Le Sanctuaire

Il y a presque vingt ans, j’écrivais un post sur ma « mythologie de l’enfance« , et régulièrement je fais le tour de ce patrimoine personnel très immatériel mais largement animiste et lié aux éléments bien tangibles de ces lieux de mon existence toute entière. Ma maman habitant aujourd’hui dans la maison de ma grand-mère, j’ai l’opportunité de voir et documenter régulièrement l’évolution de mes Terres Sacrées.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas pris de photos du Sanctuaire, dont je parlais déjà dans mon précédent article. Et donc j’en ai profité lors d’une promenade hier pour prendre quelques clichés de meilleure qualité. Ce truc est assez incroyable, et m’a toujours à la fois attiré et fait grandement flipper. C’était un peu une incarnation figée des Fraggle Rock et du décorum de Dark Crystal, grosses références de mon enfance. Il y avait une admiration du travail de sculpture et d’assemblage, et sans doute aussi de la monomanie de l’exécution sur une toute petite surface, mais aussi une vraie répulsion de certaines représentations, comme autant d’incantations à des esprits plus ou moins sympathiques.

On penserait immédiatement aujourd’hui au fameux Palais du Facteur Cheval, mais en plus petit et peut-être moins fascinant et « abouti ». Et c’est en essayant de gougler des mots-clefs afférents, que j’ai trouvé une vraie référence à cet endroit (que je connais vraiment depuis toujours, donc me concernant une quarantaine d’années). Voilà que cette adresse est listée à l’inventaire du patrimoine de l’Île de France, alors ce n’est pas du tout encore un monument historique, mais c’est assez intéressant pour l’inventorier et le référencer, ce qui est une très bonne idée à mon avis.

Et donc j’ai ainsi appris qu’il s’agissait du lieu de retraite d’un facteur également, un certain Georges Maillard (1932) qui a acquis le terrain en 1964, et habite là depuis 1972 (je ne sais pas s’il est encore en vie). Evidemment ils n’ont pas résisté à l’idée d’appeler cela le « jardin du facteur Maillard », sans doute en écho à celui de Cheval. J’imagine que c’est une sorte d’étape indispensable si jamais on veut ensuite conserver l’endroit, et ne pas le voir détruire par un promoteur (c’est ce qui arrive à toutes les parcelles qui se libèrent dans le coin). Comme n’importe quelle ville de banlieue parisienne, les mètres carrés constructibles sont rares et prisés.

Il y a maintenant un nombre d’œuvres assez impressionnants, avec aussi des éléments architecturaux qui viennent encore souligner l’aspect fantasmagorique de ce bestiaire vaudou contemporain. J’aimais bien ma version de l’enfance avec quelques personnages phares que je ne vois plus (notamment une vieille dame avec son fichu) et encore avec quelques bosquets qui donnaient un peu plus de vert à l’endroit (mais c’est sans doute aussi la touche hivernale qui fait cela). En tout cas, on peut imaginer l’effet que cela peut faire sur un enfant, qui matin et soir en revenant de l’école, passait devant, et sans que jamais on ne lui explique ce que c’était (c’était vraiment comme si c’était un truc tout à fait normal).

Et à côté, coule toujours la Viosne, et cela demeure un lieu magique pour moi.

Hier, il y avait un cygne solitaire qui m’a accompagné pendant une vingtaine de minutes dans mes pérégrinations. En cette fin 2024, ma mythologie tient encore bon la rampe ! ^^

*Edit du 27/12/2024* :

L’ami estèf a été plus opiniâtre que moi, et il a trouvé cet article génial qui évoque l’artiste. Il est malheureusement décédé en 2022, c’est super triste car si j’avais su tout cela, je serais allé le voir et j’aurais pu lui dire tout ce que ses œuvres m’ont apporté au fur et à mesure de mon enfance et adolescence.

Je remarque aussi qu’il est né en 1932 à Arronville, et ça m’a fait sourire car c’est la ville voisine de Berville, où j’ai vécu entre 7 et 21 ans, et dont j’ai pas mal parlé dans mes évocations du Vexin Français que j’aime tant. Il est décédé à Pontoise, sans doute à l’hôpital, hôpital où je suis né en 1976. Et il a donc vécu à Osny, à quelques pas de mes deux grands-parents comme on peut le voir sur ma carte des lieux de mon enfance.

Enfin, l’article évoque le fait qu’il a commencé à œuvrer en 1985 (j’ai 9 ans) avec des totems en bois, et c’est marrant car j’avais des souvenirs même plus tôt (comme je le sous-entendais plus haut), mais donc c’est juste mon imagination. Et en réalité, j’ai plutôt connu son travail lors de mon adolescence, qui, c’est vrai, a beaucoup eu lieu chez mes grands-parents et surtout ma grand-mère. Cela ne m’étonne pas, car on déforme beaucoup de choses et on en invente (ou sublime) aussi pas mal quand on se fie à ses seuls souvenirs d’enfance.

Je garde l’article lié en pdf pour assurer sa postérité (tant que je demeure en ligne en tout cas).

On n’a jamais été aussi près de Noël

Et donc, les ouailles ont rejoint leurs familles pour célébrer la Nativité. Classiquement, Paris et sa région se sont vidées en direction de nos bonnes Provinces, et les pages grindères de nos campagnes regorgent d’étudiants qui tentent de résoudre leurs névroses chabroliennes en suçant local, et en espérant secrètement tomber sur le père d’un de leurs anciens bourreaux du collège.

J’ai également rejoint les pénates osnyssoises de mon Val d’Oise natal, et comme je remontais, une fois n’est pas coutume, en voiture, j’ai fait une halte à Chartres pour jeter un coup d’œil à sa très belle cathédrale gothique.

Noël oblige, la crèche était de sortie, mais pas encore, évidemment, le petit Jésus. ^^

J’ai ensuite pris le chemin des écoliers, et j’ai même fait un crochet pour rendre visite à mon oncle et ma tante dans l’Eure, avant d’atterrir chez môman. Là trônait fier comme Artaban et imperturbable sphinx : Obi-Wan.

Il est toujours aussi adorable et câlin malgré son petit air revêche de prime abord. C’est un chat miauleur de compétition qui tient de véritables conversations et qui module à la perfection le ton, la hauteur et l’intensité de ses assertions sonores. A n’en pas douter, il est le maître des lieux. ^^

Chauve-souris

On aurait pu croire que j’allais tout bêtement et candidement parler de chiroptères, comme ces petites pipistrelles adorables qui venaient nicher derrière mes volets quand j’étais minot. Elles étaient toutes mignonnes, et je leur donnais des bouts de pêches ou de brugnons l’été1. Cela m’a rendu les chauve-souris très sympathiques, malgré leur sombre réputation.

Mais non, le premier truc qui m’est venu, c’est cette bien nommée chanson du groupe Vive la Fête.

Chauve-souris (Vive la Fête)

Ah là là, que de souvenirs, d’images et de sensations de cette période !! Encore un truc qui date en gros d’il y a vingt ans, et qui était ma bande son de ces années. Merci la Belgique !!!

Et avec Vive la Fête c’est évidemment, Raphaël qui nous avait fait connaître le groupe via des potes à lui. C’était un collègue de boulot qui était très cool, et avec qui je m’entendais très bien. J’ai d’ailleurs très très couramment parlé de lui dans le blog, et il connaissait bien mes activités sur le net. C’était un gars très parisien, parfaitement gay-friendly et super à l’aise dans ses baskets.

Son acolyte du bureau c’était Benoît, et les deux se battaient tout le temps. C’était leur truc, un vrai truc bien mascu, mais c’était plus fort qu’eux. Et c’était marrant car ils étaient vraiment potes et comme cul et chemise, mais tout en étant très différents. C’était deux échalas, mais Raphaël était blond et extraverti autant que Benoît était brun et introverti. Raph était un vrai bourreau des cœurs qui déployait stratagèmes et techniques de drague hors pair, tout en étant pas une gravure de mode mais jouant à fond sur son charme et son bagout, tandis que Ben était d’une beauté si frappante que les meufs tombaient en pamoison juste à voir ses petits yeux bleus humides ourlés de grands cils noirs. Mais ce dernier était un grand timide, il n’abusait en rien de ses capacités innées, et je pense, n’en a jamais eu bien conscience.

Comme je l’ai souvent témoigné ici, j’ai narré quelques-unes de ces anecdotes de boulot, assez inutiles je le reconnais, de ces années. Mais j’ai aussi depuis beaucoup plus longtemps que le commun des mortels gardé des photos et des vidéos de plein de trucs tout aussi inutiles. Il y a vingt ans, les appareils photos argentiques étaient encore légion, et les appareils photos numériques très onéreux. Mais comme j’en ai parlé récemment, j’ai eu pas mal de ces webcams portatives bon marché qui proposaient une qualité exécrable mais avaient le mérite de capturer certains moments.

C’est comme cela que je me retrouve avec des disques durs qui ont miraculeusement survécu, et ces vidéos comme autant de daguerréotypes animés d’une époque… Et autant vous dire, des vidéos de 30 secondes en 176px de large, ça ne fait pas des miracles sur nos écrans d’aujourd’hui. Huhuhu.

Mais je trouve ça génial, car j’ai notamment gardé ces quelques séquences où les deux zigotos se mettaient à faire des démonstrations de kung-fu, en réalité chorégraphie hésitante de paons testostéronés qui faisaient la roue, en plein open-space. Et à l’époque, pas de smartphone, donc on ne me remarquait pas toujours avec mon mini-appareil qui ne ressemblait à rien, et dont on ne se doutait pas qu’il pouvait enregistrer des vidéos.

Vidéo de 2003

Ci-dessous, un autre souvenir qui me fait sourire, et où on peut voir qu’un ou deux ans plus tard, j’étais passé à un autre modèle et à 352px de large… C’est drôle aussi de s’entendre, et de revoir ces adorables types avec qui j’ai bossé pendant des années.

Vidéo de 2005

C’est la vie d’une chauve-souris à minuit, c’est la vie d’une chauve-souris à minuit !

  1. A priori pourtant elles sont insectivores, mais je me rappelle qu’elles acceptaient nos offrandes sans difficultés. ↩︎

Dans quelle case se mettre, et comment y attirer l’autre ?

Je suis retombé sur cet article qui a vingt ans complètement par hasard, et je me suis (re)dit que ça restait toujours un des plus chouettes profils qui soient. Je ne me souviens absolument pas de qui il s’agissait, sauf que manifestement c’était un texte de profil du site GA (GayAttitude, un site web communautaire et de rencontres gay qui a eu le vent en poupe au début des années 2000).

Difficile de savoir dans quelle case chercher l’Autre quand on ne sait pas dans laquelle on est soi-même. Difficile de choisir sa case quand on passe son temps à lire et à écrire, mais qu’on déteste les intellos coincés. Quand on n’aime pas le sport, mais qu’on en fait quand même et qu’on apprécie ceux qui en font (quand même). Quand on aime paresser au lit, au soleil, dans le bain, mais qu’on déteste ne rien faire. Lorsqu’on a 34 ans, mais qu’on ne les fait pas forcément et qu’on apprécie ceux qui ne les font pas non plus, même s’ils les ont. Qu’on trouve ridicule d’être choisi sur sa photo et ses mensurations (178-70), mais qu’on aime bien connaître celles de l’Autre. Qu’on ne fréquente pas les bars du Marais, mais qu’on n’a que des amis homosexuels. Qu’on n’aime pas vraiment les plans cul, mais qu’on ne crache pas sur les aventures. Qu’on va dans les saunas, voire pire, mais qu’on reste fleur bleue et romantique. Qu’on sait être fidèle et volage. Qu’on adore la ville tout en aimant la campagne. Qu’on aime la légèreté tout en détestant le superficiel. Qu’on apprécie la musique classique, l’art, la littérature, mais aussi le shopping et les blagues idiotes. Qu’on bâfre et boit comme un trou, tout en aimant ceux qui savent garder la ligne. Qu’on est plutôt passif, mais qu’on ne veut pas être traité comme une bouche de métro et qu’il nous arrive d’aimer renverser les rôles. Qu’on sait être bavard et silencieux. Contemplatif et ardent. Exigeant et facile. Facile et jamais comblé.

Ce profil me plait car c’est le contraire des petites cases dans lesquels on doit se renseigner pour se faire correctement chercher et trouver par son prochain. Et surtout, il assume la nuance et les paradoxes, et tout de même on est tous fait comme ça, il faut l’avouer. Même si tout le monde cherche à attirer et à montrer le meilleur de soi, on finit par être réduit à des phrases monosyllabiques suivies de quelques émojis sur une de ces applis des RSA1

C’était il y a vingt ans, je me demande si ce quinqua d’aujourd’hui a tout de même fini par trouver chaussure à son pied. Je le lui souhaite encore aujourd’hui. ^^

  1. RSA = les Réseaux Sociaux de l’Amour, c’est à dire les apps de rencontre comme la plus connue : GrindR. ↩︎

Se précipiter (Scurry)

S’il y a bien une caractéristique flippante dans nos vies, en tout cas dans la mienne, c’est bien cela : l’accélération. J’ai l’impression que depuis que je suis en âge de comprendre les choses, tout va toujours plus vite. Tous les processus qui m’entourent sont plus véloces, et dépassent depuis longtemps le simple entendement d’un être humain.

L’informatisation a rendu cela exponentiel évidemment. Et l’internétisation a rendu le phénomène omniprésent et omnipotent, en apparence, pour mieux nous donner l’illusion prométhéenne d’être des démiurges, quand nous ne sommes que des créatures de plus en plus sisyphéennes. Nous en sommes à un point un peu fou je trouve, mais chaque jour étant plus fou que le précédent, je n’ose pas m’en émouvoir aujourd’hui. Et comme, on peut lire des témoignages d’il y a 80 ans qui en parlaient déjà1, je ne sais pas à quel point je me leurre à ce sujet.

Mais force est de constater que l’information est tendue comme un slip 24/24, et comme on ne nourrit pas assez la bête, on a droit à des gens qui triturent tout dans tous les sens, épuisant la raison qui se veut réfléchie et posée, et interrogeant sans cesse la passion qui arrive parfaitement bien à sortir des énormités et à en disserter pendant des heures. On demande au boulot des choses pour hier, tout le monde est connecté toute la journée dans des vidéoconférences déshumanisantes, tout s’enchaîne dans un maelstrom d’objectifs qui ne riment plus à rien, tandis que le monde court à sa perte.

Et ce n’est pas que négatif quand on peut comme je le fais communiquer toutes ces merveilles de mots à la con en temps réel dans le monde entier, juste parce que j’en ai envie. Ou encore avoir un presque don d’ubiquité et, pour presque rien2, faire une visio avec un être cher à l’autre bout de la Terre (ou juste une photo par Whatsapp à môman c’est cool aussi). Très positif sauf quand ça a un poids écologique qui contribue à la fin du système même qui le nourrit.

L’avantage c’est qu’on se précipite aussi vers cette fin du monde non ? ^^

  1. Stefan Zweig, notamment, dans son œuvre Le Monde d’hier (1942). ↩︎
  2. La fameuse apparence de la gratuité. ↩︎

J’aime les protoptères

Bon, vous savez que je promeus ici régulièrement mon assuétude pour des trucs un peu curieux. Genre ça :

Et j’en ai bien sûr plus que trois en banque, donc de temps en temps, je me dis qu’il faut bien que j’en distille un de plus. Et donc aujourd’hui, je profite d’une absence de sujets pour poster, et je vous parle des protoptères !!

Alors déjà, le nom est assez génial non ? On dirait plutôt une bestiole microscopique ou un nom de bactérie, un peu comme les petits protozoaires chelous ! Mais non c’est une sorte de poisson qui appartient à la sous-classe Dipnoi qu’on appelle aussi les dipneustes (dont le nom est tout aussi groovy). Globalement ce sont des bestioles qui ont la particularité d’avoir à la fois des branchies et des poumons. Et donc elles peuvent à la fois respirer dans l’eau et hors de l’eau.

En plus de cela, et grâce à ces facultés d’adaptation, ces poissons osseux peuvent, en cas de sécheresse, se foutre dans la boue dans une sorte de cocon humide pendant des mois, en attendant le retour de conditions plus idoines. Et le protoptère éthiopien est l’animal au génome le plus gros du règne animal avec 132,8 milliards de paires de bases.

Mais ce qui m’épate c’est que ce sont des bestioles couramment considérées comme des fossiles vivant tant ils sont sur la Terre depuis très longtemps. Et ils représentent un truc très fascinant pour moi, c’est à dire qu’ils sont sans doute proche d’un maillon connu de notre processus évolutif. Et c’est parmi les trucs qui m’ont toujours beaucoup marqué comme une évolution folle : comment a-t-on transitionné de la flotte vers la terre ferme ? Bah voilà, les protoptères ont les deux capacités à respirer, et ont aussi des nageoires qui leur permettent de progresser dans la boue et sur les berges en les utilisant comme des pattes primitives. Je trouve ça dingue d’avoir ce truc complètement intermédiaire1 et qui nous montre juste parfaitement comment c’est une évolution possible pour nous.

Je reste assez circonspect sur la taille du génome, car il n’y a aucun lien entre le fait d’avoir un génome gigantesque et d’être un animal plus ou moins complexe. Il y a en effet des tas de trucs inutiles dans les génomes, on a juste des tas d’anciens machins qui traînent ou de la redondance. C’est d’ailleurs pas très pratique ce gros génome, car ça prend un temps (et de l’énergie) fou à entretenir, multiplier et gérer pour chaque cellule. Cela donne des bestioles à croissances lentes et finalement peu adaptables à des changements rapides (même si le coup de la bulle humide pour résister à la sécheresse c’est pas mal). Et en réalité, il y a un truc un peu contre-intuitif car en même temps, je lisais que la richesse du génome malgré tout permet aussi (peut-être) des évolutions plus rapides sur le long terme, comme le fait de développer des poumons ou des pattes pour s’adapter sur n générations.

Un peu comme les axolotl, les protoptères ont des super tronches avec une sorte de sourire énigmatique (qui n’est pas un sourire bien sûr ^^ ). Et il y a même un pokémon qui reprend le necture, l’axolotl, le gobie et le protoptère : Laggron. C’est dire s’ils sont cool. ^^

  1. Evidemment, il ne s’agit que de ma vision « binaire » des choses. La nature conçoit parfaitement toutes ces nuances, et d’autres. ↩︎

À hue et à dIA

Je vais faire exprès de ne pas promouvoir ce post sur les réseaux sociaux, et ne pas non plus y mettre de mots-clefs pour attirer l’attention sur les personnages représentés. Depuis quelques jours, on peut sur feu Twitter utiliser leur IA maison pour générer des images. Mais contrairement à l’ensemble des moteurs de génération qui sont disponibles, plus ou moins gratuitement, sur le marché, celui-ci permet d’utiliser et de mettre en scène l’image de personnalités.

Alors on est limité et on ne peut pas mettre en scène des assassinat ou du porno, mais c’est suffisant pour des détournements ou des associations incongrues. J’ai généré les photos de cet article, et on peut voir à quel point c’est redoutablement efficace malgré la jeunesse de l’outil.

Je ne peux pas m’empêcher d’y voir de la part du réseau social une volonté de polariser encore les personnes, et de donner un outil supplémentaire pour rendre les complotistes plus complotistes, et bien énerver les extrêmes. Au-delà de l’usage peu licite de l’image même de ces gens, on va dans un premier temps semer le doute, et rapidement, sans doute en quelques semaines, simplement rendre toute image suspecte et à jamais considérée comme non-fiable.

Je n’ai aucune idée de savoir si c’est une bonne chose, et que cela nous mettra tous à égalité avec à présent l’expression universelle « Oh ça c’est photochopé1« . Ou bien si c’est un instrument de plus dans les réalités alternatives, donc j’ai cru que ce serait un effet de mode, mais qui s’ancrent dans nos sociétés malgré tous les fact-checkeurs et personnes de bonne volonté de l’Univers Connu.

  1. Ma mère la connaît, donc le monde entier la connaît. Désolé c’est mon étalon. ^^ ↩︎

La résilience du Bisounours

Quand j’étais petit, j’étais un gentil petit garçon. Sympa avec mes parents, souffre-douleur de mon frangin, mais connu pour être vraiment un p’tit gars cool. On disait à mes parents que je m’endurcirai avec le temps, et qu’il le faudrait en tout cas. En mode : il ne faut pas se faire marcher sur les pieds, bla bla bla… Bah adolescent, j’étais toujours gentil. Les gens, les personnes avec qui j’étais en classe, les profs, la famille, tout le monde disait « Mathieu il est vraiment gentil, poli, respectueux et adorable. »

Mais on ajoutait que ça ne durerait pas, que mes parents allaient forcément vivre un enfer sur terre dans pas longtemps, avec une bonne crise d’ado (c’est sûr que mon frangin à 15 ans était en garde à vue, alors la barre était haute ^^ ). Mais j’attends encore ma crise d’ado, même si j’ai changé évidemment. Mais les amis plus tard, au lycée, dans les études supérieures, puis ceux de Paris, comme disait ma mère1, ont dit « Mathieu, c’est un mec trop gentil. »

Les gens rajoutent ce « trop » superlatif qui est une manière de parler, ou qui indique vraiment peut-être que c’est une disposition anormalement emphatique. J’ai voulu changer pourtant. A plusieurs reprises, je me suis dit merde il faut que j’essaie d’être méchant !! Mais je n’ai jamais réussi. Alors ça doit aussi être un truc un peu maladif et névrotique (qu’est-ce qui ne l’est pas), j’imagine que j’ai besoin qu’on me « trouve gentil » en réalité. Mais force est de constater que je vis très bien avec ça.

Je ne fais même pas d’effort. C’est juste comme ça. J’aime bien les gens, globalement. ^^

Alors après, je me fais niquer parfois. Notamment en restant gentil avec des boulets insupportables qui me gâchent la vie pendant des années. Mais c’est la ma vie. Hu hu hu.

On me qualifie aussi souvent de « La Suisse », et ce n’est pas tant que je fuis les conflits, mais c’est vrai que je suis souvent neutre, ou tout du moins tempéré, pesant le pour et le contre, et essayant toujours de comprendre les opinions des uns et des autres, même lorsque c’est contraire à mon propre système de valeurs. En cela d’ailleurs, je sais que je peux avoir un peu la tendance macronienne insupportable du « en même temps », et je reconnais que je prône en tout cas toujours l’empathie et la compréhension fine du prisme et de manière dont les opinions peuvent se former chez mes contradicteurs. Je trouve que c’est toujours important de bien avoir cela en tête, et que parfois c’est aussi notre cadre de valeurs qui met le bordel.

Il y a aussi un peu de Marc-Aurèle là-dedans, avec une recherche de ce sur quoi je peux agir, qui m’intéresse grandement, et ce qui m’échappe et donc auquel je renonce aisément, étant toujours en quête de mon ataraxie personnelle. J’avoue aussi ne pas souvent rencontrer de personne qui partage ces valeurs là ou cette méthode. Et ça me frustre beaucoup et souvent, car j’ai l’impression de faire un effort pour aller vers l’autre, jusqu’à comprendre, mais pas forcément valider, un raisonnement spécieux pour moi car élaboré sur des postulats très différents des miens. Et quand l’autre ne fait pas le même effort, je trouve que ce n’est pas très respectueux et… gentil. On y revient. ^^

Aujourd’hui avec la polarisation des opinions, la tempérance et la gentillesse ont complètement disparu. D’abord de nos espaces virtuels, puis de notre champ du réel, ce qui est tellement grave et triste. Et donc, ça m’affole de ne voir que des diatribes contre des diatribes, avec des deux côtés des raisonnements viciés. Alors évidemment celui qui est dans mon cadre de valeurs est plus facile à adouber, mais je n’ai vraiment plus de respect pour ces penseurs à la petite semaine, rhéteurs de pacotille et sicaires de réseaux sociaux.

Après, je vois bien qu’on ne fera pas grand chose avec des tièdes comme moi, et qu’il faut aussi avoir un mélange avec des personnalités un peu plus tranchées. Mais je ne supporte pas ces assertions hypocrites qui laissent de côté tous les défauts de leur réflexion. Moi quand je m’exprime, je défends toujours mon point de vue avec ses qualités, et j’expose aussi les limites et parfois les défauts même de ma pensée. Je trouve que c’est le seul moyen d’être honnête, et d’avancer réellement en collaboration. Je trouve que ça rend non seulement crédible, mais aussi que ça donne le droit d’émettre des critiques équilibrées et sincères, pas juste de pisser à la raie du connard d’en face. Hu hu.

Bisounours je suis, bisounours je reste donc. ^^

  1. C’était pour les nouveaux ami·e·s pédés et lesbiennes évidemment, qui n’étaient jamais autrement qualifiés par pudeur, comme si la parisianité était suffisante pour les considérer parfaitement interlopes. ↩︎

Du privilège de la beauté

Je n’ai jamais (très rarement) entendu parler de la beauté en tant que privilège dans la société, et pourtant aujourd’hui plus que jamais, mais sans doute depuis très longtemps, être beau ou belle est sans doute une des *choses* qui ouvrent le plus de portes. On ne parle que de privilèges ces dernières années, et c’est un prisme intéressant qui ne cesse de s’enrichir de nouveaux combats, de nouvelles discriminations qui sont mises en exergue pour être mieux identifiées et combattues.

Et on parle des privilèges… Ceux des hommes, des cisgenres, des blancs, des séniors, des minces, des bien-portants, des valides etc. Mais jamais je n’ai entendu parler de la discrimination contre les moches, et du privilège des beaux. Est-ce que ça n’existerait donc pas ? Hu hu hu.

Mais bien évidemment que oui. Il y a même une page wikipédia à ce sujet, c’est dire si ça existe. ^^

  • Selon une étude, les personnes considérées comme attirantes sont payées 10 à 15 % plus que celles d’une beauté moyenne. Cette différence de salaire est notée aussi chez les PDG.
  • Il est possible que les personnes considérées comme laides soient moins heureuses que les personnes qui ne le sont pas. Elles souffriraient également plus de dépression.
  • Les peines de prison des personnes considérées comme laides sont en moyenne 20 % plus lourdes que chez le reste de la population. Des différences ont été notées en fonction de la nature de la faute : les cambriolages ont conduit à une peine 24% plus lourde tandis que pour les crimes graves (meurtre et viol) l’écart se resserre, mais reste de 10%.
  • Les bébés considérés comme laids pourraient recevoir moins d’amour et d’affection, notamment par leur mère.
  • Les personnes considérées comme attirantes sont perçues comme plus intelligentes.
  • Les personnes considérées comme attrayantes sont perçues comme plus dignes de confiance.
Extrait de la page wikipédia : Privilège de la beauté

Et vraiment, je pense que ces quelques éléments parlent absolument à tout le monde. Mais voit-on des associations de défense des moches ? Non. Des militants de la mochitude qui tapent un 10 au laideronomètre ? Non plus. D’ailleurs toutes les associations qui luttent contre les discriminations insistent pour trouver « beau » les gens, et c’est un des arguments de poids. Black is beautiful, big is beautiful, bear is beautiful etc.

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Après je sais que c’est une notion relative et tout et tout. Et je ne vais pas non plus dire que les gens moches ne peuvent pas trouver le bonheur, la preuve… Hu hu hu. Mais j’ai toujours été fasciné par ce truc, et j’ai moi-même beaucoup trop cédé aux gens beaux. Enfin surtout quand je les trouvais un peu cons, sinon c’est vraiment insupportable. ^^

Mais c’est vrai que c’est une notion qui trouble beaucoup de gens. J’avais déjà évoqué cela avec M. notamment, il y a donc 20 années de cela. Ce dernier m’ayant toujours dit « Nan mais moi j’aime pas les mecs beaux ». Et c’est vrai qu’il a vraiment été en couple avec toutes sortes de mecs, moi y compris. Et je ne suis pas du tout dans sa « league ». Je le ressentais parfaitement bien, avec des regards lourds de sens dans la rue ou les soirées, et parfois quelques remarques narquoises ou carrément désagréables1. Et ce n’était pas toujours facile, mais j’avais, étrangement, assez confiance en moi pour le vivre pas trop mal. Et il me faisait assez sentir son amour et son désir aussi pour cela. (Et heureusement, je me trouvais beaucoup plus intelligent et cultivé que lui. ^^ )

Même ma maman, qui pourtant a le devoir de me trouver la septième merveille du monde, m’avait dit qu’il était vraiment très très beau, du genre « par rapport à toi ».

Je ne trouve pas que c’était spécialement une qualité de sa part de ne pas avoir un critère de beauté très « exigeant », et pas non plus un défaut de la mienne d’avoir succombé également à son joli minois. Les relations amoureuses sont une alchimie complexe, et tout devrait être possible. Mais il n’en reste pas moins, que j’ai pu constater les nombreux privilèges qu’il gagnait avec cela au quotidien.

Depuis hier, les Internets frémissent et bruissent de ce fameux Luigi M. qui a assassiné le directeur d’une mutuelle privée étasunienne. Son physique avantageux et sa belle gueule lui valent d’être largement considéré comme un héros de la lutte des classes, alors que s’il avait été moche je suis certain que la situation serait regardée de manière diamétralement opposée.

Et une fois n’est pas coutume, un peu d’autofellation, puisque j’avais déjà effloré ce sujet il y a quelques temps dans un article où je faisais le lien avec le passing et la transidentité.

Il y a en revanche une chose qui a tout changé, et qui est à la fois géniale et qui m’agace au plus haut point : le passing. Evidemment que c’est majeur et important d’être reconnu, pour des personnes binaires, dans son genre. Et les innovations extraordinaire en médecine, tant pour les hommes que pour les femmes, ont grandement amélioré la vie des personnes trans et leur intégration à la société, puisque « ça ne se voit plus ». Et dès lors qu’on ouvre cette boîte (de Pandore), on se frotte forcément à ce putain de privilège de la Beauté (qui m’insupporte). Et alors, on en vient à faire des différences et des jugements de valeurs dégueulasses. Il y a alors les bons trans et les mauvais etc. De la même manière que l’acceptation grandissante des gays dans la société est valable et validée pour ceux qui sont beaux, musclés et doués en décoration.

Mais d’un autre côté, ces ambassadeurs et ambassadrices ont un pouvoir extraordinaire et font bouger les lignes. Donc ça m’interpelle et me trouble… Et j’en suis moi-même une énorme victime influençable, alors que je m’émerveille de transitions qui aboutissent à des personnes belles en dedans comme en dehors (j’avoue que le passing a cet effet).

J’avais bien aimé en cela les deux séries TV avec un thème trans très poussé qu’étaient « Pose » et « Transparent ». Et étonnamment, là où la première se passe dans les années 80 et 90 à l’époque NYC, VIH et Ballroom, on avait des comédiennes trans qui étaient « trop » belles par rapport à une représentation historique qui se voudrait fidèle. Mais après tout, quel intérêt ? Et leurs physiques sublimes ont parfaitement servi l’intrigue… Pour la seconde, avec « Transparent », c’est le contraire puisque la série est contemporaine mais montre justement des trans « qui se voient » avec un côté plus naturaliste certes (surtout avec des trans plutôt âgées), mais qui fait justement l’impasse sur les personnes au passing plus abouti. Et encore une fois, ce qui est plutôt cool au final, c’est l’ensemble de ces représentations, et la diversité qui est présentée. Ce qui est cool aussi c’est enfin d’avoir ces représentations dans des séries, et qui arrivent à transcender ce sujet même de la transidentité.

Sur un sujet connexe, je me suis fait la même réflexion sur la mini-série gay du moment « Fellow travellers » où on a deux mecs homos qui vivent une histoire singulière entre les années 50 et 80. Les deux mecs sont Matt Bomer et Jonathan Bailey, et ils ne sont absolument pas crédibles en mecs pédés dans le placard des années 50, dans le sens où à cette époque les mecs n’avaient absolument pas des corps aussi secs, dessinés et musclés avec des abdos taillés à la serpe. Or, la série est aussi là pour montrer des magnifiques pédés aux corps parfaits comme on les célèbre aujourd’hui. Je trouve ça naze, et un manque criant de fidélité à une reconstitution historique.

Bref, j’arrête avec ce privilège de la Beauté, mais il faudra que j’en fasse une tartine un de ces quatre.

Extrait de l’article Adelphité Trans de mon propre blog.

J’ai souri récemment, quand je parlais de mon filleul à une de ses anciennes profs. Et elle me parlait de problématiques de racisme qu’elle avait constatées, notamment lorsque des enfants d’origines magrébines se retrouvaient dans de bons lycées à majorité blanche. Mon filleul est lycéen depuis la rentrée justement dans un de ces bons lycées, et je m’enquérais2 auprès d’elle s’il pouvait avoir des problèmes similaires. Elle m’a tout de suite rassuré : Non il est trop mignon pour ça. Il aura tous les copains et copines qu’il voudra.

Et c’est vrai que j’ai pu constater comme la beauté est un privilège efficace pour se prémunir de certains racismes (pas les plus profonds et rétrogrades). Mais il n’est jamais cité dans les convergences de luttes ou de haines. Peut-être justement parce que c’est un privilège bien distribué dans la population ? Mais finalement non, puisque les normes de la beauté changent, et qu’il y a plus d’inclusion aujourd’hui dans ces principes normatifs mêmes (au-delà de l’injonction morale à dire en toute hypocrisie qu’il y a de la beauté dans toutes et tous… mais oui, et puis finalement c’est pas faux en plus ^^ ).

Mais donc cela restera toujours un privilège tacite, et une discrimination à l’opposée tout aussi silencieuse et taboue ? Je n’arrive pas à m’imaginer un changement pareil, mais peut-être que ça viendra avec le temps.

  1. J’ai beaucoup expliqué qu’il était avec moi pour ma grosse bite, et ça avait à l’époque convaincu un nombre surprenant de gens, alors que je disais vraiment ça sous forme de boutade imbécile. ↩︎
  2. Purée, je suis pas du tout sûr de moi là. Comment je conjugue ça M. Fraises ?? ↩︎

Faut-il séparer l’homme politique moisi de la folle à chats bear à moustaches ?

Parce que le type là c’est vraiment un oxymoron à lui seul. C’est VRAIMENT un des mecs détestables du gouvernement actuel, et j’ai cité récemment alors qu’il s’émerveillait de l’arrivée de Musk au gouvernement de Trump (c’est dire !).

Mais donc c’est aussi un type qui vient de faire son coming-out, et qui présente son compagnon, ses chats, et en cela, a forcément un petit côté sympathique (nan mais oui quoi hein ??). Passons le fait que nous soyons dans une situation politique catastrophique, qu’il a une image dégueulasse, et que c’est sans doute un petit coup de com. Mais on sait bien que pour un mec de droite comme ça (parce qu’on ne va pas nous la faire centriste ou je ne sais quoi hein), ce n’est pas anodin, et cela reste à saluer (du bout des lèvres ^^ ) car il va se faire conspuer comme il se doit par des homophobes (et on partage au moins des ennemis communs.

Il est au bord du précipice mais il ne nous fait même pas un explicite « vivons cachés, vivons heureux » ou une fierté de la honte comme certains, même s’il explique qu’il est « normal »1. J’ai bien regardé et écouté pour voir si on ne pouvait pas le choper en flagrant délit d’homophobie plus ou moins internalisé, mais non c’est savamment dosé et l’alchimie fonctionne à la mole2 près.

Cela reste une engeance de la politique et un suppôt du Mal Incarné, mais purée il est si chou avec ses chatounets et son mari, on dirait môôôôôaaaaa !!! Hu hu hu.

Comme a dit un de mes contacts sur Insta que je plagie sans vergogne :

Les inverti.e.s donnent quelques conseils sur quoi faire des gays de droite, mais là-dessus je suis plutôt sur la séparation des genres je le reconnais. C’est-à-dire que les potes de droite, ça existe, et aussi le tonton qui vote RN, et les collègues aux idées de merde qu’on aime bien tout de même. Parfois bien sûr, cela fait carrément changer d’avis sur la personne, et on peut se séparer, mais souvent je prends cela comme une occasion de ramener au troupeau des brebis égarées. Et parfois, ça fonctionne quand on est sur des personnes peu polarisées, et simplement confuses.

J’ai d’ailleurs aussi parfois été remis sur un (bon) chemin, en tout cas un autre que celui sur lequel j’avais été conduit par un ensemble de réflexions, un cadre de références différents ou simplement par défaut (l’éducation, une certaine candeur…). Ma propre capacité à changer et évoluer, m’encourage à penser le processus possible pour mon prochain. ^^

En revanche sur le sujet des violences3 faites à quiconque, c’est assez clair, on ne sépare rien du tout. C’est poubelle. Et même si tout le monde a le droit à la rédemption, la réinsertion et la réhabilitation, c’est après un processus bien spécifique, parfois légal et de reconnaissance de ses torts, avec contrition et tout le tintouin, et qui n’est pas suspensif pour cause de notoriété, succès, talent, expertise etc.

  1. Eurk. ↩︎
  2. J’ai toujours eu un truc pour le merveilleux nombre d’Avogadro soit 6,022 140 76 × 1023 mol−1 ↩︎
  3. Je sais le sujet complexe, donc on ne juge pas, et on ne philosophe pas, sur quelques phrases jetées comme cela. ↩︎