On va tous mûûûûûrir !!

On voit fleurir depuis quelques jours une curieuse résurgence de 2014 dont je me rappelle fort fort bien avec Evelyne Dhéliat qui nous fait une météo de 2050. Et je me souviens qu’en effet, en cette époque lointaine, les températures présentées étaient surréalistes. Mais oui, dix ans plus tard nous y sommes déjà, et même pas en plein mois d’août. ^^

C’est Orphéus qui a fait l’article le plus intéressant selon moi et pour lequel je souscris à tous les niveaux. C’est triste et ça rejoint un peu ma série de posts neurasthéniques du moment, mais bon c’est la vie.

La prévention par l’exemple

Si seulement on avait des petites vidéos comme cela faites par le gouvernement pour expliquer le principe de « deep fake » et les stratégies d’arnaques en ligne qui deviennent redoutables grâce à l’usage de l’IA générative.

Source : The Travis Bible via Mastodon

L’auteur explique : I made this video to warn my parents about AI scams (And to test out Veo 3 to see first hand how these programs are evolving).

J’ai fait cette vidéo pour sensibiliser mes parents à propos des arnaques à base d’IA (et pour tester Veo3 pour tester l’évolution de ces logiciels par moi-même).

Donc il s’agit de la même technologie dont j’ai parlé il y a quelques jours. Et il faut avouer que cet exemple est encore une fois super convaincant. Il est particulièrement croquignolet de l’avoir utilisé pour démonter des « scams » et c’est très drôle qu’il en fasse lui-même la remarque à la fin en disant que l’on ne peut pas faire confiance à l’IA, mais il fait une vidéo avec de l’IA pour dire que ne pas croire les vidéos faites par IA. ^^

J’ai écouté pas mal d’épisodes du podcast de France Inter « Le code a changé » par Xavier de La Porte, et je vous le recommande, c’est souvent très fouillé, intelligent et remarquablement vulgarisé. Là c’est en lisant les recommandations d’Alex, que j’ai écouté les deux épisodes d’une série consacrée à l’IA qui sont diablement bien troussés.

Vraiment je vous encourage à les écouter, car Xavier de La Porte pose des problématiques passionnantes, et il consulte des experts qui expliquent relativement simplement les concepts scientifiques en œuvre. Le sujet du langage est fascinant, mais aussi celui de la limite de la connaissance des ingénieurs et chercheurs quant à la mise au point de ces grands modèles. Car il est notable qu’aujourd’hui, c’est tellement complexe que personne ne peut exactement savoir comment ça marche !! Et les mecs expliquent que oui c’est un truc qui fonctionne de manière empirique, on modifie des paramètres à l’instinct et on regarde ce qui fonctionne mieux, et on essaie d’éviter les régressions.

L’un des invités, le génial Alexei Grinbaum, explique aussi que les premiers modèles n’étaient pas satisfaisants, et que ça s’est mis à fonctionner vraiment quand on a eu quelques milliards de paramètres. D’un seul coup, bam le modèle s’est mis à être bon. Il rapproche cela du nombre de neurones que l’on a nous-mêmes dans nos cerveaux, comme si nous avions approché cette complexité, et que ça donnait un modèle capable de dialoguer avec les humains. Cela met aussi en exergue qu’une complexité grandissante permet aisément de nous dépasser, et que cette méthode permet aussi de dialoguer avec des chiens ou des baleines, il suffit d’un corpus de base suffisant. ^^

*Ajout du 02/06/2025 :*

En complément de tout cela, vous avez aussi Khrys qui a proposé les diapositives et le discours d’une conférence autour de l’IA, et c’est très bien fichu. C’est un joli recadrage épistémologique et les concepts sont à la fois très justement expliqués et illustrés de manière accessible et simple.

Twonks

Cela fait un certain temps que je suis les dessins humoristiques de Steve Nelson sur Instagram. Et il me fait mourir de lol, un peu à la manière de PunHub avec des jeux de mots qui vraiment sont piles dans ce qui me fait rire. Les propos imagés ou les expressions métaphoriques qui sont illustrées au pied de la lettre, c’est l’essence même de mon rire bergsonnien. ^^

Un petit florilège personnel de l’artiste. N’hésitez pas à visiter son site !

Calembours et calembredaines

J’ai bien bien ri à cette vidéo humoristique de ce petit jeune qui s’appelle Marc Tourneboeuf. Ces jeux de mots très marrants m’ont fait penser à Raymond Devos dont j’aimais tant les sketchs, ou même Pierre Repp, un des plus grands bafouilleurs de tous les temps (dont on se souvient toujours pour le rôle dans Peau d’Âne). ^^

(Oui j’ai les références d’humoristes de mes grands-parents. ^^ )

L’Académie française qui diconne

Même la ligue des droits de l’homme demande que l’Académie revoit d’urgence ses définitions. Elle vient en effet de sortir la fin de la neuvième édition de son dictionnaire. Et ce n’est pas un coup d’essai puisque ça a tout de même commencé en 1694. Et alors apparemment, c’est une catastrophe de définitions totalement réactionnaires et à la morale antédiluvienne.

« Le traitement du racisme, lourd d’enjeux dans le monde où nous vivons », est « sidérant », poursuit la LDH à propos de l’ouvrage dont la neuvième édition a été remise au président Emmanuel Macron le 14 novembre.

La « race » est ainsi définie dans le dictionnaire comme « chacun des grands groupes entre lesquels on répartit superficiellement l’espèce humaine d’après les caractères physiques distinctifs qui se sont maintenus ou sont apparus chez les uns et les autres, du fait de leur isolement géographique pendant des périodes prolongées ».

Au mot « Jaune » on peut aussi lire qu’il s’agit d’« une personne ou une population caractérisée notamment par la pigmentation jaune ou cuivrée de la peau, par opposition à Blanc et à Noir », s’indigne la LDH.

L’association pointe également la présence du mot « négrillon » qui dans le dictionnaire consultable en ligne renvoie à « petit enfant noir » ou celle encore de « négroïde » comme personne présentant « certaines des caractéristiques morphologiques des populations noires ». « Aucune distance n’est marquée avec ces entrées, aucune d’entre elles n’est signalée comme discriminante ou péjorative », souligne la LDH qui demande à « rectifier d’urgence » cette édition.

Dans un autre registre, la femme est qualifiée comme « un être humain défini par ses caractères sexuels qui lui permettent de concevoir et de mettre au monde des enfants », pointe la LDH. « Faut-il en conclure qu’une femme stérile ou ménopausée n’en est pas une ? », s’interroge-t-elle. Elle épingle par ailleurs la définition de l’hétérosexualité qui est décrite comme une relation « naturelle » entre les sexes « ce qui implique que l’homosexualité ne l’est pas », en déduit la LDH.

Article de France Info : La Ligue des droits de l’homme exhorte l’Académie française à « rectifier d’urgence » son dictionnaire

Il se trouve qu’un compte Instagram que j’aime beaucoup Etymocurieux a aussi publié une très bonne vidéo qui reprend ces éléments. Le garçon est aussi joli qu’il est passionnant à propos de linguistique, d’étymologie et d’histoire de l’évolution du français.

L’extrême-centre

Evidemment c’est un chouïa caricatural (seulement un chouïa je pense) de la part de ces gauchistes de Radio Nova ( ^^ ), mais c’est cool d’avoir une telle explication très référencée et documentée de Johann Chapoutot sur ce sujet. Et je trouve le propos et les anecdotes rapportées assez passionnantes et croquignolettes.

En tout cas cette notion d’extrême-centre est fascinante, et en effet elle traduit très bien les discours ambiants et notamment macronistes.

Mon brave Titouan, vous êtes un génie du mal

Le compte IG Tintinades est vraiment une source inépuisable de rilolage pour moi. Et je suis retombé sur celui-ci plus haut qui me fait en effet mourir de lol. ^^

Il y en a quelques uns avec des blagues bretonnes, et je trouve que c’est toujours une belle mise en boite, tout en restant absolument adorable. Et j’ai tellement lu et relu Tintin toute mon enfance, que ce décalage percutant fait terriblement mouche.

Iwak #22 – Camp

J’ai souri en voyant hier chez Estèf son anticipation grave du mot du jour1, alors que moi tout de suite je pense : GAY KITSCH CAMP2 ! Et le « camp », j’en ai entendu parler la première fois quand j’étais à Newcastle pour mes études en 1996. Je me souviens bien avoir vu cette expression (j’avais vu ça sur un flyer ou un petit livret au Tyneside Cinéma) et avoir eu du mal à la comprendre, et obtenir une explication de Brian à ce sujet3.

Le vocable fait aussi parti de notre langue, et il en a peut-être l’origine :

Le camp, terme anglais probablement tiré du français « se camper » (« prendre la pose »), est utilisé par les historiens de l’art et les critiques culturels pour décrire à la fois un style, une forme d’expression. L’esthétique camp joue sur l’exagération, le grotesque, la provocation et l’ironie et émerge comme une forme de sensibilité importante dans la culture des années 1960. Le style camp est aussi décrit comme un regard propre à la sous-culture gay masculine, et queer en général.

Page wikipédia pour Camp (style)

Et il se trouve qu’hier un de mes vidéastes préférés des Internets : *Very* Nasty Stories, aka Max, a sorti une superbe vidéo à propos du Camp et du Polari. C’est un créateur génial selon moi qui publie des vidéos très intéressantes, fouillées et documentées sur les films d’exploitation (de la série B, de l’horreur, du cul, des petits budgets mais aussi des trucs arty tout à fait cultes et au ton ou à la liberté totale) et leurs lectures queer plus ou moins crypto. Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet, et vraiment il excelle à vulgariser et donner des tas de codes sur ces sous-cultures.

Je vous laisse le découvrir dans la vidéo suivante sur ce passionnant sujet donc !

Et en plus, il est super mignon pour ne rien gâcher. La vidéo d’origine est bien sûr visible sur son post chez IG.

Le Polari c’est donc une sorte de Lingua Franca ou de Pidgin : Le polari (de l’italien : parlare, aussi orthographié palarie, palare ou parlary) est un argot ou un sociolecte parlé en Angleterre par des populations diverses généralement en marge de la société : hommes et femmes de spectacle, marins, homosexuels, etc. Et donc cela permettait d’échanger à mots codés et de se repérer. On retrouve finalement des stratégies différentes mais similaires aujourd’hui lorsqu’on détecte des signes plus ou moins subtils chez nos coreligionnaires (un pantalon aussi moule-burnes c’est pas un hétéro ça ma fille !!).

Ce qui est étonnant et qu’on pourrait aussi nous appliquer aujourd’hui, c’est que le Polari a été révélé au grand public lors d’une émission de la BBC dans les années 60 avec le grand succès de Round the Horne qui présentait un duo cryptopédale : Julian et Sandy (interprétés par Kenneth Williams et Hugh Paddick qui jouaient les folles hurlantes « camp »). Et dès lors que les expressions sont devenues « mainstream » (et que l’homosexualité a été dépénalisée), la langue est largement tombée en désuétude. Si vous voulez jeter un coup d’œil, voilà un dictionnaire. ^^

Cela me rappelle un peu la vague « Drag Queen » qui a commencé avec RuPaul Drag Race en 2009, je touitais tout seul à ce propos à l’époque, et je me moquais du recyclage du « Sachez Chanter » du tube de RuPaul de 1993 Supermodel (You Better Work)4.

A cette époque, et jusqu’en 2014 (la saison 6 a vraiment changé la donne), on était vraiment quelques furieuses à connaître et suivre les saisons. Et quand on croisait des congénères converties, on pouvait en parler et on était clairement incompréhensible pour les non-initiés. Après, la saison 6 et Bianca del Rio, à peu près tous les gays ont commencé à regarder en masse, et c’est presque devenu un langage queer commun, en plus de la réémergence des créatures dans les bars gays (car le tout premier mouvement date bien du milieu des années 90, on avait eu le groupe « Sister Queen » en 1995 avec le tube « Let me be a Drag Queen »).

Mais depuis 2022, on a une arrivée en France de manière très populaire, car à la télévision, et ça change tout. Les drags et tout le vocabulaire qui va avec ne sont plus l’apanage de quelques-uns (ce qui n’enlève rien bien sûr au bienfondé du mouvement ou de la tendance). Cela retire juste le côté crypto et signe de ralliement, même s’il est tout de même aujourd’hui le signe d’une personne alliée, et ce n’est pas rien.

Bon j’ai bien divergé, mais retenez que le compte de Max est à suivre avec des tas d’anecdotes très peu connues (de moi) et vraiment passionnantes !!

  1. « Camp à venir. Quel mot terrible. » chez Estèf. ↩︎
  2. C’est une maison d’édition créée par Patrick Cardon en 1987. ↩︎
  3. Il m’avait déjà expliqué l’expression « friend of Dorothy » pour dire pédé, en référence à Judy Garland. ↩︎
  4. Enfin pour moi, ça a toujours été ça depuis les années 90, donc un truc en français. Mais je suis en train de voir dans les paroles officielles que c’est bien « sashay shantay » donc je suis circonspect maintenant. ^^ ↩︎