48 ans de souvenirs

A partir de ce touite de @Daze_Daze, je vais moi aussi essayer d’écrire (et de retrouver ou prioriser) 3 souvenirs par an depuis mes 3 ans. (Oui j’ai démarré cet article il y a longtemps, j’ai même dû éditer le titre pour le mettre à jour !)

J’imagine que ce sera une bonne base si un jour je dois me mettre à des mémoires ou une autobiographie, car oui j’ai assez d’hubris pour penser que ça ait un intérêt pour l’édification du monde. ^^

1976/1977/1978

J’avoue que je sèche sur cette période de toute façon. ^^

1979

Cela tombe bien, mon tout premier souvenir date de cette année à priori. Ma mère me dit que j’avais 2 ans et demi, donc ça devait être l’hiver début 79. Mes parents étaient à la montage pour la première fois avec moi bébé donc et mon frangin de deux ans plus âgé. J’ai un souvenir très diffus, et qu’à priori je n’ai vu sur aucune photo. Je suis emmitouflé dans un truc chaud, entre mes deux parents, et je suis sur un traineau tiré par des chevaux. Je me souviens que c’était brumeux et blanc, et que j’étais super bien car au chaud et bien emmailloté. J’avais raconté cette vision et impression à ma mère il y a pas mal d’années, et elle s’était souvenue qu’en effet à la montagne on avait fait du traineau.

Avant de rentrer à l’école, je suis gardé par une nourrice que j’appelle « Tata ». Elle était voisine de ma grande-tante et mon arrière-grand-mère. J’aimais beaucoup cette femme dont je me rappelle la douceur et la gentillesse. Ses fils avaient quelques années de plus que moi, et on s’est suivi après toute notre enfance vu que c’était à deux pas de chez ma grand-mère également. On a un souvenir de famille que j’ai donc pu créer par ces anecdotes racontées. J’étais très très collant avec ma mère, j’étais tout le temps après elle et sur ses genoux. Et quand elle venait me chercher le soir, je l’attendais déjà avec les mains sur le grillage. C’était la plus belle chose au monde de la retrouver et je lui disais « Ooooh maaaan-maaaaannnn !! ». Les gens me trouvaient apparemment un peu étrange parce que seule ma maman comptait pour moi. Les autres étaient juste transparents (y compris mon père, qui n’appréciait pas trop, et ma mère qui était saoulée au bout d’un moment). ^^

En septembre, c’est ma première année de maternelle. Je me souviens de la sieste, je n’aimais pas trop, et puis je dormais et je n’aimais pas du tout être réveillé. Je me souviens bien des espèces de lits de camps avec une structure tubulaire rouillée qui laissait sur mes doigts un goût de métal (merci les empoisonnements infantiles laule) et du support en tissu blanc écru et râpeux sur lequel on se reposait.

1980

C’est la seconde année de maternelle, je suis en classe avec ma cousine Chrystelle, qui a 9 mois de moins que moi. Je suis content de ne pas être tout seul. On est très fusionnel tous les deux, et cela nous est resté pendant pas mal d’années.

Je me souviens des murs couverts de dessins, des jeux à courir après un cerceau, et des pneus de voitures usés qu’on faisait rouler en courant à côté.

Je me rappelle qu’on habitait dans un appartement dans un immeuble. Les couloirs étaient sombres et incrustés de cailloux qui faisaient mal quand on s’y frottait. La chambre que j’occupais avec mon frère avait un papier peint avec plein d’animaux. On avait un canapé en velours côtelé marron sur lequel on adorait sauter et se lover contre nos parents pour regarder la télévision en famille.

1981

Pendant la troisième année de maternelle, je rencontre Davy qui va être un ami important. Il est comme moi, très sensible. Eh oui, il est homo également aujourd’hui, hu hu hu. Il me présente Marie-Aude qui va devenir mon amie la plus proche et intime pendant toute la primaire et le collège.

Je creuche comme un malade sur Sylvain M. qui est un parangon de virilité et règne en maître sur le stock de pneus de voiture ainsi que les parties de foot dans la cour de récréation. Je ne crois pas me poser de question sur mon infatuation, mais elle est bien là.

Décès de mon arrière-grand-mère qu’on allait voir tous les dimanches à la maison de retraite. Je m’en rappelle très bien car je dessinais tranquilou dans mon coin, et les gens louaient mon calme olympien. On allait donner à manger aux cygnes, et je ne comprenais rien à ce que me disait « grand-mère ». Pas étonnant, elle avait complètement oublié le français après 70 ans ici et une attaque cérébrale, et elle ne parlait plus que le portugais. Mais je me souviens bien de ses sourires énigmatiques vers moi.

1982

Le 1er janvier 1982, on fête le jour de l’an chez mon oncle et ma tante. Je suis déguisé en clown, j’adorais me déguiser. Je me souviens super bien du costume que j’ai remis plusieurs fois, et du super maquillage de ma maman.

C’est le CEP et j’en ai plein de souvenirs. Déjà premier jour : je retrouve Marie-Aude. On devient voisins de table et dans la même classe toute notre scolarité. D’abord nos parents demandent cela pour nous rassurer, et puis les profs continuent de peur de nous séparer (et de devoir assumer un trauma). Beaucoup d’affection et de respect pour Mme Calais, mon institutrice phare. J’ai appris son décès récemment (par Copains d’avant1 en 2016, son époux a écrit à ses anciens élèves) et ça m’a sincèrement touché.

Enormes souvenirs des cubes et d’apprendre à compter en base N. J’appréhende déjà cette notion, et je me souviens d’une certaine fascination de découvrir certes le comptage décimal, mais aussi le binaire (je saurai ce que c’est beaucoup plus tard je vous rassure). L’apprentissage de l’écriture est aussi un truc énorme pour moi, écrire me donne l’impression d’avoir du pouvoir, c’être une sorte de démiurge qui crée quelque chose de tangible à partir de la pensée.

Bonus : On devait aller voir Brisby et le secret de Nimh au cinéma, et comme la séance était complète on a vu TRON !! On a adoré avec mon frère, au grand dam de ma grand-mère et grand-tante. ^^

Bonus : J’ai le meilleur cadeau de Noël de toute ma vie : un Walkman Sony avec des écouteurs oranges. J’écoute en boucle la cassette de l’album Mistaken Identity de Kim Carnes (1981), et je fixe la diode rouge power la nuit en me perdant dans Bette Davis Eyes.

1983

Affirmation du lien avec Marie-Aude, mais aussi plein de gens que je connaissais déjà à la maternelle et avec qui je vais être plus ou moins en relation jusqu’au collège (et assez souvent leurs parents étaient à l’école avec ma maman ou des amis d’enfance de mes parents). Sonia, Sylvain, Marie-Cécile, Arnaud, Angélique, Salima, Géraldine, Sandrine, Stéphane, Olivier… Mme Maurin si sévère qui nous faisait très peur !

Marie-Aude va au « caté » et pas moi, et je suis un peu jaloux, j’aimerais bien aussi dessiner et faire des activités comme ça. Mais surtout, elle m’enseigne un truc super : la prière (j’ai appris le bon vieux Notre Père). Car on avait très peur des cours de natation en primaire, avec des maîtres-nageurs très très méchants. Grâce à la prière, j’ai évité bien des désagréments. J’explique tout ça à mes parents le soir qui rigolent, et ne s’offusquent pas du prosélytisme pratique de ma copine.

Premier été en Corse avec mon oncle et ma tante, on est parti une bonne dizaine de fois avec eux en vacances et c’était vraiment des souvenirs géniaux. Le souvenir le plus prégnant c’est la traversée en bateau, énorme et qui tangue, et l’odeur du maquis qui cuit sous la chaleur du mois d’août (c’est vraiment le romarin qui m’a le plus marqué olfactivement ces années corses).

Bonus : C’est l’année du déménagement !! Le premier de ma vie. On quitte l’appartement d’Osny pour la maison de Berville. Le souvenir étrange d’être allé au jour de l’an 82 (le 31) chez mon oncle et ma tante, et on s’est couché très tôt le lendemain (dans la nuit/matin du 1er janvier) dans notre nouvelle maison et chambre !

1984

Le CE2 c’était Mme Senault et un gros contraste car sans doute une des profs les plus douces, pédagogues et adorables. Jean-François, Liêm, Bruno, Sonia et évidemment Morgane P. Cette dernière est mon premier crush sur une fille (j’en n’ai pas eu beaucoup.. J’ai été très amoureux pendant longtemps. Et il s’est passé un petit quelque chose mais je ne me souviens plus quoi. Elle a déménagé à la fin de l’année, donc ce fut très fugace.

C’est le début des emmerdes pour moi en revanche. Et voilà, à partir de 8 ans, on me demande dans la cour « t’es un garçon ou t’es une fille ? ». Et on me demande ça trèèèèès souvent parce qu’en effet j’étais très androgyne, mais surtout car assez efféminé et tout le temps avec des filles, en détestation du foot dans la cour.

Les mercredis après-midi chez mon grand-père où on jouait sous la vigne, avec les poules (c’était vraiment cra-cra) et avec les boulets de charbon (c’était la grande vie chez les prolos). Souvenirs d’un capharnaüm, des odeurs de gitanes maïs, des bouteilles de Grenache, de l’horloge dans cette cuisine où mon grand-père regardait par la fenêtre, assis à sa table, toute la sainte journée avec son chien à ses côtés.

1985

Le CM1 c’était avec M. Déjean qui était un super instit’ aussi, assez sévère mais plutôt marrant dans le fond. Avec lui on a fait de la voile sur les étangs de Cergy, on a fait du canoé sur la Viosne au château de Grouchy, et on est parti une semaine en classe de neige pour apprendre le ski. Il y avait les deux (power) couples de la classe : Olivier (le fils du prof) avec Sonia (ou Marie-Cécile ?), et Sandra avec Pierre-Yves (je creuche dessus comme toutes les minettes). C’est le début des relations sitcomesques de l’école.

Mon premier ordinateur : le ZX81. C’était mon rêve. C’est un cadeau pour mon frangin et moi, acheté via La Redoute quelques centaines de francs. Je découvre le Basic, et je confirme que je serai sans doute un informaticien. Totalement fan !!

Les mardis soirs à aller chez ma grand-mère qui nous gardait le mercredi. On regardait les westerns de la Dernière Séance en mangeant des frites dans des cornets en papier. Meilleures frites de l’univers. Meilleure grand-mère tout court.

1986

Mon petit agenda Mickey 1986, cadeau de ma maman pour mon anniversaire, que j’ai toujours et qui a été le palimpseste de mes premiers écrits. Je me souviens bien aussi de la chouette fête de famille pour mes dix ans.

C’est la fin de la primaire avec le CM2, on est plus fusionnel que jamais avec Marie-Aude. On écrit un roman génial ensemble. On avait relu ça quand on était à la fac, et ça nous avait énormément fait rire d’écrire avec une syntaxe aussi hésitante. Hu hu hu.

Découverte de la programmation en LOGO sur les MO5 et TO7 de la classe. J’adore, et mon assuétude pour l’informatique ne fait que commencer. Montrer tortue, cacher tortue et carrément repete 6 [av 100 td 144] pour une étoile !!!

1987

Le début du collège et la sixième. Le début de mes très bonnes notes, j’aurai les félicitations à tous les trimestres jusqu’à la fin du lycée. Mais le début aussi d’intimidations de plus en plus marquées, malgré l’amitié continue de Marie-Aude et d’autres filles, ou d’autres « misfits« . Les ados deviennent violents et je me souviens de la peur du collège.

J’aime bien le fait d’être chez les grands, d’avoir un emploi du temps, de changer de classe, de matières et de profs. J’aime bien certains cours qui sortent de l’ordinaire comme le dessin ou la musique (mais pas le sport, ni l’EMT ^^), mais surtout je suis heureux comme tout d’apprendre l’anglais. Je crois que cela me donne encore une sensation de démiurge aussi forte que quand j’ai appris à écrire ou à compter. Je sens que je vais apprendre cette langue et que ça va me doter d’un pouvoir assez surhumain.

On rencontre Danièle R. avec Marie-Aude, et c’est un coup de foudre à trois. On va devenir inséparable pendant tout notre collège. Il y aura peut-être une mini-brouille de jalousie (un coup moi, un coup Marie-Aude), mais vraiment une peccadille. On était un formidable trouple amical !!

Bonus : Je fais du judo, et clairement j’ai des pensées pas très pures pour mes camarades mecs, surtout pour des plus grands, plus forts et impressionnants. Je me souviens de m’être battu (en combat officiel hein) avec, et d’avoir ressenti plein de trucs physiques indéfinissables (et à la production onirique tout à fait efficiente).

1988

Je n’ai jamais eu de meilleures notes à l’école. 19 de moyenne, je caracole. J’adore juste bosser à l’école et apprendre des choses dans toutes les matières.

Je vais chez ma grand-mère tous les soirs. Je fais religieusement mes devoirs. Et j’entends « Mathieuuu, viens, c’est les Zodiaques qui commencent !! ». C’est le moment où on regarde ensemble les Chevaliers du Zodiaque, les Mystérieuses Cité d’Or et tous ces animés qui vont marquer toute une génération. On suit aussi Santa Barbara ensemble, et on aime beaucoup Kelly Capwell. Ma grand-mère me raconte ce que je rate, car ma maman passe me récupérer au milieu en général.

Je vais à l’aérobic avec ma mère2, c’est ma tante qui donne les cours. J’adore ça, et surtout ma tante fait des mix géniaux qui bougent. J’ai toujours cette cassette « mix 1988 » au stylo bille bleu et rouge en tête. On avait un radio-cassette avec un double magnéto ce qui permettait de faire des copies de cassettes.

1989

Mes parents ont pris un crédit pour m’acheter un PC1512, parce qu’ils savent que c’est mon rêve, et que c’est sans doute utile pour la suite de mes études. Rolololo, c’est un de mes plus chouettes cadeaux c’est sûr. Je joue à Tetris que je découvre, et j’adore ce jeu. Un jour, pendant que je joue, ça me démange à l’entrejambe. Je finis par me gratter et toucher, et un grand spasme de plaisir me prend par surprise. Je mouille ma culotte super stressé en pensant que je saigne. Mais non c’est autre chose. Voilà première branlette sur TETRIS. Si c’est pas de l’informaticien en devenir ça hein !!!

Souvenirs du bicentenaire de la Révolution Française, c’était un gros gros truc ! Mais surtout la chute du mur de Berlin, je ne comprenais évidemment pas trop pourquoi mais la joie des gens à la télévision se communiquait, je sentais qu’on vivait un bouleversement incroyable. Et c’était un truc beau et positif, la fin de la guerre froide, et un monde meilleur… peut-être.

Le bullying continue plus ou moins violemment ou subtilement, mais c’est surtout associé à une compréhension très claire de mon homosexualité. Enorme honte, conscience d’être une engeance de la nature, et pacte avec moi-même pour refouler tout ça, et bosser à l’école pour donner le change. Pour que mes parents m’aiment alors que je suis une horreur, il faut que je sois le meilleur.

1990

Plein d’images prégnantes de ce premier voyage linguistique en Angleterre, avec un gros crush sur le fils de la famille, Jaimie. ^^ Je me souviens la moquette partout qui m’avait choqué, la moquette dans la salle de bains !!! Les rôtis cuits à l’eau tout gris, les délicieux cheesecakes surgelés de M&S et les paysages de The Wash.

C’est l’année vraiment de tous les changements de puberté pour moi, je grandis, j’ai des poils qui poussent, et pendant l’été ma voix change du tout au tout. Ma cousine me gueule dessus car on s’était vu trois semaines avant, et elle pense que je me moque d’elle en parlant comme ça avec une grosse voix.

J’ai vachement de mal avec la géométrie, et surtout les problèmes avec les vecteurs. Je me souviens très bien d’un contrôle où j’ai tout foiré. Huhuhu.

1991

La fin du collège, j’ai un souvenir très précis des examens du brevet des collèges, qui n’étaient pourtant qu’une formalité, mais bon c’est l’effet exams !

Je déteste cette période ado où on est affreusement déformés par la puberté, et en même temps tout est passionnel et passionné, même le bullying qui s’intensifie. Mais après des années d’introspection et d’une certaine réserve, j’aime parler, et je réalise cette année là le pouvoir des mots, le pouvoir du verbe et de la persuasion. Je passe les récréations à discuter avec d’autres misfits et on refait le monde.

Une colonie de vacances qui m’a marqué, j’y ai commencé à annoter mon petit agenda Mickey de 1986, et j’ai raconté ce qui s’y passait. J’ai été le scribe d’un petit groupe, et pour la première fois le fait d’être un chouïa cultivé, de savoir écrire et de m’exprimer m’ont donné une certaine aura.

1992

Le passage au lycée est majeur bien sûr. Et surtout le fait d’y devenir ami avec Hervé, mon premier pote mec. C’était un hasard, c’est un des seuls du collège à venir à ce lycée là (on était tous les deux dans le Vexin, mais dans le mauvais collège), et donc on s’est naturellement regroupé à la rentrée. Il est devenu un ami très cher, et étonnement car nous n’avions pas grand chose en commun. Il m’a fait beaucoup de bien. Marie-Aude et moi sommes séparés pour la première fois de notre scolarité. A vrai dire, on en avait un peu marre, donc on est content. Mais on se manque, et on se reverra régulièrement (on est encore en contact très très rare aujourd’hui).

Le lycée a été rassérénant car la plupart des personnes horribles n’avaient pas passé le barrière du collège. Malgré tout c’est le max de l’adolescence, et l’homophobie a été plus précise, insidieuse et douloureuse. Mais en contrepoint, il y a plein de belles rencontres, et notamment celle de Cécilia B qui était ma voisine à Berville. On prenait le bus ensemble, et on est devenu très très potes.

Deux points d’orgue à cette année, d’abord la naissance de mon petit cousin Alexis, inoubliable 17 juillet. C’était vraiment majeur pour la famille, et pour moi. Et c’était pendant des vacances en Corse avec ma maman, un oncle, une tante et ma cousine. Ces vacances ont été incroyables et émancipatrices, le vrai passage à l’âge adulte pour moi. J’ai commencé à me dire que je n’étais pas tant une merde que cela à ce moment. Après ces vacances, tout avait changé pour moi. Je savais même que j’étais pédé, et que c’était comme ça, même si ce n’était pas idéal.

1993

Le décès de mon grand-père, puis ma grand-mère. Horrible. Autant mon grand-père, je n’étais pas très proche, et il était très âgé, je n’ai pas été si touché que cela. Mais ma grand-mère, la perde d’un cancer si vite, et avec une fin difficile, ça m’a bouleversé et très attristé. Encore aujourd’hui, cette perte me touche beaucoup. J’aurais tellement adoré continuer à la connaître, et surtout qu’elle me connaisse mieux, qu’elle connaisse l’adulte en devenir, et celui que je suis aujourd’hui. (Elle aurait eu 100 ans, il y a quelques jours.)

En Première, je me suis rapproché de Virginie J, et elle est rapidement devenue une très proche amie. Elle habitait aussi un village voisin dans le Vexin, Menouville. Cette amitié s’est fortifiée avec les années, et on a passé une bonne partie de la vingtaine très copains et intimes. Je me rappelle de nos conciliabules qui pouvaient durer des heures, et de notre connivences sur tant de sujets. Et c’est elle qui me présentera plus tard, Caroline B, personne importante parmi les personnes importantes dans ma vie.

Le harcèlement ne s’amenuise pas vraiment, mais je vois bien que les choses s’améliorent avec les années, et avec la maturité des gens. C’est ainsi que je me rappelle bien mes premières relations amicales avec certains garçons notamment Nicolas R, Nicolas P, Julien Z ou Bastien D. Parfois ce ne fut qu’une conversation sérieuse et un échange qui montrait une considération, mais ce fut suffisant pour me toucher, et me faire du bien à l’âme.

1994

L’année du bac, c’est assez inoubliable non ? Pour moi donc comme pour tout le monde. Le bac en juillet, et mes parents évidemment fiers et fous de joie,. Je me rappelle un superbe VTT bordeaux en cadeau !!!

Mes premières vacances avec des amis, et pas avec mes parents ! Nous sommes partis à Préfailles (dans le 44) chez Séverine P (surnommée depuis Bob), Manuel M et Virginie J notamment. Je me rappelle mon inoubliable vélo orange à l’image de la marque Oncle Ben’s (une location), fidèle compagnon de ces vacances.

La rentrée se fait en IUT de Génie Electrique et Informatique Industrielle de Cergy. Gros changements évidemment avec la fac, et plein de nouveaux camarades. Evidemment les quelques filles deviennent rapidement mes copines. Hu hu hu. Je revois aussi avec bonheur Marie-Aude qui est à la fac à côté, et Virginie est toujours là avec ses études de pharmacie à Paris qui lui prenne beaucoup de temps.

1995

J’ai mon unique relation avec une fille, cela dure quelques mois. Je suis assez amoureux, et c’est réciproque, mais clairement je simule tout cela. J’arrive à me dépuceler (première fois avec une fille, mais pas première fois), mais vraiment je n’aime pas du tout ça. Mais j’aime le fait d’être en couple, de la présenter à mes parents, et j’essaie de me convaincre que ça pourrait être sympa. Je finis par lui briser le cœur, mais clairement je comprends et accepte mon indécrottable homosexualité.

Mes deux pilliers à l’IUT sont Stéphanie M et Olivier P. Stéphanie est une fille géniale et charismatique, à la conversation brillante et très cultivée. Elle me file des bouquins et des trucs à écouter, elle me forme à tout un pan de culture inconnu pour moi. Olivier P était à la base le frère d’une amie du collège, et qui était de l’âge de mon frère. C’est un garçon incroyable avec qui j’ai des échanges fabuleux. Il me fait découvrir Philip Glass, c’est dire s’il a été une rencontre majeure. Mais surtout, il me déniaise de la vie gay parisienne. Il se doute bien que je n’attends que cela. Et même s’il est hétéro, il est parfaitement interlope et métrosexuel avant l’heure, il me montre le Marais et le bouillonnant quartier de la rue de Ferronnerie. Dolce Vita, Banana Café, et le bar et l’under-bar (une backroom). Il a suffi d’un week-end pour tout comprendre.

Pendant la même période, Virginie à Paris me présente sa copine Caroline B. Cette dernière voit en moi un petit pédé à accompagner et à protéger. Cette lesbienne haute en couleur devient mon véritable mentor. Premier souvenir du Queen, impérissable. Premiers flyers de soirée…

1996

Pour terminer mon DUT, je passe un semestre à Newcastle, et j’y passerai aussi mon passage à la vingtaine. Des souvenirs de mon ami Brian et des séances de cinéma au Tyneside. Juste avant de partir, Caroline me présente sa nouvelle petite amie, le meilleur ami de la petite amie devient mon petit copain, David G. Il me largue pendant Newcastle par courrier. Ouch !! Ah tiens, j’ai aussi mon premier email à l’université de Northumbria. Je cherche en vain à écrire à des gens qui auraient un email, mais je suis le seul, alors on communique plutôt par fax. ^^

Je passe en année spéciale qui me permet de compléter mon premier DUT technique avec un DUT en techniques de commercialisation. Je rencontre Cécilia A qui devient une amie très chère. Elle a une voiture, on décide un jour d’aller aux Transmusicales de Rennes sur un coup de tête. Souvenirs fous du concert de Tricky. On conduit toute la nuit pour aller en cours le lendemain matin.

Nadine F est une bonne copine de l’IUT. Elle vient de Dakar et fait partie de l’importante communauté libanaise du Sénégal. Elle a une histoire d’amour folle et incroyable avec un garçon croate ou serbe, je ne sais plus. Leurs amours contrariées par la guerre, les papiers et les distances me marquent beaucoup. On la soutient avec Cécilia. Elle réussira à l’épouser, et le perdra, tragiquement, enceinte de leur enfant.

1997

Je poursuis mes études en alternance dans le marketing. Ce n’est pas encore du digital, mon premier taf consiste à concevoir des fax-mailing. Hu huhu. Je me souviens que c’était à Pantin, et que j’étais fasciné par cette station de métro : Aubervilliers – Pantin – Quatre chemins. Rencontre avec Sophie S qui devient une très bonne copine au boulot, on rit énormément. Elle vit par procuration ma découverte de la gayttitude parisienne.

C’est l’année Thomas et Tigrou, et aussi celle du coming-out aux parents.

Ma toute première Marche des Fiertés à Paris, l’Europride, qu’on appelait encore Gay Pride. 300 000 personnes, une expérience dingue !! Mon père qui me félicite de militer pour les droits civiques de tout un chacun (ma mère ne lui avait pas encore dit ^^ ).

1998

Année des changements par excellence ! Je rencontre Diego, et il y a toujours Ali, Caro, Yves et les autres. Beaucoup de sorties en boîtes : Queen, Entracte, Scorpion. Et en février : emménagement à Paris, rue St Sabin dans le 11ème. Pendant mon emménagement, Madonna sort Ray of light et on écoute Frozen en boucle. Je pense que c’est un bon présage pour ma vie parisienne en éclosion.

Les 3 rencontres à jamais marquantes : William, Ricardo, Sean.

Blondeur avec Sophie S du boulot, mais aussi histoire d’amour avec Nicolas R. Vous en connaissez des comme lui, c’est un hétéro dans le doute et curieux. On a tous ce genre d’histoires de jeunesse qui nous laissent sur le carreau, mais il faut la vivre.

1999

Histoire d’amour avec Sébastien dit Anorak : beaucoup d’allers-retours à Toulouse, et beaucoup de passion dans cette relation. Je me rappellerai toujours cette première fois où nous nous sommes rencontrés alors que j’avais pris le TGV pour le voir à Toulouse. Il avait son vélo, il a souri, et il a dit bonjour avec son accent à tomber par terre. On a craqué tout de suite, et on s’est aimé follement.

Autre histoire avec Franck S que j’avais rencontré aussi sur Caramail, et qui a insisté très très lourdement pour qu’on se voit. En réalité, il est rapidement tombé amoureux de Diego, et ça m’a rendu chafouin. Cela ne sera pas la première fois. Mais on s’était accordé sur une chose avec Diego, Franck avait le nombre d’Or de la bite. ^^

Le pote hétéro adorable qui te dit qu’il connait aussi un gay et qu’il faut qu’il vous présente. Gros « warning » !! Et voilà qu’il nous présente, et c’est Nicolas M. On se tombe dans les bras à la fin de la soirée, on est amoureux fou pour quelques mois. Il me largue et je suis déprimé comme jamais. Ma maman est inquiète, et elle est contente quand elle voit Diego débarquer dans le sud de la France (où nous sommes en vacances) pour me redonner un peu de baume au cœur.

Bonus : Rencontre de la première génération des gens d’internet (j’en connais encore certains) : le Capitan, Yaten, feu.des.enfers, Anorak, et tout ceux des chatrooms Caramail.

Bonus : Boulot à Boissy St Leger, fin du RER A : vrai premier boulot salarié. Souvenir des locaux pourris qui me dépriment.

Bonus : Christian et Diego à St Sabin. L’anecdote qui me restera toujours de cette année.

2000

Mon dernier Nicolas, et une magnifique histoire d’amour qui m’a rendu très heureux et épanoui. Mais ce n’était pas le bon, ça n’a pas duré malgré toutes ses qualités. Souvenirs de son appartement de la rue du Faubourg St Antoine.

Je change de boulot après un passage éclair chez Cap Gemini à Issy les Moulineaux, je rejoins un grand éditeur de logiciels de 3D français à Suresnes. Je reste scotché et intrigué par la tour !

En l’espace de quelques jours, je deviens pour des parents paumés un potentiel gourou de ce pauvre Pascal à Angoulême. Beaux souvenirs de ce garçon adorable et attachant, et de cet aller-retour illico à Angoulême. Souvenir du quai de gare bitumé.

Bonus : Jour de l’An à NYC avec Diego et sa famille. Je prends l’avion pour la première fois, et je découvre New York. Je suis très impressionné par la skyline et par les Twin Towers que je prends en photo (argentique). Souvenir du concert de Maceo Parker.

2001

Rencontre fugace du Péruvien, amitiés avec des collègues : Greg, Naïri, Phil, Olivier, Vaness. Mais le souvenir associé à cette année et qui me rappelle le boulot, c’est le 11/09/2001. Les premières infos sur Internet, les sites qui saturent, et la peur de la troisième guerre mondiale.

Je continue à me rapprocher de Diego, et on s’éloigne des autres, tout en continuant à énormément sortir en boîtes, bars et soirées.

Je suis présent sur tous les sites web gay, je n’ai pas changé. Hu hu hu. GayAttitude, Yarps, Gayvox, Citegay… Je rencontre JP sur Yarps, il me plaît beaucoup beaucoup. Il me largue et ça me fait mal.

2002

C’est le début d’une relation très importante, et qui va durer longtemps, à l’échelle des amourettes qui durent deux mois quoi. Avec Mériadec, ça commence sur les chapeaux de roue, et c’est aussi beau qu’incandescent. J’ai conscience que ça ne durera pas. Mais je suis incapable de m’imaginer sans lui. En parallèle, je rencontre officiellement Alex au boulot, et mon amitié avec le Péruvien s’affermit rapidement.

Je suis marqué par la beauté de St Briac et ses environs que je découvre avec Mériadec (moi et les bretons…), et surtout par cette curieuse histoire de Victoria Melita.

J’adore mon studio de la rue St Sabin. J’ai déménagé une fois dans le même immeuble pour un appartement un peu plus grand. La vue de mon immeuble et des clochers de St Ambroise deviennent un élément de clef de ma mythologie.

2003

Je découvre les blogs, et je deviens accroc. A force de squatter les commentaires des uns et des autres, j’ouvre le mien. Oh là là, c’est parti !!

J’emménage avec Mériadec rue des boulets. Il organise plein de fêtes chez lui, et c’est orgiaque !! Je maîtrise comme je peux la concierge qu’on rend dingue. Je me souviens du sol de la cuisine à petits carreaux et morceaux de céramique, mais aussi de Six feet under dans le canapé à se faire des papouilles.

Je suis chez mes parents, et M explique une histoire folle où il est tombé dans mes escaliers en rentrant chez moi. Il me dira la vérité ensuite, mais alcool et drogue et dégringolade (dans les escaliers du métro) en rentrant d’une chouille un peu trop remuante, et en réalité il s’est pété un truc et devra aller aux urgences une fois que la douleur lui aura fait comprendre la sévérité de la chute (une fois que l’effet anesthésiant de la drogue ne fait plus effet).

2004

Je me fais largué par M avec pertes et fracas, c’est vraiment très très difficile à vivre. En plus, je suis sollicité l’été par le boulot qui me fait avoir mes congés en octobre. Je finis par partir une semaine à Mykonos mi-octobre, et c’est une expérience hors du temps solitaire, mais salutaire, pour moi. J’en garde des moments forts de solitude sur ce caillou aride à écouter Glass toute la journée face à la mer. ^^

J’emménage rue Deguerry dans un appartement « cocon » qui est un endroit que j’adore, alors qu’objectivement ce n’est pas tip-top. Mais ça me permet de bien rebondir, et me ressourcer. J’ai filmé de bout en bout mon voyage pour aller au boulot depuis chez moi, ça fait presque 20 ans !!

Quelques jours à Stockholm avec Diego, on a évidemment passé un super moment, mais 400€ de facture de mobile à cause de l’usage modem pour bloguer. Je m’en rappelle, ça m’avait bien foutu dans la panade. Hu hu hu.

2005

Je rencontre Xavier sur GayAttitude, et c’est une super belle histoire qui se noue. Je l’aime beaucoup, mais rapidement je me rends compte que nous avons des caractères trop différents, et certains aspects du sien me minent carrément. Malgré tout je garde une grande affection et considération pour lui.

Je rencontre des dizaines de blogueurs, surtout pédés parisiens, et je me lie d’amitié avec Seb Amok, une relation qui est encore un pilier aujourd’hui. Avec Julien S, c’est une histoire d’amour qui me fait beaucoup de bien. On passe des moments géniaux, mais comme avec Xavier, il y a des trucs qui m’insupportent et je sais que je ne pourrais pas transiger. Je romps comme un connard à distance. Il m’en a énormément voulu avec beaucoup de rancune. Encore aujourd’hui, on est en contact, mais je vois bien qu’il a gardé une rancune tenace. Hu hu hu. Eh oui, sa bite est aussi monumentale que sa réputation sur les Internets. ^^

Mes parents divorcent, mais c’est très amical et serein. Mon père reste habiter pendant pas mal de mois chez ma maman après la prononciation du divorce. Et lors de mon mariage en 2014, plein de gens me disent : non mais tes parents ne sont pas divorcés !! Cette année là, je passe aussi de l’autre côté du miroir lors d’une soirée. Obligé de m’en souvenir.

Bonus : J’ai aussi eu une courte mais marquante relation avec un autre Julien (via GayAttitude aussi). Encore un breton mais cette fois de Brest, et qui m’a fait découvrir la région et Guissény. Encore une bite incroyable, j’ai eu de la chance à ce sujet !!! (Bah oui c’est mon souvenir, je suis sincère !) Je l’ai croisé à Quimper l’année dernière par le plus grand des hasards.

2006

Pour rendre service à une blogueuse, je m’occupe de sa chatte pendant quelques mois. Mais la meuf ne reviendra jamais, alors j’adopte définitivement ma petite Voyelle d’amour. Elle finira ses jours très heureuse chez ma maman. Elle adorait se promener dans le jardin sur les épaules de mon papa. ^^

L’année de mes 30 ans, Cécilia A me prépare une incroyable fête surprise déguisée, et elle invite tout le monde. Un mélange incroyable d’amis de l’IUT et plein de pédés parisiens en goguette dans le 78, dans les bois de Feucherolles, dans un ancien relai de chasse qui nous a servi de lieu de célébration. Soirée magique et surréaliste. Je réalise je crois seulement là que je suis entouré de gens qui m’aiment. C’est un sentiment très agréable.

C’est un été à Belle-Île chez Seb, et avec les amis. Quels merveilleux souvenirs de ces fêtes, ces dîners arrosés, et la magnifique plage du Dotchot.

Bonus : Je passe un week-end mémorable avec Virginie qui habite maintenant à Montpellier, et avec Donato qui sera un ami proche pendant quelques années. Je suis heureux de continuer à cultiver notre amitié, malgré la distance.

Bonus : En décembre, je pars en Israël avec Diego, c’est un voyage magnifique ! Je suis dingue de Tel Aviv, Jérusalem (surtout) et de la mer morte, et ce malgré les pensées paradoxales (et là encore plus datées, nous sommes 20 ans plus tard) qui ne cessent de nous saisir.

Bonus : Avec Flo, on fête cette année nos anniversaires ensemble dans un bar gay : l’O’kubi. On invite des blogueurs, et c’est une soirée blindée et « courue ». Je me rends compte pour la première fois de ma vie d’une certaine popularité, c’est arrivé avec le blog. Jamais je n’aurais pu anticiper cela. Mais c’était déjà le moment paroxystique, cela ne pourra que diminuer. ^^

2007

Seb crée le blog collaboratif Coquecigrue, on va finit une quinzaine à déblatérer là-dessus. C’est surtout une bande de potes, et on va rester liés des années.

Je suis dans une histoire d’amour avec Marc L, mais notre différence d’âge me mine. Il a 20 ans et moi 30, je le vis mal. Hu hu hu. Je l’aimais beaucoup en tout cas.

En mai, je passe un week-end avec tous les potes chez Alex en Bretagne, à Clohars. Et voilà qu’on finit à faire des bisous dans un lit !!! J’ai trois semaines d’incertitude chelou où je n’arrive pas à finir avec Marc, et je m’interroge sur la possibilité d’une histoire avec Alex (spoiler : on est encore ensemble en 2024). En même temps, je change de boulot, et me voilà dans l’immobilier neuf.

Bonus : Cette année, le photographe Benjamin Boccas me tire le portrait pour un bouquin autoédité avec des trombines de blogueurs. Je suis trop content ! ^^

Bonus : On passe un week-end à Lille chez Henri, et j’ai un souvenir fort de cette exposition Dan Flavin, et des danseurs de Tecktonik !!

2008

Berlin avec les potes, oh là là, c’est un super souvenir ça !!!

Je découvre Locmariaquer avec Alex, bien sûr. Et je reste scotché par la table des marchands et le grand menhir brisé !!!

On part une semaine en voyage aux USA, c’est le premier d’une assez longue série. Ma première fois au Grand Canyon qui est sans doute mon endroit préféré sur Terre, et le Getty Center qui me marque profondément.

Bonus : C’est la dernière saison du podcast le 6e Sens avec Mathieu Simonet. J’aimais tellement passer dans cette petite impasse, et regarder les sculptures dans cette vitrine.

Bonus : NYC avec Alex, je suis tellement content d’y retourner avec lui. Je teste un site web assez récent qui permet de louer des endroits à des particuliers, ça s’appelle airbnb. On passe notre temps dans notre super chambre, et on va à un mariage dont le souvenir est important. On découvre aussi Sleepy Hollow avec un certain émerveillement.

2009

Début 2009, c’est un grand moment : on emménage ensemble à Ménilmontant dans un super appartement !!

Enorme fête d’anniversaire, toujours en duo avec Flo (je suis du 31 mai, il est du 1er juin), au resto corse à Temple qu’on aime tant. On est tous déguisé encore, et qu’est-ce qu’on rigole et qu’on fait une belle fête ce soir là !

Encore le Grand Canyon, et cette fois dans un vrai roadtrip avec en figures de proue Antelope canyon et Bodega Bay où on refait Birds d’Hitchcock.

Bonus : Toute fin 2009, je trompe Alex avec un autre Alex. Je me fais griller, s’en suit une énorme crise qui me met dans une angoisse telle que je n’ai jamais ressenti. L’autre Alex est resté une personne assez proche, malgré les circonstances, parce que c’était vraiment un être singulier et très attachant. Il a disparu dans d’étranges conditions, tout aussi singulières que lui.

2010

Changement de boulot, maintenant je bosse dans un grand groupe hôtelier, et je découvre avec un plaisir non dissimulé le Martinez, le Crillon ou le Lutetia. pour le boulot. Bonheur ! Cela plaît aussi beaucoup à Alex pour nos week-ends.

On passe l’été à Mirleft au Maroc avec quelques proches. Je garde de belles images de ce séjour, accablé de chaleur, avec une étrange brume maritime, et des portes bleues !

En septembre, le couperet tombe : diabète insulinodépendant. Urgences, une semaine d’hospitalisation… C’est clairement lié à mes quinze jours d’angoisse de la fin de l’année d’avant. Ce qu’on se fait par culpabilité…

Un des très beaux souvenirs de ces années : on fait un long week-end à Rome en famille. On part avec mon frangin, mes parents et le père d’Alex. On passe toujours un séjour inoubliable et qui nous ravit.

2011

Je rechange de boulot, cette fois c’est l’industrie du verre, et je découvre par là-même Mers-les-Bains, en passant par Abbeville et Amiens en TER. J’ai adoré ces paysages, et surtout les grandes falaises de calcaire, l’eau opaline et les galets.

En pleine visite du parc des Everglades, en Floride, on passe sur un chemin entre deux étendues d’eau blindée d’alligators. Sur ma droite, perpendiculairement au chemin, il y a un alligator de 5 mètres de long qui me regarde. Je refuse de continuer, on fait demi-tour. ^^

La Pride de Gourin, un village de 5000 habitants perdu en Bretagne profonde, c’est forcément un souvenir marquant ! Quel dommage que cela n’ait pas perduré.

Bonus : Découverte de la cathédrale Ste Cécile d’Albi lors d’un roadtrip dans le sud de la France. C’est un vrai choc !!

Bonus : New York avec le père et la sœur d’Alex, encore un bon souvenir de cette ville dans laquelle je me plais tant.

2012

Je pars une semaine à St Martin (dans les antilles) pour voir Charles et David qui y sont installés pour quelques années. Les vaches qui paissent et se dorent la pilule sur la plage, ça m’a marqué !

On passe deux semaines géniales à Santorin, et on en profite pour faire absolument 100% de ce qu’il y a à faire. Des vacances mémorables !!

Le chérichou monte Le « Projet Laramie » avec sa troupe Green Paradise, et c’est une réussite hallucinante. A ce jour, je regrette amèrement que plus de gens n’aient pas pu la voir. Matthew Shepard méritait bien ça.

Bonus : La joie de l’élection de Hollande, on sort dans la rue, on va à Bastille !

Bonus : PH organise une Murder Party pour ses 30 ans. On est une bonne vingtaine de participants à passer un week-end dans une masure normande, et tout le monde est habillé comme dans les années 20. Super moment totalement nawak et hors du temps !!

2013

Les homophobes se liguent, et en réponse une magnifique manif contre l’homophobie avec les copains et copines. Cela me fait chaud au cœur de voir tous nos amis et amies alliés se joindre à nous. Ce n’est pas anodin !

Diego habite à NYC pour quelques années, je vais le voir pour passer quelques jours avec mon pote en solo. On découvre avec émerveillement Sleep no more au McKittrick Hotel.

Bon, maintenant je bosse dans les trains !

Bonus : Je fais une petite semaine San Francisco pour le boulot. Je ne peux pas faire grand chose évidemment, mais rien que de voir le Golden Gate me fait trop trop de bien. ^^

Bonus : Je sors le jour où la loi est adopté, et c’est la fête pour le mariage pour tous dans les rues de Paris !!! Merveilleux moment, on se retrouve entre amis sous la pluie, très heureux et soulagés, les méchants ont perdu.

2014

Nous nous marions à Clohars-Carnoët le 28 juin 2014. Et c’est cool !! Une journée tellement mémorable et parfaite en tout point !

Juste après le mariage, on part quelques jours Portugal, en Algarve, et on visite le village natal de mes arrière-grands-parents portugais, Alte. C’était très émouvant pour moi d’aller dans cet endroit, et m’imaginer mes aïeux.

En septembre, c’est le mariage de Joanna et Victor, ils sont trop beaux, et nous aussi. ^^

Bonus : En décembre, on commence notre voyage de noces au Chili avec le nord, Atacama et les hauts plateaux andins désertiques, puis le sud au détroit de Magellan avec les glaciers de Patagonie. Ce sont des images incroyables, qui me resteront sans doute toute ma vie.

2015

Le voyage de noces se termine en janvier l’île de Pâques qui était un de mes rêves. Cette semaine passée au milieu des moaïs m’a rendu tellement heureux et abasourdi.

Mais 2015, c’est évidemment Charlie Hebdo et le Bataclan… Comme pour le 11 septembre, on se souvient tous de ce qu’on faisait à ce moment là.

On déménage dans le 2ème arrondissement à Sentier dans un appartement de ouf !!

Bonus : On adopte notre Sookie. Encore une connexion bloguesque pour cette petite chatte Tuxedo qui deviendra vite notre compagnon d’amour.

2016

Pour mes 40 ans, ma maman avait organisé une chouette fête de famille, c’est un bon souvenir !! On avait fait des bulles. ^^

Alex m’offre un week-end à Split, pensant que ça va me plaire. Non mais c’est TELLEMENT ma came, j’adoooooore !!! Cette ville, qui tient dans le palais de Dioclétien, que l’ancien empereur romain avait fait construire près de sa ville natale, et où il voulait prendre sa retraire et se faire enterrer, est un incroyable bijou d’architectures mélangées : antiquité, Renaissance et jusqu’à de curieuses traces napoléoniennes.

On fait un de ces roadtrips qu’on aime tant avec Faïza aux USA. On se refait plein de parc nationaux du grand Ouest, mais surtout Yellowstone qui reste un souvenir fabuleux.

Bonus : Pour nos deux ans de mariage, soit les noces de cuir, on organise une soirée cuir/queer décadente. Disons que les gens s’en souviennent. ^^

2017

On passe noël en famille en Sologne dans une grande maison très confortable en plein milieu des bois. Je m’y sens super bien, et j’aime bien ce « terrain neutre ».

Je me fais tatouer Totoro. C’est douloureux mais ça valait le coup. ^^

On adopte Arya pour que Sookie se sente moins seule. Cette dernière nous en veut encore. Hu hu hu. Mais nous on est trop content d’avoir une autre chatounette, et bon an mal an, Sookie s’y est faite aussi.

Bonus : On est à Rome pour l’anniversaire de Sophie, c’est un moment génial où on rit énormément. Une bonne grosse teuf qui fait du bien et qui marque, les amitiés continuent à se fortifier comme cela.

Bonus : Berlin avec les potes pour rendre visite à Vincent et Jipé qui se sont installés là depuis quelques temps. C’est cool d’être à l’étranger avec des amis dans ce genre de contexte, ça fait toujours de bons souvenirs, et on est tous en dehors de nos repères classiques.

2018

Merveilleux voyage à la Réunion qui est particulièrement marquant pour mon mari qui y a ses racines. Je tombe amoureux de ses paysages fous !

Je vais au Japon pour le boulot, j’en profite pour passer quelques jours pour moi-même à Kyoto que j’avais tant aimé en 2003.

On passe des moments très cool et mémorables dans un bar LGBT du 11ème : Le m’sieurs dames. Les bingos avec Marie jo Dassin nous font mourir de rire, et mon chérichou y contribue une fois en une sémillante Isabellu Percule.

Bonus : D’ailleurs, on pousse le bouchon un peu plus loin en passant la Pride en Sailor guerrières !!

Bonus : On passe un moment à Aachen avec Diego, je tripe à mort sur la chapelle palatine de Charlemagne. L’endroit est juste incroyable, et ça me fascine que ça ait pu ainsi traverser les époques.

2019

On passe Noël à Clohars avec mes parents, j’aime bien qu’on se fasse des souvenirs comme cela, et c’est cool aussi de tenir ce rôle un peu « inversé » où les enfants accueillent les parents.

De nouveau une extraordinaire opportunité d’aller au Japon pour le boulot, et de nouveau je choisis de passer quelques jours à Kyoto, car c’est pour moi sans doute un des plus beaux et magiques endroits du monde. ^^

La première Pride de Banlieue est organisée, et évidemment j’y participe. C’est très très important pour moi, et clairement un des marqueurs majeur de cette année là.

Bonus : On célèbre le mariage d’une amie à Uppsala (en Suède), et avant d’y aller on passe quelques jours en week-end à Stockholm. Cela part d’une conversation un peu conne, mais on finit par se brouiller avec Alex, et on se fâche (très calmement mais sûrement) à un point qu’il s’agit même d’une rupture pour moi (je suis assez entier en la matière). Grosse crise, qui s’assagit en quelques heures, mais on est vraiment passé au bord du précipice, et si on avait eu cette conversation en France, on ne serait peut-être plus ensemble. Bah tant mieux que ce soit arrivé là-bas. Hu hu hu.

2020

L’année du COVID et des confinements évidemment, mais aussi celle du Cinéfolles organisé par PH. On se fait un apéro en ligne avec des potes, et après on visionne un film queer qu’on a tous téléchargé à l’avance. On a tellement aimé ça, qu’on a continué après 2020, et en réalité on a arrêté il y a juste quelques mois.

Je bosse beaucoup à la gare de Rennes et à la gare de Nantes. Je finis par bien connaître ces villes et ces gares, et c’est aussi ce qui va me donner confiance dans le fait de bouger par là.

Une opportunité de tatouage chez mon tatoueur, et je parfais ma collection avec des branches de cerisier et des adorables susuwatari.

2021

C’est le retour à St Briac cet été chez Mériadec, et ça me fait un plaisir fou.

On part à Sitgès avec Diego et son petit ami milanais adorable, Nicolo. On passe un super séjour. Sur le retour, on passe chez Claude, cet ex petit copain de mon oncle Raymond.

Florian, un cousin d’Alex, nous rend visite avec sa petite fille Anna. On joue dans le jardin, et j’adore cette petite fille et son sourire trop mimi.

Bonus : On part avec mes parents voir l’Arc de Triomphe emballé par Christo. Mon père avait vu le Pont Neuf, et voulait absolument voir aussi ça ! C’était cool de partager cela avec eux.

Bonus : On fait une soirée d’adieux à nos pénates parisiennes, et donc on invite plein d’amis pour une soirée queer et kinky. Cela fonctionne encore très bien ! ^^

2022

Une toute première année nantaise sous le signe de deux rencontres qui font chaud au cœur : Jacotte et Axel.

On part en Corse en mai, c’est important pour moi car je retrouve mes repères trente ans plus tard

Alex se pète le tendon d’Achille, mais on visite tout de même le Château de Chenonceau avec Ingrid et Christophe. On passe un week-end génial avec eux.

Bonus : On va voir le spectacle Totoro à Londres par la Royal Shakespeare Company au Barbican Center, et c’est de la balle !!

Bonus : On est de retour à Londres en même temps que la mort de La Reine. Le deuil londonien est visible et marquant.

2023

Lors d’une de mes promenades à vélo en Bretagne, je rencontre une branche mal placée et hop, je fais un soleil.

Deux tapisseries incroyables et sans aucun lien, mais deux trucs qu’il faut absolument voir dans sa vie, et que j’ai donc revu cette année : les tapisseries de l’Apocalypse d’Angers, et celle de Bayeux. Ouf, ouf, ouf.

Ce concert de Madonna, j’ai eu l’occasion de le voir en profitant de la place vacante d’un copain, et que j’en suis heureux ! C’est clairement un des moments intenses de cette année là.

Bonus : On fête l’anniversaire de Marie au café de l’industrie, c’est aussi émouvant d’être dans cet endroit, que de revoir toutes ces connaissances !!

Bonus : On fait la Pride de Nantes avec les copains qui viennent donc nous voir, et c’est bien cool. Et en plus, on a le concert de Mylène Farmer le soir.

Bonus : Les 40 ans de Flo à Paris sont une super occasion de revoir tous nos potes, ou une bonne partie. On passe une excellente et douce soirée en la meilleure des compagnies.

Bonus : Je rencontre Dr. CaSo qui est une super blogueuse que je suis sur les Internets. Cela me fait super plaisir de la voir comme cela en Bretagne en plus, et on a une connexion « IRL » qui est chouette et précieuse.

2024

Ce jour de l’an qui a été un karaoké sans fin est un très bon souvenir qui a permis de bien commencer cette année !!

Malgré les péripéties, ce roadtrip écossais restera dans les annales !!! ^^

Pas mal d’occasions formelles de souvenirs avec des événements comme le mariage de mon cousin Eric et Laurence, le baptême d’Anna (Alex est parrain) et le mariage de Charles et Jean.

Bonus : Le concert de Zaho à Nantes, c’était vraiment quelque chose !!

  1. Il n’y a que moi pour être encore connecté sur ce truc aujourd’hui !!! ^^ ↩︎
  2. Oui oui, GAYYYY dirait Karine Le Marchand. ↩︎

Colette et Georges

Baptiste Coulmont nous propose encore une histoire fascinante (mais tellement classique et pullulante) que l’on peut reconstituer en lisant les archives de l’administration.

On y voit s’y afficher tous les préjugés de l’époque, et notamment un sexisme décomplexé, associé à de la misogynie et du mépris de classe, qu’il vienne d’ailleurs d’hommes ou de femmes. Et forcément je me demande mais quelle vie ont-ils bien pu vivre ensuite ? Ça donne envie de retrouver les quelques marqueurs de nos vies (naissance, mariage, décès) et d’en lire les indices subliminaux (villes, professions, témoins etc.) pour eux et leurs descendants.

Autres temps, autres mœurs, autres traumas

J’ai découvert ce podcast il y a un peu plus d’un an, et il est vraiment sympa. Ce sont deux américains dans leurs « late fifties » qui évoquent ce que ça fait d’être des vieux pédés. Cela parle de relations amicales, amoureuses, sexuelles ou simplement de la société, et j’avais été particulièrement attentif à un très intéressant épisode où ils évoquaient un véritable PTSD (Syndrome de Stress Post Traumatique) pour les gens de leur génération quant aux (pire des) années SIDA.

C’est cette période bien sûr des années 1980 à 95, où les gays tombaient comme des mouches alors que les traitements n’existaient pas, puis peu jusqu’à ce qu’enfin les trithérapies se répandent, et redonnent une vie à des gens qui se pensaient irrémédiablement condamnés. Les deux compères évoquent leurs expériences en la matière, et ce que ces années de détresse ont pu laisser comme marque et séquelles chez certains older gays qui seraient à présent un peu fâchés avec la vie et naturellement empreints d’une certaine animosité envers le monde et leurs prochains.

J’ai naturellement pensé à mon oncle Raymond, le frère ainé de ma maman, qui malgré son homosexualité n’a jamais été quelqu’un de très proche, même si nous avons toujours eu une certaine connivence, mais avant tout celle d’être deux geeks devant l’Éternel. Il m’a donné mes premiers ordinateurs et plein de trucs de PC époque 486 DX2-66 (ceux qui savent…) qui faisaient totalement mon bonheur, et on partageait vraiment clairement cet amour de l’informatique (et de la bite donc). Hu hu hu. J’ai déjà parlé de lui quelques fois dans le blog, que ce soit pour évoquer notre homosexualité, le fait qu’il parte rejoindre son mec en Australie rencontré sur Internet à 64 ans, ou bien mes péripéties lorsque je lui piquais ses cassettes de cul. ^^

Il m’avait avoué dans une carte postale qu’il avait découvert et qu’il lisait mon blog de manière très sympathique d’ailleurs.

Lui est né en 1941, c’est donc encore une génération avant, mais il a toujours été très mutique avec moi sur sa vie intime. En revanche, lorsque nous sommes passés à Perpignan lors de nos vacances à l’été 2021, nous avons été invités par un ex petit copain de mon oncle, Claude, un type que j’ai connu des années en couple avec mon oncle (avant même ma naissance), et qui m’a donc connu tout minot. C’est chez lui et son mari que j’ai reluqué son génial miroir de Belle !!

Mon oncle est autant mutique que Claude est bavard, et il était absolument disert sur tous les sujets les plus indiscrets pour notre plus grand plaisir. Ainsi lors de ce court séjour, j’avais appris énormément de choses sur eux, et notamment qu’ils sont sortis ensemble à partir de 1963, que Claude draguait dans les parcs, au bout des ponts, dans les pissotières et partout où cela se faisait. Et surtout qu’ils ont passé leur temps à se piquer des mecs, à se tromper et plein d’autres joyeusetés. C’était assez fun de découvrir tout cela, en plus de photos à poil de mon oncle des années 60 et 70 bien conservées par son ex et qu’il s’est empressé de me montrer. Ah ah ah. Après, il y avait aussi une homophobie criante et omniprésente dans toute la société, des descentes de flics et une peur globale et insidieuse qu’il a aussi exprimé. Chaque époque a ses marqueurs…

Malgré tout cela, Claude nous a aussi bien expliqué qu’il a eu son lot de mecs morts pendant l’hécatombe SIDA des années 80, et que c’est aussi quelque chose qui l’a beaucoup marqué. Ce qui a été génial pendant ce moment c’est qu’on a aussi découvert qu’ils formaient avec tous leurs potes une vraie communauté (mon oncle habite à Carcassone) d’entraide et de soutien. En tant que vieux pédés, souvent en rupture avec leurs familles, et la plupart du temps sans parents, assez régulièrement aussi avec des enfants d’un premier lit « cishet », ils ont véritablement construit et investit cette notion de famille qu’on se choisit. Et il faut les voir, tous dans leurs 70 voire 80 ans, à se draguer, et se targuer de leurs présences sur les apps, et leur prérogatives de polar bears assumés.

J’avais bien suivi que mon oncle était parfaitement actif sur les RSA1, où il avait rencontré son ex australien (il est revenu en France, après sa rupture donc), et où il badinait selon son bon plaisir. En revanche, ce n’était vraiment pas ce qu’on peut appeler un type très affable ou sympathique. Au contraire, souvent à faire la tronche, à faire des remarques pas très agréables, et très très égocentré, on se disait tout le temps dans la famille que ce n’était pas un cadeau et que ça ne s’arrangeait pas avec le temps.

Je pense aussi à Guillaume et ses podcasts sur la sexualité que j’ai déjà évoqué, car il a souvent parlé de son propre oncle, dont il a appris l’homosexualité. Et il nourrit un imaginaire riche sur ce que/qui pouvait être cet oncle, ses histoires d’amour, de famille, et le lien quasi transgénérationnel entre eux. Cela me fait sourire avec mon oncle ronchon et renfrogné, mais comme souvent chez ces personnages avec un truc attachant, dont j’ai appris finalement plus de choses par son ex.

Evidemment et inexorablement, la santé de mon oncle s’est mis à décliner peu à peu, et dans l’année de ses 83 ans, il y a quelques mois, il est décédé. Il était encore parfaitement indépendant et vivait dans sa maison à Carcassone, mais il a eu des malaises, et il a dû être hospitalisé. Il a appelé son ami B., qui est immédiatement venu de Paris pour le voir, et prendre soin de lui, et en réalité l’accompagner dans ses derniers jours.

B. c’est encore une autre histoire. Lorsque ma mère m’a expliqué que mon oncle lui avait dit qu’il était en relation avec un algérien de 25 ans qui faisait ses études en France. Alors oui bien sûr, on a été un peu interloqué et on a eu des doutes. Et un bon petit racisme ordinaire s’est répandu dans la fratrie et au-delà. Mais les années passant, force était de constater que la relation était toujours là. Et même après la rupture, l’amitié ou en tout cas le lien absolument indéfectible. Raymond pouvait toujours compter sur lui, d’abord dans le sud, puis depuis quelques années à Paris. Je ne l’avais jamais rencontré, mais ma môman me disait que ça avait plutôt l’air d’un mec sympa (elle l’avait notamment vu au mariage de Claude, où mes parents étaient invités), même si elle ne comprenait vraiment pas la nature de leur relation.

Mais voilà, B. a été là, et a tenu informé ma maman de l’hospitalisation, et du décès trois jours plus tard. Il a fallu ensuite organiser les funérailles et nous rendre à Carcassonne pour vider sa maison. Personne d’autre que nous sommes descendus pour cela (compliqué pour toute la famille en Île de France, et une fratrie vieillissante peu mobile), ma mère, mon père, mon frère et moi. Ma mère était à l’ouest, et ça a été compliqué de tout faire en très peu de temps, et moi je télétravaillais faute de pouvoir prendre des congés. Tout le monde était sur le fil de se foutre sur la gueule, mais on a tenu bon. On a réussi à tout faire, et on a assisté à la cérémonie précédant sa crémation.

Mon oncle en avait rien à foutre de son héritage au propre comme au figuré, et il avait prévenu ma mère qu’ils devraient se démerder (les frères et sœurs) car il n’avait pas un rond, et n’en avait rien à foutre de son devenir une fois passé l’arme à gauche. Au moins les choses étaient claires, et c’était tout à fait cohérent avec son caractère.

Mais nous avons réussi à être encore surpris par mon oncle, et ces moments de rigolade nous ont fait du bien. Car à peine avions-nous commencé à débarrasser la maison que des voisines sont arrivées pour nous exprimer, les larmes aux yeux, comme Raymond était un type adorable, serviable, gentil et sympathique, qui était très connu et aimé de la communauté du lotissement, et qui serait énormément regretté. Une voisine est même venue pour la crémation en représentation du voisinage pour exprimer leurs condoléances. C’était surréaliste, et ça nous a bien fait sourire.

Claude était là, ainsi qu’un autre ex que j’aime beaucoup et qui était là avec Raymond à notre propre mariage, et c’était touchant de voir ces personnes âgées tenir à être là pour Raymond en souvenir de leur temps passé ensemble.

B. est resté jusqu’au bout, et je suis content d’avoir eu l’opportunité de rencontrer ce mec adorable (de 37 ans maintenant) et sympathique, vrai compagnon de route et d’une certaine destinée de mon oncle. Il a toujours été là, ami et confident, sans doute amant bien sûr, à la loyauté certaine et indéniable, et en pleurs ne pouvant cacher son profond et sincère chagrin. Et cette situation tragicomique où le pauvre devait réagir positivement à tous les vieux qui lui parlaient de l’Algérie Française qu’ils avaient connu pendant la guerre, avec des gens vraiment très gentils. Mein gott, comme j’avais envie de le secourir de ce racisme ordinaire qui se voulait bien sûr tout le contraire, mais qui était à cent lieues j’imagine de ce qu’il avait envie d’avoir comme conversation.

Je garde cette image, avec son chat, car on avait aussi cela en commun après tout. ^^

Autre élément qui m’a beaucoup fait sourire, et tellement typique de lui. Il avait contracté moins d’une année avant un crédit avec une de ces banques à logos verts d’une somme non négligeable pour s’acheter une voiture, mise au nom de son ami B. Nan mais qui accepte de faire crédit à un mec de bientôt 83 ans. Eh bien, en voilà un pour les pertes et profits, joli dernier pied de nez au capitalisme.

Nous sommes repartis avec l’urne contenant ses cendres, et ma môman voulait organiser une petite cérémonie pour ses frères et sœurs qui n’avaient pu être là. Fin juin, nous nous sommes donc rassemblés à Osny, j’étais là aussi donc, et ma maman a eu la meilleure des idées en faisant placer l’urne dans la tombe de ma grand-mère. Je pense que ça lui aurait fait plaisir, vraiment j’en suis convaincu, d’être de retour à Osny, et avec ma grand-mère. C’était un beau moment au cimetière, et j’étais content d’être venu pour cela.

J’ai toujours été curieux de ce Jean-François Michel, dont ma grand-mère m’avait expliqué qu’il était mort bébé d’une méningite foudroyante. Ma tante m’a alors expliqué que c’était une histoire assez sordide en réalité, nous étions donc en pleine seconde guerre mondiale, en pleine occupation, et lors du décès de cet oncle, des corbeaux ont dénoncé à la police des maltraitances sur l’enfant. Ma grand-mère a donc été inquiétée en plein deuil et en pleine détresse. Il a fallu une autopsie qui a conclu à cette méningite, et a innocenté mon aïeule. La perte de l’enfant, ce soudain opprobre et en passer par une autopsie pour son bébé ont été de sacrés coups du destin pour ma grand-mère à ce moment-là.

  1. RSA = Réseaux Sociaux de l’Amour, soit les apps de rencontre. ↩︎

Ma vie en répondeur en 1999

Nan mais qui garde une cassette audio à bandes magnétiques dans ses affaires juste pour faire de l’archéologie 25 ans plus tard ? Bah oui, moi vraiment et sans vergogne. Hu hu hu. Je me souviens très bien m’être dit, tiens je m’en fous maintenant mais je vais garder ce truc là au fond d’un tiroir. Et j’ai aussi gardé le petit magnétophone offert par mon oncle dans les années 80 pour stocker les programmes informatiques (à une époque où on enregistrait des programmes sur des cassettes audios) de mon ZX81.

En cherchant une agrafeuse dans ce fameux tiroir, je me suis demandé ce qu’il pouvait bien y avoir comme cassette dans ce magnétophone et de quand ça datait. En réalité, c’est allé assez vite, je me suis souvenu dès le premier bip et la médiocre qualité sonore qu’il s’agissait de la cassette de mon répondeur téléphonique, et que j’avais enfoui cet artefact dans des strates géologiques pour que j’en sois quelques années plus tard le redécouvreur. Et c’est marrant car le tout premier message donne un indice majeur sur le moment où nous sommes.

Manuel

Il le dit bien « nous sommes le dimanche 12 septembre », et il n’est pas très difficile de dater le message à l’année 1999. Il s’agit bien sûr d’un antique répondeur électromécanique, donc on appelait chez moi sur un téléphone fixe, et on laissait parfois des messages. Ils n’étaient pas horodatés, donc c’était courant quand on appelait de préciser la date et l’heure.

Je me doutais bien que c’était vers cette période, pour la simple et bonne raison que j’ai emménagé à Paris en février 1998. Mais les téléphones portables commençaient déjà à bien fleurir, et les services vocaux pour les fixes allaient bientôt complètement remplacer ces machines (proposant des options de répondeur dématérialisé). Et rapidement, on allait remplacer les répondeurs par un appel sur le mobile, puis un message sur la « boîte vocale ». Mais à cette époque, force est de constater que les répondeurs « machines » sont encore bien utiles et utilisés. On entend d’ailleurs clairement les gens m’appeler d’abord sur le fixe, puis tester le portable, et je me rappelle aussi que j’écoutais souvent mon répondeur « à distance » puisqu’on pouvait aussi consulter ses messages en appelant chez soi avec un certain code.

Je suis un conservateur et un archiveur, mais pas non plus un accumulateur. Je me débarrasse de plein de choses régulièrement, mais je garde toujours une petite trace ou un « souvenir ». Et je fais la même chose numériquement, même si j’ai souffert du virus Tchernobyl le 26 avril 1999 et rebelote comme un con le 26 avril 2000. J’ai perdu beaucoup de photos de webcam notamment auxquelles je tenais, mais tant pis ! Il me reste par exemple de cette époque cette photo webcam (circa 1999, pixélisation d’époque) mise en proue d’un selfie minaudant dans mon petit appartement de 14m2 à Bastille où j’ai vécu très très heureux sous les toits pendant quelques années.

On n’a pas l’impression mais on voit en réalité tout mon appartement de là. A droite on peut apercevoir mon four posé sur un placard, avec une plante devant, eh bien juste à côté c’est la kitchenette et juste derrière une douche et des toilettes (sur 2 bons mètres carrés). Derrière moi c’est un rideau occultant la porte (car c’était une passoire thermique évidemment), et on aperçoit ma petite décoration (photos et tableaux) avec mon futon qui n’est pas visible (sans doute replié en canapé). Et voilà !!

Ce premier message de Manuel est emblématique pour moi car c’est un copain de Lycée, et donc en 99 j’avais encore pas mal de contacts avec mes amis d’IUT ou de Lycée, et donc avec des hétéros. C’était justement une période mixte et hybride très heureuse, où la jointure entre les deux mondes était plutôt fructueuse et sympathique. On a fini par prendre des chemins assez séparés par un simple effet de tempus fugit.

Comme d’habitude je publie plus pour moi que pour vous, et mon but là est de poster ces audios pour les archiver en ligne et pouvoir y revenir potentiellement. Cela m’amuse aussi de repasser par cette époque, par mes 23 ans aussi, et d’y saisir un peu l’air du temps. Ce temps du changement de millénaire, et ce temps du changement pour moi aussi. Les messages vont jusqu’à janvier 2000.

Sean

Alors, remettons-nous un peu en tête cette fin des années 90 me concernant. J’ai déjà publié quelques flyers de soirées de 1997, ou bien mon aventure amoureuse tonitruante avec Thomas, et mes trois amants mythiques de 1998. J’ai toujours cette merveilleuse photo de moi (décoloré) avec l’un d’eux.

Sean est le premier des trois, et donc ce message c’était alors qu’on n’était plus ensemble depuis longtemps. On ne va plus être en contact pendant très longtemps, et tant mieux car la relation s’étiolait sérieusement (on peut le sentir je crois).

Diego

Diego est mon pilier depuis notre rencontre 1998, une amitié qui dure toujours et qui me fait toujours aussi chaud au cœur. Il me laissait toujours des messages assez longs et il raconte souvent des trucs. On a énormément traîné ensemble dans le Marais à discuter, à se faire des petits restos (« pas chers, japonais, chinois ou pizzeria ») et à disserter sur la vie dans les backrooms. Assez marrant son message me proposant de me faire découvrir les MTV Music Awards, sachant qu’à l’époque on avait bien sûr la télé uniquement par voie hertzienne, et donc peu de chaînes, et qu’on enregistrait sur K7 vidéo des émissions ou des films. Et MTV c’était le nec plus ultra des programmes hype et dans le vent.

Inconnu

Et là bah, je ne sais pas qui c’est… Il parle du RER, et cette voix me rappelle bien quelque chose mais impossible d’en savoir plus. Hu hu hu.

Fabrice

Fabrice c’est encore un ami aujourd’hui, il habite à Londres et c’est par exemple avec lui que j’ai vu Totoro au Barbican l’année dernière. On a eu une histoire littéralement éphémère (en 24h c’était plié) mais je ne sais plus si c’était en 98 ou 99, en tout cas c’était au tout début de notre rencontre (des amis en commun). Il dit qu’il passe chez moi à minuit, alors je ne sais plus du tout comment interpréter cela. Mouahahahahahah.

Céline

Céline c’était la copine de Caroline, mon amie la plus chère à l’époque. Rencontrée via ma copine de Lycée Virginie, Caro a été mon intronisation dans le « milieu gay parisien » et m’a appris toutes les ficelles du métiers (Mouahahahaha). Le meilleur ami de Céline c’était David, et en 1996, je suis sorti avec lui. Evidemment. ^^

Elle dit qu’elle va voir « Les convoyeurs attendent » avec une copine, et comme le film est sorti le 15 septembre 1999, on est raccord.

Caroline

Eh bien voilà donc Caroline dont je viens juste de parler. On se donnait toujours des infos sur notre joignabilité avec des indications horaires. Donc on était joignable à tel endroit à partir de telle heure, ou alors sur le mobile ou chez un tel à tel numéro etc. C’était important pour qu’on puisse tous jouer le rôle de relai dans un réseau d’informations très efficace mais reposant sur une communication bidirectionnelle tout à fait analogique.

Diego

Diego vous allez souvent l’entendre, et souvent c’est juste pour papoter et savoir « qu’est-ce que tu foutais ? ». ^^

Nicolas

Nicolas ou comme je l’ai nommé dans le blog Nicolas IV est un mec important dans ma vie (ou je les numérote, ils sont trop nombreux ^^ ). Il me souhaite une bonne fête donc c’est le 21 septembre 1999. Et le ton m’indique qu’on est encore ensemble, mais non ça n’a duré que quelques semaines ou mois et il a rompu l’été 99. Et j’en ai chié, mein gott que j’en ai chié. J’étais vraiment très très amoureux, et lui aussi. D’ailleurs on s’est recroisé en 2003 et ça avait fait des étincelles. On s’est revu une seule fois, juste deux minutes en septembre 2017 à la gare d’Aix en Provence TGV. Il était avec son mec, et il partait en vacances je ne sais où. Nos sourires n’avaient rien perdu de leurs connivences, mais on savait qu’on était bien mieux dans nos souvenirs. Hu hu hu.

Diego

Diego qui appelle d’une cabine pour discuter un peu avec moi… Et ma « petite voix » qui l’a inquiété ça devait être déjà les prémices de la chienlit avec Nicolas. Drama queeeeeeen !!!

Joris

Bon, ça c’est Joris donc je suis pas là, il m’appelle sur mon portable. Jo est un ami d’IUT qui a eu l’idée de me présenter Nicolas, son meilleur pote pédé. Et même si Nicolas et moi lui avons dit « Mais purée tu crois vraiment que parce que tu connais deux pédés, ils vont se renifler le cul ? C’est vraiment une idée d’hétéro ça. », eh bien il a pu nous dire « Je vous l’avais dit !!! ».

Éric

Ah ah c’est marrant ça, c’est Éric qui est le pote d’un pote, et qui était vaguement intéressé par moi j’imagine. Je ne savais pas bien si c’était amical ou plus que cela, mais ça n’est jamais allé plus loin. Je l’aimais bien, mais je n’avais pas envie de plus en tout cas. Encore une fois, on laisse sur le répondeur son numéro de portable, mais avant son numéro de fixe chez soi et celui au bureau (pour bien être joignable au maximum).

Joris

Arf arf, je n’ai pas dû le rappeler assez rapidement. C’est bien une remarque de Jo ça (on le sent le mâle dominateur hétéro qui a l’habitude qu’on lui obéisse non ? Hu hu hu) !!! ^^

Yves

Yves c’est marrant car c’est un copain de Paris, mais qui est comme moi du 95. Il était même en fac avec une copine de lycée à moi, et on a été proche pendant de nombreuses années. Je l’avais connu par Ali de manière assez inopinée, mais Yves était surtout le petit copain de Diego avant qu’on se connaisse, et c’est donc lui qui nous a présenté. Mais bon, on a réussi à se retrouver à Barcelone l’été 2021, comme quoi tout est possible !

Inconnu

Je ne reconnais vraiment pas la voix… mais il m’appelle « beau gosse » et veut qu’on se fasse un ciné. Alors j’imagine que c’était une touche ? Je n’ai jamais su rester célibataire que quelques semaines, je suis terrible. ^^

Virginie

Virginie bien sûr, on se voyait encore très très souvent. Amie de lycée et copine de toujours, j’en ai déjà parlé.

Padrino

C’était son pseudo évidemment, et on habitait à quelques encablures dans le 11ème. On s’entendait super bien, et on mangeait souvent un bout ensemble. Vraiment j’aimais beaucoup ce mec et c’était devenu un ami proche. On a été séparé suite à des dissensions dans un groupe d’amis, mais j’ai toujours regretté cet éloignement. On avait nos habitudes dans une petite crêperie de la rue Oberkampf qui était excellente, Jour de Fête, et tenue par une lesbienne butchissime flamboyante.

Inconnu

Cette voix est très particulière, mais je n’arrive plus du tout à me rappeler de qui il peut bien s’agir.

Jonathan

Ok donc Fabrice est déjà à Londres (où il réside encore aujourd’hui), et j’ai dû aller le voir là-bas et rencontrer Jonathan. Il me laisse un message et c’est adorable avec son accent britannique à couper au couteau. Je me rappelle que je le trouvais vraiment charmant comme tout, et je me souviens qu’il s’était aussi cassé les dents sur Fabrice. C’est peut-être ce qui nous avait rapproché. Hu hu hu.

Padrino

Ah ah, Padrino qui m’appelle pour avoir des conseils pour téléchager des mp3 « je sais pas quoi »… Bon évidemment, je suis connu comme geek depuis très longtemps. A l’époque on se renseignait sur Napster (1999) pour télécharger des musiques illégalement, et le format mp3 était encore balbutiant. On écoutait d’ailleurs de la musique surtout sur Winamp (1997). Les vidéos étaient téléchargées en format DivX sur Morpheus (2001), Kazaa (2001) ou eDonkey (2000).

Padrino

Il dit que c’est « encore » lui donc il a dû rappeler tout de suite après. Et donc il voulait vraiment qu’on mange ensemble !!! Adorable !!

Sophie

Une copine du boulot de l’époque, Sophie, que j’aimais beaucoup et avec qui je suis resté en contact pendant pas mal de temps. Ils devaient m’attendre pour une bouffe entre collègues (on était jeunes, on sortait après le taf).

Céline

Céline qui me demande de convaincre Caro (son ex) de venir avec nous plutôt qu’avec Marine (la nouvelle en vue). Bref, une affaire de lesbiennes. ^^

Diego

Ah ah, c’est cette période où les gens se plaignent que j’ai beaucoup de messages sur mon répondeur et que les bips sont interminables. Apparemment on allait aux Bains1 avec Ali, et avant des verres à l’Okawa. Tout cela est sans doute lié aussi au message de Céline. Une soirée classique de 1999 qui se goupille avec les moyens de l’époque.

Nicolas

Ah le retour de Nicolas… On est encore en contact, mais je ne comprends pas trop ce qui se passe entre nous. Il dit qu’il va être en « perm » donc il doit toujours faire son service militaire, et je me souviens que c’est pendant qu’il m’a largué l’été 99. Bon un peu confus cette « timeline » !!!

Padrino qui m’invite à dîner avec Ali. ^^

Virginie

Ah tiens Virginie qui me demande comment le séjour en Angleterre s’est passé ! Donc j’ai dû aller voir Fabrice. C’est vrai que c’est à peu près la période où il a dû me faire découvrir Queer as Folk UK et les soirées mémorables au Two Brewers à Clapham North.

Diego

J’ai dû consulter Diego en urgence sur celui-ci parce que je ne comprenais vraiment pas de qui il s’agissait. Mais apparemment, c’était un plan cul que je lui avais présenté (un mec de Yarps). Mouahahahah.

Christian

Hé hé hé, Christian, un allemand rencontré via Yarps aussi, et qui était quelques mois en France. On s’est vu quelques temps, notamment avec Diego. Et un soir, de manière assez incroyable, on a dormi tous les trois chez moi après une soirée tardive. En tout bien tout honneur bien sûr. Sauf que sur le matin, on s’est tripoté avec l’allemand qui était entre Diego et moi. Et que j’ai appris plus tard par Diego, qu’il s’était aussi tripoté avec l’allemand pendant la nuit. Donc voilà c’est notre seule relation ayant dérapé au-delà de l’amitié avec Diego, un plan cul par transitivité. ^^

Cécilia

Le chouette message d’une copine de lycée qui habitait juste en face de chez mes parents, et avec qui j’ai noué une relation très intime pendant quelques années. Une vraie très bonne copine, comme Virginie, mais que je ne vois plus même si j’ai toujours quelques nouvelles éparses, souvent de proche en proche.

Seb (Anorak)

Vous allez voir il y a pas mal de messages de Seb, mais il ne s’étale jamais trop. On reconnaît sa voix si douce et son petit accent toulousain qui pointe (ce que j’ai aimé cet accent alors ^^ ). Donc je démarre là une des plus belles histoires d’amour de ma vie, quelques mois vraiment très forts et intenses, un truc beau et doux comme lui. Et forcément à 23 ans, bah c’est de l’amour quoi. Hu hu hu. Seb c’est aussi Anorak de Caramail, toute une époque où on tchattait toute la nuit dans les salons virtuels de Cara. Et j’ai fait des rencontres folles et géniales, des personnes que je connais encore aujourd’hui d’ailleurs. Caramail a été supprimé en 2009, mais vraiment c’est un marqueur générationnel indéniable.

On est tombé amoureux en ligne, et on balisait à fond quand je suis allé le voir à Toulouse pour la première fois (et pas la dernière). Mais on a transformé l’essai avec un naturel déconcertant, et on a vécu une courte et belle histoire.

Virginie

Ah ah, Virginie qui me propose de me ramener chez mes parents à Berville. Elle habitait à quelques kilomètres quand on allait au lycée ensemble. Elle était dans le 5ème arrondissement à Paris, et elle avait une super 4L. On rentrait souvent ensemble car à cette époque, je rentrais chez mes parents le week-end au moins toutes les 3 semaines.

Seb (Anorak)

Il m’a toujours appelé « mon cœur ». Et je me rends compte aujourd’hui qu’il le dit quasiment comme le Frenchie dans la série The Boys. ^^

J’avais dû lui envoyer un truc par courrier. J’envoyais encore énormément de lettres et de plis à l’époque, et on correspondait encore beaucoup de manière épistolaire.

Seb (Anorak)

Je sais que c’est répétitif, mais je vous l’ai dit c’est pour moi cet article. ^^

Sandra

Oh Sandra c’était une bonne copine de ma copine Cécilia (une autre), et c’est devenu une amie au fur et à mesure de nos rencontres. On s’aimait beaucoup, et elle aurait beaucoup aimé que je sois hétéro. ^^

Padrino

Padrino qui n’aime pas les dimanches soirs et qui donc clairement m’appelle pour papoter.

Seb (Anorak)

Seb était une énorme Drama Queen qui a quitté Caramail plusieurs fois définitivement. C’est vrai qu’il avait une certaine aura en ligne, et donc il avait ses fans et ses détracteurs, et déjà bien sûr du harcèlement en ligne qui pouvait être assez dur à gérer.

Diego

Diego qui était avec son copain Thibault à Barcelone et qui galère avec son portable (qui ne fonctionnait pas encore super bien en Espagne). Je crois qu’il attendait des nouvelles pour ses études ou pour un stage, un truc comme ça.

Ana

Ana était la meilleure amie de Diego, et elle investigue la récupération d’invitations à la fête de Pierre. Ah ah, ces flash-backs sont assez fous, car c’est tellement trivial, mais je m’en rappelle tellement bien.

Seb (Anorak)

Bah oui, on se faisait des déclarations d’amour sur nos répondeurs dans les années 90. Hu hu hu. Là en l’occurrence, je crois me rappeler que c’est un peu le début de la fin. La distance était difficile à vivre, et on avait pas forcément les moyens pour se voir aussi souvent qu’on voudrait. Et puis il a un de ces chouettes caractères de merde que j’adore chez les mecs. ^^ Donc si je me souviens, il avait voulu rompre, et s’était repris tout de suite avec ce message. Cela avait été un sacré coup de semonce pour moi, et ça m’avait durablement refroidi en tout cas.

Seb (Anorak)
Seb (Anorak)

Bon bah, ça a l’air reparti comme en 40. Un peu comme un retour de flammes après une rupture, malgré tout.

Joris

Alors là, j’avoue avoir oublié cette histoire. Joris doit voir Marie (j’ai oublié qui c’est ou alors une vague réminiscence) et il pensait que je serais là. Mouahahaha. Débrouillez-vous les hétéros !!

Diego

Diego en galère de stage d’avocat, mais qui traîne dans le Marais, et qui me demande si je veux bien dormir avec lui parce qu’il est en grande période d’angoisse. C’est trop chou ça, je me rappelle super bien de cette période. On avait passé la soirée à parler, comme d’habitude. Diego est sans aucun doute la personne avec qui j’ai le plus conversé dans ma vie. ^^

Diego

Ah là là les galériens !! Il attend que je rentre du boulot et donc poireaute en bas de chez moi. C’est drôle car on avait bien nos portables, mais on ne captait pas bien et pas partout, alors on avait l’habitude de compter sur nos téléphones fixes et ces répondeurs.

Christophe

Aucun souvenir de qui est ce Christophe !! Mais on s’est envoyé des SMS et tout. On disait aussi « télémessages » à l’époque. A ce moment, il y a 3 manière de markéter les SMS : Orange parle de mini-messages, SFR de Texto et Bouygues Telecom de Télémessages. Rapidement le mot « texto » va s’imposer, et ce message a au moins le mérite de donner quelques infos sur les forfaits télécom de l’époque. Mein gott!! Le téléphone coutait une blinde, et on ne pouvait vraiment pas facilement ou longuement appeler un mobile d’un fixe par exemple, mais les forfaits pouvaient parfois être assez généreux sur les appels des mobiles vers les fixes. Et il y avait eu des moments où les opérateurs lançaient des soirées spéciales ou les appels vers les fixes étaient gratuits. Je me rappelle qu’on en profitait pour s’appeler des heures à ce moment là. Et vraiment on était à l’affût de ce genre d’occasion.

Joris
Joris

Les deux appels successifs de Joris, le second est plus intéressant. On apprend que cette Marie en a pris pour son grade. Mein gott. Mouahahahaha.

Christophe

Ah ok, je me souviens de Christophe !! C’était un mec de Caramail. Et il avait la langue bien pendue. En effet, il m’avait dit un truc que je ne devais pas répéter, mais j’ai tout dit à Anorak et qui a bien sûr pété un boulon. Hé hé hé. Ce qui est intéressant là c’est qu’il évoque une tornade et me demande si ça va. Donc cela permet de bien dater l’enregistrement, nous devons être autour de Noël 1999, et de la fameuse Tempête de 99 du 26 décembre.

Seb (Anorak)

Ah tiens, on doit être le 31 décembre 1999, car il me souhaite un bon réveillon.

Caroline

Caroline qui appelle, elle-aussi, souvent juste pour papoter et prendre des nouvelles, et qui m’appelle « Mat of the night » en clin d’œil au surnom que Thomas m’avait donné.

Virginie

Ah nous sommes en janvier 2000, Virginie vient de me souhaiter une bonne année sur mon répondeur.

Seb C.

C’est un autre Sébastien, à la base un excellent pote de Caro, et qui est devenu un ami assez proche. Il était aussi un des rares (des amis IRL2) à être sur Caramail et à avoir connu par ce biais des personnes aussi fréquentées en ligne. Là il est avec un autre Seb, de Rouen, et aussi mon Seb (Anorak). Nan mais trois Sébastiens ensemble là, mais purée quoi !!! Surtout je sens dans sa voix que quelque chose ne va pas… J’imagine que je me suis décidé à rompre avec Anorak, mais que je fais traîner le truc ou que je ne sais pas encore comment m’y prendre. De toute façon j’ai toujours été nul en rupture, quand je n’ai pas été un vrai connard en dessous de toute bienséance. Et là c’est encore plus compliqué, car il a recommencé à avoir des doutes et à avoir surtout plein de problèmes à gérer et du mal à envisager une relation en plus. Mais moi j’en ai ras la casquette sur le coup, et je crois que je suis décidé de passer à autre chose.

Manuel

On doit encore être en janvier, et c’est marrant que mon premier message (de cet article) est de Manu, et que c’est un des derniers de lui aussi. C’était chou encore !

Seb C.

Sébastien C. encore qui me donne un rdv téléphonique dans une cabine. Le genre de truc qu’on faisait encore en 2000. Hu hu. Mais donc ça confirme que je fais le mort, et que je me demande bien comment rompre… Evidemment tout le monde s’inquiète.

Inconnu

Je ne me souviens pas du tout de qui il s’agit. Mais c’est affreux, j’ai l’impression que je viens de rompre, et que j’ai déjà des vues sur un autre !! C’est tout à fait possible. Horrible, mais tout à fait possible.

Seb (Anorak)

Donc c’est ça, j’avais bien rompu, et le garçon inconnu doit être Franck mais je ne reconnais vraiment pas sa voix. J’ai hésité à mettre ce message car c’est très très intime, mais en même temps ça a 25 ans et c’est beau, c’est fort. C’est aussi ça les relations amoureuses. Et je me dis que le pourcentage de gens qui descendront jusque là est tellement minime que c’est quasi anonyme.

Sabrina
Sabrina

Sabrina était une amie très proche de Seb, et elle m’a laissé ces deux messages pour me parler de lui. Il ne va pas bien, et elle essaie de voir si elle ne peut pas nous rabibocher. Je crois que je filtre là sur le second message, je me souviens l’avoir écouté comme ça. On pouvait en effet aussi laisser le répondeur en marche, et écouter le message pendant que les gens le laissaient (et prendre l’appel si finalement on voulait lever le « filtre »).

C’était un moment vraiment d’une tristesse abyssale, mais j’étais vraiment passé à autre chose. Et je ne me sentais pas la force de subir d’autres moments de faiblesse où la relation serait encore mise en doute, mais ce n’était sincèrement pas très généreux ou altruiste de ma part, même si les amis proches me comprenaient. J’ai gardé malgré tout un souvenir prégnant de ces moments, et on ne tombe pas autant que cela amoureux dans sa vie pour ne pas se construire un autel secret dans son cœur et ses souvenirs où revenir de temps en temps.

Voilà donc de septembre 1999 à janvier 2000, ma vie à partir de mes messages de répondeur. C’est évidemment très parcellaire, mais d’une telle évocation que c’est terriblement troublant. On ne gardait rien de l’époque, car les supports étaient fragiles et analogiques, mais quand on a la chance de l’avoir un peu conservée dans le formol cette époque, c’est assez magique de la revivre ainsi en bribes, en anecdotes et en évocations. Aujourd’hui comme on garde tout, on ne conserve finalement rien ou beaucoup trop. C’est toujours intéressant de relire le palimpseste de nos vies, et de voir ce qu’on peut encore déchiffrer en dessous en filigrane, voué à disparaitre de nos mémoires comme de ces supports pulvérulents à leur tour.

  1. Il s’agit des Bains-Douches, une boîte de nuit et pas une soirée au sauna hein. ↩︎
  2. IRL = In Real Life ↩︎