Match

La première fois que j’ai eu le résultat avec cette proposition hypothétique de composition de mes ancêtres (on a fait ça avec mon mari il y a 9 ans), j’ai été éberlué par cette incroyable capacité à relier ADN et généalogie. Parce que me concernant, vu que j’ai une hérédité assez traçable et plutôt bien distribuée chez mes grands-parents. Un grand-père maternel portugais, le paternel algérien, une grand-mère maternelle de Lorraine et des Vosges, l’autre d’Alsace et du nord de la France, et tout cela est parfaitement représenté dans la cartographie suivante, et les pourcentages « matchent » encore très bien cette réalité biologique.

Et lorsque les données sont assez renseignées et corrélées (qu’il y a assez de gens dont on connaît le patrimoine génétique et la localisation), on a même des proposition de régions. Et pour la France, bah ça marche carrément super bien !!

Idem pour l’Algérie, que l’on peut voir dans l’image en tête, puisque mon grand-père est de la région de Biskra. En revanche la région secondaire est une vraie découverte pour moi, car je n’imaginais pas avoir des origines aussi profondément saharienne. C’est follement exotique !! ^^

Carton plein de nouveau pour mes origines ibères, puisque mes arrières-grands-parents sont bien venus de l’Algarve (mon arrière-grand-père pendant la guerre de 14, et mon arrière-grand-mère qui l’a rejoint en 1919). En revanche, la généalogie me place de côté-là au même endroit pendant des générations (c’était un endroit carrément reculé à l’époque, et les gens ne bougeaient vraiment pas), donc je ne m’explique pas la provenance plus centrale.

Bon et après, ce qui est marrant ce sont toutes les petites singularités et bouts d’origine qui traînent en plus. L’Italie est tout de même une origine assez marquée, mais généalogiquement parlant, je ne vois absolument pas comment. Après on sait bien que plus on remonte dans les archives, et plus les chances de se tromper ou plutôt d’avoir des relations familiales mais non biologiques sont proche de 1. Les petits trucs comme la Sardaigne ou la Finlande sont peut-être des bugs, ou bien des marques trop faibles pour avoir une interprétation littérale en termes d’origines d’ancêtres, mais c’est toujours marrant à constater ! Les pouièmes de la péninsule arabique, j’imagine que c’est un classique du mix algérien pour les populations arabes évidemment.

L’autre utilité plus ou moins abstraite c’est le fait de matcher avec des gens, basé sur des bouts d’ADN en commun. J’ai beau avoir 1263 membres de la famille en plus avec ce service, je partage au mieux 0,43% d’ADN avec une petite petite petite petite cousine. Donc le système me trouve des ancêtres communs au temps des Celtes ou des Huns quoi. ^^

Mais il est drolatique de constater qu’ils ont tous des origines portugaises, algériennes ou françaises. Hu hu hu. J’avais aussi fait un test sur un autre site en espérant avoir des résultats plus fins ou d’autres matches, mais en réalité j’ai matché avec… ma cousine. Donc ok on avait beaucoup d’ADN en commun, mais ce n’était pas une grande découverte. Bon après, je ne me plains pas, car des personnes nées par dons de sperme se sont parfois retrouvées avec une immense fratrie répandue dans le monde entier !!

Ce que je trouve très beau dans ces tests, c’est que pour les origines françaises, on est « French & German« . Et on ne peut pas vraiment nous différencier génétiquement. On s’est trop mélangé, on a trop convolé dans l’histoire, il faut dire que nous avons Charlemagne comme référence commune aussi. Ça marque ! Pour des pays qui se sont faits tant de fois la guerre, bah on est lié comme jamais, et je trouve ça chouette. Rien que pour ça, on devrait se réunifier je trouve !!! ^^

Voyage

Il y a dix ans jour pour jour, j’étais encore sur l’Île de Pâques, et à ce jour c’est sans doute le voyage qui a le plus marqué mon existence. Depuis tout môme, j’ai été fasciné par cette île volcanique qui est minuscule (ça fait deux fois Belle-Île en surface) et solitaire, et surtout plus isolée et reculée que toute autre terre émergée1. Mais évidemment, la fascination c’est aussi et surtout pour les grandes sculptures basaltiques qui couvrent l’île, les moaï.

On sait aujourd’hui pas mal de choses sur ces statues, mais il reste tout de même une bonne part de mystères, et surtout beaucoup de théories ou conjectures sur la manière dont elles ont été sculptées, déplacées, érigées ou même leur place dans la société pascuane. J’avais donné pas mal d’explications sur mon article à ce sujet.

Il y a dix ans, j’étais là-bas, et j’en garde un souvenir très vif et ému.

  1. La pire étant tout de même l’île Tristan da Cunha. ↩︎

Bouquet

Je n’ai jamais réussi à garder une plante vivante chez moi, je suis vraiment nul nul nul. Mais quelle n’est pas ma surprise de constater que pour la toute première fois de ma vie, j’ai une orchidée qui repousse !!!!

Cela faisait trois ans, presque exactement, que les fleurs étaient tombées, et je gardais ça sans espoir, me disant que ça fait au moins de jolies feuilles et tiges. Je mettais de l’eau quand j’y pensais, donc très rarement, mais miracle !!! Et on va bien avoir 6 fleurs, donc c’est vraiment une belle prouesse.

Eh bien, cela me met en joie. ^^

(Y’a une saison des orchidées, c’est la saison ? laule)

Flamme

Parmi les quatre éléments, c’est bien le feu qui est le plus mystérieux et fascinant selon moi, et depuis toujours. Parce que je me rappelle très bien que gamin, c’était plutôt intuitif de voir dans les trois autres, en effet, un assez bon résumé de la nature des choses qui nous entourent : l’eau, l’air, la terre. Mais le feu ? Comment ont-ils eu cette idée ? Et pourtant cela fonctionne merveilleusement bien en opposition à l’eau, et avec cette merveilleuse acception du Yin et du Yang dans nos existences.

J’adore cette conception des éléments qu’on retrouve vraiment dans la plupart des civilisations, et encore aujourd’hui dans une compréhension assez universelle de ce qui nous entoure. Mais le feu, et les flammes, ça reste un objet de fascination extraordinaire… Autant quand enfant on découvre les allumettes, et cette manière alchimique fabuleuse de faire naître une flamme puis de la voir consumer ce petit bout de bois, jusqu’à irrémédiablement nous cramer les doigts, qu’aujourd’hui lorsque je passe des heures à regarder le feu danser dans une cheminée.

D’ailleurs, c’est aussi un des trucs du chat de ma maman, Obi-Wan, dont elle dit que c’est son émission favorite. ^^

Je suis un mordu de super héros depuis tout minot. C’est venu, je pense, avec les comics, et ça ne m’a jamais quitté. Et clairement la maîtrise des éléments est un des trucs les plus fascinants qui soit. En cela, j’ai toujours eu un truc pour Tornade dans les X-Men ou même Johnny, qui lançait des éclairs avec ses mains, dans la série des années 80 Misfits of Science. Mais dans les années 2010 (j’avais pourtant passé l’âge, comme on dit ^^ ), j’ai eu un immense coup de cœur pour les séries Avatar, avec Aang puis Korra, que j’ai regardé 4 ou 5 fois en entier avec un plaisir à chaque fois renouvelé.

Nous sommes dans un monde où des « benders » maîtrisent des éléments, et un Avatar est capable de maîtriser les quatre éléments en même temps. L’image ci-dessous représente l’étendu des possibles dans les deux séries, avec quelques pouvoirs qui sont dérivés des éléments unitaires comme la possibilité de maîtriser le métal ou la lave ou encore les éclairs.

Je dois avouer que j’étais peu convaincu de cette proposition d’appartenance logique entre les éclairs et le feu (mon côté déjà nerd en sciences physiques peut-être)… Alors que justement quand gamin je pensais à ces éléments et j’essayais de rationnaliser cette approche dans l’élaboration de ma propre cosmogonie (oui je faisais ça à 15 ans), je trouvais que l’électricité était peut-être un des éléments manquant (on ne va pas le reprocher aux grecs, ils faisaient sans).

C’est à la faveur d’une opportune sérendipité que j’ai regardé Naruto sur Netflix quelques années plus tard, et là j’ai été totalement conquis par cet univers. J’ai rattrapé mon retard puisque j’ai commencé (en 2016) alors que la série allait se terminer (en 2017), mais j’ai depuis vu les 720 épisodes trois fois. Et je poursuis actuellement avec Boruto. ^^

Avec Naruto, c’est beaucoup plus complexe, mais aussi un déluge d’imagination et avec toujours une inventivité particulièrement opiniâtre, docte et sagace, et aussi une logique interne indéboulonnable. Par exemple voilà les éléments, et vous noterez qu’ils sont liés par ce cycle de « faiblesses » les uns par rapport aux autres. Les pouvoirs viennent de l’usage des chakras qui viennent en autant de natures ou d’affinités avec des éléments.

  • Le Katon (火遁, Katon) est fort contre le Vent mais faible contre l’Eau.
  • Le Fûton (風遁, Fūton) est fort contre la Foudre mais faible contre le Feu.
  • Le Raiton (雷遁, Raiton) est fort contre la Terre mais faible contre le Vent.
  • Le Doton (土遁, Doton) est fort contre l’Eau mais faible contre la Foudre.
  • Le Suiton (水遁, Suiton) est fort contre le Feu mais faible contre la Terre.
Nature de Chakra

Et le génie du truc c’est lorsqu’on les combine !!

Si on mêle deux natures de chakra c’est un Kekkei Genkai, ou bien trois natures un Kekkei Tôta. Quelques exemples de ces pratiques :

Le Hyôton (氷遁, Hyōton), l’art de manipuler la glace, est le résultat de la fusion des natures Suiton et Fûton.
Le Mokuton (木遁, Mokuton), l’art de manipuler le bois, est le résultat de la fusion des natures Suiton et Doton.
Le Yôton (熔遁; 溶遁, Yôton), l’art de manipuler la lave, résulte de la fusion des natures Katon et Doton.
Jinton (塵遁, Jinton), l’art de manipuler la poussière, résulte directement de la fusion des natures Katon, Doton et Fûton.

Nature de Chakra

Inutile de dire que Naruto a été un petit bonheur de découverte pour le geek que vous connaissez un peu. ^^

Car dans mes réflexions de cosmogonie adolescentes, j’avais en réalité deux choses qui me paraissaient manquer au classique bestiaire à 4 éléments. D’abord je l’ai dit l’électricité1, qui permet d’aller jusqu’à l’éclair donc, mais aussi de parler de magnétisme (une notion étonnamment absente des animés précédents), et également pour moi de traduire la vie. Car un organisme vivant selon moi est vraiment associé à une activité cellulaire et métabolique, et donc électrique. Et quand dans Naruto le Mokuton permet de maîtriser le bois et les plantes (de faire pousser des trucs en fait) et est un mix d’Eau et de Terre, bah j’aurais dit qu’il fallait aussi de l’Electricité (donc un peu de Raiton en plus).

Hier soir, j’ai beaucoup ri en regardant Cunk on Life qui est une sorte de faux documentaire hilarant, dans lequel une humoriste pose des questions farfelues (mais presque insultantes parfois avec le ton de « Connasse« ) à de vrais scientifiques avec un ton et un formalisme (notamment esthétique) proche des reportages et documentaires de David Attenborough. Elle est à un moment avec un scientifique et vulgarisateur que j’adore, Brian Cox, et il s’énerve après elle en lui affirmant qu’absolument tout est fait d’atome, TOUT !! Et elle demande : même les pensées ? Et il répond avec le désespoir dans son regard : Non en effet, pas les pensées.

Eh bien en plus de l’électricité, j’avais aussi en tête qu’un des éléments qui avait peut-être été omis c’était la connaissance ou le savoir, ou les pensées. Et donc ça m’a fait super plaisir d’avoir cette réponse hier !!! Hu hu hu. Surtout que cela je peux facilement le dater au tout début des années 90. En effet, les écrits ont toujours eu un importance majeure pour moi2. C’est dans la même veine que ma fascination pour les origines de l’écriture, ou le déchiffrement des écritures d’antan. J’avais des cahiers avec plein d’acronymes ou de signes cabalistiques qui ne faisaient sens que pour moi, et beaucoup qui étaient juste n’importe quoi pour noyer le poisson. On peut ainsi encore déchiffrer des HPI, TMI, AEDE ou des GOOMM dont je pourrais encore vous révéler aujourd’hui la signification (mouahahahah) et des FATES qui signifient : Feu, Air, Terre, Eau, Savoir (les « destins » profonds donc huhuhu). ^^ Oh mais ce drama queen de 15 ans, folle comme ses pieds, et nerd de chez nerd vous le voyez hein ??? Huhuhu.

Bon après j’imagine bien qu’à l’époque antique, l’électricité de résumait à Zeus qui jouait avec son bâton de foudre à l’aide de ses tontons Argès, Brontès, et Stéropès, et pour la pensée c’était sans doute une notion liée à l’âme et aussi au divin, donc différent de la matière qu’on essayait alors de caser simplement. OK OK OK !!!!

Piouuuu, tout ça à partir du mot flamme hein, chuis en forme moi aujourd’hui. ^^

  1. Mais qui est arrivée quand j’ai eu mes cours sur la mitochondrie donc plus tard, au lycée, et donc j’étais plus trop adolescent, c’était la fin quoi. ↩︎
  2. Faute d’avoir des amis, mais au moins je ne broyais pas du noir, je noircissais des cahiers. ↩︎

Coquille (Scallop) ou Pectinidae

Oh là, mais ce n’était pas du tout facile à traduire ce truc. Pour moi, c’est bêtement une coquille St Jacques1. Mais non, c’est un terme global qui serait plutôt pour nous la super-famille des pectinidés, soit grosso modo les St Jacques et les pétoncles.

Scallop me fait toujours sourire sur les menus, car j’ai l’impression de lire « salope » très mal orthographié ou dans une forme d’ancien français aux accents rabelaisiens si croquignolet parfois !! Mais qu’est-ce que je peux bien vous dire à ce sujet… Je cherche hein !!!?

Tiens, c’est fou mais pour moi évidemment c’est lié au pèlerinage de St Jacques de Compostelle et les chemins du même nom. Mais en cherchant un peu, apparemment on n’est pas certain du tout de l’histoire de ce truc avant le Moyen-Âge. Il n’est pas du tout dit que le petit Jacques de Zébédée (ce nom…) avait vraiment eu des accointances particulières avec ces dignes et succulentes pectinidés. Tout ça n’est peut-être qu’une invention beaucoup plus récente (mais tout de même moyenâgeuse) et parfaitement marketing pour promouvoir ce tourisme religieux. ^^

(J’aurais pu sauter ce mot au vu de l’indigence de cet article, mais vous me connaissez je suis trop toqué pour ça. Il faut respecter le processus !!!! ^^ )

  1. Par pure habitude de le lire dans les menus de restaurants anglosaxons. ↩︎

Chauve-souris

On aurait pu croire que j’allais tout bêtement et candidement parler de chiroptères, comme ces petites pipistrelles adorables qui venaient nicher derrière mes volets quand j’étais minot. Elles étaient toutes mignonnes, et je leur donnais des bouts de pêches ou de brugnons l’été1. Cela m’a rendu les chauve-souris très sympathiques, malgré leur sombre réputation.

Mais non, le premier truc qui m’est venu, c’est cette bien nommée chanson du groupe Vive la Fête.

Chauve-souris (Vive la Fête)

Ah là là, que de souvenirs, d’images et de sensations de cette période !! Encore un truc qui date en gros d’il y a vingt ans, et qui était ma bande son de ces années. Merci la Belgique !!!

Et avec Vive la Fête c’est évidemment, Raphaël qui nous avait fait connaître le groupe via des potes à lui. C’était un collègue de boulot qui était très cool, et avec qui je m’entendais très bien. J’ai d’ailleurs très très couramment parlé de lui dans le blog, et il connaissait bien mes activités sur le net. C’était un gars très parisien, parfaitement gay-friendly et super à l’aise dans ses baskets.

Son acolyte du bureau c’était Benoît, et les deux se battaient tout le temps. C’était leur truc, un vrai truc bien mascu, mais c’était plus fort qu’eux. Et c’était marrant car ils étaient vraiment potes et comme cul et chemise, mais tout en étant très différents. C’était deux échalas, mais Raphaël était blond et extraverti autant que Benoît était brun et introverti. Raph était un vrai bourreau des cœurs qui déployait stratagèmes et techniques de drague hors pair, tout en étant pas une gravure de mode mais jouant à fond sur son charme et son bagout, tandis que Ben était d’une beauté si frappante que les meufs tombaient en pamoison juste à voir ses petits yeux bleus humides ourlés de grands cils noirs. Mais ce dernier était un grand timide, il n’abusait en rien de ses capacités innées, et je pense, n’en a jamais eu bien conscience.

Comme je l’ai souvent témoigné ici, j’ai narré quelques-unes de ces anecdotes de boulot, assez inutiles je le reconnais, de ces années. Mais j’ai aussi depuis beaucoup plus longtemps que le commun des mortels gardé des photos et des vidéos de plein de trucs tout aussi inutiles. Il y a vingt ans, les appareils photos argentiques étaient encore légion, et les appareils photos numériques très onéreux. Mais comme j’en ai parlé récemment, j’ai eu pas mal de ces webcams portatives bon marché qui proposaient une qualité exécrable mais avaient le mérite de capturer certains moments.

C’est comme cela que je me retrouve avec des disques durs qui ont miraculeusement survécu, et ces vidéos comme autant de daguerréotypes animés d’une époque… Et autant vous dire, des vidéos de 30 secondes en 176px de large, ça ne fait pas des miracles sur nos écrans d’aujourd’hui. Huhuhu.

Mais je trouve ça génial, car j’ai notamment gardé ces quelques séquences où les deux zigotos se mettaient à faire des démonstrations de kung-fu, en réalité chorégraphie hésitante de paons testostéronés qui faisaient la roue, en plein open-space. Et à l’époque, pas de smartphone, donc on ne me remarquait pas toujours avec mon mini-appareil qui ne ressemblait à rien, et dont on ne se doutait pas qu’il pouvait enregistrer des vidéos.

Vidéo de 2003

Ci-dessous, un autre souvenir qui me fait sourire, et où on peut voir qu’un ou deux ans plus tard, j’étais passé à un autre modèle et à 352px de large… C’est drôle aussi de s’entendre, et de revoir ces adorables types avec qui j’ai bossé pendant des années.

Vidéo de 2005

C’est la vie d’une chauve-souris à minuit, c’est la vie d’une chauve-souris à minuit !

  1. A priori pourtant elles sont insectivores, mais je me rappelle qu’elles acceptaient nos offrandes sans difficultés. ↩︎

Se précipiter (Scurry)

S’il y a bien une caractéristique flippante dans nos vies, en tout cas dans la mienne, c’est bien cela : l’accélération. J’ai l’impression que depuis que je suis en âge de comprendre les choses, tout va toujours plus vite. Tous les processus qui m’entourent sont plus véloces, et dépassent depuis longtemps le simple entendement d’un être humain.

L’informatisation a rendu cela exponentiel évidemment. Et l’internétisation a rendu le phénomène omniprésent et omnipotent, en apparence, pour mieux nous donner l’illusion prométhéenne d’être des démiurges, quand nous ne sommes que des créatures de plus en plus sisyphéennes. Nous en sommes à un point un peu fou je trouve, mais chaque jour étant plus fou que le précédent, je n’ose pas m’en émouvoir aujourd’hui. Et comme, on peut lire des témoignages d’il y a 80 ans qui en parlaient déjà1, je ne sais pas à quel point je me leurre à ce sujet.

Mais force est de constater que l’information est tendue comme un slip 24/24, et comme on ne nourrit pas assez la bête, on a droit à des gens qui triturent tout dans tous les sens, épuisant la raison qui se veut réfléchie et posée, et interrogeant sans cesse la passion qui arrive parfaitement bien à sortir des énormités et à en disserter pendant des heures. On demande au boulot des choses pour hier, tout le monde est connecté toute la journée dans des vidéoconférences déshumanisantes, tout s’enchaîne dans un maelstrom d’objectifs qui ne riment plus à rien, tandis que le monde court à sa perte.

Et ce n’est pas que négatif quand on peut comme je le fais communiquer toutes ces merveilles de mots à la con en temps réel dans le monde entier, juste parce que j’en ai envie. Ou encore avoir un presque don d’ubiquité et, pour presque rien2, faire une visio avec un être cher à l’autre bout de la Terre (ou juste une photo par Whatsapp à môman c’est cool aussi). Très positif sauf quand ça a un poids écologique qui contribue à la fin du système même qui le nourrit.

L’avantage c’est qu’on se précipite aussi vers cette fin du monde non ? ^^

  1. Stefan Zweig, notamment, dans son œuvre Le Monde d’hier (1942). ↩︎
  2. La fameuse apparence de la gratuité. ↩︎

Iwak #31 – Repère

Où qu’on soit dans le monde, on a besoin de repère. On tout cas on les recherche pour se rassurer, pour se établir ses marques ou simplement en clin d’œil de ralliement qui nous fait sourire. Et pour moi, il y a plusieurs typologies de repères, dont d’abord je pense le côté français. Que ce soit par les guides verts, l’usage de l’Euro dans nos pays de l’UE (qui est malheureusement le seul élément « patrimoine commun » de l’Europe, mais c’est une monnaie : un des piliers qui font une nation), ou la bouteille de Bordeaux au supermarché local, la baguette d’une boulangerie, ou le drapeau bleu blanc rouge sur une ambassade ou un consulat, tout cela me fait un petit chaud au cœur. Et c’est bien un mélange de sentiment doucement chauvin, mais aussi de « oh c’est chez moi ça », et parfois un truc rassurant.

Quand j’ai passé une année à Newcastle au millénaire précédent, donc sans moyen de communication très évolué ni bon marché, j’allais de temps en temps dans une fromagerie m’acheter un bout de camembert, et c’était juste une garantie de vingt minutes de bonheur le soir même. ^^

Entendre parler français est aussi un truc qui me fait du bien lorsque je suis à l’étranger pendant un moment. Et là c’est juste une question de pratique linguistique, donc quand j’ai bossé en 2003 à Aïchi, au Japon, pour l’Expo Universelle, j’ai adoré papoter avec des francophones de pays d’Afrique de l’Ouest (béninois, ivoiriens, gabonais et sénégalais), et nous retrouver à nous sourire juste sur cette connivence.

Aujourd’hui, on est moins seul et moins perdu, notamment grâce au smartphone et aux télécoms, et l’un des effets positifs de la globalisation c’est aussi de trouver ses « marques » à peu près partout dans le monde. « Où est le Starbucks local ??? » C’est triste mais très très vrai. Cette uniformisation du monde réduit le sentiment « dépaysant » mais est un vrai facteur de rapprochement des gens, je pense.

Mais vous me voyez venir je suis sûr, moi le pédé militant wokistan islamogauchiste en chef, ce qui m’a fait d’abord un bien inimaginable lorsque je suis allé sur Paris les premières fois dans les années 90, c’est de voir le drapeau Rainbow, ce fameux drapeau LGBTQ+ de Gilbert Baker de 1978. Depuis lors, c’est sans doute le repère le plus porteur de sourire, de chaleur, de bien-être et de sécurité que je peux trouver dans le monde entier. Et comme nous partageons à la fois le sentiment d’homophobie (et ses effets bien pragmatiques) et ce repère coloré de notre communauté, voir ce drapeau, où que ce soit dans le monde, veut dire que c’est un endroit sûr et accueillant : un repère pour un repaire.

Iwak #30 – Violon

Le violoncelle serait plus précisément mon instrument de prédilection, mais en réalité je suis totalement charmé et envoûté par les quatuors à cordes. Deux violons, un alto et un violoncelle : ces instruments forment un accord d’une perfection, d’une harmonie et d’une puissance qui m’affole. Et le violon en particulier est pour moi associé à un truc qui remplit autant les grandes salles de concert prestigieuses, les conservatoires de musique, les zéniths de province, les couloirs de métro, les loges de concierge, les compilations à deux francs cinquante de mon enfance, les musiques d’attente de standard téléphonique, les ascenseurs de France et de Navarre, la moitié des publicités de la téloche : les Quatre Saisons de Vivaldi.

C’est fou de se dire que ces morceaux qui ont été composés il y a tout juste 300 ans par Antonio Vivaldi (été 1724 !!), n’ont pas pris une ride, et sont aimés et connus d’à peu près tout le monde, même lorsqu’ils n’en connaissent pas l’auteur ou le titre. Moi ce qui me plait tant là-dedans c’est clairement leur tension dramatique, et le fait que ce soit super rythmé, super tendu, et que ça pulse littéralement d’énergie, de secousses et de revirements. On a des images, qui pousseraient à la synesthésie, et des illustrations que l’on associe couramment aux saisons, et je pense qu’on a intégré ce vocabulaire musical pour ses usages précédents, mais en effet on y « voit » bien le souffle doux du vent dans les blés jusqu’à la tempête et la pluie battante qui mettent la nature en péril.

Et comme moi j’ai l’âme d’une concierge1 (portugaise en tout cas, au vu de mes origines2), j’adore ces morceaux bien pompiers qui remuent plein de choses en moi. Ce qui m’épate avec le violon, et en particulier donc dans les Quatre Saisons, c’est à la fois la virtuosité mais la capacité physique pour sortir aussi vite et bien cette multitude de notes. Cela paraît juste surhumain, et c’est aussi en cela que c’est si bouleversant et submergeant à l’écoute, comme un stroboscope auditif, un Pollock à l’archet ou la visite olfactive d’un souk marocain.

Vivaldi a certes eu du succès à son époque (1678-1741), mais apparemment a été ensuite complètement oublié, avant d’être redécouvert au milieu du 19ème siècle. Je me rappelle avoir été épaté quand adolescent j’avais vu un film, d’une production tout à fait moyenne, qui figurait le grand auteur de théâtre Goldoni dans une intrigue policière sur fond historique : Rouge Venise (un giallo de 1989). Goldoni enquête dans Venise avec son ami et side-kick très haut en couleur : Antonio Vivaldi. Et même si l’histoire était tout à fait fictive, Vivaldi a vraiment été pote avec Goldoni, et ce dernier lui a écrit deux livrets (sujet de blagues récurrentes dans le film). Dans le film, Vivaldi est un peu hystérique et hyperactif, il parle très vite, et saute partout un peu comme un dingue toujours sur la brèche. Son côté ecclésiastique a l’air d’être assez secondaire à sa musique, et c’est un personnage d’abord humoristique.

Les Quatre Saisons ont été également réinterprétées par beaucoup de compositeurs qui en ont fait leur propre version, ou s’en sont servi d’inspiration. Cela a donné de très chouettes œuvres de Max Richter ou Philip Glass par exemple. Pour ce dernier d’ailleurs, c’est aussi ses thèmes « passionnels » à cordes qui me plaisent tant. Il y a notamment ce solo de violon d’Einstein on the Beach qui est un truc incroyable dans la veine répétitive de Glass, mais porté à son paroxysme et dont on voit aussi l’effet sur le physique des musiciens lorsqu’on l’expérimente en live.

Solo de violon d’Einstein on the Beach par Thomas Halpin

Pour finir, un truc fou dont j’ai déjà parlé il y a presque vingt ans, mais qui continue de me remuer les tripes. C’est encore du Glass et c’est encore merveilleusement enlevé et enlevant.

Extrait du Quartet N°5 (1991) par l’ensemble Kronos Quartet
  1. Avec les keupines des « folles d’opéra » dont Kozlika, Chondre, Zvezdo ou Gilda, on parlait de notre amour des opéras de concierges qui sont en gros le répertoire ultra-classique du Bel Canto bien « colorée », mais c’est évidemment avec beaucoup de considération pour les loges (non maçonniques, quoi que le Portugal tout ça ^^ ) de France et de Navarre. ↩︎
  2. Mon second prénom n’est pas Manuel pour rien. ↩︎

Iwak #29 – Navigateur

J’ai déjà parlé de Dune lors d’un IWAK, pour expliquer l’importance du film de Lynch dans mon histoire familiale, mais on me parle de Navigateur alors moi je pense Guilde Spatiale. La bestiole est en effet un navigateur de troisième échelon, c’est à dire que c’était jadis un humain qui, à force de respirer le gaz orange de l’épice, a muté au fur et à mesure qu’il a acquis ses pouvoirs de prescience et ses capacités à naviguer. Dans cet état, les navigateurs ne peuvent survivre que dans des dispositifs en vases clos (comme ci-dessous où le navigateur est reçu par le Padishah) où ils reçoivent sans arrêt de l’épice, et cela leur permet de vivre potentiellement des milliers d’années.

Le transport spatial c’est évidemment le nerf de la guerre dans une économie galactique. Il faut que les gens et les produits puissent circuler le plus facilement possible de planètes en planètes. On a trouvé techniquement le moyen, dans l’univers de Dune, pour naviguer presque en un clin d’œil en repliant l’espace grâce à l’effet Holtzmann (qui reste un truc un peu flou inventé par le scientifique du même nom). Cela consiste en gros à se déplacer via des trous de ver dans l’espace-temps. Le problème c’est que c’est super dangereux et presque impossible de calculer une trajectoire qui prenne en compte tous les paramètres possibles. Et c’est là où l’épice a apporté une réponse originale.

Comme ses junkies de compétition deviennent des prescients, ils sont en capacité d’utiliser l’effet Holtzmann, et de guider en toute sécurité en « devinant » le parcours idéal d’immenses containers (qui contiennent eux-mêmes des vaisseaux spatiaux qui peuvent naviguer à l’intérieur et se « parquer » pour le voyage) dans ces trous de ver, ce qui permet de se déplacer sans bouger. Dans le film de Lynch de 1984, on voit un de ces navigateurs, sorte de limace baveuse rosée avec des petits bras de T-Rex, qui « projette » la planète d’origine, puis celle de destination, et enfin replie l’espace avec ses petits bras musclés. Et hop, l’immense container est déplacé en un instant !

Le voyage « efficient » dans l’espace (sinon il y a aussi des moyens plus conventionnels mais super lents) est donc contraint à l’usage de ces navigateurs, et donc de l’épice. D’où une importance majeure sur sa production, et c’est possible dans une seule planète dans l’Univers Connu : Arrakis. L’épice est déjà une drogue très très onéreuse, mais en plus comme la Guilde spatiale a le monopole sur le transport, ils ont un pouvoir assez incommensurable. Et ce type de transport « instantané » est également très très très cher.

L’épice en tant que telle est liée au cycle de vie des vers des sables d’Arrakis. Ces derniers ne peuvent supporter l’eau, ce qui est un poison pour eux. Mais à la base de leur existence, il y a les truites des sables qui sont des être mi-plante mi-animal et qui capturent l’eau du désert. C’est en créant des sortes de poches d’eau et de truites mortes, que l’épice est générée. Elle remonte en masse à la surface avec le CO2 et l’effet des vers qui remuent le sable en profondeur. Les truites survivantes finissent par se transformer elles-mêmes en vers des sables.

C’est un savoir tout à fait inutile, et donc forcément j’adore ça. ^^