Clairement, tout cela a commencé1 avec Le Choc des Titans (1981), et un véritable émerveillement ayant découvert que Zeus avait arrangé les étoiles et nommé les constellations à partir des héros du film. Très tôt je savais reconnaître Cassiopée, la Grande et Petite Ourse, le Bouvier et quelques trucs, mais c’est assurément avec les Chevaliers du Zodiaque que la passion s’est véritablement ancrée. 88 constellations, 88 chevaliers, c’est tellement de la balle !!!
C’est encore aujourd’hui un truc que j’adore, sans doute autant que les couchers de soleil, mais j’ai évidemment moins l’occasion de le partager, et un ciel étoilé est déjà compliqué à photographier, mais je crois que la plupart trouverait un intérêt très limité à la répétition de l’exercice. Mais comme les positions des constellations sont différentes à chaque jour et chaque heure de la nuit, que la pollution lumineuse, les conditions atmosphériques peuvent tout altérer, en réalité aussi il n’y a pas deux nuits identiques.
J’aime en particulier les groupes d’étoiles qui forment vraiment un truc homogène en luminosité et dont le signe de ralliement est évident. Et ce sont vraiment ceux qui servent de repères quasi fixes dans cette toile mouvante, même si parfaitement prédictible. Celui que je repère tout le temps et qui m’a fasciné depuis toujours ce sont les amas des Pléiades. Dans la constellation du taureau, ce p’tit truc est mon clin d’œil d’automne et d’hiver car on ne le perçoit dans notre hémisphère qu’entre octobre et avril, le reste de l’année ce sont nos camarades du dessous qui en profitent. En plein hiver, dans une nuit glaciale et sèche, en pleine campagne, sans une loupiote, cet astérisme prend toute sa splendeur, alors qu’il reste très discret parce que pas forcément très lumineux. Mais la luminosité est très homogène et c’est tout resserré. Une fois que vous l’avez vu, vous ne pouvez plus l’oublier, il est d’une beauté frappante.
L’autre que j’aime beaucoup c’est la couronne boréale. Comme pour les Pléiades, j’avais remarqué ces constellations ou groupes d’étoiles très jeunes, et c’est longtemps après que j’ai regardé dans une carte stellaire pour savoir ce que c’était (merci le journal de Mickey pour la carte ^^ ). Donc moi, j’étais persuadé que j’avais découvert la constellation du Scorpion, parce que ce truc là ne pouvait être que la queue en boucle et venimeuse de la bestiole. Et donc j’ai pointé cela à pas mal de gens en toute certitude et décontraction (du haut de mes 12 ans vainqueur et omniscient évidemment).
Mais quand j’ai finalement appris que c’était la couronne boréale, j’ai trouvé que c’était un nom qui avait de la gueule pour une si belle chose nocturne. Elle n’est pas très loin du Bouvier, notamment en partant de l’étoile la plus brillante, Arcturus (oui le prince d’Euphor n’est pas loin…) et en portant son regard vers Hercule, on tombe facilement dessus.
Ok j’en ai déjà vaguement parlé dans un Iwak, mais je vais aller ailleurs. ^^ ↩︎
Souvent quand je commence à rédiger, je pars très vite sur le truc évident qui me vient à l’esprit. Mais comme je suis un mec un peu limité, et surtout que j’écris ce machin depuis plus de vingt ans, je tourne à vrai dire un peu en rond et je raconte à peu près toujours la même chose, mais un peu différemment. Parfois je ne le réalise que plusieurs années plus tard, en voyant que j’ai raconté n fois la même anecdote mais dans des contextes différents (pour le moment je ne me suis pas pris en flagrant délit de mythomanie, tout cela est fort cohérent). Il m’arrive aussi d’être très content d’un titre d’article, et puis de voir un petit « 2 » dans le slug1, et me dire meeeeerde j’y avais déjà pensé.
Donc là, j’ai d’abord pensé à Louise Bourgeois et ses araignées, mais je me suis moi-même mis la puce à l’oreille, et j’en avais carrément déjà parlé lors d’un Iwak précédent, et carrément sur le mot « Araignées ». Sur le coup, j’ai dû vraiment avoir exactement le même cheminement de pensées, et j’avais même en tête l’image d’illustration avec son araignée tokyoïte que j’avais vu recouverte de bouts de tricots fabuleux. Mais donc, pas de redite cette fois-ci.
Ce qui m’est tout de suite venu après ce sont les Moires, ces déesses grecques extraordinaires qui filent, tissent et coupent nos vies et destinées. Ce sont les Parques en latin, et on en retrouve des tas d’exemples très proches dans à peu près toutes les civilisations et systèmes de religion, ce que je trouve vraiment fort fascinant. Et puis en y regardant de plus près avec Clotho (Κλωθώ / Klôthố, « la Fileuse ») qui tisse le fil de la vie, Lachésis (Λάχεσις / Lákhesis, « la Répartitrice ») qui le déroule, et enfin Atropos (Ἄτροπος / Átropos, « l’Inflexible ») qui le coupe2, bah je me suis un peu planté en fait. Ce sont beaucoup plus des fileuses que des tisseuses… Mais comme j’avais déjà trop rédigé mon article, bah je continue sur ma lancée, et tant pis !!
Et puis avec les années et les relectures, les mouflettes d’Atropos est devenu un livre assez culte pour moi. Tandis que je me permets de vous exposer en figure de proue de cet article édifiant (au moins) mon propre labeur en la matière, ce qui se résume en un sublime bracelet brésilien un rien militant. ^^
Voilà, je crois qu’il vaut mieux que je m’arrête là, ce post est assez absurde comme cela.
C’est la transformation automatique qui compose les mots de l’adresse web qui s’affiche tout là-haut, elle est basée sur la phrase du titre. ↩︎
Quand j’ai trouvé ce coussin, je n’ai pas hésité une seconde. C’était absurde et drôle, mais c’était un message caché et à la vue de tous pour le chérichou. Parce que, oui, j’adore sa moustache. Je l’ai toujours connu plus ou moins moustachu, mais toujours assez vaguement car sa pilosité faciale ne lui autorise pas beaucoup plus de fantaisie dans ce domaine. Il ne sera jamais un ogre bucheron des grands froids canadiens, et ce n’est pas grave (tant pis quoi, hu hu hu).
Au contraire, sa petite moustache de dandy, parfois de grand sage chinois de pacotille hollywoodienne selon son entretien, est une signature familière et rassurante, parfois sexy en diable et retroussée, souvent une sensation hérissée sur mes lèvres. J’aime aussi la voir disparaître de temps en temps, mais uniquement pour petit à petit la revoir émerger et se matérialiser, jour après jour. D’ombre, elle redevient marque, puis s’enferre dans les broussailles.
Mais parfois quelques coups de ciseaux, des onguents mystérieux, une attention particulière et raisonnée, et il sort de la douche tel un matamore vainqueur et ragaillardi, et je me dis en le voyant « J’adore ta moustache ! ».
Ouai ça c’est ma tête, en ce dimanche, pendant que mon mari ahane, tousse et expectore moult miasmes sur le canapé, se remettant difficilement d’une infection carabinée de la sphère ORL (le truc du moment là, savant mélange de COVID, angine, laryngite et autres joyeusetés de l’Automne), moi je bosse là. Enfin j’aimerais bosser.
Parce que ce sont les derniers jours comme je vous ai dit, mais donc ma propension à procrastiner est à son zénith absolu. Et donc nous voilà en ce dimanche après-midi, et me voilà à bloguer car c’est urgent n’est-ce pas ? ^^
Bon et après, je m’y mets !!!
Mais laissez moi d’abord vous dire comme la journée était douce et agréable hier, malgré les frimas qui arrivent, et la lumière qui change, les rayons du soleil qui n’ont pas la même inclinaison, un truc un peu doré qui ne nous réchauffe plus autant. Le petit tour au centre-ville, à deux pas de la nouvelle maison, pour sentir un peu de cette nouvelle saison, et encore de la fin de l’été, avec des places publiques noires de monde, des gens qui se marient devant la mairie, qui dansent devant l’opéra et qui magasinent… Le ciel encore bleu, mais le fond de l’air un peu frisquet, on est sorti trop habillé, on retire des couches, et on va attraper froid. ^^
Je crois que le truc qui m’a tout de même fait du bien cette semaine, c’est cette condamnation qui, pour qu’elle arrive avec cette sévérité et outrecuidance, repose sur un dossier en béton, le truc tellement évident que même en étant le plus inféodé au pouvoir, on ne peut tout de même pas être à ce point dans un déni de justice. Les levers de boucliers conséquentes nous montrent bien nos ennemis, et c’est sans doute le traitement médiatique de ce jugement qui m’effraie le plus. Cette remise en question d’une justice indépendante, ce piétinement de l’état de droit et de l’égalité des citoyens face à la justice. C’est grave et dangereux.
Vidéo humoristique avec un détournement évidemment manifeste.
Bon sinon, car jirai jusqu’au bout de mes velléités de procrastinateur, ça m’a fait beaucoup rire ça.
Et puis ça aussi, dans un genre d’humour assez différent mais très geek évidemment. ^^
Je mange souvent seul comme un pauvre malheureux au bureau le midi. Et j’ai pris l’habitude de regarder les intros de certains late shows américains. Depuis Trump, je trouve que c’est la manière la plus supportable d’avoir des nouvelles des USA sans avoir ensuite envie de se jeter par la fenêtre.
J’aime beaucoup Stephen Colbert du Late Show et Jon Stewart du Daily Show. Etrangement, je ne regarde pas Jimmy Fallon et son Tonight Show. J’ai une préférence marquée pour Seth Meyers et le Late Night. Sa pastille « A closer look » est carrément irrésistible. Ils déploient tous un humour et une dérision à la newyorkaise que j’adore, et on retrouve un savoir-faire et dire à l’américaine génial sur la forme, extrêmement drôle mais aussi d’une sagacité et d’une grande finesse dans les propos (ils ont tous une palanquée d’auteurs qui bossent en bande organisée). Je regarde aussi les intros de Jimmy Kimmel qui a l’originalité d’être le seul hôte d’un late show depuis Los Angeles, donc résolument côte ouest.
Evidemment ces bougres sont de gauche, en tout cas toute proportion gardée car la gauche américaine est une sorte d’oxymore, ce sont même des « ultra-gauche » sur l’échelle de Retailleau (bon ok, c’est pas difficile ça). Et alors que l’on voit un recul extraordinaire de l’état de droit aux USA, et que là on se demande carrément si la démocratie n’est pas en danger. Eh bien, ces émissions sont attaquées à leur tout. D’abord Stephen Colbert, qui présente l’émission la plus connue et regardée, a vu il y a quelques semaines son show annulé par CBS. Evidemment ça fait parler, ça bruit, ça soupire, mais c’est un fait. Et ça passe.
Et là c’est Jimmy Kimmel, suite à un commentaire complètement banal sur l’assassinat d’un fasciste homophobe raciste et misogyne (et vraiment je suis gentil, il n’y a pas de meilleur qualificatif pour ce type), qui se voit remercié par Disney (ABC). Il y a tout de même une certaine levée de boucliers, on voit des annulations à Disney Plus et quelques coups d’épées dans l’eau, mais là on y est vraiment. Je sais que Kimmel vient d’être à priori reprogrammé, mais les attaques sont bien là et c’est terriblement flippant. Avec Trump c’est comme toujours en plus des attaques stupides, violentes et illégales, et plus c’est énorme, plus ça passe…
Les autres présentateurs de shows réagissent bien sur, et continuent à tourner en dérision le pouvoir. Mais on assiste à un truc complètement fou… Ils ont tous ironisé sur la manière dont ils allaient maintenant célébrer le pouvoir en place pour garder leur place, mais c’est sans doute un présentateur hollandais, Arjen Lubach, qui a réalisé le plus drôle et grinçant des détournements.
J’ai bien aimé aussi ce rappel sur fond de culture pop :
Avec la référence pour les béotiens. ^^
Car cette scène pour l’enterrement du type dont je parlais plus haut, avec Trump qui a encore dit des horreurs, est effrayante. Et en France, nos trumpistes maison ont commencé à faire exactement la même chose, et la fenêtre d’Overton s’est encore assez déplacée pour que la presse généraliste parle de ce type mort comme un simple « polémiste influenceur MAGA ». Nan mais ça va pas hein…
Car ce qui me fait peur c’est vraiment que les USA ne sont que l’exemple par lequel nous voyons exactement ce qui se passe en France, et globalement en Europe, avec un retard de quelques années. Avant c’était vingt ans, mais aujourd’hui le mimétisme est bien plus véloce. Et on voit déjà l’abêtissement généralisé de la société, le nivellement par le bas des journalistes, la polarisation venue des algorithmes publicitaires qui a infecté tout notre environnement, et absolument tout ce qui est diffusé (même la radio qui est encore « pure » y passe).
On va se payer exactement la même chose, peut-être avec des méthodes légèrement différentes, mais il va se passer la même chose, c’est inexorable.
Et en parallèle, je lis encore un post de Romain sur Facebook qui me fait réagir. Je sais que le sujet est différent, mais en réalité tout est lié selon moi.
Dans l’avion, j’étais assis à côté d’Ewan. Un gamin de dix-neuf ans, agent de sécurité le jour, combattant de MMA le reste du temps. Il part s’entraîner en Géorgie comme d’autres vont prier. Il paraît qu’ils sont bons en MMA, les Georgiens. Alors il part là-bas prendre des baffes jusqu’à se faire péter les neurones. Il n’est ni en colère ni fanfaron — plutôt doux, résigné. Il ne croit plus à l’école, plus au travail, plus à la France. Les Etats-Unis ne l’intéressent pas. Il croit vaguement à Dubaï, à TikTok et à Gattouz0, un acteur porno influenceur qui apparemment fait le tour du monde à coups de bite et dont j’ignorais jusqu’ici l’existence. Enfin, il m’a raconté ça mais le cul, ça l’intéresse pas des masses. L’amour encore moins. Même le dernier iPhone ne le fait plus rêver : « Tu l’as voulu un an ; au bout d’une semaine, tu t’en fous. » Je crois qu’il a raison.
Il m’a raconté, sans emphase, ces « combats » en ligne organisés par des influenceurs sur des plateformes dont je n’avais jamais entendu parler. Il ne me parlait pas d’un ailleurs exotique mais du présent qui grouille sous mon nez et auquel je suis aveugle. En l’écoutant, je me suis dit : «Le présent, c’est lui. Ce n’est plus moi. » Sauf qu’il n’a pas d’avenir : « Moi ? Je mourrai avant mes quarante ans », il a dit. Bombe sèche. Je n’ai pas su quoi répondre. Moi qui ai dépassé la quarantaine, mais qui n’en fais pas grand-chose. Vous voyez la rencontre entre Tyler et Jack dans Fight Club ? Gamin, je rêvais d’être Brad Pitt et me voila en Edward fucking Norton dans un vol low cost.
En le quittant sur le tarmac d’Istanbul, je me suis dit deux choses : on a vraiment livré un monde de merde à ces gosses. Et puis aussi : ma jeunesse est morte. Je l’ai dans le dos. Mais je la préfère à la sienne. Mais ça, je me suis bien gardé de lui dire.
Bon tout ça c’est encore de la faute à l’IA… Ou en tout cas, l’IA apporte aussi dans ce cadre son lot de fléaux bibliques… J’ai souri à cette référence à Platon qui est assez connue, et qui évoque l’impact négatif de l’écriture sur la mémoire des gens. On parlait d’internet de la même manière, et avant de l’informatique, et avant, et avant et avant… ^^
366 avant JC, Platon dans le Phèdre se demande si l’écriture ne va pas nous rendre idiots et nous faire « perdre la mémoire ».
Dans la continuité de la découverte de Rennes et ses joyeusetés, on reste dans le volet « Drag show » mais alors on passe de l’autre côté du spectre. Un 180° dans la facette indépendante, militante et performance. Mais bon, il faut de tout pour faire un monde. ^^
Mais là, c’était un peu trop diamétralement opposé à mon goût à ce drag show très chouette au Marquis de Sade, avec un événement organisé par le Mama Shelter local et avec une boîte de prod « Drag ». On est tombé dans le truc complètement main stream, mais à un point que je ne soupçonnais pas. Pourtant j’ai bossé dans l’hôtellerie de luxe, et je connais les ressorts de ces soirées qui voulant surfer sur une mode se font les succédanés d’une mouvance de société pour le présenter de manière très polie et policée à des gens qui n’ont rien à avoir avec la choucroute. Mais tout le monde fait semblant, et c’est sans doute le plus ridicule de la situation.
Dieu sait que j’étais sans doute plus à ma place dans la cour intérieure pavée charmante d’un hôtel de luxe, mais je me sentais tellement mieux et à l’aise dans mes baskets dans un rade libertaire à la scène décrépite.
Mais ça aurait pu le faire si ça avait été un super show drag. Et pas vraiment, même si c’était tout à fait sympathique avec Quetzal (déjà vue à Paris l’année dernière d’ailleurs) et une bande de drags latinas dont des pointures dans le domaine, avec le sacro-saint tampon « Drag Race » et le name-dropping des saisons ou All-Stars dans lesquels les artistes ont figuré.
Mais ça a commencé par une maladroite session de bingo-drag pas très bien animée et assez pénible. Et pour le show, bah c’est une succession de pageant queens qui lip-sync. Et donc même si les trois invités sont en effet très bonnes et savent jouer les « entertainers », cela ne suffit pas à mettre une ambiance alors qu’il n’y a même pas un projecteur, une sonorisation à la hauteur, et un public totalement réceptif (pourtant c’était très LGBT). Donc c’était « meh », un peu mou, même si le show de Alyssa Hunter était vraiment de très bon niveau, qu’on retrouvait Jessica Wilde qui est une antédiluvienne participante de RuPaul dont je me souvenais bien et qui en a sous le pied.
Vermelha NoirJessica WildeQuetzal et Runa ThéaAlyssa Hunter
Mais tout ça était poussif, sans message autre que « nous sommes des drags queens », et clairement sous forme d’une attraction d’hôtel… Et comme il n’y avait pas un show à s’en décrocher la mâchoire, bah on est forcément plus difficile. Après je sais que c’est bien aussi le mainstream, les productions sont sollicitées et travaillent, les artistes touchent des sous, et un petit bout de l’esprit du drag parvient tout de même à filtrer…
J’imagine que les choses peuvent aussi s’améliorer si la sauce prend, mais il faudra un peu plus d’exigence. Ce qu’on pouvait pardonner avec un show un peu plus artisanal dans l’arrière-cour d’un rade l’est beaucoup moins dans un endroit pareil.
Les levers de soleil sont plutôt très rares chez moi, car j’aime beaucoup trop dormir. Mais comme je pendule entre Rennes et Nantes deux ou trois jours par semaine, il y a des matins où l’aurore aux doigts de rose pointe son nez et propose des trucs pas trop moches. Bon après à travers les vitres sales ou usées d’un TER qui galope à travers la campagne, c’est la garantie d’un filtre hamiltonien naturel.
Et comme je sais que vous voulez des nouvelles des colochataires, en voilà. Elles se sont vraiment très très bien acclimatées à l’appartement qui leur offre un sacré terrain de jeu. Et Arya en particulier adore pouvoir rentrer par la porte, sortir par la fenêtre, et pouvoir faire le tour de l’appartement en toute liberté. Il commence à faire un peu plus froid, et on voit bien que lorsqu’on devra fermer les pièces « intérieures », il y a aura sans doute quelques miaulements plaintifs.
Il y a eu deux jours un peu compliqués avec beaucoup de cartons, et un de nouvelles odeurs et bruits de voisinage à appréhender, mais grosso modo on les trouve déjà très apaisées et habituées. Et il semble que la routine soit déjà bien intégrée. Il faut dire que Sookie a retrouvé l’usage de son siège bleu moumoute préféré.
On avait aussi installé une petite table avec des coussins pour leur permettre de voir dehors et faire les commères, tout en siestant au soleil. Mais pour le moment c’est Arya qui squatte. De toute façon, Arya c’est la bonne patte, dès qu’on installe un truc, elle l’adopte immédiatement (et on a dû jeter son mini canapé qu’elle a fini par complètement ruiner de ses griffes coupantes comme un rasoir). Et c’est un signe, elle nous refait sa pose « je suis tellement bien que je suis comme morte ».
Nan mais vous voyez ce truc flippant ? Les yeux entrouverts, le corps en chiffon, la bouche un peu ouverte… A chaque fois, je vérifie qu’elle va bien, elle me fout les jetons. Mais donc, ça va du feu de dieu. Elle est juste complètement à l’aise Blaise. ^^
Quand je chemine cahin-caha sur les Internets au quotidien, je me note régulièrement des petits liens, et je continue à en collecter pas mal sur l’IA générative. Quelques trucs optimistes mais surtout énormément de peurs ou de méfiances parfaitement étayées par une intuition solide, des études scientifiques, et parfois la réalité des faits qui se déroulent sous nos yeux. Je ne vais pas vous en pondre un article tous les deux jours, et au contraire de l’immédiateté de nos informations, qui sont obsolètes à peu près deux heures après avoir été publiées, j’attends un peu de voir… pour voir.
Les thématiques autour de l’IA se diversifient, et je vois souvent des « sujets » qui émergent, fleurissent puis s’estompent. Cet été, j’ai lu des tas de choses sur les impacts de l’IA sur l’éducation, et c’est absolument flippant. D’un Monsieur Samovar qui est en pétards, à raison, à Spencer qui s’interroge sur le bienfondé de la technologie en s’aidant de la pensée de Jacques Ellul, et ce brillant papier qui résume parfaitement les choses, c’est une catastrophe qui gronde déjà. Et ce qui est fou c’est que ces phénomènes sociaux qui prenaient des décennies, ne prennent que des mois. On verra dans moins d’un an les impacts de l’usage massif de l’IA générative par nos têtes blondes dans l’éducation, mais également chez les adultes même si ce sera plus diffus.
Très concrètement, c’est Microsoft qui lancé les festivités en annonçant fièrement des licenciements liés aux usages de l’IA dans leurs opérations quotidiennes. C’est beaucoup plus discret chez nous évidemment, mais on le voit déjà par un effet « en négatif » avec des agences de com par exemple qui ont gelé les recrutements de rédacteurs ou de community managers, ou bien qui font faire le boulot de 3 ou 4 personnes par une seule.
Après, l’usage intensif des IA montre que c’est loin d’être la panacée. Entre les modèles qui nécessitent d’utiliser des tas d’humains (sous-payés dans des pays en développement bien sûr) pour les faire évoluer et empêcher des débordements ou hallucinations, mais aussi ces mêmes humains qui doivent modérer des contenus et en sortent traumatisés. Et sur l’usage même, je vois que les sources commencent à sacrément souffrir, on voit des citations de sites web qui sont complètement rédigés par des IA, et on a forcément une baisse de qualité à chaque régurgitation d’une information dont la qualité d’origine est douteuse. Mais ce qui se passe tout simplement, c’est que les créateurs de contenus dont le modèle de subsistance repose sur la publicité sont en train d’arrêter car l’IA ne fait qu’extraire de la valeur sans rien en rétribuer. Et apparemment le phénomène est déjà visible !
Sur le sujet des modèles qui s’épuisent par endogamie, on voyait récemment une recrudescence d’image générée avec un filtre sépia pourri. Et c’est sans doute lié à la mode des images générée avec le style Ghibli qui a inondé les Internets, et en retour cela influence les modèles qui statistiquement considère cela comme une norme à reproduire. Toutes ces limites sont saines et devraient nous permettre de prendre du recul, et de raison garder, mais la course à l’échalotte est bien trop folle pour cela.
Quand j’ai vu cette vidéo sur Mastodon, je me suis vraiment demandé mais ce n’est pas possible, c’est de l’IA non ? Et donc il me semble que c’est une vraie vidéo, mais impossible d’être catégorique. J’aurais tellement envie de m’en émerveiller candidement, mais au lieu de cela je doute… ^^
Et si l’on devait encore se convaincre de l’impact environnemental calamiteux pour l’IA générative, voilà un article pour ajouter de l’eau au moulin. Après c’est valable pour tellement et tellement d’autres choses du domaine du numérique, mais tout aussi globalement de notre modèle de consommation, et finalement du capitalisme tout court. Mais bon ça n’aide pas quoi…
Pour finir sur une note un peu différente mais connexe, j’ai évidemment jubilé à la lecture de ce texte de Karl.
Ne vous laissez pas désabusez par la commercialisation excessive, par la récurrence massive des robots d’indexation quelque soit leur nature : moteur de recherche, data scrapers, AI bots.
Tous ceux-ci peuvent bien indexer tout mon contenu, copier mon contenu, le réinterpréter. Ce n’est pas ce qui m’intéresse. Je trouve du plaisir dans les gens que je lis. J’espère que certains ont du plaisir à me lire. Le reste n’est pas important. Ce n’est pas la première merdification que je vois passer. Les framesets. Je suis encore là. Le flash. Je suis encore là. Les bandeaux publicitaires. Je suis encore là. Le Web 2.0. Je suis encore là. Les réseaux sociaux. Je suis encore là.
En ce moment tout le monde s’affole des bots IA. Je serais encore là après. L’important c’est ce que vous publiez et ce que vous lisez. Les moteurs de recherche peuvent bien mourir. Les bulles X et Y peuvent bien exploser. Les magazines de la tech insipides en ligne peuvent bien cesser de publier. Cela ne me concerne pas. Je lis au quotidien des gens formidables.
J’y ai pensé aussi. C’est vrai que depuis la petite lorgnette de ce site ouaibe écrit à la mimine, je vais continuer à publier mes élucubrations, et à nourrir qui voudra, humains et non-humains. ^^
Après avoir mis en sommeil mes comptes Twitter, Facebook, Whatsapp1 et Instagram, je constate que tout le monde y sévit encore exactement comme avant (et j’y retournerai aussi peut-être hein ^^ ). Et je vois l’hypocrisie des militants anticapitalistes qui disent que c’est essentiel pour toucher les gens, même s’ils nourrissent la bête immonde en passant. Et je vois la bêtise crasse des personnes qui comptent sur ces plateformes pour « tout bloquer », ou bien simplement une candeur insupportable et terriblement endémique d’une société qui est bien trop engluée dans ses rets pour s’en sortir. Thierry Crouzet décrit très bien tout ce qu’il fait pour sortir des algorithmes tout simplement, et c’est passionnant. Car on a tellement l’habitude qu’on nous donne les choses toute crues qu’en effet on est surpris quand on consulte un réseau comme Mastodon ou qu’on termine de lire ses flux RSS.
Bon bah, comme d’hab, j’ai digressé. ^^
Le plus difficile à supprimer alors que les alternatives sont là, c’est insupportable. ↩︎
On vient de débarquer à Rennes, alors forcément moi je cherche les activités LGBTQ+ de mes coreligionnaires bretons. En fouillant un peu sur Instagram, j’ai trouvé cet événement, et j’ai bien compris que ce serait un truc peu à la marge, mais exactement ce qui me plaît dans la créativité et l’inventivité queer du moment. Les shows drag avec Drag Queen en mode « pageant1 » c’est très bien, mais ce n’est pas tout.
Maintenant que des Drag Queens sont à la télévision dans une émission récurrente ou aux JO, et ont gagné une sorte de respectabilité (même si largement à géométrie variable au sein de la société). Et d’ailleurs je ne conspue pas du tout une forme plus « acceptable » et consensuelle qui permet de diffuser des messages au plus nombreux. Mais on peut aussi s’intéresser à tout le spectre de cette queeritude, et s’intéresser à des formes moins lisses, mais tout aussi stimulantes, hautes en couleur, réjouissantes et militantes. Et surtout, on gagne à jeter un coup d’œil du côté de nos copines lesbiennes et tout simplement nos frangines et adelphes.
J’avais adoré découvrir quelques drag kings et queers locales nantaises, ou plus dernièrement à Paris des créatures un peu plus protéiformes et difficiles à cerner. Bien sûr je pense aussi à feu les Paillettes avec leurs shows militants et fabuleux. Et j’ai l’impression que c’est du côté queer de la Force, que la nouveauté se trouve, mais également aussi un ferment intelligent, sensible et savoureux qui ne mérite que d’être découvert et apprécié à sa juste valeur.
Et puis clairement, on sait bien que le combat le plus aigu est celui qui consiste à protéger et aider les personnes trans, et lutter pour leurs droits. Quand je repense à ce moment à Quimper, je tremble encore d’effroi.
Donc là, on est à Rennes avec ce collectif « king » qui s’appelle Kingkea2, alors évidemment ça va être très artisanal et militant. Mais on peut avoir de très bonnes surprises avec ces shows (et j’en ai vus une palanquée), et assurément c’en était une pour nous. Et d’autant plus, qu’on a, je pense, un peu fait se retourner quelques têtes avec nos statures de pédés quadras (avancés) bobo white cis. D’ailleurs on a bien ri quand le monsieur Loyal, Soleil, a plaisanté sur le fait d’être né en 1997 et d’être donc le plus vieux de l’assistance… Hu hu hu.
Mais je m’en balance, et tant qu’on ne fout pas en l’air l’ambiance ou la concorde de l’endroit en faisant peur aux gens (ce qui pourraît arriver, je mesure parfaitement cela, et on est venu car ça paraissait ouvert à toutes et tous). J’insiste un chouïa là-dessus, car je me rappelle très très bien ma propre appréhension lorsque j’avais 19 ans et que je voyais débarquer des hétéros en boîte gay. J’avais besoin d’être avec des gens comme moi, c’était absolument essentiel pour moi, et pour être moi-même une condition sine qua non. La simple présence, toujours trop emphatique, de personnes hétéros me rendait complètement parano et craintif, forcément renfermé…
Or on était clairement dans une (petite) population queer au sens large : trans, non-binaire et jeunes fluides de toutes parts. ^^
L’endroit déjà, c’est un bar qui s’appelle donc le « Marquis de Sade », il faut avouer que ça en jette comme nom ? Hu hu hu. J’adore ce genre de bar libertaire, qui me rappelle exactement les rades parisiens alternatifs qui sont dans la même veine, avec une arrière-salle qui permet d’accueillir des groupes, et donc là quelques personnes assises pour un show. Et le show en question était en réalité précédé par la finale de l’émission de téléréalité : King of Drag. C’est la toute première saison d’une émission comme celle-ci dédiée à des Drag Kings, et présentée par Murray Hill, que je connaissais pour la série Somebody Somewhere.
Sylvestre (Artiste Drag – Chimère)
Mais le plus intéressant c’était la suite et les performances des quelques drags qui étaient invités ce soir. Soleil était le présentateur mais aussi un artiste drag qui a présenté deux performances très engagées avec un drag parfois presque possédé par son show. J’ai beaucoup aimé son visage très mobile, et les détails du maquillage qui masculinisent son visage. Et puis il y a une énergie fascinante qui se dégage de lui, entre BDSM et puissance contrariée, sans doute un peu inabouti mais intéressant !
Soleil (Drag artist)
En réalité, c’est Sylvestre qui a démarré les hostilités, avec une fabuleuse interprétation planante de Si j’étais un oiseau de Bertrand Belin. Excellent lip sync et avec une présence d’une intensité peu commune, c’était vraiment cool.
Sylvestre (Artiste Drag – Chimère)
Après c’était GORKI qui joue sur le registre Drag Queer en démarrant par un classique du drag king dans le rôle du cowboy viril et couillu. Hu hu hu.
GORKI (Drag-Queer des Bas-Fonds)
Je l’ai préféré pour son second passage avec un personnage encore un peu plus mascu toxique, et jouant merveilleusement avec les codes et tous les brouillages de signaux qui vont bien.
GORKI (Drag-Queer des Bas-Fonds)
Soleil est également revenu avec une performance, mais quand le lip sync ne suit pas, j’avoue que je décroche… Mais il reste doté d’un sens esthétique et d’une maîtrise de l’espace qui est cool.
Soleil (Drag artist)
Sylvestre est revenu dans une forme plus chimérique avec cette belle créature, et encore une fois un lip sync impeccable, et remarquablement interprété.
Sylvestre (Artiste Drag – Chimère)
Et enfin le clou du spectacle c’était avec PEES dont la performance m’a fait penser à La Gouvernante qu’on avait vu au Warehouse pour une Pride nantaise. On est dans un genre de drag très singulier mais vraiment impliqué, dans l’extrême don de soi et la performance artistique. Il se peint le corps avec une substance noirâtre, et il s’agrafe à même la peau des morceaux de textiles, sur la poitrine puis sur le visage, tout en effectuant un excellent lip sync, et tout en se transformant en une inquiétante créature mi-kafkaïenne mi-frankenstein. ^^
PEES (DRAG MONSTRE POUBELLE – CLOWN EN BURN-OUT)
Ah oui, c’est pas votre petit show propret avec des robes à volant et des paillettes, mais c’était cool, c’était drôle, c’était engagé et déroutant ou dérangeant parfois. J’étais content d’y assister, dans mon propre cheminement de découverte de cet art du drag si complet, et de cet air du temps qu’on ne peut mieux saisir qu’en ayant le bonheur de voir comme cela du spectacle vivant à fleur de peau et servi par des doux-durs à queer.
Sur le chemin pour aller au bar du Marquis de Sade.
Pageant = beauty pageant = concours de beauté du type Miss France, donc des shows consistant à montrer de beaux travestissements exclusivement « en femme » avec de belles personnes bien maquillées dans de beaux vêtements. ↩︎
Jeu de mot sur « kinky » soit une excentricité sexuelle au sens le plus littéral (classiquement les pratiques sexuelles BDSM, mais en gros tout ce qui sort de la norme, quelle que soit votre acception de la chose… ^^ ) ↩︎