Mat of the Night (1995)

C’est hier alors que Sweet Drop passait sur une de mes sélections musicales en aléatoire que ça m’a frappé : merde, on est en 2025, mais donc cette soirée du samedi 25 novembre 1995 a eu trente ans !!! Mazette !!! J’en avais parlé avec déjà pas mal d’émotions en 2007, mais le temps passe, irrémédiablement, et nous voilà à une date anniversaire fatidique.

Mat of the Night, cela vient de bien loin, mais je l’avais déjà expliqué ici tiens. C’était Thomas qui m’appelait comme cela, car on ne se voyait que la nuit et souvent pour les partager. ^^

Tout cela date comme vous pouvez le voir, et la photo en figure de proue est une preuve supplémentaire n’est-ce pas (oui c’était une de mes périodes blondes) ? J’ai même mon journal intime de l’époque pour pouvoir me replonger dans mes commentaires de midinette (j’avais 19 ans donc).

Cette soirée n’avait en plus rien de spécial, c’était vraiment juste une soirée comme les autres, et comme tant d’autres pendant les 15 prochaines années. Mais il m’en reste un truc génial qui est un outil mnémonique redoutable, c’est cette cassette audio que ma copine Caroline avait donné au DJ en lui demandant d’enregistrer son mix en live dans la boîte de nuit du Scorp’ (Le Scorpion). J’ai toujours ce talisman aux pouvoirs mnésiques épatants, et grâce à la magie des Internets, je le diffuse en intégralité avec la qualité de l’époque. ^^

FACE A
FACE B

Le DJ c’était lui, Patrice Strike, et il était plutôt gentil et joli garçon avec ses beaux yeux bleus. Je me souviens que Sébastien craquait carrément pour lui (et ce dernier l’a assumé justement dans les commentaires de l’article en question, car tout se retrouve sur les Internets…), et on a passé bien des soirées sympas avec en particulier de très chouettes montées électros qui rendaient tout le monde dingue (et ça criait dans tous les sens).

Le Scorpion était associé à une autre boîte de nuit qui s’appelait l’Entracte, puis allait devenir le Pulp. Ces endroits, au 25 boulevard Poissonnière, était juste au métro Grands Boulevards qui s’appelait encore « Rue Montmartre ». Les deux boîtes étaient dans le même immeuble, qui était en réalité un ancien dancing, mais on avait donc la boite pédé et la boite goudou, certes bien séparées, mais côte à côte. Ma copine Caro m’entrainait régulièrement de l’autre côté, et on y a également passé de très bonnes soirées avec d’excellentes Djettes ! Ce n’était pas toujours évident qu’on m’accepte à l’entrée, mais avec le temps, et les bonnes ambassadrices, ça le faisait.

C’était une période riche en choix de sorties et en typologies de fêtes. On avait encore en 1995 le Palace qui fonctionnait, et c’était la grande époque des soirées gay MILK qui étaient au sous-sol, et qui se transformaient en KitKat pour les afters. On avait donc le Scorp et l’Entracte (qui deviendra le Pulp en 97) qui étaient à quelques encablures (5 minutes à pinces), et on ne s’empêchait pas de passer de l’une à l’autre de ces soirées. Et évidemment, il y avait le Queen qui était déjà une institution, mais dont les soirées les plus prisées et intéressantes étaient les dimanches (Absolutely Fabulous puis OverKitsch Boy, avec Galia en maîtresse de cérémonie) et lundis soirs (Disco). Je suis en train de scanner toutes mes archives de flyers de soirées de ces années-là, donc je publierai tout cela un de ces quatre.

Mais ce n’était que le début d’un renouveau assez fou et jouissif du monde de la nuit gay. Nous connaissions un vrai espoir côté VIH avec les trithérapies, et la culture gay commençait à fasciner de manière positive tout un chacun. L’homophobie reculait doucement mais sûrement, en tout cas dans ses marques les plus institutionnelles et systémiques de la société. La visibilité gay n’était plus seulement crypto mais se faisait plus honnête et assumée. Et on avait cette musique électro qui faisait vibrer tous les clubs et soirées gays et lesbiennes, et qui serait le meilleur emblème pour la suite (et aussi bien sûr de quoi nous chier à la gueule ^^ ).

Les années 2000 ont été pour moi les plus folles et joyeuses et émancipatrices, mais 1995 a marqué un démarrage en trombe que je n’oublierai jamais.