Jolie promenade aujourd’hui pour profiter de cet agréable dimanche avec une amie venue nous rendre visite. On est donc allé à Bécherel qui est une sorte de Locronan (une de ces nombreuses villes bretonnes ayant été florissante à partir du 16ème siècle grâce au commerce du lin pour la fabrication de voiles de bateau) avec un beau centre-ville bien granitique et avec des bâtisses d’époque bien conservées.
La ville est aujourd’hui connue pour être une « cité du livre » et on y trouve en effet un nombre très impressionnant de librairies (pour moins de 700 habitants), et un marché de vente de bouquins d’occasion tous les dimanches (et c’était en effet une offre très fournie, variée et riche).
Il y a quelques efforts faits du côté culturel avec notamment une « Maison du livre » qui fait partie de Rennes Métropole et qui présente des expositions qui méritent le coup d’œil. Ma curiosité a été notamment piquée par Aliento, le souffle de la sagesse qui présente des exemples d’une démarche scientifique passionnante. Il s’agit de détecter des ESB ou (accrochez-vous) énoncés sapientiels brefs qui ont émergé du monde arabe par l’Al-Andalus, c’est à dire suite à l’installation pendant plusieurs siècles (entre 711 et 1492) des arabes en péninsule ibérique, et qui ont ensuite, par traduction, été apportés à nos propres corpus européens.
Les exemples sont assez saisissants et on reconnaît très bien certains aphorismes ou métaphores qui portent certaines valeurs morales. Ce courant de recherche scientifique utilise des outils très modernes de vectorisation de texte (proche de l’IA générative donc) pour rapprocher des fragments issus de sources très diverses et dans des langues distinctes. Il y a ainsi une traçabilité avérée de certains textes du célèbre (attention accrochez-vous encore) Mukhtār al-ḥikam wa-maḥāsin al-kalim vers l’espagnol, parfois le catalan, puis le latin, ou parfois le français ou l’anglais dans des stades plus ou moins avancés d’évolution.
Aliento veut dire : Analyse Linguistique, Interculturelle d’ÉNoncés sapientiels et Transmission Orient/Occident-Occident/Orient. Et il y a une base de données accessible à tous de ces courts extraits sapientiels. C’est absolument passionnant !! Et j’ai découvert tout ça à Bécherel dans le 35. Croyez-moi tout est possible en ce bas-monde. ^^
A côté du lavoir de Bécherel, il y avait cette anamorphose mignonne aussi tiens !
Et sinon, on est aussi allé jeter un œil au château de Montmuran où Bertrand du Guesclin s’est marié et qui appartenait à son épouse (et donc à lui après le mariage). Bon, c’était fermé, alors la visite sera pour une prochaine fois.
A Hédé-Bazouges, on a fait une petite pause pour voir les 11 écluses successives qui permettent aux péniches de descendre ou monter de 27 mètres de dénivelé. Le dispositif est assez impressionnant !
Ça commence officiellement demain le VAN, mais toutes les œuvres sont presque complètement installées. Je suis assez enthousiaste cette année même si on est dans des trucs assez classiques pour des démarches contemporaines, mais il me semble que ce sera en revanche très accessible au grand public, et ça c’est plutôt chouette. Comme je circule quotidiennement dans le centre-ville, et que les deux grandes places, Graslin et Royale, sont souvent réquisitionnées pour l’occasion, je vous montre un peu des deux installations en question. J’y retournerai pour en parler un peu plus et voir beaucoup plus de choses durant l’été.
Donc d’abord ces branches métalliques rouillées sur la place Graslin, on en pense quoi ? Il s’agit de « Mothership » de Prune Nourry.
J’ai été saisi par l’œuvre car en arrivant sur la place, je n’ai pas bien vu ce que c’était. J’ai vu des sortes d’étraves de bateau ou de structures métalliques de coques qui m’ont rappelé aussi des parements de structures du musée Dobrée tout proche. Et puis la figure globale m’a sauté aux yeux, c’est une femme enceinte qui accouche mais comme si elle était dans un bain et qu’on ne voyait que la partie émergée. Et la seconde photo c’est carrément l’Origine du monde de Courbet réinventé.
Eh bien, avec cette taille impressionnante, cette magnifique œuvre formelle (j’adore l’exécution) et son thème, je trouve que c’est follement réussi. Et je ne doute pas que ça va choquer, que certains pissefroids iront crier au scandale ou à l’obscénité, alors que c’est beau comme tout moi je trouve (et dieu sait que l’anatomie féminine ne m’affriole pas beaucoup). Et j’ai hâte de voir les photos des gens qui visiteront la place. Parce qu’on peut entrer dans le vagin de la dame si on est un enfant ou en s’accroupissant pour un adulte, et j’imagine déjà des personnes se photographiant avec des trucs absolument CRINGE.
« Latest Version » par Willem de Haan sur la place Royale, c’est également pas mal. Ils ont profité de la réfection des sculptures et bronzes de la fontaine (et notamment notre Amphitrite en marbre qui n’est pas en forme ayant perdu son trident et presque un bras), pour remplacer les personnages par des représentations de tout un chacun. C’est une collection de quidams qui représentent les nantais et nantaises qui font marcher la ville et le monde avec des mannequins assez réalistes.
Je n’y croyais pas trop, mais ça marche bien cette petite scène de genre version 21ème siècle. Il y a plein de petits détails sympas, et avec la mise en eau de la fontaine, ça peut être ultra cool. J’adore le détail du chapeau de la remplaçante d’Amphitrite qui est ainsi affublée du haut de la Tour de Bretagne plutôt que des remparts du château des Ducs de cette même région limitrophe qu’on aime tant. ^^
Ce musée est aussi intéressant et fascinant que déroutant, mais en tout cas il ne laisse pas indifférent. Il s’agit comme son nom l’indique d’une collection qui vient d’un leg de l’artiste Jean Dubuffet qui a inventé ce concept d’art brut : « art qui comprend à la fois l’art des fous et celui de marginaux de toutes sortes : prisonniers, reclus, mystiques, anarchistes ou révoltés ».
Cette collection a pour intérêt de présenter la propre collection de l’artiste et des œuvres supplémentaires, mais la vertu principale, selon moi, consiste à comprendre exactement ce qu’il entendait par « art brut ». On a beaucoup de travaux graphiques ou plastiques de toutes sortes, et je retiens vraiment au-delà de la qualité intrinsèque des œuvres (qui est somme toute un truc très personnel) le fait d’avoir des artistes qui produisent de manière répétée, inlassablement ou « maladivement », et en grand format ou avec constance, des types de représentations qui appellent à une réflexion ou un ressenti.
Mais souvent, on lit la bio de la personne et on comprend que c’est quelqu’un qui a passé la vie en hôpital psy et/ou dans des souffrances diverses et variées, et que la production artistique est un exutoire ou une expression très connexe à une maladie ou une simple disposition singulière (la folie étant un truc très relatif évidemment). Et l’effet que ces œuvres font n’est vraiment pas anodin. Parce que c’est beau, c’est impressionnant, c’est une image mentale parlante dans sa cosmogonie ou sa géométrie répétitive, ou c’est un élan de création qui fait comprendre ce qu’est l’art en dehors de tout cadre formel de création artistique. C’est vraiment l’art sans les artistes tel que Dubuffet le décrit, sans les écoles ou les formations, c’est l’art de tout le monde dépouillé de toute mode, artifice ou marché.
Et donc parfois, je trouve ça naze, et je me dis que c’est un griffonnage pendant un appel téléphonique ou une composition kitschissime, et parfois le griffonnage répété et à dimension surhumaine ou inhumaine produit un truc un peu dingue et qui me parle beaucoup. Parfois ce sont des dessins tout con comme une IA pourrait en composer des centaines (un peu en mode géométrie fractale ou kaléidoscope, ou comme là avec des paysages montagneux avec routes et voies ferrées), mais la juxtaposition avec cette constance et cette répétition, associée à un parcours de vie, une réalisation dans une institution avec du papier et des crayons, et cette opiniâtreté folle, bah ça me fait quelque chose. ^^
Il y a à boire et à manger dans la collection, mais j’imagine que c’est selon le goût et la sensibilité de chacun. En tout cas, cela fait se dire qu’on est bien tous des artistes en puissance, et je trouve qu’il y a un petit côté libératoire très agréable. De même j’ai adoré la collection d’Art Postal (dont je ne soupçonnais pas l’existence) qui consiste en des enveloppes avec du vrai courrier envoyé par la Poste mais totalement personnalisées et « pimpées » par des artistes à l’imagination plus ou moins débridée.
Tout le monde me l’a conseillé celui-ci, mais c’est sans savoir à quel point je suis insensible au sport. Mais je ne savais pas à quel point avant de visiter ce musée. Mouahahahaha.
Nan mais juste, j’en ai rien à battre des JO. DÉ-SO-LAY!!! Et donc tout un musée à ce propos… Alors ok, la partie historique est mignonne et intéressante. Et j’ai bien aimé les évolutions des fringues, des mascottes, des marques ou même de matériels sportifs. Mais grosso modo, le truc qui célèbre le dépassement par le sport par la compétition, vraiment je n’accroche pas. Cela renvoie sans aucun doute à mes traumas du passé, mais alors c’est bien bien vivace comme névroses !!!
Ce qui était cool c’est aussi que ce bâtiment est vraiment très beau, et que le brunch dimanche est équivalent à celui d’un hôtel de luxe (le prix aussi) avec une vue géniale sur le Lac Léman.
La vue du brunch.
Et puis, il y avait tous les marqueurs des JO de Paris, et ça faisait plaisir de revoir ça. Avec à l’entrée le génial pianiste à 90% et ses rouflaquettes en VHS suspendu au centre d’un escalier monumental !
Mais aussi quelques éléments mémorables comme ces costumes ou les médailles :
Donc on retient pour plus tard, même en musée, je n’aime vraiment pas le sport. ^^
Comme on devait être dans le 77 ce week-end, on en a profité pour visiter le château de Fontainebleau, qu’on ne connaissait pas. Autant je suis allé régulièrement en forêt de Fontainebleau, ce qui est une promenade assez commune pour les parigots, autant jamais je n’avais poussé jusqu’à ce fameux domaine impérial. Le chéri nous avait trouvé un hôtel avec une vue assez exceptionnelle, puisque voilà ce qu’on voyait de nos fenêtres.
Le château est connu pour son architecture qui reflète le passage de bien des propriétaires royaux, depuis François Ier jusqu’à Napoléon III en passant par Henri II, Henri IV, Louis XIV, et son double escalier monumental (made in Louis XIII). Il faisait un froid de canard et les étangs et bassins étaient tous gelés en surface.
La partie purement muséale du château est consacrée à Napoléon, et d’ailleurs on sent bien que la ville a surtout retenu son statut « impérial ». Le musée est très riche et très bien documenté pour suivre tout ce court et intense épisode de notre histoire de France.
Le reste du château permet de découvrir des collections assez folles de mobiliers et arts décoratifs de toutes les époques, mais on se retrouve aussi surtout face à des ensembles de style Second Empire qui sont juste affreux à mon goût. C’est surchargé, c’est surdécoré et doré. Clairement c’est comme si on avait donné à Nicolas Sarkozy carte blanche pour la déco et qu’il s’était lâché dans la boutique ROMEO. ^^
Bon donc, clairement le style impérial, c’est pas ma came… Mais il faut reconnaître l’inventivité et la créativité des artisans, horlogers, tapissiers1, peintres etc. Ce qui est assez cool dans le cadre de la visite c’est que l’atmosphère est très sombre, sans doute pour protéger les œuvres , mais cela donne aussi un cachet particulier aux salles qu’on visite dans une ambiance « à la bougie ».
Il reste tout de même quelques trucs que j’ai beaucoup aimés comme cette bibliothèque napoléonienne, une salle de bal Henri IV, ou cette sublime galerie François Ier tout en boiseries sculptées. Je suis un peu partagé sur la chapelle qui appelle en hurlant au baroque et en fait déjà un peu trop à mon goût, mais ça reste un chef d’œuvre d’ornementation et de décors très harmonieux.
Bon j’aime bien les tapisseries, et il y en a des incroyables !! ↩︎
La Galerie Borghèse de Rome est un musée très célèbre, et il doit sa remarquable collection à la famille Borghèse, qui a commencé avec le cardinal Scipione Borghese à partir de 1607. Ce dernier et d’autres membres ont ainsi pu accumuler des œuvres extraordinaires, et c’est une petite partie qui est visible en ce moment (une quarantaine de peintures) au musée Jacquemart-André. Sont donc représentées quelques œuvres emblématique de la Galerie Borghèse, et c’est une vraie chance d’en profiter dans un tel écrin et avec une telle « intimité ».
Il n’y a rien que j’aime plus dans la peinture classique et « conventionnelle » (parce que mon vrai truc c’est tout de même l’Expressionnisme et les débuts de l’abstraction) que les explorations picturales autour de la lumière, et donc les usages inconsidérés du clair-obscur. Donc de Caravage à Rembrandt en passant par notre de La Tour, je peux rester de longues minutes hypnotisé par certaines toiles. Et cela se reflète aussi dans mon attrait pour van Gogh et ses mangeurs de pommes de terre (et moins pour les tableaux les plus connus) qui est pour moi une référence extraordinaire dans ce domaine.
Donc j’ai beaucoup aimé ce « Loth et ses filles » de Giovanni Francesco Guerrieri, même si ma photo n’a pas du tout été bien prise. ^^ L’intensité des expressions des visages, et cette lumière crue qui vient souligner tout cela, c’est génial !!
Mais dans le domaine évidemment, le maître c’est Le Caravage, et il y avait un seul tableau mais qui est super connu, et j’étais très content d’enfin le rencontrer. J’ai toujours une pensée pour ce roman qui propose une fiction biographique du peintre mettant en valeur son homosexualité, sa vie trépidante et une existence qui sent le soufre pendant toute sa vie. Ce « Garçon avec un panier de fruits » est une de ses œuvres sulfureuses justement avec son amant1 comme modèle dans une pose et attitude très suggestives.
Cette Cène de Jacopo Bassano aussi m’a bien tapé dans l’œil pour l’énergie folle qui s’en dégage. Les personnages semblent bouger tant la tension de la situation est palpable, et on sent que c’est tout sauf un p’tit déj tranquille entre potes ! Détails marrants, le chien calme dans la lignée de JC représente la loyauté, et le chat à l’extrême droite sous Judas, tout le contraire évidemment. ^^
Bon et on tape dans la star de chez star avec ce Raphaël, sans doute aussi connu que la Joconde, la dame à la licorne. C’était vraiment chouette de pouvoir profiter d’aussi près d’un tel chef d’œuvre.
La figure mythologique de Sybille de Cumes par Le Dominiquin est sans doute un des tableaux dont la découverte là m’a le plus frappé. Il est tellement parfait, tellement bien exécuté et délicat, et ce visage est d’une troublante beauté.
Enfin, il y a ce portrait d’Antonello de Messine qui date de la fin du 15ème siècle et que je trouve absolument troublant (raison pour laquelle je vous l’ai collé en tête de l’article). Le visage est parfaitement peint avec une attitude incroyable, et un regard fascinant. On dirait un selfie d’aujourd’hui d’un quidam qui regarde la caméra, et ce flegme est fabuleux (sans parler de la manière dont il a rendu la texture du pourpoint en velours).
Et donc ce tableau d’Andrea Solario suivant est un de ceux qui ont particulièrement retenu mon attention. Autant je me moquais éhontément d’un Christ un peu raté dans la collection permanente du musée, autant celui-ci est extraordinaire selon moi. La construction du tableau, les personnages, et l’attitude du Christ avec sa carnation, son regard, ses lèvres, les traces sur son corps, il y a un truc très fort qui se dégage. C’est du très grand art. ^^
A voir à Paris, ou à Rome bien sûr !!
Ou pas hein, ce n’est qu’une hypothèse historique. ↩︎
En 25 ans de Paris, je n’étais jamais allé au musée Jacquemart-André, c’est fou non ? En tout cas, j’ai réparé cette lacune ce week-end, et j’en ressors plus qu’enchanté. C’est bien simple, je veux habiter là !! S’il vous plait, je voudrais juste que ce soit ma maison !!!
Parce que parfois on visite des châteaux sympas, mais voilà les baraques sont trop grandes, impossibles à chauffer, et puis le décor n’est pas toujours à mon goût, les collections ne me reviennent pas forcément, ou pire je trouve que c’est carrément moche. Mais là, purée de sa mère, sa race, mais c’est absolument grandiose. Et voilà, c’est une baraque de grand bourgeois du 19ème qui ont mis des millions dans un bâtiment à l’architecture néoclassique qui emprunte tout de même au savoir-faire des anciens. Mais surtout l’intérieur est fabuleusement beau. C’est aussi très riche et opulent, mais pas clinquant ni boursoufflé, non c’est simplement superbe de bout en bout.
Et ça m’a soufflé d’apprendre que les proprios ont légué ça, et qu’on a là un accrochage archéologique c’est à dire qu’il s’agit de l’habitation d’origine avec ses collections, sa « scénographie » et un vrai instantané de la fin du 19ème siècle. On retrouve tous les styles mélangés, aussi bien pour le mobilier, les objets décoratifs ou les peintures, mais à chaque fois avec une harmonie irréprochable, une finesse exquise et des accords qui sont, pour moi, le nombre d’Or du goût.
Bon si j’avais un truc à leur reprocher, c’est tout de même cela :
Parce que j’imagine que c’était des expressions de douleur et de tristesse qu’il fallait lire dans cette scène biblique ? Mais on n’a pas plutôt l’impression qu’ils se fendent la poire après une super bonne blague entre potes de déconne ?? ^^
J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer le musée parce que, par le plus grand des hasards, nous habitons à deux minutes à pied de ce magnifique endroit. Et donc je passe devant très couramment. Mais il était déjà en travaux depuis quelques années quand nous avons déménagé à Nantes, et il a réouvert en milieu d’année dernière. Je l’avais déjà visité avec l’ado nantais dont je vous ai déjà parlé, mais là j’y suis retourné avec le mari pour lui montrer aussi le lieu.
Et comme on avait vu la promotion pour l’ouverture du cabinet d’Arts graphiques avec l’exposition de plusieurs estampes d’Albrecht Dürer, on s’est dit que ça devait valoir le coup d’œil.
Le musée en lui-même se compose de plusieurs bâtiments, mais on visite surtout le Palais de 1898 qui renferme toutes les collections de Thomas Dobrée, et les différents legs successifs, qui en font le musée que l’on voit et visite aujourd’hui. Il y a en face le Manoir de la Touche qui abritera les expositions temporaires, et qui date du 15ème. Le duc de Bretagne Jean V y est décédé en 1442. Tout l’endroit a été parfaitement rénové, et c’est une sacrée réussite, autant pour les jardins que les différents bâtiments.
C’est assez difficile de décrire ce que le musée présente puisque c’est vraiment basé sur des collections privées. Mais cela fonctionne bien car il y a un fond assez important pour avoir une sorte de démarche à la fois chronologique et thématique. Mais en réalité, on a vite l’impression de visiter des dizaines de cabinets de curiosités qui vous invitent à passer d’un monde à l’autre, d’une civilisation à l’autre, en brossant des époques, des pratiques artistiques ou des accumulations d’objets diverses et variées, comme autant de trésors et témoignages. Et vraiment il y a à boire et à manger !!
On va donc trouver au sous-sol toute la partie archéologique et préhistorique, mais aussi antique de la région. Et tout est très bien présenté, contextualisé et illustré. Cela permet de découvrir le riche patrimoine nantais et local en la matière, et c’est toujours drôle de voir des bouts de dieux romains appartenant à des temples qui étaient consacrés en plein Condevincum (le nom de Nantes à l’époque gallo-romaine). Il y a aussi cette stèle géniale qui est la tombe d’Argiotalus qui est mort dans les années 30 à Worms en Allemagne (c’est un moulage de la stèle en question qui est en Allemagne).
Aux étages supérieurs, on a ce mélange avec une progression chronologique mais aussi des pièces plus thématiques. Mais on retrouve d’abord beaucoup d’éléments médiévaux et religieux d’une grande valeur. Et toujours un très bon parcours muséographique avec toutes les explications qu’il faut. On est vraiment sur un travail muséologique moderne avec des excellents supports pédagogiques, mais pas trop non plus. C’est à dire qu’on peut flâner et profiter des pièces, avoir deux trois repères historiques ou artistiques, et puis les cartels vont détailler les chronologies ou mettre l’accent sur tel ou tel événement ou pratique. Il n’y a pas trop à lire de prime abord, mais on a mille manière de creuser ou d’aller plus loin si l’envie nous en prend.
J’ai flashé sur ce reliquaire magnifique avec ses incroyables émaux.
Mais bien sûr, un des fleurons du musée c’est l’écrin du cœur d’Anne de Bretagne, si on devait encore apporter la preuve de la bretonnitude des nantais… Hu hu hu. ^^
Le cabinet d’Arts graphique n’est pas très loin, et on a pu profiter du premier accrochage d’une série d’estampes de Dürer. Sachant que les conditions de conservation font qu’on ne pourra les voir que pendant trois mois, il y aura une autre série en alternance dans quelques temps. Albrecht Dürer est LE grand maître de la gravure, et il faut avouer qu’il savait bien manier son burin le bougre !! ^^ Les détails des gravures ou eaux-fortes sont extraordinaires, et j’ai aimé comme chaque cartel indiquait qu’il s’agissait d’un thème obscur, d’une allégorie énigmatique, d’une inspiration mystérieuse etc. Bref, personne ne sait bien ce qu’il avait dans la tête, et je trouve ça vachement chouette.
Après le musée propose vraiment de tout comme je l’évoquais. On va trouver du mobilier de cabinet de curiosités, comme des collections d’armures et de casques, des pièces en verre Art Nouveau très contemporaine de Dobrée, ou encore des tas de petites collections d’objets à découvrir. J’aime beaucoup aussi toutes les pièces qui sont sous des caches qu’il faut soulever pour découvrir plein de petites choses secrètes. On a ainsi des bijoux de la famille Dobrée, des camées, des portraits miniatures, des éventails etc. J’adore cette manière d’apporter une découverte similaire à celle d’ouvrir un mini tiroir d’un cabinet de curiosités justement.
Tout en haut du musée, sous les toits, on a une partie que j’aime beaucoup avec carrément un tour du monde et des civilisations. Evidemment ce ne sont que quelques pièces parfois (ça dépend vraiment de ce qui a été collectionné…), mais elles renforcent encore le côté ultra global et « panculturel » de l’endroit. On a droit à quelques éléments d’Egypte ou de Grèce antique qui permet un regard très sympa si on n’a pas l’occasion d’aller au Louvre, dont ce sarcophage félin en bois avec ses vases canopes en albâtre à têtes de divinités égyptiennes.
Et puis ce sont des vitrines qui montrent quelques éléments du monde entier, et permettent de brosser des continents entiers avec la vision de l’époque « Compagnie des Indes ».
J’adore ce dernier élément qui est une pièce japonaise : un poids de ceinture de kimono. C’est exactement le genre de détail qu’il faut apprécier dans ce gigantesque cabinet de curiosités au milliers de possibilités, de rencontres improbables et inopinées, et qui permet le temps d’une visite d’abstraire l’espace et le temps.
C’était un peu compliqué et relou d’arriver jusqu’au musée, mais alors le jeu en vaut la chandelle. Le lieu est vraiment superbe, et j’ai beaucoup aimé le fait qu’on soit dans un vrai aéroport, et donc les avions présentés sur le tarmac, ne sont à quelques dizaines de mètres de vrais avions qui décollent. On est vraiment sur un musée à la fois très théorique et historique, avec des tas de maquettes et des explications très pédagogiques sur l’évolution de l’aéronautique, mais aussi un lieu avec des tas d’avions et objets volants réels, avec certains même qui se visitent.
La première vertu c’est qu’on réalise vraiment bien la taille des engins et leurs matières, et peu à peu aussi leurs degrés d’ingénierie, et l’ingéniosité des personnes qui ont permis d’accomplir ces miracles scientifiques. Clairement la première partie avec tous les faucheurs de marguerites faits d’armatures en bambou avec des petits moteurs qui permettaient à peine de décoller sont juste épatants. Et rapidement, avec l’explosion pendant la première guerre mondiale, on bat records sur records, avec des avions qui prennent de plus en plus de vitesse, d’ampleur et d’usages !
Cela parle d’avions bien sûr, mais on va jusque dans l’espace avec des fusées ou des satellites, et c’est génial de voir à quoi ressemble un lanceur Ariane !!! (Ce n’est pas si gigantesque. ^^ ) Et le hall où on peut voir toute l’histoire de la dissuasion nucléaire française durant la guerre froide, et les satellites (pareil, c’est pas aussi grand que je pensais, surtout Spoutnik !!). Ce hall est assez spectaculaire avec 4 niveaux reliés par des passerelles, avec des tas de maquettes, vidéos et explications sur la conquête de l’Espace.
A l’extérieur, on peut donc visiter et découvrir des avions divers et variés, soit de la seconde guerre mondiale ou très contemporains (j’aime tellement les lignes du Rafale !!).
On peut entrer dans quelques avions, comme, et le sentiment est assez exceptionnel, dans deux Concordes, mais aussi un 747 à moitié désossé qui permet de voir comment c’est fait dedans.
Et donc ce hall dédié au Concorde est juste bluffant pour moi qui l’a entendu à 11h15 tous les matins quand il passait son boum suprasonique au-dessus de chez moi dans le Val d’Oise. Les avions sont d’un design assez incroyable, et technologiquement très impressionnants. C’était top de découvrir à la fois le 001 qui a servi à toutes les expérimentations, et le modèle qui a servi de ligne commerciale transatlantique, le fameux Concorde qui permettait de faire Paris-New York en 4h et d’arriver avant même d’être parti. ^^
Bref, c’était vachement bien, et je vous le recommande chaudement. Après c’est vrai que ça parle particulièrement à mon esprit scientifique et nerd de ces trucs-là. Malgré le fait que ce sont des hérésies écologiques, il y a un côté très chouette de célébration de l’ingéniosité des gens et du dépassement de soi des scientifiques qui deviennent des aventuriers.
Après les trains, voilà que le musée d’Arts de Nantes présente une super expo sur les paquebots. Et vraiment c’est encore super réussi, et tout autant intéressant que bien fichu. La thématique est vraiment cool, et c’est particulièrement ce que j’aime, avec une claire inspiration Art déco dans les créations de cette (Belle) époque, des éléments de design et d’ingénierie, mais aussi les évolutions dans les modes de transport comme les modes de vie, ainsi que des œuvres (notamment picturales) plus formelles inspirées par ces navires.
Il y a beaucoup de choses autour de la construction du Normandie qui est sans doute l’image d’Épinal du paquebot pour tous les français. Et comme il y a une forte contribution des fonds des chantiers de St Nazaire, on a des tas de photos géniales de l’époque de la construction. On a aussi beaucoup de témoignages de tout ce qui avait été créé pour le bateau comme la vaisselle, l’argenterie, les mobiliers ou même les éléments de décor (notamment en verre ou des laques superbes). Après, j’ai trouvé que cette section était un peu limitée, et aurait bénéficier d’un peu plus de pièces. Mais on a aussi des exemples de « transats » (les chaises longues pliantes qu’on trouvait sur les bastingages des croisières) dont je n’imaginais pas que cela venait justement de transatlantique !!
Il y a toute une série de peintures de l’époque que j’aime beaucoup, et qui s’inspirent à la fois de l’ingénierie, des techniques et de la représentation de la modernité, mais également de l’art abstrait qui s’était bien imposé depuis pas mal d’années. On a notamment bien flashé sur cette peinture de Victor Servranckx.
Il y a aussi des propositions de design sublimes que ce soit dans les affiches de réclame sur les croisières en paquebots, mais aussi par exemple avec cette brochure pour les cabines de première dont j’adore la modernité encore actuelle (design « flat » et au suprématisme incroyable avec juste ces aplats de couleurs).
Dans la chapelle, on peut voir un film et une maquette d’un bateau qui composent une œuvre de Hans Op de Beeck qui a un certain charme, mais qui n’est pas non plus un truc complètement fou-fou.
La scénographie et la muséographie sont excellentes comme toujours, et la complémentarité des œuvres et du parcours en font une exposition super agréable et fluide. Les collections de photos sont super impressionnantes, et c’est toujours troublant pour moi de voir notamment toutes ces photos qui ont plus de cent ans maintenant, et qui montrent des gens qui sont morts et enterrés depuis longtemps, mais dont les attitudes ont l’air tellement similaires à celles qu’on pourrait avoir aujourd’hui.
J’aime bien ces expositions à la croisée des chemins et qui explorent les liens entre plein d’arts différents. Et il n’y a pas à dire, en termes de design c’était vraiment ma came cette époque !!!