Je crois que je ne vais pas me lasser de sitôt à chercher des tas d’opportunités de mettre IA à la place de ia dans les mots et expressions les plus improbables. Hu hu hu. Là je voulais juste vous partager quelques liens qui ont retenu mon attention, comme cet article tout frais du jour de Tristan Nitot qui s’interroge sur la définition même du prolétariat, et qui se demande si ce n’est pas ce que l’IA générative fait de nous : des prolos.
le prolétariat, c’est ceux qui perdent leur savoir, parce que leur savoir est extériorisé dans les machines
Sinon deux passionnants articles qui proposent une vision que je n’imaginais vraiment pas… En gros, cette quête de l’IA s’accompagne d’une gabegie en ressources et d’une course à l’échalotte en production d’électricité, mais la bulle de l’IA va finir par éclater, et ces deux-là professent qu’on va se retrouver dans un monde avec de l’énergie assez propre et peu cher, et que ça pourrait même être compatible avec nos objectifs de transition écologique. Ce sera assez fou si vraiment c’est le bon scénario.
Il y a des tas de réflexions que je trouve assez passionnantes sur la manière de s’exprimer sur les Internets. Comment le faire, sur quels espaces et avec quels outils ? L’accessibilité de tout cela, la portée aussi et les valeurs philosophiques par rapport à l’essence même des principes moraux qui ont porté le web des débuts, à ce qu’ils en sont aujourd’hui, et ce que la société (capitaliste) en a fait aussi de son côté.
Certains dinoblogueurs comme Ploum se sont mis à Gemini qui est un protocole assez récent (rien à voir avec l’IA de Gougueule hein), et qui est plutôt bien adapté à des échanges en ligne par texte, avec bien sûr ses particularités. Imaginez que c’est comme avoir un autre réseau que celui des Internets tel qu’on le connaît. Et donc on se retrouve avec Gemini (que j’ai testé aussi de mon côté évidemment) sur une toile absolument vierge ou presque. Il y a quelques points de repères et de départ où des sites sont référencés, mais il n’y a pas vraiment de moteur de recherche, c’est vraiment un retour au web de 1994. Soooo refreshing!!!
Il y a aussi cette volonté de se réinventer en partant de zéro pour également y tester de nouveaux paradigmes. Et dans cette idée, il y a de plus en plus de blogueurs qui se sont débarrassés de WordPress pour repartir avec des sites statiques plus malléables, légers et surtout minimaliste. Des textes, des idées et de quoi s’exprimer à l’écrit, tout en se liant aux autres. Evidemment je ne compte pas quitter WordPress de mon côté, pas avec 5 929 articles et 45 878 commentaires en banque depuis 2003. ^^
Alors tout cela implique une sacrée aisance et connaissance en informatique, ce que je n’ai vraiment pas, mais je regarde tout cela avec beaucoup d’attention et de curiosité intellectuelle. Mais là ce qui m’a interpelé chez Ploum, ce sont les remarques suivantes :
[…] Mais je n’ai pas rejoint Gemini parce que je me sentais un minimaliste numérique dans l’âme. Je n’ai pas quitté WordPress par amour de la low-tech. Je n’ai pas créé Offpunk parce que je suis un guru de la ligne de commande.
C’est exactement le contraire ! Gemini m’a illuminé sur une manière de voir et de vivre un minimalisme numérique. Programmer ce blog m’a fait comprendre l’intérêt de la low-tech. Créer Offpunk et l’utiliser ont fait de moi un adepte de la ligne de commande.
La pensée fait le penseur ! L’outil fait le créateur ! Le logiciel libre fait le hacker ! La plateforme fait l’idéologie ! Le vélo fait la condition physique !
Peut-être que nous devrions arrêter de nous poser la question « Qu’est-ce que cet outil peut faire pour moi ? » et la remplacer par « Qu’est-ce que cet outil va faire de moi ? ».
Car si la pensée fait le penseur, le réseau social propriétaire fait le fasciste, le robot conversationnel fait l’abruti naïf, le slide PowerPoint fait le décideur crétin.
C’est intéressant non ? On cherche d’abord un outil pour faire quelque chose, mais l’outil va aussi nous conformer à sa propre nature et son propre schéma directeur. Cette prise de conscience permet aussi sans doute d’avoir un peu plus de prise sur son destin et ses valeurs. ^^
Alain nous sort une très belle série d’affiches qui célèbre l’amitié sino-russe en mode propagande bolchévique, et cela donne d’étonnantes illustrations parfaitement crypto-homo-érotiques. ^^
On a même un parfait petit couple homoparental !!! Mais que demande le peuple ? Hu hu hu.
Encore deux jours à Nantes, et c’est le changement de crèmerie. Au moins avec le déménagement, ça me refait goûter à de longues heures de transport en commun pour aller au boulot, donc je renoue avec cette funeste habitude. Car oui, ce n’est pas top. ^^
Mais bon, je le prends aussi comme une petite parenthèse parfois agréable où les paysages défilent et c’est joli. Et la Vilaine, contrairement à ce que son nom pourrait instiller, peut s’enorgueillir de quelques jolis spots entre Rennes et Nantes.
C’est aussi l’occasion de finir du taf, mais surtout de lire ou écouter des podcasts, ou simplement rêvasser en embrassant sa facette nihiliste et vacuiste1.
Je vous rassure, les couchers de soleil sont plutôt sympas du nouvel appartement, même si je les préfère dans la même direction 165 kilomètres plus loin.
Quand je chemine cahin-caha sur les Internets au quotidien, je me note régulièrement des petits liens, et je continue à en collecter pas mal sur l’IA générative. Quelques trucs optimistes mais surtout énormément de peurs ou de méfiances parfaitement étayées par une intuition solide, des études scientifiques, et parfois la réalité des faits qui se déroulent sous nos yeux. Je ne vais pas vous en pondre un article tous les deux jours, et au contraire de l’immédiateté de nos informations, qui sont obsolètes à peu près deux heures après avoir été publiées, j’attends un peu de voir… pour voir.
Les thématiques autour de l’IA se diversifient, et je vois souvent des « sujets » qui émergent, fleurissent puis s’estompent. Cet été, j’ai lu des tas de choses sur les impacts de l’IA sur l’éducation, et c’est absolument flippant. D’un Monsieur Samovar qui est en pétards, à raison, à Spencer qui s’interroge sur le bienfondé de la technologie en s’aidant de la pensée de Jacques Ellul, et ce brillant papier qui résume parfaitement les choses, c’est une catastrophe qui gronde déjà. Et ce qui est fou c’est que ces phénomènes sociaux qui prenaient des décennies, ne prennent que des mois. On verra dans moins d’un an les impacts de l’usage massif de l’IA générative par nos têtes blondes dans l’éducation, mais également chez les adultes même si ce sera plus diffus.
Très concrètement, c’est Microsoft qui lancé les festivités en annonçant fièrement des licenciements liés aux usages de l’IA dans leurs opérations quotidiennes. C’est beaucoup plus discret chez nous évidemment, mais on le voit déjà par un effet « en négatif » avec des agences de com par exemple qui ont gelé les recrutements de rédacteurs ou de community managers, ou bien qui font faire le boulot de 3 ou 4 personnes par une seule.
Après, l’usage intensif des IA montre que c’est loin d’être la panacée. Entre les modèles qui nécessitent d’utiliser des tas d’humains (sous-payés dans des pays en développement bien sûr) pour les faire évoluer et empêcher des débordements ou hallucinations, mais aussi ces mêmes humains qui doivent modérer des contenus et en sortent traumatisés. Et sur l’usage même, je vois que les sources commencent à sacrément souffrir, on voit des citations de sites web qui sont complètement rédigés par des IA, et on a forcément une baisse de qualité à chaque régurgitation d’une information dont la qualité d’origine est douteuse. Mais ce qui se passe tout simplement, c’est que les créateurs de contenus dont le modèle de subsistance repose sur la publicité sont en train d’arrêter car l’IA ne fait qu’extraire de la valeur sans rien en rétribuer. Et apparemment le phénomène est déjà visible !
Sur le sujet des modèles qui s’épuisent par endogamie, on voyait récemment une recrudescence d’image générée avec un filtre sépia pourri. Et c’est sans doute lié à la mode des images générée avec le style Ghibli qui a inondé les Internets, et en retour cela influence les modèles qui statistiquement considère cela comme une norme à reproduire. Toutes ces limites sont saines et devraient nous permettre de prendre du recul, et de raison garder, mais la course à l’échalotte est bien trop folle pour cela.
Quand j’ai vu cette vidéo sur Mastodon, je me suis vraiment demandé mais ce n’est pas possible, c’est de l’IA non ? Et donc il me semble que c’est une vraie vidéo, mais impossible d’être catégorique. J’aurais tellement envie de m’en émerveiller candidement, mais au lieu de cela je doute… ^^
Et si l’on devait encore se convaincre de l’impact environnemental calamiteux pour l’IA générative, voilà un article pour ajouter de l’eau au moulin. Après c’est valable pour tellement et tellement d’autres choses du domaine du numérique, mais tout aussi globalement de notre modèle de consommation, et finalement du capitalisme tout court. Mais bon ça n’aide pas quoi…
Pour finir sur une note un peu différente mais connexe, j’ai évidemment jubilé à la lecture de ce texte de Karl.
Ne vous laissez pas désabusez par la commercialisation excessive, par la récurrence massive des robots d’indexation quelque soit leur nature : moteur de recherche, data scrapers, AI bots.
Tous ceux-ci peuvent bien indexer tout mon contenu, copier mon contenu, le réinterpréter. Ce n’est pas ce qui m’intéresse. Je trouve du plaisir dans les gens que je lis. J’espère que certains ont du plaisir à me lire. Le reste n’est pas important. Ce n’est pas la première merdification que je vois passer. Les framesets. Je suis encore là. Le flash. Je suis encore là. Les bandeaux publicitaires. Je suis encore là. Le Web 2.0. Je suis encore là. Les réseaux sociaux. Je suis encore là.
En ce moment tout le monde s’affole des bots IA. Je serais encore là après. L’important c’est ce que vous publiez et ce que vous lisez. Les moteurs de recherche peuvent bien mourir. Les bulles X et Y peuvent bien exploser. Les magazines de la tech insipides en ligne peuvent bien cesser de publier. Cela ne me concerne pas. Je lis au quotidien des gens formidables.
J’y ai pensé aussi. C’est vrai que depuis la petite lorgnette de ce site ouaibe écrit à la mimine, je vais continuer à publier mes élucubrations, et à nourrir qui voudra, humains et non-humains. ^^
Après avoir mis en sommeil mes comptes Twitter, Facebook, Whatsapp1 et Instagram, je constate que tout le monde y sévit encore exactement comme avant (et j’y retournerai aussi peut-être hein ^^ ). Et je vois l’hypocrisie des militants anticapitalistes qui disent que c’est essentiel pour toucher les gens, même s’ils nourrissent la bête immonde en passant. Et je vois la bêtise crasse des personnes qui comptent sur ces plateformes pour « tout bloquer », ou bien simplement une candeur insupportable et terriblement endémique d’une société qui est bien trop engluée dans ses rets pour s’en sortir. Thierry Crouzet décrit très bien tout ce qu’il fait pour sortir des algorithmes tout simplement, et c’est passionnant. Car on a tellement l’habitude qu’on nous donne les choses toute crues qu’en effet on est surpris quand on consulte un réseau comme Mastodon ou qu’on termine de lire ses flux RSS.
Bon bah, comme d’hab, j’ai digressé. ^^
Le plus difficile à supprimer alors que les alternatives sont là, c’est insupportable. ↩︎
J’ai été absolument fasciné et épaté d’apprendre ce matin en lisant le blog d’Alain que notre découverte du calcul binaire, et donc ses applications incroyables, venait certes de Leibniz, mais que ce dernier était parti des considérations du Yi King. Et la lecture de ces simples explications, de la constitution des 8 trigrammes puis 64 hexagrammes, est juste bluffante.
J’avais entendu parler du Yi King pour la première fois dans un K. Dick très connu, le maître du haut-château, et d’ailleurs l’auteur avait un rapport très singulier et prégnant à cet ouvrage « divinatoire ». Depuis c’était revenu plusieurs fois comme des petites incursions, mais je n’avais pas plus creusé le sujet, voyant un peu ça comme du Nostradamus de l’est, mais je me suis bien mis le doigt dans l’œil. ^^
Si l’histoire de l’informatique vous intéresse un chouïa, ou même par pure curiosité intellectuelle, je vous conseille ardemment une série d’articles que le blogueur tech Korben propose tout l’été. Cette série dénommée « Hackers » raconte par anecdotes fascinantes, et dignes des meilleurs thrillers ou docu-fictions, la petite histoire de l’informatique à travers ses pirates de l’espace : les hackers !
Vous aurez sans doute entendu parler de tout ou partie de ces personnalités d’exception qui ont parfois infléchi le cours du développement de l’informatique par leurs malversations ou simple hobby qui tourne mal. Vraiment c’est à ne pas rater !!!
J’adore les enquêtes, et je suis un sacré geek devant l’Éternel, alors un billet de blog qui raconte comment un expert IT a compris un dysfonctionnement grâce à la PQR et une opiniâtreté assez confondante : c’est tellement ma came. ^^
J’ai rencontré avec bonheur Madjid il y a quelques années à Tokyo. Et là il écrit un billet qui fait mouche, comme souvent d’ailleurs. Une de ces bouteilles à la mer qui trouvera j’espère bien des lecteurs. Il le mérite. ^^
Je veux ce billet rempli de regrets, du temps qui a passé sans que je ne m’en rende compte, de mes yeux fermés sur ce passé. Je veux ce billet comme la confession de Perceval, parti brusquement sans se retourner, ignorant de la tristesse et du déchirement de sa mère attendant un au revoir qui jamais ne viendra. Perceval qui, tout rempli du regret qu’il feint d’ignorer, restera paralysé devant les miracles de sa quête. Perceval rempli d’avenir mais cédant sa place à Lancelot, pourtant bien moins pur, bien plus faillible. Perceval, perdu dans sa quête d’absolu, enfant attaché à sa mère et rempli du regret de la séparation. […] Je veux ce billet plein de ces regrets de n’avoir fait, de n’avoir dit, d’avoir fait et d’avoir dit, d’avoir mal fait et d’avoir mal dit, je le veux plein des choix que j’ai faits, que je n’ai pas faits, que j’ai oubliés, que je n’ai pas respectés, que j’ai jeté aux quatre vents. Je veux ce billet rempli de l’amour que je n’ai su ni donner, ni recevoir. […] Je veux ce billet comme une porte ouverte sur l’infini d’une mer à explorer et les flots d’amour qui la bercent. Je veux ce billet comme la source d’un récit qui ne se tarit pas, rempli de la vie qui est encore là et qui coule en moi, qui m’irrigue et me guide. Je veux ce billet pour vous raconter je ne sais trop quoi, et je le veux ainsi.
Je parle assez régulièrement de Boules de fourrure, et même s’il ne poste pas très souvent, je suis à chaque fois épaté par son talent. Mais si cela fonctionne aussi bien, c’est aussi par la nature même de son travail de vétérinaire, qui fournit une matière incroyable. Et on est, comme je le suis, aussi admiratif de sa plume que bouleversé par la manière, précise, factuelle, chirurgicale, vitale, avec laquelle il évoque ces anecdotes de véto de campagne. Ce sont les interstices de ces récits qui troublent, par le supplément d’âme qui parcourt chacune de ses phrases.
Attention, c’est de l’écrit donc c’est moins graphique qu’un film ou qu’une photo, mais ce qu’il décrit est assez prosaïque et pourrait choquer mes lecteurices très sensibles à la souffrance animale. L’article est là.