Projet

(On est le 2, mais je triche éhontément et j’antiposte ça. ^^)

Je ne parle que très rarement et vaguement de mon boulot, mais c’est un secret de Polichinelle. Hu hu hu. ^^ Alors attention, je vais faire gaffe à ne pas attirer l’attention avec des mots clefs, donc faites de même en commentaire sivouplé (de même pour mon identité plize).

C’est sans doute le *projet* le plus original et barré sur lequel j’ai bossé d’arrache-pied il y a dix ans, et qui m’a marqué par la belle aventure que cela a été pour quelques collègues et moi-même.

Mais le plus surprenant, ce n’est pas tant cela que la mini attention médiatique. Et le vrai déclencheur et qui prouve la notoriété du truc (ma mère a eu immédiatement des coups de fil, hu huhu) c’est l’extrait juste en dessous où vous pouvez entendre votre serviteur à la radio. ^^

Extrait des Grosses Têtes

Mat of the Night (1995)

C’est hier alors que Sweet Drop passait sur une de mes sélections musicales en aléatoire que ça m’a frappé : merde, on est en 2025, mais donc cette soirée du samedi 25 novembre 1995 a eu trente ans !!! Mazette !!! J’en avais parlé avec déjà pas mal d’émotions en 2007, mais le temps passe, irrémédiablement, et nous voilà à une date anniversaire fatidique.

Mat of the Night, cela vient de bien loin, mais je l’avais déjà expliqué ici tiens. C’était Thomas qui m’appelait comme cela, car on ne se voyait que la nuit et souvent pour les partager. ^^

Tout cela date comme vous pouvez le voir, et la photo en figure de proue est une preuve supplémentaire n’est-ce pas (oui c’était une de mes périodes blondes) ? J’ai même mon journal intime de l’époque pour pouvoir me replonger dans mes commentaires de midinette (j’avais 19 ans donc).

Cette soirée n’avait en plus rien de spécial, c’était vraiment juste une soirée comme les autres, et comme tant d’autres pendant les 15 prochaines années. Mais il m’en reste un truc génial qui est un outil mnémonique redoutable, c’est cette cassette audio que ma copine Caroline avait donné au DJ en lui demandant d’enregistrer son mix en live dans la boîte de nuit du Scorp’ (Le Scorpion). J’ai toujours ce talisman aux pouvoirs mnésiques épatants, et grâce à la magie des Internets, je le diffuse en intégralité avec la qualité de l’époque. ^^

FACE A
FACE B

Le DJ c’était lui, Patrice Strike, et il était plutôt gentil et joli garçon avec ses beaux yeux bleus. Je me souviens que Sébastien craquait carrément pour lui (et ce dernier l’a assumé justement dans les commentaires de l’article en question, car tout se retrouve sur les Internets…), et on a passé bien des soirées sympas avec en particulier de très chouettes montées électros qui rendaient tout le monde dingue (et ça criait dans tous les sens).

Le Scorpion était associé à une autre boîte de nuit qui s’appelait l’Entracte, puis allait devenir le Pulp. Ces endroits, au 25 boulevard Poissonnière, était juste au métro Grands Boulevards qui s’appelait encore « Rue Montmartre ». Les deux boîtes étaient dans le même immeuble, qui était en réalité un ancien dancing, mais on avait donc la boite pédé et la boite goudou, certes bien séparées, mais côte à côte. Ma copine Caro m’entrainait régulièrement de l’autre côté, et on y a également passé de très bonnes soirées avec d’excellentes Djettes ! Ce n’était pas toujours évident qu’on m’accepte à l’entrée, mais avec le temps, et les bonnes ambassadrices, ça le faisait.

C’était une période riche en choix de sorties et en typologies de fêtes. On avait encore en 1995 le Palace qui fonctionnait, et c’était la grande époque des soirées gay MILK qui étaient au sous-sol, et qui se transformaient en KitKat pour les afters. On avait donc le Scorp et l’Entracte (qui deviendra le Pulp en 97) qui étaient à quelques encablures (5 minutes à pinces), et on ne s’empêchait pas de passer de l’une à l’autre de ces soirées. Et évidemment, il y avait le Queen qui était déjà une institution, mais dont les soirées les plus prisées et intéressantes étaient les dimanches (Absolutely Fabulous puis OverKitsch Boy, avec Galia en maîtresse de cérémonie) et lundis soirs (Disco). Je suis en train de scanner toutes mes archives de flyers de soirées de ces années-là, donc je publierai tout cela un de ces quatre.

Mais ce n’était que le début d’un renouveau assez fou et jouissif du monde de la nuit gay. Nous connaissions un vrai espoir côté VIH avec les trithérapies, et la culture gay commençait à fasciner de manière positive tout un chacun. L’homophobie reculait doucement mais sûrement, en tout cas dans ses marques les plus institutionnelles et systémiques de la société. La visibilité gay n’était plus seulement crypto mais se faisait plus honnête et assumée. Et on avait cette musique électro qui faisait vibrer tous les clubs et soirées gays et lesbiennes, et qui serait le meilleur emblème pour la suite (et aussi bien sûr de quoi nous chier à la gueule ^^ ).

Les années 2000 ont été pour moi les plus folles et joyeuses et émancipatrices, mais 1995 a marqué un démarrage en trombe que je n’oublierai jamais.

NTO × Sofiane Pamart present : Forever Friends (Phantom)

J’allais écrire que j’étais un vieux de la vieille de l’électro, mais c’est ridicule, car on trouve toujours des générations précédentes et suivantes d’un courant artistique quelconque. L’électro c’est un peu plus délicat, car on a beau trouvé des antécédents, il y a une limite tout de même dans l’invention même de l’électronique qui n’est pas si ancienne. Huhuhu.

Donc si mon père était un féru de Vangelis (tiens cela me rappelle cette histoire d’ailleurs !) ou Jean-Michel Jarre, et que j’ai été abreuvé de ces nappes électros dès mon jeune âge, moi ce sont les années 90, lors de ma vingtaine, qui m’ont touché ! De Carl Cox à Manu le Malin en passant par Laurent Garnier, j’ai été complètement happé par la house et la techno des années 90 (et mon éclectisme légendaire m’a fait aimer beaucoup de courants différents). J’ai fréquenté les free parties des forêts d’Île de France, et il me fallait une sacrée jeunesse pour tenir le coup sans rien gober1. ^^

Le gros de cette période est passée pour moi, mais j’en garde une certaine assuétude pour la musique électronique. Et ces dernières années, j’ai vraiment accroché à NTO. Cet Anthony Favier (1985), qui a une page Wikipédia seulement en Allemand ( ^^ ), est un DJ et créateur/producteur de musique électronique en pleine ascension depuis son album Apnea en 2021. Et là il s’associe au pianiste Sofiane Pamart (qui lui a une page en français) pour un tout nouvel album : Forever Friends.

J’ai bien aimé ce mélange qui rappelle des trucs comme le célébrissime Children de Robert Miles (1995). Mais c’est assez casse-gueule comme assemblage, car ça peut aussi vite faire Rondò Veneziano. Mouahahahahahah. Et là c’est vraiment réussi avec une production particulièrement qualitative et des accords très harmonieux entre le piano et les nappes électroniques.

Loyalty – NTO + Sofiane Pamart

Mais il y a aussi des collaborations où le côté dansant reprend sur le côté tripant, et ça rend vraiment super bien. C’est un peu la raison pour laquelle, j’avais très très très envie d’écouter cela en live avec un public et une bonne acoustique.

Bagarre – NTO + Sofiane Pamart

En revanche, c’est très drôle car quand j’ai pris les places, je n’ai vraiment pas fait gaffe. J’ai cru que c’était un concert à Bercy standard, et je n’ai réalisé qu’il y a peu de temps que c’était une vraie soirée en mode « boîte de nuit » au club « Phantom » qui se trouve en-dessous du POPB de Bercy !! Et le concert des deux artistes c’était de 1h30 à 2h30. Donc obligé de faire mon d’jeuns et de me faire une soirée en boîte comme avant.

C’était une chouette découverte que le Phantom qui est un club immense, avec un son correct et de bonnes lumières.

Le système de miroirs monte et descend et cela produit des effets d’optique sympas où le public se reflète.

Evidemment, j’ai testé le selfie via ces miroirs. ^^

Il y a d’abord eu un set très sympa de Romain Garcia qui a très bien su mettre l’ambiance et chauffer la salle pour la suite.

Et vraiment avoir l’album réinterprété en live par les deux compères, NTO et Sofiane Pamart, était une très chouette expérience. En étant complètement englobé par le son, avec l’ambiance des gens qui guinchent autour, et surtout avec NTO aux manettes, cela donnait des morceaux hyper dansants, rythmés et avec pas mal de montées qui m’ont bien plu. La complicité entre les deux est manifeste, et cela transparaissait dans le concert. Entre les stances au piano qui sont très minimalistes, et dotées d’un certain lyrismes à la Max Richter ou Wim Mertens, on a ces montées électros qui viennent cueillir ensuite tout le public.

Mais purée parlons-en du public ! Je ne suis vraiment pas habitué des soirées hétéros, et là clairement c’en était une. Et j’ai vraiment pensé aux vidéo du Tréma (Est-ce que les hétéros vont bien ?) pendant la soirée. Hu huhu.

Cela contrastait aussi pour moi avec les soirées électros qui sont pour moi pleines de gens perchés qui sourient constamment et sont très agréables. Là c’était vraiment de la viande saoule, et beaucoup moins affable. On était vraiment avec des filles qui ne sourient pas, parce que j’imagine que sinon ça attire les mecs. Et des gars qui ne sourient pas non plus, car ça doit sinon sans doute faire pédé. Et les couples avec le mec derrière et la fille devant totalement protégée par son gardien (d’ailleurs la plupart du temps, il pose ses bras autour d’elle), c’est une image que je pensais tellement « siècle dernier », mais elle est fort vivace donc. Et donc de nos jours, on a encore droit à des meufs qui s’invectivent, et leurs mecs qui commencent à se prendre la tête…

Bon, clairement ce n’est plus pour moi ces soirées de jeunes. Je le savais déjà, mais en plus les jeunes hétéros, C’EST PAS POSSIBLE2 !!

Mais bon, ça m’a convaincu de retourner malgré tout faire quelques vraies soirées électros sur Nantes, je devrais me trouver cela facilement.

  1. C’est mon truc vous savez. Je n’ai jamais pris de drogue de ma vie, y compris alcool ou cigarette. J’en ai parlé il y a vingt ans, justement en évoquant ces free parties. ↩︎
  2. Tout cela à lire avec beaucoup de dérision et de second degré évidemment. ^^ ↩︎

La fin des haricots

C’est fou mais je parle beaucoup d’IA tout de même dans ces colonnes. Cela m’épate car depuis ces vingt années de déblogage régulier, malgré mon assuétude évidente pour l’informatique depuis mes vertes années, et son lien plus que ténu avec mon occupation laborieuse, j’ai vraiment orienté mon web-log sur des petites choses du quotidien, sur un miroir de l’égo, des fixettes sur mes aventures en Queeritude ou bien le compte-rendu des choses lues, vues, écoutés, senties, goutées, touchées.

Et pourtant j’aurais largement eu de la matière pour parler de web, dont c’est un peu ma spécialité tout de même, ou encore de technologies ou de trucs de geek. Mais non, ça n’a jamais été mon goût pour le blog et pour délier mon écriture. En revanche, l’IA générative me touche tant que je dois en parler de temps en temps. Je sens que ce truc va bouleverser nos existences comme le web l’a fait, mais encore plus vite, mais encore plus fort, et encore plus profondément.

Comme nous le vivons tous avec plus ou moins de difficulté ou d’appréhension, nous avons cette étrange sensation d’une accélération incroyable de tous les « phénomènes » qui nous entourent, et la technologie nourrit à la fois cette capacité et cette demande inexorable. Mais donc on a autant vu cette croissance extraordinaire de l’IA, autant dans son adoption, ses usages, mais aussi ses limites repoussées sans cesse, sa détestation par certains ou son bannissement par d’autres (avant de ne plus pouvoir que s’y soumettre néanmoins). Mais là je note enfin, des limites qui sont intéressantes car elles vont au-delà des histoires de copyrights (qui sont importantes évidemment, mais qui sont malheureusement des imbroglios qui ne résoudront rien, et qui ne seront jamais bien expliquées ou ne trouveront un juste dénouement), et il semble qu’avant même qu’on s’y mette tous, on a déjà des raisons de réfléchir à deux fois. Mais sera-ce suffisant pour reculer ou bien doit-on faire ce pas en avant alors que c’est dans un précipice, et qu’il est bien signalé tout comme il faut.

En cela, l’article de Ploum est édifiant dans sa liste de toutes les « fins » qui ont été atteintes ces derniers temps en lien avec les IA génératives. Que ce soit les décisions trumpistes sur les taxes de douane, des médecins qui remettent en question leurs propres intuitions ou expertises, mais surtout la nécessité d’apprendre que ce soit une langue, un système informatique ou un truc un chouïa complexe, bref plein de ressources très intéressantes à aller creuser.

Dans ces liens, j’ai bien aimé celui de Luciano Nooijen qui explique sa prise de conscience d’abord par l’usage du système de conduite autonome de son véhicule. Il a vite réalisé lorsqu’il a voulu reconduire, qu’il avait perdu à une vitesse incroyable des tas de compétences très intuitives. Et cela vaut aussi pour les développeurs qui utilisent l’IA pour se mettre le pied à l’étrier ou carrément pour accélérer leur création de code, ou parfois plus que cela. Il n’a pas laissé pour autant tomber ces outils qui ont une utilité, mais que l’on doit maîtriser au risque de perdre tout ce qui fait le cœur de ses compétences.

Et d’ailleurs dans ce domaine, il y a des trucs qui arrivent assez terribles, avec déjà des nouvelles méthodes pour infecter les modèles d’IA avec des bouts de code vérolés à qui bien des béotiens pourraient faire confiance par manque de savoir. Et cela sans voir bien sûr que le web se remplit à vitesse incroyable de contenus générés par des IA, et ces contenus étant eux-mêmes utilisés pour les entraîner, on arrive sur une entropie de l’information qui est digne d’un roman de hard SF. Le plus inquiétant c’est la manière dont on pourrait entraîner ces IA à avoir telle ou telle opinion selon qu’on lui a fait ingérer des tas de textes de telles ou telles obédiences. L’IA ne fait que proposer des textes plausibles, statistiquement cohérent avec votre demande, et en imitant des morceaux de textes préexistants. Ce n’est qu’une illusion de réflexion, un miroir aux alouettes qui mimique parfaitement l’érudition d’un physicien nucléaire et peut le recracher dans le style de Martine à la plage si c’est ce que vous voulez.

Il suffit d’exploiter l’IA au quotidien pour en mesurer les limites, mais aussi une flippante utilité.

Et je ne sais pas si c’est lié mais j’ai adoré cet article qui explique comment les milieux de la technologie sont passés de gauche à extrême droite. Les gourous de l’IA ne sont pas les derniers à militer dans une direction similaire. ^^

On peut aussi rapidement tomber sur ce genre d’expérience malheureuse qui rappelle qu’il faut se méfier. La personne ci-dessous explique qu’elle a demandé une traduction d’un doc chinois à chatGPT. La traduction était exactement ce qu’elle attendait, et donc ça n’a pas du tout éveillé ses soupçons. Mais comme il y a eu une couille dans le potage, elle a fait vérifier par un tiers, et la traduction était totalement fausse, complètement fantasque !

L’IA n’est pas pernicieuse per se, donc elle reconnaît que le fichier envoyé n’avait rien de lisible, et elle a donc proposé un texte qui était cohérent avec la demande et les échanges précédents « to be helpful ».

Cela m’arrive aussi couramment, et c’est parfois très difficile à détecter. ^^

Il y a 9 mois, je vous avais démontré ce service Gougueule qui permettait de tester de la création audio à partir d’un corpus de documents. Cela permet de créer des épisodes de podcasts à partir de quelques documents et des sites web par exemple. Le service est maintenant disponible en français, j’ai donc réessayé simplement en proposant l’URL du blog en source. Il n’est pas allé plus loin que la page d’accueil, mais en lisant simplement les titres et le s débuts de posts, il produit un truc très crédible et bluffant.

Et pourtant quand on écoute c’est un ramassis de banalités… Et il y a ce truc très drôle du « 178 av LLM » qu’on trouve en maxime sous mon blog. Evidemment un LLM pour le commun des mortels ce sont les Large Language Models qui sont justement les pierres angulaires de ces IA génératives. Et j’adore que le système brode sur mon ironie qui va jusqu’à sous-entendre que je blogue depuis 178 années avant l’invention de l’IA en gros. Hu hu hu.

« 178 av LLM » est une boutade d’il y a une vingtaine d’années qui s’est répandue sur quelques blogs alors que la presse et « tout le monde » faisaient des gorges chaudes sur Loïc Le Meur comme l’inventeur des blogs, ses initiales, LLM, devenant rapidement une manière discrète de parler de lui. Des gens s’étaient mis à afficher depuis combien de temps ils bloguaient « avant LLM ». Et moi donc, je blogue depuis 178 jours avant Loïc Le Meur. ^^

Podcast fabriqué par l’IA de Google depuis le service NotebookLM à partir de matoo.net

Bon pour finir, je dois aussi lier cet excellent article de David (qui continue aussi à écrire avec une constance que j’admire sur des sujets dont je ne comprends souvent que les trois premiers paragraphes ^^ ). Je souscris vraiment à toutes ses assertions sur le sujet, et notamment sa toute dernière pensée qui est saisissante.

La liberté de l’accès à l’information était un fondement essentiel du Web : si la concurrence à l’entraînement des IA, en rendant gratuitement précieux ce qui était un commun, crée des barrières là où il n’y en avait pas, c’est un dégât collatéral bien plus grave que toutes les questions de consommation d’énergie ; et l’invocation du démon de la propriété intellectuelle, loin de détruire les IA, ne va qu’empirer ce problème.

Chauve-souris

On aurait pu croire que j’allais tout bêtement et candidement parler de chiroptères, comme ces petites pipistrelles adorables qui venaient nicher derrière mes volets quand j’étais minot. Elles étaient toutes mignonnes, et je leur donnais des bouts de pêches ou de brugnons l’été1. Cela m’a rendu les chauve-souris très sympathiques, malgré leur sombre réputation.

Mais non, le premier truc qui m’est venu, c’est cette bien nommée chanson du groupe Vive la Fête.

Chauve-souris (Vive la Fête)

Ah là là, que de souvenirs, d’images et de sensations de cette période !! Encore un truc qui date en gros d’il y a vingt ans, et qui était ma bande son de ces années. Merci la Belgique !!!

Et avec Vive la Fête c’est évidemment, Raphaël qui nous avait fait connaître le groupe via des potes à lui. C’était un collègue de boulot qui était très cool, et avec qui je m’entendais très bien. J’ai d’ailleurs très très couramment parlé de lui dans le blog, et il connaissait bien mes activités sur le net. C’était un gars très parisien, parfaitement gay-friendly et super à l’aise dans ses baskets.

Son acolyte du bureau c’était Benoît, et les deux se battaient tout le temps. C’était leur truc, un vrai truc bien mascu, mais c’était plus fort qu’eux. Et c’était marrant car ils étaient vraiment potes et comme cul et chemise, mais tout en étant très différents. C’était deux échalas, mais Raphaël était blond et extraverti autant que Benoît était brun et introverti. Raph était un vrai bourreau des cœurs qui déployait stratagèmes et techniques de drague hors pair, tout en étant pas une gravure de mode mais jouant à fond sur son charme et son bagout, tandis que Ben était d’une beauté si frappante que les meufs tombaient en pamoison juste à voir ses petits yeux bleus humides ourlés de grands cils noirs. Mais ce dernier était un grand timide, il n’abusait en rien de ses capacités innées, et je pense, n’en a jamais eu bien conscience.

Comme je l’ai souvent témoigné ici, j’ai narré quelques-unes de ces anecdotes de boulot, assez inutiles je le reconnais, de ces années. Mais j’ai aussi depuis beaucoup plus longtemps que le commun des mortels gardé des photos et des vidéos de plein de trucs tout aussi inutiles. Il y a vingt ans, les appareils photos argentiques étaient encore légion, et les appareils photos numériques très onéreux. Mais comme j’en ai parlé récemment, j’ai eu pas mal de ces webcams portatives bon marché qui proposaient une qualité exécrable mais avaient le mérite de capturer certains moments.

C’est comme cela que je me retrouve avec des disques durs qui ont miraculeusement survécu, et ces vidéos comme autant de daguerréotypes animés d’une époque… Et autant vous dire, des vidéos de 30 secondes en 176px de large, ça ne fait pas des miracles sur nos écrans d’aujourd’hui. Huhuhu.

Mais je trouve ça génial, car j’ai notamment gardé ces quelques séquences où les deux zigotos se mettaient à faire des démonstrations de kung-fu, en réalité chorégraphie hésitante de paons testostéronés qui faisaient la roue, en plein open-space. Et à l’époque, pas de smartphone, donc on ne me remarquait pas toujours avec mon mini-appareil qui ne ressemblait à rien, et dont on ne se doutait pas qu’il pouvait enregistrer des vidéos.

Vidéo de 2003

Ci-dessous, un autre souvenir qui me fait sourire, et où on peut voir qu’un ou deux ans plus tard, j’étais passé à un autre modèle et à 352px de large… C’est drôle aussi de s’entendre, et de revoir ces adorables types avec qui j’ai bossé pendant des années.

Vidéo de 2005

C’est la vie d’une chauve-souris à minuit, c’est la vie d’une chauve-souris à minuit !

  1. A priori pourtant elles sont insectivores, mais je me rappelle qu’elles acceptaient nos offrandes sans difficultés. ↩︎

Iwak #30 – Violon

Le violoncelle serait plus précisément mon instrument de prédilection, mais en réalité je suis totalement charmé et envoûté par les quatuors à cordes. Deux violons, un alto et un violoncelle : ces instruments forment un accord d’une perfection, d’une harmonie et d’une puissance qui m’affole. Et le violon en particulier est pour moi associé à un truc qui remplit autant les grandes salles de concert prestigieuses, les conservatoires de musique, les zéniths de province, les couloirs de métro, les loges de concierge, les compilations à deux francs cinquante de mon enfance, les musiques d’attente de standard téléphonique, les ascenseurs de France et de Navarre, la moitié des publicités de la téloche : les Quatre Saisons de Vivaldi.

C’est fou de se dire que ces morceaux qui ont été composés il y a tout juste 300 ans par Antonio Vivaldi (été 1724 !!), n’ont pas pris une ride, et sont aimés et connus d’à peu près tout le monde, même lorsqu’ils n’en connaissent pas l’auteur ou le titre. Moi ce qui me plait tant là-dedans c’est clairement leur tension dramatique, et le fait que ce soit super rythmé, super tendu, et que ça pulse littéralement d’énergie, de secousses et de revirements. On a des images, qui pousseraient à la synesthésie, et des illustrations que l’on associe couramment aux saisons, et je pense qu’on a intégré ce vocabulaire musical pour ses usages précédents, mais en effet on y « voit » bien le souffle doux du vent dans les blés jusqu’à la tempête et la pluie battante qui mettent la nature en péril.

Et comme moi j’ai l’âme d’une concierge1 (portugaise en tout cas, au vu de mes origines2), j’adore ces morceaux bien pompiers qui remuent plein de choses en moi. Ce qui m’épate avec le violon, et en particulier donc dans les Quatre Saisons, c’est à la fois la virtuosité mais la capacité physique pour sortir aussi vite et bien cette multitude de notes. Cela paraît juste surhumain, et c’est aussi en cela que c’est si bouleversant et submergeant à l’écoute, comme un stroboscope auditif, un Pollock à l’archet ou la visite olfactive d’un souk marocain.

Vivaldi a certes eu du succès à son époque (1678-1741), mais apparemment a été ensuite complètement oublié, avant d’être redécouvert au milieu du 19ème siècle. Je me rappelle avoir été épaté quand adolescent j’avais vu un film, d’une production tout à fait moyenne, qui figurait le grand auteur de théâtre Goldoni dans une intrigue policière sur fond historique : Rouge Venise (un giallo de 1989). Goldoni enquête dans Venise avec son ami et side-kick très haut en couleur : Antonio Vivaldi. Et même si l’histoire était tout à fait fictive, Vivaldi a vraiment été pote avec Goldoni, et ce dernier lui a écrit deux livrets (sujet de blagues récurrentes dans le film). Dans le film, Vivaldi est un peu hystérique et hyperactif, il parle très vite, et saute partout un peu comme un dingue toujours sur la brèche. Son côté ecclésiastique a l’air d’être assez secondaire à sa musique, et c’est un personnage d’abord humoristique.

Les Quatre Saisons ont été également réinterprétées par beaucoup de compositeurs qui en ont fait leur propre version, ou s’en sont servi d’inspiration. Cela a donné de très chouettes œuvres de Max Richter ou Philip Glass par exemple. Pour ce dernier d’ailleurs, c’est aussi ses thèmes « passionnels » à cordes qui me plaisent tant. Il y a notamment ce solo de violon d’Einstein on the Beach qui est un truc incroyable dans la veine répétitive de Glass, mais porté à son paroxysme et dont on voit aussi l’effet sur le physique des musiciens lorsqu’on l’expérimente en live.

Solo de violon d’Einstein on the Beach par Thomas Halpin

Pour finir, un truc fou dont j’ai déjà parlé il y a presque vingt ans, mais qui continue de me remuer les tripes. C’est encore du Glass et c’est encore merveilleusement enlevé et enlevant.

Extrait du Quartet N°5 (1991) par l’ensemble Kronos Quartet
  1. Avec les keupines des « folles d’opéra » dont Kozlika, Chondre, Zvezdo ou Gilda, on parlait de notre amour des opéras de concierges qui sont en gros le répertoire ultra-classique du Bel Canto bien « colorée », mais c’est évidemment avec beaucoup de considération pour les loges (non maçonniques, quoi que le Portugal tout ça ^^ ) de France et de Navarre. ↩︎
  2. Mon second prénom n’est pas Manuel pour rien. ↩︎

Ma vie en répondeur en 1999

Nan mais qui garde une cassette audio à bandes magnétiques dans ses affaires juste pour faire de l’archéologie 25 ans plus tard ? Bah oui, moi vraiment et sans vergogne. Hu hu hu. Je me souviens très bien m’être dit, tiens je m’en fous maintenant mais je vais garder ce truc là au fond d’un tiroir. Et j’ai aussi gardé le petit magnétophone offert par mon oncle dans les années 80 pour stocker les programmes informatiques (à une époque où on enregistrait des programmes sur des cassettes audios) de mon ZX81.

En cherchant une agrafeuse dans ce fameux tiroir, je me suis demandé ce qu’il pouvait bien y avoir comme cassette dans ce magnétophone et de quand ça datait. En réalité, c’est allé assez vite, je me suis souvenu dès le premier bip et la médiocre qualité sonore qu’il s’agissait de la cassette de mon répondeur téléphonique, et que j’avais enfoui cet artefact dans des strates géologiques pour que j’en sois quelques années plus tard le redécouvreur. Et c’est marrant car le tout premier message donne un indice majeur sur le moment où nous sommes.

Manuel

Il le dit bien « nous sommes le dimanche 12 septembre », et il n’est pas très difficile de dater le message à l’année 1999. Il s’agit bien sûr d’un antique répondeur électromécanique, donc on appelait chez moi sur un téléphone fixe, et on laissait parfois des messages. Ils n’étaient pas horodatés, donc c’était courant quand on appelait de préciser la date et l’heure.

Je me doutais bien que c’était vers cette période, pour la simple et bonne raison que j’ai emménagé à Paris en février 1998. Mais les téléphones portables commençaient déjà à bien fleurir, et les services vocaux pour les fixes allaient bientôt complètement remplacer ces machines (proposant des options de répondeur dématérialisé). Et rapidement, on allait remplacer les répondeurs par un appel sur le mobile, puis un message sur la « boîte vocale ». Mais à cette époque, force est de constater que les répondeurs « machines » sont encore bien utiles et utilisés. On entend d’ailleurs clairement les gens m’appeler d’abord sur le fixe, puis tester le portable, et je me rappelle aussi que j’écoutais souvent mon répondeur « à distance » puisqu’on pouvait aussi consulter ses messages en appelant chez soi avec un certain code.

Je suis un conservateur et un archiveur, mais pas non plus un accumulateur. Je me débarrasse de plein de choses régulièrement, mais je garde toujours une petite trace ou un « souvenir ». Et je fais la même chose numériquement, même si j’ai souffert du virus Tchernobyl le 26 avril 1999 et rebelote comme un con le 26 avril 2000. J’ai perdu beaucoup de photos de webcam notamment auxquelles je tenais, mais tant pis ! Il me reste par exemple de cette époque cette photo webcam (circa 1999, pixélisation d’époque) mise en proue d’un selfie minaudant dans mon petit appartement de 14m2 à Bastille où j’ai vécu très très heureux sous les toits pendant quelques années.

On n’a pas l’impression mais on voit en réalité tout mon appartement de là. A droite on peut apercevoir mon four posé sur un placard, avec une plante devant, eh bien juste à côté c’est la kitchenette et juste derrière une douche et des toilettes (sur 2 bons mètres carrés). Derrière moi c’est un rideau occultant la porte (car c’était une passoire thermique évidemment), et on aperçoit ma petite décoration (photos et tableaux) avec mon futon qui n’est pas visible (sans doute replié en canapé). Et voilà !!

Ce premier message de Manuel est emblématique pour moi car c’est un copain de Lycée, et donc en 99 j’avais encore pas mal de contacts avec mes amis d’IUT ou de Lycée, et donc avec des hétéros. C’était justement une période mixte et hybride très heureuse, où la jointure entre les deux mondes était plutôt fructueuse et sympathique. On a fini par prendre des chemins assez séparés par un simple effet de tempus fugit.

Comme d’habitude je publie plus pour moi que pour vous, et mon but là est de poster ces audios pour les archiver en ligne et pouvoir y revenir potentiellement. Cela m’amuse aussi de repasser par cette époque, par mes 23 ans aussi, et d’y saisir un peu l’air du temps. Ce temps du changement de millénaire, et ce temps du changement pour moi aussi. Les messages vont jusqu’à janvier 2000.

Sean

Alors, remettons-nous un peu en tête cette fin des années 90 me concernant. J’ai déjà publié quelques flyers de soirées de 1997, ou bien mon aventure amoureuse tonitruante avec Thomas, et mes trois amants mythiques de 1998. J’ai toujours cette merveilleuse photo de moi (décoloré) avec l’un d’eux.

Sean est le premier des trois, et donc ce message c’était alors qu’on n’était plus ensemble depuis longtemps. On ne va plus être en contact pendant très longtemps, et tant mieux car la relation s’étiolait sérieusement (on peut le sentir je crois).

Diego

Diego est mon pilier depuis notre rencontre 1998, une amitié qui dure toujours et qui me fait toujours aussi chaud au cœur. Il me laissait toujours des messages assez longs et il raconte souvent des trucs. On a énormément traîné ensemble dans le Marais à discuter, à se faire des petits restos (« pas chers, japonais, chinois ou pizzeria ») et à disserter sur la vie dans les backrooms. Assez marrant son message me proposant de me faire découvrir les MTV Music Awards, sachant qu’à l’époque on avait bien sûr la télé uniquement par voie hertzienne, et donc peu de chaînes, et qu’on enregistrait sur K7 vidéo des émissions ou des films. Et MTV c’était le nec plus ultra des programmes hype et dans le vent.

Inconnu

Et là bah, je ne sais pas qui c’est… Il parle du RER, et cette voix me rappelle bien quelque chose mais impossible d’en savoir plus. Hu hu hu.

Fabrice

Fabrice c’est encore un ami aujourd’hui, il habite à Londres et c’est par exemple avec lui que j’ai vu Totoro au Barbican l’année dernière. On a eu une histoire littéralement éphémère (en 24h c’était plié) mais je ne sais plus si c’était en 98 ou 99, en tout cas c’était au tout début de notre rencontre (des amis en commun). Il dit qu’il passe chez moi à minuit, alors je ne sais plus du tout comment interpréter cela. Mouahahahahahah.

Céline

Céline c’était la copine de Caroline, mon amie la plus chère à l’époque. Rencontrée via ma copine de Lycée Virginie, Caro a été mon intronisation dans le « milieu gay parisien » et m’a appris toutes les ficelles du métiers (Mouahahahaha). Le meilleur ami de Céline c’était David, et en 1996, je suis sorti avec lui. Evidemment. ^^

Elle dit qu’elle va voir « Les convoyeurs attendent » avec une copine, et comme le film est sorti le 15 septembre 1999, on est raccord.

Caroline

Eh bien voilà donc Caroline dont je viens juste de parler. On se donnait toujours des infos sur notre joignabilité avec des indications horaires. Donc on était joignable à tel endroit à partir de telle heure, ou alors sur le mobile ou chez un tel à tel numéro etc. C’était important pour qu’on puisse tous jouer le rôle de relai dans un réseau d’informations très efficace mais reposant sur une communication bidirectionnelle tout à fait analogique.

Diego

Diego vous allez souvent l’entendre, et souvent c’est juste pour papoter et savoir « qu’est-ce que tu foutais ? ». ^^

Nicolas

Nicolas ou comme je l’ai nommé dans le blog Nicolas IV est un mec important dans ma vie (ou je les numérote, ils sont trop nombreux ^^ ). Il me souhaite une bonne fête donc c’est le 21 septembre 1999. Et le ton m’indique qu’on est encore ensemble, mais non ça n’a duré que quelques semaines ou mois et il a rompu l’été 99. Et j’en ai chié, mein gott que j’en ai chié. J’étais vraiment très très amoureux, et lui aussi. D’ailleurs on s’est recroisé en 2003 et ça avait fait des étincelles. On s’est revu une seule fois, juste deux minutes en septembre 2017 à la gare d’Aix en Provence TGV. Il était avec son mec, et il partait en vacances je ne sais où. Nos sourires n’avaient rien perdu de leurs connivences, mais on savait qu’on était bien mieux dans nos souvenirs. Hu hu hu.

Diego

Diego qui appelle d’une cabine pour discuter un peu avec moi… Et ma « petite voix » qui l’a inquiété ça devait être déjà les prémices de la chienlit avec Nicolas. Drama queeeeeeen !!!

Joris

Bon, ça c’est Joris donc je suis pas là, il m’appelle sur mon portable. Jo est un ami d’IUT qui a eu l’idée de me présenter Nicolas, son meilleur pote pédé. Et même si Nicolas et moi lui avons dit « Mais purée tu crois vraiment que parce que tu connais deux pédés, ils vont se renifler le cul ? C’est vraiment une idée d’hétéro ça. », eh bien il a pu nous dire « Je vous l’avais dit !!! ».

Éric

Ah ah c’est marrant ça, c’est Éric qui est le pote d’un pote, et qui était vaguement intéressé par moi j’imagine. Je ne savais pas bien si c’était amical ou plus que cela, mais ça n’est jamais allé plus loin. Je l’aimais bien, mais je n’avais pas envie de plus en tout cas. Encore une fois, on laisse sur le répondeur son numéro de portable, mais avant son numéro de fixe chez soi et celui au bureau (pour bien être joignable au maximum).

Joris

Arf arf, je n’ai pas dû le rappeler assez rapidement. C’est bien une remarque de Jo ça (on le sent le mâle dominateur hétéro qui a l’habitude qu’on lui obéisse non ? Hu hu hu) !!! ^^

Yves

Yves c’est marrant car c’est un copain de Paris, mais qui est comme moi du 95. Il était même en fac avec une copine de lycée à moi, et on a été proche pendant de nombreuses années. Je l’avais connu par Ali de manière assez inopinée, mais Yves était surtout le petit copain de Diego avant qu’on se connaisse, et c’est donc lui qui nous a présenté. Mais bon, on a réussi à se retrouver à Barcelone l’été 2021, comme quoi tout est possible !

Inconnu

Je ne reconnais vraiment pas la voix… mais il m’appelle « beau gosse » et veut qu’on se fasse un ciné. Alors j’imagine que c’était une touche ? Je n’ai jamais su rester célibataire que quelques semaines, je suis terrible. ^^

Virginie

Virginie bien sûr, on se voyait encore très très souvent. Amie de lycée et copine de toujours, j’en ai déjà parlé.

Padrino

C’était son pseudo évidemment, et on habitait à quelques encablures dans le 11ème. On s’entendait super bien, et on mangeait souvent un bout ensemble. Vraiment j’aimais beaucoup ce mec et c’était devenu un ami proche. On a été séparé suite à des dissensions dans un groupe d’amis, mais j’ai toujours regretté cet éloignement. On avait nos habitudes dans une petite crêperie de la rue Oberkampf qui était excellente, Jour de Fête, et tenue par une lesbienne butchissime flamboyante.

Inconnu

Cette voix est très particulière, mais je n’arrive plus du tout à me rappeler de qui il peut bien s’agir.

Jonathan

Ok donc Fabrice est déjà à Londres (où il réside encore aujourd’hui), et j’ai dû aller le voir là-bas et rencontrer Jonathan. Il me laisse un message et c’est adorable avec son accent britannique à couper au couteau. Je me rappelle que je le trouvais vraiment charmant comme tout, et je me souviens qu’il s’était aussi cassé les dents sur Fabrice. C’est peut-être ce qui nous avait rapproché. Hu hu hu.

Padrino

Ah ah, Padrino qui m’appelle pour avoir des conseils pour téléchager des mp3 « je sais pas quoi »… Bon évidemment, je suis connu comme geek depuis très longtemps. A l’époque on se renseignait sur Napster (1999) pour télécharger des musiques illégalement, et le format mp3 était encore balbutiant. On écoutait d’ailleurs de la musique surtout sur Winamp (1997). Les vidéos étaient téléchargées en format DivX sur Morpheus (2001), Kazaa (2001) ou eDonkey (2000).

Padrino

Il dit que c’est « encore » lui donc il a dû rappeler tout de suite après. Et donc il voulait vraiment qu’on mange ensemble !!! Adorable !!

Sophie

Une copine du boulot de l’époque, Sophie, que j’aimais beaucoup et avec qui je suis resté en contact pendant pas mal de temps. Ils devaient m’attendre pour une bouffe entre collègues (on était jeunes, on sortait après le taf).

Céline

Céline qui me demande de convaincre Caro (son ex) de venir avec nous plutôt qu’avec Marine (la nouvelle en vue). Bref, une affaire de lesbiennes. ^^

Diego

Ah ah, c’est cette période où les gens se plaignent que j’ai beaucoup de messages sur mon répondeur et que les bips sont interminables. Apparemment on allait aux Bains1 avec Ali, et avant des verres à l’Okawa. Tout cela est sans doute lié aussi au message de Céline. Une soirée classique de 1999 qui se goupille avec les moyens de l’époque.

Nicolas

Ah le retour de Nicolas… On est encore en contact, mais je ne comprends pas trop ce qui se passe entre nous. Il dit qu’il va être en « perm » donc il doit toujours faire son service militaire, et je me souviens que c’est pendant qu’il m’a largué l’été 99. Bon un peu confus cette « timeline » !!!

Padrino qui m’invite à dîner avec Ali. ^^

Virginie

Ah tiens Virginie qui me demande comment le séjour en Angleterre s’est passé ! Donc j’ai dû aller voir Fabrice. C’est vrai que c’est à peu près la période où il a dû me faire découvrir Queer as Folk UK et les soirées mémorables au Two Brewers à Clapham North.

Diego

J’ai dû consulter Diego en urgence sur celui-ci parce que je ne comprenais vraiment pas de qui il s’agissait. Mais apparemment, c’était un plan cul que je lui avais présenté (un mec de Yarps). Mouahahahah.

Christian

Hé hé hé, Christian, un allemand rencontré via Yarps aussi, et qui était quelques mois en France. On s’est vu quelques temps, notamment avec Diego. Et un soir, de manière assez incroyable, on a dormi tous les trois chez moi après une soirée tardive. En tout bien tout honneur bien sûr. Sauf que sur le matin, on s’est tripoté avec l’allemand qui était entre Diego et moi. Et que j’ai appris plus tard par Diego, qu’il s’était aussi tripoté avec l’allemand pendant la nuit. Donc voilà c’est notre seule relation ayant dérapé au-delà de l’amitié avec Diego, un plan cul par transitivité. ^^

Cécilia

Le chouette message d’une copine de lycée qui habitait juste en face de chez mes parents, et avec qui j’ai noué une relation très intime pendant quelques années. Une vraie très bonne copine, comme Virginie, mais que je ne vois plus même si j’ai toujours quelques nouvelles éparses, souvent de proche en proche.

Seb (Anorak)

Vous allez voir il y a pas mal de messages de Seb, mais il ne s’étale jamais trop. On reconnaît sa voix si douce et son petit accent toulousain qui pointe (ce que j’ai aimé cet accent alors ^^ ). Donc je démarre là une des plus belles histoires d’amour de ma vie, quelques mois vraiment très forts et intenses, un truc beau et doux comme lui. Et forcément à 23 ans, bah c’est de l’amour quoi. Hu hu hu. Seb c’est aussi Anorak de Caramail, toute une époque où on tchattait toute la nuit dans les salons virtuels de Cara. Et j’ai fait des rencontres folles et géniales, des personnes que je connais encore aujourd’hui d’ailleurs. Caramail a été supprimé en 2009, mais vraiment c’est un marqueur générationnel indéniable.

On est tombé amoureux en ligne, et on balisait à fond quand je suis allé le voir à Toulouse pour la première fois (et pas la dernière). Mais on a transformé l’essai avec un naturel déconcertant, et on a vécu une courte et belle histoire.

Virginie

Ah ah, Virginie qui me propose de me ramener chez mes parents à Berville. Elle habitait à quelques kilomètres quand on allait au lycée ensemble. Elle était dans le 5ème arrondissement à Paris, et elle avait une super 4L. On rentrait souvent ensemble car à cette époque, je rentrais chez mes parents le week-end au moins toutes les 3 semaines.

Seb (Anorak)

Il m’a toujours appelé « mon cœur ». Et je me rends compte aujourd’hui qu’il le dit quasiment comme le Frenchie dans la série The Boys. ^^

J’avais dû lui envoyer un truc par courrier. J’envoyais encore énormément de lettres et de plis à l’époque, et on correspondait encore beaucoup de manière épistolaire.

Seb (Anorak)

Je sais que c’est répétitif, mais je vous l’ai dit c’est pour moi cet article. ^^

Sandra

Oh Sandra c’était une bonne copine de ma copine Cécilia (une autre), et c’est devenu une amie au fur et à mesure de nos rencontres. On s’aimait beaucoup, et elle aurait beaucoup aimé que je sois hétéro. ^^

Padrino

Padrino qui n’aime pas les dimanches soirs et qui donc clairement m’appelle pour papoter.

Seb (Anorak)

Seb était une énorme Drama Queen qui a quitté Caramail plusieurs fois définitivement. C’est vrai qu’il avait une certaine aura en ligne, et donc il avait ses fans et ses détracteurs, et déjà bien sûr du harcèlement en ligne qui pouvait être assez dur à gérer.

Diego

Diego qui était avec son copain Thibault à Barcelone et qui galère avec son portable (qui ne fonctionnait pas encore super bien en Espagne). Je crois qu’il attendait des nouvelles pour ses études ou pour un stage, un truc comme ça.

Ana

Ana était la meilleure amie de Diego, et elle investigue la récupération d’invitations à la fête de Pierre. Ah ah, ces flash-backs sont assez fous, car c’est tellement trivial, mais je m’en rappelle tellement bien.

Seb (Anorak)

Bah oui, on se faisait des déclarations d’amour sur nos répondeurs dans les années 90. Hu hu hu. Là en l’occurrence, je crois me rappeler que c’est un peu le début de la fin. La distance était difficile à vivre, et on avait pas forcément les moyens pour se voir aussi souvent qu’on voudrait. Et puis il a un de ces chouettes caractères de merde que j’adore chez les mecs. ^^ Donc si je me souviens, il avait voulu rompre, et s’était repris tout de suite avec ce message. Cela avait été un sacré coup de semonce pour moi, et ça m’avait durablement refroidi en tout cas.

Seb (Anorak)
Seb (Anorak)

Bon bah, ça a l’air reparti comme en 40. Un peu comme un retour de flammes après une rupture, malgré tout.

Joris

Alors là, j’avoue avoir oublié cette histoire. Joris doit voir Marie (j’ai oublié qui c’est ou alors une vague réminiscence) et il pensait que je serais là. Mouahahaha. Débrouillez-vous les hétéros !!

Diego

Diego en galère de stage d’avocat, mais qui traîne dans le Marais, et qui me demande si je veux bien dormir avec lui parce qu’il est en grande période d’angoisse. C’est trop chou ça, je me rappelle super bien de cette période. On avait passé la soirée à parler, comme d’habitude. Diego est sans aucun doute la personne avec qui j’ai le plus conversé dans ma vie. ^^

Diego

Ah là là les galériens !! Il attend que je rentre du boulot et donc poireaute en bas de chez moi. C’est drôle car on avait bien nos portables, mais on ne captait pas bien et pas partout, alors on avait l’habitude de compter sur nos téléphones fixes et ces répondeurs.

Christophe

Aucun souvenir de qui est ce Christophe !! Mais on s’est envoyé des SMS et tout. On disait aussi « télémessages » à l’époque. A ce moment, il y a 3 manière de markéter les SMS : Orange parle de mini-messages, SFR de Texto et Bouygues Telecom de Télémessages. Rapidement le mot « texto » va s’imposer, et ce message a au moins le mérite de donner quelques infos sur les forfaits télécom de l’époque. Mein gott!! Le téléphone coutait une blinde, et on ne pouvait vraiment pas facilement ou longuement appeler un mobile d’un fixe par exemple, mais les forfaits pouvaient parfois être assez généreux sur les appels des mobiles vers les fixes. Et il y avait eu des moments où les opérateurs lançaient des soirées spéciales ou les appels vers les fixes étaient gratuits. Je me rappelle qu’on en profitait pour s’appeler des heures à ce moment là. Et vraiment on était à l’affût de ce genre d’occasion.

Joris
Joris

Les deux appels successifs de Joris, le second est plus intéressant. On apprend que cette Marie en a pris pour son grade. Mein gott. Mouahahahaha.

Christophe

Ah ok, je me souviens de Christophe !! C’était un mec de Caramail. Et il avait la langue bien pendue. En effet, il m’avait dit un truc que je ne devais pas répéter, mais j’ai tout dit à Anorak et qui a bien sûr pété un boulon. Hé hé hé. Ce qui est intéressant là c’est qu’il évoque une tornade et me demande si ça va. Donc cela permet de bien dater l’enregistrement, nous devons être autour de Noël 1999, et de la fameuse Tempête de 99 du 26 décembre.

Seb (Anorak)

Ah tiens, on doit être le 31 décembre 1999, car il me souhaite un bon réveillon.

Caroline

Caroline qui appelle, elle-aussi, souvent juste pour papoter et prendre des nouvelles, et qui m’appelle « Mat of the night » en clin d’œil au surnom que Thomas m’avait donné.

Virginie

Ah nous sommes en janvier 2000, Virginie vient de me souhaiter une bonne année sur mon répondeur.

Seb C.

C’est un autre Sébastien, à la base un excellent pote de Caro, et qui est devenu un ami assez proche. Il était aussi un des rares (des amis IRL2) à être sur Caramail et à avoir connu par ce biais des personnes aussi fréquentées en ligne. Là il est avec un autre Seb, de Rouen, et aussi mon Seb (Anorak). Nan mais trois Sébastiens ensemble là, mais purée quoi !!! Surtout je sens dans sa voix que quelque chose ne va pas… J’imagine que je me suis décidé à rompre avec Anorak, mais que je fais traîner le truc ou que je ne sais pas encore comment m’y prendre. De toute façon j’ai toujours été nul en rupture, quand je n’ai pas été un vrai connard en dessous de toute bienséance. Et là c’est encore plus compliqué, car il a recommencé à avoir des doutes et à avoir surtout plein de problèmes à gérer et du mal à envisager une relation en plus. Mais moi j’en ai ras la casquette sur le coup, et je crois que je suis décidé de passer à autre chose.

Manuel

On doit encore être en janvier, et c’est marrant que mon premier message (de cet article) est de Manu, et que c’est un des derniers de lui aussi. C’était chou encore !

Seb C.

Sébastien C. encore qui me donne un rdv téléphonique dans une cabine. Le genre de truc qu’on faisait encore en 2000. Hu hu. Mais donc ça confirme que je fais le mort, et que je me demande bien comment rompre… Evidemment tout le monde s’inquiète.

Inconnu

Je ne me souviens pas du tout de qui il s’agit. Mais c’est affreux, j’ai l’impression que je viens de rompre, et que j’ai déjà des vues sur un autre !! C’est tout à fait possible. Horrible, mais tout à fait possible.

Seb (Anorak)

Donc c’est ça, j’avais bien rompu, et le garçon inconnu doit être Franck mais je ne reconnais vraiment pas sa voix. J’ai hésité à mettre ce message car c’est très très intime, mais en même temps ça a 25 ans et c’est beau, c’est fort. C’est aussi ça les relations amoureuses. Et je me dis que le pourcentage de gens qui descendront jusque là est tellement minime que c’est quasi anonyme.

Sabrina
Sabrina

Sabrina était une amie très proche de Seb, et elle m’a laissé ces deux messages pour me parler de lui. Il ne va pas bien, et elle essaie de voir si elle ne peut pas nous rabibocher. Je crois que je filtre là sur le second message, je me souviens l’avoir écouté comme ça. On pouvait en effet aussi laisser le répondeur en marche, et écouter le message pendant que les gens le laissaient (et prendre l’appel si finalement on voulait lever le « filtre »).

C’était un moment vraiment d’une tristesse abyssale, mais j’étais vraiment passé à autre chose. Et je ne me sentais pas la force de subir d’autres moments de faiblesse où la relation serait encore mise en doute, mais ce n’était sincèrement pas très généreux ou altruiste de ma part, même si les amis proches me comprenaient. J’ai gardé malgré tout un souvenir prégnant de ces moments, et on ne tombe pas autant que cela amoureux dans sa vie pour ne pas se construire un autel secret dans son cœur et ses souvenirs où revenir de temps en temps.

Voilà donc de septembre 1999 à janvier 2000, ma vie à partir de mes messages de répondeur. C’est évidemment très parcellaire, mais d’une telle évocation que c’est terriblement troublant. On ne gardait rien de l’époque, car les supports étaient fragiles et analogiques, mais quand on a la chance de l’avoir un peu conservée dans le formol cette époque, c’est assez magique de la revivre ainsi en bribes, en anecdotes et en évocations. Aujourd’hui comme on garde tout, on ne conserve finalement rien ou beaucoup trop. C’est toujours intéressant de relire le palimpseste de nos vies, et de voir ce qu’on peut encore déchiffrer en dessous en filigrane, voué à disparaitre de nos mémoires comme de ces supports pulvérulents à leur tour.

  1. Il s’agit des Bains-Douches, une boîte de nuit et pas une soirée au sauna hein. ↩︎
  2. IRL = In Real Life ↩︎