Drag Race France Live All Stars « Royal Tour 2025 » au Zénith de Nantes

Bon, ça commence à devenir un rendez-vous habituel et incontournable, et il faut avouer que c’est non seulement à chaque fois un plaisir, mais qu’en plus les shows sont de plus en plus beaux et professionnels. La première saison était clairement un truc pas vraiment pensé, la seconde avait déjà corrigé les défauts grossiers et donnait à voir un vrai show, la troisième c’était déjà un truc aux petits oignons avec une qualité qu’on ne pensait pas vraiment voir en France pour un Drag Show.

Donc là c’est épatant à constater mais c’est encore un « glow up », et donc on s’en prend plein les mirettes pour les costumes, maquillages, danseurs, habillages vidéo etc. Mais si j’avais un petit bémol, ce serait que le prix des places s’est également envolé, et je ne pense pas qu’un drag show aussi bien troussé soit-il valent une centaine d’euros. En tout cas, là en l’occurrence, même si c’était très bien, je trouve que c’est un peu trop cher, et que ça en limite tout autant l’audience bien sûr. Malgré tout la salle était archi pleine et nous étions donc 5300 personnes !

Les défauts les plus criants ont été corrigés, et notamment cette année : le son est tout à fait correct !! Youhouuuu !

Là où cela diffère aussi des autres années, c’est que l’on n’est pas exactement sur une saison de Drag Race, et donc on n’est moins dans la connivence et le rappel de l’émission. Je ne sais pas si c’est bien ou pas… Au moins on est dans un show hyper pro et cadré, mais le petit défaut c’est que ça perd un peu en retrouvailles sympathiques, en petite discussion sur chacun et chacune, c’est un peu plus froid quoi. J’ai été également un peu déçu qu’on ne soit pas plus sur une célébration plus marquée de la grande gagnante. On a l’impression d’un show qui était prévu avant même la fin de la production de la saison en réalité.

Mais sinon là où les points continuent d’être marqués c’est dans l’animation de Nicky Doll, et l’état d’esprit général de la soirée. Et cela vaut autant pour le spectacle que pour le public. Et le public nantais, qui était largement aussi au vu des plaques d’immatriculations, angevin, rennais, brestois, tourangeau et même rochelais, est aussi vraiment beaucoup pour la réussite d’hier soir. L’ambiance était absolument géniale et haute en couleur, avec des tas de gens maquillés, draguifiés, lookés, et tout le monde qui se lève, et danse et crie et fait la fête avec des rires, des sourires, des gestes d’affection et une atmosphère globale très apaisante, bienveillante et festive.

Le thème du show est cette fois de reprendre un peu l’histoire du drag en partant des ballrooms des années 90, vers l’émergence pendant le clubbing, puis les combats pour l’émancipation (notamment contre le VIH) et enfin la Pride et ses aspects à la fois vindicatifs et festifs. Il y a quelques bons moments, je repense à Elips et son évocation des actions ACT-UP ou encore Soa de Muse qui met toute sa rage sur scène, mais ce sont tout de même plus des prétextes pour les numéros.

Et en réalité, comme les spectacles dépendent aussi un peu des talents en présence, on remarque surtout les performances de Misty, Mami ou Piche, ou encore la superbe d’Elips, et donc je suis un peu déçu que Punani n’ait pas trop trouvé sa place avec un peu plus de moments où son humour aurait pu poindre dans un show assez tonitruant et « busy ». De même Moon est clairement toujours dans le cœur du public, et je la trouve un peu trop en arrière-plan. Mais bon, c’est compliqué à organiser ces choses là, et je comprends que ce soit une équation assez insoluble.

Alors que je célébrais récemment un petit show indépendant dans la pure militance, et que je fustigeais un show un brin désincarné qui manquait d’âme, je me dois de reconnaître les nombreuses qualités de celui-ci. Déjà d’être un grand spectacle professionnel tout en étant vraiment d’une certaine sincérité dans les discours et les messages militants (les choses sont souvent dites et très clairement). Et je suis persuadé que c’est la bonne alchimie pour à la fois toucher un public large et agir sur la société, tout en ne reniant pas ses valeurs et sa raison d’être.

J’étais tellement content que la fin soit sur cette reprise des chansons à la française qui étaient tellement drôle pendant cette saison. On a donc eu droit à Liberté té té té té et Oui oui j’adore, et c’était sans doute un des moments les plus barrés et sympas du show (sinon encore une fois un chouïa froid dans son exécution).

Je recommande à tout le monde d’aller voir ces spectacles qui sont une belle représentation de la chose drag actuelle. Et c’est un des rares trucs qui allient vraiment dans un magnifique élan pédés, goudous, trans, nb et alliés, avec une atmosphère joyeuse et sensée, une fête où on danse, on chante et on crie, et un beau manifeste sur notre capacité à lutter avec nos armes pour un monde meilleur : à coups de talons, de strass et de paillettes.

Glitter by Mama au Mama Shelter de Rennes

Dans la continuité de la découverte de Rennes et ses joyeusetés, on reste dans le volet « Drag show » mais alors on passe de l’autre côté du spectre. Un 180° dans la facette indépendante, militante et performance. Mais bon, il faut de tout pour faire un monde. ^^

Mais là, c’était un peu trop diamétralement opposé à mon goût à ce drag show très chouette au Marquis de Sade, avec un événement organisé par le Mama Shelter local et avec une boîte de prod « Drag ». On est tombé dans le truc complètement main stream, mais à un point que je ne soupçonnais pas. Pourtant j’ai bossé dans l’hôtellerie de luxe, et je connais les ressorts de ces soirées qui voulant surfer sur une mode se font les succédanés d’une mouvance de société pour le présenter de manière très polie et policée à des gens qui n’ont rien à avoir avec la choucroute. Mais tout le monde fait semblant, et c’est sans doute le plus ridicule de la situation.

Dieu sait que j’étais sans doute plus à ma place dans la cour intérieure pavée charmante d’un hôtel de luxe, mais je me sentais tellement mieux et à l’aise dans mes baskets dans un rade libertaire à la scène décrépite.

Mais ça aurait pu le faire si ça avait été un super show drag. Et pas vraiment, même si c’était tout à fait sympathique avec Quetzal (déjà vue à Paris l’année dernière d’ailleurs) et une bande de drags latinas dont des pointures dans le domaine, avec le sacro-saint tampon « Drag Race » et le name-dropping des saisons ou All-Stars dans lesquels les artistes ont figuré.

Mais ça a commencé par une maladroite session de bingo-drag pas très bien animée et assez pénible. Et pour le show, bah c’est une succession de pageant queens qui lip-sync. Et donc même si les trois invités sont en effet très bonnes et savent jouer les « entertainers », cela ne suffit pas à mettre une ambiance alors qu’il n’y a même pas un projecteur, une sonorisation à la hauteur, et un public totalement réceptif (pourtant c’était très LGBT). Donc c’était « meh », un peu mou, même si le show de Alyssa Hunter était vraiment de très bon niveau, qu’on retrouvait Jessica Wilde qui est une antédiluvienne participante de RuPaul dont je me souvenais bien et qui en a sous le pied.

Mais tout ça était poussif, sans message autre que « nous sommes des drags queens », et clairement sous forme d’une attraction d’hôtel… Et comme il n’y avait pas un show à s’en décrocher la mâchoire, bah on est forcément plus difficile. Après je sais que c’est bien aussi le mainstream, les productions sont sollicitées et travaillent, les artistes touchent des sous, et un petit bout de l’esprit du drag parvient tout de même à filtrer…

J’imagine que les choses peuvent aussi s’améliorer si la sauce prend, mais il faudra un peu plus d’exigence. Ce qu’on pouvait pardonner avec un show un peu plus artisanal dans l’arrière-cour d’un rade l’est beaucoup moins dans un endroit pareil.

Show drag au Marquis de Sade (Rennes)

On vient de débarquer à Rennes, alors forcément moi je cherche les activités LGBTQ+ de mes coreligionnaires bretons. En fouillant un peu sur Instagram, j’ai trouvé cet événement, et j’ai bien compris que ce serait un truc peu à la marge, mais exactement ce qui me plaît dans la créativité et l’inventivité queer du moment. Les shows drag avec Drag Queen en mode « pageant1 » c’est très bien, mais ce n’est pas tout.

Maintenant que des Drag Queens sont à la télévision dans une émission récurrente ou aux JO, et ont gagné une sorte de respectabilité (même si largement à géométrie variable au sein de la société). Et d’ailleurs je ne conspue pas du tout une forme plus « acceptable » et consensuelle qui permet de diffuser des messages au plus nombreux. Mais on peut aussi s’intéresser à tout le spectre de cette queeritude, et s’intéresser à des formes moins lisses, mais tout aussi stimulantes, hautes en couleur, réjouissantes et militantes. Et surtout, on gagne à jeter un coup d’œil du côté de nos copines lesbiennes et tout simplement nos frangines et adelphes.

J’avais adoré découvrir quelques drag kings et queers locales nantaises, ou plus dernièrement à Paris des créatures un peu plus protéiformes et difficiles à cerner. Bien sûr je pense aussi à feu les Paillettes avec leurs shows militants et fabuleux. Et j’ai l’impression que c’est du côté queer de la Force, que la nouveauté se trouve, mais également aussi un ferment intelligent, sensible et savoureux qui ne mérite que d’être découvert et apprécié à sa juste valeur.

Et puis clairement, on sait bien que le combat le plus aigu est celui qui consiste à protéger et aider les personnes trans, et lutter pour leurs droits. Quand je repense à ce moment à Quimper, je tremble encore d’effroi.

Donc là, on est à Rennes avec ce collectif « king » qui s’appelle Kingkea2, alors évidemment ça va être très artisanal et militant. Mais on peut avoir de très bonnes surprises avec ces shows (et j’en ai vus une palanquée), et assurément c’en était une pour nous. Et d’autant plus, qu’on a, je pense, un peu fait se retourner quelques têtes avec nos statures de pédés quadras (avancés) bobo white cis. D’ailleurs on a bien ri quand le monsieur Loyal, Soleil, a plaisanté sur le fait d’être né en 1997 et d’être donc le plus vieux de l’assistance… Hu hu hu.

Mais je m’en balance, et tant qu’on ne fout pas en l’air l’ambiance ou la concorde de l’endroit en faisant peur aux gens (ce qui pourraît arriver, je mesure parfaitement cela, et on est venu car ça paraissait ouvert à toutes et tous). J’insiste un chouïa là-dessus, car je me rappelle très très bien ma propre appréhension lorsque j’avais 19 ans et que je voyais débarquer des hétéros en boîte gay. J’avais besoin d’être avec des gens comme moi, c’était absolument essentiel pour moi, et pour être moi-même une condition sine qua non. La simple présence, toujours trop emphatique, de personnes hétéros me rendait complètement parano et craintif, forcément renfermé…

Or on était clairement dans une (petite) population queer au sens large : trans, non-binaire et jeunes fluides de toutes parts. ^^

L’endroit déjà, c’est un bar qui s’appelle donc le « Marquis de Sade », il faut avouer que ça en jette comme nom ? Hu hu hu. J’adore ce genre de bar libertaire, qui me rappelle exactement les rades parisiens alternatifs qui sont dans la même veine, avec une arrière-salle qui permet d’accueillir des groupes, et donc là quelques personnes assises pour un show. Et le show en question était en réalité précédé par la finale de l’émission de téléréalité : King of Drag. C’est la toute première saison d’une émission comme celle-ci dédiée à des Drag Kings, et présentée par Murray Hill, que je connaissais pour la série Somebody Somewhere.

Mais le plus intéressant c’était la suite et les performances des quelques drags qui étaient invités ce soir. Soleil était le présentateur mais aussi un artiste drag qui a présenté deux performances très engagées avec un drag parfois presque possédé par son show. J’ai beaucoup aimé son visage très mobile, et les détails du maquillage qui masculinisent son visage. Et puis il y a une énergie fascinante qui se dégage de lui, entre BDSM et puissance contrariée, sans doute un peu inabouti mais intéressant !

En réalité, c’est Sylvestre qui a démarré les hostilités, avec une fabuleuse interprétation planante de Si j’étais un oiseau de Bertrand Belin. Excellent lip sync et avec une présence d’une intensité peu commune, c’était vraiment cool.

Après c’était GORKI qui joue sur le registre Drag Queer en démarrant par un classique du drag king dans le rôle du cowboy viril et couillu. Hu hu hu.

Je l’ai préféré pour son second passage avec un personnage encore un peu plus mascu toxique, et jouant merveilleusement avec les codes et tous les brouillages de signaux qui vont bien.

Soleil est également revenu avec une performance, mais quand le lip sync ne suit pas, j’avoue que je décroche… Mais il reste doté d’un sens esthétique et d’une maîtrise de l’espace qui est cool.

Sylvestre est revenu dans une forme plus chimérique avec cette belle créature, et encore une fois un lip sync impeccable, et remarquablement interprété.

Et enfin le clou du spectacle c’était avec PEES dont la performance m’a fait penser à La Gouvernante qu’on avait vu au Warehouse pour une Pride nantaise. On est dans un genre de drag très singulier mais vraiment impliqué, dans l’extrême don de soi et la performance artistique. Il se peint le corps avec une substance noirâtre, et il s’agrafe à même la peau des morceaux de textiles, sur la poitrine puis sur le visage, tout en effectuant un excellent lip sync, et tout en se transformant en une inquiétante créature mi-kafkaïenne mi-frankenstein. ^^

Ah oui, c’est pas votre petit show propret avec des robes à volant et des paillettes, mais c’était cool, c’était drôle, c’était engagé et déroutant ou dérangeant parfois. J’étais content d’y assister, dans mon propre cheminement de découverte de cet art du drag si complet, et de cet air du temps qu’on ne peut mieux saisir qu’en ayant le bonheur de voir comme cela du spectacle vivant à fleur de peau et servi par des doux-durs à queer.

  1. Pageant = beauty pageant = concours de beauté du type Miss France, donc des shows consistant à montrer de beaux travestissements exclusivement « en femme » avec de belles personnes bien maquillées dans de beaux vêtements. ↩︎
  2. Jeu de mot sur « kinky » soit une excentricité sexuelle au sens le plus littéral (classiquement les pratiques sexuelles BDSM, mais en gros tout ce qui sort de la norme, quelle que soit votre acception de la chose… ^^ ) ↩︎

Marche des Fiertés de Nantes 2025

Après une année 2024 record, puisque c’était la seule année depuis 1997 où je n’avais assisté à aucune marche des fiertés, j’en suis déjà à ma deuxième cette année (après Genève la semaine dernière). Eh bien je peux affirmer que j’aime ça, et que ça fait drôlement du bien de renouer avec cette saine pratique annuelle. Cette session nantaise s’est déroulée sous les meilleurs augures avec un temps grisâtre, mais au moins pas trop chaud et sans risque d’insolation, et j’ai trouvé vraiment beaucoup de monde.

J’ai surtout retrouvé cette superbe ambiance nantaise hyper conviviale et sympathique des bonnes Prides. Absolument tous les gens croisés lors de cette marche étaient souriants, abordables et bienveillants. Il y avait ce qu’il fallait de revendications et de pancartes politiques, mais aussi des fétichistes de tous les genres, des créatures indéterminées et puis des tas de gens dans le spectre de l’humanité multicolore.

J’ai surtout noté que la meilleure idée était de venir avec des pistolets à bulles, alors là je peux vous dire qu’on a eu du succès !! J’ai encore fait mon Utakata et, grâce à mon ninjutsu des bulles de savon, les gens ont beaucoup aimé danser dans des flots de bubulles !!! Cela m’a ragaillardi d’être dans une telle atmosphère. ^^

(Oui vous noterez que j’avais mis mes faux-cils pour l’occasion. Hu hu hu.)

Drag ligérienne

On s’est promené dans Nantes l’après-midi, et après avoir pris un verre dans le centre, vers le quai des Antilles. On a voulu aller au LAB, et donc le plus pratique et agréable c’est le prendre un Navibus du bout de l’île de Nantes vers Bas-Chantenay. Cela permet d’avoir la plus jolie vue de Nantes depuis la Loire, avec la grue Jaune, la Tour de Bretagne, le donjon du musée Dobrée et le dôme de Notre-Dame-de-Bon-Port. Et puis bien sûr, on aperçoit Trentemoult et ses façades colorées.

On est tombé au LAB sur un Show Drag nantais dont c’était la quatrième édition (Show me my Drag). C’est toujours chouette d’aller voir des Drags !! ^^

La Velu.e, cabaret queer au Cirque Électrique

Quand B. m’a proposé de me faire découvrir un show queer que je ne connaissais pas, j’ai sauté sur l’occasion. Je n’ai plus trop la possibilité d’aller voir les Paillettes sur scène ou des shows à Paris, et on essaie autant que faire ce peut d’en profiter sur Nantes. Et donc j’ai expérimenté avec une grande joie cette Velu.e pour sa 23ème édition (si j’ai bien compris, cela existe depuis 2022) au Cirque Électrique (un chapiteau polyvalent à deux pas de la porte des Lilas).

On est dans un événement assez classique et qui mixe shows de drag, performances et burlesque, avec une pincée de tombola drôle et stupide et une présentation plein d’humour et de sass par Üghett. Les copines Loki et Fabisounours sont aussi de la partie et de l’organisation, ce qui était très cool de les revoir dans ce contexte (la dernière fois, c’était à notre soirée de départ de Paris il y a trois ans).

Le premier numéro était assez spectaculaire avec l’apparition d’une vraie créature qui a plus ou moins l’apparence d’une drag mais qui va au-delà du genre traditionnel. C’était très très cool avec un Pingo Speed qui se donne à fond et qui met un petit grain de folie très salutaire dans une performance corporelle assez saisissante. Il est revenu une seconde fois avec un autre accoutrement impressionnant et très architectural, tout en montrant son corps à chaque fois avec quelques codes du burlesque.

Il y avait aussi Charly Broutille qui est une artiste burlesque mais qui là a plutôt proposé un tour de chant très humoristique, tout en gardant ce truc de sassiness (que je traduirais par insolence, impertinence, espièglerie ce champs lexical là mais sans bien trouver le bon mot) que je trouve toujours irrésistible chez les effeuilleuses burlesque (et la mise en valeur de son corps était incroyable et géniale).

Ensuite, j’ai tout de suite pensé à nos performers drag King et Queer de Nantes avec Monsieur Confiture. C’est un personnage très attachant et énigmatique, et qui a une voix assez incroyable. Il a chanté avec beaucoup de talent, d’émotion et dans une mise en scène qui a véritablement uni toute l’audience dans une même vibration.

Et enfin, Veida Shimmy avec deux numéros de drag assez classique mais très bien exécutés.

Cela fait un bien fou de voir du spectacle vivant et aussi vivifiant, avec un public qui est très réactif, et soutient avec bienveillance et une sincère mansuétude ses coreligionnaires queer. J’aime bien que l’ensemble soit un peu bancal et parfois hésitant, ça ne rend l’ensemble que plus attachant et chouette. Bon bah maintenant je vais vouloir venir sur Paris pour voir les autres dates !! ^^

Paloma au pluriElles à la Cité des Congrès de Nantes

Je ne savais pas trop ce que j’allais voir avec ce show de Paloma, mais j’aimais beaucoup cette gagnante de la première saison de Drag Race France. Je m’attendais à un mélange de numéros d’humour et un peu de « drag », mais pas du tout. Il s’agit vraiment d’un spectacle d’une humoriste, une humoriste qui est également une Drag Queen, et ce n’est pas non plus du stand-up à la Mado, mais plutôt un enchainement de saynètes où Paloma incarne des personnages (elle l’a fait brièvement à la télévision apparemment, mais je n’ai pas vu ça ^^ ).

Cela m’a un peu fait penser aux incarnations de Foresti chez Ruquier à la télé, il y a quelques années (oui bon, presque vingt quoi, hu hu). Donc tout ce que je dis là pourrait un peu faire « bof ». Surtout que je reconnais une petite frustration de ne pas avoir de robes, de maquillage ou de paillettes pour faire un peu plus « drag ». Néanmoins, j’ai ressenti tout sauf de la déception, parce que le show est remarquablement écrit, et surtout interprété à la perfection, et avec une artiste terriblement impliquée dans son exécution.

Paloma aka Hugo Bardin débarque dans le public, et elle instillera un peu de stand-up et de drag dans cette manière subtile d’inclure le public, et aussi de lancer un peu de « shade » et de « roast » ou de « reading« . Mais tout cela est simplement saupoudré dans une série de scènes où elle incarne des femmes qui nous racontent des histoires, des histoires qui nous font beaucoup rire. La drag n’est encore une fois pas oubliée avec des tenus très sculpturales et des silhouettes de magazine Vogue des années 30.

Mais tout cela est secondaire, car ce qui est bien là ce sont les énormes blagues qui font mouche toutes les trente secondes. Et justement comme on n’est pas dans une forme très singulière ou originale, c’est le fait que les textes sont vraiment très bons, et qu’elle les sort avec un talent fou qui a spontanément provoqué l’hilarité de toute la salle pendant deux bonnes heures. Le personnage de la directrice de casting m’a vraiment beaucoup fait rire, mais les autres également, et j’ai vraiment ri de bon cœur pendant une bonne partie du show.

On voit surtout à quel point, on a une artiste hyper pro devant nous, et qui se donne complètement sur la scène.

La fin du spectacle où elle se démaquille en quelques secondes, et se montre presque à nu, en tout cas de perruque et maquillage, est très intense. On la sent au plus timide et peu confiante que jamais, et lorsque les applaudissements explosent et que les gens se lèvent, elle montre une surprise et une émotion qui seraient difficilement feintes.

C’était vraiment une très belle surprise donc, au-delà de mes attentes implicites donc. Et je retournerai la voir avec plaisir, car il y a de quoi encore développer ses personnages et ces histoires !

« Elle était une fois… » de Drag Race France Saison 3 au Zénith de Nantes

Après deux fois au Casino de Paris, on a cette fois vu le show de cette dernière saison à Nantes, au Zénith. Clairement, ils ont rempli la salle, mais ce n’est pas la meilleure idée pour un spectacle où on veut engager une certaine proximité. Comme j’avais la chance d’être proche de la scène, c’était parfait, mais on n’a vraiment pas eu la même impression de fête, de chaleur et d’intimité que les autres fois. Pour ceux qui étaient tout au fond, je pense que ça n’a pas dû être une expérience tip top.

Les autres fois, j’avais trouvé dommage justement de ne pas avoir de retour vidéo, et de moins profiter des lipsynchs lorsqu’on est trop loin pour voir les lèvres mimer les paroles. Là j’étais drôlement content de bien profiter des numéros de chacune, mais encore une fois pour ceux aux derniers rangs, ça ne devait pas être cool.

Mais malgré ça, il y avait tout de même une très bonne ambiance et les gens se sont levés plein de fois, ont applaudi à tout rompre, et ont bien célébré leurs queens.

Ces shows sont normalement l’occasion de voir ses drags préférées de la saison qui vient d’être diffusée, et les numéros se terminent plutôt par celles qui sont restées le plus longtemps, et souvent les plus douées et aimées du public, donc l’atmosphère de charge en électricité, et ça finit en apothéose. Mais là c’était un peu différent des autres fois, même si la forme du spectacle est exactement la même.

D’ailleurs cela fait partie des choses qui devront sans doute évoluer pour ne pas lasser le public. On a vraiment un peu toujours la même chose : un défilé en groupe, un numéro solo par queen, Nicky Doll qui les interroge à la fin de leurs performances, et on finit par le groupe qui fait un tableau final. C’est exactement ce qui s’est passé hier soir.

Mais ce n’était pas lassant, car c’était exécuté à la perfection, et avec un rythme soutenu, des thèmes sympas, ainsi que les vidéos d’accompagnement, les effets lumineux et les costumes (assez dingues). En revanche, toujours le même problème pour les bandes-son qui sont absolument pourries, et horriblement restituées dans la salle.

Une des problématiques aussi, pour moi en tout cas, de cette saison c’est qu’elle manque de drags très bonnes ou très charismatiques, de vraies héroïnes que l’on attend de pied ferme. Là c’était un groupe sympathique, mais on ne peut pas dire que ce sont des performeuses hors normes, ou bien que la gagnante a toutes les qualités. Mais plutôt qu’un spectacle décevant, c’est en réalisant un show très bien produit, et en remettant sur le devant de la scène la meneuse de revue qu’ils s’en sont sortis.

Et grâce à Nicky Doll, c’est une grande réussite. Contre toute attente, c’est elle qui remporte tous les suffrages. Elle présente des looks et des robes vraiment au-dessus du lot, et très au-dessus des shows précédents, mais surtout son texte était super bien écrit, avec de bonnes blagues très à propos. Et comme elle est maintenant très pro et à l’aise dans son rôle, on la sent totalement en maîtrise, et ce qu’elle ajoute en improvisation ajoute un piment très sympa, et donne l’impression au public d’un spectacle unique.

J’ai beaucoup aimé la thématique « Elle était une fois… » qui joue donc sur les contes de fées et l’imagerie Disney sans scrupule (quoi de plus gay que Disney ?). Les vidéos qui sont en fond des performances sont excellentes également, tant sur l’animation, le design que la direction artistique, et les danseurs et danseuses ajoutent des éléments chorégraphiques de très bon niveau. Cela donne des numéros très impressionnants, et souvent assez drôles avec cette thématique surréaliste.

Ce qui était très bien vu c’est que les drags forment dès le début un groupe analogue aux Muses du Hercule de Disney. On retrouve des formes et corpulences différentes mais avec cette même direction artistique et des costumes roses similaires. Cela fonctionne super bien !! Et le génial Matthieu Saghezchi a réalisé toute une imagerie qui rappelle terriblement tout cela.

Afrodite Amour ouvre le bal (elle est partie la première de la saison), et j’ai bien aimé sa performance. Ce n’est pas facile de démarrer un show, et elle a servi tout cela avec beaucoup de talent et de peps.

Misty Phénix a pris la suite avec un medley de Lady Gaga super efficace et très impressionnant. Là on est dans un niveau de performance à la Las Vegas qui le fait carrément, et évidemment avec des tubes pop comme cela, toute la salle était debout à chanter.

Ensuite, c’était le tour d’Edéha Noire. Son show était à son image, et pas complètement ma tasse de thé, car ça se veut indépendant, arty et à contre-courant alors qu’en réalité c’est assez plat et attendu…

Leona Winters était la seule à chanter en live, et ce n’était pas vocalement incroyable… Malgré tout c’est une bonne interprète et drag, mais elle manque juste de charisme selon moi.

Perseo a fait sa démonstration habituelle, et tout en jeté de gambettes et en plumes dans les fesses. C’est diablement efficace et il faut reconnaître un super athlète qui a une impressionnante maîtrise de son corps. Il a donné une sacrée pêche à toute la salle !

Magnetica c’était visuellement très impactant, avec un maquillage tout à fait cohérent avec sa signature de drag. Mais elle n’a quasiment pas lipsynché ce qui est un crime pour moi (je soupçonne que son maquillage avec des prothèses l’a gêné). ^^ Donc malgré un numéro plutôt efficace et dynamique, meh.

Lula Strega était la grosse déception parce que j’aimais beaucoup ce qu’elle faisait dans la saison. Et même si son costume était sublime, et son univers vraiment beau et inspirant, elle n’avait aucune énergie ou personnalité. Son show était lénifiant, presque neurasthénique, et elle avait l’air de se faire chier.

Norma Bell a proposé un très beau numéro solo sur la thématique du volcan, en inspiration directe de son île, La Réunion. C’était très cool et bien interprété, en plus d’être très original.

Ruby on the Nail c’est un peu notre chouchou, et elle a bien été au niveau. C’est une lipsyncheuse hors pair, et elle nous a enflammé tout le Zénith sur du Dalida, il fallait le faire !!! C’était génial et épique !

Et enfin, la grande gagnante de la saison 3 : Le Filip. Et comme attendu, ce n’était pas incroyable, mais tout à fait cohérent et à son image. Un truc un peu bâclé mais bourré de blagues, de maladresses et d’éclairs de génie ! ^^

Michel Fau en 2011

C’est en évoquant Marguerite dans mon article de rattrapage de films que j’ai recherché un article à propos de Michel Fau que j’avais vu en spectacle en 2012. Et je me suis dit qu’il fallait que je repartage cette vidéo d’anthologie, où il donne ce petit aperçu de ses performances, pour les Molières 2011. Encore aujourd’hui, je ris, mais je ris !!! Et cette interprétation de Carla Bruni n’a pas pris une ride !

Je me disais qu’aujourd’hui on lui dirait qu’il est simplement une Drag Queen. Et en un sens, il a bien ouvert la voie. ^^