Noir

En ce jour de solstice où la journée était la plus courte de l’année, c’est aussi la veille du Sol Invictus, où finalement les jours vont d’abord arrêter de raccourcir, et même commencer à s’allonger, petit à petit. Et pourtant c’est le premier jour de l’hiver, et le froid est censé devenir de plus en plus présent et mordant. Les arbres en mode nature morte n’ont pas fini d’étendre leur sombre ramage dénudé sur nos âmes esseulées (je fais du Mylène Farmer, ça marche hein ? ^^ ).

Bref, c’est un peu le retour de l’espoir, mais c’est toujours la grosse merde. Bientôt la guerre, l’IA qui nous mange tout cru, l’extrême droite au portes du pouvoir (avec beaucoup trop de pédés dans ce parti de nazillons), l’écologie qui pisse dans un violon, la biodiversité en décrépitude, les réseaux sociaux qui tuent notre société grâce à nous… Mais bon, on ne sait jamais, peut-être que tout cela se finira vachement bien. ^^

Bonheur

Je ne crois pas que je pourrais trouver de meilleure définition que ce simple poème de Voltaire : « Ce qu’il faut pour être heureux ».

Il faut penser ; sans quoi l’homme devient,
Malgré son âme, un vrai cheval de somme.
Il faut aimer ; c’est ce qui nous soutient ;
Sans rien aimer il est triste d’être homme.

Il faut avoir douce société,
Des gens savants, instruits, sans suffisance,
Et de plaisirs grande variété,
Sans quoi les jours sont plus longs qu’on ne pense.

Il faut avoir un ami, qu’en tout temps,
Pour son bonheur, on écoute, on consulte,
Qui puisse rendre à notre âme en tumulte,
Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

Il faut, le soir, un souper délectable
Où l’on soit libre, où l’on goûte à propos,
Les mets exquis, les bons vins, les bons mots
Et sans être ivre, il faut sortir de table.

Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
Le tendre objet que notre cœur adore,
Le caresser, s’endormir dans ses bras,
Et le matin, recommencer encore.

« Ce qu’il faut pour être heureux » de Voltaire

Bon à part peut-être que mon orchidée qui s’était décidée en janvier à refleurir après 3 ans, nous fait un coup de reviens-y après un déménagement à Rennes et quelques semaines de réadaptation très compliquées (je n’avais pas réalisé qu’une orchidée à côté d’un grille-pain ce n’est pas la panacée1).

  1. J’AI PAS LA MAIN VERTE JE VOUS DIS !! ↩︎

Relatif

Quand je me coupe les ongles, si jamais Sookie est près de moi et qu’elle entend le clac très aigüe du coupe-ongle en fin de course, elle sursaute comme une dingue. Vraiment ça fait des années que cela fait ça, et on a remarqué qu’elle stresse de plus en plus, et ne voit même pas d’où ça vient, ça la fait juste sursauter, et au bout d’un moment ça pourrait presque lui produire un malaise ou en tout cas un mal-être extrême. Donc je fais grosso modo attention quand je me coupe les ongles pour être éloigné d’elle. Oui je sais c’est tragique. ^^

La semaine dernière, je n’ai pas fait attention, et j’ai fait la totale : les mains et les pieds, dans la salle de bain. Or la petiote était dans la chambre attenante, et je suppose que ça l’a mise en PLS. En tout cas, j’ai retrouvé la couette pleine de pisse de chat, et on sait qui nous fait régulièrement ces surprises là (mais c’est la première fois depuis qu’on est à Rennes). J’ai supposé que ma séance de coupe-ongles l’a stressé à ce point. (Ou alors je suis complètement dingue, mais le chéri trouvait ça également crédible. Mais bon comme on est tous les deux folles à chattes hein. ^^ )

Donc go tout laver couette, couette d’hiver (spécial mari frileux), protège-matelas, draps et tutti quanti (parce que c’était un pipi d’angoisse de 33 litres, merci Sookie). Et pour que ça aille plus vite, je préfère faire ça en laverie. Donc je retrouve mes habitudes de jeunot (si vous l’avez oublié, c’est un des articles qui avait beaucoup ému à l’époque, aujourd’hui je pense qu’on me traiterait de tous les noms ^^ Ô tempora, ô mores.), et je file à la laverie du coin pour laver mes frusques. Vous me direz que j’ai déjà bien illustré la relativité des causes et des conséquences, mais j’y arrive !

A la laverie, j’ai une heure à tuer, donc j’ouvre l’app Arte TV, et je pioche un documentaire. Je tombe sur ce double documentaire à propos d’Albert Einstein et Stephen Hawking qui promettent de nous expliquer l’univers en deux heures. Allez ! Je me suis dit que j’allais renoncer au bout de vingt minutes et me retrouver à doomscroller sur Instagram, mais même pas !! Le truc est tellement prenant, tellement bien écrit et scientifiquement couillu, tellement bien troussé, que j’ai été subjugué du début à la fin.

Le premier épisode explique diablement bien la relativité restreinte puis générale, et c’est génial de comprendre aussi simplement que possible, cette notion parfaitement contre-intuitive, du temps qui n’est pas le même partout. J’adore cette métaphore de la voiture qui roule avec un lanceur de balles à l’arrière, et de s’imaginer que pour un observateur au bord de la route : si la voiture roule à 60km/h et que les balles sont tirées à cette vitesse, eh bien il l’a l’impression qu’elles tombent à la verticale.

On apprend aussi des choses sur Einstein, et il y a quelques ponts sympas faits sur Hawking. Les deux sont largement évoqués dans les deux parties, mais le premier fait un peu plus la part belle à Albert, et le second à Stephen en se focalisant sur les trous noirs. On finit bien sûr par parler de de E=mc2, mais c’est en comprenant que la première bombe nucléaire (Trinity) c’était moins de 1g de matière qui fut convertie en énergie…

Par la suite, les explications sur le rayonnement Hawking, les trous noirs et les ondes gravitationnelles sont plutôt bien fichues également, et on a des exemples étonnamment assez parlants. Ces deux là ont eu un impact complètement fou sur notre vision du monde, et toujours avec des paradigmes assez contre-intuitifs comme celui de l’évaporation des trous noirs !! ^^

Alors bah juste pour cette découverte, je ne regrette pas la laverie, le pipi et de m’être coupé les ongles (enfin si la pauuuuuvrette fifille !!! ^^ ).

Tout est relatif. Mouaaarf.

Cocon

C’était en 2011 au Grand Palais, il fallait vraiment voir et expérimenter ce truc incroyable. Incroyablement grand et incroyablement déroutant !

Cela ressemble à une énorme baudruche, un blob qui a bien mangé et qui prend tout le volume de la grande Nef du Grand Palais qui comme son nom l’indique n’est pas un petit machin insignifiant. C’est brillant et d’apparence souple, on a parfois l’impression que le truc respire ou se ballonne mais ce n’est qu’une impression car même si c’est une membrane en PVC, ce n’est bien sûr par une baudruche rebondissante. Mais c’est une sorte de peau plastique épaisse assez translucide pour que depuis l’intérieur on ait une certaine transparence et luminosité rougeâtre très jolie.

Et donc cette grosse aubergine transgénique à trois lobes, est à l’intérieur un espace chaud et doux, où on déambulait librement. Les gens étaient hyper calmes et silencieux, et on s’échangeait des sourires gênés et sympathiques à la fois. Est-ce que la métaphore utérine était assez explicite pour tous ? J’imagine que oui, mais après tout, le monde est libre d’interpréter à l’envi un truc pareil !!

En tout cas pour moi, j’en garde le souvenir d’un cocon rassurant et protecteur, capable d’enfanter toute la ville de Paris. Purée la taille de ce truc !!! Les gens, et moi avec, étions vraiment abasourdis par le contraste entre l’incongruité apparente et l’allure fabuleuse de ce béhémot qu’on a bien fait d’appeler léviathan ! ^^

Étranger

Le saviez-vous, la Terre est ronde ? Ouai, truc de ouf. Malgré les déblatérations de certains énergumènes qui reviennent sur cette évidence. Et cela fait des centaines d’années qu’on galère pour représenter correctement les pays du globe sur une carte. Et j’ai déjà tout dit dans la phrase précédente : globe et carte. Comment tu dessines une boule sur une feuille (et donc un plan en deux dimensions), et en respectant les distances, les formes, les tailles, les angles, les lignes droites, les proportions ? Eh bien, tu peux pas, il faut choisir mon poussin !!

Le truc le plus simple avec lequel on est venu et qui est toujours la forme la plus courante de représentation de notre planète, c’est la projection de Mercator.

C’est un type de projection cylindrique, donc au lieu d’avoir un globe avec des méridiens courbés, c’est tout plat et hop collé sur une feuille en déroulant le cylindre. Le truc très pratique de cette carte c’est que ça respecte bien les angles, mais alors pas grand chose d’autres, donc les surfaces et les distances sont complètement fausses et pas un peu. Voilà la comparaison avec la réalité.

Mais comme les cartes étaient avant tout à l’usage des marins qui se dirigeaient par segments orientés avec un cap donné (règle et compas), au moins ce respect des angles était un bon outil de navigation. Et en même temps, cette vision centrée sur l’Europe qui diminue la taille de l’Afrique, maximise celle de l’Amérique du Nord, bah ça gênait pas trop. Et comme cette vision s’est imposée par les cartes comme « la » vision du monde, on continue comme cela, mais il vaut mieux savoir à quel point c’est biaisé, et que ça ne représente pas le monde comme il est : une boule sans aucun centre ni milieu.

Des tas de gens ont créé et continue de créer des tas de représentations et projections très intéressantes. Elles ont toutes des avantages et des inconvénients (respect des distances, des surfaces, des formes…), et si ça vous intéresse vous pouvez jeter un coup d’œil là ou là.

Bon, après vous avez aussi cette carte de France vu par les étrangers qui est très drôle, parce qu’on n’est pas là pour souffrir hein ? ^^

Et ça ce n’est pas l’étranger, bien tout le contraire, mais on ne sait jamais quels surfaces ça représente et surtout en comparaison à la fameuse métropole. Donc c’est une bonne chose que cette carte à l’échelle de la France et de ses outre-mers.

Complices et compromis

J’ai vraiment bien aimé cette notion de complicité et compromission car c’est aussi ce avec quoi je me bats depuis des années. J’irai même encore plus loin, car c’est ce que je décrie qui est sans doute à l’origine même de ma capacité d’émancipation. C’est à dire que c’est une certaine idée d’une société que je honnis qui m’a donné les clefs et les ressources pour la penser ainsi, de manière critique. Et c’est sans doute une de ces vertus, il ne faut pas l’oublier. Elle sera un peu plus vertueuse quand elle saura aussi évoluer, s’améliorer et progresser sans se révolutionner (pour éviter de jeter le bébé et l’eau du bain), mais se transformer vers un meilleur. Mais c’est justement cela qui est peut-être impossible ?

Nous tous. Nous… sans exceptions.

I love my job. I make a great salary, there’s a clear path to promotion, and a never-ending supply of cold brew in the office. And even though my job requires me to commit sociopathic acts of evil that directly contribute to making the world a measurably worse place from Monday through Friday, five days a week, from morning to night, outside work, I’m actually a really good person.

I Work For an Evil Company, but Outside Work, I’m Actually a Really Good Person. Emily Bressler. 12 novembre 2025.

Cela fait mal. Cela met du poil à gratter là où il faut. Cela replace le sujet au bon endroit. Ce n’est pas un abandon, ni une généralisation. C’est le problème fondamental qui est sous-jacent à toutes nos critiques du système capitaliste. Nous sommes tous complices et compromis. C’est le bon point de départ pour penser à ce que nous devons changer. Toute position de la vertu est vouée à l’échec. Il est impossible d’être vertueux dans le monde courant à moins d’être hors-système. Bon courage dans un monde globalisé. La complicité est une arme beaucoup plus efficace dans la réforme des institutions. Je suis compromis donc je dois penser le changement pour l’être moins.

Mon cœur a bondi par Karl

Saurais-je donc me faire du mal à moi-même pour le bien commun ou pire celui d’autrui ? Les nobles qui soutenaient l’égalité des citoyens pendant la révolution française contre leurs propres privilèges, avaient-ils raison ? Et dans raison, il y a évidemment rationalité et morale, mais aussi intérêt ? Leurs vies ont-elles été plus fécondes ensuite ? Peut-être pas, mais ont-ils au moins mieux dormi la nuit ?

En tout cas, je n’aime pas non plus du tout les positions de vertu et les exemples à donner en partant de soi. Et heureusement que l’on peut aussi réfléchir et élaborer une société plus juste tout en se tirant une balle dans le pied. C’est certes plus difficile, mais c’est cela les Lumières.

Et de l’autre côté du spectre, je tombe là-dessus. L’article évoque une toute nouvelle génération de tech bros qui vont à SF pour essayer de percer dans le business de l’IA, à peu près comme on entre en religion… Ils sont dans des neo-ashrams et vibe-codent1 dans une ambiance ascétique les futurs catastrophes planétaires2 avec en plus cette conviction intime de fin du monde. Cela me rappelle ce qu’un ancien collègue et pote m’avait dit dans le tout début des années 2000 : « Nan mais tu sais moi, je m’en fous si la moitié du monde crève, tant que je suis dans la bonne moitié. »

Et dans tout ça, bah chuis paumé, je ne sais plus comment je m’appelle. Ah si, Matoo ou Mathieu selon les dimensions et univers parallèles dans lesquels j’évolue. ^^

  1. Ce sont les développeurs qui utilisent des IA pour majoritairement écrire leur code informatique. ↩︎
  2. En vrai, ils essaient de concevoir des services basés sur l’IA, la couche d’après quoi… Et bien sûr dans aucune conception éthique ou morale : en mode El Dorado… Et c’est finalement très proche des bulles internet d’il y a vingt ans dans la Silicon Valley. ↩︎

Réglage

Mon assuétude pour l’informatique a commencé très tôt, vraiment très tôt. J’étais à fond dans les films comme Wargames (1983), et j’apprenais le BASIC par plaisir avec mon ZX81 en 1985. Mais étrangement, je n’ai pas exactement fait des études d’informatique, puis absolument pas par la suite, mais pas du tout. Néanmoins, j’ai toujours fini par revenir aux sources, et l’informatique, ou globalement les trucs technos, a été une composante importante du taf comme de mes loisirs.

Donc geek je suis, mais pas non plus un développeur ou un grand technicien, ni même un ingénieur, plutôt un raisonnable bidouilleur devant l’Eternel. Quand les blogs ont émergé, j’avais déjà un peu touché à des machins en HTML et hébergé des pages sur les services mutualisés de l’époque (Mygale, Multimania et consorts, vous vous souvenez les vieilles ? ^^ ). Je me suis tâté à m’abonner à un service existant, mais je tripais trop sur mon propre domaine (tellement chic), et les machins en php explosaient en mode « c’est à la portée de tous ». Alors je me suis lancé là-dedans, et ça me plaisait que le système de blogging en question soit français, et même corse en l’occurrence1.

Bon ce n’était finalement pas une sinécure de faire marcher tout cela… Pas tant le système de blog car franchement tout était super bien expliqué, et c’était grosso modo une histoire de paramétrages et de réglages par-ci par-là. Mais alors comprendre qu’il fallait louer un nom de domaine par un « registrar », puis le rediriger vers un espace sur les Internets qu’on louait également. Et que sur ce dernier, il fallait donc de l’espace mais aussi un bout de serveur pour motoriser le blog et faire naître ces sémillantes pages… Bon, allez, ce n’était pas trop mal expliqué, et avec un peu d’opiniâtreté, on y arrivait. Et puis il y avait déjà des tas de gens adorables sur la toile qui vous aidaient et réalisaient des tutos super. Cette dernière notion m’a d’ailleurs toujours fait halluciner et triper, car si des gens font des tutoriaux c’est qu’ils n’en ont pas besoin, mais donc pourquoi ??? (Comme les gens qui traduisent des sous-titres2…)

J’ai bien été content d’avoir choisi ce système, car il a évolué vers WordPress au bout de quelques années, et la plateforme est devenu ipso facto un standard du web (encore aujourd’hui c’est ce qui anime la majorité des sites web de nos Internets). Et de bidouiller mon WordPress après toutes ces années m’a aidé à comprendre un peu mieux des tas de notions d’informatique qui me sont très utiles même au boulot.

J’aime aussi cette stabilité avec une seule adresse depuis plus de vingt ans pour l’ensemble de mes articles. Bref, c’est mon truc quoi.

Et encore une fois, ce n’est pas tout simple, mais ce n’est pas non plus une barrière à l’entrée énorme selon moi. Il faut de la curiosité, de la jugeotte, et puis aimer se prendre parfois un peu la tête, et les pieds dans le tapis aussi.

Mais depuis le net est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Des tas de services sont disponibles gratuitement en ligne, et on s’est tous jetés dessus. Trop cool, trop pratiques, gratuits en apparence, la panacée ! Mais en réalité, c’était un piège, et un genre de chausse-trappe qui a aussi énormément ralenti ou parfois même annihilé les efforts d’ouverture de certaines applications. Tout le monde a tellement été habitué aux services de Gougueule et consorts que ça a démotivé les communautés du logiciel libre pendant quelques temps. Mais heureusement, les choses ont changé, et on sent que ça reprend bien du poil de la bête, modulo quelques problématiques.

J’ai donc continué à avoir mon blog auto-hébergé, mais à peu près tout le reste de ma vie numérique est hébergé par des plateformes gratuites en apparence et qui monétise donc mon existence à travers les contributions que j’en fais. Evidemment les miennes seules comptent pour du beurre, ce sont toutes les nôtres assemblées, sur l’ensemble des supports, et les liens entre nos contenus et nos profils (ce qu’on appel le social graph dans le jargon) qui a une redoutable valeur. Valeur et pouvoir… pouvoir de renverser une élection ou de faire vendre des culottes absorbantes Tena, tout se paye. Et les objectifs importent peu dans une société capitaliste, c’est du pareil au même.

Cela faisait un moment que je voulais faire plus d’efforts pour dégoogliser et plus largement dégafamiser mes pratiques numériques, mais j’ai eu un déclic en janvier 2025 avec l’élection de Trump, et toutes ces entreprises qui ont financé campagnes ou célébrations de son élection.

Et c’est compliqué pour moi, surtout du côté de Gougueule que j’adooooore. J’utilisais absolument tous les services tout le temps, le mail pour tous mes emails, l’agenda bien sûr, la prise de note, le stockage dans le nuage, l’édition collaborative de documents office, absolument tout ! Tout est synchronisé sur mon téléphone qui est un Android, donc inutile de dire que je suis un Google Boy.

Bon, j’ai commencé par mettre en veille mes comptes Twitter, Facebook et Instagram sur lesquels je ne poste plus rien publiquement. Mon hébergement existant m’offre la gestion des emails et des calendriers, donc j’ai déjà ça que je peux dégager de Google. J’ai donc fait à la fois la liste des comptes et des applications sur lesquels j’étais avec gmail (il y en a des littéralement des centaines) mais aussi tous les sites pour lesquels j’utilisais Google Connect (une centaine aussi) pour éviter de me créer un compte (et surtout un nouveau mot de passe). Un par un, j’ai débranché, rebranché, créé de nouveaux comptes, changé d’email quand c’était possible… Cela m’a pris plusieurs semaines, et je n’ai pas terminé. Pas une sinécure, je vous dis !

Mais il a fallu m’attaquer aux services dit « cloud », et c’est là que le bât blesse. Il y a une alternative très connue qui s’appelle Nextcloud, et qui offre, sur le papier, tout ce qui est dans Google Drive ou Office 365. Mais alors c’est un truc très très gros, complexe à administrer et demandant énormément de ressources. Aucun hébergement comme celui que j’ai pour le blog (donc mutualisé, pas très cher, d’une centaine d’euros par an) ne peut supporter un truc pareil. Toutes les autres solutions sont très parcellaires et vraiment pas du tout comparables. Et un hébergement plus professionnel c’est tout de suite 50 euros par mois, et là je ne me voyais pas investir autant pour en plus me prendre la tête à administrer un bousin pareil.

Alors je me suis lancé dans autre chose. J’ai fait l’acquisition d’un NAS, c’est à dire un petit serveur informatique qu’on installe chez soi. C’est tout con, c’est un ordinateur qui est connecté à votre modem, et sur lequel on peut installer des trucs et des machins beaucoup plus librement que sur un hébergement mutualisé. Mais alors autant installer WordPress c’est les doigts dans le nez, et ça se met à jour en cliquant sur un bouton, autant administrer un NAS n’est simplement pas à la portée de tous. Alors je me suis remis à apprendre plein de trucs de geek, et heureusement que j’aime ça.

Aujourd’hui si on veut installer des trucs et des machins, il faut utiliser ce qu’on appelle des conteneurs. Grosso modo des développeurs mettent à disposition leur code sous forme de boîtes prêtes à l’emploi, il faut « simplement » les recopier et les configurer chez soi. Mais en vrai, ça ne marche pas, et c’est tout sauf simple. Et je ne parle pas des configurations spécifiques à faire sur le modem et tout… Mais bon après plusieurs mois d’atermoiement, j’ai plusieurs applications qui tournent sur mon NAS, et c’est assez pratique. J’ai donc mon instance Nextcloud personnelle avec mes fichiers, la capacité d’avoir un tableur, un traitement de textes et un pôvrepoint… Et j’ai aussi installé un serveur multimédia qui nous permet d’avoir accès à nos films et séries à distance. J’ai également monté une instance Mastodon hébergée à la maison.

Et donc quand vous communiquez avec moi sur Mastodon, bah ça vient directement *de chez moi*. C’est une notion assez surprenante (il vaut mieux avoir une connexion fibre correcte) et qui est aussi assujettie à une réalité singulière : si ton NAS plante, si t’as plus d’électricité, si t’as plus de net, tu n’as plus de services en ligne !! Quand on a déménagé, je me suis pris la tête à garder le NAS à Nantes le plus longtemps possible, et ensuite quelle galère pour rebrancher et reconfigurer le truc. Et on a eu une coupure d’électricité il y a deux jours, plus de service cloud !

Quand c’est comme cela, j’essaie plutôt d’investiguer les services en ligne sur mon hébergement de blog. Mais bon, comme vous avez pu le constater ce n’est pas exempt de panne non plus. Et cela fait maintenant plus d’une semaine que mes mails mettent des plombes à arriver, plantent une fois sur deux, que le blog fait des time-out etc.

En gros, c’est la vie habituelle des services mutualisés, avec tout de même là un truc qui me les casse bien menu menu. Parce que du coup, j’arrive à avoir des codes envoyés par email qui finissent pas expirer parce que je n’arrive pas à lire mes emails. Je pourrais aussi tout mettre sur le NAS, mais imaginez une panne, les disques durs qui pètent, ou le truc qui plante alors que je suis en vacances quelque part ? Ou un cambriolage après tout ?

Bref, on comprend aussi bien pourquoi c’est tout de même sacrément confortable d’avoir Gougueule et consorts qui rendent tout cela d’une simplicité enfantine, toujours là, toujours en ligne et fluide, compatible avec tout, interconnecté en un clic, zéro paramètre, zéro réglage, et ça coûte pas un kopeck. ^^

J’avoue être régulièrement à deux doigts de tout envoyer bouler, et de revenir dans le giron rassurant de mon amant de Mountain View, mais je tiens bon !! Je vais au moins aller au bout de ma découverte du « libre », et sur le chemin j’apprends des tas de geekeries qui me divertissent aussi beaucoup.

  1. En plus, il était canon. Huhuhu. ↩︎
  2. Ah l’altruisme. Hihihi. ↩︎

Promenade

La dernière promenade en date est de celles que beaucoup font traditionnellement en début décembre. Allons faire un tour en ville pour voir les décorations de Noël !! Alors bien sûr, nous n’avons plus le bonheur des mises en scène nantaises qui, même si décriées par certains, qui font la part belle à l’art contemporain, et à Rennes on est dans une tendance beaucoup plus classique et traditionnelle.

On a bien quelques places décorées, mais le plus important c’est de loin devant le Parlement de Bretagne avec ce grand sapin (ce n’est pas la place Kléber non plus bien sûr). J’ai beaucoup aimé les efforts manifestes pour des décors très naturels avec plein de branches de sapin évidemment, comme tous les lutins et petits bonshommes de Noël qui sont des sortes de boules d’épicéa, les rennes en rondins de bois, des petits chalets adorables et il est précisé que ces mignonnes créations ont été élaborés à partir du bois d’élagage de la métropole.

Sinon dans les rues adjacentes, c’est beaucoup plus classique avec des décorations dans les allées commerçantes ou pour les places les plus emblématiques comme Sainte Anne ou l’Opéra de Rennes.

C’est toujours très sympa de s’emmitoufler et de partir à la découverte de ces embellissements saisonniers, et on n’est jamais seul dans ce cas. Il y a aussi les sempiternels marchés de Noël avec leurs babioles horribles, mais les distributeurs de vin chaud qui ont toujours un succès certain (enfin pas là, car ils ne prenaient que du liquide…) auprès de mon cher époux. ^^

On a aussi réalisé notre propre sapin, et cette année c’était le thème on vomit tout ce qu’on peut sur un pauvre arbre en plastique !!! C’est chargé, lumineux et ça irradie Noël à 5 kilomètres !!

Lien

Ah les liens !! Au début des blogs, c’était tout un truc. Il fallait commencer par un site pour en trouver d’autres, et de fil en aiguille, on se faisait des listes de favoris qu’on allait consulter dans son navigateur tous les jours (ou moins, ou plus…). Et puis très rapidement, il y a eu les blogrolls, donc il s’agissait de mettre en place une liste de sites qu’on lisait ou recommandés, et c’était la classe d’être cité dans la blogroll de l’un ou de l’autre.

Moi ça a toujours été mon truc de vouloir référencer le plus de blogs gays possibles. Et donc comme pour mon blog actuel, je n’ai pas été avare, et par définition j’ai ajouté, ajouté et ajouté. C’était vraiment l’idée d’une sorte d’annuaire des pédéblogueurs et assimilées (oui les filles ^^ ).

Ensuite, quand l’ombre macabre des réseaux sociaux est venue littéralement tailler des croupières dans ma blogroll, je n’ai jamais effacé un déserteur ou un petit ange parti trop tôt. ^^ Et aujourd’hui, ça donne cette immense liste qui ne veut pas dire grand chose, sauf pour moi.

Il y a quelques années, j’ai reclassé tout ça, et j’ai surtout mis en valeur mes blogs favoris, et ce sont ceux-là.

Quand je regarde tout ces noms, je pense à ces listes antiques qu’on trouve sur des ouvrages anciens, et qui parfois ne font que mentionner le nom d’un auteur, le nom d’une œuvre ou dans le meilleur des cas une citation entière. Parfois on ne sait d’un auteur que ce qu’un autre type a mentionné de ce dernier. Certains auteurs antiques ne sont connus que pour avoir ainsi référencé les encore plus anciens ou leurs contemporains à travers des listes, des index et des références.

Certains chouettes pédéblogueurs (qui ne passeront sans doute pas à la postérité OK OK OK) ne sont ainsi incarnés aujourd’hui que dans les interstices de mon propre blog qui verra lui aussi sa fin un de ces quatre (enfin j’espère que archive.org est encore là pour longtemps1). Je prenais l’exemple de Freakydoll qui a été un blogueur actif pendant quelques années et qui était très aimé et lu. Il y a 27 articles à son propos avec des références internes à des posts, mais aussi des bribes d’informations (parfois très cryptiques, donc moi-même j’ai oublié les tenants et aboutissants) qu’on peut juste choper à travers quelques hypertextes, mais aussi des citations, ou carrément des anecdotes plus fournies. Et donc c’est drôle la reconstitution qu’on peut se faire d’un tel kaléidoscope parcellaire, exactement à l’image des études qu’on peut faire sur des personnages qu’on retrouve chez des auteurs anciens. Hu hu hu.

Au moment où les blogs ont commencé à passer l’arme à gauche, Twitter est devenu un endroit très sympa à fréquenter, et c’était une source génial de liens justement. Car le web, à l’orée de la décennie 2010, était fourmillant d’activités et de ressources. Les sites web se multipliaient en même temps que les apps faisaient leur entrée sur le marché (et que les gens peu à peu passaient aux ordiphones), et peu de contenus étaient payants, car le modèle économique espéré était celui de la gratuité associée à la publicité (gratuit donc c’est nous le produit évidemment).

Pendant quelques temps, j’avais essayé de faire des revues de la toile comme cela, et j’aimais bien notamment faire des revues de tweets. Mais tous ces liens sont morts et le plugin qui permettait d’afficher les tweets également, et puis Twitter est devenu ce que vous savez. Mais il reste tous ces articles que je trouve drôle dans leur représentation d’une époque, en même temps qu’encore une fois une intéressante vision de la manière dont fonctionnait l’information (et c’était une manière pour moi de ne pas parler que de moi, mais je suis mon meilleur sujet je crois ^^ ). J’avais écrit plein de titres à la con en jouant sur les « liens », mais je commençais sérieusement à en voir les limites pratiques2. Hu hu hu.

Nous sommes en 2025, les blogs sont (toujours) morts mais nous sommes là !! Et j’ai une blogroll. Qui l’eût cru ?

  1. Il faut d’ailleurs que je teste ce plugin qui permet d’aller remplacer les liens morts par des liens vers des pages archivées. ↩︎
  2. Courir avec des liens, Ligamen jacta est, le lien est mort ce soir, 2000 liens sous les mers etc. ↩︎

Vie privée (Rebecca Zlotowski)

Ah là là, ça aurait pu être pas mal du tout, mais non. Le truc est juste bancal d’un peu partout malgré l’immense potentiel sympathique parce que la pléiade de comédiens et franchement un embryon d’histoire qui est accrocheur. Mais donc malgré la merveilleuse Jodie Foster, ça ne fonctionne pas.

Et pourtant son duo avec Daniel Auteuil lui fonctionne très bien, et aurait dû franchement donner quelque chose. J’aime aussi beaucoup la relation mère-fils avec Vincent Lacoste, et c’est fou mais pris indépendamment il y a beaucoup de choses très bien, c’est juste l’ensemble qui est foireux et n’arrive jamais complètement à décoller.

Jodie Foster est donc une psy parisienne typique qui vient de perdre une patiente d’un suicide (Virginie Efira). Elle ne comprend pas bien pourquoi mais elle est bouleversée au point de verser des larmes de manière spontanée et toute la journée. Elle finit par aller voir une hypnothérapeute, tout en n’y croyant pas du tout, et se retrouve dans une sorte de transe régressive qui lui « parle » par paraboles étranges. Elle en déduit en tout cas qu’elle a un lien très fort avec sa patiente, et elle soupçonne un meurtre plutôt qu’un suicide. Elle va alors essayer de mener l’enquête avec l’aide de son ex-mari.

Mais le film n’arrive pas à choisir entre Arabesque et Blue Velvet, donc on est soit dans un Agatha Christie dans le milieu psy et juif parisien, soit dans un délire onirique lynchien qui creuse dans la psyché de cette psy un peu beaucoup névrosée. Les deux films avaient le potentiel d’être très bien, et la pléiade de comédiens et comédiennes est juste parfaite, mais comme le film patauge un peu entre les deux, ça se termine en eau de boudin sur un « twist » rapidement amené alors qu’on est arrivé au bout d’intrigues assez « mal menées », de dialogues pas toujours très convaincants, et globalement d’un « hic » assez difficile à expliquer tous les 3 plans.

C’est donc assez décevant, et c’est dommage…