Relatif

Quand je me coupe les ongles, si jamais Sookie est près de moi et qu’elle entend le clac très aigüe du coupe-ongle en fin de course, elle sursaute comme une dingue. Vraiment ça fait des années que cela fait ça, et on a remarqué qu’elle stresse de plus en plus, et ne voit même pas d’où ça vient, ça la fait juste sursauter, et au bout d’un moment ça pourrait presque lui produire un malaise ou en tout cas un mal-être extrême. Donc je fais grosso modo attention quand je me coupe les ongles pour être éloigné d’elle. Oui je sais c’est tragique. ^^

La semaine dernière, je n’ai pas fait attention, et j’ai fait la totale : les mains et les pieds, dans la salle de bain. Or la petiote était dans la chambre attenante, et je suppose que ça l’a mise en PLS. En tout cas, j’ai retrouvé la couette pleine de pisse de chat, et on sait qui nous fait régulièrement ces surprises là (mais c’est la première fois depuis qu’on est à Rennes). J’ai supposé que ma séance de coupe-ongles l’a stressé à ce point. (Ou alors je suis complètement dingue, mais le chéri trouvait ça également crédible. Mais bon comme on est tous les deux folles à chattes hein. ^^ )

Donc go tout laver couette, couette d’hiver (spécial mari frileux), protège-matelas, draps et tutti quanti (parce que c’était un pipi d’angoisse de 33 litres, merci Sookie). Et pour que ça aille plus vite, je préfère faire ça en laverie. Donc je retrouve mes habitudes de jeunot (si vous l’avez oublié, c’est un des articles qui avait beaucoup ému à l’époque, aujourd’hui je pense qu’on me traiterait de tous les noms ^^ Ô tempora, ô mores.), et je file à la laverie du coin pour laver mes frusques. Vous me direz que j’ai déjà bien illustré la relativité des causes et des conséquences, mais j’y arrive !

A la laverie, j’ai une heure à tuer, donc j’ouvre l’app Arte TV, et je pioche un documentaire. Je tombe sur ce double documentaire à propos d’Albert Einstein et Stephen Hawking qui promettent de nous expliquer l’univers en deux heures. Allez ! Je me suis dit que j’allais renoncer au bout de vingt minutes et me retrouver à doomscroller sur Instagram, mais même pas !! Le truc est tellement prenant, tellement bien écrit et scientifiquement couillu, tellement bien troussé, que j’ai été subjugué du début à la fin.

Le premier épisode explique diablement bien la relativité restreinte puis générale, et c’est génial de comprendre aussi simplement que possible, cette notion parfaitement contre-intuitive, du temps qui n’est pas le même partout. J’adore cette métaphore de la voiture qui roule avec un lanceur de balles à l’arrière, et de s’imaginer que pour un observateur au bord de la route : si la voiture roule à 60km/h et que les balles sont tirées à cette vitesse, eh bien il l’a l’impression qu’elles tombent à la verticale.

On apprend aussi des choses sur Einstein, et il y a quelques ponts sympas faits sur Hawking. Les deux sont largement évoqués dans les deux parties, mais le premier fait un peu plus la part belle à Albert, et le second à Stephen en se focalisant sur les trous noirs. On finit bien sûr par parler de de E=mc2, mais c’est en comprenant que la première bombe nucléaire (Trinity) c’était moins de 1g de matière qui fut convertie en énergie…

Par la suite, les explications sur le rayonnement Hawking, les trous noirs et les ondes gravitationnelles sont plutôt bien fichues également, et on a des exemples étonnamment assez parlants. Ces deux là ont eu un impact complètement fou sur notre vision du monde, et toujours avec des paradigmes assez contre-intuitifs comme celui de l’évaporation des trous noirs !! ^^

Alors bah juste pour cette découverte, je ne regrette pas la laverie, le pipi et de m’être coupé les ongles (enfin si la pauuuuuvrette fifille !!! ^^ ).

Tout est relatif. Mouaaarf.

A closer look

Je mange souvent seul comme un pauvre malheureux au bureau le midi. Et j’ai pris l’habitude de regarder les intros de certains late shows américains. Depuis Trump, je trouve que c’est la manière la plus supportable d’avoir des nouvelles des USA sans avoir ensuite envie de se jeter par la fenêtre.

J’aime beaucoup Stephen Colbert du Late Show et Jon Stewart du Daily Show. Etrangement, je ne regarde pas Jimmy Fallon et son Tonight Show. J’ai une préférence marquée pour Seth Meyers et le Late Night. Sa pastille « A closer look » est carrément irrésistible. Ils déploient tous un humour et une dérision à la newyorkaise que j’adore, et on retrouve un savoir-faire et dire à l’américaine génial sur la forme, extrêmement drôle mais aussi d’une sagacité et d’une grande finesse dans les propos (ils ont tous une palanquée d’auteurs qui bossent en bande organisée). Je regarde aussi les intros de Jimmy Kimmel qui a l’originalité d’être le seul hôte d’un late show depuis Los Angeles, donc résolument côte ouest.

Evidemment ces bougres sont de gauche, en tout cas toute proportion gardée car la gauche américaine est une sorte d’oxymore, ce sont même des « ultra-gauche » sur l’échelle de Retailleau (bon ok, c’est pas difficile ça). Et alors que l’on voit un recul extraordinaire de l’état de droit aux USA, et que là on se demande carrément si la démocratie n’est pas en danger. Eh bien, ces émissions sont attaquées à leur tout. D’abord Stephen Colbert, qui présente l’émission la plus connue et regardée, a vu il y a quelques semaines son show annulé par CBS. Evidemment ça fait parler, ça bruit, ça soupire, mais c’est un fait. Et ça passe.

Et là c’est Jimmy Kimmel, suite à un commentaire complètement banal sur l’assassinat d’un fasciste homophobe raciste et misogyne (et vraiment je suis gentil, il n’y a pas de meilleur qualificatif pour ce type), qui se voit remercié par Disney (ABC). Il y a tout de même une certaine levée de boucliers, on voit des annulations à Disney Plus et quelques coups d’épées dans l’eau, mais là on y est vraiment. Je sais que Kimmel vient d’être à priori reprogrammé, mais les attaques sont bien là et c’est terriblement flippant. Avec Trump c’est comme toujours en plus des attaques stupides, violentes et illégales, et plus c’est énorme, plus ça passe…

Les autres présentateurs de shows réagissent bien sur, et continuent à tourner en dérision le pouvoir. Mais on assiste à un truc complètement fou… Ils ont tous ironisé sur la manière dont ils allaient maintenant célébrer le pouvoir en place pour garder leur place, mais c’est sans doute un présentateur hollandais, Arjen Lubach, qui a réalisé le plus drôle et grinçant des détournements.

J’ai bien aimé aussi ce rappel sur fond de culture pop :

Avec la référence pour les béotiens. ^^

Car cette scène pour l’enterrement du type dont je parlais plus haut, avec Trump qui a encore dit des horreurs, est effrayante. Et en France, nos trumpistes maison ont commencé à faire exactement la même chose, et la fenêtre d’Overton s’est encore assez déplacée pour que la presse généraliste parle de ce type mort comme un simple « polémiste influenceur MAGA ». Nan mais ça va pas hein…

Car ce qui me fait peur c’est vraiment que les USA ne sont que l’exemple par lequel nous voyons exactement ce qui se passe en France, et globalement en Europe, avec un retard de quelques années. Avant c’était vingt ans, mais aujourd’hui le mimétisme est bien plus véloce. Et on voit déjà l’abêtissement généralisé de la société, le nivellement par le bas des journalistes, la polarisation venue des algorithmes publicitaires qui a infecté tout notre environnement, et absolument tout ce qui est diffusé (même la radio qui est encore « pure » y passe).

On va se payer exactement la même chose, peut-être avec des méthodes légèrement différentes, mais il va se passer la même chose, c’est inexorable.

Et en parallèle, je lis encore un post de Romain sur Facebook qui me fait réagir. Je sais que le sujet est différent, mais en réalité tout est lié selon moi.

Dans l’avion, j’étais assis à côté d’Ewan. Un gamin de dix-neuf ans, agent de sécurité le jour, combattant de MMA le reste du temps. Il part s’entraîner en Géorgie comme d’autres vont prier. Il paraît qu’ils sont bons en MMA, les Georgiens. Alors il part là-bas prendre des baffes jusqu’à se faire péter les neurones. Il n’est ni en colère ni fanfaron — plutôt doux, résigné. Il ne croit plus à l’école, plus au travail, plus à la France. Les Etats-Unis ne l’intéressent pas. Il croit vaguement à Dubaï, à TikTok et à Gattouz0, un acteur porno influenceur qui apparemment fait le tour du monde à coups de bite et dont j’ignorais jusqu’ici l’existence. Enfin, il m’a raconté ça mais le cul, ça l’intéresse pas des masses. L’amour encore moins. Même le dernier iPhone ne le fait plus rêver : « Tu l’as voulu un an ; au bout d’une semaine, tu t’en fous. » Je crois qu’il a raison.

Il m’a raconté, sans emphase, ces « combats » en ligne organisés par des influenceurs sur des plateformes dont je n’avais jamais entendu parler. Il ne me parlait pas d’un ailleurs exotique mais du présent qui grouille sous mon nez et auquel je suis aveugle. En l’écoutant, je me suis dit : «Le présent, c’est lui. Ce n’est plus moi. » Sauf qu’il n’a pas d’avenir : « Moi ? Je mourrai avant mes quarante ans », il a dit. Bombe sèche. Je n’ai pas su quoi répondre. Moi qui ai dépassé la quarantaine, mais qui n’en fais pas grand-chose. Vous voyez la rencontre entre Tyler et Jack dans Fight Club ? Gamin, je rêvais d’être Brad Pitt et me voila en Edward fucking Norton dans un vol low cost.

En le quittant sur le tarmac d’Istanbul, je me suis dit deux choses : on a vraiment livré un monde de merde à ces gosses. Et puis aussi : ma jeunesse est morte. Je l’ai dans le dos. Mais je la préfère à la sienne. Mais ça, je me suis bien gardé de lui dire.

Post Facebook de Romain Burrel (18/09/2025)

Bon tout ça c’est encore de la faute à l’IA… Ou en tout cas, l’IA apporte aussi dans ce cadre son lot de fléaux bibliques… J’ai souri à cette référence à Platon qui est assez connue, et qui évoque l’impact négatif de l’écriture sur la mémoire des gens. On parlait d’internet de la même manière, et avant de l’informatique, et avant, et avant et avant… ^^

366 avant JC, Platon dans le Phèdre se demande si l’écriture ne va pas nous rendre idiots et nous faire « perdre la mémoire ».

La bataille de l’IA, et nos effondrements par Olivier Ertzscheid via la veille de Louis Derrac.

Show drag au Marquis de Sade (Rennes)

On vient de débarquer à Rennes, alors forcément moi je cherche les activités LGBTQ+ de mes coreligionnaires bretons. En fouillant un peu sur Instagram, j’ai trouvé cet événement, et j’ai bien compris que ce serait un truc peu à la marge, mais exactement ce qui me plaît dans la créativité et l’inventivité queer du moment. Les shows drag avec Drag Queen en mode « pageant1 » c’est très bien, mais ce n’est pas tout.

Maintenant que des Drag Queens sont à la télévision dans une émission récurrente ou aux JO, et ont gagné une sorte de respectabilité (même si largement à géométrie variable au sein de la société). Et d’ailleurs je ne conspue pas du tout une forme plus « acceptable » et consensuelle qui permet de diffuser des messages au plus nombreux. Mais on peut aussi s’intéresser à tout le spectre de cette queeritude, et s’intéresser à des formes moins lisses, mais tout aussi stimulantes, hautes en couleur, réjouissantes et militantes. Et surtout, on gagne à jeter un coup d’œil du côté de nos copines lesbiennes et tout simplement nos frangines et adelphes.

J’avais adoré découvrir quelques drag kings et queers locales nantaises, ou plus dernièrement à Paris des créatures un peu plus protéiformes et difficiles à cerner. Bien sûr je pense aussi à feu les Paillettes avec leurs shows militants et fabuleux. Et j’ai l’impression que c’est du côté queer de la Force, que la nouveauté se trouve, mais également aussi un ferment intelligent, sensible et savoureux qui ne mérite que d’être découvert et apprécié à sa juste valeur.

Et puis clairement, on sait bien que le combat le plus aigu est celui qui consiste à protéger et aider les personnes trans, et lutter pour leurs droits. Quand je repense à ce moment à Quimper, je tremble encore d’effroi.

Donc là, on est à Rennes avec ce collectif « king » qui s’appelle Kingkea2, alors évidemment ça va être très artisanal et militant. Mais on peut avoir de très bonnes surprises avec ces shows (et j’en ai vus une palanquée), et assurément c’en était une pour nous. Et d’autant plus, qu’on a, je pense, un peu fait se retourner quelques têtes avec nos statures de pédés quadras (avancés) bobo white cis. D’ailleurs on a bien ri quand le monsieur Loyal, Soleil, a plaisanté sur le fait d’être né en 1997 et d’être donc le plus vieux de l’assistance… Hu hu hu.

Mais je m’en balance, et tant qu’on ne fout pas en l’air l’ambiance ou la concorde de l’endroit en faisant peur aux gens (ce qui pourraît arriver, je mesure parfaitement cela, et on est venu car ça paraissait ouvert à toutes et tous). J’insiste un chouïa là-dessus, car je me rappelle très très bien ma propre appréhension lorsque j’avais 19 ans et que je voyais débarquer des hétéros en boîte gay. J’avais besoin d’être avec des gens comme moi, c’était absolument essentiel pour moi, et pour être moi-même une condition sine qua non. La simple présence, toujours trop emphatique, de personnes hétéros me rendait complètement parano et craintif, forcément renfermé…

Or on était clairement dans une (petite) population queer au sens large : trans, non-binaire et jeunes fluides de toutes parts. ^^

L’endroit déjà, c’est un bar qui s’appelle donc le « Marquis de Sade », il faut avouer que ça en jette comme nom ? Hu hu hu. J’adore ce genre de bar libertaire, qui me rappelle exactement les rades parisiens alternatifs qui sont dans la même veine, avec une arrière-salle qui permet d’accueillir des groupes, et donc là quelques personnes assises pour un show. Et le show en question était en réalité précédé par la finale de l’émission de téléréalité : King of Drag. C’est la toute première saison d’une émission comme celle-ci dédiée à des Drag Kings, et présentée par Murray Hill, que je connaissais pour la série Somebody Somewhere.

Mais le plus intéressant c’était la suite et les performances des quelques drags qui étaient invités ce soir. Soleil était le présentateur mais aussi un artiste drag qui a présenté deux performances très engagées avec un drag parfois presque possédé par son show. J’ai beaucoup aimé son visage très mobile, et les détails du maquillage qui masculinisent son visage. Et puis il y a une énergie fascinante qui se dégage de lui, entre BDSM et puissance contrariée, sans doute un peu inabouti mais intéressant !

En réalité, c’est Sylvestre qui a démarré les hostilités, avec une fabuleuse interprétation planante de Si j’étais un oiseau de Bertrand Belin. Excellent lip sync et avec une présence d’une intensité peu commune, c’était vraiment cool.

Après c’était GORKI qui joue sur le registre Drag Queer en démarrant par un classique du drag king dans le rôle du cowboy viril et couillu. Hu hu hu.

Je l’ai préféré pour son second passage avec un personnage encore un peu plus mascu toxique, et jouant merveilleusement avec les codes et tous les brouillages de signaux qui vont bien.

Soleil est également revenu avec une performance, mais quand le lip sync ne suit pas, j’avoue que je décroche… Mais il reste doté d’un sens esthétique et d’une maîtrise de l’espace qui est cool.

Sylvestre est revenu dans une forme plus chimérique avec cette belle créature, et encore une fois un lip sync impeccable, et remarquablement interprété.

Et enfin le clou du spectacle c’était avec PEES dont la performance m’a fait penser à La Gouvernante qu’on avait vu au Warehouse pour une Pride nantaise. On est dans un genre de drag très singulier mais vraiment impliqué, dans l’extrême don de soi et la performance artistique. Il se peint le corps avec une substance noirâtre, et il s’agrafe à même la peau des morceaux de textiles, sur la poitrine puis sur le visage, tout en effectuant un excellent lip sync, et tout en se transformant en une inquiétante créature mi-kafkaïenne mi-frankenstein. ^^

Ah oui, c’est pas votre petit show propret avec des robes à volant et des paillettes, mais c’était cool, c’était drôle, c’était engagé et déroutant ou dérangeant parfois. J’étais content d’y assister, dans mon propre cheminement de découverte de cet art du drag si complet, et de cet air du temps qu’on ne peut mieux saisir qu’en ayant le bonheur de voir comme cela du spectacle vivant à fleur de peau et servi par des doux-durs à queer.

  1. Pageant = beauty pageant = concours de beauté du type Miss France, donc des shows consistant à montrer de beaux travestissements exclusivement « en femme » avec de belles personnes bien maquillées dans de beaux vêtements. ↩︎
  2. Jeu de mot sur « kinky » soit une excentricité sexuelle au sens le plus littéral (classiquement les pratiques sexuelles BDSM, mais en gros tout ce qui sort de la norme, quelle que soit votre acception de la chose… ^^ ) ↩︎

Empathie

Je consomme beaucoup (trop) de séries américaines, et même si de temps en temps il y a des trucs francophones qui sont sympas, il faut avouer que c’est bien trop rare (à mon goût, en tout cas). Cela fait du bien aussi d’avoir régulièrement des coups de cœur sur des productions étrangères, et là c’est en français, mais du Québec, et c’est une réussite extraordinaire à n’absolument pas manquer selon moi.

Empathie est une série canadienne produite par une plateforme de VOD de nos cousins américains, et ce sont dix épisodes qui suivent une héroïne, la docteure Suzanne Bien-aimé, incarnée par une sensationnelle Florence Longpré (elle est aussi la créatrice de la série). Cette dernière est psychiatre, et elle intègre une institution psychiatrique à Montréal (ce n’est pas précisé, mais je pense que c’est sous-entendu). Elle prend la direction d’une petite équipe soignante de « l’aile D », et on va suivre ses pérégrinations au sein de l’hôpital, mais aussi beaucoup de ce qui a fait son parcours et ses propres difficultés vis à vis de sa santé mentale.

C’est sans doute le maître-mot de la série : santé mentale. Et pour donner quelques références, on y retrouve des aspects En thérapie avec une petite ambiance « Vol au-dessus d’un nid de coucou » pour le côté tragicomique et l’attachement aux patients, mais aussi résolument des accents de Rachel Bloom pour les dernières saisons de Crazy-Ex Girlfriend ou Natasha Lyonne pour la seconde saison de Russian Doll. D’ailleurs on retrouve en Florence Longpré le charisme et la trempe de ces deux comédiennes et autrices.

La petite surprise française de la série c’est que Thomas Ngijol joue Mortimer qui est un collègue de Suzanne, et les deux deviennent assez proches aussi en dehors du boulot. Thomas Ngijol est également très bien dans la série, et très convaincant en comédien au registre plus dramatique et varié. On découvre donc que Suzanne a un passé assez lourd et est très perturbée par sa vie privée, mais qu’en plus le job implique des situations également difficiles à gérer au quotidien.

La série démontre par l’exemple que la prise en charge psychiatrique va bien au-delà d’un espace « d’emprisonnement de fous », c’est bien au contraire de cela (en tout cas c’est le propos de la série) un endroit pour soigner et pour aider à libérer des patients en difficulté. Il y a de la tristesse, et quelques scènes parfois compliquées à appréhender, mais aussi quelques moments drôles qui font du bien et permettent de relâcher la tension autour de situations individuelles et sociales particulièrement tragiques.

Les personnages de patients et patientes, et notamment Jacques Dallaire (joué par Benoît Brière) ou Carole Moisan (jouée par Brigitte Lafleur), sont à saluer avec des performances qui forcent l’admiration. Et tout cela est narré avec délicatesse, intelligence et subtilité. Ce n’est pas caricatural, ni pour faire tire-larmes, ni pour du feel good déplacé à l’hollywoodienne, on est vraiment dans un récit digne et beau, avec ses parts d’ombre et de lumière. Les personnages sont parfaitement calibrés en la matière, et si l’alchimie fonctionne c’est parce que la trame est très bien écrite, et parfaitement interprétée (sans doute bien dirigée aussi).

La série se dévore avec bonheur, et on s’attache beaucoup à tous ces personnages, principaux comme secondaires. On a mis les sous-titres en français pour s’aider un peu, surtout pour les patients qui jargonnent beaucoup et on des prononciations un peu ardues. Mais on se fait rapidement à la prosodie québécoise, avec des expressions qu’on intègre rapidement, et cet accent tonique qui fleure bon la Nouvelle-France.

Cela fait du bien de voir une bonne série qui attaque de front le sujet de la santé mentale, et aussi intelligemment et finement. Indispensable, c’est ce que j’ai vu de mieux depuis très longtemps !

On ne s’adapte pas à un effondrement de la biodiversité, on meurt avec

Tous les journalistes sont absolument à vouloir nous ramener à des plans gouvernementaux qui sont du pipi de chat depuis des décennies, alors que Christophe Cassou l’explique très clairement : il n’y a plus de manière de compenser des effets climatiques irréversibles, on ne peut pas non plus s’adapter à une vie (végétale, animale, et donc humaine) impossible, on est juste détruit avec l’écosystème en question. Et on en est là.

Source des vidéos : France Info

Et donc le sujet de comment s’adapter aux pics de chaleur de ces quelques jours, mais qu’est-ce qu’on en a à branler ! (Et je vois encore des gens qui disent que la réponse c’est la clim… Oh yeah.)

Andor Saison 2

Il y avait un certaine pression sur cette saison, car la S1 avait été une sacrée découverte fin 2022. Alors que je ne voulais pas spécialement la regarder car j’étais échaudé par les séries Star Wars vraiment pas terribles, ou le fait d’avoir d’abord pensé que c’était un reboot des Ewoks1, bah ça s’est révélé un des meilleurs trucs de l’Univers Star Wars depuis Rogue One dont c’est le prequel2. J’étais presque un peu déçu de savoir que ce serait seulement une seconde et ultime saison. Mais le truc génial qui était aussi la beauté de Rogue One, c’est que l’on sait exactement comment ça se termine, et qu’il n’y a pas cette pression de showrunner à vouloir nous étirer des intrigues dans tous les sens ou tenir en haleine le spectateur. Tout le jeu réside dans l’écriture et comment nous allons y arriver à ce fameux début de film !

Comme dans la saison 1, nous avons plusieurs arcs qui sont assez distincts et auraient pu être des films en tant que tels. On retrouve aussi les différents protagonistes et avec autant d’intrigues parallèles que pour la S1. C’est sans doute aussi un peu la limite de la série et un des petits défauts. On met vraiment beaucoup de trop de temps à présenter les choses de manière tellement séparée que ça en devient difficile de faire le lien et de se remémorer correctement les péripéties des uns et des autres. On a ce qui se passe du côté du héros Cassian Andor (Diego Luna), on a du côté des fomenteurs de la Rebellion : Luthen Rael (Stellan Skarsgård) et Mon Mothma (Genevieve O’Reilly), et du côté des méchants : Syril Karn (Kyle Soller) et Dedra Meero (Denise Gough) du BSI (Bureau de Sécurité Impérial), et parfois même des intrigues secondaires nous séparent un peu plus les histoires avec un peu trop d’étanchéité à mon goût.

Et je vous dis tout de suite gros « hic » avant de passer à ce qui est très bon. Eh sur les 12 épisodes, qui se composent de 4 arcs narratifs de 3 épisodes le premier arc est à chier ! Mais c’est tellement naze, con et inintéressant que j’ai cru que j’allais arrêter de regarder la série. La mise en place est chiante, longue et ne fait RIEN avancer. En plus, elle se passe sur une une planète en bordure de la Galaxie et qui paraît être un grand champ de blé… Cela m’a beaucoup trop rappelé Rebel Moon de Snyder3, et donc j’ai eu très très peur.

Mais bien heureusement, le second arc démarre et c’est génial. Et ça ne cesse de s’améliorer avec plus de tension, plus d’actions et une histoire qui gagne en intérêt et densité. Ouf !!! La saison 2 commence 4 ans avant la bataille de Yavin (point d’orgue de Rogue One), et donc tous les trois épisodes on avance d’une année complète.

Le second arc voit les héros sur Coruscant avec un focus qui commence à se faire sur une planète très secondaire (Ghorman) dont on apprend qu’elle intéresse beaucoup l’Empire. La planète recèle des matières premières essentielles à l’Etoile de la Mort, mais l’extraction conduirait à détruire la planète. Pour arriver à leur fin, le BSI met en place une stratégie très « trumpiste et CNEWS » pour manipuler l’opinion : to weaponize galactic opinion. Il s’agit de faire passer les personnes de cette planète pour des terroristes afin de les envahir officiellement et surtout de les tuer tous avec l’accord implicite des citoyens de l’Empire.

Cassian est envoyé sur place, et c’est assez drôle de constater que la parabole qu’on avait déjà la S1 et le film Rogue One revient, donc on est vraiment sur l’Empire qui est le IIIe Reich. Mais donc ce qui est cocasse c’est que Ghorman c’est la France. Hu hu hu. On suit ainsi des rebelles de cette planète qui s’engage en « résistance » contre les occupants. Et comme ce sont presque tous les acteurs et actrices français que l’on fait parler avec un accent à couper au couteau, la parabole n’est vraiment pas difficile à incarner. Et en plus, alors que tous les autres peuples des galaxies parlent anglais, là les gens de Ghorman, qui sont spécialisés sur le tissage et la haute-couture (si si ), et sont assez hautains (hu hu hu), ne parlent qu’en un patois qui ressemble à du yaourt français vu par un américain. Le créateur de la série, Tony Gilroy, avait vu « Un Village Français » qu’il avait beaucoup aimé, et ça se voit. Mais c’est super bien fichu, donc ça fonctionne !

L’arc d’après tend encore plus toutes les intrigues. On sent le génocide approcher à grands pas, le Sénat Galactique devenir encore plus manipulé, et la Rébellion prend racine sur la lune Yavin IV. On retrouve aussi tous les personnages du film, y compris le génial androïde K-2SO. Mon Mothma fait un discours pour dénoncer le massacre sur Ghorman au Sénat, et elle s’enfuit grâce Cassian en gagnant la clandestinité.

Le dernier est surtout, comme la fin de Rogue One, une accélération des intrigues, puis on les ferme une par une. Les costumes et décors sont minutieusement reconstitués avec une transition presque parfaite entre les personnages de la série et du film. Mais surtout on retrouve bien l’esprit à la fois de Star Wars quand il est le meilleur (c’est à dire pour la Guerre des étoiles épisode 4), avec une écriture moderne et singulière concernant l’envers du décor qui était peu tout travaillé dans les films, même si le côté nazi des méchants transparaissait un peu. Là c’est encore plus fin avec des métaphores qui vont clairement flirter du côté de la droite américaine, mais qui seraient parfaitement cohérentes avec les politiques de Retailleau4.

Si seulement, Disney pouvait comprendre que c’est ça du bon Star Wars !!

  1. Oui j’ai confondu de prime abord Andor et Endor… ↩︎
  2. Et Rogue One est un de mes films préférés de l’univers Star Wars. ↩︎
  3. Qui est une catastrophe thermonucléaire globale de cinéma. ^^ ↩︎
  4. Par exemple hein. ^^ ↩︎

Une blague française par des belges

Après avoir blagué sur les belges qui ont été sans gouvernement stable pendant des années, il était assez légitime d’avoir un petit retour de flammes aujourd’hui. Et comme ci-dessous par la RTBF, c’est assez drôle et bien senti pour qu’on puisse aussi largement en rigoler (sauf les mentions transphobes à propos de Brigitte, que j’ai toujours trouvées détestables perso). Et là avec la thématique cathédrale, Macron et nouveau PM à trouver, c’est assez croquignolet je trouve. ^^

Ulysse 31 comme on le fantasme

Depuis quelques temps, et avec l’arrivée des IA génératives qui se mettent carrément à pondre des morceaux de vidéos, on voit des clips comme cela qui réussissent à recréer des anciennes séries ou des extraits de films avec un look différent. Ce sont soit des pastiches, soit comme ici des réinventions complètes. On est bien sûr loin d’être en capacité de faire des films complets, mais on va y arriver dans très peu de temps.

Je sais pertinemment que tout cela repose sur un « pillage » des ressources en ligne de maints artistes qui ont entraîné des modèles apprenant pour créer ces « machines à imiter et combiner ». Et pour le moment, on est vraiment dans cette limite de la création. Mais les limites sont repoussées de mois en mois, ce qui est flippant par sa capacité d’amélioration avec le temps, et si antinomique avec notre propre capacité à nous y adapter.

Mais le résultat c’est que ça va détruire une énorme partie des créatifs, tout en clonant des modèles, et finalement en réduisant le champ de l’invention et du renouvellement. Je me trompe sûrement, et on commence déjà à voir des IA qui se nourrissent du hasard pour essayer de réellement créer ex-nihilo. Travaillant plus ou moins aussi dans ce domaine, je ne peux m’empêcher de trembler d’être à la fois le démiurge et la future victime…

C’est pourquoi ces vidéos me fascinent et m’émerveillent, autant qu’elles me font flipper à mort.

Iwak #5 – Jumelles (Binoculars)

Évidemment, il y avait les comics qui me donnaient des tas d’envie de pouvoirs de mutants de l’école du Pr Xavier, mais mon tout premier héros que j’enviais et admirais, c’était clairement Steve Austin : l’homme qui valait trois milliards1. Déjà le mec, joué par Lee Majors, était canon de ouf, mais surtout il avait eu un accident mortel, et on lui avait réparé son corps avec des membres bioniques incroyables. Et son augmentation la plus dingue que j’adorais : son œil bionique !!!

Avec cet œil incroyable, il était grandement aidé dans ses missions parce qu’il pouvait voir à des distances incroyables à l’œil nu, et donc sans jamais recourir à l’usage de jumelles. Il se concentrait et hop, toudoudou toudoudou toudoudou, il voyait à des kilomètres !! Quelques années plus tard, son homologue féminin, Super Jaimie, aura une oreille bionique qui lui permet d’écouter d’aussi loin, mais ça m’a toujours paru moins cool que cette vision en mode téléobjectif 1200 mm.

J’ai toujours eu envie de ce super gadget, et encore aujourd’hui quand je suis à essayer de regarder un truc au loin dans un paysage, j’ai dans le creux de ma mémoire un petit toudoudou toudoudou toudoudou et je m’imagine zoomer comme ça. Hu hu hu.

  1. Et comment 6 millions de dollars sont devenus trois milliards ? Est-ce que c’était en anciens francs ? Rhaaa ça ne m’étonnerait pas que ce soit une bêtise comme ça. ^^ ↩︎

Michel Fau en 2011

C’est en évoquant Marguerite dans mon article de rattrapage de films que j’ai recherché un article à propos de Michel Fau que j’avais vu en spectacle en 2012. Et je me suis dit qu’il fallait que je repartage cette vidéo d’anthologie, où il donne ce petit aperçu de ses performances, pour les Molières 2011. Encore aujourd’hui, je ris, mais je ris !!! Et cette interprétation de Carla Bruni n’a pas pris une ride !

Je me disais qu’aujourd’hui on lui dirait qu’il est simplement une Drag Queen. Et en un sens, il a bien ouvert la voie. ^^