P’tit tour à Strasbourg

Vous aurez donc compris que nous sommes passés à Strasbourg surtout pour le concert de Zaho de Sagazan, mais ça nous a permis de profiter un chouïa de cette belle ville. J’ai vraiment un faible pour Strasbourg, déjà parce que j’ai des origines alsaciennes et que ça me fait plaisir d’être dans le coin de mes ancêtres, mais aussi parce que j’y ai passé quelques bons moments avec un certain J. il y a… bah ça fera vingt ans en 2026 (nan mais j’allais au cybercafé pour écrire des articles à cette époque…) hein. ^^

Et la ville est magnifique, à taille humaine, avec un centre-ville très beau, plein d’histoire et d’une jolie architecture, tout en étant piéton et avec de bons restaurants. Comme on connaît bien la ville, on n’a pas non plus spécialement joué les stakhanovistes, mais comme de bons touristes on est déjà allé manger une choucroute à la Petite France.

On s’est rapidement fait la réflexion qu’avec le même nombre d’habitants, des transports en commun omniprésents, ainsi que le vélo, peu de voitures dans le centre-ville, des ponts et un mélange d’ancien et de moderne, on avait vraiment pas mal de points communs entre cet Extrême-Orient français et notre bonne ville de Nantes (modulo les grues et le passé industriel intramuros, et la ville détruite pendant la guerre).

Mais bon, sur le plan des cathédrales gothiques, Strasbourg gagne haut la main (sur la gastronomie aussi, il faut le reconnaître ^^ ). La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg est en bonne place dans mon classement, et cette escapade vient confirmer mon sentiment.

J’avais envie de revoir le Musée de l’Œuvre Notre-Dame dont j’avais un très bon souvenir. Je trouve que c’est vraiment un must de la ville selon moi, et ma visite d’hier l’a encore confirmé. Alors évidemment, il faut aimer les arts médiévaux, gothiques et pré-Renaissance, mais dans le genre c’est donc un régal. Et il y a vraiment une très chouette collection de peintures à l’huile sur bois du 15ème, et c’est vraiment ma came. ^^

Et sinon, on est dans les bâtiments de l’Œuvre de la cathédrale, c’est-à-dire l’endroit qui, depuis le projet même de construction, a abrité toute l’administration du chantier. C’est une architecture complexe de plusieurs immeubles depuis le 11ème siècle avec des salles qui reflète différents usages. Il y avait autant de réunions de chantier que des récoltes d’argent ou des architectes qui dessinaient des plans. Il y a d’ailleurs une salle géniale où on apprend que pour cette cathédrale, des plans très précis, qui préfigurent le dessin technique, permettaient de réaliser les élévations avec un certain professionnalisme d’ingénieur. On y voit aussi les méthodes, outils et supports utilisés, c’est passionnant !

Sinon, le musée permet aussi de voir de plus près la statuaire de la cathédrale et d’anciens monuments de Strasbourg avec des exemples magnifiques d’œuvres gothiques locales de premier plan. On a aussi une vue magnifique sur un des profils de la cathédrale pendant toute la visite. ^^

Et pour finir, ça me fait sourire que le chemin principal qui mène à la gare est un joli chemin rainbow LGBT qui termine devant la gare avec les symboles trans et intersexe. Il faut toujours suivre l’arc-en-ciel, vous savez bien. ^^

Rattrapage Expos (2013-2019)

Entre 2013 et 2019, j’ai mis plein d’articles de côté dans une liste de « posts à faire » en me disant que j’allais m’en occuper, et puis le temps a passé… Je la compile ici car je me suis juré d’avoir un weblog digne de ce nom. J’en dis un peu plus dans cet article justement.

Expo 2050 au musée royaux des beaux arts de Bruxelles (2015)

C’était une exposition pour se projeter dans le futur et des évocations dans plein de thématiques différentes, et portées par des formes d’arts très diverses. Une expo très agréable et plutôt bien faite, qui portait à la fois des messages (mais rien de transcendant) et qui était aussi un bon résumé de tout ce que l’art contemporain permet d’exprimer.

Matérialité de l’Invisible au 104 (2016)

J’avais adoré ce thème qui rassemblait des oeuvres très différentes qui jouaient sur la perception et les sens. C’est le genre d’expo très populaire où on vient aussi expérimenter et « ressentir », donc on a des tas de trucs « cinétiques » ou avec de la lumière qui permet justement de matérialiser des processus qui sont impossibles à voir ou à percevoir dans un temps court. Pas bouleversant, mais marrant et distrayant !

Biskra, sortilèges d’une oasis (Institut du Monde Arabe) (2016)

Dans la série de mes expos (algériennes) à l’IMA, c’était important car c’est la région natale de mon grand-père, et j’avais adoré me plonger dans toutes ces représentations. C’est la région limitrophe du Sahara par excellence, aux portes du désert donc dont les évocations sont omniprésentes, mais aussi la région des oasis qui permettent encore ces bulles de vie dans des coins déjà très arides. Et comme d’habitude avec l’IMA, c’est la promesse d’une sélection intelligente et fine d’œuvres, brillamment présentées, et avec une très belle scénographie.

L’Histoire commence en Mésopotamie au Louvre-Lens (2017)

Je suis fan du Louvre-Lens et j’y ai vu pas mal d’expositions très cool. J’adore le bâtiment et c’est super facile et rapide de s’y rendre en train, et il y a cette Galerie du temps qui est une promenade chronologique depuis l’Antiquité par des œuvres du Louvre. Et là c’était une expo à 100% ma came avec un zoom sur la Mésopotamie, depuis la création de l’écriture, l’évolution du cunéiforme, la mythologie jusqu’à l’héritage très évident de ces civilisations aux nôtres. Super bien documenté, présenté et expliqué, parfaite exposition dans un lieu idéal !

L’esprit du Bauhaus au musée des Arts Décoratifs (2017)

Oh elle était parfaite celle-ci aussi avec le Bauhaus qui est tellement tout ce que j’aime en Art. Cette expo permettait de comprendre le mouvement, de son origine, à ses multiples radicelles chez maints artistes, mais aussi son empreinte durable sur le design de tous nos objets du quotidien. Je me rappelle aussi d’un nombre d’objets présentés très impressionnant, et d’une grande qualité dans les cartels. Génial !

Musée Fabre (Montpellier) (2017)

C’était pour sa réouverture, l’occasion de le visiter pour la première fois. C’est un chouette petit musée des Beaux Arts comme on en a pas mal dans les grandes villes de France. De belles pièces dans un chouette décor, et avec une muséologie bien repensée à l’aune des standards d’aujourd’hui.

Kupka au Grand Palais (2018)

Grosse découverte pour moi d’un artiste que je ne connaissais que de nom, vaguement. C’est clairement une de ces expositions marquantes qui font un avant et un après pour moi. J’ai absolument adoré ça !! Alors évidemment, au vu de mon assuétude à l’Expressionnisme, le fait qu’il soit un artiste qui a beaucoup travaillé le passage vers l’abstraction me touche énormément. Mais surtout de voir toutes ses créations qui illustrent l’ensemble des courants de l’art abstrait et réaliser que ce ne sont que chefs d’œuvre après chef d’œuvre, ça m’a bien mis sur le cul. ^^

Royaumes oubliés, de l’Empire Hittites aux Araméens, au musée du Louvre (2019)

Encore une fois, c’est bien ma came ça aussi. Une exposition majeure qui remet un coup de projecteur sur des civilisations méconnues, et dont on n’a finalement assez peu de traces. Il y a donc la place pour l’imagination et le mystère, et comme ces royaumes oubliés sont aussi à l’origine de nos propres mythes, systèmes légaux ou d’écriture, c’est génial de retrouver ces liens ténus.

Léonard de Vinci au Louvre (2019)

C’était une énorme exposition avec beaucoup beaucoup de monde. Cela valait le coup, car on a déjà quelques peintures qui valent déjà le coup dans le musée, mais c’était l’occasion évidemment de quelques prêts super cool à découvrir, et notamment des dessins assez bluffants. Mais un peu trop de monde pour bien en profiter, je le regrette.

Bourdelle, la mémoire des objets

Comme on avait du temps à tuer en arrivant à Montparnasse, on est retourné flâner au Musée Bourdelle qui est à quelques minutes à pied de la gare (et qui est gratuit, comme tous les musées de la Ville de Paris). C’est vraiment un endroit génial, et les sculptures monumentales qui sont en extérieur sont vraiment très marquantes pour moi.

Je suis notamment dingue de cette allégorie de l’Éloquence qui a un visage sublime, et qui de sa noble hauteur oblige à l’humilité son spectateur infatué. ^^

Bref, je vous conseille ardemment d’aller et de retourner voir ce musée d’exception tellement simple d’accès et d’une richesse insoupçonnée, en plus d’un super parcours muséal.

Il y avait en plus une exposition temporaire très intéressante qui se focalisent sur le rapport du maître à des objets qui lui étaient chers. Soit lié à son éducation et ses origines, soit des « hobbies » ou bien des éléments fondateurs de certaines œuvres. Tout cela était vraiment passionnant, et parfaitement présentés et documentés avec beaucoup de dessins préparatoires de l’artiste, des objets de son patrimoine, et juste un regard légèrement décalé sur l’habituel visite de son musée pour ses sculptures en tant que telles.

Un raison de plus pour retourner régulièrement dans ce lieu fantastique. ^^

MEXICA (Des dons et des dieux au Templo Mayor) au musée du Quai Branly

Cette exposition est déjà une bonne occasion pour comprendre pourquoi on ne nomme plus « Aztèque » mais (donc) « Mexica » le peuple qui avait fondé, sous ce qui est maintenant Mexico, la ville incroyable de Tenochtitlan. Cette dernière a complètement été détruite par les espagnols après 1521, et même si on avait connaissance du Templo Mayor dans des écrits, c’est surtout à partir de 1978 que des fouilles d’une grande ampleur ont exploré les sous-sols de Mexico, et ont permis de découvrir énormément de vestiges et pièces archéologiques mexicas.

Ce Templo Mayor était la pierre angulaire du centre religieux majeur de tout l’Empire, et cette exposition est consacrée à toute l’activité spirituelle et cultuelle des Mexica. C’est une incroyable réussite et vraiment à ne pas rater, car tout est passionnant et remarquablement présenté.

Déjà, j’ai bien aimé l’idée, et ça permet aussi de fluidifier la foule des premières salles1, d’avoir un film introductif qui explique un peu qui sont les Mexica (et donc ce sont les Aztèques ^^ ) où se trouve ce fameux Templo Mayor. Et comme je n’ai pas beaucoup de culture, ça m’a aussi appris que Tenochtitlan était carrément une ville à cheval sur un ensemble d’îles sur un immense lac (le lac Texcoco qui a presque été complètement asséché2).

L’exposition se présente de manière très didactique, et avec énormément de pièces pour illustrer ses propos. Et vraiment on en prend plein la vue avec des pièces très impressionnantes, autant par la taille, la valeur artistique ou par l’impression dégagée. Tout le début permet de comprendre ce qu’était cette ville au global et son importance (70 000 habitants) dans un Empire qui contrôlait une région immense3. Mais surtout on plonge rapidement dans le vif du sujet, et ce temple immense et singulièrement bicéphale avec ses deux déités tutélaires en un curieux Yin et Yang. On a l’une des têtes consacrées à Huitzilopochtli, divinité liée à la création mythique de la ville, associée au soleil, au feu et au jour, et l’autre tête à Tlaloc, dieu de la pluie, associé plutôt à l’ombre, à la couleur bleue, à la lune et à l’eau évidemment.

On va retrouver ces associations avec des tas de divinités plus spécialisées dans toute l’expo, et des tas d’explications sur la cosmogonie des mexicas très très intéressante (notamment la légendes des cinq soleils un peu de ouf !!). Les salles sont vastes et avec des petits stands où mieux voir les pièces avec un cheminement logique assez évident, mais la possibilité de faire aussi les choses à rebours, ou de se concentrer sur tel ou tel sous-espace. J’ai adoré le fait que les murs soient aux couleurs majeures des dieux, donc jaune pour Huitzilopochtli et bleu pour Tlaloc, ou rouge pour évoquer les sacrifices et le lien très fort avec le sang qui coule.

Sont exposées des pièces remarquables en tant que telles, soit des éléments de décor ou des statues sacrées, mais aussi énormément d’offrandes votives qui ont fait partie de sacrifices ou de célébrations cultuelles spécifiques. Il y a notamment cette sorte d’écorché hyper impressionnant et de très grande taille.

On y voit aussi des tas de bas-reliefs qui expliquent certains rites, des statues de dieux et déesses, et des étranges bestiaires de créatures mi-hommes mi-animaux dont un surprenant homme-puce !!

Les éléments relatifs aux sacrifices humains sont assez difficiles pour moi. J’ai du mal à traduire mon inconfort, car ce sont bien des pièces de musées, mais ces trucs qui ont vu couler de sang de milliers de gens, ou les ossements de vrais gens, et notamment d’enfants (qu’on faisait pleurer pour prier le dieu de la Pluie, avant de les égorger lentement), bah ça me met un peu mal à l’aise. Je me retrouve à m’imaginer un peu trop bien ces scènes, même si j’ai conscience qu’il s’agit de mon intellect un peu trop sensible. ^^

J’ai trouvé aussi sublime que fascinant et flippant ce récipient en pierre qui recueillait le sang des victimes, et permettait de le faire couler pour des usages religieux.

Il y a aussi ce fascinant objet représentant Tlaloc avec son bleu représentatif, et qui est sur l’affiche de l’exposition.

Et enfin, les crânes plus ou moins apprêtés et décorés, avec l’un deux qui a conservé une lame en silex ou obsidienne planté en plein milieu.

Et évidemment, je vous garde pour la fin un masque bien flippant très « masque de jade » des Mystérieuses Cités d’Or.

Et ce disque énigmatique en tesselles de jadéite qui m’a énormément tapé dans l’œil.

Pour une fois, je fais une expo qui vient de commencer, mais je suis certain que ça va marcher du feu de dieu !! En tout cas, j’ai adoré. ^^

  1. Tout le monde s’agglutine et lit tout les cartels de la première salle comme de bons élèves, et ça va mieux ensuite pour carrément visiter au pas de course les dernières salles. Hu hu hu. ↩︎
  2. Mais on trouve justement les axolotl (désolé ça tombe un peu comme ça, mais j’aime beaucoup ces bestioles, il faudrait que j’en passe un post ^^ ) dans un de ces lacs résiduels. ↩︎
  3. Evidemment, grâce à Zia et ses quipus ! ↩︎

Présences arabes (Art moderne et décolonisation. Paris 1908-1988) au Musée d’Art Moderne de Paris

Forcément quand j’ai vu ce thème très ambitieux, j’ai foncé et j’y suis allé avec toute ma candeur mais aussi les attentes exigeantes d’un habitué et féru de l’Institut du Monde Arabe. Eh bien force est de constater qu’ils ont de la graine à prendre de l’IMA… Ce n’est pas bon du tout selon moi, voire carrément raté.

Pourtant la décomposition de l’exposition avec un choix chronologique et des thématiques clefs paraissait plutôt bien sur le papier, et on trouve en effet dans la scénographie globale les 4 chapitres qui suivent.

1-Nahda : Entre renaissance culturelle arabe et Influence occidentale, 1908-1937 :
Face à l’influence occidentale, la Nahda (renaissance culturelle arabe) se développe ; plus particulièrement en Égypte, au Liban et en Algérie grâce notamment aux écoles d’art, à la presse… En parallèle, à Paris, les grandes expositions dites universelles, dont la plus importante, L’Exposition coloniale de 1931, incluent des artistes issus des pays colonisés.

2-Adieu à l’orientalisme : Les avant-gardes contre-attaquent.
À l’épreuve des premières indépendances (Égypte, Irak, Liban, Syrie), 1937-1956 :

Certains artistes renoncent à des références importées et imposées pour se saisir d’une expression artistique enracinée dans l’histoire locale (Égypte, Tunisie) mais aussi se connecter directement aux avant-gardes européennes. À Paris, les salons modernistes mettent en avant l’abstraction et accueillent les artistes arabes. C’est le temps des premières indépendances (Égypte, Irak, Liban, Syrie).

3-Décolonisations : L’art moderne entre local et global.
À l’épreuve des deuxièmes indépendances (Tunisie, Maroc, Algérie), 1956-1967 :

Dans une période marquée par la violence et l’enthousiasme des indépendances nationales, notamment nord-africaines (Algérie, Maroc, Tunisie), l’Art moderne arabe se mondialise. Les expositions à Paris, comme la biennale des jeunes artistes reflètent largement cette nouvelle dynamique.

4-L’art en lutte : De la cause Palestinienne à « l’apocalypse arabe », 1967-1988 :
Le « salon de la jeune peinture », à Paris, est dominé par les questions politiques et les luttes anti-impérialistes internationales, de la guerre du Vietnam à la cause palestinienne. L’artiste libanaise Etel Adnan fait paraitre, en 1980 à Paris, son grand texte poétique « l’Apocalypse arabe ». L’exposition se termine par le sujet de l’immigration arabe en France traitée par les musées parisiens (années 1980).

Site Internet du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris présentant l’exposition.

Mais voilà, l’exécution à l’intérieur des salles est complètement erratique et bordélique, on ne comprend rien, il y en a partout, dans tous les sens, et sans aucune signalétique claire pour suivre un quelconque cheminement. Mais vraiment il y a des frise temporelle hyper précise sur des événements que je ne connais pas du tout1, et sans réelle contextualisation entre ce qu’il se passe à Paris, en Algérie, Turquie ou en Egypte, ensuite tu as des panneaux spécifiques qui zooment sur un ou une artiste, et des œuvres à droite à gauche. Mais aucun lien n’est fait, et en réalité on voit que c’est aussi sans doute parce que 1) c’est complexe et 2) ils ont surtout exposé ce qu’ils avaient sous la main et essayé de broder autour ?

Mais là où le bât blesse encore plus, c’est quand on creuse les explications autour et accompagnant les œuvres. Déjà, on ne fait pas toujours le lien avec la thématique ou la chronologie (ils essaient sans doute de se raccrocher soit à l’un, soit à l’autre), mais surtout c’est un mélange bizarre (surtout parce que sans contextualisation) avec des œuvres de français de métropole qui sont allés en voyage, de français installés au Maghreb, de français pro-décolonisation et qui clairement s’engagent aussi dans leurs œuvres, et d’artistes arabes et/ou autochtones, mais aussi des artistes qui sont passés par Paris, et donc on se retrouve aussi avec des artistes arabes mais rien à voir avec de la décolonisation… Bref, je n’ai rien compris. Et j’ai senti qu’on n’a pas cherché à m’expliquer quoi que ce soit.

Et ensuite, on sent clairement la difficulté insoluble d’écrire des cartels à la fois pertinent, précis, historiques mais aussi engagés mais alors sans s’engager du tout car c’est un musée quoi. ^^ Donc les explications sur la décolonisation sont claires comme de l’eau de boudin, avec des métaphores incompréhensibles2, aucune prise de position, et au final des rodomontades tiédasse donc qui disent à la fois que ça a été décolonisé, mais que c’était compliqué, et que l’art c’est bien chouette.

Vraiment quand c’est comme cela, il faut laisser faire l’IMA ou alors faire un truc ensemble. Mais là j’étais très très déçu, surtout pour un aussi beau et bon musée habituellement.

  1. Mais ça, je reconnais que je manque sans doute de culture générale. ^^ ↩︎
  2. Encore une fois, c’est peut-être moi qui manque un peu de jugeotte. ↩︎

Rétrospective Jean Hélion (La prose du monde) au Musée d’Art Moderne de Paris

Je suis souvent fan des expos du Musée d’Art Moderne de Paris car ils ont une collection vraiment chouette des peintres et plasticiens de la toute fin du 19e et début 20ème, et c’est une période des débuts de l’abstraction et du chemin vers l’abstraction qui est vraiment exactement ma came. Et ils se focalisent souvent sur les artistes de cette mouvance (notamment Expressionnisme qui est mon truc), et me font souvent découvrir des artistes un peu moins connus mais qui me font un effet assez bœuf.

Et là avec Jean Hélion, je suis partagé. Ce n’est pas pour l’expo qui est de grande qualité, mais pour l’œuvre en tant que telle qui ne m’a pas tant parlé que cela, c’est peut-être parce que l’artiste, même si c’est une pointure reconnue dans son domaine, me paraît plutôt comme un théoricien, expérimentateur et suiveur des artistes de son époque plus qu’un grand inventeur. Et pourtant j’ai bien aimé une bonne partie des tableaux présentés, et notamment ceux qui frôlent entre abstraction et réalisme.

Figure Tombée de Jean Hélion (1939)

Après ce qui est marrant et très intéressant avec ce peintre, c’est qu’il a beaucoup travailler l’abstraction et avec des inspirations à la Mondrian très très « suprématistes », mais qu’il est allé ensuite vers le figuratif (le tableau ci-dessus est son dernier abstrait). Et tout cela est très bien documenté et expliqué dans l’exposition, puisqu’on a énormément d’écrits de témoignages de cet homme, qui a vraiment beaucoup réfléchi sur son art. Il faut dire aussi qu’on est avec un artiste qui est une charnière assez hallucinante avec tous ces artistes qui ont inventé l’abstraction picturale. Jean Hélion (1904-1987) a connu tout jeune artiste les Mondrian, Kandinsky, Klee ou Fernand Léger et tous les artistes qui passaient un jour ou l’autre par Paris. Et il est décédé bien après ce mouvement et tant d’autres. D’ailleurs, il y a des projections avec des interviews filmées super intéressantes (années 60 à 80) où il témoigne de ses rencontres avec ces peintres du siècle dernier (il raconte notamment comme il était considéré comme un gamin par Mondrian et sa clique).

Ce qui est troublant c’est sa manière de tester des choses et de chercher sa voie dans des tas de tableaux dont on sent qu’ils sont sa vision d’une théorie ou du style d’un mouvement. On le voit aller vers le cubisme comme un Braque, ou vers des personnages très proches d’un Fernand Léger, et donc je n’ai pas été totalement sous le charme parce que je me disais « ah oui c’est un peu comme machin mais en moins bien ».

Donc l’expo est bien, mais le gars ne m’a pas totalement conquis, même si sa période figurative avec un certains codes abstraits, comme l’affiche ci-dessous, me plaisait pas mal. J’ai bien aimé aussi sa fixette sur les citrouilles (cela m’a fait pensé aux peintures de Jack Palance dans Badgad Café et à la fois à Frida Kahlo, ne me demandez pas pourquoi). ^^

La Casemate du Pouldu

C’est marrant le terme « casemate » m’est familier mais tout de même beaucoup moins connu ou usité que « blockhaus » quand il s’agit de décrire cette kyrielle d’installations de bétons de l’armée allemande de la seconde guerre mondiale. Ce « mur de l’Atlantique » n’est pas vraiment pas une idée de l’esprit dans cette région où il subsiste une grande partie de ces constructions à la deutsche qualität impressionnante !!

C’est au Pouldu, à deux pas de la plage des Grands Sables, qu’un blockhaus a été complètement nettoyé et investi par une association. Ils en ont fait un petit espace mémoriel, véritable mini-musée en réalité, qui illustre les usages et le contexte historique de ces machins en béton.

Car ce truc bien évidemment était comme beaucoup d’autres blockhaus complètement laissé à l’abandon. Mais donc maintenant c’est un endroit tout propret et qui a été équipé avec des trouvailles (achats, collections locales etc.) variées qui expliquent le fonctionnement d’un bâtiment pareil. On trouve aussi des détails plus historiques sur les équipements du mur de l’Atlantique sur le territoire de Clohars-Carnoët, et l’implication dans la zone de Lorient durant la guerre. Le site internet de la Casemate du Pouldu est très bien renseigné, et permet d’avoir tout un tas de commentaires scientifiques sur ces constructions.

[Source]

Et voilà le plan du blockhaus qu’on peut visiter.

[Source]

C’est vachement sympa à visiter car il y a plein d’explications partout, et des petits trucs à voir (pas forcément toujours lié à la fonction de la pièce) qui sont dans le contexte de la seconde guerre mondiale. L’endroit est évidemment très exigu et en s’y faufilant on comprend bien la claustrophobie des soldats de l’époque, qui vivaient dans ce sarcophage de béton. Et on est un peu serré quand les visiteurs s’amoncellent dans une pièce.

Ce qui est génial dans le cadre de cette visite, c’est qu’il y a trois spécialistes et passionnés qui sont là pour expliquer l’endroit, son fonctionnement et plein d’anecdotes ou d’informations sur l’histoire ou l’usage de ces blockhaus. J’ai appris comme cela que le découpage super alambiqué de la côte bretonne a requis des tas de constructions alors qu’on en a eu besoin de beaucoup moins dans les Landes par exemple. Il fallait être en capacité d’arrêter des armées qui arrivaient par n’importe quel angle de l’océan, mais ce bunker en particulier, dont on voit bien sur la première image qu’il pointe sur la plage des Grands Sables, date de 1944, et c’est en réalité un complément au mur de l’Atlantique. Sa vocation était d’attaquer une éventuelle percée de la première ligne du « mur », d’où son orientation vers l’intérieur des terres.

Ce qui est étonnant aussi c’est qu’il a été fini à une date très très proche de la libération, et qu’en réalité on doute qu’il est jamais servi (ou très peu). C’est donc un exemple « flambant neuf » et de dernière génération.

La partie la plus intéressante selon moi est celle avec les couchettes et l’espace de vie des 6 soldats. On y voit concrètement comment ils pouvaient subsister, se reposer, mais aussi filtrer l’air en cas d’attaque (avec démonstration en live de cette machine filtrante qui fonctionne vraiment), ou bien monter un périscope pour voir ce qui se passait à l’extérieur, ou encore téléphoner puisqu’ils étaient reliés, en filaire, à tous les blockhaus du coin et à des commandements plus distants. C’est super intéressant de voir tous ces appareils d’époque, et remis en contexte.

En revanche, on reconnaît (et on loue) bien les passionnés et historiens ou collectionneurs amateurs qui ont mis tout cela en place, et il y a clairement une grande érudition dans tout cela, mais on peut aussi noter un petit manque « muséologique » à la visite. Beaucoup d’informations sont assez superflues et anecdotiques pour le visiteur moyen, et on n’a pas vraiment un fil rouge qui permet à la fois de découvrir les pans historiques, puis des activités plus militaires ou plus de la vie quotidienne etc. Pour le moment, c’est un peu posé comme cela, et cela manque un chouïa de « story-telling ».

Mais il faut saluer l’initiative et la qualité globale du lieu et de son animation. Cela deviendra sans aucun doute un incontournable du coin !!

Gengis Khan (Comment les mongols ont changé le monde)

C’est la première exposition thématique du musée d’histoire de Nantes que je visite (en dehors donc de la collection permanente du château), et je suis vraiment très impressionnée par la richesse de celle-ci. Les expos du musée d’Arts sont déjà d’un excellent niveau, mais là c’est clairement l’équivalent de ce qu’on peut trouver à Paris et dans les capitales européennes. C’est donc un panorama très complet et très riche sur la constitution et les caractéristiques de l’empire Mongol. Même si l’expo s’appelle Gengis Khan pour attirer le chaland, en réalité il n’est pas totalement au centre, même si c’est bien sûr un des protagonistes majeurs (c’est peu de le dire).

Après, on est dans une scénographie très classique et standard mais avec beaucoup d’explications très intéressantes (et une app gratuite plutôt bien fichue à télécharger au lieu d’un audioguide) et des cartels parfaitement autosuffisants et bien rédigés. Le parcours est à la fois chronologique et thématique, avec des thèmes qui s’égrènent pour bien comprendre les contextes qu’ils soient culturels, politiques, économiques ou sociaux. On trouve pléthore d’objets d’art, d’artisanat, mais aussi des céramiques, de l’orfèvrerie, des textiles, des armes etc. C’est d’une incroyable richesse avec des emprunts à des musées d’Oulan-Bator, mais aussi comme on peut s’y attendre des musées Guimet ou Cernuschi (et quelques pièces du musée de la Compagnie des Indes de Port-Louis).

Mais au-delà d’une exposition irréprochable sur le fond comme sur la forme, le sujet en tant que tel est absolument passionnant. On comprend vraiment bien ce qu’étaient ces peuplades nomades des steppes et zones désertiques de Mongolie, et pour lesquelles le cheval était à la base de toute leur vie. Et comment peu à peu, conquête après conquête, on a pu voir émerger simplement le plus grand empire de l’histoire de l’humanité. La carte du truc paraît totalement surréaliste (à l’époque de Kubilaï Khan, le petit fils de Gengis Khan, celui qui avait accueilli Marco Polo) !!

C’était hyper intéressant de voir comment ils ont mêlé à chaque fois des invasions brutales, mais aussi des négociations et énormément de diplomatie sans forcément aller jusqu’à la guerre. Et surtout il y avait vraiment cette volonté très marquée de faciliter les échanges (les fameuses routes de la soie), et d’avoir une économie florissante (portée par le commerce et la circulation des marchandises) pour l’empire après les conquêtes. Et étonnamment, il y avait une grande tolérance religieuse avec toutes les religions qui cohabitaient : islam, nestorianisme (christianisme nestorien), bouddhisme, chamanisme des origines pour les mongoles. Ils étaient aussi très forts pour intégrer toutes les armes qui se rencontraient sur leur chemin, et ont rapidement fait leur l’usage de la « poudre noire » pour utiliser des bombes et des grenades.

Scientifiquement aussi c’est assez drôle de découvrir l’apport des mongoles, et leur politique pour arranger les échanges entre savants. En réalité, tout ce qui pouvait être bon pour le business était facilité. Mais c’est marrant de voir cette vision globalisée du monde en plein Moyen-Âge. Je n’avais jamais entendu parler avant de Guillaume de Rubrouck qui a eu moins de succès que Marco Polo (il était avant en 1253-1254), mais qui a lui aussi écrit des trucs incroyables pour raconter l’Empire Mongol à ses contemporains. Et il y a cette histoire très intrigante de Guillaume Boucher (dont je ne trouve que la page Wikipédia en anglais étonnamment) qui a justement rencontrer le précédent.

Au lendemain de leur arrivée, Guillaume et ses compagnons sont accueillis par une Lorraine de Metz, nommée Pasha ou Paquette, enlevée en Hongrie et déportée jusqu’à Karakorum, qui est au service d’une dame mongole chrétienne. Paquette est mariée à un Russe qui exerce le métier de constructeur de maisons, de qui elle a eu trois enfants. Paquette leur parle d’un orfèvre nommé Guillaume Boucher dont le père, Roger, tenait boutique à Paris sur le pont au Change. Alors qu’il se trouvait à Belgrade, au service d’un évêque normand, les Mongols, qui ont massacré les populations mais en épargnant les artisans spécialisés, l’avaient fait prisonnier. Une fois arrivé à Karakorum, Möngke l’avait donné à son frère cadet, au service duquel il demeure. Informé des talents de l’orfèvre par son frère, le Khan commande à maître Guillaume un grand arbre à boisson en argent distribuant du vin, du koumis et de l’hydromel. Sur recommandation de Paquette, Guillaume de Rubrouck utilise les services du fils de l’orfèvre pour pallier l’incompétence de son interprète. Lors de son départ, l’orfèvre remet à frère Guillaume une croix ouvragée à remettre au roi de France, son ancien souverain.

Page Wikipédia de Guillaume de Rubrouck

Encore un peu de temps pour y aller, et il y a un monde fou, mais ça vaut vraiment le coup !!

Parfums d’Orient à l’Institut du Monde Arabe

Il s’agissait de la grande exposition de l’Institut du Monde Arabe (par rapport à la plus petite avec Etienne Dinet), et j’étais dans les prolongations car nous sommes dans les tous derniers jours pour la voir. C’est vraiment l’exposition thématique typique de l’IMA, et en général ils réussissent à merveille ce genre d’exercice. Eh bien là encore, c’est une parfaite exécution et une exposition passionnante, intéressante, pédagogique et qui fleure bon !!

Car en plus de présenter des objets anciens, des œuvres plastiques contemporaines et des explications culturelles, le musée propose aussi de sentir les odeurs et parfums qui sont évoqués. Cela donne une visite très contextuelle et dont l’expérience est principalement olfactive, ce qui permet vraiment de comprendre ce dont on parle, et de susciter de vrais connexions entre ce qu’on visite et ce qu’on y sent (avec le nez).

On commence par la base, et par les éléments constitutifs des parfums d’Orient avec l’encens, l’ambre grise, le musc ou l’oud, et pour chacun on peut voir à quel point ces ressources antiques étaient prisées et la base des senteurs des peuples de l’époque. Mais surtout on peut les sentir, et c’est un expérience en tant que telle d’humer des odeurs aussi fortes, et qui sont des marqueurs comme les couleurs primaires le sont au milieu d’une palette aux milliers de couleurs. Ces substances olfactives, avec à côté des fleurs qui complètent le répertoire de l’époque (oranger, jasmin et safran), sont les bases de toutes les senteurs « composées » et sont encore aujourd’hui des éléments essentiels à l’industrie du parfum.

On voit d’ailleurs des objets qui illustrent aussi ces antiques pratiques, que ce soit avec une tablette cunéiforme qui donne une recette de parfum.

Ou ce bas relief égyptien qui décrit le processus de fabrication du parfum.

On va aussi passer par des endroits avec des évocations très fortes, mais sans odeur cette fois. J’ai beaucoup aimé cette série de photographie (dont celle en tête du post) grand format (échelle 1:1) qui nous immerge dans des échoppes où la simple vision nous permet presque de sentir les épices qu’on y trouve.

On passe ensuite à des périodes encore antiques puis moyenâgeuses, avec des améliorations techniques majeures et géniales qui permettent de distiller des essences et d’inventer de nouveaux parfums indispensables au monde entier.

On a aussi quelques éléments plus culturels sur les hammams et leur lot de senteurs, et même de « socques » que certaines Drag-Queens ne rechigneraient pas à porter en boîtes. ^^

Bref l’exposition est d’une immense richesse, et fait aussi le pont avec des représentations plus occidentales et chrétiennes, comme cette statue de Marie-Madeleine qui est justement reconnaissable par l’attribut du vase de nard.

Il y a aussi de la place pour les épices, et quelques œuvres contemporaines que j’ai bien aimé qui célèbrent la cuisine orientale et ses odeurs appétissantes. Au-delà des choses à sentir, il y avait cette sorte de mandala de sable qui est réalisé en épices orientales et dans une forme traditionnelle de pavements palestiniens. L’œuvre est évidemment éphémère et évoque là la fragilité du peuple palestinien…

Je trouve toujours assez génial ces expositions thématiques qui mêlent art antique et moderne, artisanat et cultures immatérielles, et là pour les parfums c’était particulièrement idoine d’essayer d’ajouter une dimension plus abstraite encore aux odeurs. Je suis sûr que ça a encore dû être un « hit » de fréquentation pour le musée, et c’est tellement mérité.

Étienne Dinet, passions algériennes à l’Institut du Monde Arabe

Je ne sais pas si beaucoup de français connaissent Étienne Dinet (1861-1929), moi je l’ai découvert lors de cette exposition, mais apparemment il est éminemment connu en Algérie, et est étonnamment réputé et apprécié pour un peintre français orientaliste. Mais quand on sait qu’il était absolument amoureux de l’Algérie, qu’il s’est converti à l’Islam et qu’il a souhaité être enterré là-bas, on comprend sans doute mieux ce curieux pont entre nos deux pays. Et de ce que j’en ai lu, il a lutté toute sa vie durant non pas contre la colonisation, mais pour une prise en compte plus égalitaire et fraternelle des algériens dans la France de son époque.

Et il est également positivement considéré par son œuvre car tout en étant un orientaliste, il n’a pas concentré ses thèmes et ses peintures sur des aspects outrageusement exotiques des populations locales. On a au contraire une peinture très naturaliste et réaliste qui cherche à capturer l’essence des algériens qu’il a connu, rencontré et vécu avec. Et vraiment j’ai pu constater cela avec plaisir lors de l’exposition, un peu comme cette première image dépeignant un conteur (meddah aveugle) qui charme ses auditeurs par son récit (1922).

Je dois aussi avouer un sentiment tout personnel car Étienne Dinet a porté son dévolu sur une région qui m’est chère. Il s’installe en effet à Bou Saâda qui est une oasis aux portes du désert, et il est enterré là-bas. Or c’est à 100km d’où mon grand-père est né et a vécu, et l’exposition a aussi été pour moi une de ces occasion qui nourrit mon imaginaire. Plusieurs tableaux dépeignent cette région des Zibans, et notamment Biskra, qui est donc aussi ma région d’origine (1/4 de mon merveilleux patrimoine génétique donc), aujourd’hui surtout connu pour l’excellence de ses dattes, et j’ai adoré avoir une vision de ces paysages, ces visages et des ambiances qui correspondent exactement à la jeunesse de mon grand-père (1905 à 1928) avant son arrivée en métropole.

L’Oued de Bou Saâda en crue (1890)

Et il y a ces visages qui m’ont tant plu, car je retrouve vraiment les traits de mon grand-père et de ses sœurs, les mêmes tatouages sur le visage, et même certaines typologies dans les gestes ou les vêtements. C’était très émouvant et touchant de voir cela.

Mes grands-tantes Aïcha et Fatima au tout début des années 80.

J’ai beaucoup aimé ses dessins qui capturent les visages très finement et avec une troublante beauté.

Et il y a ce très beau tableau de Dinet qui est son plus connu en Algérie. Il y a beaucoup de peintures qui montrent des relations intimes entre hommes et femmes, ce qui peut apparaître comme troublant en comparaison de la situation actuelle, beaucoup plus puritaine et pour laquelle la mixité a énormément reculé. On a aussi des peintures qui clairement représentent des prostituées et qui figurent des quartiers « chauds » de l’époque.

Esclave d’amour et Lumière des yeux : Abd-el-Gheram et Nouriel-Aïn (légende arabe) 1900

Le style a un peu vieilli, et ce n’est pas spécialement ma tasse de thé, mais c’est vraiment plaisant de trouver une peinture de l’Algérie avec autant d’allégresse, de couleurs chatoyantes dans les habits et les accessoires, d’une vie quotidienne bouillonnante où se croisent les hommes, les femmes et les enfants. Il montre aussi régulièrement des situations plus religieuses, mais avec encore beaucoup de beauté, de sérénité et de mixité.

L’exposition est une magnifique rétrospective de l’artiste, avec également des éléments de son œuvre plus éditoriale (livres, affiches, illustrations), et qui donnent encore plus à voir et apprécier ce sud algérien de mon grand-père, si mystérieux et intrigant pour moi (et pas qu’exotique je vous rassure).