Il s’agit bien du mot anglais « Fire » donc on parle plutôt du feu au sens (XIIe siècle) Du moyen français feu, de l’ancien français fou (IXe siècle), fu, foc, du bas latin feu, du latin fŏcus (« foyer, feu, âtre »), qui a supplanté le latin classique ignis à l’époque impériale. Mais là, ça m’a plutôt fait penser à l’autre définition qui est d’une tout autre étymologie : du latin populaire fatutus, qui a accompli son destin, du latin classique fatum, destin. C’est donc plutôt l’adjectif feu qui signifie « qui est décédé récemment ».
Matthew Perry est en effet mort il y a trois jours, et ça a secoué pas mal de monde, à la hauteur en tout cas de l’importance qu’a été la série Friends dans la vie de beaucoup de gens (toute proportion gardée bien sûr, ce n’est qu’une série TV). Et contre toute attente, alors que je suis à 100% dans la cible qui aurait dû voir et être accroc à Friends (1994-2004), jeune adulte que j’étais au démarrage, bah je n’avais pas vu un seul épisode avant l’été dernier.
Mais l’été breton 2023 ayant été passablement médiocre, j’ai beaucoup regardé la télévision (mais de toute façon, je passe beaucoup de temps à mater des séries, c’est une réalité terrible et je ne veux même pas savoir combien d’heures cela représente dans ma vie). Et je me suis dit, tiens presque trente ans plus tard, est-ce que c’est regardable ?
J’ai eu la sensation d’une série qui a dû être considérée à un moment comme un chouïa ringarde, puis vieillotte, puis rétro, puis carrément vintage. Mais force est de constater que j’ai vraiment beaucoup aimé, et que j’ai pris beaucoup de plaisir à la découvrir, même autant de temps après. Et c’est surtout que pour l’époque, je me suis bien rendu compte à quel point il s’agissait d’un format très novateur (même si ça reste une sitcom) et surtout d’une écriture géniale, et encore parfaitement actuelle. J’ai été à la fois choqué par une certaine misogynie et terrible grossophobie ou transphobie, mais aussi agréablement surpris par l’équilibre dans les rôles et les histoires des uns et des autres, et carrément épaté par certains discours hyper nouveaux comme l’évocation de l’homosexualité, et une vraie attaque très avant-gardiste des standards de la masculinité toxique.
Mais surtout j’ai ri et vraiment de bon cœur (la plupart des blagues font encore mouche, et l’écriture est vraiment travaillée à la manière de répliques de bon stand-up), et j’ai été ému à maintes reprises et, même trente ans après, j’ai accroché à ces 6 personnages. L’harmonie et l’équilibre dans leurs histoires, et puis la proximité avec des personnalités proches de ma génération sont sans doute pour beaucoup à cette identification et cette cristallisation.
Après ces dix saisons bingées en 8 semaines je crois, j’ai enchaîné directement sur l’émission qui les réunissait 17 ans plus tard (après le clap de fin de la série). C’était évidemment assez choquant, surtout de voir l’effet de la chirurgie chez deux des héroïnes, et ce visage fatigué et abîmé de Chandler. Car son personnage était attachant, autant que les autres dans le fond, et il avait ce truc de toujours s’en sortir avec de l’humour et avec une pirouette, ce qui lui donnait souvent les répliques les plus sarcastiques et ironiques (très new-yorkaises et « françaises », mais finalement peu américaines, en plus de les voir fumer avec un grand plaisir dans les premières saisons), et carrément fendardes.
Mais donc c’était le mec drôle, le pote qui te fait rire avant tout, mais qui cache aussi ses traumas derrière son humour à toute épreuve. Et le jeu était subtil derrière Chandler Bing, où tout de même on joue sur sa potentielle homo/bi/pan/sexualité pendant dix ans. Et de savoir qu’il était en réalité, l’homme derrière l’acteur derrière le personnage, en détresse de puis très longtemps sur bien des sujets est d’autant plus triste, et une certaine ironie du sort.
Donc ça m’a fait bizarre cette mort prématurée, surtout que pour moi la série vient tout juste de se terminer. Elle est encore tout fraîche dans ma mémoire pour une première découverte. Clairement la série ne revêt pas pour moi de la même dévotion que certains de ma génération peuvent nourrir à son égard, mais ça m’a fait un petit truc.