Remuer

Revenons à un souvenir du 18 juillet 2018 pour cette thématique, c’était sur l’île de la Réunion… Car je vous parle très souvent des sympathiques vagues qui viennent remuer notre côté de l’océan Atlantique, mais j’avais été sacrément impressionné par celles qui frappent régulièrement ces côtes découpées façon fractales, profondément noires et basaltiques, de leurs immenses lames d’écumes blanches. (C’était l’hiver austral là-bas bien sûr, en plein été pour nous.)

Il suffit de voir la taille des petits bonhommes pour comprendre l’énormité de ces béhémots de flotte !

Et en parlant de gros trucs dans l’eau, c’est aussi la singularité réunionnaise d’apercevoir à l’œil nu des cétacés s’ébrouer dans l’océan. J’étais moi évidemment complètement fou d’avoir cette chance !! Et même si les photos n’en témoignent pas, mon souvenir reste plein de cette émotion vraiment remuante pour moi sur le coup. ^^

Vieille

C’est marrant mais je suis tombé sur ce post de « Chroniques de Bretagne » qui se plaignait de la dégénérescence de Ouest France, exactement comme on le ferait aujourd’hui de tous ces supports qui perdent leurs âmes en utilisant de l’IA générative et réduisent leurs contenus à des hameçons à réclames. Donc nous voici, c’est notre tour, nous sommes les vieilles et les vieux qui bougonnons sur la disparition de notre monde, notre cadre de valeurs et nos repères.

J’imagine que chaque génération connaît cela, depuis la souffrance de l’enfance sous le joug des adultes, à celui des adolescents qui se plaignent de n’être pas compris, puis la jeunesse qui aspire à changer les choses et conspue les vieux réactionnaires, et des adultes qui peu à peu se meuvent et se moulent dans la mode capitaliste de leur époque… Ensuite viennent les vieillards qui subissent un changement de mode et de régime en plus, et qui sont déboussolés.

Et chaque époque a raison de cette perte de valeur, de ce bouleversement de l’ordre établi. Il est néanmoins très difficile d’en tirer un bilan aussi absolu qu’on voudrait l’imaginer. J’ai tendance à vouloir justement le relativiser, parce que je me souviens bien des boomers qui étaient considérés comme des voyous et des beatniks par leurs parents (et ils l’étaient bien sûr parfois ^^ ), ou bien ma propre génération qu’on disait sacrifiée par la télévision et les animés débiles ou violents, et celle d’aujourd’hui abrutie par les réseaux sociaux. Rien de tout cela n’est absolument vrai, ni absolument faux.

Et pourtant, je lis aussi Thierry qui continue son analyse à la fois clairvoyante et sombre de nos « sociétés en ligne ». Et le tableau clinique est aussi précis que flippant.

Une double injonction : plaire et produire de plus en plus, inonder de contenus, lutter contre les autres producteurs, mais avec la même stratégie qu’eux : satisfaire, combler un vide, alors que le vide est nécessaire pour qu’un mouvement soit possible. Où aller quand ça déborde de partout ? Il me suffit d’ouvrir Netflix pour avoir envie de dégueuler. Un amoncellement de vignettes clinquantes empilées les unes sur les autres. Idem sur YouTube, avec des shorts hypnotiques plus cons les uns que les autres. Je ne supporte plus ce monde, non seulement parce que j’en suis la victime, mais parce que vous en êtes les victimes.

Dans un monde où tout est faux, pratiquons le headbang de Thierry Crouzet

Ploum en rajoute une couche en étant encore plus acrimonieux, et il a raison lui aussi !

Je conchie le « joli ». Le joli, c’est la déculture totale, c’est Trump qui fout des dorures partout, c’est le règne du kitch et de l’incompétence. Votre outil est joli simplement parce que vous ne savez pas l’utiliser ! Parce que vous avez oublié que des gens compétents peuvent l’utiliser. Le joli s’oppose à la praticité.

Le joli s’oppose au beau.

Le beau est profond, artistique, réfléchi, simple. Le beau requiert une éducation, une difficulté. Un artisan chevronné s’émerveille devant la finesse et la simplicité d’un outil. Le consommateur décérébré lui préfère la version avec des paillettes. Le mélomane apprécie une interprétation dans une salle de concert là où votre enceinte connectée impose un bruit terne et sans relief à tous les passants dans le parc. Le joli rajoute au beau une lettre qui le transforme : le beauf !

Oui, vos logorrhées ChatGPTesques sont beaufs. Vos images générées par Midjourney sont le comble du mauvais goût. Votre chaîne YouTube est effrayante de banalités. Vos podcasts ne sont qu’un comblage d’ennui durant votre jogging. Le énième redesign de votre app n’est que la marque de votre inculture. Vos slides PowerPoint et vos posts LinkedIn sont à la limite du crétinisme clinique.

Mais c’est plus joli ! par Ploum

J’ai du mal avec tout cela, car lorsqu’on se met à reprocher des choses, alors on doit se repositionner vers un « meilleur ». Et ce meilleur sera toujours celui de son propre cadre de référence, de son propre modèle aussi décrié soit-il par la génération précédente/suivante pour n autres raisons valables. Il me semble juste qu’on doive pratiquer différemment, et moins par couche successive de générations, au final toutes aussi vénéneuses et au capitalisme destructeur de notre environnement. Mais alors lorsque je m’essaie à un exercice un peu plus subtil, bah c’est trop compliqué, ça ne marche pas. Et pourquoi mon opinion serait-elle meilleure que celle d’un autre imbécile ? Pffff.

Une sorte de voie du milieu si on continue à filer la métaphore de l’IA, c’est celle de Korben qui prend cette nouvelle flippante des « 50% du web serait écrit par l’IA« . Mais « et alors » se dit-il. Parce qu’avant l’IA, c’était des machines à créer du référencement naturel qui truffaient les textes de mots clefs, des journaleux du net qui cherche à faire du clic-bait avec des titres racoleurs qui ramènent du clic. Et donc malgré tout ces artifices, la qualité du fait-main du fait-humain continue et continuera à être remarquée, et à façonner notre futur. Encore une fois, c’est vrai et pas vrai. Oui la qualité et le travail sérieux sont encore des choses qui se « voient », mais si les gens s’abêtissent en même temps que les IA construisent une jolie roue de hamster… Mein gott, qu’allons-nous devenir ?

Rencontre

Comme je le disais encore tout récemment dans un commentaire, si je n’avais pas eu les Internets, je n’aurais jamais baisé de ma vie !! Car ça peut paraître fou, mais jamais je n’ai su draguer ou rencontrer véritablement des gens en bar ou boîte. Pourtant je ne suis pas timide, mais je n’ai pas cette « fonctionnalité » en moi, vraiment si je ne connais pas quelqu’un, je ne peux pas l’aborder, encore moins si la personne me plaît, et encore moins dans un lieu dont on sait qu’il est propice à cela. Hu huhu.

J’avais il y a longtemps narré en un mouchoir de poche ma vie sur les Internets et justement ces usages des « sites de rencontre », devenus applications aujourd’hui.

Allez, en une phrase : mes premières expériences fugaces de 16 à 18 ans, ma dernière copine à 19, ma rencontre avec Caro qui m’a fait connaître la vie d’un pédésexuel moyen avec des premiers mecs et pas de plan Q (non l’amûûûûûûûr seulement je voulais), 1997 (20 ans) Thomas et le coming-out, 1998 (21 ans) le premier studio minuscule à Bastille, la connexion à caramail et le déniaisage (ouai quelques plans Q pour être sûr que je pouvais moi aussi le faire), les PA sur citegay, premier coup de coeur pour le fantastique site Ooups (pédéblog avant l’heure), les dîners et rencontres caramail sont fécondes (merveilleuse histoire avec Dadou), Yarps en 2000 et le système de profil qui s’affirme, Fosfoo (de Transcodage) devient Gayvox et commence sa montée en puissance tandis que Citegay est No1, 2000-2001 je suis avec Nico (pendant 1 an et demi) rencontré sur Yarps et je socialise à donf (trop) sur les sites gays, beaucoup moins sur caramail, fin 2001 fin de Yarps et migration massive vers Gayvox, Dialh s’impose comme le N°1 de la boucherie, premiers échanges orageux avec M. sous forme d’insultes très originales, rencontre M. de visu lors d’un dîner pour la fin de Yarps, putain on appelle ça « love at first sight », avril 2002 le démarrage M. et une socialisation accrue sur Gayvox, fin 2002 je tombe sur garoo sur fsh et de fil en aiguille je découvre la blogosphère (et GayAttitude), avril 2003 impossible de résister plus longtemps, je me mets au blog et renoue avec les communautés gays en ligne, avril 2004 finis les M&M’s, je traîne assidûment mes guêtres sur Gayvox, Rezo-G et GayAttitude, je rencontre des blogueurs et réalise la proximité entre les deux typologies de communauté (les pédéblogs ne sont, en gros, que des profils de rencontre détaillés, qui servent à commu-niquer).

Depuis l’article Internet, et moi, émois, et moi !

Avant tout cela, je vous jure c’était une incapacité incapacitante à rencontrer qui que ce soit. Et même avec cela, j’ai parfois eu, et j’ai souvent eu, des échanges qui ne traduisaient qu’une sombre incommunicabilité qui ne pourrait vraiment déboucher sur les limbes des Internets. Je me souviens avoir partagé d’ailleurs ce dial de l’époque (sur feu Rezo-G) :

Mais pour moi la vraie aisance c’est derrière mon écran et mon clavier. Ah le clavardage… ^^

J’ai toujours dû d’abord jouer du clavier avant de réussir à décrocher un… entretien enfin plutôt un rancard quoi ! Ce n’est pas grave, surtout en ces époques où la vie sur les Internets est presque aussi intense que dans la réalité. Mais quand je vois que tout un chacun s’accorde régulièrement sur le bienfondé des relations et rencontres en bars ou boîtes, et qu’il y a un certain regret de cette « époque ». Bah moi à l’intérieur je suis « nan mais oui mais non hein » !!!

On n’est pas tous bien constitué pour réussir à évoluer dans la dure réalité des relations entre personnes humaines. Et surtout moi. Mouahahaha.

Recherche

Mon grand héros de l’enfance c’était lui, Géo Trouvetou !! J’imagine que ce n’est pas si commun, mais je crois que j’ai toujours été geek, et ceci explique encore plus cela. Hu hu hu. Autant j’étais en adoration devant les super-héros de Comics Marvel, et surtout en réalité les X-Men (il y a beaucoup de thèses aujourd’hui sur ces héros et héroïnes de bédés comme description de certaines franges de la société, et les rapprochements ne sont pas difficiles à faire avec – notamment – les pédés dans le placard des années 1960 à 80), mais si on m’avait demandé « et toi tu voudrais être qui ? », alors j’aurais irrémédiablement pensé à Geo Trouvetou.

Ce volatile pas très beau et carrément dégingandé, nerd jusqu’au bout des plumes, mais dont l’intellect brillant lui permet d’imaginer et mettre au jour les inventions et innovations les plus géniales de la planète, oui c’était ça mon modèle d’idéal. Rololo, on ne se refait pas, je vous jure.

Il se trouve qu’en plus , Géo Trouvetou était le pourvoyeur de gadgets géniaux d’un de mes héros préférés de l’univers de Mickey : l’étrange et fantastique Fantomiald !! Ce dernier est une création de Disney Italie de 1969, donc vraiment pour un marché local et par le scénariste Guido Martina et le dessinateur  Giovan Battista Carpi. Et comme ça a fonctionné, le personnage a fait des petits, et Paperinik est devenu Fantomiald pour les français en référence au célèbre Fantomas (mais d’ailleurs, il est inconnu des gamins d’aujourd’hui non Fantomas ?).

C’était cool cette versatilité de Disney à l’époque qui développait aussi de vrais contenus pour les pays, et qui ne se contentait pas que de traduire littéralement. J’aimais vraiment beaucoup les aventures de Fantomiald où on avait beaucoup moins le côté geignard et mal embouché de Donald, mais au contraire avec un petit aspect comics qui était très drôle et enlevé. Et encore une fois, les gadgets de Géo Trouvetou rendaient vraiment ceux de Batman un peu nazes. Hu hu hu.

Aimer

J’ai été très sensible à l’article de Bismarck (j’aime tellement son pseudo, c’est exactement ce qu’il faut à une prof d’allemand ^^ ), et je pensais récemment aussi aux modèles de couple qui sont naturellement imposés par la société. Comme j’ai récemment changé de job, j’ai pas mal de conversations avec les collègues sur leur famille, leurs enfants, et ils me posent aussi intuitivement à peu près les mêmes questions. C’est assez adorable d’ailleurs car ils savent bien que je suis pédé (c’est devenu tellement simple avec le mariage, et je n’avais pas du tout anticipé que ce serait un des facteurs vraiment facilitateurs du coming-out et d’une « normalisation » d’une efficacité confondante pour notre pays), mais j’ai toujours droit au couplet sur les enfants, avec un étonnement « ah tu n’as pas d’enfants ? ».

Nan mais comme si c’était si facile que ça d’avoir des mômes quand t’es deux mecs. Et comme, ça n’a jamais vraiment été dans mes projets, je n’ai pas trop de difficultés à répondre, et surtout je ne me sens pas mal (j’espère qu’ils ne posent pas la même question à des femmes qui pourraient être dans une situation beaucoup plus délicate à ce sujet). Tout cela lorsqu’on est jeune est un brin saoulant car on voit tous ces vieux qui ne parlent que de leurs mômes et leur mari/femme. Là, étant donc pédé et dans un modèle malgré tout inédit pour beaucoup de gens, j’ai plutôt des gens étonnés et curieux, et qui se disent « ah ouai tu vis comme un célibataire quoi ». Et j’ai vraiment eu cette réaction plusieurs fois, car je parlais qu’on allait sans doute aller aux Transmusicales de Rennes cette semaine. Et je réponds à chaque fois « bah non, je suis marié, on y va ensemble », oui mais bon c’est pas pareil quoi.

Et clairement comme je suis entouré de moustachus, ils nous/m’imaginent sans doute comme des colocataires qui regardent le foot et boivent de la bière sans aucune autre emmerde dans la vie. Hu hu hu. ^^

Quand t’es plus jeune, c’est vraiment la croix et la bannière pour expliquer que t’es pédé au boulot (et moi j’ai fait ça dès 1997), et ça, ça a tout de même vraiment changé en mieux. Mais quand t’es plus vieux, c’est tout de même plus facile il me semble de sortir un peu du cadre et des standards. Ah et je comprends que cela soit troublant, mais comme je l’ai maintes fois répété, ne rien dire ce n’est pas rester neutre ou discret ou je ne sais quoi. Ne rien dire, c’est assumer qu’on est hétéro. Car on n’est pas neutre, on est « hétéro par défaut » dans notre société. Et moi non, je suis un pédésexuel très sympa. ^^

J’espère bien qu’on cessera d’essayer d’absolument de nous faire rentrer dans des cases, et je trouve que c’est un des trucs qui continue de pas mal progresser, donc croisons les doigts et serrons les coudes à ce sujet.

Et malgré tout cela, je peux comprendre bien sûr les interrogations quant à cette confusion, peut-être, entre célibat et solitude. Car c’est surtout cela je pense qui turlupine et qui inquiète même. Et quand on voit une maman avec des enfants, on se dit que ça sera difficile quand ils seront partis. Et même pour des gens qui gèrent et aiment une certaine solitude (comme mon papa par exemple), il y a des moments dans la vie où on a besoin d’autrui.

C’est pour cela que le célibat c’est très bien, mais la solitude est sans doute à relativiser, même pour l’ours le plus mal-léché. J’avais été drôlement rasséréné à ce sujet par l’ex de mon oncle, Claude, dont j’ai déjà parlé. Et je pense que c’est vraiment cela le salut. Oh je ne dis pas que je n’aimerais pas vieillir un peu plus en compagnie de mon mari actuel, ou du suivant (laule). Mais il faut penser à toutes les situations de solitude voulue ou subie, et il est important pour moi de nourrir une communauté de bonnes âmes que je veux autour de moi, et dont je veux prendre soin également, au-delà du couple (mais dont je considère très personnellement que c’est un pilier auquel je tiens plus que tout aujourd’hui).  

Je n’ai aucune place dans le monde, alors, comme l’esprit de combativité de mon père, cette évidence s’applique à chaque élément de ma vie : je suis le seul à vouloir avoir des amis, faire l’amour, la réciprocité n’est pas envisageable. A croire que chaque relation serait une conquête, une prise faite sur un ennemi, qu’il faut arracher un consentement par force ou habileté, compromission avec le réel. Je n’ai aucune stratégie, aucun manuel de guérilla sociale pour apprendre comment me dépêtrer de cette jungle, alors je renonce, laissant s’en mêler un hasard que je prends soin de ne pas provoquer. Pour mon bonheur et mon malheur, j’adore lire, la solitude m’est une amie qui me délivre de la peine d’en chercher d’autres.

Citation extraite de Ce qu’aimer veut dire de Mathieu Lindon

(Nan mais c’est pas de la balle cette citation ? Purée, j’aimerais savoir écrire comme ça. ^^ )

Projet

(On est le 2, mais je triche éhontément et j’antiposte ça. ^^)

Je ne parle que très rarement et vaguement de mon boulot, mais c’est un secret de Polichinelle. Hu hu hu. ^^ Alors attention, je vais faire gaffe à ne pas attirer l’attention avec des mots clefs, donc faites de même en commentaire sivouplé (de même pour mon identité plize).

C’est sans doute le *projet* le plus original et barré sur lequel j’ai bossé d’arrache-pied il y a dix ans, et qui m’a marqué par la belle aventure que cela a été pour quelques collègues et moi-même.

Mais le plus surprenant, ce n’est pas tant cela que la mini attention médiatique. Et le vrai déclencheur et qui prouve la notoriété du truc (ma mère a eu immédiatement des coups de fil, hu huhu) c’est l’extrait juste en dessous où vous pouvez entendre votre serviteur à la radio. ^^

Extrait des Grosses Têtes

Le retour des salamandres

Ce soir en partant de Clohars, je suis allé fermé l’eau, et je suis tombé sur ces deux petites merveilles de salamandres, deux adorables bébés noir et jaune pétant !!

C’est marrant car en repassant mes archives, j’ai bien repéré des salamandres à cet endroit en 2018 et en 2021 et toujours en fin d’année comme cela. A cette époque, c’est évidemment super humide, et c’est absolument rempli d’insectes délicieusement croustillants. ^^

Je suis content de les revoir, c’est tellement rare, et ces bestioles sont si belles et impressionnantes !

On a tenté le coucher de soleil en fin de journée à Doëlan, mais malheureusement on a fait chou blanc. Malgré tout c’était une jolie palette de bleus, et avec une belle lumière.

J’essayais de retrouver les références du magnifique calvaire qui est installé là depuis les années 90. Il est indiqué sur une petite pancarte sur place que le sculpteur s’appelle « Boureau ». Et en effet on retrouve parfaitement cette référence sur sa page Wikipédia. (Apparemment c’est aussi l’auteur du beau calvaire du Pouldu.)

Mais dans la notice Mérimée du truc, donc les Monuments Historiques qui dépendent du Ministère de la Culture, c’est complètement en carafe avec la mention du sculpteur Yann Larc’hantec (1829-1913). Mais donc les dates ne correspondent pas du tout, et pour autant sa page parle aussi de ce calvaire de Doëlan en le datant de 1971 (légèrement incohérent avec ses dates…). Bref y’a une couille dans le potage !!

Ce calvaire est magnifique, c’est une descente de croix avec un style très moderne. Je l’ai pris en photo pas mal de fois, donc celle-ci en juillet 2017.

Mat of the Night (1995)

C’est hier alors que Sweet Drop passait sur une de mes sélections musicales en aléatoire que ça m’a frappé : merde, on est en 2025, mais donc cette soirée du samedi 25 novembre 1995 a eu trente ans !!! Mazette !!! J’en avais parlé avec déjà pas mal d’émotions en 2007, mais le temps passe, irrémédiablement, et nous voilà à une date anniversaire fatidique.

Mat of the Night, cela vient de bien loin, mais je l’avais déjà expliqué ici tiens. C’était Thomas qui m’appelait comme cela, car on ne se voyait que la nuit et souvent pour les partager. ^^

Tout cela date comme vous pouvez le voir, et la photo en figure de proue est une preuve supplémentaire n’est-ce pas (oui c’était une de mes périodes blondes) ? J’ai même mon journal intime de l’époque pour pouvoir me replonger dans mes commentaires de midinette (j’avais 19 ans donc).

Cette soirée n’avait en plus rien de spécial, c’était vraiment juste une soirée comme les autres, et comme tant d’autres pendant les 15 prochaines années. Mais il m’en reste un truc génial qui est un outil mnémonique redoutable, c’est cette cassette audio que ma copine Caroline avait donné au DJ en lui demandant d’enregistrer son mix en live dans la boîte de nuit du Scorp’ (Le Scorpion). J’ai toujours ce talisman aux pouvoirs mnésiques épatants, et grâce à la magie des Internets, je le diffuse en intégralité avec la qualité de l’époque. ^^

FACE A
FACE B

Le DJ c’était lui, Patrice Strike, et il était plutôt gentil et joli garçon avec ses beaux yeux bleus. Je me souviens que Sébastien craquait carrément pour lui (et ce dernier l’a assumé justement dans les commentaires de l’article en question, car tout se retrouve sur les Internets…), et on a passé bien des soirées sympas avec en particulier de très chouettes montées électros qui rendaient tout le monde dingue (et ça criait dans tous les sens).

Le Scorpion était associé à une autre boîte de nuit qui s’appelait l’Entracte, puis allait devenir le Pulp. Ces endroits, au 25 boulevard Poissonnière, était juste au métro Grands Boulevards qui s’appelait encore « Rue Montmartre ». Les deux boîtes étaient dans le même immeuble, qui était en réalité un ancien dancing, mais on avait donc la boite pédé et la boite goudou, certes bien séparées, mais côte à côte. Ma copine Caro m’entrainait régulièrement de l’autre côté, et on y a également passé de très bonnes soirées avec d’excellentes Djettes ! Ce n’était pas toujours évident qu’on m’accepte à l’entrée, mais avec le temps, et les bonnes ambassadrices, ça le faisait.

C’était une période riche en choix de sorties et en typologies de fêtes. On avait encore en 1995 le Palace qui fonctionnait, et c’était la grande époque des soirées gay MILK qui étaient au sous-sol, et qui se transformaient en KitKat pour les afters. On avait donc le Scorp et l’Entracte (qui deviendra le Pulp en 97) qui étaient à quelques encablures (5 minutes à pinces), et on ne s’empêchait pas de passer de l’une à l’autre de ces soirées. Et évidemment, il y avait le Queen qui était déjà une institution, mais dont les soirées les plus prisées et intéressantes étaient les dimanches (Absolutely Fabulous puis OverKitsch Boy, avec Galia en maîtresse de cérémonie) et lundis soirs (Disco). Je suis en train de scanner toutes mes archives de flyers de soirées de ces années-là, donc je publierai tout cela un de ces quatre.

Mais ce n’était que le début d’un renouveau assez fou et jouissif du monde de la nuit gay. Nous connaissions un vrai espoir côté VIH avec les trithérapies, et la culture gay commençait à fasciner de manière positive tout un chacun. L’homophobie reculait doucement mais sûrement, en tout cas dans ses marques les plus institutionnelles et systémiques de la société. La visibilité gay n’était plus seulement crypto mais se faisait plus honnête et assumée. Et on avait cette musique électro qui faisait vibrer tous les clubs et soirées gays et lesbiennes, et qui serait le meilleur emblème pour la suite (et aussi bien sûr de quoi nous chier à la gueule ^^ ).

Les années 2000 ont été pour moi les plus folles et joyeuses et émancipatrices, mais 1995 a marqué un démarrage en trombe que je n’oublierai jamais.

Galloanserae (Fowl)

J’étais dubitatif sur ce terme de « fowl » parce qu’on a plusieurs termes classiquement employés en français comme volaille (qui était proposé en traduction dans cet Inktober) mais on aurait aussi pu utiliser oiseaux de basse-cour, mais ce n’est pas vraiment l’acception exacte. Je regarde souvent la proposition d’équivalence de Wikipédia, et j’ai été surpris de découvrir le terme Galloanserae qui est le super-ordre qui rassemble les Ansériformes (canards, oies, cygnes) et les Galliformes (poules, pintades, faisans). Mais le terme fowl étant beaucoup plus commun en anglais, je comprends ce choix.

Malgré tout j’adopte Galloanserae parce que j’adore apprendre un nouveau mot barbare, et que globalement j’adore la taxonomie et Monsieur Linné. Et puis surtout, cela m’a tout de suite rappelé que j’aime beaucoup les oies, mais surtout parce que cela me rappelle immédiatement Nils Holgersson. Comme le bon petit gars né dans les années 70, je connais Nils par son adaptation nippone des années 80 : Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson au pays des oies sauvages.

Je ne me rappelais pas que c’était 52 épisodes, mais je ne suis pas étonné car la diffusion a été vraiment longue, mais je me rappelle bien du dernier épisode, ce qui est super rare pour l’époque car on pouvait regarder des séries pendant des années, parfois dans le désordre, en ratant des épisodes finaux et sans aucune chance de les revoir. La première diffusion date de 1984 sur TF1, donc je suis pile-poile dans la cible du haut de mes 8 ans. ^^

C’est fou comme j’ai été marqué par ce truc, et comme je me rappelle à quel point cela me plaisait. Comme dans un conte classique, on suit l’histoire de Nils Holgersson (je trouvais qu’il avait un nom bizarre, mais je n’avais pas compris que c’était suédois) qui est rapetissé par un lutin qui lui jette un sort. Il faut comprendre que Nils est un vilain garnement très désagréable et qui est méchant avec les animaux de la ferme, notamment Martin le jars blanc. Nils devient donc minuscule et acquiert la compréhension des animaux, il est avec son cochon d’inde Quenotte qui a subi le même sort. Et ils finissent par réussir à suivre un vol d’oies sauvages sur le cou de Martin. D’ailleurs les premiers épisodes c’est surtout sur la prouesse du jars qui réussit à s’envoler, et qui doit faire des tas d’efforts pour suivre les oies entraîneés aux migrations saisonnières.

Et ce n’est pas n’importe quel groupe d’oies, car c’est une équipe d’élite avec à sa tête l’oie sauvage la plus célèbre de Suède : Akka de Kebnekaise. Cette dernière est une vénérable oie avec un caractère de cochon, mais un très grand cœur. J’étais dingue d’elle, je la trouvais vraiment super, et c’était un vrai exemple pour moi, sans doute une de mes premières héroïnes (avec Maya l’abeille ^^ ). Et puis c’était une série qui avait tout pour plaire pour un enfant (à moi en tout cas) : tu parles à des animaux, tu pars en voyage et tu voles !!!!

Akka de Kebnekaise

Elle n’arrête pas d’engueuler Nils quand il fait des conneries (il n’arrête pas), et elle est assez patibulaire dans son genre, mais elle lui permet aussi d’apprendre beaucoup de choses, et reconnaît peu à peu ses qualités malgré son humanité.

Le truc avec Akka, c’est que je ne comprenais absolument pas comment elle s’appelait avec avec ce diminutif d’Akka. Evidemment, je ne pouvais pas googler ça ou demander à une IA, et donc je ne pouvais que me contenter d’écouter émerveillé ce nom chelou : akadekènekekaille. Et donc je disais ça à mes parents : akadekènekekaille, akadekènekekaille, akadekènekekaille. Et ils se marraient autant que quand j’imitais Noumaïos « le fée ».

J’ai eu ça en tête jusque dans les années 2000, où sur un quelconque site internet fait à la mimine en html basique, j’ai lu : Akka de Kebnekaise. Le Kebnekaise étant tout bonnement le point culminant de la Suède. Je ne vous dit pas la révélation que ce fut pour moi. Un sentiment merveilleux !!!

Je n’ai pas revu cette série, alors que j’en ai revue une palanquée, mais je n’en ai pas envie. Je veux juste garder ce souvenir de minot et mon akadekènekekaille.