Marche des fiertés de Lorient 2025

Apparemment pendant que la Pride parisienne battait des records de fréquentation, il y avait la petite Pride lorientaise dont il fallait bien grossir les rangs. Et donc nous avons participé à cela hier, et c’était bien cool. Il faisait une chaleur de gueux, mais on était là avec quelques centaines de personnes (moi j’ai l’impression que c’était entre 500 et 1000 en gros). La foule était composée de beaucoup de militants et d’activistes, on sentait une ambiance très revendicative et politique ce qui est très bien.

Et cela rappelle bien aussi le fait que c’est une manifestation, et au vu de la mine patibulaire (mais presque) de certains badauds sur le chemin de la marche, on en perçoit vraiment l’utilité. Cette visibilité dans des petites villes reste selon moi un élément essentiel de l’évolution de nos sociétés. Car on a vite fait de dire et croire que les dégénérés sont à Paris qui est à peu près vue comme la Babylone moderne, ou plus littéralement les Sodome et Gomorrhe de toujours.

Eh bien non, nous sommes partout. Il suffit d’ouvrir ses yeux, et son cœur. ^^

Un avant-goût du Voyage à Nantes 2025

Ça commence officiellement demain le VAN, mais toutes les œuvres sont presque complètement installées. Je suis assez enthousiaste cette année même si on est dans des trucs assez classiques pour des démarches contemporaines, mais il me semble que ce sera en revanche très accessible au grand public, et ça c’est plutôt chouette. Comme je circule quotidiennement dans le centre-ville, et que les deux grandes places, Graslin et Royale, sont souvent réquisitionnées pour l’occasion, je vous montre un peu des deux installations en question. J’y retournerai pour en parler un peu plus et voir beaucoup plus de choses durant l’été.

Donc d’abord ces branches métalliques rouillées sur la place Graslin, on en pense quoi ? Il s’agit de « Mothership » de Prune Nourry.

J’ai été saisi par l’œuvre car en arrivant sur la place, je n’ai pas bien vu ce que c’était. J’ai vu des sortes d’étraves de bateau ou de structures métalliques de coques qui m’ont rappelé aussi des parements de structures du musée Dobrée tout proche. Et puis la figure globale m’a sauté aux yeux, c’est une femme enceinte qui accouche mais comme si elle était dans un bain et qu’on ne voyait que la partie émergée. Et la seconde photo c’est carrément l’Origine du monde de Courbet réinventé.

Eh bien, avec cette taille impressionnante, cette magnifique œuvre formelle (j’adore l’exécution) et son thème, je trouve que c’est follement réussi. Et je ne doute pas que ça va choquer, que certains pissefroids iront crier au scandale ou à l’obscénité, alors que c’est beau comme tout moi je trouve (et dieu sait que l’anatomie féminine ne m’affriole pas beaucoup). Et j’ai hâte de voir les photos des gens qui visiteront la place. Parce qu’on peut entrer dans le vagin de la dame si on est un enfant ou en s’accroupissant pour un adulte, et j’imagine déjà des personnes se photographiant avec des trucs absolument CRINGE.

« Latest Version » par Willem de Haan sur la place Royale, c’est également pas mal. Ils ont profité de la réfection des sculptures et bronzes de la fontaine (et notamment notre Amphitrite en marbre qui n’est pas en forme ayant perdu son trident et presque un bras), pour remplacer les personnages par des représentations de tout un chacun. C’est une collection de quidams qui représentent les nantais et nantaises qui font marcher la ville et le monde avec des mannequins assez réalistes.

Je n’y croyais pas trop, mais ça marche bien cette petite scène de genre version 21ème siècle. Il y a plein de petits détails sympas, et avec la mise en eau de la fontaine, ça peut être ultra cool. J’adore le détail du chapeau de la remplaçante d’Amphitrite qui est ainsi affublée du haut de la Tour de Bretagne plutôt que des remparts du château des Ducs de cette même région limitrophe qu’on aime tant. ^^

SchizophrenIA

J’ai lu cet article et ça m’a rendu vraiment triste… Ce garçon, qui était schizophrène, est tombé amoureux de ChatGPT, et a nourri un imaginaire complet sur sa relation avec l’IA. Cela s’est terminé par un arrêt de prise de médicaments et une crise aigue (il voulait parler à « Claude », une autre IA), et il a été abattu par la police car il était carrément devenu menaçant et potentiellement dangereux.

Et le sujet est compliqué, car c’est aussi la beauté de l’IA dans ses capacités génératives (de textes) de fonctionner avec les contraintes les plus extrêmes et variées. Mais comme c’est un « chat » (GPT), ce sont devenus des conversations, et donc des dialogues, et des gens déjà équilibrés peuvent s’y perdre (on n’arrête pas de lire des exemples de personnes se faisant influencer ou dominer par leurs IA génératives), mais alors évidemment pour des personnes fragiles ou carrément malades, mais l’usage peut en être catastrophique.

J’imagine très bien que les IA iront encore s’améliorer et détecter ces problématiques, mais là l’essuyage de plâtres fait très très très mal.

On en avait parlé avec monsieur mon Mari l’année dernière alors qu’il a beaucoup testé ChatGPT en essayant de lui inculquer l’ensemble des bases de son univers mental « Widow-Creek ». Pour les anciens qui s’en rappellent peut-être mon mari Alexandre que tout le monde connaît comme « Colin Ducasse » (oui c’est compliqué) a utilisé le blog pour mettre en place et « en vie » l’ensemble de ses « personnalités » (purée, je vais devoir en mettre des guillemets partout). Donc c’était une démarche de schizophrénie éclairée dirons-nous. ^^

ll avait créé autant d’auteurs et d’autrices que de personnalités, et elles interagissaient et écrivaient des articles à propos de leur petite communauté qui évoluait dans la ville de Widow-Creek1. Il y avait même une église au nom prophétique. Hu hu hu.

Il a mis des semaines à décrire à l’IA toutes les personnalités en question, et cette ville, et en réalité tous les principes logiques inhérents à ce système doté de ses propres valeurs. Ensuite, l’IA a pris la main et a proposé des extensions, des portraits avec des histoires, des péripéties, des liens entre les personnalités, et même les photos de ces gens etc. L’exercice a aussi bien foiré à d’autres égards, mais ce n’est pas le sujet.

On peut comprendre l’intérêt pour un auteur (qui peut vérifier par exemple l’aspect plausible ou logique de ses intrigues entremêlées) par exemple, même si on vivait très bien sans cela. Mais si des gens un peu trop galactiques se mettent à converser avec des IA, mais ça peut avoir des conséquences catastrophiques… Et ces outils ne sont pas faits (à l’origine en tout cas) pour être des trucs intelligents justement, ni érudits ni sages, ce ne sont que des générateurs de textes statistiquement probables (et vous ne savez jamais le degré de probabilité, c’est juste le plus probable selon des paramètres aujourd’hui mystérieux2). Mais il se trouve que cette statistique est incroyable, et que si on lui donne à manger tous les Internets, les probabilités peuvent nous faire croire qu’un incroyable démiurge a rejoint la conversation.

Il est d’ailleurs proprement fascinant de tester ces interactions, et de voir comme l’IA peut petit à petit comprendre et adapter son style et le fond pour vous répondre parfaitement. Et clairement toutes les IA génératives sont en train de mettre des tas et des tas de garde-fous pour empêcher certains sujets, certaines infatuations, idéologies etc. Mais donc il faut lui donner une philosophie, un cadre moral et donc normatif, mais lequel ? Lequel est-il le bon ? La masse des infos qu’on trouve sur les Internets ?

En attendant, je trouve très triste que cette personne soit décédée, et que l’IA ait sans doute été un facteur déclenchant très direct dans l’entretien de sa psychose. Mais basiquement, c’est une machine qui a juste fait ce qu’on attendait d’elle…

  1. Et en gros cela représente sa psyché à lui, vous aurez compris. ↩︎
  2. J’ai déjà expliqué, mais il n’est plus humainement possible de suivre ou maîtriser la raison des résultats. On peut juste mettre des indicateurs et se rebrancher sur des voies moins statistiques : par exemple si on détecte une intention de suicide, on peut remettre en obligation pour l’IA tout un scénario pour convaincre du contraire en envoyer vers des autorités sanitaires, et donc ne pas aller dans le sens du demandeur (ce qui est pourtant le b-a BA de la machine). ↩︎

La politique de l’apolitique

J’ai évidemment attendu que le truc se calme un peu pour faire une petite bafouille sur le sujet. Tout est donc venu de la divulgation de cette affiche pour la prochaine Marche des Fiertés parisienne le 28 juin 2025.

Et en gros, les associations les plus à droite, ou réactionnaires ou à neutralité apparente se sont tout de suite désolidarisées en prétextant une affiche qui prône des idées d’extrême-gauche, propalestinienne et violente. Et apparemment seule une ébauche avait été partagée, et cette révélation se faisait sans concertation. Mais en plus de cela, et je crois que c’est ce qui m’a le plus choqué, j’ai carrément lu des remarques purement racistes en exprimant l’impossibilité manifeste d’une femme voilée qui ne pourraît être queer. Nan mais vraiment ?

Et les membres de la faction opposée ont justifié une affiche qui était engagée, mais qui en réalité référençait les drapeaux hongrois et bulgares, et qui maintenait son message universaliste et anti-réactionnaire. Bien sûr, tout ça s’est monté en épingles en deux secondes, et ça a fini par un magnifique prétexte pour exploser l’Inter-LGBT (association qui organise la Pride parisienne et fédèrent les associations d’IDF) et avoir des coupures de subventions des réactionnaires en chef qui étaient susvisés (Valérie en figure de proue évidemment).

Et bien sûr que les avis sont divisés et bien polarisés comme on aime aujourd’hui, et comme les réseaux sociaux ont rendu nos sociétés malades. Donc on voit les pour qui sont à fond pour et qui fustige les autres à vouloir les envoyer au goulag en les maudissant de danser sur les tombes des enfants de Gaza, et les contre qui sont tout aussi diamétralement opposés en prônant la neutralité politique, et qui voudraient aussi envoyer en taule ces antisémites néonazis wokistes islamotravaillistes. Bref, impossible d’échanger un quelconque avis, mais ce n’est pas le but, le but c’est de s’invectiver en opposant deux camps du bien qui disent de l’autre qu’il est le camp du mal.

Et moi la fucking Suisse, je viens évidemment avec un peu de nuance. Parce que forcément que je l’approuve cette affiche, je suis un fucking wokiste islamogauchissse. Yeaaaah. ^^

Néanmoins, je trouve cette affiche (moche mais elles le sont toutes irrémédiablement1) assez malhabile, car je trouve que la Pride est vraiment le lieu de tous les rassemblements, et le plus, en effet, apolitique possible. Elle aurait mérité en proposant le même thème d’être moins ambiguë, et plus universelle, tout en assumant un truc assez mou. Mais je revendique le mou pour ce genre d’association qui est faite pour ratisser le plus large possible. Et moi je trouve bien d’avoir les assos de flics et de droitards aussi avec nous pour la Pride. C’est bien la preuve que la queeritude va bien au-delà de la couleur politique ou des castes, et il faut tout le temps le monter et le crier sur les toits (ne serait-ce que pour les minots de ces milieux qui doivent aussi s’émanciper et trouver leurs places).

Donc selon moi l’Inter-LGBT devrait en effet se la jouer le plus beige possible dans sa communication. Sachant qu’ils pouvaient faire un truc qui visait bien les atteintes aux LGBT+ et surtout les trans, et qu’ils pouvaient aussi montrer des juifs, des musulmans ou je ne sais quoi en train de s’enfiler pour montrer qu’on transcende bien les religions (dans une backroom ^^ ). Mais après, je ne jette la pierre à personne, c’est tellement horrible comme rôle d’être actif ans ce genre d’associations ou tu te jettes corps et âmes pour te faire critiquer et vilipender sans arrêt parce que trop ceci ou pas assez cela. Bref, je pense qu’on peut plus s’entendre sur un message qui reprend des choses positives et qu’on voudrait, plutôt que de dénoncer et de jeter l’opprobre (même sur des réacs).

Mais ce n’est pas pour autant que je prône une Pride dépolitisée et neutralisée. Non c’est tout le contraire, je suis pour une Marche des Fiertés la plus plurielle possible, mais pour cet événement dans une juxtaposition pacifique de tout ce que nous sommes, et rassemblés autour de notre queeritude. J’aimerais justement qu’elle soit plus politique, et de toutes les obédiences, mais aussi festive que revendicative, et qu’elle laisse la place à toutes les expressions et toutes les libertés d’être et de militer. J’ai bien conscience d’être à contre-courant des intersectionnalités des luttes qui font florès depuis quelques années, et j’ai l’impression d’être plutôt dans la réunion des luttes, même si j’en conçois aussi les limites et les incongruités. Mais ça se résume tout de même en un aphorisme vieux comme le monde : « Diviser pour régner. L’union fait la force. »

En revanche, il ne s’agit pas de tout lisser et tout aplanir, et il faut aussi conserver une certaine ligne directrice et ne pas perdre ni ses valeurs, ni son âme. Donc même si j’apparais très béni-oui-oui dans mon acceptation de toutes les facettes des LGBT, il ne s’agit pas non plus de se laisser attirer par le côté obscur de la Force. Car soyons clair, les luttes LGBT, et les victoires qui vont avec, sont, étaient et seront de gauche. La droite n’a jamais été avec nous, elle ne cherche qu’à nous remettre en précarité, à nous faire régresser, et ultimement à nous annihiler.

En tout cas, cette polémique stérile a encore remis sur le métier toutes ces histoires de qui doit ou ne doit pas défiler à la Pride, ou bien la bonne ou la mauvaise image. Et je ne le dirais jamais assez mais fuck la bonne image2 !!

J’espère que la marche parisienne dans cinq jours sera aussi belle et chouette que d’habitude. Qu’on continue à s’engueuler pour des affiches, tant qu’on s’encule après, c’est que le monde continue à tourner rond. ^^

Mais une Pride n’est et ne sera jamais apolitique. Elle est politique par essence, et elle est une manifestation, même si c’est juste en se trémoussant sur la pop-électro sucrée derrière un char, cette visibilité est ipso facto une profession de foi ou une profession de soi qui change le monde et édifie la société.

  1. Sauf celles de Matthieu. ↩︎
  2. C’est fou ce que je radote, je me rends compte que j’écris les mêmes articles depuis plus de vingt ans. Hu hu hu. ↩︎

Coucher de soleil ploemeurois

C’est cool de rester le dimanche soir en Bretagne, j’aime bien reprendre en télétravail la semaine, un peu en douceur avec l’éloignement du lieu de travail. Et surtout ça permet un coucher de soleil encore plus calme que d’habitude, sachant que l’heure tardive aide beaucoup, et que pas grand monde n’a l’air d’avoir la même assuétude surtout. Hu hu hu.

Comme aujourd’hui, nous avons retrouvé des températures tout à fait de saison, c’était aussi très agréable de remettre un jean et carrément un pull pour supporter le vent frisquet de ce soir (Rhaa lovely!!!!). D’ailleurs le temps était carrément grisâtre quand j’ai déposé le mari à la gare de Lorient pour qu’il retourne à Paris ce soir. J’avais peu d’espoir que ça se dégage, mais c’est tellement impossible de prévoir ce genre de choses, que j’ai décidé de rentrer par la côte pour jeter un coup d’œil. Je me suis d’abord arrêté à notre plage préférée, les Kaolins, et on avait déjà un truc assez cool.

C’était très nuageux, mais dès que le soleil perçait à travers les nuages, tout devenait magnifique et doré. Et comme les nuages tendaient à se disperser, j’ai poussé jusqu’à Fort-Bloqué pour voir ce que ça donnait. Ce fort époque Louis XV (1747) est construit sur un bout de rocher qui est hors de l’eau ou parfois inaccessible selon les marées. Avec le soleil couchant, il se découpe en ombres chinoises, mais de l’autre côté il prend une jolie teinte rosée avec un immense nuage au-dessus.

Et pour finir le coucher de soleil depuis la plage était carrément canon !!! Les nuages ça vous donne tout de suite du relief, de l’ampleur et du drame !! ^^

Ah tiens sinon, à la plage, j’ai encore eu une paréidolie dans les nuages que je dois être le seul à voir, mais je vous la partage. ^^

Bon ok, il faut faire des efforts, mais moi j’ai tout de suite vu Bip-Bip !!! Mais oui vous savez Bip-Bip de Tex Avery avec son comparse et ennemi malhabile Vil Coyote. Bon, je vous montre. J’ai eu du mal à trouver des modèles qui collent, mais pour la tête c’est à peu près ça :

Et le corps, ce serait plutôt vers ça :

Donc un mix des deux ça donne ça :

Pour moi, c’était clair comme de l’eau de roche. ^^

Marche des Fiertés de Nantes 2025

Après une année 2024 record, puisque c’était la seule année depuis 1997 où je n’avais assisté à aucune marche des fiertés, j’en suis déjà à ma deuxième cette année (après Genève la semaine dernière). Eh bien je peux affirmer que j’aime ça, et que ça fait drôlement du bien de renouer avec cette saine pratique annuelle. Cette session nantaise s’est déroulée sous les meilleurs augures avec un temps grisâtre, mais au moins pas trop chaud et sans risque d’insolation, et j’ai trouvé vraiment beaucoup de monde.

J’ai surtout retrouvé cette superbe ambiance nantaise hyper conviviale et sympathique des bonnes Prides. Absolument tous les gens croisés lors de cette marche étaient souriants, abordables et bienveillants. Il y avait ce qu’il fallait de revendications et de pancartes politiques, mais aussi des fétichistes de tous les genres, des créatures indéterminées et puis des tas de gens dans le spectre de l’humanité multicolore.

J’ai surtout noté que la meilleure idée était de venir avec des pistolets à bulles, alors là je peux vous dire qu’on a eu du succès !! J’ai encore fait mon Utakata et, grâce à mon ninjutsu des bulles de savon, les gens ont beaucoup aimé danser dans des flots de bubulles !!! Cela m’a ragaillardi d’être dans une telle atmosphère. ^^

(Oui vous noterez que j’avais mis mes faux-cils pour l’occasion. Hu hu hu.)

Marche des Fiertés de Genève

Par le plus grand des hasards, il y a une Pride pendant mon séjour suisse, alors ni une ni deux, c’est une excellente occasion de faire un tour à Genève, et de faire ma première marche des fiertés de l’année (après une année 2024, où pour la première fois pour moi depuis 1997, je n’ai pu en faire aucune1).

Le temps était, et est resté, assez incertain pendant toute la journée, et on a eu quelques averses orageuses, mais globalement un temps agréable et chaud. C’était marrant de participer à cette petite Pride, car c’était assez petit au final (le parcours et le nombre de gens), alors que c’est le rassemblement suisse LGBT par excellence. Et clairement c’est à l’image du pays, donc c’est gentil, propret et bien ordonné. Hu hu hu.

C’était un défilé très sympa avec ses drags, ses chars et des joyeux drilles, pour animer tout cela. Comme d’habitude, on note une participation très jeune et très féminine, ce qui est très très cool ! Et même si c’était très présentation, il y avait tout de même une caution « kink » avec une belle délégation puppies. Et comme dans n’importe quelle manifestation, concert ou rassemblement dans le monde entier, il y avait un DRAPEAU BRETON (associé à celui des puppies) !!! Hé hé hé. ^^

La manifestation se termine dans un parc (des Bastions) où il y avait un village associatif, de la musique et de quoi passer une bonne soirée ! L’ambiance était très chouette et festive !! On n’est pas resté, parce qu’on n’a plus l’âge, mais ça m’aurait beaucoup plu il y a quelques années !!

  1. Donc j’ai du rattrapage à faire !! ↩︎

La cathédrale de Lausanne et le lac Léman

Nous sommes pour quelques jours à Lausanne pour rendre visite à une amie très chère, et j’en profite car je n’avais jamais mis les pieds en Suisse !! C’est fou car je connais tout de même quelques francophones d’ici avec les Internets, mais je n’avais jamais eu (ou saisi) l’occasion de m’y rendre pour un peu de tourisme et découverte.

Evidemment tout commence par une cathédrale… Et surtout si la cathédrale est gothique, alors ça commence bien !!

C’est vraiment un très bel endroit qui est protestant depuis le 16ème siècle, ce qui explique peut-être qu’on puisse aller derrière l’autel ce qui était une première pour moi. Cela permet une belle photo de toute la nef, que je prends habituellement de manière parfaitement diamétralement opposée. Sinon l’intérieur est assez sobre, mais met plutôt en valeur une architecture imposante et grandiose per se.

J’ai beaucoup aimé cette petite partie de statuaire avec d’importantes traces de polychromie. Et aussi ce gisant, presque transi, d’un chevalier (laïc) : Othon Ier de Grandson (1238-1328, mort à 90 ans donc !) qui est en plein cœur du chœur et dont la sculpture du visage m’a impressionné.

Ensuite on est descendu dans la ville et on a suivi un parcours panoramique avec pas mal de vues du Lac Léman que l’on aperçoit d’à peu près tout Lausanne puisque les constructions sont sur des pentes qui plongent dans le lac. C’était une chouette balade malgré un temps très incertain qui nous a fait craindre le pire. Mais à part quelques gouttes et un ciel lourd, on avait une température agréable, et on a pu bien profiter de la marche.

Mais bon, lorsque j’ai voulu prendre en photo les environs du port d’Ouchy, il a fallu que je tombe là-dessus.

Je zoome. ^^

Bon, vous comprenez pourquoi je supprime les gens dans mes photos, hu hu hu. ^^

En arrivant à la fin de journée, avec un dénivelé de 2000 mètres (ressenti), on était vraiment crevé mais content de cette première journée suisse.

Dustan après 30 ans

Il n’y a pas longtemps je pensais que l’année prochaine : ça fera 30 ans que « Dans ma Chambre » de Guillaume Dustan est sorti. Et il y a peu de temps, Madjid a pondu un article sur Dustan. Cette synchronicité m’a fait sourire, et encore plus avec ce brûlot qui n’est pas exactement un panégyrique de l’écrivain. J’adore qu’il en parle avec des guillemets de ce Guillaume Dustan qui a été un fouteur de merde pas possible, qui a certes rué dans les brancards, et en a tiré une certaine gloire qu’il a également réussi à éclater par terre.

Et je suis d’accord avec ce qu’en dit Madjid, il y avait une certaine médiocrité chez Dustan et un truc bourgeois assez insupportable au fond. Mais surtout sa contribution directe au mouvement de « relapse » (relâche quant à la protection contre le VIH) pour une revendication du bareback (le fait de monter à cru soit baiser sans se protéger) qui était une affirmation très individuelle de la prise de risque a mis en difficulté tous les militants et militantes en lutte contre le SIDA. Et lui en tant que séropo voulait tout faire péter, en avait assez de porter cette honte de la maladie, et voulait que chacun prenne ses responsabilités, et lui aucune en l’occurrence.

Cela a conduit à une période assez sombre dans mon souvenir, avec une guerre fratricide assez violente entre « pro » et « contre », et des trucs assez fous comme des gamins qui demandaient à se faire plomber (contracter le VIH de manière volontaire et assumée) en fantasmant sur le don du VIH (les séropos étaient alors des donneurs valorisés pour leur cadeau). Il y a eu le développement de tout un imaginaire surréaliste autour de la maladie qui n’était plus mortelle grâce aux trithérapies, et qui, pour certains, était aussi un clan désirable, une sorte de culture gay ultime avec sa communauté, ses codes, son identité, une certaine liberté recouvrée (car rien ne pouvait arriver de pire), et une énième resucée en réalité du classique Eros et Thanatos.

Je pense aussi au roman de John Rechy qui m’a tant troublé, ou même à la mini-polémique d’il y a vingt ans1 qui avait vu un blogueur très « connu » se faire vilipender parce que soi-disant chantre du bareback (et ce n’était pas du tout le sujet). J’avais essayer d’apporter, avec mon expérience et sans doute mes humbles maladresses, mon propre éclairage à cette trouble période. Et la réalité c’était aussi ce relâchement général et cette lassitude qui nous engourdissaient tous. Et mettre un couvercle dessus, même avec le poids moral d’une prévention essoufflée le plus écrasant, ne suffit pas à retenir la pression qui croît irrémédiablement.

Et donc pour des personnes comme Madjid ou Lestrade, il a fallu lutter contre ce mouvement qui risquait la vie de bien des gens. Et ils ont bien fait je pense, le truc était trop grave et palpable. En revanche, cette parole si étrange et sulfureuse, même si l’imposture était manifeste, était là, et elle a marqué son temps. Oh c’était très léger et ça n’a pas duré. A peine de souvient-on d’un énergumène avec une perruque moche chez Ardisson, mais pour moi ce sont plutôt des romans troublant qui disaient des vies à la fois en résonnance avec moi, et parfaitement opposées.

Lorsque Dustan est mort, il était déjà complètement oublié. C’est dire si ça a été une apparition fugace et discrète, même s’il a imprimé une marque durable chez certains, et reste un horrible personnage pour beaucoup. C’est pourquoi c’était vraiment incroyable de voir une pièce (réussie) adaptée de son premier roman il y a cinq ans sur scène à Paris.

Je comprends qu’avec le recul de ces années, le personnage puisse avoir un côté inclassable, singulier et punk qui plaise, mais donc c’est bien d’avoir le son de cloche de Madjid qui est également très juste. Quant à moi, je ne peux pas choisir, je ne peux pas trancher. Je prends le connard et l’auteur, le queer et le bourgeois, l’émancipateur et le danger public comme un tout inaltérable, irréconciliable et paradoxal.

  1. Les réseaux sociaux c’était les blogs ! ↩︎

La prévention par l’exemple

Si seulement on avait des petites vidéos comme cela faites par le gouvernement pour expliquer le principe de « deep fake » et les stratégies d’arnaques en ligne qui deviennent redoutables grâce à l’usage de l’IA générative.

Source : The Travis Bible via Mastodon

L’auteur explique : I made this video to warn my parents about AI scams (And to test out Veo 3 to see first hand how these programs are evolving).

J’ai fait cette vidéo pour sensibiliser mes parents à propos des arnaques à base d’IA (et pour tester Veo3 pour tester l’évolution de ces logiciels par moi-même).

Donc il s’agit de la même technologie dont j’ai parlé il y a quelques jours. Et il faut avouer que cet exemple est encore une fois super convaincant. Il est particulièrement croquignolet de l’avoir utilisé pour démonter des « scams » et c’est très drôle qu’il en fasse lui-même la remarque à la fin en disant que l’on ne peut pas faire confiance à l’IA, mais il fait une vidéo avec de l’IA pour dire que ne pas croire les vidéos faites par IA. ^^

J’ai écouté pas mal d’épisodes du podcast de France Inter « Le code a changé » par Xavier de La Porte, et je vous le recommande, c’est souvent très fouillé, intelligent et remarquablement vulgarisé. Là c’est en lisant les recommandations d’Alex, que j’ai écouté les deux épisodes d’une série consacrée à l’IA qui sont diablement bien troussés.

Vraiment je vous encourage à les écouter, car Xavier de La Porte pose des problématiques passionnantes, et il consulte des experts qui expliquent relativement simplement les concepts scientifiques en œuvre. Le sujet du langage est fascinant, mais aussi celui de la limite de la connaissance des ingénieurs et chercheurs quant à la mise au point de ces grands modèles. Car il est notable qu’aujourd’hui, c’est tellement complexe que personne ne peut exactement savoir comment ça marche !! Et les mecs expliquent que oui c’est un truc qui fonctionne de manière empirique, on modifie des paramètres à l’instinct et on regarde ce qui fonctionne mieux, et on essaie d’éviter les régressions.

L’un des invités, le génial Alexei Grinbaum, explique aussi que les premiers modèles n’étaient pas satisfaisants, et que ça s’est mis à fonctionner vraiment quand on a eu quelques milliards de paramètres. D’un seul coup, bam le modèle s’est mis à être bon. Il rapproche cela du nombre de neurones que l’on a nous-mêmes dans nos cerveaux, comme si nous avions approché cette complexité, et que ça donnait un modèle capable de dialoguer avec les humains. Cela met aussi en exergue qu’une complexité grandissante permet aisément de nous dépasser, et que cette méthode permet aussi de dialoguer avec des chiens ou des baleines, il suffit d’un corpus de base suffisant. ^^

*Ajout du 02/06/2025 :*

En complément de tout cela, vous avez aussi Khrys qui a proposé les diapositives et le discours d’une conférence autour de l’IA, et c’est très bien fichu. C’est un joli recadrage épistémologique et les concepts sont à la fois très justement expliqués et illustrés de manière accessible et simple.