Iwak #24 – Tapageur / Rowdy

C’était il y a 18 ans, alors qu’on était en week-end à Lille avec des amis. J’en ai déjà parlé ici, mais j’en remets une couche pour l’occasion car c’est un souvenir important. On avait vu ce rassemblement alors qu’on se promenait dans le centre de Lille, notamment en sortant de la station de métro lillois République – Beaux Arts. Et comme vous pouvez le constater, ce n’était pas un petit rassemblement, et ça nous avait intrigué car la moyenne d’âge était vraiment basse. On était vraiment sur des minots de 15-17 ans, et voyez le look de l’époque.

Et l’époque c’était la fin du mouvement Tecktonik, en tout cas dans son âge d’or. Ce curieux mouvement qui a cru, a explosé et s’est clos en tout juste deux années, mais qui a brillé très fort et très vite en 2006 et 2007 d’une grande passion juvénile et dévorante. La Tecktonik qui est née au Métropolis, mythique club de banlieue parisienne (que j’ai fréquenté bien avant cette période ^^ ), et qui était autant une manière de danser que de s’habiller, et un « style » quoi. Des gestes syncopés inquiétants qui rappellent le voguing mais en mode je me démonte les articulations à 120 BPM, des coiffures très nippones rappelant Son Goku et des fringues un peu dark-emo, je dirais : Nicolas Sirkis époque Indochine des années 80 (mais bon il a peu changé ^^ ). Et des joutes de danses féroces et tapageuses sur une techno d’une qualité douteuse : c’était tout ça la Tecktonik.

Et voilà le combat tel que je l’ai capturé à l’époque ci-après. On reconnait bien la chorégraphie mimétique d’une transe convulsive : je m’arrache les bras et les jambes en rythme. L’originalité de ce combat, dont je ne mesure pas si c’était commun à l’époque, c’est qu’il s’agissait d’une opposition entre deux cultures. On avait une opposition en plus très sociale et sociétale très intéressante. Car la Tecktonik était plutôt un mouvement « blanc », banlieusard et prolo. Et là deux jeunes Tecktoniqueurs à l’allure caucasienne étaient opposés à deux jeunes hip-hopeurs racisés (bon le terme est très anachronique, mais je le trouve utile).

Vidéo prise avec mon appareil photo numérique le 27/10/2007 vers 17h à Lille

Je n’ai pas pu tout documenter malheureusement, mais l’ambiance était électrique. On était arrivé alors que la foule commençait à s’agglutiner, mais il y avait encore des pourparlers entre les jeunes des deux mouvements. Cela ressemblait vraiment à une rencontre entre les Jets et les Sharks, et on les voyait se tancer, se jauger et s’invectiver. J’avais d’abord d’ailleurs cru à une simple baston, avec des badauds qui étaient au spectacle comme dans une affreuse cour de récréation.

Mais rapidement, on a vu les blasters émerger, des beats s’échapper, et les bougres se sont mis en représentation les uns après les autres. Tecktonic, Hip-hop et vice-versa. Chacun se donnant à fond, en chambrant les autres pour les déconcentrer, mais avec aussi des rires et des sourires. Le Hip-hop se foutait clairement de la gueule des petits blancs et leur Tecktonic de merde, et les autres cherchaient à choper leurs galons.

Bah ça s’est finit comme ça. Sous les cris des quidams qui s’étaient regroupés autour d’eux, en réalité pour les encourager, et les opposants se sont quittés en se respectant, sans que personne ne gagne quoi que ce soit. C’était juste ça, une joute sans mort à la fin, Montgommery n’a pas tué Henri, et tous ces gens bien défoulés ont pu continuer leurs errances du samedi après-midi dans le centre de Lille.

C’était un truc la Tecktonik, tout le monde l’a déjà oublié, alors à mon humble niveau, je rappelle que ça a été.

Retrouver le mystère de mes secrets cachés

Vendredi c’était mon dernier jour de boulot avant les vacances d’été, mais à mon retour il ne me restera que 5 semaines avant de changer de crèmerie, et aller travailler au pays des Rillettes. Cette fin de séquence laborieuse s’est vraiment faite sur les chapeaux de roues, avec des tas de trucs compliqués à faire. On me demande évidemment de finir ceci et cela avant mon départ, mais aussi de former les nouveaux, et de pourquoi pas prendre deux trois projets en plus au passage. Business as usual…

Donc grosse fatigue physique mais aussi morale, et un stress croissant à mesure que le déménagement se profile. Ce sont ces moments de terribles précipitations, mais qui ont aussi des facettes très chouettes. Comme le fait d’avoir trouvé un appartement à Rennes, même si je suis un chouïa déçu de ne pas finalement atterrir dans mon premier choix, mais qui n’était en effet pas le plus raisonnable. Donc petit compromis tout à fait satisfaisant sur le papier, et qui n’est vraiment pas un renoncement. Mais je suis tellement à fleur de peau que ça suffit à me rendre hyper neurasthénique et triste même.

Et après nous voilà dans la spirale du déménagement, l’organisation que cela représente même si ce n’est pas la première fois, et que l’on sait bien que tout va se passer plus ou moins bien… fatalement ! Mais bon, il faut imaginer comment ça se passe quand on va habiter au 16ème étage d’un immeuble. ^^

Les vacances devraient être salutaires pour s’organiser dans la sérénité, mais sauf quand on doit recevoir des amis en Bretagne, comme on s’y est engagé il y a plusieurs semaines de cela. Hu hu hu. Donc c’est la course là, pour faire le plus gros, avoir deux semaines de répit, et s’engager dans une dernière ligne droite tonitruante avant de nous déclarer officiellement bretons à la scène comme à la ville.

Depuis dimanche donc, c’est le défilé des cartons, scotch, papier bulle et emballage frénétique de toute sa vie à deux. Mais comme j’aime me simplifier la vie, j’avais aussi prévu de rendre visite à un ami de passage à Lille pour les vacances. Donc pour cela, j’ai pris le train juste après le boulot vendredi, et après une courte soirée parisienne, j’ai passé le samedi à Lille.

Ce vendredi soir était vraiment sous le signe d’une gigantesque fatigue, mais avec aussi ce début de vacances schizophrènes où le relâchement de la fin du taf contraste avec l’anxiété d’un déménagement. Mais j’étais seul, face à moi-même, et j’avais besoin de ça. Besoin de marcher seul dans la ville, en écoutant France Gall comme le titre du post l’indique, car pourquoi pas. ^^

J’ai donc arpenté les rues du treizième pendant une bonne heure et demie et c’était fort plaisant avec une vraie douceur estivale, des tas de gens en goguette, et des quais de Seine somptueusement aménagés à cet endroit.

Marcher en solo comme cela avec ses écouteurs, seul au monde dans une ville surpeuplée, c’est idéal pour bien se sentir transpercé de tristesse, et en même temps dans une énergie qui, transcendant son repli sur soi, permet d’accéder à autre chose. La déception de quitter Nantes, de partir de cet appartement qui nous avait si bien accueilli, le constat aussi d’un échec professionnel qui permet à la fois de se remettre en question, mais aussi de se satisfaire au moins d’un mouvement qui permet d’aller de l’avant. Et une direction rennaise qui n’est vraiment pas un funeste chemin, mais qui nous attire franchement. Mais voilà, ce n’est donc pas un faisceau complètement positif, c’est bien un ensemble de pour de contre, de bonnes et de mauvaises choses, d’optimisme et de pessimisme, de regrets et d’espoirs bien vivaces.

J’ai rarement besoin qu’on me dise que « ça va bien se passer », je n’aime d’ailleurs pas trop ce genre de mantras, sachant qu’en bon stoïcien ça se passera comme ça doit se passer, en bon comme en mal. ^^

Mais depuis ce moment totalement dépressif et salutaire (apprécions mon état d’esprit en oxymore en ce moment), bah ça ne peut qu’aller mieux. Et dans cette gamme, malgré des voyages en train au pire moment, les chassés-croisés des grandes vacances, c’était cool cette petite transhumance septentrionale. Cela m’a d’ailleurs confirmé comme Lille est jolie et agréable, et que je m’y sens toujours chez moi (après tout Adolphe Dumoulin est né là).

Mais l’immense plaisir c’était de voir Henri et son bout de chou qui grandit si vite !! Quelques heures très agréables et douces, et hop on est reparti sur les chapeaux de roues !

Nous voilà de nouveau au milieu de nos deux vies mises en cartons, et aussi une part non négligeable en déchèterie, avec les deux chatounettes qui se demandent ce qui va leur arriver « encore ». Mais là, nous sommes tout de même arrivés en Bretagne pour accueillir un premier ami, et prendre un peu de repos par la même occasion.

Alors on a embarqué mille trucs qui ont blindé la voiture (évidemment), les deux chatounettes (à qui on va faire faire un stage prolongé à Clohars pendant cette période tendue), mais on a oublié un sac assez important. Bah oui, le sac avec la bouffe de Nantes (pas trop grave), et mes capteurs de glycémie et matos de diabétique professionnel (plus grave).

Aujourd’hui, j’avais prévu de faire un aller-retour à Rennes pour rencontrer notre future concierge et lui demander toutes les informations utiles pour le déménagement. Donc départ de Quimperlé à 9h30, arrivée à Rennes à 12h40 après un suicide sur la voie (1h10 de retard)… La concierge a été très cool et m’a tout de même reçu et expliqué les trucs. Mais c’était tendu, car j’avais un train pour Nantes à 13h30… Voilà la petite vue du château des Ducs de Bretagne (sans doute une des dernières…) et la cathédrale en arrivant vers la gare en TER.

Et je suis allé récupéré mon précieux sac, j’en ai profité pour passer l’aspirateur et ranger quelques bricoles, et je suis de retour dans le TER Nantes – Quimperlé d’où je couche patiemment ces lignes.

Voilà voilà. Bientôt des couchers de soleil, à n’en pas douter, et quelques plages j’espère bien ! Période peu évidente pour moi, mais je fais bonne figure, et ce n’est pas la mort, juste un peu de stress en réalité. Purée ce que je n’aime pas déménager !!!