Je vous ai déjà parlé de Guillaume qui fait des podcasts passionnants à propos des cheminements de sexualité queer, mais là c’est un épisode un peu spécial et c’est une anecdote dans celui-ci qui m’a énormément intéressé. Son invité lui a expliqué avoir trouvé dans une chambre de bonne parisienne, dont il est devenu propriétaire, un fascicule tapé à la machine, et qui se refilait sous le manteau, qui doit dater des années 60.
Il s’agit d’un impressionnant document de 36 pages qui détaille par le menu l’ensemble des droits et des risques légaux attachés à des comportements homosexuels à l’époque. Et on parle d’une époque de grande répression puisque nous sommes quelques années après l’amendement Mirguet qui a officiellement inscrit l’homosexualité comme « fléau social » en 1960, ce qui a aggravé les outrages à la pudeur, par exemple, quand ils sont commis par des homos.
Ces pages ne parlent pas d’homosexuels mais d’homophile et on souligne assez directement la « dignité » qui est recommandé comme l’attitude à suivre pour les homophiles qui se respectent. L’élément juridique le plus vieux date de 1963 et c’est un jugement de cassation, donc j’imagine que ça donne une bonne idée de la période où ce document a été conçu et tapé à la machine. Donc tout cela fleure bon l’époque Arcadie et la plume des affidés d’André Baudry. Inutile de dire que ce n’est pas trop ma came, mais o tempora, o mores. On retrouve bien trop encore aujourd’hui ces homos follophobes et qui ne cherchent qu’à se conformer et lutter contre leurs propres droits, tout en profitant allègrement de ceux gagnés par leurs coreligionnaires hauts en couleur et en militantisme.
Là ce qui est drôle c’est qu’en prologue et épilogue, on rappelle que ces conseils ne sont utiles qu’à ceux qui justement manquent de cette dignité des homophiles qui ne sont pas censés draguer aux Tuileries, mater dans les vespasiennes, baiser dans les bains de vapeur etc. Mais tout de même, ça vaut le coup de connaître ses droits, et de savoir comment se comporter si on se fait arrêter. Et en cela, cela ressemble aussi aux conseils qui sont donnés à tous les militants lors des manifestations ou des actions de guérilla urbaine.
Evidemment la liste des délits donne là un vertige étourdissant. C’est tout de même une trentaine de pages pour évoquer tous les risques à envisager, et pour avoir le maximum d’armes pour se défendre et survivre dans une société répressive autant légalement que moralement. Et tout cela n’a que 60 ans…
J’ai brièvement évoqué le déficit d’assiduité de ces quelques années dans mon post des 20 ans du blog. Et je me suis promis à moi-même de remettre cela d’équerre. Oui c’est tout à fait inutile, donc c’est obligatoire et essentiel. Mon blog, depuis 2003, a toujours été pour moi un web-log c’est à dire un carnet qui liste et compile littéralement mes activités. Et l’idée ça a toujours été d’avoir la trace des films vus au cinéma, des bouquins lus, des expositions visitées et des concerts vécus.
De 2013 à 2019, quand j’ai eu une énorme flemme d’écrire (comme tous mes congénères), j’ai malgré tout noté mes brouillons d’article dans un fichier (puis une note en ligne). Au minimum, j’ai conservé la mémoire de toutes ces activités culturelles. Parfois je rattrapais, et parfois pas ! J’ai aussi sans doute dû en manquer quelques-unes, mais grosso modo j’ai la grande majorité encore sous le clavier.
Avant de rattraper ce retard sous forme d’une compilation thématique par type d’activités (je vais essayer de faire appel à ma mémoire pour des évocations très brèves), je me suis posé la question de ma productivité au cours de ces 20 dernières années. J’ai d’abord regardé la production mensuelle (nombre d’articles en ordonnée), mais ce n’était pas très explicite.
Bon, on se rend bien compte que les premières années ont été fastes, et que ça merde entre 2009 et 2019, mais ça ne traduit pas si bien que cela les tendances générales. On voit aussi toutes mes tentatives de m’y remettre, qui souvent sont marquées sur un mois ou deux avec une production exceptionnelle, avant de retomber bien bas. Mais vraiment, la vision simplement annuelle me paraît plus intéressante (toujours le nombre d’articles en ordonnée).
2003 était beaucoup plus faible que ce que j’imaginais (même si le blog a démarré en avril), mais 2004 (449 posts) et surtout 2005 (619 posts) et 2006 (615 posts) marquent le pinacle de cette aventure. Après 20 ans, je vois bien que la bonne santé du blog correspond à peu près à un post par jour (pour la partie weblog et celle un peu plus libre où je m’exprime sur d’autres sujets dont MOÂ). Et en réalité un peu moins, donc autour de 300 articles par an c’est une marche que je vise.
C’est cette vitesse de croisière qui correspond aussi à l’habitude d’écrire, et à la gymnastique essentielle à entretenir pour remettre l’ouvrage sur le métier sans trop ahaner1.
Mais que s’est-il donc passé en 2007 (480 posts) ? Certes Facebook est arrivée cette année là, et ça a été aussi une première vague côté Twitter, mais les blogs avaient encore largement le vent en poupe, et la Grande Conversion n’était pas encore dans la ligne de mire. Je vais vous dire ce qui est arrivé : le chérichou. Le Péruvien est arrivé, et baaaaam ma productivité qui se barre en couilles. Hu hu hu.
C’est simplement que j’étais très amoureux (mais je l’étais aussi avant, car je suis amoureux en continu depuis très longtemps), et qu’il lisait le blog, et pour la première fois depuis quelques années, je ne pouvais plus me permettre de me raconter comme je le faisais. En tout cas, c’était beaucoup moins croustillant et j’avais moins de plans cul à raconter quoi. Mais ça reste une activité soutenue, et 2008 (361 posts) et 2009 (314 posts) sont bien dans cette moyenne que je trouve un bon compromis entre une activité qui reste un plaisir, mais pour laquelle je fournis des efforts substantiels, et qui malgré tout ne me bouffe pas tout mon temps libre.
Mais la suite, 2010 (145), 2011 (104), 2012 (104), 2013 (147 posts2) c’est la dégringolade, et avec 2014 (17) et 2015 (5) c’est la fin des haricots. C’est le cœur de la période de fin des blogs avec un report absolument massif sur les réseaux sociaux, là où sont parties toutes les conversations, les commentaires, les échanges, et là où tout est facilité pour poster, échanger, se connecter en un clic, là où on constitue de merveilleux profils marketing de nos existences pour mieux nous faire cibler en termes publicitaires, et bien d’autres usages viciés et dévoyés. C’est aussi une convergence des usages, avec les blogueurs qui migrent sur les réseaux sociaux, et une grande et large adoption des réseaux sociaux par tout un chacun.
Cette grande faiblesse de 2014 (17 posts) et 2015 (5 posts) s’explique aussi par ces listes d’articles en brouillon qui me donnaient au moins bonne conscience, en me disant que j’avais bien le temps d’écluser ces articles pour plus tard. Finalement j’ai passé ces deux ans, à noter simplement ce que je voyais au ciné ou au théâtre, mais en n’écrivant presque rien, et en ayant de plus en plus la flemme, puis une sorte de blocage à de nouveau m’épancher en ligne. Pourtant 2014 c’était l’année de notre mariage, 2015 le voyage de noces, et évidemment les attentats qui m’ont pourtant énormément touchés.
En 2016 (116 posts), j’ai voulu me rattraper mais en réalité je n’ai blogué que sur 4 mois, à chaque fois par à-coup comme pour reprendre du poil de la bête, mais pour mieux renoncer ensuite. La suite y ressemble même si j’essaie quelques stratagèmes, notamment de poster mes photos Instagram histoire d’avoir des archives ici, et de les retrouver plus facilement. Mais la production n’est pas faramineuse. 2017 (81) et 2018 (76) sont des années de vache maigre, mais avec toujours une certaine motivation, et un espoir pour des jours meilleurs. En plus, les réseaux sociaux s’essoufflaient, tous les teubés les ont envahi, et les blogs étaient de nouveaux plébiscités sans pouvoir trouver un nouvel élan. 2019 avec seulement 26 articles aurait pu sonner le glas, mais 2020 est arrivé.
Et qu’est-ce qui est arrivé en 2020 ? Mais le confinement suite au COVID-19 dès le mois de mars bien sûr !!! On a eu pour la plupart beaucoup de temps enfermé chez nous, avec beaucoup moins de boulot, une période d’incertitude, d’angoisses existentielles et de sentiment de répétition générale de fin du monde. Et les blogs se sont remis à vivre !!! Et hop, en 2020 : 375 articles.
Bien sûr, certains sont depuis retombés en somme prolongé, et d’autres ont jeté l’éponge, mais moi ça m’a permis de reprendre une vraie hygiène de blog, à systématiser le fait de poster des photos, à m’astreindre à écrire sur ce que je vois, lis, visite, quitte à de la redite, à des trucs un peu bâclé parfois. Mais ce qui compte c’est que trois ou quatre fois par an, j’écris un truc que je trouve sympa au milieu de ce fatras.
389 articles en 2021, un peu moins en 2022 avec 168 posts, mais une bonne reprise en 2023 avec 345 posts. Je trouve que c’est un bon rythme de croisière, et j’espère bien le tenir. Après si ça foire, bah ça sera pas la première fois.
Mais j’ai toujours la foi. ^^
Un peu comme le sport que je honnis de toute mon âme quoi. ^^ ↩︎
Le rebond s’explique par pas mal de posts à propos de la Manif pour Tous et des manifestations en faveur du Mariage pour Tous. Quelle année singulière et mouvementée à ce sujet !! ↩︎
Ce week-end, j’ai testé mon premier atelier de tournage pour m’essayer à la poterie. C’était très sympa et j’ai passé un bon moment. J’ai vraiment bien aimé cette sensation de mettre les mains dans la gadoue, et d’en tirer des vrais trucs utiles. Et c’est vrai que de sentir la terre monter et descendre avec le tour et quelques manipulations de ses deux mains, ça a un petit côté démiurge qui crée son Golem. Et j’aime bien que ce soit les mêmes gestes et les techniques éprouvées depuis l’Antiquité, même si le processus est largement simplifié par les équipements actuels.
Bon j’ai réussi à faire deux bols très imparfaits, mais c’était une première fois. ^^ Je suis loin de concourir à mon émission fétiche. Hu hu hu.
Bon sinon, un week-end se termine évidemment avec des photos d’Arya et Sookie qui font les chatounettes. Donc voilà Arya qui se love dans les tentacules de notre pieuvre de canapé.
Et une preuve supplémentaire du confort de mes jambes, malgré les quelques mètres carrés libres dans l’appartement pour se poser. ^^
Vous allez dire que je rapporte tout à la Bretagne (oui quand je peux ^^ ), mais voilà la petite maison où Robert Badinter a écrit son discours d’abolition de la peine de mort. Et c’est à Doëlan, à Clohars-Carnoët donc, et on est tous très fier de ce petit fait historique local. Hu hu hu.
Compte Instagram Le Pouldu
Il s’agit en réalité de la maison de Benoîte Groult qui l’avait prêtée au couple Badinter.
Robert Badinter est un homme important pour moi, comme pour beaucoup, et c’est un peu depuis toujours une sorte de héros familial. Le mec de gauche par excellence et qui a porté des combats beaux, justes et vraiment de gauche comme l’abolition de la peine de mort. Et un avocat de l’ancienne trempe, un orateur, un bretteur, un intello aussi de la bonne intelligentsia gauche caviar, mais qui a, selon moi, gagné ses galons de respectabilité par ses actes et son intégrité intellectuelle. Après il n’est pas parfait, il a aussi dit et agit de plein de manières répréhensibles ou discutable, mais il ne s’agit pas de jeter le bébé et l’eau du bain.
Je reprends avec plaisir les propos de Madame Mollette :
Badinter pour un avocat, ça fait partie des Dieux de l’Olympe. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer ce que signifiait le métier d’avocat pénaliste avant 1981. Il fallait accepter l’occurrence, au terme d’un long parcours de défense aux côtés d’un homme, de se retrouver un jour en situation de se lever à l’aube pour accompagner cet homme dans une cour sordide se faire exécuter.
L’une des dernières têtes sauvées de la guillotine fût celle d’un homme de 28 ans condamné à mort par la Cour d’Assises de Vendée et rejugé à Nantes avec Badinter à ses côtés en 1977. Il a raconté qu’il ne mangeait plus ni ne dormait plus pendant le procès.
C’est aussi l’homme qui a fait dépénaliser les relations homos avec mineurs de + 15 ans, supprimer les juridictions d’exception, les QHS. C’est lui qui a révolutionné l’indemnisation des victimes d’accidents de circulation fondée sur le risque et non plus sur la faute : puisque les automobilistes ont des assurances, elles doivent payer, ça a tout changé. Bref, un Bonhomme. Un déclencheur de vocations. Quand on allait le voir en conférence, on était transporté. Alors voilà on lui rend un hommage mérité.
Je n’oublie pas le reste, ses positions sur DSK, sur l’euthanasie, sur la libération de la parole des femmes, et probablement d’autres trucs miteux. Et aussi, le fait qu’il a accepté de servir de caution intellectuelle au démembrement du code du travail, ça je ne pardonnerai jamais. Il faut tout dire, ça n’enlève pas le mérite de l’Homme.
Certains ici disent qu’il était avant tout un bourgeois de la gauche bienséante. Ça ne rend pas justice à la complexité de l’homme, à la force de ses engagements et à ce qu’il a accompli. Le seul Dieu de l’Olympe des avocats que je pleurerai sans aucune réserve sera Henri Leclerc. Mais Badinter mérite les hommages qui lui sont faits.
Et c’est vrai que c’est marrant de se dire qu’il s’agit du « seul homme du 20ème siècle qui a été cité par Victor Hugo au 19ème, car dans son discours d’adieu au Sénat en 2011, il a cité Victor Hugo : « Heureux celui dont on pourra dire qu’il emporte avec lui la peine de mort. » [source]
Après vous me connaissez, Badinter évoque aussi pour moi cette loi de 1982 qui établit une égalité entre homos et hétéros concernant la majorité sexuelle. C’était bien une promesse de Mitterrand lors de son élection en 1981, même si la dépénalisation en tant que telle de l’homosexualité date bien de 1791.
L’Assemblée sait quel type de société, toujours marquée par l’arbitraire, l’intolérance, le fanatisme ou le racisme a constamment pratiqué la chasse à l’homosexualité. Cette discrimination et cette répression sont incompatibles avec les principes d’un grand pays de liberté comme le nôtre. Il n’est que temps de prendre conscience de tout ce que la France doit aux homosexuels comme à tous ses autres citoyens dans tant de domaines
Robert Badinter à l’Assemblée Nationale le 27 juillet 1982
Couverture du Gai Pied de juin 1981 (N°27)
Je possède 3 numéros emblématiques du mensuel Le Gai Pied (les numéros 2, 27 et 42), et il se trouve que le N°42 de septembre 1982 évoque cette nouvelle loi.
Couverture du Gai Pied de septembre 1982 (N°42)
Mais c’est là où on voit que le titre même de l’article est assez discutable. On y évoque certes l’égalité et un juste retour des choses, mais on peut aussi sentir un je ne sais quoi qui sent le soufre. Il faut rappeler qu’à l’époque des mouvements pédophiles s’exprimaient aussi sous couvert de militantisme homo pour « libérer la sexualité des plus jeunes ». Et il y a eu d’ailleurs dans l’histoire du mensuel de fortes dissensions à ce sujet, notamment avec Tony Duvert. L’affaire Dugué est aussi emblématique de cette époque, et de cette très gênante confusion qui est largement exploité par les homophobes, mais malheureusement aussi une réalité toxique de certains militants. On ressent dans l’article cette transition curieuse qui verra une séparation nette, et un refus clair de la pédophilie et des amalgames terribles que certains continuent à entretenir.
Il est en revanche fou de voir, par hasard, que l’article en complément de cette page évoque les bombardements de Beyrouth par l’armée israélienne en cette même période (été 1982). On y lit des positions assez communes avec les mouvements LGBT actuels, à 40 ans de distance on décrypte forcément cela avec une certaine ironie grinçante ou carrément désespérante.
Nan mais qui garde une cassette audio à bandes magnétiques dans ses affaires juste pour faire de l’archéologie 25 ans plus tard ? Bah oui, moi vraiment et sans vergogne. Hu hu hu. Je me souviens très bien m’être dit, tiens je m’en fous maintenant mais je vais garder ce truc là au fond d’un tiroir. Et j’ai aussi gardé le petit magnétophone offert par mon oncle dans les années 80 pour stocker les programmes informatiques (à une époque où on enregistrait des programmes sur des cassettes audios) de mon ZX81.
En cherchant une agrafeuse dans ce fameux tiroir, je me suis demandé ce qu’il pouvait bien y avoir comme cassette dans ce magnétophone et de quand ça datait. En réalité, c’est allé assez vite, je me suis souvenu dès le premier bip et la médiocre qualité sonore qu’il s’agissait de la cassette de mon répondeur téléphonique, et que j’avais enfoui cet artefact dans des strates géologiques pour que j’en sois quelques années plus tard le redécouvreur. Et c’est marrant car le tout premier message donne un indice majeur sur le moment où nous sommes.
Manuel
Il le dit bien « nous sommes le dimanche 12 septembre », et il n’est pas très difficile de dater le message à l’année 1999. Il s’agit bien sûr d’un antique répondeur électromécanique, donc on appelait chez moi sur un téléphone fixe, et on laissait parfois des messages. Ils n’étaient pas horodatés, donc c’était courant quand on appelait de préciser la date et l’heure.
Je me doutais bien que c’était vers cette période, pour la simple et bonne raison que j’ai emménagé à Paris en février 1998. Mais les téléphones portables commençaient déjà à bien fleurir, et les services vocaux pour les fixes allaient bientôt complètement remplacer ces machines (proposant des options de répondeur dématérialisé). Et rapidement, on allait remplacer les répondeurs par un appel sur le mobile, puis un message sur la « boîte vocale ». Mais à cette époque, force est de constater que les répondeurs « machines » sont encore bien utiles et utilisés. On entend d’ailleurs clairement les gens m’appeler d’abord sur le fixe, puis tester le portable, et je me rappelle aussi que j’écoutais souvent mon répondeur « à distance » puisqu’on pouvait aussi consulter ses messages en appelant chez soi avec un certain code.
Je suis un conservateur et un archiveur, mais pas non plus un accumulateur. Je me débarrasse de plein de choses régulièrement, mais je garde toujours une petite trace ou un « souvenir ». Et je fais la même chose numériquement, même si j’ai souffert du virus Tchernobyl le 26 avril 1999 et rebelote comme un con le 26 avril 2000. J’ai perdu beaucoup de photos de webcam notamment auxquelles je tenais, mais tant pis ! Il me reste par exemple de cette époque cette photo webcam (circa 1999, pixélisation d’époque) mise en proue d’un selfie minaudant dans mon petit appartement de 14m2 à Bastille où j’ai vécu très très heureux sous les toits pendant quelques années.
On n’a pas l’impression mais on voit en réalité tout mon appartement de là. A droite on peut apercevoir mon four posé sur un placard, avec une plante devant, eh bien juste à côté c’est la kitchenette et juste derrière une douche et des toilettes (sur 2 bons mètres carrés). Derrière moi c’est un rideau occultant la porte (car c’était une passoire thermique évidemment), et on aperçoit ma petite décoration (photos et tableaux) avec mon futon qui n’est pas visible (sans doute replié en canapé). Et voilà !!
Ce premier message de Manuel est emblématique pour moi car c’est un copain de Lycée, et donc en 99 j’avais encore pas mal de contacts avec mes amis d’IUT ou de Lycée, et donc avec des hétéros. C’était justement une période mixte et hybride très heureuse, où la jointure entre les deux mondes était plutôt fructueuse et sympathique. On a fini par prendre des chemins assez séparés par un simple effet de tempus fugit.
Comme d’habitude je publie plus pour moi que pour vous, et mon but là est de poster ces audios pour les archiver en ligne et pouvoir y revenir potentiellement. Cela m’amuse aussi de repasser par cette époque, par mes 23 ans aussi, et d’y saisir un peu l’air du temps. Ce temps du changement de millénaire, et ce temps du changement pour moi aussi. Les messages vont jusqu’à janvier 2000.
Sean est le premier des trois, et donc ce message c’était alors qu’on n’était plus ensemble depuis longtemps. On ne va plus être en contact pendant très longtemps, et tant mieux car la relation s’étiolait sérieusement (on peut le sentir je crois).
Diego
Diego est mon pilier depuis notre rencontre 1998, une amitié qui dure toujours et qui me fait toujours aussi chaud au cœur. Il me laissait toujours des messages assez longs et il raconte souvent des trucs. On a énormément traîné ensemble dans le Marais à discuter, à se faire des petits restos (« pas chers, japonais, chinois ou pizzeria ») et à disserter sur la vie dans les backrooms. Assez marrant son message me proposant de me faire découvrir les MTV Music Awards, sachant qu’à l’époque on avait bien sûr la télé uniquement par voie hertzienne, et donc peu de chaînes, et qu’on enregistrait sur K7 vidéo des émissions ou des films. Et MTV c’était le nec plus ultra des programmes hype et dans le vent.
Inconnu
Et là bah, je ne sais pas qui c’est… Il parle du RER, et cette voix me rappelle bien quelque chose mais impossible d’en savoir plus. Hu hu hu.
Fabrice
Fabrice c’est encore un ami aujourd’hui, il habite à Londres et c’est par exemple avec lui que j’ai vu Totoro au Barbican l’année dernière. On a eu une histoire littéralement éphémère (en 24h c’était plié) mais je ne sais plus si c’était en 98 ou 99, en tout cas c’était au tout début de notre rencontre (des amis en commun). Il dit qu’il passe chez moi à minuit, alors je ne sais plus du tout comment interpréter cela. Mouahahahahahah.
Céline
Céline c’était la copine de Caroline, mon amie la plus chère à l’époque. Rencontrée via ma copine de Lycée Virginie, Caro a été mon intronisation dans le « milieu gay parisien » et m’a appris toutes les ficelles du métiers (Mouahahahaha). Le meilleur ami de Céline c’était David, et en 1996, je suis sorti avec lui. Evidemment. ^^
Elle dit qu’elle va voir « Les convoyeurs attendent » avec une copine, et comme le film est sorti le 15 septembre 1999, on est raccord.
Caroline
Eh bien voilà donc Caroline dont je viens juste de parler. On se donnait toujours des infos sur notre joignabilité avec des indications horaires. Donc on était joignable à tel endroit à partir de telle heure, ou alors sur le mobile ou chez un tel à tel numéro etc. C’était important pour qu’on puisse tous jouer le rôle de relai dans un réseau d’informations très efficace mais reposant sur une communication bidirectionnelle tout à fait analogique.
Diego
Diego vous allez souvent l’entendre, et souvent c’est juste pour papoter et savoir « qu’est-ce que tu foutais ? ». ^^
Nicolas
Nicolas ou comme je l’ai nommé dans le blog Nicolas IV est un mec important dans ma vie (ou je les numérote, ils sont trop nombreux ^^ ). Il me souhaite une bonne fête donc c’est le 21 septembre 1999. Et le ton m’indique qu’on est encore ensemble, mais non ça n’a duré que quelques semaines ou mois et il a rompu l’été 99. Et j’en ai chié, mein gott que j’en ai chié. J’étais vraiment très très amoureux, et lui aussi. D’ailleurs on s’est recroisé en 2003 et ça avait fait des étincelles. On s’est revu une seule fois, juste deux minutes en septembre 2017 à la gare d’Aix en Provence TGV. Il était avec son mec, et il partait en vacances je ne sais où. Nos sourires n’avaient rien perdu de leurs connivences, mais on savait qu’on était bien mieux dans nos souvenirs. Hu hu hu.
Diego
Diego qui appelle d’une cabine pour discuter un peu avec moi… Et ma « petite voix » qui l’a inquiété ça devait être déjà les prémices de la chienlit avec Nicolas. Drama queeeeeeen !!!
Joris
Bon, ça c’est Joris donc je suis pas là, il m’appelle sur mon portable. Jo est un ami d’IUT qui a eu l’idée de me présenter Nicolas, son meilleur pote pédé. Et même si Nicolas et moi lui avons dit « Mais purée tu crois vraiment que parce que tu connais deux pédés, ils vont se renifler le cul ? C’est vraiment une idée d’hétéro ça. », eh bien il a pu nous dire « Je vous l’avais dit !!! ».
Éric
Ah ah c’est marrant ça, c’est Éric qui est le pote d’un pote, et qui était vaguement intéressé par moi j’imagine. Je ne savais pas bien si c’était amical ou plus que cela, mais ça n’est jamais allé plus loin. Je l’aimais bien, mais je n’avais pas envie de plus en tout cas. Encore une fois, on laisse sur le répondeur son numéro de portable, mais avant son numéro de fixe chez soi et celui au bureau (pour bien être joignable au maximum).
Joris
Arf arf, je n’ai pas dû le rappeler assez rapidement. C’est bien une remarque de Jo ça (on le sent le mâle dominateur hétéro qui a l’habitude qu’on lui obéisse non ? Hu hu hu) !!! ^^
Yves
Yves c’est marrant car c’est un copain de Paris, mais qui est comme moi du 95. Il était même en fac avec une copine de lycée à moi, et on a été proche pendant de nombreuses années. Je l’avais connu par Ali de manière assez inopinée, mais Yves était surtout le petit copain de Diego avant qu’on se connaisse, et c’est donc lui qui nous a présenté. Mais bon, on a réussi à se retrouver à Barcelone l’été 2021, comme quoi tout est possible !
Je ne reconnais vraiment pas la voix… mais il m’appelle « beau gosse » et veut qu’on se fasse un ciné. Alors j’imagine que c’était une touche ? Je n’ai jamais su rester célibataire que quelques semaines, je suis terrible. ^^
Virginie
Virginie bien sûr, on se voyait encore très très souvent. Amie de lycée et copine de toujours, j’en ai déjà parlé.
Padrino
C’était son pseudo évidemment, et on habitait à quelques encablures dans le 11ème. On s’entendait super bien, et on mangeait souvent un bout ensemble. Vraiment j’aimais beaucoup ce mec et c’était devenu un ami proche. On a été séparé suite à des dissensions dans un groupe d’amis, mais j’ai toujours regretté cet éloignement. On avait nos habitudes dans une petite crêperie de la rue Oberkampf qui était excellente, Jour de Fête, et tenue par une lesbienne butchissime flamboyante.
Inconnu
Cette voix est très particulière, mais je n’arrive plus du tout à me rappeler de qui il peut bien s’agir.
Jonathan
Ok donc Fabrice est déjà à Londres (où il réside encore aujourd’hui), et j’ai dû aller le voir là-bas et rencontrer Jonathan. Il me laisse un message et c’est adorable avec son accent britannique à couper au couteau. Je me rappelle que je le trouvais vraiment charmant comme tout, et je me souviens qu’il s’était aussi cassé les dents sur Fabrice. C’est peut-être ce qui nous avait rapproché. Hu hu hu.
Padrino
Ah ah, Padrino qui m’appelle pour avoir des conseils pour téléchager des mp3 « je sais pas quoi »… Bon évidemment, je suis connu comme geek depuis très longtemps. A l’époque on se renseignait sur Napster (1999) pour télécharger des musiques illégalement, et le format mp3 était encore balbutiant. On écoutait d’ailleurs de la musique surtout sur Winamp (1997). Les vidéos étaient téléchargées en format DivX sur Morpheus (2001), Kazaa (2001) ou eDonkey (2000).
Padrino
Il dit que c’est « encore » lui donc il a dû rappeler tout de suite après. Et donc il voulait vraiment qu’on mange ensemble !!! Adorable !!
Sophie
Une copine du boulot de l’époque, Sophie, que j’aimais beaucoup et avec qui je suis resté en contact pendant pas mal de temps. Ils devaient m’attendre pour une bouffe entre collègues (on était jeunes, on sortait après le taf).
Céline
Céline qui me demande de convaincre Caro (son ex) de venir avec nous plutôt qu’avec Marine (la nouvelle en vue). Bref, une affaire de lesbiennes. ^^
Diego
Ah ah, c’est cette période où les gens se plaignent que j’ai beaucoup de messages sur mon répondeur et que les bips sont interminables. Apparemment on allait aux Bains1 avec Ali, et avant des verres à l’Okawa. Tout cela est sans doute lié aussi au message de Céline. Une soirée classique de 1999 qui se goupille avec les moyens de l’époque.
Nicolas
Ah le retour de Nicolas… On est encore en contact, mais je ne comprends pas trop ce qui se passe entre nous. Il dit qu’il va être en « perm » donc il doit toujours faire son service militaire, et je me souviens que c’est pendant qu’il m’a largué l’été 99. Bon un peu confus cette « timeline » !!!
Padrino qui m’invite à dîner avec Ali. ^^
Virginie
Ah tiens Virginie qui me demande comment le séjour en Angleterre s’est passé ! Donc j’ai dû aller voir Fabrice. C’est vrai que c’est à peu près la période où il a dû me faire découvrir Queer as Folk UK et les soirées mémorables au Two Brewers à Clapham North.
Diego
J’ai dû consulter Diego en urgence sur celui-ci parce que je ne comprenais vraiment pas de qui il s’agissait. Mais apparemment, c’était un plan cul que je lui avais présenté (un mec de Yarps). Mouahahahah.
Christian
Hé hé hé, Christian, un allemand rencontré via Yarps aussi, et qui était quelques mois en France. On s’est vu quelques temps, notamment avec Diego. Et un soir, de manière assez incroyable, on a dormi tous les trois chez moi après une soirée tardive. En tout bien tout honneur bien sûr. Sauf que sur le matin, on s’est tripoté avec l’allemand qui était entre Diego et moi. Et que j’ai appris plus tard par Diego, qu’il s’était aussi tripoté avec l’allemand pendant la nuit. Donc voilà c’est notre seule relation ayant dérapé au-delà de l’amitié avec Diego, un plan cul par transitivité. ^^
Cécilia
Le chouette message d’une copine de lycée qui habitait juste en face de chez mes parents, et avec qui j’ai noué une relation très intime pendant quelques années. Une vraie très bonne copine, comme Virginie, mais que je ne vois plus même si j’ai toujours quelques nouvelles éparses, souvent de proche en proche.
Seb (Anorak)
Vous allez voir il y a pas mal de messages de Seb, mais il ne s’étale jamais trop. On reconnaît sa voix si douce et son petit accent toulousain qui pointe (ce que j’ai aimé cet accent alors ^^ ). Donc je démarre là une des plus belles histoires d’amour de ma vie, quelques mois vraiment très forts et intenses, un truc beau et doux comme lui. Et forcément à 23 ans, bah c’est de l’amour quoi. Hu hu hu. Seb c’est aussi Anorak de Caramail, toute une époque où on tchattait toute la nuit dans les salons virtuels de Cara. Et j’ai fait des rencontres folles et géniales, des personnes que je connais encore aujourd’hui d’ailleurs. Caramail a été supprimé en 2009, mais vraiment c’est un marqueur générationnel indéniable.
On est tombé amoureux en ligne, et on balisait à fond quand je suis allé le voir à Toulouse pour la première fois (et pas la dernière). Mais on a transformé l’essai avec un naturel déconcertant, et on a vécu une courte et belle histoire.
Virginie
Ah ah, Virginie qui me propose de me ramener chez mes parents à Berville. Elle habitait à quelques kilomètres quand on allait au lycée ensemble. Elle était dans le 5ème arrondissement à Paris, et elle avait une super 4L. On rentrait souvent ensemble car à cette époque, je rentrais chez mes parents le week-end au moins toutes les 3 semaines.
Seb (Anorak)
Il m’a toujours appelé « mon cœur ». Et je me rends compte aujourd’hui qu’il le dit quasiment comme le Frenchie dans la série The Boys. ^^
J’avais dû lui envoyer un truc par courrier. J’envoyais encore énormément de lettres et de plis à l’époque, et on correspondait encore beaucoup de manière épistolaire.
Seb (Anorak)
Je sais que c’est répétitif, mais je vous l’ai dit c’est pour moi cet article. ^^
Sandra
Oh Sandra c’était une bonne copine de ma copine Cécilia (une autre), et c’est devenu une amie au fur et à mesure de nos rencontres. On s’aimait beaucoup, et elle aurait beaucoup aimé que je sois hétéro. ^^
Padrino
Padrino qui n’aime pas les dimanches soirs et qui donc clairement m’appelle pour papoter.
Seb (Anorak)
Seb était une énorme Drama Queen qui a quitté Caramail plusieurs fois définitivement. C’est vrai qu’il avait une certaine aura en ligne, et donc il avait ses fans et ses détracteurs, et déjà bien sûr du harcèlement en ligne qui pouvait être assez dur à gérer.
Diego
Diego qui était avec son copain Thibault à Barcelone et qui galère avec son portable (qui ne fonctionnait pas encore super bien en Espagne). Je crois qu’il attendait des nouvelles pour ses études ou pour un stage, un truc comme ça.
Ana
Ana était la meilleure amie de Diego, et elle investigue la récupération d’invitations à la fête de Pierre. Ah ah, ces flash-backs sont assez fous, car c’est tellement trivial, mais je m’en rappelle tellement bien.
Seb (Anorak)
Bah oui, on se faisait des déclarations d’amour sur nos répondeurs dans les années 90. Hu hu hu. Là en l’occurrence, je crois me rappeler que c’est un peu le début de la fin. La distance était difficile à vivre, et on avait pas forcément les moyens pour se voir aussi souvent qu’on voudrait. Et puis il a un de ces chouettes caractères de merde que j’adore chez les mecs. ^^ Donc si je me souviens, il avait voulu rompre, et s’était repris tout de suite avec ce message. Cela avait été un sacré coup de semonce pour moi, et ça m’avait durablement refroidi en tout cas.
Seb (Anorak)Seb (Anorak)
Bon bah, ça a l’air reparti comme en 40. Un peu comme un retour de flammes après une rupture, malgré tout.
Joris
Alors là, j’avoue avoir oublié cette histoire. Joris doit voir Marie (j’ai oublié qui c’est ou alors une vague réminiscence) et il pensait que je serais là. Mouahahaha. Débrouillez-vous les hétéros !!
Diego
Diego en galère de stage d’avocat, mais qui traîne dans le Marais, et qui me demande si je veux bien dormir avec lui parce qu’il est en grande période d’angoisse. C’est trop chou ça, je me rappelle super bien de cette période. On avait passé la soirée à parler, comme d’habitude. Diego est sans aucun doute la personne avec qui j’ai le plus conversé dans ma vie. ^^
Diego
Ah là là les galériens !! Il attend que je rentre du boulot et donc poireaute en bas de chez moi. C’est drôle car on avait bien nos portables, mais on ne captait pas bien et pas partout, alors on avait l’habitude de compter sur nos téléphones fixes et ces répondeurs.
Christophe
Aucun souvenir de qui est ce Christophe !! Mais on s’est envoyé des SMS et tout. On disait aussi « télémessages » à l’époque. A ce moment, il y a 3 manière de markéter les SMS : Orange parle de mini-messages, SFR de Texto et Bouygues Telecom de Télémessages. Rapidement le mot « texto » va s’imposer, et ce message a au moins le mérite de donner quelques infos sur les forfaits télécom de l’époque. Mein gott!! Le téléphone coutait une blinde, et on ne pouvait vraiment pas facilement ou longuement appeler un mobile d’un fixe par exemple, mais les forfaits pouvaient parfois être assez généreux sur les appels des mobiles vers les fixes. Et il y avait eu des moments où les opérateurs lançaient des soirées spéciales ou les appels vers les fixes étaient gratuits. Je me rappelle qu’on en profitait pour s’appeler des heures à ce moment là. Et vraiment on était à l’affût de ce genre d’occasion.
JorisJoris
Les deux appels successifs de Joris, le second est plus intéressant. On apprend que cette Marie en a pris pour son grade. Mein gott. Mouahahahaha.
Christophe
Ah ok, je me souviens de Christophe !! C’était un mec de Caramail. Et il avait la langue bien pendue. En effet, il m’avait dit un truc que je ne devais pas répéter, mais j’ai tout dit à Anorak et qui a bien sûr pété un boulon. Hé hé hé. Ce qui est intéressant là c’est qu’il évoque une tornade et me demande si ça va. Donc cela permet de bien dater l’enregistrement, nous devons être autour de Noël 1999, et de la fameuse Tempête de 99 du 26 décembre.
Seb (Anorak)
Ah tiens, on doit être le 31 décembre 1999, car il me souhaite un bon réveillon.
Caroline
Caroline qui appelle, elle-aussi, souvent juste pour papoter et prendre des nouvelles, et qui m’appelle « Mat of the night » en clin d’œil au surnom que Thomas m’avait donné.
Virginie
Ah nous sommes en janvier 2000, Virginie vient de me souhaiter une bonne année sur mon répondeur.
Seb C.
C’est un autre Sébastien, à la base un excellent pote de Caro, et qui est devenu un ami assez proche. Il était aussi un des rares (des amis IRL2) à être sur Caramail et à avoir connu par ce biais des personnes aussi fréquentées en ligne. Là il est avec un autre Seb, de Rouen, et aussi mon Seb (Anorak). Nan mais trois Sébastiens ensemble là, mais purée quoi !!! Surtout je sens dans sa voix que quelque chose ne va pas… J’imagine que je me suis décidé à rompre avec Anorak, mais que je fais traîner le truc ou que je ne sais pas encore comment m’y prendre. De toute façon j’ai toujours été nul en rupture, quand je n’ai pas été un vrai connard en dessous de toute bienséance. Et là c’est encore plus compliqué, car il a recommencé à avoir des doutes et à avoir surtout plein de problèmes à gérer et du mal à envisager une relation en plus. Mais moi j’en ai ras la casquette sur le coup, et je crois que je suis décidé de passer à autre chose.
Manuel
On doit encore être en janvier, et c’est marrant que mon premier message (de cet article) est de Manu, et que c’est un des derniers de lui aussi. C’était chou encore !
Seb C.
Sébastien C. encore qui me donne un rdv téléphonique dans une cabine. Le genre de truc qu’on faisait encore en 2000. Hu hu. Mais donc ça confirme que je fais le mort, et que je me demande bien comment rompre… Evidemment tout le monde s’inquiète.
Inconnu
Je ne me souviens pas du tout de qui il s’agit. Mais c’est affreux, j’ai l’impression que je viens de rompre, et que j’ai déjà des vues sur un autre !! C’est tout à fait possible. Horrible, mais tout à fait possible.
Seb (Anorak)
Donc c’est ça, j’avais bien rompu, et le garçon inconnu doit être Franck mais je ne reconnais vraiment pas sa voix. J’ai hésité à mettre ce message car c’est très très intime, mais en même temps ça a 25 ans et c’est beau, c’est fort. C’est aussi ça les relations amoureuses. Et je me dis que le pourcentage de gens qui descendront jusque là est tellement minime que c’est quasi anonyme.
SabrinaSabrina
Sabrina était une amie très proche de Seb, et elle m’a laissé ces deux messages pour me parler de lui. Il ne va pas bien, et elle essaie de voir si elle ne peut pas nous rabibocher. Je crois que je filtre là sur le second message, je me souviens l’avoir écouté comme ça. On pouvait en effet aussi laisser le répondeur en marche, et écouter le message pendant que les gens le laissaient (et prendre l’appel si finalement on voulait lever le « filtre »).
C’était un moment vraiment d’une tristesse abyssale, mais j’étais vraiment passé à autre chose. Et je ne me sentais pas la force de subir d’autres moments de faiblesse où la relation serait encore mise en doute, mais ce n’était sincèrement pas très généreux ou altruiste de ma part, même si les amis proches me comprenaient. J’ai gardé malgré tout un souvenir prégnant de ces moments, et on ne tombe pas autant que cela amoureux dans sa vie pour ne pas se construire un autel secret dans son cœur et ses souvenirs où revenir de temps en temps.
Voilà donc de septembre 1999 à janvier 2000, ma vie à partir de mes messages de répondeur. C’est évidemment très parcellaire, mais d’une telle évocation que c’est terriblement troublant. On ne gardait rien de l’époque, car les supports étaient fragiles et analogiques, mais quand on a la chance de l’avoir un peu conservée dans le formol cette époque, c’est assez magique de la revivre ainsi en bribes, en anecdotes et en évocations. Aujourd’hui comme on garde tout, on ne conserve finalement rien ou beaucoup trop. C’est toujours intéressant de relire le palimpseste de nos vies, et de voir ce qu’on peut encore déchiffrer en dessous en filigrane, voué à disparaitre de nos mémoires comme de ces supports pulvérulents à leur tour.
Il s’agit des Bains-Douches, une boîte de nuit et pas une soirée au sauna hein. ↩︎
Cela m’a marqué dès l’érection de la Tour, et j’en avais parlé déjà ici en 2011 (je bossais dans le coin). Depuis que je rebosse de temps en temps à la Défense, je passe devant très souvent, et à chaque fois je pense la même chose : la marquise de ce bâtiment à la forme de l’USS Enterprise !!!!
Je me suis dit que ça valait juste le coup d’aller refaire quelques photos avec une meilleure qualité, et il y avait une belle lumière hivernale avec un ciel bleu aussi glacial que la température locale. Eh bien ce truc a indéniablement exactement la forme du premier vaisseau de Star Trek !!!
Du côté de l’Arche de la Défense c’était également assez beau avec ces couleurs azuréennes et des formes bien géométriques.
Bon, je suis tout de même content d’être rentré. On est bien à la maison, et le balcon offre un autre genre de spectacle. ^^
C’est en lisant l’article ci-dessous qui évoque ce singulier « Gay Manifesto » qui date de Stonewall (à priori écrit juste avant, mais Cy Lecerf Maulpoix explique que certaines mentions évoquent une écriture plus tardive), que j’ai découvert Carl Wittman.
Après quelques clics sur les Internets, j’ai trouvé le texte d’origine, et le voici pour votre propre curiosité ou édification. ^^
Ce truc est incroyable, et j’ai vraiment eu beaucoup d’émotion et quelques épiphanies en le lisant car ça pourrait carrément être un texte d’aujourd’hui. Et donc c’est aussi assez frustrant et cinglant, en même temps que c’est génial. Oui c’est génial de se dire qu’il y a encore une vraie filiation d’idées et de positions entre un pédé de 1970 et un pédé d’aujourd’hui, mais c’est terrible de se dire que l’on serine la même chose depuis plus de 50 ans, et que les changements ont certes eu lieu, mais ça reste tout de même encore un objectif non atteint. Evidemment cela résonne aussi particulièrement avec cet essai sur la « pédérité » que j’ai récemment évoqué, on pourrait vraiment y lire des lignes très similaires, ou même plaquées mots pour mots.
Il faudra que je lise le bouquin de Cy Lecerf Maulpoix qui offre une traduction de ce texte et surtout un commentaire qui doit être passionnant, mais c’est pas mal de d’abord le lire et se faire aussi son opinion (sans doute moins contextualisée car je suis loin d’être un spécialiste de l’histoire des mouvements LGBT). En tout cas, pour qui est un peu versé en anglais, ça se lit vraiment très facilement et ce ne sont que quelques pages de texte avec une forme très didactique et qui revêt vraiment cet effet « manifeste ».
Il y a d’abord cette introduction sur le rôle particulier de San Francisco pour les homos, et ça m’a irrémédiablement fait penser à ce que j’ai pu maintes fois écrire ici et ailleurs sur le rôle de Paris et du Marais pour moi pendant des années. Les choses ont bel et bien changé à ce sujet, et, comme SF aujourd’hui, Paris est moins le havre qu’il a été pour nous, mais ça reste une Mecque indéboulonnable pour les petit·e·s queers et torduEs qui cherchent l’émancipation.
Mais Carl Wittman commence son texte avec une métaphore forte et frappante en évoquant nos situations de « gay refugees » en parlant de SF comme « un camp de réfugiés pour gay ». Il évoque tous les américains qui ont fui de tous les coins du pays pour s’y retrouver, et c’est clairement assez analogue à Paris pour la France. Cette première métaphore est une des nombreuses qui émaillent le texte, et après une certaine solidarité avec la situation de personnes migrantes cherchant un refuge, il fait rapprochements sur rapprochements avec des luttes antérieures que ce soit celles des noires, des femmes ou plus étonnant l’écologie (en tout cas ça m’a étonné que ce soit un rapprochement aussi ancien).
Après le manifeste de manière très structurée propose plusieurs pistes de réflexions, et pour l’époque j’imagine que certains se décrochaient la mâchoire à lire cela, aujourd’hui heureusement la majorité des gens se dirait sans doute « bah oui hein ».
Donc d’abord Car Wittman explique des petites choses sur l’homosexualité, et des assertions évidemment essentielles pour expliquer ce que c’est et ce que ce n’est pas. On a donc tout une première partie sur l’orientation sexuelle, et notamment après avoir défini l’homosexualité, un second élément fort consistant à célébrer la bisexualité et on dirait aujourd’hui quelque part la « non binarité » dans les orientations ou la « pansexualité ». Il affirme avec une phrase qui m’a beaucoup fait sourire (mais à laquelle je souscris complètement) : « Les gays commenceront à se tourner vers les femmes quand 1) ce sera quelque chose de voulu et non d’obligatoire, 2) quand la libération des femmes aura transformé la nature des relations hétérosexuelles ». Et v’lan !!!
La seconde partie du manifeste est à propos des femmes, et en tout premier chef évidemment on regarde du côté de la cause lesbienne. Il reconnaît aussi que le machisme est un fléau chez les gays, et que la libération des femmes est une pierre angulaire du combat LGBT. Il évoque de manière très intéressante le rôle de la sexualité par exemple, qui chez les homos a plutôt été une source d’émancipation et un « symbole de liberté », tandis que pour les femmes une des origines de leur oppression. Et donc il y a nécessité à travailler avec ces alliées évidentes.
La troisième partie nous renseigne sur les « rôles » dans la société et les images perçues des différentes types de gays notamment. Mais il commence par fustiger le fait de vouloir rentrer dans le rang et d’imiter les hérétos dans leurs comportements, rites ou aliénations. Et évidemment le mariage dans sa forme actuelle n’est absolument pas prôné, on devra profiter de nos luttes pour le transformer et s’inventer peut-être de nouvelles manières de « faire couple ». Et ce qui m’a aussi beaucoup fait plaisir c’est de lire qu’il faut déjà à l’époque lutter contre la follophobie et cette sacro-sainte et détestable « bonne image ». Carl Wittman célèbre déjà les hurlantes, les drags et toutes les personnes « non conformes » qui sont au cœur de l’oppression et donc du combat.
J’ai été très étonné par l’insistance sur le coming-out et le fait que personne ne devrait être dans le placard, et que la finalité de tous les homos du monde est d’être « out ». Je suis vachement d’accord avec ça, mais ça m’étonne de le lire comme un des axes de libération aussi important. Mais d’un autre côté, à cette époque j’imagine que les militants devaient être super frustrés de se battre contre des moulins à vent, alors qu’ils connaissaient des tas de pédés dans le placard, et qui empêchait une visibilité dont on sait à quel point c’est une arme redoutable pour faire changer la société.
La partie suivante, sur l’oppression justement, détaille bien les stratégies ennemies, et c’est hallucinant de voir aussi comme c’est parfaitement actuel. Il suffit de voir les mouvements anti mariage pour tous d’il y a dix ans pour s’en persuader. Et on y parle aussi du grand danger de l’oppression « internalisée » (Self-oppression) par la propre communauté LGBT, celle qui notamment impose la « bonne image » et des statu quo par rapport à son propre cadre de référence et surtout son statut précaire de « parvenu ». On y comprend aussi toutes les luttes intestines et les dissensions qui ne sont que pain béni pour les ennemis de la cause.
La cinquième partie sur le sexe est un texte assez important et qui m’a pas mal étonné. Mais c’est vrai que l’on était dans une époque où la libération sexuelle n’était vraiment pas derrière nous, et à certains égards je vois bien qu’elle ne l’est toujours pas. Donc c’est aussi un élément clef du manifeste qui redit que le sexe c’est un truc sympa et pas sale. ^^ Mais il va super loin en disant qu’on doit remiser les notions d’actifs (pénétrants) et de passifs (pénétrés) et de toutes les notions de domination sociale qui s’y rapportent. C’est fou comme le texte évoque à chaque fois des choses dont j’ai l’impression qu’elles sont assez récentes, et pas du tout. (Bon, sachant que c’est Monique Wittig notre démiurge qui a tout inventé et déclenché de toute façon. Bravo les lesbiennes !!!) Et c’est marrant l’auteur va aussi jusqu’à évoquer les fantasmes sur l’âge ou la condition physique, et la nécessité de dépasser aussi ces carcans de nos propres mouvements.
La sixième sur nos ghettos est intéressante car elle reboucle déjà sur certaines notions. On y lit notamment qu’on crée ces espaces pour qu’ils soient sûrs et à notre image, et avec nos règles, mais qu’au final il y a récupération et exploitation par la société (et du capitalisme). On peut toujours être dubitatif sur celui-ci, car il faut à la fois être acceptant de tous et toutes, et utiliser aussi ces havres comme des lieux de médiation, de mélange, de sensibilisation et d’éducation, donc attractif pour tout le monde, mais gardant son âme… Un peu complexe à atteindre comme finalité.
La dernière partie se focalise sur ce qu’on appellerait aujourd’hui la « convergence des luttes », et c’est drôle et passionnant car il en fait des assertions très pratiques sur la manière dont on doit aborder les différents groupes. Donc on a des conseils de coalition et coopération avec les femmes, les noirs, les latinos etc. Et on n’est pas non plus dans l’ignorance de l’homophobie plus ou moins internalisée de ces groupes, donc ce n’est pas non plus le monde des bisounours, mais au contraire un positionnement assez rationnel et sérieux, et c’est assez épatant de se dire que 50 ans plus tard, on n’est pas loin d’écrire à peu près la même chose.
J’aime beaucoup le dernier groupe qu’il appelle les « homophiles », et qui sont aussi présents chez nous. Ce sont les gays les plus conservateurs et les moins militants en apparence, que certains taxent d’ailleurs de profiteurs (ils profitent des luttes sans faire aucun effort ou prendre aucun risque), et qui sont vraiment dans cette continuelle recherche de statu quo et de « bonne image » que j’exècre tant. Dans les années 50 à 80, c’était à peu près le terrain de l’association « Arcadie » et aujourd’hui ce serait pour moi GayLib ou L’Autre Cercle. Et il faut toujours raison garder, car on ne peut pas non plus être contre ces associations qui font aussi le job à leur manière. Roger Peyrefitte qui est un des fondateurs d’Arcadie est aussi l’auteur des Amitiés particulières qui est sorti en 1943, et dont on ne peut pas nier l’importance dans l’histoire du mouvement gay en France.
Et donc les conseils de Carl Wittman pour ce groupe :
1) réformistes ou minables1 parfois, ce sont nos frères. Ils progresseront comme nous avons progressé. 2) ignorez leurs attaques. 3) coopérez quand la coopération est possible sans compromission majeure. »
Encore une fois, c’est super actuel !! Et enfin la conclusion avec en résumé les 4 choses2 à retenir selon Carl Wittman :
1) Libérons nous : sortez du placard, lancez vous dans des activités politiques et défendez vous. 2) Libérez les autres gays : parlez tout le temps, comprenez, pardonnez, acceptez. 3) Révélez/libérez l’homosexuel en chacun : ce sera très difficile avec certaines personnes, mais il faut rester modéré et continuer à parler et agir librement. 4) Nous jouons un rôle depuis longtemps, donc nous sommes devenus des comédiens accomplis. Maintenant nous pouvons commencer à être nous-mêmes, et ça va être un très beau spectacle.
C’est vraiment marrant comme le coming-out était l’alpha et l’oméga de ce manifeste, mais après tout ça tombe sous le sens quand on se remet dans le contexte de 1969. L’existence même des LGBT et leur visibilité étaient la première pierre à l’édifice, et là au moins on peut se dire que oui les choses ont bien changé. ^^
Je vous mets aussi ce super document qui est publié par le même organisme « Red butterfly ». Il s’agissait de la cellule marxiste du New York Gay Liberation Front, et c’est passionnant de lire justement la convergence LGBT/anticapitaliste (et qui dans les faits atteint sa propre limite lorsqu’on lit le texte).
J’ai beaucoup de mal à traduire « pokey », c’est peut-être une grosse erreur de ma part. ^^ ↩︎
Encore une fois, une traduction très approximative ↩︎
A l’été 2020, l’ami F. avait passé un peu de temps avec nous en Bretagne, et il promenait avec lui un curieux petit carnet rouge. Il nous l’a montré plus en détail, et il s’agissait d’un journal de bord et intime de son grand-père qui racontait jour après jour son expérience en Allemagne dans le cadre du STO. F. commençait déjà à décrypter la petite écriture manuscrite de son aïeul pour la retranscrire dans un document informatique. Et voilà qu’il a lancé un passionnant blog qui va publier tous les jours les textes qui correspondent au même jour à 80 ans près.
Samedi 1er janvier 1944, mon grand-père commence son STO dans le 3ème Reich. Il durera jusqu’à la fin de la guerre. À son départ en 2009, il me laisse un petit livre rouge où chaque jour, il a gravé ses souvenirs d’une écriture minuscule.
Enfin on dit ça, mais c’était le dernier espoir ce soir, et je vais repartir à Nantes SANS un coucher de soleil digne de ce nom. NOM DE DIEU !!! ^^
Pourtant hier c’était vraiment bien parti avec ce ciel bleu et nuageux de compétition et une jolie lueur à l’horizon, vraiment très très prometteuse. Et autant quand on est arrivé, on avait eu des doutes.
Eh bien, quelques minutes plus tard on avait un truc carrément plus azuréen et enchanteur !!
Mais non, la bande nuageuse tout en bas, était bien trop opaque, et même si depuis la plage ça rendait plutôt bien, ça n’en reste pas moins un simulacre de coucher de soleil. Hu hu hu.
Et ce soir, même combat avec un ciel encore joliment nuageux et éclairé, mais cette fois depuis Kerabas à Moëlan, on avait de chouettes reflets… Rien de plus. Rhaaaaaa. Hi hi hi.
Il y a deux ans on avait constaté en milieu d’automne que notre sapin portait un immense nid de frelons asiatiques, et on constate le même genre de gros nid sur un arbre au fond de notre jardin (chez les voisins). Il est clairement vide et en train de se désagréger, donc il n’y a pas grand chose à faire, il tombera quand il sera un peu plus fragile (mais il a déjà tenu la grosse tempête de début novembre !!).
Une fois le froid arrivé, c’est trop tard car la colonie va entièrement mourir et les reines sont parties hiberner bien à l’abris. Elles vont ressortir entre février et mars, et là il faut essayer de les avoir avec des pièges , c’est le seul moyen de réussir à enrayer la constitution des essaims.