4% en théorie… (Mathias Chaillot)

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre qui est à la fois un manuel pratique, en même temps qu’il raconte en filigrane une jolie histoire sur son auteur. Et tout cela est très fin et délicat dans ses anecdotes intimes, tout en étant très rationnel, raisonné et factuel dans ses explications, souvent même scientifiques. L’auteur, Mathieu Chaillot, est un journaliste gay assumé, et il part de son cas à lui, en essayant de trouver des explications à plein de choses, et en chemin il nous en dit beaucoup sur nos propres interrogations et délivre quelques pistes de réponses.

Les 4% en théorie sont bien entendu la proportion d’hommes gay dans la population globale. Et Mathias Chaillot se demande une question basique : mais pourquoi je suis homo ? Il se raconte un petit peu et c’est toujours très touchant et forcément ça amène à s’identifier à ses propres expériences en la matière, mais surtout cela débouche sur un vademecum hyper fouillé et documenté pour refaire un point sur le pourquoi. Les anciennes théories mais aussi les nouvelles, et sans aucun tabou, il donne ainsi des raisons très scientifiques, pratiques et parfois crédibles, sur des sujets dont on ne sait pas toujours qu’ils ont autant été travaillés par les sociologues.

J’ai vraiment pensé au guide pour les jeunes homos de Xavier et Charles dont j’ai parlé il y a donc plus de vingt ans, mais là c’est le guide d’aujourd’hui et avec une forme vraiment chouette et originale. Et je trouve que c’est la manière idéale, celle d’aujourd’hui, d’accompagner tout un chacun sur ces questionnements, et d’y répondre avec autant de sérieux mais aussi de décontraction et d’humour. Le livre est vraiment un bel antidote à l’homophobie, et un magnifique tribut au coming-out. Il couvre tous les sujets depuis le pourquoi, jusqu’à des problématiques de sexualité, de drague, de taf ou de gestion familiale.

J’ai appris beaucoup de choses, alors que je me considère un certain expert en la matière. Hu hu hu. Et encore une fois, c’était très plaisant de faire connaissance aussi de ce garçon qui a le courage et la générosité de se mettre ainsi en scène et parfois à nu (même si ça reste assez pudique malgré tout) pour mieux toucher ses lecteurs et j’imagine, surtout, les jeunes gays qui liront l’ouvrage.

Je sais que plus personne ne lit, mais j’ai l’intime conviction que le bouquin méritera de tomber dans les mains de quelques uns, car c’est une lecture édifiante et saine, et qui fera du bien.

Dans quelle case se mettre, et comment y attirer l’autre ?

Je suis retombé sur cet article qui a vingt ans complètement par hasard, et je me suis (re)dit que ça restait toujours un des plus chouettes profils qui soient. Je ne me souviens absolument pas de qui il s’agissait, sauf que manifestement c’était un texte de profil du site GA (GayAttitude, un site web communautaire et de rencontres gay qui a eu le vent en poupe au début des années 2000).

Difficile de savoir dans quelle case chercher l’Autre quand on ne sait pas dans laquelle on est soi-même. Difficile de choisir sa case quand on passe son temps à lire et à écrire, mais qu’on déteste les intellos coincés. Quand on n’aime pas le sport, mais qu’on en fait quand même et qu’on apprécie ceux qui en font (quand même). Quand on aime paresser au lit, au soleil, dans le bain, mais qu’on déteste ne rien faire. Lorsqu’on a 34 ans, mais qu’on ne les fait pas forcément et qu’on apprécie ceux qui ne les font pas non plus, même s’ils les ont. Qu’on trouve ridicule d’être choisi sur sa photo et ses mensurations (178-70), mais qu’on aime bien connaître celles de l’Autre. Qu’on ne fréquente pas les bars du Marais, mais qu’on n’a que des amis homosexuels. Qu’on n’aime pas vraiment les plans cul, mais qu’on ne crache pas sur les aventures. Qu’on va dans les saunas, voire pire, mais qu’on reste fleur bleue et romantique. Qu’on sait être fidèle et volage. Qu’on adore la ville tout en aimant la campagne. Qu’on aime la légèreté tout en détestant le superficiel. Qu’on apprécie la musique classique, l’art, la littérature, mais aussi le shopping et les blagues idiotes. Qu’on bâfre et boit comme un trou, tout en aimant ceux qui savent garder la ligne. Qu’on est plutôt passif, mais qu’on ne veut pas être traité comme une bouche de métro et qu’il nous arrive d’aimer renverser les rôles. Qu’on sait être bavard et silencieux. Contemplatif et ardent. Exigeant et facile. Facile et jamais comblé.

Ce profil me plait car c’est le contraire des petites cases dans lesquels on doit se renseigner pour se faire correctement chercher et trouver par son prochain. Et surtout, il assume la nuance et les paradoxes, et tout de même on est tous fait comme ça, il faut l’avouer. Même si tout le monde cherche à attirer et à montrer le meilleur de soi, on finit par être réduit à des phrases monosyllabiques suivies de quelques émojis sur une de ces applis des RSA1

C’était il y a vingt ans, je me demande si ce quinqua d’aujourd’hui a tout de même fini par trouver chaussure à son pied. Je le lui souhaite encore aujourd’hui. ^^

  1. RSA = les Réseaux Sociaux de l’Amour, c’est à dire les apps de rencontre comme la plus connue : GrindR. ↩︎

Pédélogie comparée

J’avais bien aimé les « 6 types of gay men » basés sur des Pokémons, mais là c’est vraiment d’un autre niveau. Et c’est tellement tellement bien vu !! Je suis ultra fan.

Au-delà des classifications bien connues des twinks, bears et consorts, là on a vraiment les professions de foi de tous les pédés de l’Univers Connu. Evidemment on peut même cocher plusieurs cases, c’est d’ailleurs conseillé. ^^

(J’ai malheureusement oublié la source exacte, même si cela vient d’Instagram. Si jamais je retrouve, j’éditerai l’article.)

Al Dente World Tour (Matteo Lane) à l’Alhambra

C’était tellement cool d’avoir l’opportunité de voir en live un tel comédien de stand-up !! Comme beaucoup de gens (pédés ^^), je vois ses vidéos depuis quelques années, et j’admire son humour « camp » irrésistible et son immense talent de réparti. C’est vraiment l’archétype du comédien new-yorkais de stand-up qui tchatche, et improvise même, en interagissant avec des spectateurs sur fond d’un mur de brique dans un sous-sol d’un café-théâtre. Mais là en plus, c’est pédé à mort, et donc c’est trop cool. Hu hu hu.

Autant je me rappelle avoir vu Margaret Cho dans un cadre assez exceptionnel il y a une dizaine d’années (c’était à la Java !!!), autant maintenant on a assez de gens intéressés par des shows en VO pour avoir récemment vu Hannah Gadsby au Trianon. Et là ce sont donc des comédiens et comédiennes queers ce qui les place, j’imagine, dans une niche rendant encore plus compliqué leurs venus. C’est sans doute très chouette et émouvant pour eux de savoir qu’ils ont autant de fans dans le monde entier, et pour nous de voir ces génies de la scène en France1.

J’ai adoré ce moment de pur stand-up à l’américaine avec un Matteo Lane qui enchaîne les histoires, et qui a un chouette rythme et une jolie habileté à placer ses blagues et ses chutes, ce qui est tout le talent de ce genre d’exercice. J’étais surpris de cela, mais même à Paris, il a réussi à interagir avec des personnes du public, et à les mettre en boîte de manière très sympathique. J’ai retrouvé quelques blagues que je connaissais déjà, mais c’était malgré tout une grande découverte, et j’ai vraiment ri de bon cœur.

J’avais un peu peur car récemment je trouvais qu’il était un peu trop sûr de lui, ou jouant un peu trop sur son côté gym-queen, tout dans l’apparence et « fake« , et je redoutais que ça devienne un peu trop « A-Gay »2 pour moi. Mais le voir en live et avec surtout la manière ultra-décomplexée qu’il a de jouer sur son côté folle et bottom, j’ai plutôt été rassuré.

J’étais déçu qu’il n’y ait pas de rappel, et que ce soit même un chouïa trop court, j’aurais bien aimé encore l’écouter et rigoler avec. Je me dis que ça doit être top dans un vrai contexte de comedy-club à NYC, et que c’est sans doute la meilleure manière de goûter à ce genre d’humour.

  1. Cela montre aussi que le niveau d’anglais a également énormément progresser en France, contrairement à ce que les mythes entretiennent. ↩︎
  2. Je me demande si cela parle à quiconque, je fais référence aux Chroniques de SF où Armistead Maupin évoque ces A gay c’est-à-dire des pédés d’une certaine classe, avec de la thune, musclés, cultivés, masculins et très exclusifs à leur sous-milieu, dédaignant les autres « pas A ». ↩︎

The Last of Us S01E03

La série est une adaptation d’un jeu vidéo à grand succès et que mon chéri a beaucoup aimé, donc on regarde ça depuis que ça a commencé il y a trois semaines. Il y a des chances que je décroche rapidement car c’est une thématique d’horreur postapocalyptique avec des sortes de zombies à la « The Walking Dead », et je n’avais pas tenu longtemps pour cette dernière. Les films d’horreur me font vraiment peur, et je fais des cauchemars et tout, et les séries c’est souvent pire (parce qu’un film, je regarde et j’oublie, mais la série s’inscrit dans la durée et peut vraiment me toucher « trop profondément »). Cela dépend évidemment des thèmes et de la manière dont c’est fait, mais disons que j’ai énormément de mal avec les scènes de souffrances physiques ou psychologiques, et encore plus quand cela concerne des femmes et des enfants.

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