Arco (Ugo Bienvenu)

Ce film d’animation est sans doute une démonstration du meilleur de la créativité européenne, car c’est techniquement irréprochable, merveilleux sur le plan artistique et créatif, mais aussi carrément bien négocié et original sur le plan narratif ! Et tout cela en n’étant pas dans une fibre Disney ou Hollywood gnangnan, et pas non plus dans une œuvre inaccessible aux enfants. C’est vraiment un super film pour toute la famille, comme on dit, et qui enfin surprend, émerveille, fait rire et émeut, presque sans erreur de parcours. Sacrée prouesse !

C’est donc l’histoire d’Arco qui est un gamin qui vient d’un futur lointain, un futur dans lequel on vit sur des plateformes dans les nuages, qui reposent sur des piliers car la montée des eaux et les diverses catastrophes naturelles ont mis en péril la vie à la surface. Arco vit peinard avec sa sœur et ses parents, et ces derniers reviennent tout juste d’un voyage dans le temps (celui des dinosaures) pour aller récupérer des spécimens de plantes qui vont leur être utiles. Car avec leurs tenues arc-en-ciel, et un diamant qui diffracte la lumière sur leur capuche, ils peuvent non seulement planer dans les airs mais aussi se déplacer dans le temps en faisant de magnifiques trainées dans le ciel !! Arco est encore trop petit pour les voyages temporels, et il est dég car il veut absolument voir un vrai dinosaure. Alors dans la nuit, il pique la tenue de sa sœur, et il se lance dans le vide pour faire un petit voyage chez des dinos, ni vu ni connu.

Mais bien sûr, il n’y arrive pas. Et malgré un vol plané approximatif et quelques jolis arcs-en-ciel, il atterrit avec pertes et fracas sur la Terre en 2075. La Terre en 2075 montre encore une vie à la surface, mais avec des maisons qui sont protégées par des vraies cloches en verre pour se protéger des intempéries qui détruisent la nature, et même d’incendies dévastateurs.

Il perd son diamant dans la forêt, et il est trouvé inconscient par la petite Iris qui le récupère pour le soigner chez elle. Les deux enfants deviennent potes, et Iris aide Arco à trouver un moyen pour rentrer chez lui. Mais ça ne va pas être simple, les parents d’Iris sont loin pour leur boulot, mais un robot humanoïde, Miki, est là pour s’occuper d’elle et son petit frère. Et trois étranges bonhommes assortis étaient à l’affût des arcs-en-ciel, ils ont repéré le vol inaugural raté d’Arco, et ont réussi à récupérer le diamant !

Tous les ingrédients sont là avec un scénario SF très sympa et plutôt élaboré, avec pas mal de surprises et de révélations jusqu’à la toute fin du film. Mais on a aussi des scènes assez drôles avec le trio « chasseur de trainées multicolores », et l’émouvante relation entre Iris et Arco, mais également celle avec son petit camarade Clifford, ses parents ou le robot Miki, sont vraiment bien racontées, avec subtilité et de manière originale.

Après les inspirations sont assez clairement du côté de Miyazaki sur le merveilleux et le mélange des genres, également aussi sur la DA impeccable et des efforts notables sur la richesse des décors et des paysages. Et clairement sur le thème musical majeur de l’envol avec les rais multicolores, on est vraiment de manière très appuyée sur les mouvements très lyriques de « la légende d’Ashitaka » de Mononoke. Mais là où la patte française est reconnaissable, c’est qu’on y voit aussi du Mars Express et carrément du René Laloux.

Et c’est là aussi où on voit les limites de cette french touch, parce que c’est assez caricatural qu’on garde cette manière très peu naturelle de doubler les personnages. Et pourquoi tous les dessins animés français doivent-ils ressembler aux Mondes Engloutis !!! Après ce n’est pas une mauvaise référence, mais cela donne tout de même pas mal de trucs un chouïa bancals ou maladroits.

C’est une toute petite remarque contrastée sur une œuvre globalement très réussie, et qui, je l’espère, trouvera son public en salle. Et c’est aussi un film qui mérite d’être vu en salle pour profiter du grand écran et de la musique, car c’est vraiment très très beau. Et quel talent donc pour de l’animation françaiiiiiise môssieur !!! ^^

Superman (James Gunn)

C’était une grosse promesse cette nouvelle génération de Superman pour DC Comics. Mais bon, on nous vend quasiment toujours ce genre de chose hein… Après c’est tellement la cata les films de super-héros, mais c’est vrai que si je jette un coup d’œil dans le rétro côté DC c’est The Suicide Squad1, et côté Marvel c’est le troisième et ultime opus des Gardiens de la Galaxie. Et qu’ont-ils en commun ? Eh bien ce sont des films de James Gunn, le même gars à qui l’on doit ce retour de Clark Kent sur les écrans, et le début d’une nouvelle séries de films DC.

Et je vous le dis tout de go, c’est une très très bonne surprise !!!

Ce n’est pas le meilleur film de la Terre, mais c’est vraiment sympathique et agréable à regarder, et c’est surtout un film d’une facture tout à fait correcte. James Gunn a fait du James Gunn, ni plus, ni moins. Donc c’est bien fichu, léché, pas con, bien joué, et une attention particulière aux effets spéciaux, à un scénario avec un sous-texte pas complètement hollywoodien, et un bon mix de représentation (notamment homme-femme). Et c’est exactement ce que j’ai reconnu dans ce Superman.

Mais déjà, une bonne chose, le film dure un peu plus de deux heures (et je n’ai pas senti de longueurs), et ne s’appesantit pas sur une énième introduction de la vie de Superman. Donc pas de destruction de Kypton, de parents éplorés, de comète qui file vers la Terre avec un bébé Kal-El qui apprend des trucs en accéléré, et pas de découverte de l’adoption ou de sa jeunesse. Non, en trois phrases résumées et trois plans, on est avec Superman qui se prend une méga déculottée de Lex Luthor et se plante la tronche dans une épaisse couche de glace en Antarctique. Le film démarre en une minute, bravo !!

Et James Gunn en profite du coup pour donner quelques surprises dans ce qu’on pense une ellipse parce qu’on connaît tous l’histoire du kryptonien. Par exemple, on découvre les parents de Clark comme deux bons bouseux à l’accent à couper au couteau (et son père c’est JJ LaRoche2 !!) et pas du tout des gravures de mode peu crédibles, comme on nous vend parfois (la mère notamment est croquignolette). Et les parents biologiques, Jor-El et Lara, alors qu’on les voyait comme des pacifistes qui envoient leur fils sur Terre pour son bien et celui de ses habitants, bah en vrai dans un message complémentaire décrypté par Luthor, on découvre qu’ils sont des enflures qui conseillent à Kal-El de baiser à couilles rabattues pour asseoir une lignée, et surtout de dominer les terriens qui sont des faiblards.

On a aussi une bonne galerie de personnages, avec un chouette David Corenswet qui est mignon comme tout en Clark/Superman, mais aussi un très très bon méchant avec Nicholas Hoult en Luthor qui n’y va pas par quatre chemins, et qui est parfois carrément inquiétant. L’excellente Rachel Brosnahan, la merveilleuse Mrs Maisel, est une Lois crédible et plutôt charismatique. Le film se positionne aussi avec quelques side-kicks héroïques qui sont aussi suprenants et que sympas. On a notamment un Nathan Fillion très drôle en Green Lantern avec une coup de cheveux improbable, une surprenante Hawkgirl, assez bad-ass et qui ne fait pas de la figuration, et un Mister Terrific qui est le plus mis en avant (le comédien jouait Darwin dans un ancien X-Men) et qui est véritablement essentiel à l’intrigue.

Bien sûr, je n’oublie pas le chien de Superman, Krypto, qui n’est pas d’ailleurs son chien, mais il ne garde juste pour quelqu’un. Le chien est complètement dingue et fout un bordel sans nom avec ses super pouvoirs. Il est d’ailleurs une des facettes du comique du film, ce qui est assez nouveau à ce niveau de comédie dans un Superman selon moi (ou bien rappelle un peu celui de 78). Car c’est souvent très drôle, et très bien tourné en dérision à maints égards, ce qui contraste avec la vision « Snyder » toujours très « dark » et gothique, très porté sur le drame et la noirceur d’âme des personnages.

Il s’agit d’un savant dosage, et d’une alchimie qui a bien fonctionné pour moi. On a en plus une petite réflexion politique pas piquée des hannetons, avec un Lex Luthor qui clairement est un concentré du pire d’Elon Musk, tout simplement. Mais le plus important pour moi dans un film pareil, c’est tout de même la qualité des effets spéciaux. Et là, ouf, on y est. C’est très très beau et on ne se croit pas dans un jeu vidéo. Les scènes sont très propres, le chien qui est complètement en CGI est très bien rendu, et on a droit à des scènes d’action hyper haletantes et convaincantes, aussi bien pour la qualité des effets que pour la chorégraphie des combats.

Après l’histoire peut tenir sur un timbre-poste, je m’en fiche, mais elle tient la route, et on a un divertissement de qualité, formellement, esthétiquement, sur le fond, pas trop con et qui réconcilie avec la saga Superman. Comme je l’ai dit, le cahier des charges « James Gunn » est un brin trop visible et académique, mais c’est vraiment parce que je fais mon chieur. Pour une fois, je me dis « ah vivement le prochain ! ».

  1. A l’exception du Justice League retapé par Zach Snyder, mais c’est un tel ovni… ↩︎
  2. Pruitt Taylor Vince qui a joué un célèbre personnage de la série Le Mentaliste. ↩︎

Flow

Après le Dreamworks bien classique mais chouette malgré un côté trop sage et neuneu pour moi, on a là un film qui sort vraiment de l’ordinaire !! Imaginez donc un film d’animation de 1h35 sans un seul humain, et qu’avec des animaux qui ne pipent (donc) pas un mot. 1h35 de miaulements, d’aboiements et autres caquetages, grognements et cris de bestioles diverses et variées, et une nature un brin hostile qui s’exprime principalement par une mystérieuse montée des eaux.

On suit donc un chat dans une nature totalement déshumanisée, où les animaux évoluent et survivent contre des terres de plus en plus submergées. Le chat en question va finir par croiser d’autres bestioles et ils vont même squatter et piloter un bateau vers des habitats devenus plus ou moins lacustres. Un groupe hétéroclite mais super attachant se forme avec notre minou (adorable et insupportable comme un bon chatounet), accompagné d’un capybara facétieux et généreux, un labrador évidemment trop cool et un peu pataud, un lémurien très humain et un serpentaire (j’ai l’habitude d’utiliser leur nom vernaculaire, mais en réalité c’est un messager sagittaire) impressionnant et très charismatique.

Il ne faut pas s’attendre à une histoire très prosaïque, et on est parfois carrément dans un récit plus fantasmagorique ou onirique, avec quelques passages qui laisseraient même songeurs ou pantois. Mais c’est follement « européen » et vraiment cool. Pour moi, ça a en tout cas super bien fonctionné. On ne s’emmerde pas une seconde, car l’action est plutôt soutenue, le monde est immense et superbe, et les animaux très bien animés. Et il y a tellement de surprises et de péripéties, qu’on est plutôt accroché à cette curieuse narration. On aura en plus aucune explication sur cet univers, ces animaux ou l’absence des humains, et les étranges restes de civilisation qui se noient progressivement.

Techniquement c’est marrant car ce n’est absolument pas le nec plus ultra de l’animation, mais que c’est justement complètement assumé et embrassé, et même utilisé pour faire fonctionner une direction artistique singulière qui marche du feu de dieu. Donc les textures sont très belles, même si y’a pas un nombre de polygones dingos, et un rendu parfois faiblard, mais on est dans un rendu très esthétique et arty, proche d’Arcane, qui augure vraiment d’une vraie convergence entre l’approche animation « images de synthèse » et celle du jeu vidéo. Mais surtout ce qui est très notable et hyper efficace, c’est la réalisation.

Tout a été produit dans Blender (un outil de modélisation 3D open source), ce qui est un peu fou-fou, et le réalisateur, Gints Zilbalodis (qui est letton), a juste fait créer un immense espace 3D dans lequel il a placé ses caméras. Vraiment cela fait penser à un jeu vidéo, et j’y retrouve des vibes de Flower pour le côté contemplatif zen et virevoltant, ou Stray pour l’œil à hauteur de chat. Et surtout on a beaucoup de plans séquences avec une vision subjective très fluide et dynamique. La mise en scène est vraiment originale tout en ayant permis au réalisateur de bosser sans storyboard.

Les animaux sont formidablement bien modélisés et animés, mais aussi bruités, et on glousse beaucoup avec les gimmicks du chat, des chiens ou du capybara. Le choix d’avoir ces animaux domestiques qu’on connaît si bien, et un exotique comme le lémurien, une curiosité qui ne doit pas être connu de tant de monde comme le capybara (même si ce sont parmi les plus chouettes animaux du monde qui fleurissent dans les mèmes des Internets), et l’extraordinaire serpentaire dont je suis persuadé que la plupart des gens ignorent l’existence d’une telle bestiole.

Et donc c’est étrange à certains égards, mais toujours très beau et poétique, et super palpitant car le monde part en couille dans la flotte. Et puis il y a ce lien singulier entre ces animaux si différents, et ça touche de manière aussi universelle que le film, qui ne possède pas une seule parole humaine, donc vous pouvez le voir en VO sans sous-titre. ^^

Le bouche à oreille est excellent, et je suis persuadé que plein de mômes vont adorer ce truc !!

Le Robot Sauvage

J’avais lu que c’était « mieux que WALL-E », mais non il ne faut pas exagérer. Mon petit WALL-E n’est pas encore détrôné ! On est plutôt dans un mélange de ce dernier, de Baymax, du Géant de Fer et des robots de Laputa pour le design. Donc plutôt de bonnes références, et au final un film d’animation de bonne qualité. Mais ça reste très très enfantin, malgré de curieuses, et bienvenues, incursions d’un humour un peu morbide et décalé.

Un robot de service aux humains est échoué à cause d’un typhon sur une île sauvage. Le·a robot·e (quel est son genre ? ^^ ) se lie avec les animaux, et devient accidentellement la maman d’un oison qui vient d’éclore. Son rôle est alors d’élever l’oie pour qu’elle réussisse à se nourrir, nager et voler pour rejoindre la prochaine migration. Evidemment la conquête des animaux de l’île n’est pas évidente et se frotte à d’abord de l’incompréhension et une certaine animosité. ^^ Et l’oison doit subir l’opprobre de ses semblables alors qu’il se comporte en imitant sa maman robote. Hu hu hu.

Bref, le truc est relativement cousu de fil blanc, et un chouïa trop dégoulinant pour moi, mais c’est le film familial parfait. Et il a pour lui d’être d’une beauté époustouflante (sauf pour la partie citadine qui manque un peu de relief et de détails) avec un style très particulier et flamboyant pour les espaces naturels. C’est plein de jolis et bons sentiments, mais l’action est plutôt soutenue, et il y a comme je disais ces quelques accents humoristiques qui rendent l’œuvre assez attachante.

Je m’attendais à un truc un peu plus adulte, mais ça se regarde très bien !

Vice-versa 2

Vice-versa1 a été un vrai événement à sa sortie, comme pas mal de Pixar d’ailleurs, mais le studio n’a vraiment plus autant le vent en poupe. Et pourtant parfois les suites de film fonctionnent super bien (voire très très bien et ils ont même réussi le 4ème ces filous). Là on est dans une suite réussie c’est indéniable, mais ce n’est pas aussi bon que ça aurait pu l’être.

Le premier opus était fou car il introduisait cette notion d’émotions personnalisées et nous montrait une belle allégorie bordélique de l’intérieur d’un esprit d’un enfant (dans lequel on pouvait tous s’identifier). Ce qui était brillant c’était le subtil glissement vers la dépression de la gamine et une histoire vraiment intéressante, émouvante et surprenante.

Là avec cette suite, on est dans un truc de bonne facture, mais plutôt « facile » et assez attendu. Pour la suite, on rajoute « plus » d’émotions et donc de nouveaux personnages qui débarquent (ce qui va produire un choc entre les anciens et les nouveaux), on parle d’adolescence car tout le monde peut s’identifier, il y a des trucs marrants à montrer, et on se remet dans une période charnière où une des émotions « Anxiété » va prendre le dessus.

Franchement sur le papier, ça fonctionne. Et au cinéma aussi, c’est pas mal du tout. Surtout qu’on a de supers doubleurs, y compris le personnage « Ennui » (en français dans la version originale), et qui est doublé par Adèle The Queen Exarchopoulos en mode totalement ado blasé et désabusé : so French (elle dit plein de trucs en français et c’est super marrant). La peinture du passage de la puberté est aussi plutôt bien fichue, et je pense que ça pourra même aider à expliquer le phénomène à des enfants et/ou des parents (qui l’aurait oublié ^^ ).

Mais on n’a plus la surprise du premier, et les apports sont juste un petit « plus » sans fournir une nouvelle expérience en réalité. Il y a bien quelques incursions drôles des émotions des parents face à leur fille qui change, mais ce ne sont que des clins d’œil, où pour moi il y avait une super matière à exploiter. Et l’adolescence, même si le thème de l’anxiété est majeur, ce n’est pas aussi dingue que de traiter la dépression chez un enfant.

Ma plus grande déception (mais je m’en remettrai ^^ ), c’est l’absence de Bing Bong, qui était un personnage qui m’avait beaucoup marqué dans le premier opus. Certes il disparaissait dans Vice-versa, mais j’aurais vraiment aimé le retrouver, et il y avait la place pour cela plutôt que d’autres inventions un peu moyenne à mon avis (Bloofy et Pouchy). De même, le coffre-fort et ses secrets, du plus « crush » de jeux-vidéos au « dark » dont on ne saura pas grand chose, auraient pu être un peu plus creusés pour essayer de donner un peu plus de substance à l’intrigue « intérieure ».

Je fais ma fine bouche, mais j’ai passé un bon moment. Ce n’est juste pas la réinvention, le rebond ou la suite transcendante que ça aurait pu être pour moi.

  1. Vu en 2015, mais il fait partie de ces articles de ma liste « rattrapage » en cours de rédaction. ^^ ↩︎

Le Garçon et le Héron (Hayao Miyazaki)

Cela faisait des années que Miyazaki n’avait pas sorti de film, et il était normalement à la retraite, mais il ressort un film alors nous n’allons pas bouder notre plaisir. Il a créé apparemment ce « dernier » film comme son ultime œuvre « avant de mourir » et comme un geste de transmission pour son petit-fils. Il faut d’abord préciser que c’est un très mauvais titre qui n’a rien à voir avec une traduction du titre original, et que le film n’a rien à voir avec « un conte » qui parlerait de la rencontre d’un garçon et d’un héron. Parce que ce titre évidemment fait plutôt penser à un genre de conte de Grimm ou de Perrault, mais alors RIEN À VOIR.

Mais passons, car c’est un très très très bon film, et ça fait super plaisir de l’avoir vu en avant-première en ayant rien lu à son propos. En tout cas, c’est déjà un petit chef d’œuvre formellement, avec une qualité technique dans la 2D et 3D qui est irréprochable, une direction artistique de génie, des graphismes fabuleux et une inventivité encore renouvelée, tout en étant dans une filiation très directe avec les autres longs-métrages du maître.

L’histoire fait immanquablement penser à celle de Chihiro, mais seulement dans la structure et la narration, donc rien de très original de ce côté là, en revanche l’histoire est complètement différente, et vraiment dans le fond c’est très original. On retrouve également un bestiaire plutôt familier, même si foncièrement nouveau, mais avec des monstres gentils, des trucs chelou-ragoutants mais sympathiques, des yōkai plus ou moins agréables et un univers finement miyazakiesque à savourer. On est pas dans la rupture du tout, mais bien dans une continuité de l’œuvre de Miyazaki, et c’est ce qu’on pouvait attendre, j’imagine, d’un dernier film.

Le héros, le fameux garçon, est Mahito Maki. Nous sommes en pleine guerre du Pacifique en 1944, et il a vécu quelques temps auparavant dans un grand traumatisme la mort de sa mère dans l’incendie d’un hôpital où elle séjournait. Il rejoint alors avec son père, un endroit éloigné de Tokyo où vit sa nouvelle « belle-mère » Natsuko, près de l’usine de fabrication d’avions de son père qui fonctionne à plein régime. On apprend rapidement que Natsuko est en réalité sa tante, et qu’elle attend un bébé. Mahito est grandement déstabilisé par ces changements, autant le cadre que les remous familiaux et son deuil. A son arrivée, un héron cendré semble tout de suite le narguer et essaie carrément de foncer sur lui.

Mais tout l’endroit est un peu bizarre (et renvoie un peu des vibes de Totoro) avec ces vieilles mamies qui veillent sur la maison et les occupants, et une tour étrange dans des bois environnants qui est condamnée, mais dans laquelle l’enfant vient chercher des réponses. Et un beau jour, le héron (qui se révèle être une sorte de type caché assez monstrueusement dans le corps même de l’oiseau) vient expliquer à Mahito que sa mère est vivante et qu’il doit le suivre. En même temps, sa tante Natsuko enceinte disparaît dans la forêt, et il part aussi à sa recherche. En mode « quête du lapin blanc », et comme dans Chihiro, Mahito se retrouve dans un monde parallèle mais intimement lié à son histoire familiale proche.

L’animation est comme toujours brillante, mais surtout l’histoire est riche et dense, et très émouvante. Jamais Miyazaki n’avait été aussi précis dans la manière de dépeindre la souffrance d’un enfant qui perd sa mère, et cette première scène de l’incendie de l’hôpital n’est pas sans rappeler quelques moments du fameux Tombeau des Lucioles de Isao Takahata. On est dans un récit assez sombre, et une quête initiatique qui reprend pas mal de thèmes de l’univers de Miyazaki, et il y a une emphase assez visible sur la filiation et la transmission dans une lignée (ce qui résonne avec le fait que Miyazaki dédie ce film à son petit-fils). Pour alléger le tout, il y a aussi quelques saynètes drolatiques ou légères, des personnages secondaires assez truculents (la mamie Kiriko notamment), et son lot de bestioles mignonnes avec les Warawara (équivalent des kodama de Mononoke) qui évoluent dans des environnements magnifiquement dessinés et animés.

Vraiment je l’ai déjà dit, mais c’est une merveille esthétique et artistique du début à la fin. Et même si on peut le voir comme une version alternative de Chihiro, je le trouve bien plus profond et abouti, parfaitement réalisé et monté, et qui prend son temps pour raconter son histoire et montrer ses « visions ».

Illusions matooptique

Il y a quelques jours je vous partageais quelques images un peu osées, qui rapprochaient des mots et des photos en oxymoron, habilement détournées par des images générées par Intelligence Artificielle. Et c’est en lisant un article de Korben que j’ai testé moi-même ce genre de d’IA en ligne, c’est assez marrant.

Et voilà ce que ça donne pour « MATOO » par exemple.

Le principe c’est donc d’avoir un paysage ou une image qui cache un mot ou un logo de moins en moins à mesure qu’on s’en rapproche ce qui crée une amusante illusion d’optique. Normalement vous voyez très bien le « MATOO » dans les vignettes, mais si vous agrandissez il se noie dans le paysage et les nuances d’ombres ou de creux. ^^

Source : https://www.fal.ai/

Illusions d’optrique

Je tombe depuis quelques jours sur les Internets sur ces images générées par ordinateur (je subodore) et qui donnent d’incroyables illusions d’optique découvrant des textes kinky. J’adore ce truc qui est parfaitement inoffensif de près avec des chatons, et qui se lit ensuite de loin avec des mots tout à fait éloignés du sujet.

Il y a aussi celui-ci dans le genre qui est encore plus dingue, et drôle quant à l’éloignement du fond de la forme. ^^

Spider-Man : Across the Spider-Verse

J’avais adoré comme beaucoup de gens le Spider-Man : New generation de 2018, c’était un film d’animation très différent de ce qu’on avait vu avant chez Marvel, dans le fond comme dans la forme. On entrait vraiment dans le multivers avec le support de l’animation et de tous les styles d’animation qui existent, c’est à dire un truc vraiment infini, avec un propos décoiffant, une histoire complexe et passionnante, et des personnages très attachants. C’était aussi un Spider-Man non blanc avec l’adorable Miles Morales, et ça fonctionne tellement trop trop bien, en plus de fournir un super héros pour lequel beaucoup d’enfants ont dû se réjouir de s’y identifier un peu plus, et qui me permettait moi aussi de m’y identifier avec plaisir. ^^

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Élémentaire

Un nouveau Pixar c’est toujours un événement pour moi, et je vais vraiment tous les voir, mais force est de constater que je perds peu à peu la foi. Pixar était incroyable parce que c’était des films d’une beauté et technicité hors norme, mais aussi une originalité dans le fond comme dans la forme, et d’une constante réinvention. Hors des sentiers battus, ils ont réussi à raconter des histoires avec tant de niveaux de narration, de philosophie même, et mêlant à la perfection l’humour à des réflexions très pertinentes sur nos sociétés. Pour les enfants comme pour les parents, ces films restent des monuments du cinéma.

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