Iwak #18 – Selle

Ça c’est mon vélo, il est beau hein ? Il m’a coûté un rein, mais il est trop cool, il est électrique, tout automatique (pas de vitesse mécanique ou électrique), avec une courroie en carbone, une sonnette qui fait un ding des plus distingué, une magnifique couleur verte, des poignées en cuir et une selle marron qui ne fait pas mal au cul. ^^

J’adore mon vélo, j’essaie de l’utiliser le plus possible, notamment pour aller au boulot, ou pour me promener le week-end. Hu hu hu.

C’est marrant j’ai des tas de photos de mon grand-père paternel avec un vélo, je crois qu’il l’aimait aussi beaucoup, comme sur cette photo de 1941.

Iwak #17 – Démon

J’ai toujours tripé sur notre vision judéo-chrétienne ultra flippante des démons, et du Démon suprême bien sûr, celui qui Porte la Lumière, en comparaison à celle des japonais, notamment les yōkai, totalement intégrés à leur folklore. On y trouve autant de trucs malfaisants que d’esprits assez bénéfiques, comme les petits kodama adorables de Princesse Mononoke, ou le terrifiant Kyûbi de Naruto : le renard à neuf queues.

J’avais beaucoup aimé aussi la notion de « daemon » dans le film adapté des romans À la croisée des mondes, avec des animaux qui incarnaient l’âme des humains et qui vivaient à leur côté, et étaient inséparables. De la même manière, le daimôn de Socrate est une sorte de Jiminy Cricket, une muse intérieure, qui peut nous guider, nous inspirer et nous rassurer.

Bref, je réhabilite la notion de démon. ^^

Iwak #16 – Ange

C’est drôle, j’ai tout de suite pensé à cela… Les anges de Laramie, Wyoming, qui ont ainsi inventé une tenue pour obstruer le discours de monstres homophobes alors que Matthew Shepard était décédé. L’ange en figure de proue de l’article était Delphine dans « Le projet Laramie » monté par mon cher et tendre en 2012, un merveilleux souvenir de théâtre pour moi (je l’avais vu en 2006 au théâtre à Paris également).

Et je me suis ainsi rendu compte qu’il y a quelques jours, le 12 octobre, nous étions le 25ème anniversaire du meurtre homophobe de Matthew Shepard. C’est fou, tout me ramènera toujours à cet homonyme dont je me sens si proche. Né la même année que moi, il aurait donc le même âge. Et je me souviens tellement bien de cette année 1998, de toute ces découvertes et expériences d’émancipation. Le souvenir de Matthew est de plus en plus diffus, il est presque totalement ignoré des générations actuelles, et souvent une vague réminiscence pour les plus anciens. 1998 n’était pas encore assez versée dans les Internets pour que l’on puisse trouver des tas de traces dans la presse, et pourtant dieu sait que les médias ont fait couler de l’encre, aux US bien sûr, mais aussi chez nous.

Le Projet Laramie est une pièce de théâtre de Moisès Kaufman de 2000. Il s’agit d’un principe de pièce assez génial. Moisès et sa troupe sont allés à Laramie quelques jours après le crime, alors que Matthew était encore à l’hôpital, et ils sont restés même après son décès. Ils ont interviewé les gens du coin exactement comme dans un documentaire, mais la pièce consiste donc en des comédiens et comédiennes qui « jouent » ces entretiens incroyables.

En 2002, HBO a adapté la pièce dans un film extraordinaire que je vous conseille ardemment : « Le Laramie Project« . Les moindres figurants du film sont ultra-connus aujourd’hui, soit dans des séries, soit dans des films. Ce long-métrage semi-docu est vraiment fabuleux, et le jeu des acteurs et actrices absolument hors norme selon moi. Je reste hanté par ces images qui permettent aussi de réaliser quelle ville tranquille et classiquement américaine est Laramie, Wyoming.

Il y a aussi tout un passage terrible qui décrit l’endroit où Matthew a été laissé pour mort, sur une barrière. Cela me rappelle aussi cette citation du film. On imagine aussi ce qu’il voyait, les lumières de Laramie, qu’il aimait regarder de loin…

Cette histoire d’ange est l’idée de la meilleure copine de Matthew, qui est incarnée par Christina Ricci dans le film.

Pendant que Matthew est à l’hôpital et durant le procès de ses assassins, le révérend Phelps, tristement célèbre, est là avec ses zélotes. Il est là à crier et ahaner que le SIDA guérit de l’homosexualité et que god hates fags. C’était insupportable je pense de voir ces vociférations (légales) devant le tribunal et tous les journalistes qui s’entassaient là.

L’amie de Matthew a alors l’idée de découper de grandes toges blanches avec des ailes immenses d’anges, pour dissimuler complètement les homophobes. La scène est d’une puissance redoutable dans le film.

C’est ça des anges.

Iwak #15 – Poignard

Le mardi soir, j’allais régulièrement dormir chez ma grand-mère quand j’étais minot, car elle me gardait avec mon frère le mercredi, et parfois mes cousines. Ce sont de merveilleux souvenirs, car on regardait la dernière séance le soir, présentée par Eddy Mitchell, et c’était en semaine mais comme on ne travaillait pas le lendemain, on pouvait regarder le film avec elle1. Et parfois, on faisait « soirée cinéma », c’est-à-dire que ma grand-mère nous préparait des frites (à la main bien sûr) et qu’elle confectionnait également des cornets de papier pour qu’on les mange avec les doigts (!!) en regardant la télévision. Ah ça, croyez-moi c’était la belle vie, et une grand-mère très cool.

Typiquement les films de capes et d’épées étaient propices à une « soirée cinéma », et j’aimais énormément les films avec Jean Marais, notamment Le Bossu et Le Capitan de André Hunebelle (et aussi les Fantomas qui sont de lui aussi, dans un autre genre). Il s’agissait de films vraiment classiques et populaires des années 60, mais qu’on regardait encore avec beaucoup de plaisirs dans les années 80, et que souvent nos parents avaient eux-mêmes vu enfants au cinéma.

J’étais fasciné par l’incarnation de Jean Marais quand il faisait le Bossu et qu’il couinait un « Voulez-vous toucher ma bosse mon seigneuuuuuur ? ». Mais l’autre scène qui m’est resté, c’est dans Le Capitan qui est un redoutable film d’actions et d’époque, avec Jean Marais qui escalade la tour d’un château pour aller libérer sa belle avec seulement l’aide de deux poignards, qu’il insère entre deux pierres pour s’en servir d’appui. Tout le monde savait et rappelait que Jean Marais n’était jamais doublé pour ses cascades, et qu’on voyait là une véritable prouesse.

Et c’est assez dingue, car Jean Marais était vraiment l’incarnation du beau mec par excellence, courageux et fougueux, impétueux et téméraire, le bourreau des cœurs qui manie l’épée avec génie, qui déjoue les plans des méchants et sauve sa meuf à la fin de tous ses films. Mais il finissait ses films uniquement joue contre joue avec ses héroïnes, et ça m’a toujours marqué. Je ne comprenais pas trop les sous-entendus rigolards de mon père à l’époque bien sûr. Mais plus tard on m’expliquera que Jean Marais était loin d’être un homme à femmes, et il était de notoriété publique qu’il avait été l’amant et l’amour de Jean Cocteau. Tout cela était tacite, mais incroyablement su et étrangement accepté sinon intégré dans une mythologie parallèle.

Plus tard en effet, j’ai trouvé que Jean Marais était parfaitement pédé dans son attitude dans absolument tous ses films, et ça paraît dingue que tout le monde ait fait semblant de ne rien voir pendant tant d’années. ^^

  1. C’est d’ailleurs le mardi 19 octobre 1982 qu’on a vu en relief le fameux film d’épouvante « L’étrange créature du lac noir » dans cette émission (on trouvait les lunettes bleu et rouge dans le Télé 7 jours de la semaine). ↩︎

Iwak #14 – Château

Je voulais juste rappeler ce truc tellement hasardeux, mais qui n’est resté en tête. Il y a dix ans, en 2013 à peu près à la même période, je publiais quelques photos en noir et blanc assez abîmées de mes grands-parents, et notamment une photo scannée d’un antique négatif qui avait l’air de montrer ma grand-mère devant un château inconnu.

J’avais demandé si des gens pouvaient m’aider à reconnaître cet endroit pour me donner un peu plus de contexte. J’avais essayé de chercher avec le style ou même l’architecture de la chapelle qu’on aperçoit, mais j’avais totalement fait chou blanc. Et puis, seulement 6 jours plus tard, en tapant un commentaire quelconque sur un site, j’avais vu que le gentilé « cannois » était souligné comme si c’était une faute.

En googlant ce dernier pour me rassurer sur son orthographe, j’avais été surpris de constater que la ville proposée par défaut par google n’était pas Cannes dans le sud de la France, mais Cannes-Écluse dans le 77.

Et là, puisque je me préparais à entrer dans un de ces vortex Wikipédia dont on ne ressort pas vivant, j’ai décidé d’aller voir à quoi cette ville ressemblait. Et BADABOUM !!

La première image m’avait évidemment tapé dans l’œil car ça ressemblait énormément à l’architecture de mon château, mais avec des détails très différents. Sur la page de la ville, je vois une vignette de l’église du coin, et quand je l’agrandis, je me dis que j’ai vraiment fait mouche !

En regardant un peu la situation géographique sur une carte, les angles de vue sont tout à fait compatibles avec la photo. Et en réalité, je comprends que la photo est simplement à l’arrière du château par rapport à celle trouvée sur les Internets.

Et enfin, j’ai trouvé ensuite une carte postale quasi-identique à celle de ma grand-mère (j’ai rafistolé et colorisé celle qui est en en-tête ^^ ).

Je re-raconte la même histoire qu’il y a dix ans, mais c’est parce que vraiment j’ai halluciné (et encore aujourd’hui) qu’un tel hasard survienne moins d’une semaine après avoir entamé de vaines recherches sur un château perdu dans les limbes. Et surtout que le contexte au final m’a bien été donné, puisque ce château était à l’époque un préventorium, et que la tuberculose était une maladie très répandue dans ma famille (grand-mère, grand-oncle notamment).

Iwak #13 – Hausse (Rise)

Ce 10 mai 2014, il y a donc presque dix ans, Conchita Wurst , qui représentait l’Autriche, gagnait l’Eurovision avec la chanson Rise like a Phoenix. Donc cette fois, je mise plutôt sur le mot en anglais. ^^

Cela fait presque dix ans donc que tout le monde a découvert cette Conchita Wurst, un homme gay à barbe absolument sexy, sublimement maquillé et habillé, et qui chante merveilleusement bien une chanson qui parle de résilience et de flamboyance au-delà des difficultés. Cette même personne qui conclut son discours de remerciement au concours par un emblématique « We are unstoppable ».

Et après, puisque nous étions déjà tous sur les Internets, il y a eu cette tempête médiatique et sur les réseaux sociaux complètement dingue, avec autant de manifestation de joie que d’un déferlement de haine homophobe. J’imagine que l’essor actuel des Drag Queens donnerait une tonalité très différente si cette victoire avait lieu aujourd’hui, et on s’attend d’ailleurs que les prochaines sessions de l’Eurovision en présentent un de ces quatre. Mais à l’époque, je me rappelle cette curieuse sensation alors que le mariage pour tous était voté, et que j’allais moi-même me marier d’ici quelques semaines.

Cette homophobie était encore plus crasse que d’habitude, car il y avait encore plus d’incompréhension et de stupeur des personnes qui manifestaient leur désapprobation de cette victoire, cela allait au-delà de son orientation sexuelle. C’était contre le personnage de Conchita Wurst, alors que c’est avant-tout une performance drôle et sensuelle, troublante et hilarante. Et je pense que c’est aussi ce qui a touché et troublé. Ce gars homo qui se transforme en gonzesse trop bonne mais qui garde sa grosse barbe, c’est tout ce qu’il fallait pour rendre hystérique les masculinistes et autres promoteurs de cette mâle toxicité.

C’est pour ça que c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi vraiment cette victoire et ce personnage ont été un déclic important, et que je considère majeur dans toutes les petites étapes d’émancipation de toutes les personnes qui ne se conforment pas aux normes, et qui jouent avec les représentations, même celles des genres.

Hugleikur Dagsson à sa manière avait bien su représenter la gagnante de l’Eurovision avec son minimalisme génial et tellement précis.

Iwak #12 – Épicé

Tout a commencé pendant le confinement, où tout le monde, y compris moi, s’est mis à vouloir cuisiner des choses. Comme je suis un piètre artisan en la matière, j’ai dû chercher sur les Internets un truc comme « plat facile et impossible à rater », et c’est revenu comme un standard conseillé par tout le monde : « dahl de lentilles corail ». Et c’était promu comme un plat plutôt sain également pour le diabétique que je suis, végétarien (ce que je cherche aussi à être de plus en plus) et très parfumé. J’ai aussi à l’époque investigué les plats sains et avec des saveurs chouettes, et clairement les épices sont devenus mes amies.

J’ai compris aussi pourquoi les dahls étaient les plats populaires qui étaient préparés dans les festivals ou les cuisines collectives, parce que ça se prépare potentiellement en énorme quantité, que ça ne se rate pas, et que c’est encore meilleur réchauffé et reréchauffé. Je me souviens notamment de la Queer Food for Love et son super dahl transpédégouine (mais surtout gouine ^^ ) de la rue Ste Marthe il y a 1267 ans (en vrai : 17 ans).

Mais donc depuis le confinement, le dahl est devenu mon plat fétiche. J’adore ça, ça se marie avec tout, ça s’accommode avec énormément de choses, et vraiment tout le monde aime ça. C’est un mélange d’épices qui fleure bon les Indes, et qu’on peut aussi moduler à souhait, à la fois à qui veut avoir du goût ou à qui veut carrément s’arracher la gueule.

Donc si vous êtes nuls en cuisine, que vous voulez préparer un truc délicieux et impossible à rater : apprenez à faire un dahl ! Vous avez toutes les recettes en ligne, mais je vous livre celle que je pratique moi-même. C’est pour 4 personnes en gros, ça peut se manger en plat principal mais c’est chouette avec du riz en plus et des nans, voire du poulet si vous voulez une consistance un peu plus carnée. ^^ (Si vous êtes plus doués que moi allez donc faire un tour chez Un peu gay dans les coings, et invitez-moi à dîner. Je suis ultra fan de ses recettes. ^^ )

Voilà les ingrédients :

  • 300 g de lentilles corail
  • 2 oignons jaune
  • 2 gousses d’ail
  • Un petit morceau (2 cm) de gingembre frais
  • 400 g tomates concassées en boîte donc
  • 50 cl lait de coco en brique qu’on trouve dans les rayons asiatiques en général
  • 50 cl bouillon de légumes (je mets deux cubes dans 50 cl d’eau bien chaude et hop)
  • 200 g de pousses d’épinards (cru donc)
  • 1 cuillère à café de cumin moulu
  • 1 cuillère à café de coriandre en feuilles (sèches)
  • 1 cuillère à café graines de moutarde
  • 2 cuillère à café de curcuma en poudre
  • 1 cuillère à café de garam masala, mais la plupart du temps je mets plutôt une cuillère à café de curry « Madras » très piquant de Ducros (pour mon brittoréunionnais de mari qui sinon trouve que ça n’a aucun goût ^^ )
  • 1 jus de citron jaune

Vous commencez par émincer les oignons, et vous les jetez dans une grande poêle, un faitout ou un wok préalablement huilée (d’olive évidemment). Il faut remuer pour pas que ça crame. Quand ils sont dorés et translucides, on ajoute l’ail et le gingembre, et tout de suite après toutes les épices. Vous sentirez tout de suite le « resto indien » qui s’échappe de la casserole. Il faut laisser revenir tout ce truc pendant deux-trois minutes pour bien avoir cette base ultra-odorante et savoureuse. Et après il suffit de rajouter tout le reste. Les tomates, le lait de coco, les lentilles, et en délayant l’ensemble le bouillon de légumes.

Après, on baisse à feu-moyen, et on attend que les lentilles cuisent, en remuant bien pour éviter que ça finisse en pâtée. Il faut goûter régulièrement pour éviter les lentilles trop fermes, et espérer que ce ne soit pas trop mou non plus.

Une fois que c’est cuit, on ajoute le jus d’un citron, et on intègre les pousses d’épinard. Elles ramollissent vite avec la chaleur du dahl, mais comme cela elle ne disparaissent pas trop non plus.

Et voilà !!! Ça sent trop bon, c’est bien épicé, et c’est excellent même si on dirait parfois qu’un poivrot a vomi dans votre assiette !! ^^

Iwak #11 – Promenade (Wander)

Une fois n’est pas coutume, mais ça fait plusieurs fois que je le fais, j’ai ajouté le mot en anglais, car, même si la traduction est correcte, on a plus de nuances et de précisions avec le mot d’origine. Je rajouterais au mot wander, des notions de flânerie et d’errance, et c’est valable aussi bien sur le plan matériel que mentalement selon moi. Et cela m’inspire. ^^

Car la promenade est une activité que j’aime beaucoup, et on adore se balader ou randonner en vacances avec mon chéri, mais en l’occurrence je « wander » dans d’autres circonstances. Or ce genre de promenade, sans objectif autre que sortir et errer sans but précis, est vraiment un truc qui m’est familier. Et c’est une activité éminemment solitaire qui consiste à sortir à pied ou en vélo, et à parcourir une certaine distance (mais en réalité je peux rester à 5 minutes de chez moi sur les bords de Loire, comme je le faisais près de la Seine à Paris), et sur le chemin laisser vagabonder ses pensées.

Ce sont des moments importants pour moi, à la vertu presque méditative, qui me permettent de me recentrer, de me détendre énormément, d’écouter des musiques que j’aime et qui vont me mettre dans tel ou tel sentiment, et de revenir au bercail un peu plus serein. J’aime autant les errements dans la forêt de Clohars-Carnoët où c’est désert et on entend que le bruit du vent dans les feuillages, que les vagabondages où l’on se perd dans un Tokyo bruyant et sur-animé en écoutant de la musique avec de bons écouteurs à suppressions de bruits externes. ^^

Iwak #10 – Fortune / Chance

C’est marrant je pense tout de suite à la déesse romaine Fortuna, et surtout à la déesse grecque Tyché (je préfère les noms grecs des déités antiques). Et de fil en aiguille, cela me fait penser au célèbre poème latin, rendu en réalité vraiment célèbre par la cantate Carmina Burana de Carl Orff, rendu en réalité vraiment célèbre par les what mille reprises dans les films, séries ou la publicité depuis les années 80.

Et c’est avant tout le morceau O Fortuna que tout le monde connaît, et qui s’adresse bien à la Fortune en tant qu’élément de chance ou de destin qui conduit la vie de tous les humains. J’aime beaucoup ce texte poétique car les vers sont très brefs (comme une suite de haïkus), mais réellement forts de sens, et porteur d’un message qui transcende vraiment les époques. Et avec cette musique pompier et tonitruante en tête, le texte est d’autant plus porté avec véhémence et inexorabilité.

Fortuna Imperatrix Mundi
O Fortuna
velut luna
statu variabilis,
semper crescis
aut decrescis;
vita detestabilis
nunc obdurat
et tunc curat
ludo mentis aciem,
egestatem,
potestatem
dissolvit ut glaciem.

Sors immanis
et inanis,
rota tu volubilis,
status malus,
vana salus
semper dissolubilis,
obumbrata
et velata
michi quoque niteris;
nunc per ludum
dorsum nudum
fero tui sceleris.

Sors salutis
et virtutis
michi nunc contraria,
est affectus
et defectus
semper in angaria.
Hac in hora
sine mora
corde pulsum tangite;
quod per sortem
sternit fortem,
mecum omnes plangite!

Extrait de Carmina Burana en latin médiéval.

Et voilà la traduction en bon français de chez nous. ^^

Fortune Impératrice du Monde,
Ô fortune,
comme la lune
changeante en ses phases,
toujours tu croîs
et tu décroîs ;
vie détestable.
Tantôt la fortune oppresse,
tantôt elle avive,
par le jeu, l’acuité de l’esprit,
et la pauvreté
ou la puissance
elle les dissout comme la glace.

Sort cruel
et vain,
tu es une roue qui tourne,
une base instable,
un salut trompeur,
qui peut se briser à tout instant.
Quoique dissimulée
et voilée
tu pèses aussi sur ma tête ;
C’est cause de tes jeux criminels
qu’à présent
mon dos est nu.

La chance
et le succès
me sont maintenant contraires,
mes désirs
et mes refus
se heurtent à ta tyrannie.
À cette heure
sans délai,
touchez les cordes de vos instruments ;
car le Sort
terrasse les forts
pleurez tous avec moi !

Extrait de Carmina Burana traduit en français du latin médiéval.

En tant que stoïcien en herbe, la notion de destin est très déterministe, on est plutôt dans un truc rationnel à base d’enchaînements logiques et irrémédiables de causes et de conséquences. Et il se trouve que cela correspond assez bien à ma conception intuitive des choses, échappant donc pas mal à la notion de « chance » telle que perçue chez certains de mes contemporains. Mais là où je suis encore plus stoïcien c’est dans cette subtile dichotomie entre « ce qui dépend de nous » et « ce qui ne dépend pas de nous ». C’est à dire que ça ne sert à rien de se battre contre des moulins à vent, ni même de s’en inquiéter to a certain extent, et notamment des événements extérieurs pour lesquels aucune action n’est possible pour changer quoi que ce soit.

En revanche, il faut agir sur ce qui est actionnable, et la première des choses c’est soi-même évidemment.

Iwak #9 – Rebond (bounce)

Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre : un article par jour avec un thème précis.

Sans conteste, un de mes meilleurs achats. Une « useless box », un truc que tu achètes en pièces détachées, que tu dois monter pendant quelques heures, et surtout souder avec un peu de matériels d’électronique (que tu as sous la main quand tu as eu un DUT en génie électrique et informatique industriel dans les années 90 ^^ ). Mais ça reste une boîte bien entendu absolument inutile, comme son nom l’indique de manière merveilleusement idoine.

Plic, ça sort le truc et ploc, retour à la case départ. Non c’est tout. ^^