Iwak #31 – Feu

Il s’agit bien du mot anglais « Fire » donc on parle plutôt du feu au sens (XIIe siècle) Du moyen français feu, de l’ancien français fou (IXe siècle), fu, foc, du bas latin feu, du latin fŏcus (« foyer, feu, âtre »), qui a supplanté le latin classique ignis à l’époque impériale. Mais là, ça m’a plutôt fait penser à l’autre définition qui est d’une tout autre étymologie : du latin populaire fatutus, qui a accompli son destin, du latin classique fatum, destin. C’est donc plutôt l’adjectif feu qui signifie « qui est décédé récemment ».

Matthew Perry est en effet mort il y a trois jours, et ça a secoué pas mal de monde, à la hauteur en tout cas de l’importance qu’a été la série Friends dans la vie de beaucoup de gens (toute proportion gardée bien sûr, ce n’est qu’une série TV). Et contre toute attente, alors que je suis à 100% dans la cible qui aurait dû voir et être accroc à Friends (1994-2004), jeune adulte que j’étais au démarrage, bah je n’avais pas vu un seul épisode avant l’été dernier.

Mais l’été breton 2023 ayant été passablement médiocre, j’ai beaucoup regardé la télévision (mais de toute façon, je passe beaucoup de temps à mater des séries, c’est une réalité terrible et je ne veux même pas savoir combien d’heures cela représente dans ma vie). Et je me suis dit, tiens presque trente ans plus tard, est-ce que c’est regardable ?

J’ai eu la sensation d’une série qui a dû être considérée à un moment comme un chouïa ringarde, puis vieillotte, puis rétro, puis carrément vintage. Mais force est de constater que j’ai vraiment beaucoup aimé, et que j’ai pris beaucoup de plaisir à la découvrir, même autant de temps après. Et c’est surtout que pour l’époque, je me suis bien rendu compte à quel point il s’agissait d’un format très novateur (même si ça reste une sitcom) et surtout d’une écriture géniale, et encore parfaitement actuelle. J’ai été à la fois choqué par une certaine misogynie et terrible grossophobie ou transphobie, mais aussi agréablement surpris par l’équilibre dans les rôles et les histoires des uns et des autres, et carrément épaté par certains discours hyper nouveaux comme l’évocation de l’homosexualité, et une vraie attaque très avant-gardiste des standards de la masculinité toxique.

Mais surtout j’ai ri et vraiment de bon cœur (la plupart des blagues font encore mouche, et l’écriture est vraiment travaillée à la manière de répliques de bon stand-up), et j’ai été ému à maintes reprises et, même trente ans après, j’ai accroché à ces 6 personnages. L’harmonie et l’équilibre dans leurs histoires, et puis la proximité avec des personnalités proches de ma génération sont sans doute pour beaucoup à cette identification et cette cristallisation.

Après ces dix saisons bingées en 8 semaines je crois, j’ai enchaîné directement sur l’émission qui les réunissait 17 ans plus tard (après le clap de fin de la série). C’était évidemment assez choquant, surtout de voir l’effet de la chirurgie chez deux des héroïnes, et ce visage fatigué et abîmé de Chandler. Car son personnage était attachant, autant que les autres dans le fond, et il avait ce truc de toujours s’en sortir avec de l’humour et avec une pirouette, ce qui lui donnait souvent les répliques les plus sarcastiques et ironiques (très new-yorkaises et « françaises », mais finalement peu américaines, en plus de les voir fumer avec un grand plaisir dans les premières saisons), et carrément fendardes.

Mais donc c’était le mec drôle, le pote qui te fait rire avant tout, mais qui cache aussi ses traumas derrière son humour à toute épreuve. Et le jeu était subtil derrière Chandler Bing, où tout de même on joue sur sa potentielle homo/bi/pan/sexualité pendant dix ans. Et de savoir qu’il était en réalité, l’homme derrière l’acteur derrière le personnage, en détresse de puis très longtemps sur bien des sujets est d’autant plus triste, et une certaine ironie du sort.

Donc ça m’a fait bizarre cette mort prématurée, surtout que pour moi la série vient tout juste de se terminer. Elle est encore tout fraîche dans ma mémoire pour une première découverte. Clairement la série ne revêt pas pour moi de la même dévotion que certains de ma génération peuvent nourrir à son égard, mais ça m’a fait un petit truc.

Iwak #30 – Pressé

J’ai commencé à bosser en 1997, c’était à un moment assez charnière je crois car pendant quelques semaines, je n’ai pas eu un PC à moi. A l’époque, on se partageait encore ce genre de matériels, mais très rapidement (vraiment de l’ordre de quelques semaines) j’ai eu mon ordinateur juste pour moi. Et le plus fou, c’est qu’on avait des emails qui étaient également partagés, car c’était le début des emails en entreprise, souvent c’était par service ou département. Donc le monde marchait AVANT les Internets !!! Et je me rappelle que deux mois après mon arrivée, hop, tout le monde avait internet sur son poste et un email à son propre nom. C’était carrément précurseur, et j’ai dû attendre des années avant d’avoir la plupart de mes proches avec un accès à un email pro ou perso.

On arrivait à bosser, principalement parce que les communications papiers et le courrier étaient encore de mise, et qu’on fonctionnait donc sur un rythme tout autre. Et encore, tout s’était grandement accéléré avec la généralisation des fax, et on aurait bien du mal à s’en passer même dix ans plus tard. Mais même avec des fax, on avait une latence dans les communications qui donnait une cadence sans commune mesure avec la manière dont on travaille aujourd’hui.

Je me rappelle que tout était excessivement anticipé sur des semaines et des mois, en comptant les allers-retours par courrier ou fax, les réunions pour lesquelles il fallait se déplacer et organiser ces déplacements, des conférences téléphoniques balbutiantes où on se rassemblait autour d’un téléphone avec haut-parleur qui crachotait. Tout cela faisait que l’on attendait de personne qu’il ne réagisse au quart de tour, car ce n’était simplement pas le « rythme de la vie professionnelle ».

Nous sommes arrivés dans une ère de l’opposé complet mais genre à 180°. On est aujourd’hui connecté les uns aux autres, et on reçoit des demandes qu’il faut satisfaire dans les quelques minutes, voire moins. Cela demande aussi une certaine anticipation, mais en réalité c’est juste un engrenage infernal, et une constante attention à ces messages instantanés qui ne laissent plus un répit, il n’y a plus de latence, il n’y a plus de rythme, il n’y a qu’un flot ininterrompu nécessitant une attention continue.

Et cette nécessité est contrebalancée par des technologies qui, ironie du sort, nous habituent de plus en plus à ne plus savoir nous concentrer plus de trois minutes sur un sujet. La consultation des sites web, et le clic de liens en liens, ou l’appui d’app en app, nous a reconditionné pour ne plus nous permettre de focaliser notre attention, puisqu’elle n’est qu’en attente de la prochaine quantité granulaire d’information à consommer, avant le prochain clic.

Et c’est la même chose pour les contenus qui donc sont de plus en plus concis et simplifié, c’est un cycle sans fin qui à la fois se nourrit et génère ce zapping inconsidéré, débilitant et menant à l’entropie de toutes nos existences. (Oui carrément. ^^ ) Et il y a en plus ce phénomène de polarisation des contenus, que j’ai maintes fois évoqué mais qui vraiment m’interpelle énormément. Il est le corollaire de cette accélération de nos vies « communicantes », car pour faire réagir, pour marquer et pour susciter un contact, un avis, une note, un renvoi, il faut agir sur les sentiments, et sur les instincts générant les stimuli les plus efficaces pour faire bouger ce pouce sur cet écran.

Et donc on est dans cette culture de l’immédiateté et du « clash », dans l’information qui génère du sentiment, positif ou négatif, et surtout ultra-positif ou ultra-négatif, celui qui est le plus rémunérateur à l’échelle des régies publicitaires, qui ont clairement accompagné la mutation de nos comportements récents. Encore tout à l’heure, je l’ai constaté dans l’émission « Les informés » de France Info, où deux journalistes exposaient une vision très intéressante, posée et dépassionnée, du conflit israélo-palestinien actuel. Et donc le présentateur a cru bon de faire intervenir un réalisateur de film et producteur de comédies musicales pour donner son opinion très haute en couleur et passionnelle sur le sujet. Inutile de dire qu’il était dès lors impossible de débattre et de confronter des idées, mais évidemment l’atmosphère était beaucoup plus tendue, et je suppose que ça permet à plus d’auditeurs de ne pas décrocher, car ils attendent des réponses autant polarisées et vecteur d’autres émotions. Bref le degré 0 de la réflexion est érigé en standard d’éditorialisation de la vie politique sur le service public.

Ces tensions terribles s’expriment aussi couramment maintenant sur les réseaux sociaux, et ce qui est dingue c’est que nous sommes les acteurs très directs de ces affreuses pratiques violentes et anémiantes. Je suis surpris d’ailleurs qu’on colle à des médias (ie Twitter) des pratiques ou des ambiances, et qu’on pense qu’on pourra trouver une herbe plus verte ailleurs (ie Mastodon ou Bluesky). Comme j’en parlais précédemment, on trouvait à l’époque des blogs les mêmes oppositions, et les mêmes tensions très véhémentes qui n’étaient que le début de ce que nous vivons pleinement aujourd’hui.

Il se passera la même chose sur les autres réseaux sociaux s’ils sont motivés par la pub, l’audience ou ouverts à tout le monde. Et si c’est plus calme aujourd’hui, c’est soit par rapport à une barrière technologique, et donc discriminante, à l’entrée, ou l’attrait d’une nouveauté encore seulement prisée par quelques nerds et geeks.

Bref, on est pressé. Et l’article en question prouve par sa longueur indigeste mon envie renouvelée de lutter, à mon niveau, et à ma manière, pour des Internets plus posés, réfléchis et chiants, mais libérés et émancipateurs à leur tour. ^^

Iwak #29 – Massif / Immense

J’ai d’abord pensé au Grand Canyon et à l’ensemble des parcs du sud-ouest des USA que j’ai eu la chance de visiter à plusieurs reprises, mais en réalité l’impression d’un truc « massive » c’est ce qui m’est arrivé le plus de fois lors de notre voyage à la Réunion à l’été 2018. Et comme c’est encore un des voyages que je n’ai pas noté dans le blog, j’en profite pour faire du rattrapage comme avec le Japon en 2019.

La Réunion et ses trois cirques sont vraiment un truc énorme, littéralement énorme, qui lorsqu’on y est confronté ne peut laisser insensible. Un activité volcanique assez dingue, avec des éboulements et des effondrements, ainsi qu’une érosion démentielle, ont sculpté ces cirques, et ont créé ces décors naturels surréalistes, et troublants de beauté. Grimper au Maïdo est le plus simple, et c’est de manière surprenante assez facile d’y aller en voiture, on marche ensuite quelques minutes et on se prend une gigantesque claque dans la gueule avec une vue imprenable sur le cirque de Mafate.

On aperçoit des hameaux et des groupes de maisons sur les plateaux plus bas, tout petit petit de là-haut, et c’est dingue de se dire que ces gens habitent là et qu’il n’y a pas de routes pour s’y rendre, uniquement des chemins de randonnée.

Celui de Silaos vaut aussi le coup d’œil, avec une route en lacets sans fin et ultra-flippante, alors qu’on arrive sur la commune du même nom (un endroit avec pas mal de monde qui vit hein, des écoles, des commerces et tout), et qu’on voit ça à 360°.

Salazie c’est encore autre chose, mais tout aussi énorme et fabuleux. Il y a ce village au nom assez génial de Hell-Bourg, et on y voit ce genre de panorama.

Mais en plus, dans le coin on peut se balade dans la forêt de Bébour-Bélouve qui fut une expérience mémorable avec ces fougères géantes qui vous balancent directement dans un décor de Jurassic Park, et une végétation massive et dense qui ruissèle de pluie, soit parce qu’il vient de pleuvoir, soit parce qu’il va bientôt pleuvoir. ^^

Dans la région, on trouve aussi une immense et magnifique cascade appelée le Voile de la Mariée, et ça vaut plus qu’un coup d’œil.

Mais la plus belle des cascades et la plus grande et qui m’a vraiment marqué, c’est celle de Langevin. C’est juste waouh (le tout petit truc rouge en bas sur la seconde photo c’est un homme), et on attend juste King Kong pour qu’il prenne sa douche.

Et puis ok, les cirques c’est énorme, mais que dites-vous du très actif volcan de l’île ? Le piton de la Fournaise en tant que tel bien sûr, mais aussi son environnement… Enorme, incroyable, pharaonique, gigantesque, à couper le souffle.

L’approche avec la plaine des Cafres (à l’époque esclavagiste, les gens habitaient en bordure de l’île, et les esclaves qui s’enfuyaient tentaient leur chance dans les cirques et vers le volcan, les endroits les plus sauvages, reculés mais le seul espoir) est déjà hallucinante avec des falaises qui tutoient les nuages, une végétation assez rase qui pousse sur d’anciennes coulées basaltiques, et des panoramas incroyables lorsque le temps le veut bien (sinon potentiellement c’est de la purée de pois).

Et puis, on arrive à la plaine des Sables avec son air de planète Mars, et cette traversée étonnante, où en plein été (hiver austral) on a des cristaux de glace qui se forment tant on est en hauteur et qu’il fait froid (alors qu’on vient « en bas » de 27°C à la plage). Paysage lunaire et aride mais superbe et encore une fois qui s’étend à perte de vue, et qui paraît prendre tout l’horizon.

Et voilà le volcan si vous êtes assez chanceux pour le voir et ne pas être face à une brume impénétrable. On a eu toutes les configurations mais en tentant 3 fois le trajets, ça a marché pour la troisième !! On avait aussi l’opportunité d’être là pendant une éruption, ce qui a été génial mais nous a empêché de plus approcher les cratères.

Il y a aussi ces gigantesques trainées de lave qui laissent à toutes les époques des paysages modifiés, et cela donne de chouettes visions. J’ai beaucoup aimé cette église joliment appelée Notre-Dame-des-Laves qui est un bâtiment religieux qui a échappé à la destruction lors d’une éruption, et c’est super impressionnant car l’endroit est carrément encerclé de restes de basalte.

Le dernier truc énorme pour moi à la Réunion, c’était ma première fois à voir des baleines, et c’était dingue. Je n’ai pas voulu faire un de ces tours en bateau pour les voir, car j’avais l’impression que ce n’était pas très cool pour les cétacés. Mais à plusieurs reprises, j’ai simplement passé quelques heures à mirer l’océan, et pif, paf, pouf, ça n’arrête pas. Impossible de les prendre en photo comme vous pouvez le voir, mais le simple spectacle de ces bestioles qui sautent et de voir les nageoires caudales, les jets d’air et parfois un corps qui sort subrepticement de l’eau pour y retomber, est incroyable et m’a ravi.

(Y’avait aussi des très grosses et belles vagues !! ^^ )

Iwak #28 – Briller

Vous allez trouver que je radote car j »ai déjà parlé de Kyoto pendant ce défi : que ce soit pour parler d’une goutte de pluie parfaite ou simplement dans l’évocation de cartes, mais il y a eu aussi ce jour fantastique que j’avais évoqué dans le défi de l’été du 1jour1Kif. Mais c’est vrai que j’y suis allé pour la première fois en 2005, et puis de nouveau en 2018, et incroyablement aussi en 2019. A chaque fois c’était pour le boulot, et j’ai profité d’être là pour prendre quelques jours pour moi, et j’ai tellement aimé ma première fois que j’ai voulu refaire Kyoto malgré tout une seconde puis une troisième fois (une quatrième avec mon chérichou serait tout à fait désirée). Pour cette dernière fois, en juillet 2019, c’était vraiment une période de vache maigre pour le blog, et je n’ai même pas parlé du voyage, ce qui me paraît fou aujourd’hui.

Mais voilà ce qui brille pour moi de mille feux, ce qui m’a à chaque fois terriblement impressionné par sa flamboyance, et à la fois sa quiétude et sa distinction, c’est le Kinkaku-ji de Kyoto, le Pavillon d’Or. Et même si je l’ai donc visité la dernière fois, en juillet 2019 sous la pluie, il m’a encore fait un effet vraiment ouf. Malgré les dorures le truc est tout sauf blingbling car il est entouré de verdure, et possède des lignes pures et simples. Malgré le fait que ce soit un haut lieu du tourisme kyotoïte, c’est très calme et silencieux, et on peut en profiter allègrement et paisiblement. Le bonheur quoi.

Puisque nous sommes ici, je vais en profiter pour vous montrer les endroits que j’aime à Kyoto. ^^

Je vous passe la boutique Ghibli, mais vous imaginez que je n’ai pas fait que m’y arrêter. Hu hu hu.

Le petit parc Maruyama était bien sympathique et reposant, tout simple et déjà fou en comparaison des parcs et jardins de chez nous.

Depuis le centre-ville et ses quartiers anciens, on aperçoit la pagode du Hokan-Ji et c’est l’occasion de photos sympas qui mêlent plusieurs époques, Japon médiéval et d’aujourd’hui.

Le Ryōan-ji est le temple et jardin zen « sec » par excellence, où les cailloux savamment disposés remplace les jardins paysagers. Le spectacle est fascinant car on comprend vraiment que cette litière géante ( ^^ ) est un repos de l’âme absolu, en même temps qu’un assemblage tout sauf aléatoire et avec des explications très précises des métaphores ainsi reproduites.

La jolie pagode du Ninna-ji sous la pluie fut l’occasion d’une chouette déambulation complètement seul, un peu perdu, mais un bon moment pour passer d’un lieu « plus intense » à l’autre (mes émotions sont à fleur de peau ici).

Le Ginkaku-ji ou Pavillon d’argent, surtout notable pour ses jardins dingues !! Je pourrais y passer des heures, on est dans un décor totalement compatible avec Miyazaki et ses visions de la nature. Pourtant chaque brin d’herbe est très précisément là où il doit être, et chaque butte de mousse est coupée au millimètres, mais tout apparaît comme un peu sauvage et diablement harmonieux.

Un petit détail du Honen-in, un endroit sans prétention mais dont l’atmosphère m’a beaucoup plu.

Petit jardin intérieur sans prétention du Eikan-do, qui est en réalité sublime et bluffant.

Dans le Hojo du Nanzen-ji, j’était littéralement tout seul car ça ne doit pas être dans la dizaine de temples recommandés dans les guides, et donc dès qu’on sort des sentiers battus, on a accès à des endroits géniaux et déserts (comme partout hein). C’est encore un superbe exemple de jardin zen, mais je trouve encore plus beau et impressionnant que le Ryōan-ji.

Le temple du Kodai-ji est un immense sanctuaire avec cette première cour totalement minérale et minutieusement ratissée avec quelques cônes en points d’orgue dessinant un paysage de montagne abstrait fascinant. On passe d’un point à l’autre avec des passages surélevés en bois qui présente des plus petits temples ou pagodes avec des décors intérieurs tout aussi splendides.

Dans les Les bambous géants d’Arashiyama… Tigre et Dragon ne sont pas loin évidemment. ^^

Les jardins du Tenryu-ji sont superbes, et valent vraiment le coup d’œil.

Le Jojakko-ji et sa belle pagode qui se mérite car il faut monter what mille marches dans la montagne et la forêt. Mais résultat, il n’y a vraiment qu’une poignée de touriste qui l’ose. Hu hu hu.

Le Adashino Nenbutsu-ji et ses 8 000 pierres représentant Bouddha. Super impressionnant bien sûr, mais ce qui est étonnant c’est que l’aspect antédiluvien des temples peut être assez trompeur, car en réalité ce sont fréquemment des sanctuaires qui peuvent dater de pas si longtemps que cela, celui-ci par exemple a été créé en 1903.

Le Otagi Nenbutsu-ji et des 1 200 « rakan » (disciples de Bouddha), c’est quelque-chose !!! Mon préféré c’est celui qui sourit au ciel en plein centre de la première photo. Et celui-ci a été fondé en 766, malgré ce rakan au walkman qui est un don de SONY des années 1980, ce qui montre l’activité de ces temples, et l’importance « corporate » qu’ils revêtent pour les grandes sociétés nippones (les « zaibatsu » notamment).

Le coin est au bord de la rivière Katsura en plein parc d’Arashiyama, et c’est aussi un lieu pour randonner et rencontre faune et flore locale.

Enfin, vraiment pas au même endroit, mais un incontournable de Kyoto c’est le Fushimi Inari Taisha, le sanctuaire aux milliers de torii et de renards messagers. Les torii sont financés par des particuliers ou des entreprises, et ils sont marqués des noms de leurs donateurs qui espèrent ainsi s’attirer chance et prospérité, ces sortes d’ex-voto en somme.

Et puis après c’était Tokyo, certes moins bucolique mais tout aussi passionnant !

Voilà mon tribute à la Tokyo Tower, mon image de cette ville depuis gamin grâce à Spectroman, X-Or, Bioman mais aussi Sailor Moon et consorts.

Le Tokyo d’aujourd’hui où j’ai bossé quelques jours.

Et la pure image d’Épinal de Tokyo avec la foule toujours dense à Shibuya, et les fameuses traversées de centaines de gens sur des immenses passages piétons.

Et enfin, une des dernières images de ce voyage qui m’a beaucoup fait sourire en repartant du Japon et de Tokyo : un petit garçon fan de Gundam qui essaie d’imiter son idole !

Frida dans la peau

J’ai encore cédé à mes envies de tatouage, et voilà le tout dernier frais de ce matin sur mon mollet gauche ! C’est un artiste que je suis sur Instagram depuis 2 ou 3 ans, et dont j’aimais vraiment énormément les dessins et illustrations. Il s’appelle le Roi des Kobolds, rien que ça.

J’aime beaucoup Frida Kahlo, pour son art, sa vie, sa liberté de pensée, d’agir et d’avoir été toute son existence. Une icone queer et féministe pour moi, et dont j’adore l’omniprésence prophétique dans le film Pixar Coco. Le style directement reconnaissable du tatoueur et son habileté à styliser en quelques traits minces et pleins la grande dame m’ont tout de suite conquis, et les deux fleurs en rouge comme seule marque de couleur est aussi le petit truc en plus qui me plaît énormément.

Iwak #27 – Bête/Animal

Souvent quand mes parents insistaient pour nous montrer des films, on soufflait comme de bons ados, mais au final très souvent on admettait que c’était pas mal du tout. Et en général, quand on avait trouvé ça bof, ils reconnaissaient que ça avait beaucoup vieilli. Quand on a vu le film de Jean Cocteau de 1946 : la Belle et la Bête, on s’est rendu à l’évidence : c’est un putain de bon film !!!

C’est vraiment encore pour moi un des grands chefs d’œuvre du cinéma mondial, et clairement dans mon « top » personnel. Il bénéficie déjà d’un noir et blanc d’une incroyable beauté et qui est vraiment utilisé pour raconter son histoire de manière particulière. Mais clairement, quand on voit un peu les films de l’époque et celui-ci, on voit à quel point il est moderne et n’arrive pas à prendre une ride. C’est sûr que le conte lui donne une portée particulièrement globale, d’autant plus que c’est un des mythes universels qu’on retrouve dans énormément de cultures depuis la nuit des temps, même si la « Bête » en tant que telle vient sans doute de Pédro Gonzalès.

Et il y a tout cet imaginaire incroyable porté par les décors et les effets spéciaux (consistant surtout à filmer des scènes puis les repasser à l’envers, comme cela on voit les bougies s’allumer comme par magie), j’avais été super impressionné par ces mains qui s’animent et font le service, et ces instants féériques totalement magnifié par la réalisation.

Bien sûr, il y a la Bête avec Jean Marais incroyablement grimé, et aussi totalement « gay-acting« , vraiment impossible de le penser hétéro deux secondes, qui joue merveilleusement bien ce prince maudit qui essaye de conquérir le cœur de la Belle.

Mais alors ma déception à l’époque et qui me trouble encore aujourd’hui, c’est que le film reste toujours très péjoratif vis-à-vis de la Bête, et que la Belle ne l’aime vraiment bien que quand il devient un homme. Avant, à peu près tout le monde méprise la Bête, et ça paraît être l’opinion publique. Aujourd’hui, à l’image du film de Disney d’ailleurs, il me semble qu’on serait plus aimable et enclin à aimer aussi la Bête. Inclusion à fond !!! ^^

Mais ce qu’il y a de mieux à propos de la Bête et la Bête, ce n’est pas ce film merveilleux, c’est clairement cette chanson géniale d’Amanda Lear qui est injustement méconnue. Ce tube fabuleux et inoxydable fera un jour, je l’espère, un retour tonitruant dans les charts, tant il a un potentiel entêtant, mystérieux et électrogroovy. Chef d’œuvre, je vous dis, chef d’œuvre !

Iwak #25 – Dangereux

Je vais être très littéral sur le coup, mais j’y vais de ma petite stance sécuritaire. L’été dernier je vous ai parlé d’une sortie en kayak1 qu’on était tellement content de faire sur la Laïta, entre Quimperlé et le bas Pouldu à Clohars-Carnoët. Le mois précédent, j’avais lu une nouvelle vraiment très triste d’un adolescent de 16 piges noyé dans la même Laïta lors d’une balade en canoé comme cela.

Beaucoup de gens font des promenades en canoé ou paddle comme cela, et souvent ils pique-niquent sur les berges. Aller se baigner tombe sous le sens de celui qui ne sait pas le danger potentiel. Il était en plus avec ses parents et sa fratrie, mais il a suffit de tourner le regard pour avoir perdu toute trace du minot. On a retrouvé son corps inerte quelques jours plus tard à l’embouchure .

C’est con mais c’est vrai que la rivière (fleuve côtier en réalité) a l’air d’être un havre de paix, et plus on s’approche de l’océan, plus l’eau est claire et les berges font miroiter des petites plages bien sympathiques. C’est ultra tentant de vouloir piquer une tête et de faire quelques brasses dans l’eau douce transparente, passé le pont St Maurice. Mais le péril est bien là, car en réalité l’action des marées et de la rivière dans cette immense « ria » forment des courants et des tourbillons scélérats qui entraînent vers le fond.

Mon chérichou me dit ça depuis toujours, et me dit que tous les ans il y a des morts (qui ont pris le risque de se baigner) dans la Laïta. Je lisais les mêmes remarques dans le groupe Facebook blindé de boomers du coin qui expliquent à quel point c’est connu et su. Malgré tout, on n’a eu aucune consigne de sécurité quand on a nous-mêmes pris nos kayaks, et par définition certains touristes viennent pour la première fois, ou des adolescents ne sont pas suffisamment mis en garde en tout cas. Bref, ça m’avait touché ce triste fait divers dans le Télégramme.

  1. C’est terrible, dès que j’emploie le mot « kayak » je pense au fameux conseil éclairé de Céline Dion pendant Katrina : TAKE A KAYAK!! (C’était loin d’être con, mais évidemment le ton faisait tout le sel de la remarque enlevée.) ↩︎

Iwak #24 – Superficiel

Je refuse depuis longtemps les débats sur les Internets, et j’ai l’impression d’avoir connu ça déjà à petite échelle à l’époque de l’émergence de la blogosphère mondiale, il y a une vingtaine d’années. Lorsque les blogs ont vraiment éclos et sont devenus incontournables pour porter une certaine parole médiatique (celle des gens « en ligne », peu de gens mais influents et dotés de certains privilèges dans la société), on a vu s’opposer des extrêmes déjà à l’époque. Et déjà là, on avait des « clashs » et des paroles obscènes qui jouaient de la polarisation des opinions.

Ces éditorialistes ou « pundits » comme on disait alors dans le monde anglosaxon, qui était celui du monde des blogs de l’époque, portaient alors leurs discours critiques de la politique et des sociétés du début des années 2000. Et comme aujourd’hui, on ne savait pas exactement d’où ils venaient ou leur pedigree, des fascistes cachaient leur jeu sous couvert de rhétorique habile ou de culture, et des fake news émaillaient déjà la toile. Bien sûr, les médias traditionnels ignoraient encore tout cela, et l’impact sur la population générale était tellement faible, que tout est largement passé inaperçu. Et pourtant, je vous assure qu’il y en a eu des drames, et des gens qui suivaient des gens d’extrême-droite, contre des gens qui suivaient des gens d’extrême-gauche, et des discours « ultra », et qui n’ont cessé de s’écorcher et se dresser les uns contre les autres.

Déjà à l’époque, il fallait faire de l’audience, de la « page vue » et du commentaire, pour marquer son importance et son pouvoir. C’est un truc qui m’a toujours déplu, même si je n’ai jamais été le dernier à vouloir faire ma prostipute pour attirer le chaland. ^^

Je regardais de loin tous ces gens s’écharper sur des sujets importants et souvent très politiques, avec déjà en 2005 un Maître Eolas1 qui avait une aura assez dingue et une audience surprenante (mais à la hauteur de son esprit, je pense). Je me disais, en 2005 (avec deux ans de blogging au compteur donc), que dans ma petite pédéblogosphère parisienne, j’étais loin de tout cela et bien tranquille, mais évidemment la contagion a été complète et la pandémie a fini par nous rattraper. Il a suffit d’un sujet polémique et tout s’est enflammé. En l’occurrence, nous étions en plein mouvement de « relapse2 » et de « bareback » avec un rebond étonnant des écrits de Guillaume Dustan (et Érik Rémès, mais il faut avouer que l’auteur est beaucoup moins doué que le précédent) qui avaient été publiés quelques années auparavant.

Un pédéblogueur, dont je garde un souvenir plein de tendresse et de considération, avait témoigné de ses propres pratiques, pas pour les promouvoir, mais simplement pour témoigner, s’exprimer, et sortir du discours d’auto-flagellation et surtout des conseils hypocrites et béni-oui-oui que personne ne suivait (sucer avec capote notamment, qui était dans les diktats sans doute raisonnables scientifiquement à l’époque, mais dont on préférait ne pas parler vraiment pas car personne3 ne l’appliquait). S’en était suivi un déluge de commentaires, d’insultes et de harcèlement en tout genre, mais vraiment des trucs d’une violence inouïe pour l’époque. Evidemment ce n’est rien avec ce qui se passe aujourd’hui sur les réseaux sociaux, mais il y avait eu des menaces, de l’outing, des nuisances réelles et un bashing systématique de la part de gens très bien-pensants et qui rougiraient sans doute aujourd’hui si on pouvait leur rappeler leurs actes.

J’avais mis quelques jours à poster quelque chose, car j’étais d’abord resté mutique, et ne voulant vraiment pas attiser les choses. Mais à un moment, je ne pouvais pas ne pas m’exprimer moi aussi à ce sujet. C’était trop injuste !4 J’ai donc publié cet article Hue Dada ! (jeu de mot évident sur le barebacking), et cela m’a valu mon lot de commentaires, mais aussi d’injures, d’emails peu amènes et de dénonciations sur la place publique, mais beaucoup moins violent que pour Freaky.

Je n’ai pas eu souvent à m’exprimer ainsi, c’est arrivé une poignée de fois (notamment contre la follophobie ou la « bonne image » à la Pride), mais c’était toujours pour affirmer certaines luttes ou postures qui comptaient vraiment beaucoup pour moi. Ces sujets continuent d’ailleurs à émailler notre communauté en ligne quand on voit la polarisation des opinions à propos de la PrEP aujourd’hui ou du mariage du tous il y a quelques années.

En revanche, j’ai vraiment complètement lâché l’affaire sur les réseaux sociaux, il n’est pas question de nourrir les trolls ou de se battre contre des hordes de SJW5. Donc j’assume mon côté superficiel et hors du temps à propos des sujets d’intérêt de mes contemporains. J’écris tout cela sur un blog que peu de monde lit et lira, et sur bien trop de lignes pour que quiconque s’inflige une lecture pareille. ^^

Je suis en revanche pas mal des polémiques sur les réseaux avec le plus de distance possible, mais ce n’est pas facile. Je suis parfois atteint dans ces discours tellement opposés que les deux camps perdent tout sens commun selon moi. Donc j’essaie de rester vraiment le plus lymphatique, atone et veule possible. Je vous parle des petits oiseaux, je vous montre des couchers de soleil et je discute du dernier film. Bah c’est déjà ça.

  1. Bon déjà, le gars il a une page Wikipédia hein. ↩︎
  2. Mouvement de la fin des années 90 et début des années 2000 pendant lequel on a constaté une « fatigue » des HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) quant aux campagnes de promotions du préservatif et des relations sexuelles SSR (sexe sans risque). Cela a débouché sur des prises de risque barebacking (monter à cru en anglais, soit avoir des relations sexuelles non protégées) et une certaine promotion de ces relations notamment par des militants séropositifs, également fatigués des récriminations à leur égard. ↩︎
  3. Peu de monde, mais certains oui bien sûr, et encore aujourd’hui puisque le SSR implique aussi cette pratique qui est la plus sécurisée pour minimiser les risques d’IST. ↩︎
  4. Oui je cite Caliméro. Hu hu hu. ↩︎
  5. SJW : Social Justice Warrior ↩︎

Iwak #23 – Céleste

J’aime les couchers de soleil (oui ok, ça ne vous étonne pas ^^ ), et les cieux sous toutes leurs formes, mais surtout bleu azuréen avec d’énormes nuages blancs bien duveteux, mafflus et joufflus. Mais j’aime autant la nuit étoilée sans lune qui laisse apparaître la voie lactée, et j’aime aussi la lune en tant que telle comme là au-dessus un soir d’éclipse lunaire sur l’île de la Réunion en juillet 2018.

L’amour de la nuit me vient vraiment de l’adolescence, où j’aimais me promener les nuits étoilées, et où l’ombre était une sorte de gangue protectrice, une cape d’invisibilité qui permettait de s’abstraire de son propre corps, et de n’être qu’un personnage immatériel dans les abîmes. Depuis tout petit et un plan des constellations trouvé dans je ne sais plus quel magazine (peut-être le journal de Mickey ?), j’ai adoré repérer ces agencements d’étoiles dont les noms me faisaient irrémédiablement penser à mes héros mythologiques favoris (j’ai lu Edith Hamilton avant les X-Men, ça marque !! ^^ ), avant que ce soit les chevaliers du zodiaque qui décrochent la timbale. Hu hu hu.

D’ailleurs si je me rappelle bien la première mention consciente des constellations me vient du Choc des Titans1, car à la fin du film c’est Zeus qui placent les constellations en souvenir (du film, mouahahahahaha).

  1. Celui de 1981 évidemment, avec les effets spéciaux de l’illustre Ray Harryhausen, et pas les bouses « remake » de ces dernières années. ↩︎