Drag Race France Live All Stars « Royal Tour 2025 » au Zénith de Nantes

Bon, ça commence à devenir un rendez-vous habituel et incontournable, et il faut avouer que c’est non seulement à chaque fois un plaisir, mais qu’en plus les shows sont de plus en plus beaux et professionnels. La première saison était clairement un truc pas vraiment pensé, la seconde avait déjà corrigé les défauts grossiers et donnait à voir un vrai show, la troisième c’était déjà un truc aux petits oignons avec une qualité qu’on ne pensait pas vraiment voir en France pour un Drag Show.

Donc là c’est épatant à constater mais c’est encore un « glow up », et donc on s’en prend plein les mirettes pour les costumes, maquillages, danseurs, habillages vidéo etc. Mais si j’avais un petit bémol, ce serait que le prix des places s’est également envolé, et je ne pense pas qu’un drag show aussi bien troussé soit-il valent une centaine d’euros. En tout cas, là en l’occurrence, même si c’était très bien, je trouve que c’est un peu trop cher, et que ça en limite tout autant l’audience bien sûr. Malgré tout la salle était archi pleine et nous étions donc 5300 personnes !

Les défauts les plus criants ont été corrigés, et notamment cette année : le son est tout à fait correct !! Youhouuuu !

Là où cela diffère aussi des autres années, c’est que l’on n’est pas exactement sur une saison de Drag Race, et donc on n’est moins dans la connivence et le rappel de l’émission. Je ne sais pas si c’est bien ou pas… Au moins on est dans un show hyper pro et cadré, mais le petit défaut c’est que ça perd un peu en retrouvailles sympathiques, en petite discussion sur chacun et chacune, c’est un peu plus froid quoi. J’ai été également un peu déçu qu’on ne soit pas plus sur une célébration plus marquée de la grande gagnante. On a l’impression d’un show qui était prévu avant même la fin de la production de la saison en réalité.

Mais sinon là où les points continuent d’être marqués c’est dans l’animation de Nicky Doll, et l’état d’esprit général de la soirée. Et cela vaut autant pour le spectacle que pour le public. Et le public nantais, qui était largement aussi au vu des plaques d’immatriculations, angevin, rennais, brestois, tourangeau et même rochelais, est aussi vraiment beaucoup pour la réussite d’hier soir. L’ambiance était absolument géniale et haute en couleur, avec des tas de gens maquillés, draguifiés, lookés, et tout le monde qui se lève, et danse et crie et fait la fête avec des rires, des sourires, des gestes d’affection et une atmosphère globale très apaisante, bienveillante et festive.

Le thème du show est cette fois de reprendre un peu l’histoire du drag en partant des ballrooms des années 90, vers l’émergence pendant le clubbing, puis les combats pour l’émancipation (notamment contre le VIH) et enfin la Pride et ses aspects à la fois vindicatifs et festifs. Il y a quelques bons moments, je repense à Elips et son évocation des actions ACT-UP ou encore Soa de Muse qui met toute sa rage sur scène, mais ce sont tout de même plus des prétextes pour les numéros.

Et en réalité, comme les spectacles dépendent aussi un peu des talents en présence, on remarque surtout les performances de Misty, Mami ou Piche, ou encore la superbe d’Elips, et donc je suis un peu déçu que Punani n’ait pas trop trouvé sa place avec un peu plus de moments où son humour aurait pu poindre dans un show assez tonitruant et « busy ». De même Moon est clairement toujours dans le cœur du public, et je la trouve un peu trop en arrière-plan. Mais bon, c’est compliqué à organiser ces choses là, et je comprends que ce soit une équation assez insoluble.

Alors que je célébrais récemment un petit show indépendant dans la pure militance, et que je fustigeais un show un brin désincarné qui manquait d’âme, je me dois de reconnaître les nombreuses qualités de celui-ci. Déjà d’être un grand spectacle professionnel tout en étant vraiment d’une certaine sincérité dans les discours et les messages militants (les choses sont souvent dites et très clairement). Et je suis persuadé que c’est la bonne alchimie pour à la fois toucher un public large et agir sur la société, tout en ne reniant pas ses valeurs et sa raison d’être.

J’étais tellement content que la fin soit sur cette reprise des chansons à la française qui étaient tellement drôle pendant cette saison. On a donc eu droit à Liberté té té té té et Oui oui j’adore, et c’était sans doute un des moments les plus barrés et sympas du show (sinon encore une fois un chouïa froid dans son exécution).

Je recommande à tout le monde d’aller voir ces spectacles qui sont une belle représentation de la chose drag actuelle. Et c’est un des rares trucs qui allient vraiment dans un magnifique élan pédés, goudous, trans, nb et alliés, avec une atmosphère joyeuse et sensée, une fête où on danse, on chante et on crie, et un beau manifeste sur notre capacité à lutter avec nos armes pour un monde meilleur : à coups de talons, de strass et de paillettes.

Show drag au Marquis de Sade (Rennes)

On vient de débarquer à Rennes, alors forcément moi je cherche les activités LGBTQ+ de mes coreligionnaires bretons. En fouillant un peu sur Instagram, j’ai trouvé cet événement, et j’ai bien compris que ce serait un truc peu à la marge, mais exactement ce qui me plaît dans la créativité et l’inventivité queer du moment. Les shows drag avec Drag Queen en mode « pageant1 » c’est très bien, mais ce n’est pas tout.

Maintenant que des Drag Queens sont à la télévision dans une émission récurrente ou aux JO, et ont gagné une sorte de respectabilité (même si largement à géométrie variable au sein de la société). Et d’ailleurs je ne conspue pas du tout une forme plus « acceptable » et consensuelle qui permet de diffuser des messages au plus nombreux. Mais on peut aussi s’intéresser à tout le spectre de cette queeritude, et s’intéresser à des formes moins lisses, mais tout aussi stimulantes, hautes en couleur, réjouissantes et militantes. Et surtout, on gagne à jeter un coup d’œil du côté de nos copines lesbiennes et tout simplement nos frangines et adelphes.

J’avais adoré découvrir quelques drag kings et queers locales nantaises, ou plus dernièrement à Paris des créatures un peu plus protéiformes et difficiles à cerner. Bien sûr je pense aussi à feu les Paillettes avec leurs shows militants et fabuleux. Et j’ai l’impression que c’est du côté queer de la Force, que la nouveauté se trouve, mais également aussi un ferment intelligent, sensible et savoureux qui ne mérite que d’être découvert et apprécié à sa juste valeur.

Et puis clairement, on sait bien que le combat le plus aigu est celui qui consiste à protéger et aider les personnes trans, et lutter pour leurs droits. Quand je repense à ce moment à Quimper, je tremble encore d’effroi.

Donc là, on est à Rennes avec ce collectif « king » qui s’appelle Kingkea2, alors évidemment ça va être très artisanal et militant. Mais on peut avoir de très bonnes surprises avec ces shows (et j’en ai vus une palanquée), et assurément c’en était une pour nous. Et d’autant plus, qu’on a, je pense, un peu fait se retourner quelques têtes avec nos statures de pédés quadras (avancés) bobo white cis. D’ailleurs on a bien ri quand le monsieur Loyal, Soleil, a plaisanté sur le fait d’être né en 1997 et d’être donc le plus vieux de l’assistance… Hu hu hu.

Mais je m’en balance, et tant qu’on ne fout pas en l’air l’ambiance ou la concorde de l’endroit en faisant peur aux gens (ce qui pourraît arriver, je mesure parfaitement cela, et on est venu car ça paraissait ouvert à toutes et tous). J’insiste un chouïa là-dessus, car je me rappelle très très bien ma propre appréhension lorsque j’avais 19 ans et que je voyais débarquer des hétéros en boîte gay. J’avais besoin d’être avec des gens comme moi, c’était absolument essentiel pour moi, et pour être moi-même une condition sine qua non. La simple présence, toujours trop emphatique, de personnes hétéros me rendait complètement parano et craintif, forcément renfermé…

Or on était clairement dans une (petite) population queer au sens large : trans, non-binaire et jeunes fluides de toutes parts. ^^

L’endroit déjà, c’est un bar qui s’appelle donc le « Marquis de Sade », il faut avouer que ça en jette comme nom ? Hu hu hu. J’adore ce genre de bar libertaire, qui me rappelle exactement les rades parisiens alternatifs qui sont dans la même veine, avec une arrière-salle qui permet d’accueillir des groupes, et donc là quelques personnes assises pour un show. Et le show en question était en réalité précédé par la finale de l’émission de téléréalité : King of Drag. C’est la toute première saison d’une émission comme celle-ci dédiée à des Drag Kings, et présentée par Murray Hill, que je connaissais pour la série Somebody Somewhere.

Mais le plus intéressant c’était la suite et les performances des quelques drags qui étaient invités ce soir. Soleil était le présentateur mais aussi un artiste drag qui a présenté deux performances très engagées avec un drag parfois presque possédé par son show. J’ai beaucoup aimé son visage très mobile, et les détails du maquillage qui masculinisent son visage. Et puis il y a une énergie fascinante qui se dégage de lui, entre BDSM et puissance contrariée, sans doute un peu inabouti mais intéressant !

En réalité, c’est Sylvestre qui a démarré les hostilités, avec une fabuleuse interprétation planante de Si j’étais un oiseau de Bertrand Belin. Excellent lip sync et avec une présence d’une intensité peu commune, c’était vraiment cool.

Après c’était GORKI qui joue sur le registre Drag Queer en démarrant par un classique du drag king dans le rôle du cowboy viril et couillu. Hu hu hu.

Je l’ai préféré pour son second passage avec un personnage encore un peu plus mascu toxique, et jouant merveilleusement avec les codes et tous les brouillages de signaux qui vont bien.

Soleil est également revenu avec une performance, mais quand le lip sync ne suit pas, j’avoue que je décroche… Mais il reste doté d’un sens esthétique et d’une maîtrise de l’espace qui est cool.

Sylvestre est revenu dans une forme plus chimérique avec cette belle créature, et encore une fois un lip sync impeccable, et remarquablement interprété.

Et enfin le clou du spectacle c’était avec PEES dont la performance m’a fait penser à La Gouvernante qu’on avait vu au Warehouse pour une Pride nantaise. On est dans un genre de drag très singulier mais vraiment impliqué, dans l’extrême don de soi et la performance artistique. Il se peint le corps avec une substance noirâtre, et il s’agrafe à même la peau des morceaux de textiles, sur la poitrine puis sur le visage, tout en effectuant un excellent lip sync, et tout en se transformant en une inquiétante créature mi-kafkaïenne mi-frankenstein. ^^

Ah oui, c’est pas votre petit show propret avec des robes à volant et des paillettes, mais c’était cool, c’était drôle, c’était engagé et déroutant ou dérangeant parfois. J’étais content d’y assister, dans mon propre cheminement de découverte de cet art du drag si complet, et de cet air du temps qu’on ne peut mieux saisir qu’en ayant le bonheur de voir comme cela du spectacle vivant à fleur de peau et servi par des doux-durs à queer.

  1. Pageant = beauty pageant = concours de beauté du type Miss France, donc des shows consistant à montrer de beaux travestissements exclusivement « en femme » avec de belles personnes bien maquillées dans de beaux vêtements. ↩︎
  2. Jeu de mot sur « kinky » soit une excentricité sexuelle au sens le plus littéral (classiquement les pratiques sexuelles BDSM, mais en gros tout ce qui sort de la norme, quelle que soit votre acception de la chose… ^^ ) ↩︎

Drag ligérienne

On s’est promené dans Nantes l’après-midi, et après avoir pris un verre dans le centre, vers le quai des Antilles. On a voulu aller au LAB, et donc le plus pratique et agréable c’est le prendre un Navibus du bout de l’île de Nantes vers Bas-Chantenay. Cela permet d’avoir la plus jolie vue de Nantes depuis la Loire, avec la grue Jaune, la Tour de Bretagne, le donjon du musée Dobrée et le dôme de Notre-Dame-de-Bon-Port. Et puis bien sûr, on aperçoit Trentemoult et ses façades colorées.

On est tombé au LAB sur un Show Drag nantais dont c’était la quatrième édition (Show me my Drag). C’est toujours chouette d’aller voir des Drags !! ^^

La Velu.e, cabaret queer au Cirque Électrique

Quand B. m’a proposé de me faire découvrir un show queer que je ne connaissais pas, j’ai sauté sur l’occasion. Je n’ai plus trop la possibilité d’aller voir les Paillettes sur scène ou des shows à Paris, et on essaie autant que faire ce peut d’en profiter sur Nantes. Et donc j’ai expérimenté avec une grande joie cette Velu.e pour sa 23ème édition (si j’ai bien compris, cela existe depuis 2022) au Cirque Électrique (un chapiteau polyvalent à deux pas de la porte des Lilas).

On est dans un événement assez classique et qui mixe shows de drag, performances et burlesque, avec une pincée de tombola drôle et stupide et une présentation plein d’humour et de sass par Üghett. Les copines Loki et Fabisounours sont aussi de la partie et de l’organisation, ce qui était très cool de les revoir dans ce contexte (la dernière fois, c’était à notre soirée de départ de Paris il y a trois ans).

Le premier numéro était assez spectaculaire avec l’apparition d’une vraie créature qui a plus ou moins l’apparence d’une drag mais qui va au-delà du genre traditionnel. C’était très très cool avec un Pingo Speed qui se donne à fond et qui met un petit grain de folie très salutaire dans une performance corporelle assez saisissante. Il est revenu une seconde fois avec un autre accoutrement impressionnant et très architectural, tout en montrant son corps à chaque fois avec quelques codes du burlesque.

Il y avait aussi Charly Broutille qui est une artiste burlesque mais qui là a plutôt proposé un tour de chant très humoristique, tout en gardant ce truc de sassiness (que je traduirais par insolence, impertinence, espièglerie ce champs lexical là mais sans bien trouver le bon mot) que je trouve toujours irrésistible chez les effeuilleuses burlesque (et la mise en valeur de son corps était incroyable et géniale).

Ensuite, j’ai tout de suite pensé à nos performers drag King et Queer de Nantes avec Monsieur Confiture. C’est un personnage très attachant et énigmatique, et qui a une voix assez incroyable. Il a chanté avec beaucoup de talent, d’émotion et dans une mise en scène qui a véritablement uni toute l’audience dans une même vibration.

Et enfin, Veida Shimmy avec deux numéros de drag assez classique mais très bien exécutés.

Cela fait un bien fou de voir du spectacle vivant et aussi vivifiant, avec un public qui est très réactif, et soutient avec bienveillance et une sincère mansuétude ses coreligionnaires queer. J’aime bien que l’ensemble soit un peu bancal et parfois hésitant, ça ne rend l’ensemble que plus attachant et chouette. Bon bah maintenant je vais vouloir venir sur Paris pour voir les autres dates !! ^^

Drag Queer aux Jeux de Bretagne de Nantes

Le truc vraiment auquel on ne peut pas s’attendre. Déjà les Jeux de Bretagne à Nantes, j’avais déjà vu ça l’année dernière, et c’est une chouette manifestation avec des célébrations très bretonnantes pour rappeler que Nantes c’est avant tout et toujours Naoned dans le cœur de certains. Et au-delà du clin d’œil, cette année en plus on a pu y découvrir un concours de Drag Queens et Kings qui représentaient les 5 départements bretons (y compris donc la Loire Atlantique… oui oui).

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