Les mémoires d’un chat (Hiro Arikawa)

On m’a offert ce bouquin, on ne se demandera pas pourquoi évidemment. Hu hu hu. C’est l’essence même de la littérature japonaise pour moi, avec un phrasé qui est absolument typique et reconnaissable, malgré la traduction (je ne parle ni ne lis ou comprends le japonais) en français. Il y a un rythme et une certaine concision qui vraiment sont le point commun de beaucoup de romans nippons. Et puis là, en l’occurrence, il y a cette originalité bien singulière aussi : c’est vraiment le journal d’un chat !!

Très concrètement Nana nous explique ce qu’il vit avec son maître Satoru. Ce dernier a un gros changement dans sa vie, et il veut absolument trouver un bon foyer pour son chat adoré Nana (comme le chiffre 7 en japonais, et apparemment la forme de la queue du chat en idéogramme ou kanji, c’est à dire ça). On va donc suivre une sorte de parcours initiatique à la fois pour Nana et Satoru, alors que ce dernier rend visite à ses amis les plus chers, de la petite enfance à sa vie d’adulte, et qu’il tente de les convaincre de s’occuper de son chat.

C’est l’occasion bien sûr pour Nana d’en apprendre plus sur Satoru, et de dresser un curieux portrait d’humain par un félin. Et le stratagème littéraire fonctionne carrément à merveille, car cette distance « animale » permet de traiter l’histoire avec une certaine candeur ou naïveté qui rend d’autant plus touchant tous les petits ou grands drames qui sont dépeints. De l’enfance de Satoru à sa vie d’adulte, mais en passant aussi par les propres atermoiements du chat, on a vraiment l’impression d’être le témoin à yeux et perception de félin. Et cette narration toute nippone, en retenue mais parfois d’une franchise déconcertante, avec des sous-entendus et des non-dits, distille une alchimie très délicate qui arrive à nous communiquer de très belles choses et relations entre les protagonistes.

C’est un très beau roman, fin, ciselé, assez rigolo aussi par moment, et qui est, bien que tout à fait anthropomorphe, exactement conforme à l’idée qu’on pourrait se faire des mémoires de Nana, et Satoru. C’est drôle comme on peut parfois, et à raison, considérer les différences extrêmes entre européens et japonais, mais souvent aussi se rejoindre dans des perceptions aussi surréalistes et touchantes. Le bouquin est très connu dans le monde entier, je suis content de l’avoir lu à mon tour. ˆˆ