Foot ou Céline Dion ?

Comment vous parler d’un cliché, sans en être un moi-même, ce n’est pas évident… On va essayer tout de même. ^^

Vous n’êtes pas sans savoir que j’ai changé récemment de job, et donc je savais bien qu’en intégrant une équipe un peu plus « technique et ingénierie », ça serait forcément des collègues un peu plus « moustachus et couillus ». Mais c’est toujours un choc de replonger au quotidien dans un tel cadre de référence.

Il y a donc très peu de femmes dans ce nouvel entourage de boulot, et vraiment on est dans une ambiance qui est juste totalement surannée pour moi. Ce n’est pas tant d’ailleurs que ce soit toxique ou malveillant, mais c’est en revanche maintes occasions d’écarquiller les yeux un peu dubitatif de tout ce qui est en train de se dérouler.

Et ce que je trouve fascinant/inquiétant/déprimant (rayez la mention inutile), c’est que tout cela est parfaitement transgénérationnel puisque mes collègues sont nés entre 2002 et 1968 (je suis dans les plus vieux, mais on est plusieurs ^^ ).

Cette ambiance très masculine donc se traduit par des interpellations à base de « ma poule » ou « mon poussin » uniquement entre mecs évidemment, et qui s’appuient par des remarques très viriles pour contrebalancer l’éventuelle incompréhension. (Hu hu hu.) Mais il y a aussi une surreprésentation extrêmement prégnante en conversation footballistique, mais alors prégnant quoi !! Et surtout, il y a toutes les métaphores du monde pour parler de cul en gloussant, et le plus drôle c’est quand on insinue qu’on s’encule d’une manière ou d’une autre (en s’asseyant sur un truc contondant, ou en passant derrière quelqu’un ou je ne sais quoi de plus inventif). Et ça glousse et caquète ensuite, mais comme au collège quoi. ^^

Ce n’est pas très grave bien sûr, blague de potache quoi… Mais cela me rend juste assez silencieux et discret, exactement comme les quelques femmes qui émaillent ce lieu de travail. Ils savent tous que je suis pédé, car c’est un truc que je dis très rapidement, dès que j’en ai l’occasion en tout cas (à peu près aussi vite que les collègues dégainent un « mes enfants », « ma femme », ou « ma copine » donc immédiatement). Et je remarque donc une exclusion assez immédiate, pas du tout offensive ou ostracisante per se, de ces échanges de garçons car j’ai rejoint tout naturellement le clan des filles. BREF MATOO EST DE RETOUR À L’ÉCOLE !!!

Bon ça ne m’empêche pas de m’exprimer ni d’échanger ou de plaisanter, car vraiment tout cela n’est pas pesant et omniprésent non plus. Allélulia. Mais j’avais vraiment l’impression que c’était un signe des temps anciens et que c’était vraiment totalement derrière nous. Bah non !

Et cette semaine, j’ai eu deux jours à Tours en déplacement pour un séminaire sur un sujet avec une quarantaine de… mecs (et 4 ou 5 femmes tout de même). On avait tout ce qui fait le charme de ces réunions avec un ice breaker et du team building, bref ces trucs auxquels je suis absolument allergique mais considérés comme des briques essentielles du boulot tel qu’on le voit aujourd’hui. Pour l‘ice breaker qui consiste donc à se présenter et mieux faire connaissance, il fallait apporter un objet qui nous représentait en forme de clin d’œil. Et là je vous le donne en mille, la moitié de la salle avait rapporté un t-shirt de son équipe de foot favorite. Mazette !!!

Pour le team building, donc l’activité sympathique pour nous détendre et faire de nous des grands potes, on m’avait parlé de bowling ou de karting, ou je ne sais quoi, que je redoutais donc comme les cours d’EPS dans les années 90. Et là quand j’ai vu que ça allait être un blind test musical, j’ai remercié tous les dieux de l’Olympe dans ma tête. On était réparti en équipes de personnes qui ne se connaissaient ni d’Ève ni d’Adam, et j’ai évidemment fait gagner mon équipe. Alors que les footeux rouspétaient qu’ils n’allaient rien y connaître (en effet), l’animateur encore plus vicieux a en plus imposé des thèmes improbables1.

Et j’ai gagné presque tout seul les quizz sur Céline Dion et celui sur les comédies musicales2. Mon équipe était ravie d’une telle érudition, et se demandait bien comment je pouvais avoir une culture générale aussi spécifique. LAULE !

Quand on est rentré au bureau, mes collègues ont évidemment vendu la mèche à ceux qui n’étaient pas à Tours, en vantant mes talents de caelinophile en rigolant de cela bien sûr. Et quand un collègue pour renchérir a demandé comment j’avais « fait », j’ai répondu narquoisement :

C’est le privilège de l’homosexualité, ça vient avec le package !

Et comme je m’en doutais, tout le monde s’est tu, gêné et confus par cette révélation qui n’en était pas une mais qui était sans doute une remarque trop assertive et franche pour une fille.

Après je vous assure que j’en fais des tonnes, car ce n’est pas du tout une ambiance dégueulasse, et ce sont des gens très très sympathiques et accueillants. Et je suppose que si j’étais dans une ambiance à 98% gay, et que je n’étais pas fan de Lady Gaga et de Drag Race, je pourrais aussi me sentir un peu « à part ». Mais je ne me doutais juste pas que ces comportements « mascus » de base étaient encore si inscrits dans les mœurs, et que dans un groupe où se concentrent des vrais mecs, au bout d’un moment on sent forcément un peu un olibrius. Mais j’ai toujours aimé être un type singulier, donc ça me va, et je n’ai pas fini d’ajouter mon grain de sel à ce plat un peu fade. ^^

PS : Mes collègues de télétravail, elles sont hyper cool et ouvertes d’esprit.

  1. Mais ça dépend pour qui. ↩︎
  2. C’est pour cela que quand on parle de clichés hein… ↩︎

Le bon splatch au bon moment

J’aime vraiment bien cette photo parce que, quand j’étais là à prendre mes petits clichés du couchant1, j’ai vraiment pensé à celle de Santorin en 2012 où j’avais par miracle pris ça :

Ah là là, j’adore cette photo avec juste la bonne petite éclaboussures et la vague qui arrive juste au bon moment. ^^ Et donc quand j’ai vu les petits splatchs sploutchs et la couleur du ciel et tout, je me suis dit que j’avais du potentiel. Mais ça n’a pas duré assez longtemps, et j’avais besoin de mon appareil photo plutôt que de mon téléphone pour cela. Tant pis ! Je ne suis malgré tout pas mécontent de mon cliché.

Bon c’est sûr que les Cyclades au mois d’août et Clohars-Carnoët en novembre, ce ne sont pas exactement les mêmes conditions climatiques. Hu hu hu.

Mais c’était bien joli car la journée (a commencé par un retour depuis Nantes si vous avez suivi le web-log) a oscillé entre pluie et éclaircies, sans vraiment savoir de quel côté pencherait franchement la balance. Malgré tout voyant un ciel gris mais lumineux vers la côte avec des bouts de bleu… J’ai tenté !

Le port de Doëlan était déjà bien doré.

Et sur la petite plage de Beg An Tour, c’était parfait, même si le soleil s’est rapidement réfugié derrière une large bande de brume à l’horizon.

Cette plage est très sympa pour tous ces rochers qui affleurent du sable, et ce sable est assez grossier. Les rochers sont donc usés et polis par la belle machine à laver et l’effet « émeri » du sable. Cela produit un profil très spécial avec des tas de creux et de bosses mais pas du tout abrupte (on peut vraiment y marcher pieds nus, mais ça glisse !). A ce moment de la marée, c’est idéal car les rochers sont recouverts par les vagues, mais pas complètement par la hauteur d’eau, et donc avec un soleil rasant on obtient de jolis effets de perspective.

J’ai oublié mon appareil à Rennes, rhaaaaa !!! ^^

  1. Et une allitération ! Une ! ↩︎

Avant et après la pluie

On a vu une éclaircie, on s’est dit qu’il fallait tenter notre coup, et franchement on a bien fait, car c’était super agréable de marcher par ce temps incertain. Et quand il flotte comme ça, les éclaircies fournissent en général une lumière magnifique comme là au Pouldu avec le soleil qui éclaire la côte.

On n’a pas arrêter de passer entre les gouttes, mais quand on a vu sur l’horizon ce magnifique nuage gris qui pleuvait déjà généreusement sur l’océan, on s’est dit qu’on en n’avait plus pour longtemps.

Malgré tout, dans ce cache-cache avec Hélios, ça a donné une assez jolie conjonction avec le calvaire de Bellangenet et sa crucifixion en contre-jour.

On a vite filé vers la voiture pour s’abriter, mais à peine revenu à nos pénates, qu’il faisait de nouveau beau. Alors j’ai tenté ma chance avec le bord de mer vers Moëlan, et en passant j’ai vu que les maïs avaient été coupé dans le champ de Kerc’hordonner et qu’on pouvait accéder aux mégalithes. Et comme j’ai toujours louché sur l’endroit, et que j’étais tout seul (mon mari ne veut jamais qu’on s’arrête ^^ ), j’ai enfin pu admirer l’endroit, et il est absolument remarquable. Il est indiqué comme Kercordonner sur les plans, mais je me fie au panneau, sans doute en breton, que je vois depuis que je viens dans le coin.

Il s’agit donc d’une allée couverte précédée d’un menhir qui est juste dans l’alignement. Mais l’originalité c’est leur emplacement, puisqu’ils sont en plein milieu d’un champ cultivé, et il y a juste un mince chemin pour s’y rendre.

Le menhir présente une face importante de profil comme on le voit, mais en réalité il est comme sur la tranche et très mince lorsqu’on est dans l’alignement de l’allée couverte. C’est vraiment ces deux mégalithes en conjonction qui fait que c’est un lieu singulier, en plus de cette position incongrue aujourd’hui en pleines cultures.

L’alignement est-ouest fait que le soleil se couche dans cet axe longitudinal, et il faut que je revienne pour la conjonction idéale, peut-être au solstice d’hiver (comme beaucoup de ces mégalithes semblent y être adaptés).

Cela fait presque vingt ans que je veux voir ce truc, alors je suis très content d’avoir eu cette occasion. ^^

Le menhir surtout est d’une beauté hallucinante. Oui je sais c’est chelou, mais j’aime beaucoup les menhirs.

J’ai terminé ma course à Kerabas pour le coucher de soleil, mais malgré le retour du « beau temps », ce n’était pas dingue. Mais ce n’était pas moche non plus. Hu hu hu.

Lumières de novembre

Bon, il ne faut pas rêver, novembre c’est le pire mois breton. Il flotte sans arrêt, tout est fermé, il caille, c’est boueux et les journées sont courtes. Mais j’aime bien qu’on y soit, et on y prend presque tous les ans des vacances (juste après les mômes bien sûr ^^ ), parce qu’il n’y a pas un chat dans les rues, les commerces ou les sentiers côtiers, et que la forêt est encore plus belle, et lorsqu’il y a un rai de soleil alors la côte devient sublime en quelques minutes (souvent le temps de l’éclaircie quoi).

Il faut qu’on arrête de dire « on va en Bretagne » vu qu’on y habite maintenant, mais on a du mal à s’y faire avec le chéri. Il faut qu’on dise « on va dans le Finistère », même si ma voisine rennaise qui est originaire de Brest me disait l’autre jour : « Ah non mais le Finistère c’est le Finistère Nord, votre truc là on ne sait pas ce que c’est. » ^^

Donc on est arrivé dans la pluie et la grisaille, mais heureux comme tout pour cette petite retraite loin de tout le tumulte de nos vies quotidiennes. Et la surprise c’est ce samedi midi et de se lever (oui je vois rarement les matinées dans ma vie de patachon en congés) avec cette vue sur le jardin.

Et ce fut une très chouette journée d’accalmie et de soleil, avec cette lumière qui devient rasante, blanchâtre et aveuglante, et a perdu de sa chaleur. Comme les coefficients sont encore assez importants, c’était aussi une journée de vagues !! Et comme cela faisait longtemps qu’on avait pas regardé les vagues, on est allé se faire une petite promenade à notre spot favori vers Beg An Tour (Doëlan).

L’océan était bien remué et c’était ambiance machine à laver près des rochers. Je vous rassure le dimanche est redevenu gris et pluvieux. Mais on guette la prochaine éclaircie. ^^

Et sinon, que pensez-vous de ces paires de chaussettes dont on m’a fait cadeau récemment, elles sont pas juste géniales ??? Hé hé hé.

Skynet comme si vous y étiez !

Je découvre [via Gonzague] cette édifiante vidéo qui explique assez simplement la progression fulgurante de l’IA, mais surtout qui dessine une intéressante projection vers la fameuse AGI : l’Intelligence Artificielle Générale. Et ce n’est pas flippant du tout, c’est pour 2027, et l’hypothèse la plus crédible c’est qu’on est tous tués par des IA avant 2030. Hop là ! Emballé c’est pesé ! Après tout, on a déjà 30 ans de retard par rapport à Skynet en 1997.

Pour lire plus avant la source qui a permis de réaliser cette passionnante et pédagogique vidéo : c’est là.

C’est d’ailleurs ce qui rend cet outil de promotion qu’est une vidéo Youtube plutôt crédible et convaincante, car les études sous-jacentes le sont, et les personnes impliquées paraissent plutôt avoir la tête sur les épaules. Daniel Kokotajlo est souvent cité, et j’ai bien aimé son propre retour d’expérience et auto-analyse sur les prédictions qu’il avait réalisé sur l’IA.

Totally correct Ambiguous or partially correctTotally incorrectTotal
20227119
202354110
202474516
Total198635
[Source]

D’ailleurs, l’atteinte de l’AGI pour 2027 (soit 30 ans exactement après la mise en ligne de Skynet hein ^^ ) est une de ces prédictions qui commencent à sérieusement faire douter les spécialistes. Certains pensent que c’est pour 2030 et d’autres 2044, mais dans tous les cas c’est assez inexorable pour tout un chacun.

Ce qui est drôle, je trouve, c’est que nous avons évidemment maintes hypothèses crédibles quant à notre sombre avenir, et qu’on peut à présent considérer comme voies possible cet étonnant mix entre fiction et réalité. Il y a donc Skynet et l’univers de Terminator que je cite là en figure de proue. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser à Joshua et Wargames, ou simplement à Dune et le récit de la manière dont les hommes ont lutté et gagné la guerre contre les machines pensantes. Dans le Dune de Paul Atréides, les IA ont été complètement bannies de l’Univers Connu et les personnes qui en utilisent sont immédiatement condamnées à mort. Certaines personnes en revanche, qui sont appelées Mentats, sont des ordinateurs humains avec des capacités d’analyse équivalentes grâce à certaines drogues et un entrainement spécifique.

Un de mes auteurs favoris, Isaac Asimov, a imaginé Multivac. C’est un ordinateur gigantesque et sans parler explicitement d’intelligence artificielle, on est sur un truc de compète malgré tout. Dans « La dernière question« , on demande pendant toute son existence à Multivac s’il existe une manière d’inverser l’entropie, et il n’a pas de réponse à cette question. Mais après des millénaires et des millénaires, alors qu’il est devenu une entité informatique qui subsiste dans des dimensions à la physique encore inconnue, et que l’univers a beaucoup changé, et que les humains ont depuis longtemps disparu, il trouve la réponse à cette question posée par l’humanité depuis la nuit des temps. Et alors, il « dit » Fiat Lux. De manière plus prosaïque et proche de nos préoccupations, j’avais adoré aussi la nouvelle « Droit électoral » dans laquelle on utilise Multivac pour élire un président des USA en 2008. Car on est dans un moment du développement et des compétences de Multivac1 où il est capable de modéliser des milliards de paramètres pour soupeser les opinions, les faits, les trajectoires économiques, techniques, le développement de l’humanité etc.

Et donc on lui fait confiance pour choisir la bonne personne, plutôt que de voter soi-même, vu qu’il prend en compte tous les facteurs statistiques imaginables. Malgré tout pour prendre une décision, et pour continuer à donner l’illusion du choix électoral, Multivac sélectionne un seul citoyen américain, et il lui pose une question (à la con). Cette simple réponse « de la base » lui permet d’avoir un modèle statistique absolument parfait. On suit dans la nouvelle la célébrité éphémère de ce citoyen « élu ». Et les gens trouvent que ce principe démocratique est absolument merveilleux et rationnel. ^^

  1. Tout en étant cohérent avec les 3 lois de la Robotique d’Asimov évidemment. ↩︎

Bonne fête les morts

C’est assez classique, mais c’était journée cimetière avec maman aujourd’hui !! Moi j’aime bien les cimetières, et à la Toussaint ils sont couverts de chrysanthèmes de toutes les sortes et couleurs, c’est gai !! Huhuhu. Ok ce sont des endroits un peu mortels, mais pour moi c’est un peu un rapport à la Mulan et ses ancêtres, donc y’a Mushu qui se balade et j’y vois plutôt un lieu de vie avec plein de morts qui y sont commémorés.

Il y avait cette très vieille tombe complètement envahie par une plante que j’ai trouvée particulièrement belle et romantique.

Le passage à Osny c’est aussi forcément le passage le long de la Viosne avec son air automnal bien affirmé.

Et évidemment c’était sans compter sur Obi-Wan le grand félin de la savane, et le plus adorable des chatounets de l’univers.

Pour finir, voilà les coquetiers géniaux chez maman avec leur petit chapeau pour les garder au chaud !!! C’est pas adorable ça ? Il n’y a qu’une maman pour préparer des œufs à la coque comme ça. ^^

Iwak #31 – Récompense

Allez pour ce dernier jour, je fais facile ! Il y a des mois j’avais testé ce service en ligne, promu par je ne sais plus qui sur Mastodon, et que j’avais trouvé particulièrement désopilant. Il permettait de pasticher toutes ces récompenses et ces « Awards » qui sont distribués de manière absolument hypocrite et surréaliste dans tous les milieux professionnels.

Et donc je m’étais fait un joli certificat que j’ai téléchargé. Hu hu hu. J’ai enfin l’occasion de l’exposer avec fierté et alacrité, car je l’ai bien mérité. ^^

We hereby certify that Matoo Corp., under the visionary guidance of Matoo Watoo has achieved official recognition as an S CorpTM Certified Organisation for demonstrating unparalleled dedication to Appearing Sustainable, while making absolutely no meaningful operational changes.
This certification proudly acknowledges your commitment to aesthetics over impact, buzzwords over substance, and vibes over verification.

Nous certifions par la présente que Matoo Corp., sous la direction visionnaire de Matoo Watoo, a obtenu la reconnaissance officielle en tant qu’Organisation certifiée S Corp™, pour avoir fait preuve d’un dévouement exemplaire à l’art de paraître durable, sans pour autant opérer le moindre changement concret.
Cette certification salue fièrement votre engagement à privilégier l’apparence au résultat, le discours creux à l’action, et le bon marketing à toute forme de vérification.

Iwak #30 – Vide

Dans nos parcours de vie, on découvre des nouveaux trucs sexuels très régulièrement, que ce soit avec des partenaires, ou dans des représentations quelconques (mais souvent des films plus ou moins artisanaux). Et la découverte est parfois expérimentale mais la plupart du temps c’est une une simple prise de conscience, un « Oh bah merde alors, ce truc existe, *cela est* !!! ». Cette dernière peut être choquante pour certains, mais c’est vrai que je ne suis pas choqué par grand chose, parfois étonné, souvent amusé, quelque fois intrigué, rarement révulsé, tout le temps très très intéressé !!

Je vous ai conseillé sur la gorge profonde, je vous ai renseigné sur le moignoning, et j’ai proposé une semaine d’articles pédégogiques sur un site spécialisé de l’époque. Hu hu hu. Mais bon tout ça, c’était il y a vingt ans. A mesure que le blog devenait plus « fréquenté », ça devenait super difficile de parler aussi ouvertement de cul (évidemment le couple aussi limite l’exploration et les expériences empiriques, tout en étant un brin pudique laule), en tout cas quand comme moi on traite le sujet de manière aussi détendue du slip que la dernière Palme de Cannes ou un coucher de soleil en Bretagne. Car il faut rentrer dans des cases, et ne pas trop en sortir pour ne pas choquer-han1. Bon, vous noterez que je mets des petits trucs intermédiaires pour prévenir sur les liens olé olé hein. ^^

Depuis j’ai reparlé de cul bien sûr, mais de manière plus subtile ou émaillée, ou comme récemment juste avec du texte, ce que je trouve encore plus vicieux et décalé dans nos Internets actuels. Hu hu hu. Car pas grand monde ne lit de textes, mais encore moins lorsque ça dépasse trois paragraphes. C’est sans doute le grand changement par rapport à la grande mode des blogs du début des années 2000, nous avions soif de nous lire et nous entre-dévorer les mots. Aujourd’hui écrire et être lu est finalement une activité très discrète. J’évoquais il y a quelques jours le fait que certains diaristes publient sur une toile parallèle (en utilisant le protocole Gemini), mais écrire comme cela est finalement une certaine garantie d’être lu uniquement par des alliés, et je brasse large dans mon acception du partisan moderne du blog : des gens qui savent lire et écrire.

Mais revenons à nos moutons, et laissez-moi vous conter des choses scabreuses, des trucs exhalant le stupre et la luxure, avec un brin de souffre. ^^

J’avais déjà bien donné des explications détaillées sur les positions qu’on appelle plus couramment aujourd’hui celles de pénétrant et de pénétré, qu’on appelait avant avec des termes chargés de patriarcat (en français ou en anglais) : actif/top ou passif/bottom. Les termes parlent d’eux-mêmes, et dans mon expérience on rencontre à peu près la dynamique suivante : 40% versatile (pratique les deux), 25% seulement actif, 25% seulement passif et 10% non pratiquant de la sodomie (le terme anglosaxon est side, il n’a pas de traduction officielle). Après vous avez, et on rencontre maintenant les nuances sur les applications de rencontre, bien sûr des préférences plus marquées avec des exceptions ou des rôles qui se décident selon la configuration du moment (et souvent la taille du sexe du partenaire), mais les versatiles rentrent dans cette grande case.

J’ai vraiment été surpris dans ma vie sexuelle de rencontrer donc une proportion non négligeable de gens : soit l’un soit l’autre. Parfois c’est vraiment « comme ça », mais souvent2 j’ai dénoté des clichés tout à fait ancrés dans nos mœurs et comportements. Je ne crois pas que ce soit critiquable, et en tout cas c’est souvent ce qu’on voit en représentation pornographique, car ce sont bien ces positions extrêmes et tranchées qui excitent et fournissent des matériaux de fantasme3. Mais cette polarisation des pratiques sexuelles va s’étendant vers des pratiques BDSM ou des paraphilies étonnantes, mais passionnantes, pour tout un chacun.

Car avec ce renforcement des « caractères », j’ai rencontré des actifs qui n’embrassent pas ou ne sucent pas, et aussi des passifs qui refusent qu’on touche leur sexe et qui ne visent que le plaisir anal, et rien que cela. Et ce sont ces derniers qui m’intéressent dans cet article et qui résonnent avec le mot du jour. Ces dernières années, et je suis épaté encore à mon âge de constater que, même si on n’a rien inventé en pratique sexuelle depuis les temps immémoriaux (je l’imagine en tout cas4), on recycle beaucoup, et on remet beaucoup à la mode des méthodes et des standards technologiques, on voit dans ce cadre un retour en force des cages de chasteté (mais pour du plaisir plus que de la punition quoi que ^^ ). Elles enferment donc les pénis dans une position flaccide pour une durée plus ou moins longue, et cela joue aussi sur la retenue et l’edging (le fait de se retenir de jouir le plus longtemps possible, tout en étant stimulé, puis de relâcher tout ça dans un bonheur décuplé), mais également sur une soumission quand c’est un tiers qui commande l’enfermement et la libération des membres contraints.

Nous sommes d’ailleurs en parallèle de cet Inktober with a keyboard, en plein Locktober également, qui consiste à conserver une cage de chasteté pendant tout le mois d’octobre, ou bien le plus longtemps possible. Bon, tout ça me parle dans le sens où je comprends le trip, et l’outillage est assez marrant. Après ça va un peu plus loin dans des vidéos (comme toujours) où la cage est vraiment portée pour souligner le caractère purement anal de la prestation, alors qu’habituellement dans les pornos, on a les deux interprètes qui éjaculent quels que soient leurs rôles. Quelques performers ont donc développé une certaine notoriété pour porter leur cage, et on voit cette tendance s’affirmer dans un plaisir vraiment uniquement anal et allant jusqu’à ne plus avoir d’éjaculation classique.

Mais voilà, le truc peut aller encore plus loin… Cela fait maintenant quelques années que je suis le mouvement « Nullo ». Nullo c’est pour « genital nullification » soit une « annihilation génitale ». Il s’agit concrètement de castration volontaire et d’eunuque nouvelle génération qui sont donc des hommes dépourvus de pénis et de testicules. Ils s’appellent aussi « smoothie5 » pour mettre en exergue le fait qu’ils n’ont plus de « bosse » mais que c’est tout lisse en bas de la ceinture. Il y a plus d’une raison ou d’un objectif pour qu’un homme devienne nullo. Certains hommes donc, dans cette poursuite ultime de ne plus avoir de rapport avec leur pénis et leurs testicules et de se concentrer sur le seul attribut « anal », décident d’aller jusqu’à cette castration complète. Certains ont plus l’air dans une quête de neutralité de genre, ce qui est une autre motivation, mais il me semble que la plupart le font dans une démarche ultime d’appropriation de leur corps, et donc de « séparation » de leur appareil génital.

Bon là du coup c’est considéré à la fois comme une paraphilie mais aussi comme une affection psychique, et c’est vrai que c’est assez difficile de positionner un curseur pareil, même si l’aspect volontaire et la détermination personnelle devraient être les seuls indicateurs (je me demande sincèrement). Il y a en tout cas une vraie importance dans la démarche, mais aussi dans la transformation de ces nullos6.

Ils exposent sur les réseaux sociaux (qui le permettent) leurs corps et c’est assez troublant, car, en effet, il n’y a « rien ». Un simple orifice pour uriner, le pubis plus ou moins poilu, et le vide intersidéral… Physiquement, cela reste vraiment des hommes en termes d’expression de genre, et ils ont les comportements sexuels identiques à ce que je peux voir des gars avec des cages. Mais voilà, c’est la cage de chasteté ultimissime, avec tout un comportement particulièrement soumis dans des rapports BDSM très intenses.

Evidemment le côté mutilation volontaire et irréversibilité posent question, mais aussi l’aspect santé avec le fait de ne plus vivre avec ses petites gonades, mais il y a sans doute des traitements hormonaux substitutifs pour cela (il existe des ablations de ce type suite à des cancers, donc ce n’est pas non plus une opération inédite). Le trouble en question est appelé syndrome skoptique, et c’est basé sur la secte des « scoptes » au 18e (mais encore vivace jusqu’au 20ème apparemment). Cette secte russe, qui appartenait à un mouvement religieux chrétien, se basait sur un retour aux racines de l’humanité. Ses adeptes étaient alors convaincus qu’Adam et Eve n’avaient pas d’organes reproducteurs avant le serpent et le péché originel, et que la mutilation pour hommes (pénectomie et orchidectomie) et femmes (mammectomie) étaient le moyen de recouvrer cette innocence des temps anciens.

  1. Contre-natur-haaaan. ↩︎
  2. Je fais exprès des généralités que j’assume, mais qui ne sont donc que mes élucubrations personnelles à ne pas prendre au pied de la lettre. ↩︎
  3. Modulo le retournement de situation qui propose littéralement une surprise qui ne manque souvent pas de sel. ↩︎
  4. Les puppies sont sans doute une catégorie à part d’ailleurs ! ↩︎
  5. Rien à voir avec les jus de fruits. Hu hu hu. ↩︎
  6. En français, forcément ça fait aussi « nulos » ce qui est phonétiquement péjoratif. ↩︎

Iwak #29 – Leçon

Il y a d’abord cette citation qui vient des mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar :

Je ne méprise pas les hommes. Si je le faisais, je n’aurais aucun droit, ni aucune raison, d’essayer de les gouverner. Je les sais vains, ignorants, avides, inquiets, capables de presque tout pour réussir, pour se faire valoir, même à leur propres yeux, ou tout simplement pour éviter de souffrir. Je le sais : je suis comme eux, du moins par moments, ou j’aurais pu l’être. Entre autrui et moi, les différences sont trop négligeables pour compter dans l’addition finale. Je m’efforce donc que mon attitude soit aussi éloignée de la froide supériorité du philosophe que de l’arrogance du César. Les plus opaques des hommes ne sont pas sans lueurs : cet assassin joue proprement de la flûte ; ce contremaître déchirant à coups de fouet le dos des esclaves est peut-être un bon fils : cet idiot partagerait avec moi son dernier morceau de pain. Et il y en a peu auxquels on ne puisse apprendre convenablement quelque chose. Notre grande erreur est d’essayer d’obtenir de chacun en particulier les vertus qu’il n’a pas, et de négliger de cultiver celles qu’il possède.

C’est un résumé assez impressionnant (d’un pan) de la pensée stoïcienne, mais c’est évidemment surtout son successeur et héritier adoptif, Marc-Aurèle, qui sera (et l’est encore aujourd’hui) dénommé l’Empereur-Philosophe. Et même si j’en ai parlé et reparlé ici, tout a en réalité commencé par cette « vérité » d’Épictète dont le « Manuel » du stoïcisme est une référence puisque c’est un de ces disciples (Arrien) qui a compilé ses « notes de cours » pour notre édification.

Il y a des choses que nous contrôlons et d’autres que nous ne contrôlons pas. Ce que nous contrôlons, ce sont nos jugements, nos opinions, nos objectifs, nos désirs, nos peurs — en bref, nos pensées et nos actions. Ce que nous ne contrôlons pas, c’est notre apparence physique, la classe sociale dans laquelle nous sommes nés, notre réputation aux yeux des autres, la richesse, la célébrité, le pouvoir ou les honneurs qui pourraient nous être accordés.

Tant que nous restons dans notre sphère de contrôle, nous sommes naturellement libres, indépendants et forts. En dehors de cette sphère de contrôle, nous sommes faibles, limités et dépendants.

Souviens-toi donc que si tu fondes tes espoirs sur des choses que tu ne contrôles pas, ou si tu considères comme t’appartenant des choses qui appartiennent aux autres, tu seras susceptible de trébucher, de tomber, de souffrir et de blâmer les Dieux et les hommes. Mais si tu concentres ton attention seulement sur ce qui te concerne et laisse aux autres ce qui les concerne, alors tu seras maître de ton esprit. Personne ne pourra te blesser ou te nuire. Tu ne t’en prendras à personne, tu n’accuseras personne, tu ne feras rien malgré toi, personne ne te nuira et tu n’auras pas d’ennemis.

Si tu souhaites la sagesse et la tranquillité, libère ton attachement de tout ce qui est hors de ton contrôle. C’est le chemin vers la liberté et le bonheur. Si tu ne veux pas seulement la sagesse et la tranquillité, mais aussi le pouvoir et la richesse, tu risques de compromettre les premiers en essayant d’atteindre les seconds. Et en chemin, il est absolument certain que tu perdras liberté et bonheur.

A chaque fois qu’une idée pénible ou une contrariété apparait dans ton esprit, rappelle toi de te dire « Ce n’est que mon interprétation, pas la réalité elle-même ». Puis examine-la et demande toi si elle est sous ton contrôle ou au contraire hors de ton contrôle. Et si c’est hors de ton pouvoir de la contrôler, dit simplement « Cela ne me concerne pas » et laisse la aller.

Manuel d’Epictète — Chapitre 1 (publié vers 125 Ap JC)

Aaaah la quête pour l’ataraxie, la paix de l’âme, un principe si bouddhiste qu’il est possible qu’il ait été introduit en Grèce suite aux incursions d’Alexandre le Grand en Inde, et tous les échanges (entre deux bastons) qui en ont résulté.

Mais avec la plume de Marc-Aurèle, c’est vrai que ses pensées pour lui-même sont des messages majeurs pour moi. Et je suis super troublé de lire que c’est le cas aussi pour Louis Sarkozy, ce qui me fait me demander si je ne me suis pas leurré, ou lui ? On doit sans doute être deux zélotes qui parvenons à nous approprier ces pensées et principes directeurs avec pourtant des principes moraux dans le fond qui sont à peu près à 180° (car on met le doigt sur ce qui nous parle, et on détourne le regard sur des choses plus gênantes, et on interprète aussi évidemment à l’envi).

De Sextus : la bienveillance ; l’intelligence de ce que c’est que vivre conformément à la nature ; la gravité sans affectation ; la sollicitude attentive pour les amis ; la patience envers les ignorants et envers ceux qui décident sans avoir réfléchi ; l’art de s’accommoder à toutes les espèces de gens, de telle sorte que son commerce était plus agréable que toute flatterie, et qu’il leur imposait, par la même occasion, le plus profond respect ; l’habileté à découvrir avec intelligence et méthode et à classer les préceptes nécessaires à la vie ; et ceci, qu’il ne montra jamais l’apparence de la colère ni d’aucune autre passion, mais qu’il était à la fois le moins passionné et le plus tendre des hommes ; l’art de savoir sans bruit adresser des louanges, de connaître beaucoup sans chercher à briller.

Livre 1 – IX des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Il ne faut pas seulement considérer que la vie chaque jour se consume et que la part qui reste diminue d’autant. Mais il faut encore considérer ceci : à supposer qu’un homme vive longtemps, il demeure incertain si son intelligence restera pareille et suffira dans la suite à comprendre les questions et à se livrer à cette spéculation qui tend à la connaissance des choses divines et humaines. Si cet homme, en effet, vient à tomber en enfance, il ne cessera ni de respirer, ni de se nourrir, ni de former des images, ni de se porter à des impulsions, ni d’accomplir toutes les autres opérations du même ordre ; mais la faculté de disposer de soi, de discerner avec exactitude tous nos devoirs, d’analyser les apparences, d’examiner même s’il n’est point déjà temps de sortir de la vie, et de juger de toutes les autres considérations de ce genre qui nécessitent une raison parfaitement bien exercée, cette faculté, dis-je, s’éteint la première. Il faut donc se hâter, non seulement parce qu’à tout moment nous nous rapprochons de la mort, mais encore parce que nous perdons, avant de mourir, la compréhension des questions et le pouvoir d’y prêter attention.

Livre 3 – I des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Vénère la faculté de te faire une opinion. Tout dépend d’elle, pour qu’il n’existe jamais, en ton principe directeur, une opinion qui ne soit pas conforme à la nature de la constitution d’un être raisonnable. Par elle nous sont promis l’art de ne point se décider promptement, les bons rapports avec les hommes et l’obéissance aux ordres des Dieux.

Livre 3 – IX des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Si tu remplis la tâche présente en obéissant à la droite raison, avec empressement, énergie, bienveillance et sans y mêler aucune affaire accessoire ; si tu veilles à ce que soit toujours conservé pur ton génie intérieur, comme s’il te fallait le restituer à l’instant ; si tu rattaches cette obligation au précepte de ne rien attendre et de ne rien éluder ; si tu te contentes, en ta tâche présente, d’agir conformément à la nature, et, en ce que tu dis et ce que tu fais entendre, de parler selon l’héroïque vérité, tu vivras heureux. Et il n’y a personne qui ne puisse t’en empêcher.

Livre 3 – XII des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

On se cherche des retraites à la campagne, sur les plages, dans les montagnes. Et toi-même, tu as coutume de désirer ardemment ces lieux d’isolement. Mais tout cela est de la plus vulgaire opinion, puisque tu peux, à l’heure que tu veux, te retirer en toi-même. Nulle part, en effet, l’homme ne trouve de plus tranquille et de plus calme retraite que dans son âme, surtout s’il possède, en son for intérieur, ces notions sur lesquelles il suffit de se pencher pour acquérir aussitôt une quiétude absolue, et par quiétude, je n’entends rien d’autre qu’un ordre parfait.

Accorde-toi donc sans cesse cette retraite, et renouvelle-toi. Mais qu’il s’y trouve aussi de ces maximes concises et fondamentales qui, dès que tu les auras rencontrées, suffiront à te renfermer en toute ton âme et à te renvoyer, exempt d’amertume, aux occupations vers lesquelles tu retournes. Contre quoi, en effet, as-tu de l’amertume ? Contre la méchanceté des hommes ? Reporte-toi à ce jugement que les êtres raisonnables sont nés les uns pour les autres, que se supporter est une partie de la justice, que les hommes pèchent involontairement, que tout ceux qui jusqu’ici se sont brouillés, soupçonnés, haïs, percés de coups de lances, sont allongés, réduits en cendres ! Calme-toi donc enfin.
[…]

Il reste donc à te souvenir de la retraite que tu peux trouver dans le petit champ de ton âme. Et, avant tout, ne te tourmente pas, ne te raidis pas ; mais sois libre et regarde les choses en être viril, en homme, en citoyen, en mortel. Au nombre des plus proches maximes sur lesquelles tu te pencheras, copte ces deux : l’une, que les choses n’atteignent point l’âme, mais qu’elles restent confinées au-dehors, et que les troubles ne naissent que de la seule opinion qu’elle s’en fait. L’autre, que toutes ces choses que tu vois seront, dans la mesure où elles ne le sont point encore, transformées et ne seront plus. Et de combien de choses les transformations t’ont déjà eu pour témoin ! Songes-y constamment. « Le monde est changement ; la vie, remplacement. »

Livre 4 – III des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Tout ce qui arrive est aussi habituel et prévu que la rose au printemps et les fruits en été ; il en est ainsi de la maladie, de la mort, de la calomnie, des embûches et de tout ce qui réjouit ou afflige les sots.

Livre 4 – XLIV – III des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

On n’a pas lieu d’admirer ton acuité d’esprit. Soit. Mais il est bien d’autres qualités dont tu ne peux pas dire : « Je n’ai pour elles aucune disposition naturelle. » Acquiers-les donc, puisqu’elles dépendent entièrement de toi : sincérité, gravité, endurance, continence, résignation, modération, bienveillance, liberté, simplicité, austérité, magnanimité. Ne sens-tu pas combien, dès maintenant, tu pourrais acquérir de ces qualités, pour lesquels tu n’as aucune incapacité naturelle, aucun défaut justifié d’aptitude ? Et cependant tu restes encore de plein gré au-dessous du possible. A murmurer, lésiner, flatter, incriminer ton corps, chercher à plaire, te conduire en étourdi et livrer ton âme à toutes ces agitations, est-ce le manque de dispositions naturelles qui t’y oblige ? Non, par les Dieux ! Et, depuis longtemps, tu aurais pu te délivrer de ces défauts, et seulement, si c’est vrai, te laisser accuser de cette trop grande lenteur et de cette trop pénible difficulté à comprendre. Mais, sur ce point même, il faut t’exercer, et ne point traiter par le mépris cette lourdeur, ni t’y complaire.

Livre 5 – V des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Poursuivre l’impossible est d’un fou. Or, il est impossible que les méchants ne commettent point quelques méchancetés.

Livre 5 – XVII des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Ne suppose pas, si quelque chose t’est difficile, que cette chose soit impossible à l’homme. Mais, si une chose est possible et naturelle à l’homme, pense qu’elle est aussi à ta portée.

Livre 6 – XIX des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Si quelqu’un peut me convaincre et me prouver que je pense ou que j’agis mal, je serai heureux de me corriger. Car je cherche la vérité, qui n’a jamais porté dommage à personne. Mais il se nuit, celui qui persiste en son erreur et en son ignorance.

Livre 6 – XXI des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Personne ne t’empêchera de vivre selon la raison de ta propre nature ; rien ne t’arrivera qui soit en opposition avec la raison de la nature universelle.

Livre 6 – LVIII des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Creuse au-dedans de toi. Au-dedans de toi est la source du bien, et une source qui peut toujours jaillir, si tu creuses toujours.

Livre 7 – LIV des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

[…] Si tu as donc exactement compris où tu en es, ne te soucie plus de ce qu’on peut penser de toi, mais contente-toi de vivre le reste de ta vie, quelle qu’en soit la durée, comme le veut la nature. Réfléchis donc à ce qu’elle veut, et qu’aucun autre souci ne te distraie. […]

Livre 8 – I des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Les hommes sont faits les uns pour les autres ; instruis-les donc ou supporte-les.

Livre 8 – LIX des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Tu peux supprimer bien des sujets pour toi de trouble superflus et qui n’existent tous qu’en ton opinion. Et tu t’ouvriras un immense champ libre, si tu embrasses par la pensée le monde tout entier, si tu réfléchis à l’éternelle durée, si tu médites sur la rapide transformation de chaque chose prise en particulier, combien est court le temps qui sépare la naissance de la dissolution, l’infini qui précéda la naissance comme aussi l’infini qui suivra la dissolution !

Livre 9 – XXXII des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Il ne s’agit plus du tout de discourir sur ce que doit être l’homme de bien, mais de l’être.

Livre 10 – XVI des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Dans l’art de l’écriture et de la lecture, tu ne peux enseigner avant d’avoir appris. Il en est de même, à plus forte raison, de l’art de la vie.

Livre 11 – XXIX des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Le salut de la vie consiste à voir à fond ce qu’est chaque chose en elle-même, quelle est sa matière, quelle est sa cause formelle ; à pratiquer la justice, du fond de son âme, et à dire la vérité. Que reste-t-il, sinon à tirer parti de la vie pour enchaîner une bonne action à une autre, sans laisser entre elles le plus petit intervalle ?

Livre 12 – XXIX des Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

Iwak #28 – Squelettique

J’ai beaucoup parlé des films Pixar dans ce blog, et il y a eu tellement de super bonnes choses à dire ! Et puis, quelques uns un peu moins bons, et depuis quelques années, c’est assez décevant, avec malgré tout quelques pépites… Et le dernier carton de Pixar c’est clairement ce film de 2017 : Coco.

C’est un des rares que je n’ai pas vu au cinéma, car j’étais un peu lassé par les Pixar. Et je l’ai vu un peu par hasard lors d’un long vol en avion, alors que j’avais regardé un peu tout ce qui m’avait tapé dans l’œil. Et vraiment je n’y croyais pas, et c’est sans doute comme cela qu’on est cueilli le plus efficacement ! Car ce truc est une réussite absolue, et à la fin vous êtes obligé de verser une larmichette à moins d’être sociopathe dépourvu de capacité lacrymale. ^^

Le film se passe au Mexique et on suit le petit Miguel qui est mélomane et musicien passionné, alors que sa famille proscrit totalement la musique. Mais pendant Día de Muertos, plein de choses vont lui arriver !! Et il va notamment partir à la recherche de ses ancêtres et de secrets de famille directement au pays des morts. Là il y rencontre plein de morts qui sont tous et toutes représentés par des squelettes habillés et maquillés à la Día de Muertos (ou un peu comme mon mari lors d’un Halloween passé ^^ ).

Le film parvient à encore une fois parler de la mort sans que ce soit tragique ou triste à mourir, mais au contraire on a une musique géniale, et énormément d’humour. On se prend à trouver tous ces squelettes parfaitement charmants, et cerise sur le gâteau, la grande grande star du pays des morts, celle qui organise les meilleures fêtes, et dont tout le monde imite le look (hommes et femmes fans de Frida se déguisent comme elles, c’est hilarant) est : Frida Kahlo évidemment !!

Il y a aussi le classique personnage secondaire hilarant et attachant qui est le chien Dante, qui est bien sûr un Xoloitzcuintle, typique du coin et avec une trombine pas possible. Et quand Mama Coco à la fin… Oooouuuuuh !! Je pleure. ^^

Et je vois que Garf aussi a cité Coco, ce qui me fait très plaisir.