I Hate Everyone (Joan Cornellà)

J’ai déjà pas mal parlé de Joan Cornellà qui est un artiste barcelonais génial.

Cela faisait longtemps que j’avais envie d’une de ses œuvres plastique qui reprend parfaitement l’état d’esprit vitriolé de ses dessins que j’adore (dont celui qui m’a permis d’illustrer le précédent article). Donc voilà l’œuvre I Hate Everyone qui mesure vingt centimètres de haut et dont le petit cœur rouge s’allume quand on lui touche la tête. Elle va particulièrement bien entre Marguerite Duras et Sailor Psychokwak !!!! ^^

Et en plus, Sookie approuve. Je crois qu’elle s’identifie au personnage. ^^

Le rempart (Nicolas Maalouly)

Mon chérichou m’a offert ce magnifique grand tableau de Nicolas Maalouly : Le rempart. Il était légèrement en retard pour mon anniversaire, et j’ai naïvement indiqué que ça, ça serait un trèèèèèès bon cadeau !! Mouahahahaha. Je le trouve sublime, comme une bonne partie des œuvres de l’artiste. Et comme j’aime beaucoup le gars, bah c’est encore plus fort !!

J’avais déjà une œuvre de lui qui avait la particularité d’avoir été conçue à quatre mains avec le regretté FullMano.

Je vais les installé côte à côte d’ici peu. Je pense que ça rendra très bien, autant sur la juxtaposition de style, que sur la différence avec la couture, et le contraste assez fort des couleurs dominantes.

Mélanie Bourget au Nantes Maker Campus

Je vous ai déjà parlé de mon entichement pour la céramique, conséquente à une assuétude non dissimulée à une émission de téléréalite britannique. Et j’ai eu un coup de cœur, comme rarement on en a, pour les œuvres en Raku d’une céramiste nantaise découverte par hasard dans une galerie du centre-ville. L’année dernière j’avais même craqué sur quelques autres œuvres de « vide atelier » dont je suis dingue. Et apprenant qu’elle serait au Nantes Maker Campus qui se déroule sous les nefs des Machines de l’Île de Nantes, je suis allé lui payer une petite visite.

J’étais vraiment ravi de faire sa connaissance, ainsi que son compagnon, et de pouvoir lui dire comme j’aime ton travail et ses œuvres. Elle a fait une démonstration de Raku, et ça m’a aussi permis d’illustrer ce curieux procédé consistant à ôter la céramique du four (à 1000 degrés), et à la recouvrir de sciures de bois ou d’autres combustibles, ensuite on laisse refroidir en laissant la fumée faire son œuvre (aléatoire) sur les craquelures engendrées par le choc thermique (en ayant recouvert la céramique pour limiter l’apport d’oxygène).

Il y avait encore quelques bricoles à vendre sur place, et je n’ai pas pu résister. Je suis donc reparti avec une petite sculpture sur laquelle j’ai flashé et deux petits magnets trop mignons. ^^

Le Nantes Maker Campus était, comme son nom l’indique, un endroit qui fourmillait de ces « makers » donc des gens qui bricolent, qui hackent, qui fabriquent et détournent tout ce qui est dans notre environnement. Cela a commencé par l’électronique, l’informatique et la robotique, mais aujourd’hui c’est le royaume de l’impression additive, des projets éducatifs liés au numérique au sens large, et jusqu’à toutes les formes d’artisanat.

C’est pour cela que j’ai pu y voir Mélanie Bourget, mais aussi des robots à qui il ne manquait qu’un cerveau positronique

J’y ai trouvé aussi le plus bel appeau à Génération X qui soit avec ce stand dédié à de la création ad-hoc de maquettes en briques. ^^

Le rêve de Fitzcarraldo (Henrique Oliveira)

Il suffit de gougler un peu Henrique Oliveira pour constater que sa spécialité ce sont bien les monstroplantes (Diskor n’est pas loin !)1, et donc il a pu s’en donner à cœur joie pour cette édition du Voyage à Nantes, qui est sous le signe des plantes et autres réminiscences arboricoles. Là c’est sans doute une des œuvres les plus emblématiques et tape-à-l’œil de cette saison, car on est sur une installation très volumineuse et impressionnante.

On a donc cette branche nue qui a l’air d’avoir poussé à travers les pavés de la place Graslin et dont les tiges, racines et radicelles vont ainsi se développant et rampant jusqu’aux colonnes du théâtre. Effet waouh garanti ! Et ça fonctionne aussi plutôt pas mal de nuit !

  1. Référence et clin d’œil fortement ciblés vers la Génération X. ↩︎

Présences arabes (Art moderne et décolonisation. Paris 1908-1988) au Musée d’Art Moderne de Paris

Forcément quand j’ai vu ce thème très ambitieux, j’ai foncé et j’y suis allé avec toute ma candeur mais aussi les attentes exigeantes d’un habitué et féru de l’Institut du Monde Arabe. Eh bien force est de constater qu’ils ont de la graine à prendre de l’IMA… Ce n’est pas bon du tout selon moi, voire carrément raté.

Pourtant la décomposition de l’exposition avec un choix chronologique et des thématiques clefs paraissait plutôt bien sur le papier, et on trouve en effet dans la scénographie globale les 4 chapitres qui suivent.

1-Nahda : Entre renaissance culturelle arabe et Influence occidentale, 1908-1937 :
Face à l’influence occidentale, la Nahda (renaissance culturelle arabe) se développe ; plus particulièrement en Égypte, au Liban et en Algérie grâce notamment aux écoles d’art, à la presse… En parallèle, à Paris, les grandes expositions dites universelles, dont la plus importante, L’Exposition coloniale de 1931, incluent des artistes issus des pays colonisés.

2-Adieu à l’orientalisme : Les avant-gardes contre-attaquent.
À l’épreuve des premières indépendances (Égypte, Irak, Liban, Syrie), 1937-1956 :

Certains artistes renoncent à des références importées et imposées pour se saisir d’une expression artistique enracinée dans l’histoire locale (Égypte, Tunisie) mais aussi se connecter directement aux avant-gardes européennes. À Paris, les salons modernistes mettent en avant l’abstraction et accueillent les artistes arabes. C’est le temps des premières indépendances (Égypte, Irak, Liban, Syrie).

3-Décolonisations : L’art moderne entre local et global.
À l’épreuve des deuxièmes indépendances (Tunisie, Maroc, Algérie), 1956-1967 :

Dans une période marquée par la violence et l’enthousiasme des indépendances nationales, notamment nord-africaines (Algérie, Maroc, Tunisie), l’Art moderne arabe se mondialise. Les expositions à Paris, comme la biennale des jeunes artistes reflètent largement cette nouvelle dynamique.

4-L’art en lutte : De la cause Palestinienne à « l’apocalypse arabe », 1967-1988 :
Le « salon de la jeune peinture », à Paris, est dominé par les questions politiques et les luttes anti-impérialistes internationales, de la guerre du Vietnam à la cause palestinienne. L’artiste libanaise Etel Adnan fait paraitre, en 1980 à Paris, son grand texte poétique « l’Apocalypse arabe ». L’exposition se termine par le sujet de l’immigration arabe en France traitée par les musées parisiens (années 1980).

Site Internet du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris présentant l’exposition.

Mais voilà, l’exécution à l’intérieur des salles est complètement erratique et bordélique, on ne comprend rien, il y en a partout, dans tous les sens, et sans aucune signalétique claire pour suivre un quelconque cheminement. Mais vraiment il y a des frise temporelle hyper précise sur des événements que je ne connais pas du tout1, et sans réelle contextualisation entre ce qu’il se passe à Paris, en Algérie, Turquie ou en Egypte, ensuite tu as des panneaux spécifiques qui zooment sur un ou une artiste, et des œuvres à droite à gauche. Mais aucun lien n’est fait, et en réalité on voit que c’est aussi sans doute parce que 1) c’est complexe et 2) ils ont surtout exposé ce qu’ils avaient sous la main et essayé de broder autour ?

Mais là où le bât blesse encore plus, c’est quand on creuse les explications autour et accompagnant les œuvres. Déjà, on ne fait pas toujours le lien avec la thématique ou la chronologie (ils essaient sans doute de se raccrocher soit à l’un, soit à l’autre), mais surtout c’est un mélange bizarre (surtout parce que sans contextualisation) avec des œuvres de français de métropole qui sont allés en voyage, de français installés au Maghreb, de français pro-décolonisation et qui clairement s’engagent aussi dans leurs œuvres, et d’artistes arabes et/ou autochtones, mais aussi des artistes qui sont passés par Paris, et donc on se retrouve aussi avec des artistes arabes mais rien à voir avec de la décolonisation… Bref, je n’ai rien compris. Et j’ai senti qu’on n’a pas cherché à m’expliquer quoi que ce soit.

Et ensuite, on sent clairement la difficulté insoluble d’écrire des cartels à la fois pertinent, précis, historiques mais aussi engagés mais alors sans s’engager du tout car c’est un musée quoi. ^^ Donc les explications sur la décolonisation sont claires comme de l’eau de boudin, avec des métaphores incompréhensibles2, aucune prise de position, et au final des rodomontades tiédasse donc qui disent à la fois que ça a été décolonisé, mais que c’était compliqué, et que l’art c’est bien chouette.

Vraiment quand c’est comme cela, il faut laisser faire l’IMA ou alors faire un truc ensemble. Mais là j’étais très très déçu, surtout pour un aussi beau et bon musée habituellement.

  1. Mais ça, je reconnais que je manque sans doute de culture générale. ^^ ↩︎
  2. Encore une fois, c’est peut-être moi qui manque un peu de jugeotte. ↩︎

Rétrospective Jean Hélion (La prose du monde) au Musée d’Art Moderne de Paris

Je suis souvent fan des expos du Musée d’Art Moderne de Paris car ils ont une collection vraiment chouette des peintres et plasticiens de la toute fin du 19e et début 20ème, et c’est une période des débuts de l’abstraction et du chemin vers l’abstraction qui est vraiment exactement ma came. Et ils se focalisent souvent sur les artistes de cette mouvance (notamment Expressionnisme qui est mon truc), et me font souvent découvrir des artistes un peu moins connus mais qui me font un effet assez bœuf.

Et là avec Jean Hélion, je suis partagé. Ce n’est pas pour l’expo qui est de grande qualité, mais pour l’œuvre en tant que telle qui ne m’a pas tant parlé que cela, c’est peut-être parce que l’artiste, même si c’est une pointure reconnue dans son domaine, me paraît plutôt comme un théoricien, expérimentateur et suiveur des artistes de son époque plus qu’un grand inventeur. Et pourtant j’ai bien aimé une bonne partie des tableaux présentés, et notamment ceux qui frôlent entre abstraction et réalisme.

Figure Tombée de Jean Hélion (1939)

Après ce qui est marrant et très intéressant avec ce peintre, c’est qu’il a beaucoup travailler l’abstraction et avec des inspirations à la Mondrian très très « suprématistes », mais qu’il est allé ensuite vers le figuratif (le tableau ci-dessus est son dernier abstrait). Et tout cela est très bien documenté et expliqué dans l’exposition, puisqu’on a énormément d’écrits de témoignages de cet homme, qui a vraiment beaucoup réfléchi sur son art. Il faut dire aussi qu’on est avec un artiste qui est une charnière assez hallucinante avec tous ces artistes qui ont inventé l’abstraction picturale. Jean Hélion (1904-1987) a connu tout jeune artiste les Mondrian, Kandinsky, Klee ou Fernand Léger et tous les artistes qui passaient un jour ou l’autre par Paris. Et il est décédé bien après ce mouvement et tant d’autres. D’ailleurs, il y a des projections avec des interviews filmées super intéressantes (années 60 à 80) où il témoigne de ses rencontres avec ces peintres du siècle dernier (il raconte notamment comme il était considéré comme un gamin par Mondrian et sa clique).

Ce qui est troublant c’est sa manière de tester des choses et de chercher sa voie dans des tas de tableaux dont on sent qu’ils sont sa vision d’une théorie ou du style d’un mouvement. On le voit aller vers le cubisme comme un Braque, ou vers des personnages très proches d’un Fernand Léger, et donc je n’ai pas été totalement sous le charme parce que je me disais « ah oui c’est un peu comme machin mais en moins bien ».

Donc l’expo est bien, mais le gars ne m’a pas totalement conquis, même si sa période figurative avec un certains codes abstraits, comme l’affiche ci-dessous, me plaisait pas mal. J’ai bien aimé aussi sa fixette sur les citrouilles (cela m’a fait pensé aux peintures de Jack Palance dans Badgad Café et à la fois à Frida Kahlo, ne me demandez pas pourquoi). ^^

La Fondation du Rien

C’est tout un programme hein ? Eh bien ce site est la plus belle trouvaille de ces derniers jours !! (Merci Emeline !!)

On vous explique tout de suite ce dont il s’agit :

La Fondation du Rien vous fabrique du temps libre.
Inscrivez-vous gratuitement à l’une de nos activités annulées pour jouir enfin tranquillement d’une plage de temps libre.

Et en effet, j’ai choisi l’activité Running et Philosophie pour demain à 15h à Nantes, et j’ai reçu la confirmation par email.

Bonjour Matoo,
Nous vous confirmons que votre inscription à l’activité Atelier running & philosophie « Transpirer pour pas grand-chose en réfléchissant à la phrase de Cioran : Après tout, je n’ai pas perdu mon temps, moi aussi je me suis trémoussé, comme tout un chacun, dans cet univers aberrant. », le mercredi 24 avril 2024 à 15:00, et pour une durée de 1h a bien été prise en compte.

L’équipe de la Fondation du Rien vous retrouvera comme convenu à Nantes, 44100.

Vous trouverez en pièce-jointe votre billet au format pdf : conservez-le soigneusement, et présentez-le à notre équipe le jour J.

Pensez à bien inscrire le créneau réservé dans votre planning.

En espérant que ce moment vous donnera entière satisfaction.
Cordialement,
L’équipe de Fondation du Rien.

Et voilà le billet en pdf avec son QR Code (à ne pas scanner ^^ ) :

J’ai même reçu un rappel aujourd’hui pour bien prendre en compte ce rendez-vous dans mon agenda !!

Tout ce site web est un régal de dérision et de rigolade tout en étant parfaitement sérieux et consciencieux dans son organisation et la logique d’enchaînement de ses messages. Vous pouvez cliquer pendant des heures, et c’est vraiment très très drôle. Evidemment l’idée même un site pareil et son contresens « by design » est irrésistible et clairement un geste artistique.

On trouve dans les crédits La Vaste Entreprise qui est à l’origine de ce bijou nihiliste, et tout un tas de contributeurs à cette merveilleuse perte de temps ayant pour vocation de vous en trouver en vous proposant des activités qui n’auront pas lieu. ^^

Production : La Vaste Entreprise
Coproduction : Association des CNAREP – Centres Nationaux des Arts de la Rue et de de l’Espace Public – Hors Cadre 2022 / L’Atelline – scène conventionnée d’intérêt national art et création / Le Parvis – scène nationale Tarbes Pyrénées / Théâtre + Cinéma – scène nationale Grand Narbonne / MAIF Social Club Paris / Némo – biennale internationale des arts numériques de la Région Île-de-France – CENTQUATRE-PARIS / L’Hexagone – scène nationale de Meylan (+ en cours)
Coproduction des prototypes (dans le cadre du spectacle « À ne pas rater ») : Théâtre des 13 vents – CDN Montpellier / Théâtre Jean Vilar, Montpellier / Scène Nationale d’Albi
Aides : Ministère de la Culture – DGCA / DRAC Occitanie (compagnie conventionnée) / Région Occitanie / FONDOC – fonds de soutien à la création contemporaine en Occitanie / Ville de Montpellier

Iwak #2 – Araignées

Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre un article par jour avec un thème précis.

Un peu comme tout le monde, je n’ai pas une grande passion pour les araignées. Ce n’est pas non plus une peur irrationnelle, j’arrive à supporter leurs présences dans la même pièce ou chambre que moi, et je les rejette bien souvent dehors assez gentiment en les prenant sur un bout de feuille (il faut que je me procure ce petit outil génial pour capturer gentiment ce genre de bestioles : une sorte de pince avec des poils de brosse à dents).

Et étrangement, je n’ai jamais rapproché Spider Man des araignées, alors que la filiation est tout de même évidente, et que je suis un peu dingue de comics. Adorer l’Homme-Araignée (oui je suis assez vieux pour le connaître sous ce vocable bien françois) ne m’a jamais plus fait apprécié que cela ces arthropodes qui ne sont pas des insectes pour autant. Je me souviens aussi de ce bouquin sur les araignées chez mes parents dont je n’étais pas capable de toucher les pages tant les photos sont flippantes (je ne pourrais toujours pas). ^^

Mais il y a eu un avant et un après Louise Bourgeois, je dois le reconnaître. Cette dernière est décédée à 98 ans, le jour de mes 34 ans (soit le 31 mai 2010), et reste une des plasticiennes dont les œuvres continuent d’exercer une importante fascination sur moi. En réalité, j’ai surtout eu une révélation lors de l’expo ci-dessous que j’ai visitée en 2008 et qui était une rétrospective avec 200 œuvres couvrant la période de 1938 à 2007. Dingue !!

C’est là que j’ai compris le sens de l’araignée chez Louise Bourgeois, et la raison d’être de ses fantastiques œuvres de métal gigantesques, comme la photo que j’ai prise de celle du quartier de Roppongi à Tokyo en 2018. « Maman » était pour l’occasion toute habillée de tricots comme on voit aussi à Paris et dans plein d’autres villes, cela seyait encore plus à sa « maternelle » apparence. Car les araignées pour Louise Bourgeois ce sont les mamans par excellence. La mère nourricière, la mère qui garde en elle ses petits pour les protéger, qui tisse et conçoit son environnement familial.

Depuis, les araignées me sont plus amicales et protectrices, en plus de bouffer des tonnes de moustiques et mouches qui nous cassent les couilles à longueur de journée. ^^