effets spéciaux, et ils sont dans l’ensemble d’assez bonne facture, même s’il y a des ratés assez troublants. Par exemple, les scènes marines avec le mosasaure sont vraiment belles, et le plus bluffant c’est sans doute une belle course poursuite dans une rivière avec un T-Rex (plus belle scène selon moi), le quetzalcoatlus est également assez bien fichu et impressionnant avec son bec surdimensionné. En revanche, la scène émocheune (trop) classique avec la découverte des paisibles titanosaures est affreuse. Les images de synthèse sont moches et carrément en décalage avec le fond, c’est trop fluide et une texture complètement « Final Fantasy ».

Mais le plus décevant pour moi c’était ces décors complètement fake du début à la fin. J’ai l’impression que l’ensemble des plans qui semblent en décors naturels sont des images de synthèse, et encore une fois avec cette facture « jeu vidéo » qui rend tout cela très très carton-pâte. Et certaines scènes sont très très laides lorsqu’on voit clairement le fond vert dans le jeu des comédiens (qui ne bougent pas d’un iota sur un bateau secoué par un mosasaure) ou dans un premier plan qui rappelle l’émission de la 5 en route pour l’aventure avec Michel Robbe.

Donc l’histoire bancale, les personnages inintéressants, le jeu moyen, certaines images de synthèse minables… Heureusement qu’il y a de bonnes scènes d’action et qu’on est toujours content de voir quelques dinosaures. Je passe sur le message « open source » des médicaments pour que ça profite à tout le monde et pas pour le profit de quelques uns, parce que ça fait sourire de la part d’une production hollywoodienne comme cela. ^^

Dragons

J’ai vraiment du mal avec toutes ces redites en prises de vue réelles de classiques de l’animation. Je n’y trouve vraiment que très peu d’intérêt, surtout si on a aimé le film original. Mais là non seulement, j’adore le film de 2010 (l’avantage de bloguer depuis 20 ans, j’avais écrit à ce propos), mais en plus les critiques étaient assez bonnes, donc je me suis dit que ça pouvait valoir le coup.

Alors pour les gens qui découvrent, je pense que ça vaut le coup. Notamment pour des gamins d’aujourd’hui, mais c’est fou qu’on ne crée pas plutôt des choses nouvelles, et qu’on se contente de purs remakes. Surtout que les vidéos font que tous les gamins ont pu malgré tout le voir à la télévision. Ou même quand j’étais minot, je me souviens qu’on avait des resorties de classiques de Disney (j’ai vu comme ça La Belle au Bois Dormant ou les 101 Dalmatiens au cinéma quand j’étais petit). Mais bon, soit !!

Alors comme c’est exactement la même histoire et le même déroulé, on peut se fier à ce que j’ai écrit il y a 15 ans, et comme l’intrigue est top, bah ça n’a pas changé. Hu hu hu. Mais le jeu des comédiens n’est pas sensationnel, et la transposition ne fonctionne pas complètement selon moi. Il me semble qu’il aurait fallu rendre le truc un chouïa plus sérieux pour que les dialogues sonnent un peu plus « vrais » (mais je suis sans doute influencé par le « dessin animé » avec des enfants pour héros). Après ce n’est pas non plus une catastrophe, et ça se laisse regarder notamment parce que Mason Thames (Harold) est plutôt convaincant lorsque Krokmou se montre enfin.

Parce que le truc réussi mais très très réussi, ce sont les dragons ! Heureusement car c’est un peu le cœur du truc, donc il valait mieux ne pas se rater là-dessus. Les images de synthèse sont superbes, et dès qu’on a des dragons à l’image, ça le fait. Comme je disais les scènes avec Harold et Krokmou sont excellentes, que ce soit sur le plan esthétique ou sur l’action. On a des prises de vue en vol qui sont époustouflantes (et sont équivalentes à celles d’Avatar en mieux encore). Avec en plus la connivence entre les deux héros qui s’installe, la sauce finit par prendre, et le film se déroule en fournissant un bon divertissement.

Donc on peut s’en passer, mais pourquoi pas… Ce n’est pas raté au moins.

Mission: Impossible – The Final Reckoning

Bon, normalement c’est le dernier, c’est tout de même la bonne chose à souligner. Huhuhu. J’ai presque trouvé ça moins bien que Moonfall c’est dire !! Et pourtant, je partais avec pas mal d’optimisme, même si la première partie (Dead Reckoning) me paraissait assez mal engagée, avec plein des qualités des films précédents qui tendaient à s’amenuiser dangereusement.

Parce que Mission: Impossible c’est une saga qui avait commencé gentiment avec des petits films d’action pas oufs, mais qui avait fini par me conquérir avec Rogue Nation (2015) et Fallout (2018). Et puis moi j’aime bien le gars Tom Cruise, j’adore qu’il fasse ses cascades et qu’on ait des plans très détaillés de son visage alors qu’il virevolte dans un avion vaguement harnaché. Ouai ça se respecte ! Mais surtout avec Rogue Nation et Fallout, on avait finalement renoué avec un James Bond de bonne facture (cascades, actions, complot mondial avec twist, un brin d’humour), servi par des comédiens attachants (toujours Simon Pegg et Ving Rhames) et proposant des scènes assez époustouflantes (Ethan Hunt débarque en parachute sur le toit de la verrière du Grand Palais pour s’incruster à une soirée ^^ ). Et ces deux films voyaient l’apport non négligeable d’une fabuleuse comédienne à présent très connue : Rebecca Ferguson.

Ce dernier film conclut la franchise en essayant de faire des tas de petits clins d’œil et caméos de comédiens (ça c’est le côté sympa), et même de remettre une sorte de fil rouge depuis le tout premier film (pourquoi pas). Mais là où le bât blesse c’est pour tout le reste. Les comédiens sont vieux et fatigués, complètement en décalage avec l’action, y compris Tom Cruise (mais qui au moins ne ment pas, ne se fait pas ravaler la face ou rajeunir numériquement). Et surtout mais que c’est mal écrit !!!!!

L’histoire est indigente, avec une énième vue anthropomorphique d’une « Entité » qui est une IA (évidemment) et qu’on cherche à tuer grâce à une pilule informatique empoisonnée. Et je vous le donne en mille, quand on l’emprisonne dans un dispositif de stockage 5D (bon ok ça existe), bah le truc s’illumine pour bien montrer qu’elle est « dedans »… Les dialogues sont vraiment le pire du pire d’un truc généré par IA justement. C’est ampoulé, emphatique et ça tchatche, ça tchatche, pire que dans un Woody Allen, pour ne dire que des banalités mais avec une gravité intergalactique, et avec une manie de réalisation dégueulasse consistant à faire une phrase avec trois mots par personnage, et la caméra passe d’un personnage à l’autre…

D’ailleurs c’était une avant-première, donc j’imagine plutôt avec des amateurs du genre, et les gens ont beaucoup ri pour des scènes qui n’étaient pas vraiment dédiées à ça. Parce que tous ces gens qui se prennent au sérieux pour raconter des conneries, au bout d’un moment ça ressemble presque à une parodie, et c’était au final un vrai « Hot Shots » des films d’action de Tom Cruise. Il y a aussi cette pauvre Pom Klementieff à qui on ne fait dire que des bouts de phrase en français dans des répliques caricaturales et bateau, ce qu’on ne fait pour aucun autre personnage (même gimmick que là). Et on lui répond bien sûr en Français également, avec un Tom Cruise incompréhensible, et un Simon Pegg qui est un peu plus convaincant.

Il faut juste sauver deux scènes grandioses : celle dans un sous-marin avec des décors extraordinaires et donc sous l’eau, et celle où Tom effectue des cascades dans un petit avion biplace absolument épatante. On a toujours aussi droit à des décors naturels splendides, là c’est en Afrique du Sud. Donc les scènes d’action restent potables, et le film ne déçoit pas à ce propos. Mais ça ne fait pas un bon film, et là en l’occurrence l’histoire de merde, les dialogues de merde, la réalisation épileptique et la fatigue générale des comédiens en font un mauvais film.

Bon sinon, est-ce qu’Angela Bassett va se mettre à vieillir un jour, parce que 66 ans et pas une ride, et évidemment toujours belle comme le jour ! ^^

Thunderbolts*

Alors ok, après toutes les merdes accumulées ces dernières années, qui ont d’ailleurs redonné un peu de galons aux Éternels1, on est sur un film qui, comme les critiques, est assez potable pour qu’on puisse s’en faire l’agréable remarque. Le truc se regarde plutôt sans douleur ni déplaisir, et est un divertissement Marvel qui redresse un chouïa la barre. Mais bon, on ne va pas plus en faire un panégyrique.

Disons que dans l’absolu, l’aventure Marvel avec des méchants qui se retrouvent alliés pour combattre un super-vilain fonctionne avec les ressorts habituels : de beaux combats, de l’humour et quelques effets spéciaux. Mais le problème c’est quand on le compare au Suicide Squad de 2021, bah c’est beaucoup moins drôle et barré. Et pourtant on voit bien que ça joue sur les mêmes gimmicks, mais c’est deux crans en dessous, et malgré un Red Guardians (David Harbour) qui cabotine à mort, ça reste un peu plat pour moi. Et pourtant on a une Florence Pugh qui est vraiment excellente, et qui fait en partie la bonne tenue du film, surtout si on compare au catastrophique Black Widow.

Mais ensuite, on se récupère le Winter Soldier, John Walker le Captain America du pauvre et la méchante de Ant-Man et La Guèpe, donc pas la crème de la crème non plus… Et cette pauvre Olga Kurylenko qui avait déjà été suffisamment malmenée dans Black Widow nous fait un caméo pour se faire tuer en deux temps trois mouvements. C’est terrible !!!

Mais on a un super-vilain, un garçon paumé qui devient Sentry, qui n’est pas inintéressant dans son histoire et son personnage, et avec Julia Louis-Dreyfus qui tient bien son rôle de méchante institutionnelle, manipulatrice et veule, cela avait un certain potentiel. En plus, Sentry (qui est en réalité la facette super-héros du personnage) est plutôt un grand dépressif qui décide de plonger le monde dans le néant (son nom de super-vilain est The Void) après une crise existentielle. Toute cette section avait en réalité un joli potentiel également, puisqu’on est dans la tête des héros qui tentent de lutter, un peu à la manière de « Légion« , contre un vilain qui joue en plongeant les héros dans des univers mentaux et des constructions psychologiques jouant sur les fragilités des uns et des autres.

Mais cette séquence est expédiée en quelques minutes, et bam c’est la fin du film. ^^

Donc ça se regarde gentiment, et ce n’est pas complètement raté. Mais c’est tout quoi.

  1. C’est dire !! ^^ ↩︎

Queer (Luca Guadagnino)

C’est vraiment difficile de juger ce film, qui n’est pas un « bon film » mais qui reste tout à fait cohérent et plutôt fidèle à l’esprit de Burroughs. Donc c’est plutôt ça le truc : la beat generation ça a sans doute beaucoup beaucoup vieilli. Donc l’homosexualité ou les drogues, ce n’est pas sensationnel ni dans l’outrecuidance, et en plus de la part de mecs junkies plus âgés, et « privilégiés » dirait-on aujourd’hui, qui ciblent des minets. Bah ça n’aide pas à s’attacher aux personnages. Et quand en plus, l’histoire tient sur une page A4, ça fait un film de deux heures qui a l’air de durer plus longtemps que le Brutalist.

Finalement Luca Guadagnino me surprend autant qu’avec Call my by your name qui m’avait étonné dans son histoire même que je trouvais totalement bancale et surannée. Et là c’est un autre film, mais j’en ressors avec la même impression. Et donc c’est tout de même là encore très bien filmé, et ça tient bien la route. Il y a surtout un très très bon Daniel Craig qui est vraiment dans une performance fabuleuse. Il mérite vraiment des prix pour son interprétation, et il tient le film avec sa présence et l’authenticité de son jeu.

Après, il y a quelques scènes d’une jolie sensualité, ou avec des élans mystiques qui sont bien « imagés ». Mais « tout ça pour ça » quoi.

L’avis d’Aleck.

The Brutalist

Bon bah, je vais devoir un peu être à contre courant pour ce film. Il remporte en ce moment beaucoup de suffrages avec des tas de nominations et de promesses de prix. Et c’est en effet un plutôt bon film, vraiment de bonne facture en tout cas, mais c’est loin d’être un chef d’œuvre selon moi, et il est notamment perclus de pas mal de maladresses d’écriture.

On suit l’histoire d’un architecte, brutaliste donc, juif hongrois qui se retrouve immigrant aux USA après la seconde guerre mondiale, et le traumatisme des camps. Il a été séparé de son épouse (envoyée avec leur nièce dans un autre camp) qui est encore coincée en Europe. La première partie c’est la rencontre de cet architecte (Adrien Brody)), qui se retrouve simple manutentionnaire dans une usine, avec un millionnaire américain très suffisant (Guy Pearce) qui lui demande de construire un projet. Leurs rapports sont très particuliers avec l’américain particulièrement xénophobe et autoritaire, un petit tyran bourgeois parfait. La seconde partie voit l’arrivée de l’épouse de l’architecte (Felicity Jones) et de leur nièce, avec un déroulé de projet qui subit bien des péripéties. Il y a aussi un épilogue qui se passe lors d’une biennale d’architecture dans les années 80 à Venise.

Le film est connu pour avoir une forme très singulière pour un film de 2025 puis qu’il dure 3h30, est présenté en deux parties avec un entracte, est filmé comme dans les années 50 avec de la vraie péloche en format Vistavision, et fait la promesse d’un vrai et beau spectacle de cinéma. Et ça c’est vraiment le cas. La mise en scène est très efficace, même si parfois un brin emphatique, et sert très bien son propos. Formellement, c’est vraiment réussi, et cela prouve que l’on est encore capable aujourd’hui de produire un cinéma aussi exigeant et aux résultats probants. Mais là où le film est le plus réussi c’est pour les trois comédiens : Adrien Brody, Guy Pearce et Felicity Jones. Et Adrien Brody en particulier qui est fabuleux, et mérite à lui seul un bel Oscar pour ce rôle incroyable qu’il tient d’une main de fer du début à la main.

Et parfois, on a de très bon films pour lesquels on aimerait qu’on prenne son temps pour raconter des choses sur des durées moins concises. Mais là en l’occurrence, autant la première partie tient bien la route, selon moi, autant la seconde est trop longue, et n’arrive pas bien à tenir en haleine. On a l’impression d’avoir compris où on va, et que tout est répété en boucle sans beaucoup d’intérêt. Là où ces minutes supplémentaires auraient pu nourrir un récit plus riche, j’ai plus eu l’impression de rodomontades qui auraient pu être coupées.

Et puis on a des choix d’écriture qui m’interrogent vraiment, entre l’évocation de la toxicomanie ou du viol, mais surtout celui de placer dans l’épilogue les clefs essentielles du film. Pourtant ça pourrait aussi être une sorte de révélation et de « twist » qui peut aussi être un super moment de jubilation. Mais là non, j’aurais pris beaucoup plus de plaisir si ces informations avaient été instillées dans le film avant. De même quant aux allusions des camps, elles sont presque absentes et c’est dommage. Devoir arrivé aux dernières minutes du film, pour mieux comprendre le pied de nez global m’est presque apparu comme un gâchis. Et puis avec ce qui arrive à Guy Pearce à la fin, ou la disparition de Felicity Jones, il y a des tas de petites choses que je n’ai pas comprises ou appréciées. Trop délayé pour des répétitions inutiles, et pas assez de réponses qui m’intéressaient à priori.

On a donc une forme sympa, des interprétations magnifiques, mais une certaine incongruité dans la narration, et des longueurs au final qui sont difficilement pardonnables dans un film de 3h30. Tout ça pour ça quoi…

Bottoms

Quand PH nous a proposé ce film pour un Cinéfolles, je n’étais pas super convaincu. J’avais vraiment peur d’un teen movie qui dépasse un peu trop ma tolérance de futur boomer. Mais c’était vraiment une excellente surprise, et clairement si j’en fais un article alors qu’il date de 2023, ce n’est pas pour rien !!

Et bien sûr ce qui fait toujours la différence c’est que c’est un film très bien écrit, plutôt bien joué avec une production qui tient la route. Les bons auteurs, et là en l’occurrence, les bonnes autrices, sont clefs et permettent de donner des bons films même lorsque d’autres défauts sont là. Et les films de lesbiennes ne sont pas légion, alors que l’on a, selon moi, affaire à un film qui a tout d’un statut « culte » à venir.

L’histoire c’est celle de PJ (Rachel Sennott) et Josie (Ayo Edebiri) qui sont deux goudous lycéennes en galère de meuf (elles n’ont encore jamais eu de relation sexuelle). Alors qu’elles naviguent dans la rude existence d’ados queers dans un lycée où elles sont largement considérées comme les loseuses du coin, elles ont chacune un crush (hétéro évidemment) et parfaitement insensibles à leurs charmes. Elles commencent à nourrir leurs réputations de filles dures à cuire qui ont passé du temps en « juvie1 » (ce qui est affabulé), et elles ont l’idée de mettre en place un cours de self défense pour les filles de l’école (avec l’aide d’un prof à mourir de rire). Le truc se transforme rapidement en fight club où elles se battent vraiment, mais ça rapproche tout ce petit monde, et les deux héroïnes y gagnent un certaine réputation.

Tout cela se fait aussi dans un lycée avec un écosystème classique, donc avec à la tête des athlètes bourrins et des bimbos écervelées, mais également, et c’est tellement drôle, un pédé footballeur très mauvaise qui s’appelle « Matthieu2 » et qui est aussi au sommet de la chaîne alimentaire estudiantine. Mais surtout le film est complètement déjanté et nawak, d’une délicieuse absurdité et d’un humour décapant qui fonctionne à merveille (sur moi). J’ai vraiment beaucoup ri et très candidement.

J’ai vraiment pensé à un film aussi important que « Nowhere » a pu l’être pour moi en 1997. Mais là où Nowhere était une vision sous ecsta d’une génération perdue, là c’est plus conforme à la genZ, avec en sus une bonne dose d’absurdité qui flirte tout de même avec une *certaine* réalité. Mais sans jamais se prendre au sérieux, et avec vraiment énormément d’humour, de dérision, on y décèle aussi une claire envie de s’amuser avec le spectateur.

C’est en plus chouette de voir un film qui décrit un univers quasi au-delà des queerphobies, avec des jeunes gens fluides et moins engoncés dans des rôles et attitudes prédéterminés. J’ai aussi beaucoup aimé que le rôle du jock local par Nicholas Galitzine (qui jouait le prince anglais pédé dans cet affreux film) absolument débile, mais également peu crédible en hétérosexuel avec un jeu incessant sur son profil à la fois macho, mais aussi sensible et sur le fil d’on ne sait quoi. Vraiment c’est drôle, car les autrices jouent à la fois sur les clichés, mais les déconstruisent aussi dans une même scène, ce qui rend le truc très intéressant et franchement marrant.

Et les moments fight club où elles se ramassent les unes les autres, avec des moments sanguinolents, sont des scènes d’une drôlerie beauf assez irrésistible, et transcendées par cette magnifique et solaire « lesbianité ». On ne le dira jamais assez BRAVO LES LESBIENNES !!!

J’espère bien que les d’jeuns ont vu et verront ce petit film qui m’aura marqué à sa manière. ^^

  1. Juvenile detention, ce qu’on appellerait une maison de correction en France. ↩︎
  2. J’ai un peu halluciné de voir ce prénom tellement français et vraiment prononcé en français dans le film (il y a aussi une « Sylvie » d’ailleurs). ↩︎

La pie voleuse (Robert Guédiguian)

Je ne suis pas un grand connaisseur du cinéma de Robert Guédiguian, mais j’avais, comme tout le monde, aimé Marius et Jeannette, et surtout il y a une dizaine d’années beaucoup apprécié les neiges du Kilimandjaro. J’étais content de renouer avec cette bande de comédiens, Ariane Ascaride en tête que je trouve une superbe actrice, et le regard du cinéaste marseillais sur cette ville qu’il magnifie.

Le sujet du film me plaisait bien aussi avec cette auxiliaire de vie qui s’occupe de personnes âgées, et qui pique deux trois trucs dans la caisse, ni vu ni connu, tout en étant sincèrement très investie dans son travail et le soin donné aux personnes. En plus, nous sommes dans le quartier de l’Estaque et c’est l’occasion d’avoir un petit échantillon, en plein hiver nantais neurasthénique, de cette extraordinaire lumière marseillaise qui rassérène en elle-même.

Et on est bien servi, car Robert Guédiguian filme toujours aussi bien les comédiens et leur écrin marseillais, donc on profite bien des paysages, et de cet urbanisme côtier très particulier. L’histoire aussi se passe plutôt bien, et j’ai été plutôt rapidement bien pris dans cette intrigue de menus larcins (mais pas si menus) pour un rêve par procuration un peu fou, et une jolie galerie de personnages secondaires. J’ai notamment bien aimé le personnage de la fille, interprétée par Marilou Aussilloux (dont la beauté et le sourire irradient l’écran), et Grégoire Leprince-Ringuet qui n’est pas un comédien génial (je reste sur les chansons d’amour), mais à qui la barbe va… plutôt bien. ^^

L’énorme problème c’est qu’en plein milieu du film, alors que le pot aux roses est en train de se découvrir, on a une intrigue secondaire, amoureuse, très étrange et malaisée. Et le film ensuite patauge avec des trucs pas crédibles, presque bancal, autant dans cette soudaine idylle que dans le déroulé d’une plainte et d’une enquête sur les actions frauduleuses d’Ariane Ascaride. Et alors que le réalisateur ne sait plus comment faire pour se sortir de ces péripéties abracadabrantesques, bah salut le film est terminé. On retire la plainte, boum, tout est bien dans le meilleur des mondes, et on n’aura même pas le fin mot sur le coup de foudre qui marche sur trois pattes.

Et vraiment la rupture est très visible, gênante et drôlement maladroite, car on a une scène que j’aime beaucoup avec Marilou Aussilloux, qui avec beaucoup de candeur et lucidité, explique ce qu’il s’est passé, et décrit ses parents en mettant en exergue, au-delà des problématiques d’argent, un vrai phénomène de société et, je pensais, un tournant du film vers le vrai sujet. Mais non deux secondes plus tard, elle se tape Grégoire Leprince-Ringuet1 en mode :

Donc c’est dommage, c’était une fable sociale qui aurait pu avoir son intérêt, et en retrouvant le couple Ariane Ascaride / Gérard Meylan qui fonctionne plutôt bien, il y a des atouts. Mais ça ne mène à rien selon moi avec un vrai énorme problème d’écriture…

  1. On ne lui en veut pas, ça tombait malgré tout sous le sens, et on s’identifie bien au personnage. ^^ ↩︎

Don’t be a sucker! (1943)

Il y a un extrait édifiant de ce film de propagande américain de 1943 qui circule sur les Internets, et je trouve que ça valait le coup de le mettre en ligne ici.

C’est fou qu’il y a 80 ans, on faisait aux USA un film pareil qui explique comme à des enfants pourquoi il ne faut pas être raciste ou s’en prendre à des minorités, et les dangers du fascisme, mais on est revenu à l’instauration insidieuse d’un système factieux dans ce même pays aujourd’hui. Et comme d’habitude, nous nous récupérons ce qu’il se passe aux US avec quelques années de décalage (de moins en moins d’ailleurs avec la globalisation allant crescendo), donc cette chienlit est l’exacte situation dans laquelle nous sommes aussi.

Joli Joli

Rololo que je suis déçu, et je suis déçu d’être déçu, car dieu sait que c’était pour moi cette chouette comédie musicale. J’adore Beaupain, j’adore Luciani, c’était une promesse de guimauve et chocolat chaud auréolé de seventies et des œuvres de Demy, et je suis, outre tout cela, un gros fan des Chansons d’Amour d’Honoré. Et avec tout ça, bah non ça ne marche pas. Bouuuuuuh.

Parce que c’est malgré tout une très belle production, avec de bons chanteurs, chanteuses et comédiens et comédiennes, et une superbe première performance de Clara Luciani. J’ai même aimé certaines chansons, parce que c’est sympathique, pétulant, swinguant, parfois cocasse et avec un vrai charme. Laura Felpin et Vincent Dedienne sont très très cools aussi !

Mais merde, s’il n’y a pas d’histoire, pas d’intrigue, si c’est trop mal ficelé, si on n’accroche jamais l’intérêt du spectateur avec une once de narration, si les dialogues sont insipides et parfois frôlant le ridicule, bah ça ne marche pas. Donc c’est un bel écrin, une production à la hauteur des talents présentés et des auteurs impliqués, mais pas de scénario, pas de dialogue, peu de réalisation… Bref je me suis fait chier sur les deux heures que le film dure, et je n’y ai jamais cru, le charme n’étant pas suffisant pour se laisser bien emporter par ce semblant d’histoire et pas mal de scènes bancales.

Me resteront quelques chansons, le charisme fabuleux de Clara Luciani, son sourire, sa voix et son regard, mais ça n’est pas suffisant pour en faire le bon film que ça aurait dû être, même dans un genre de succédané seventies en hommage à Demy.