Iwak #31 – Repère

Où qu’on soit dans le monde, on a besoin de repère. On tout cas on les recherche pour se rassurer, pour se établir ses marques ou simplement en clin d’œil de ralliement qui nous fait sourire. Et pour moi, il y a plusieurs typologies de repères, dont d’abord je pense le côté français. Que ce soit par les guides verts, l’usage de l’Euro dans nos pays de l’UE (qui est malheureusement le seul élément « patrimoine commun » de l’Europe, mais c’est une monnaie : un des piliers qui font une nation), ou la bouteille de Bordeaux au supermarché local, la baguette d’une boulangerie, ou le drapeau bleu blanc rouge sur une ambassade ou un consulat, tout cela me fait un petit chaud au cœur. Et c’est bien un mélange de sentiment doucement chauvin, mais aussi de « oh c’est chez moi ça », et parfois un truc rassurant.

Quand j’ai passé une année à Newcastle au millénaire précédent, donc sans moyen de communication très évolué ni bon marché, j’allais de temps en temps dans une fromagerie m’acheter un bout de camembert, et c’était juste une garantie de vingt minutes de bonheur le soir même. ^^

Entendre parler français est aussi un truc qui me fait du bien lorsque je suis à l’étranger pendant un moment. Et là c’est juste une question de pratique linguistique, donc quand j’ai bossé en 2003 à Aïchi, au Japon, pour l’Expo Universelle, j’ai adoré papoter avec des francophones de pays d’Afrique de l’Ouest (béninois, ivoiriens, gabonais et sénégalais), et nous retrouver à nous sourire juste sur cette connivence.

Aujourd’hui, on est moins seul et moins perdu, notamment grâce au smartphone et aux télécoms, et l’un des effets positifs de la globalisation c’est aussi de trouver ses « marques » à peu près partout dans le monde. « Où est le Starbucks local ??? » C’est triste mais très très vrai. Cette uniformisation du monde réduit le sentiment « dépaysant » mais est un vrai facteur de rapprochement des gens, je pense.

Mais vous me voyez venir je suis sûr, moi le pédé militant wokistan islamogauchiste en chef, ce qui m’a fait d’abord un bien inimaginable lorsque je suis allé sur Paris les premières fois dans les années 90, c’est de voir le drapeau Rainbow, ce fameux drapeau LGBTQ+ de Gilbert Baker de 1978. Depuis lors, c’est sans doute le repère le plus porteur de sourire, de chaleur, de bien-être et de sécurité que je peux trouver dans le monde entier. Et comme nous partageons à la fois le sentiment d’homophobie (et ses effets bien pragmatiques) et ce repère coloré de notre communauté, voir ce drapeau, où que ce soit dans le monde, veut dire que c’est un endroit sûr et accueillant : un repère pour un repaire.

Iwak #30 – Violon

Le violoncelle serait plus précisément mon instrument de prédilection, mais en réalité je suis totalement charmé et envoûté par les quatuors à cordes. Deux violons, un alto et un violoncelle : ces instruments forment un accord d’une perfection, d’une harmonie et d’une puissance qui m’affole. Et le violon en particulier est pour moi associé à un truc qui remplit autant les grandes salles de concert prestigieuses, les conservatoires de musique, les zéniths de province, les couloirs de métro, les loges de concierge, les compilations à deux francs cinquante de mon enfance, les musiques d’attente de standard téléphonique, les ascenseurs de France et de Navarre, la moitié des publicités de la téloche : les Quatre Saisons de Vivaldi.

C’est fou de se dire que ces morceaux qui ont été composés il y a tout juste 300 ans par Antonio Vivaldi (été 1724 !!), n’ont pas pris une ride, et sont aimés et connus d’à peu près tout le monde, même lorsqu’ils n’en connaissent pas l’auteur ou le titre. Moi ce qui me plait tant là-dedans c’est clairement leur tension dramatique, et le fait que ce soit super rythmé, super tendu, et que ça pulse littéralement d’énergie, de secousses et de revirements. On a des images, qui pousseraient à la synesthésie, et des illustrations que l’on associe couramment aux saisons, et je pense qu’on a intégré ce vocabulaire musical pour ses usages précédents, mais en effet on y « voit » bien le souffle doux du vent dans les blés jusqu’à la tempête et la pluie battante qui mettent la nature en péril.

Et comme moi j’ai l’âme d’une concierge1 (portugaise en tout cas, au vu de mes origines2), j’adore ces morceaux bien pompiers qui remuent plein de choses en moi. Ce qui m’épate avec le violon, et en particulier donc dans les Quatre Saisons, c’est à la fois la virtuosité mais la capacité physique pour sortir aussi vite et bien cette multitude de notes. Cela paraît juste surhumain, et c’est aussi en cela que c’est si bouleversant et submergeant à l’écoute, comme un stroboscope auditif, un Pollock à l’archet ou la visite olfactive d’un souk marocain.

Vivaldi a certes eu du succès à son époque (1678-1741), mais apparemment a été ensuite complètement oublié, avant d’être redécouvert au milieu du 19ème siècle. Je me rappelle avoir été épaté quand adolescent j’avais vu un film, d’une production tout à fait moyenne, qui figurait le grand auteur de théâtre Goldoni dans une intrigue policière sur fond historique : Rouge Venise (un giallo de 1989). Goldoni enquête dans Venise avec son ami et side-kick très haut en couleur : Antonio Vivaldi. Et même si l’histoire était tout à fait fictive, Vivaldi a vraiment été pote avec Goldoni, et ce dernier lui a écrit deux livrets (sujet de blagues récurrentes dans le film). Dans le film, Vivaldi est un peu hystérique et hyperactif, il parle très vite, et saute partout un peu comme un dingue toujours sur la brèche. Son côté ecclésiastique a l’air d’être assez secondaire à sa musique, et c’est un personnage d’abord humoristique.

Les Quatre Saisons ont été également réinterprétées par beaucoup de compositeurs qui en ont fait leur propre version, ou s’en sont servi d’inspiration. Cela a donné de très chouettes œuvres de Max Richter ou Philip Glass par exemple. Pour ce dernier d’ailleurs, c’est aussi ses thèmes « passionnels » à cordes qui me plaisent tant. Il y a notamment ce solo de violon d’Einstein on the Beach qui est un truc incroyable dans la veine répétitive de Glass, mais porté à son paroxysme et dont on voit aussi l’effet sur le physique des musiciens lorsqu’on l’expérimente en live.

Solo de violon d’Einstein on the Beach par Thomas Halpin

Pour finir, un truc fou dont j’ai déjà parlé il y a presque vingt ans, mais qui continue de me remuer les tripes. C’est encore du Glass et c’est encore merveilleusement enlevé et enlevant.

Extrait du Quartet N°5 (1991) par l’ensemble Kronos Quartet
  1. Avec les keupines des « folles d’opéra » dont Kozlika, Chondre, Zvezdo ou Gilda, on parlait de notre amour des opéras de concierges qui sont en gros le répertoire ultra-classique du Bel Canto bien « colorée », mais c’est évidemment avec beaucoup de considération pour les loges (non maçonniques, quoi que le Portugal tout ça ^^ ) de France et de Navarre. ↩︎
  2. Mon second prénom n’est pas Manuel pour rien. ↩︎

Iwak #29 – Navigateur

J’ai déjà parlé de Dune lors d’un IWAK, pour expliquer l’importance du film de Lynch dans mon histoire familiale, mais on me parle de Navigateur alors moi je pense Guilde Spatiale. La bestiole est en effet un navigateur de troisième échelon, c’est à dire que c’était jadis un humain qui, à force de respirer le gaz orange de l’épice, a muté au fur et à mesure qu’il a acquis ses pouvoirs de prescience et ses capacités à naviguer. Dans cet état, les navigateurs ne peuvent survivre que dans des dispositifs en vases clos (comme ci-dessous où le navigateur est reçu par le Padishah) où ils reçoivent sans arrêt de l’épice, et cela leur permet de vivre potentiellement des milliers d’années.

Le transport spatial c’est évidemment le nerf de la guerre dans une économie galactique. Il faut que les gens et les produits puissent circuler le plus facilement possible de planètes en planètes. On a trouvé techniquement le moyen, dans l’univers de Dune, pour naviguer presque en un clin d’œil en repliant l’espace grâce à l’effet Holtzmann (qui reste un truc un peu flou inventé par le scientifique du même nom). Cela consiste en gros à se déplacer via des trous de ver dans l’espace-temps. Le problème c’est que c’est super dangereux et presque impossible de calculer une trajectoire qui prenne en compte tous les paramètres possibles. Et c’est là où l’épice a apporté une réponse originale.

Comme ses junkies de compétition deviennent des prescients, ils sont en capacité d’utiliser l’effet Holtzmann, et de guider en toute sécurité en « devinant » le parcours idéal d’immenses containers (qui contiennent eux-mêmes des vaisseaux spatiaux qui peuvent naviguer à l’intérieur et se « parquer » pour le voyage) dans ces trous de ver, ce qui permet de se déplacer sans bouger. Dans le film de Lynch de 1984, on voit un de ces navigateurs, sorte de limace baveuse rosée avec des petits bras de T-Rex, qui « projette » la planète d’origine, puis celle de destination, et enfin replie l’espace avec ses petits bras musclés. Et hop, l’immense container est déplacé en un instant !

Le voyage « efficient » dans l’espace (sinon il y a aussi des moyens plus conventionnels mais super lents) est donc contraint à l’usage de ces navigateurs, et donc de l’épice. D’où une importance majeure sur sa production, et c’est possible dans une seule planète dans l’Univers Connu : Arrakis. L’épice est déjà une drogue très très onéreuse, mais en plus comme la Guilde spatiale a le monopole sur le transport, ils ont un pouvoir assez incommensurable. Et ce type de transport « instantané » est également très très très cher.

L’épice en tant que telle est liée au cycle de vie des vers des sables d’Arrakis. Ces derniers ne peuvent supporter l’eau, ce qui est un poison pour eux. Mais à la base de leur existence, il y a les truites des sables qui sont des être mi-plante mi-animal et qui capturent l’eau du désert. C’est en créant des sortes de poches d’eau et de truites mortes, que l’épice est générée. Elle remonte en masse à la surface avec le CO2 et l’effet des vers qui remuent le sable en profondeur. Les truites survivantes finissent par se transformer elles-mêmes en vers des sables.

C’est un savoir tout à fait inutile, et donc forcément j’adore ça. ^^

Iwak #28 – Géant (Jumbo)

Le Géant de Fer est sorti en 1999, et j’ai eu la chance de le découvrir au cinéma. Je continue de toute façon à voir beaucoup de films d’animation et de dessins-animés, et j’imagine que cela ne me quittera plus maintenant (que j’approche la cinquantaine). J’avais tout aimé dans ce long-métrage de Brad Bird, le même qui fera des étincelles chez Pixar ensuite (notamment les Indestructibles ou Ratatouille). L’animation, la direction artistique, les personnages, l’histoire, tout est réussi là-dedans !!

J’en ai parlé à plein de gens une fois que je l’ai vu, mais il n’a eu aucun succès auprès du grand public. Pourtant, je crois que c’est tout de même devenu relativement culte pour les quelques nerds comme moi, et on l’aperçoit tout de même avec bonheur dans le film de Spielberg Ready Player One.

J’ai adoré le duo Hogarth et le Géant. Hogarth pour son prénom chelou (qui est une blague récurrente du film) et le Géant dont on ne connaît pas d’autre nom, et qui ne pipe pas un mot. C’est vraiment dans la lignée de Peter et le Dragon, et là on trouve aussi un focus sur la maman célibataire (qui n’était pas clairement un truc commun de Disney), et le garçon un peu isolé de par sa singularité. Et le film est une belle fable écologique en même temps qu’un curieux retour sur la folie de guerre froide, et le risque nucléaire. On y a pas mal de niveaux de lecture selon qu’on s’adresse seulement aux enfants, ou aussi à tous les autres publics.

Bref, si vous ne l’avez pas vu, c’est à rattraper !!! ^^

Iwak #27 – Route (Road)

La Vallée de la Mort en Californie est un endroit extraordinaire, et un des endroits les plus beaux et intéressants que j’ai visité. Il s’agit d’un rift endoréique, donc une sorte de vallée d’effondrement dont les eaux du bassin ne se déversent nul part (mais s’évaporent), lié au désert des Mojaves, et on y trouve le point le plus bas des USA (Badwater à 85 mètres en dessous du niveau de la mer), avec pas très loin le Mont Whitney (à 123 km et 4417m d’altitude) qui est le point le plus haut des USA. C’est l’endroit sur terre où on y a aussi enregistré la température la plus élevée de l’histoire avec 56,7°C à Furnace Creek le 10 juillet 1913.

Quand on était à Furnace Creek en plein mois d’août 2009, les locaux s’amusaient à nous dire que seuls les français s’aventuraient en cette saison. Et c’est vrai que c’était une chaleur à crever, il suffisait de sortir de la voiture ou de l’hôtel (climatisé à 16°C évidemment, c’est les USA) pour sentir immédiatement toute humidité vous quitter. On ne transpire même pas une goutte, et les vêtements ne se mouillent pas de sueur, car tout est immédiatement évaporé. Il y avait (dans la série des hérésies américaines) une piscine à l’hôtel, et l’expérience était étonnante. Vous sortez de l’eau, et vous êtes secs sans serviette, en deux secondes hop ! Donc ce n’est pas de la blague, c’est un lieu basiquement dangereux et néfaste pour les humains que nous sommes.

Il faut faire très attention, avoir toujours à portée quelques litres d’eau par personne, avoir un bon véhicule, un bon GPS, et ne pas trop s’éloigner des routes. Ce n’est pas la région pour faire 15 bornes de randonnée (peut-être en hiver bien sûr). Le parc national de Death Valley se visite donc par son système routier qui est impeccable, à l’américain, et qui permet de profiter de cet écosystème unique au monde.

Les photos de 2009 n’ont pas la même qualité que celles d’aujourd’hui, pas de filtre, pas de saturation comme la plupart des smartphones l’appliquent en traitement automatique avant même de nous montrer la photo dans la galerie. Mais même après 15 ans, je les trouve belles et elles permettent je trouve de plutôt bien s’imaginer l’endroit.

Dans ce lieu, terrain de tous les phénomènes géologiques, on trouve justement une variété extraordinaire de paysages désertiques, de montagne et volcaniques, mais aussi d’inondation « flash » et d’érosion, et contre toute attente, malgré ses températures démoniaques, une faune très riche et bien adaptée. Et évidemment si la faune se porte bien, c’est que l’endroit est tellement peu propice à l’installation humaine, qu’on n’a pas trop foutu le bordel (enfin rassurez-vous ils ont réussi à installer un golf dans le coin…), même si pas mal de mines de certains métaux ont justifié l’installation de communautés depuis le 19ème siècle (et les indiens Timbisha depuis bien plus longtemps).

On est dans le désert bien sûr, et on a droit à toutes les formes : erg aux dunes saharaouies, reg aux silex tranchant, montagnes aux reflets d’Atlas maghrébin…

On peut aussi visiter d’anciennes caldeiras qui ont donné d’étranges couleurs aux roches, et des activités plutoniques qui ont modelé toute la région.

Et puis des reliefs déchirés par les mouvements du magma et des sols, avec des tranches napolitaines aux reflets des minerais ferriques ou ferreux donnant d’impressionnantes palettes de couleurs (le paysage ci-dessous s’appelle Artists Palette).

Et puis il y a des paysages modelés par l’érosion de cette alternance de chaleur suffocante et des nuits plus froides, des inondations lorsqu’il se met à pleuvoir, et d’un vent terrible qui ciselle aussi les roches. Cela donne à Zabriskie point cette curieuse omelette norvégienne géologique faite d’amoncellement de boues solidifiées et ainsi sculptée.

La vue sur Badwater est absolument à couper le souffle, sachant que lorsqu’on est au sol on voit une étendue sans fin de boue et d’une fine croûte sèche avec des tas de microorganismes (il est interdit de marcher là heureusement) et un véritable écosystème. Ce basin aride est à la fois sec et donc un endroit humide et d’évaporation intense. C’est fou !!

Il y a quelques routes qui mènent aussi à des îlots de vie en dehors des villages modernes. On peut tomber sur d’anciennes mines de bauxite et des infrastructures minières sommaires, ou bien comme ci-dessous sur Scotty’s Castle (1922) dont l’histoire est vraiment étonnante.

La faune n’est pas très visible de la route, mais j’ai bien vu sauter quelques souris du désert. J’aurais adoré voir un Grand Géocoucou courir en posant à peine ses pattes sur le sol brûlant, car c’est l’oiseau qui a inspiré à Tex Avery le célèbre héros de mon enfance Bip-Bip. Mais au moins, la consolation ce fut ce magnifique coyote, qui m’a tout de suite fait penser au héros précédent. Il se confond complètement avec le paysage, mais j’ai arrêté Alex car j’avais vu un truc bouger au loin !!

Et enfin, Titus Canyon, c’est sans doute la route la plus flippante que nous avons dû prendre depuis qu’on voyage ensemble avec le mari. Là c’est la photo à la sortie du canyon, une fois qu’on avait fait le plus difficile, car cette route est en réalité une piste parfois à peine carrossable et stabilisé. Il y a des côtes qui m’ont fait peur, je me demandais si la voiture n’allait pas se retourner dans la pente était horrible. Parfois la route passe entre deux parois de roches avec 15 cm de chaque côté. Et on a croisé quelqu’un qui évidemment avait décidé de faire le truc dans l’autre sens !!! C’était clairement un passage très très dangereux, et je ne suis pas certain de vouloir le refaire. Mais alors, quels panoramas… On avait l’impression d’être en dehors de tout, et sur une autre planète. Avec cette chaleur qui plaque tout au sol, et ce silence mortel qui rend nerveux autant qu’il rassérène, c’était un périple excitant et mémorable !

Iwak #26 – Caméra

J’ai un attachement très limité aux choses matérielles, en tout cas pour leurs valeurs financières ou leurs usages comme un signe extérieur, mais les choses pour moi sont importantes pour leurs pouvoirs d’évocation et leurs charges mémorielles très singulières. J’avais évoqué déjà ça il y a dix ans dans un article où je listais quelques colifichets et talismans personnels qui sont très précieux à mes yeux mais qui ne valent rien.

Je me rappelle de l’air inquiet de certains quand j’ai dit que j’avais un truc à récupérer dans la maison de ma grand-mère lorsqu’elle est décédée. Et quand je suis revenu avec un vase en porcelaine de quelques centimètres de haut qu’elle avait eu avec un catalogue « Bergère de France », les gens étaient beaucoup plus détendus. ^^

Quand j’ai déménagé de chez mes parents, j’ai récupéré des tas de petites choses qui sont passées tout à fait inaperçues, car c’était des merdes ou des bibelots de fond de tiroir, mais cette caméra Super 8 Bell & Howell que je montre, et qui appartient à ma maman, est sans doute un des fleurons de mon cabinet de curiosité mémoriel.

Ma maman l’a achetée en 1970, et la caméra a servi à immortaliser des tas de petites séquences de vacances en famille avant ma naissance, et un peu après. C’est impressionnant à prendre en main car c’est un truc très analogique et mécanique bien sûr. C’est lourd car il y a peu de plastique mais beaucoup de mécanismes en métal. L’objet est beau et impressionnant mais en plus il est dans une sacoche en similicuir avec un revêtement intérieur rouge en velours, ce qui en fait un écrin encore plus « riche ». Mais je n’ai jamais vu ces films, car les bobines se sont perdues, les projecteurs ne fonctionnent plus, les écrans ont été jetés, et les gens sont passés à autre chose.

Il ne restait plus que cette caméra qui trainait dans un recoin de la maison de mes parents, une sacoche recouverte de poussière, mais bien emmitouflée dans 30 années d’inactivité. Ma mère n’a pas moufté quand j’ai demandé si je pouvais mettre la main dessus. J’ai prétexté vouloir l’utiliser à Paris peut-être… Et en effet, je m’étais procuré un film, et j’avais fait quelques tests simplement pour voir si ça marchait encore. Et c’était bien le cas. Mais il fallait (encore aujourd’hui c’est le seul moyen bon marché) acheter un film vierge en Allemagne par correspondance, et le faire développer à distance outre-Rhin.

Mais bon, les procédés argentiques se sont rapidement éteints, et le numérique a tout conquis, avec ce truc assez paradoxal qu’on perd beaucoup plus de clichés ou de films comme cela. En effet, l’éphémère fonctionne bien, et on se partage beaucoup plus de supports numériques « sur le coup ». Mais on met ça sur des réseaux sociaux, dans des mémoires de téléphones, sur des espaces de stockage distants ou des disques durs pour les plus aventureux (de la vieille école en réalité). Et donc tout ceci va forcément se perdre. On gardera plus de traces de nos supports papiers des années 80 qui passeront de garages en garages que nos photographies entièrement numériques qui ne survivront pas une mise à jour d’un système d’exploitation (et encore moins un hiver nucléaire ^^ ).

Je suis le seul dans ma famille à avoir des archives assez complètes en ligne et accessible de toutes mes photos, y compris ce que j’ai pu scanner des négatifs des années 30 à 60 de mon grand-père, des photographies papiers chez mes parents, et de tout ce que j’ai capturé sur mes téléphones ou appareils photos numériques de ces 25 dernières années. Je ne sais pas ce qui fait mon attachement ainsi à une mémoire collective qui n’aura pourtant aucun transmission à mon niveau, mais ça me satisfait moi, c’est déjà ça.

Dans les quelques bobines que j’ai pu récupérer, et que j’avais fait transposer en VHS au tout début des années 2000, il y avait ce bout de film que j’ai fini par capturer en numérique. Cela explique donc la pixellisation ultime et la résolution dégueulasse de ce machin. Depuis tout a été perdu ou jeté, en tout cas je n’ai plus d’autres traces que cela de ce film super 8. Je l’ai déjà publié plusieurs fois, il date de 1977, et se passe dans le jardin de ma grand-mère. C’est forcément ma maman qui filme, car mon frère vient vers elle tout de suite et lui tend quelque chose avec familiarité. On y voit mon père et mes oncles qui jouent aux boules dans une allée qui n’est pas encore pavée, et ma grand-mère et ma tante s’occupent de moi. Après c’est un gros plan de moi dans les bras de ma grand-mère (on doit être au printemps 77). Et enfin ma cousine Virginie qui fait la tronche avec mon frère Jérôme qui tente de la dérider pour la caméra.

Extrait d’une vidéo Super 8 de famille du printemps 1977

Iwak #25 – Scarecrow

De prime abord, je suis d’abord allé du côté de l’épouvantail, et ça m’avait fait revenir vers Matthew Shepard qui, lorsqu’il agonisait ensanglanté sur une barrière à l’orée d’un champ, avait été pris par un épouvantail par des témoins. Mais Monsieur Fraises l’a évoqué pour les mêmes raisons, et même si ce sujet me touche particulièrement, c’est vrai que j’ai déjà parlé et parlé de lui ici (et je continuerai). Malgré tout je remets ici la citation de la policière qui l’a retrouvé et que j’ai utilisé jadis pour le titre d’un article : « Le seul endroit où il n’y avait pas de sang sur son visage, c’était là où ses larmes avaient coulé. »

Mais donc basta les épouvantails, et plutôt que scarecrow : lovecrow !!! J’ai toujours eu un truc pour les corvidés : corbeaux, corneilles et pies. Les bestioles pourtant ne sont pas les plus aimées, et sont même associées à des trucs plutôt sombres ou diaboliques (coucou les Oiseaux). Lors d’un précédent IWAK, j’avais plutôt filé la métaphore du corbeau délateur, mais là je voudrais juste m’esbaudir quelque peu sur ces corvidae omniprésent dans notre environnement proche. Ils sont partout, et autant en ville que dans les campagnes.

Autant à Paris en plein territoire urbain comme autant de petits rats à ailes tout mignon. Parce qu’il faut reconnaître que ce plumage d’un noir… corbeau est splendide. Mais en plus, ils ont l’œil intelligent et sont peu farouches.

Et c’est la même en plein Bryce Canyon à 2700m d’altitude, avec ce vieux briscard attentif aux miettes des sandwichs des touristes.

Après ce ne sont pas des enfants de chœurs, et leur côté opportuniste et omnivore font qu’ils sont à la fois rat des villes, rat des champs et parfois même tueurs à gage de pauvres pigeons bobos. En 2009, j’avais assisté, depuis mon bureau, à une scène terrible ou deux corbeaux s’étaient ligués pour assassiner et bouloter un pauvre pigeon tout abandonné à son triste sort.

Il me semble qu’ils ont été bien réhabilités par Game of Thrones qui a fait des « ravens », des pigeons voyageurs un peu plus couillus et steampunkmédiévistes.

Il y a quelques années le cousin d’Alex avait même recueilli et élevé une corneille qui était parfaitement à l’aise en famille, comme un animal de compagnie. Les interactions possibles étaient très impressionnantes.

J’ai sans doute, comme notre Mylène nationale et son concert Nevermore, été influencé par Edgar Poe et son poème Le Corbeau qui en 1845 a publié ce texte magnifique et fascinant. Il narre sa rencontre avec un corbeau qui s’installe chez lui, et quand il lui adresse la parole celui-ci ne répond que par cette étrange locution : Never more, jamais plus. Le corbeau a beau encore être une peinture très sombre et inquiétante, ce texte le rend aussi très mystérieux, impénétrable et porteur de tous les possibles.

Iwak #24 – Expédition

Ça n’a pas l’air comme cela d’une « expédition », mais ça l’était vraiment pour moi. J’en parle aussi car cela fait tout juste vingt ans, c’était début octobre 2004, que j’ai passé une semaine tout seul à Mykonos. J’en avais parlé directement de là-bas, donc je ne vais pas tant m’étendre, mais je trouve tellement cool d’avoir aujourd’hui ce coup de rétroviseur dans ma vingtaine finissante.

C’était super exceptionnel pour moi dans le sens où c’était la première fois que je partais tout seul en vacances, et tout seul tout court, où que ce soit. Et je n’étais pas rassuré du tout de partir seul à l’étranger, mais j’avais besoin de ça. Ma rupture avec M. était enfin complètement consommée après trop de mini retours de flamme qui ne se réduisaient qu’à des soirées finissant par du cul (et plein de bisous). Là on était bien décidé tous les deux à passer à autre chose. Et ce séjour en octobre, aussi inhabituel pour moi mais lié à des contraintes de boulot (impossible d’en prendre l’été ou en septembre), était un voyage initiatique et une sorte de dépassement de soi. Mais j’étais surtout malheureux comme les pierres, et je voulais broyer du noir jusqu’à ne plus avoir de carburant.

J’y ai beaucoup écrit (plein de choses non publiées), mais surtout je me suis retrouvé juste seul avec moi-même, et finalement c’était assez fertile et épanouissant. J’avais mon appareil photo numérique à deux balles que j’adorais, à une époque où l’argentique était encore légion, et qui me permettait de prendre des milliers de photos sans me soucier des péloches ou du développement. C’était à l’époque où on voyait une curieuse convergence avec des vrais appareils photos numériques qui dérivaient de l’argentique et qui coutait un bras, et les fabricants de webcams qui lançaient des modèles qui ressemblaient en effet à des « webcams portatives ».

J’ai eu plusieurs de ces appareils de geek qui faisaient des photos absolument dégueulasses, mais qui aujourd’hui ont une saveur particulière, aussi pour leur aspects granuleux et ultra basse définition. Mon préféré, c’était mon Logitech qui m’a fourni des tas de photos sur les 5 premières années du blog. Il était minuscule, avec une capacité impressionnante et super discret ! Je trouve que c’est un segment de produit qui manque aujourd’hui avec les qualités actuelles de « webcam ».

Logitech Digital Cam

Alors que je comptais rester seul pendant une semaine. J’ai été rapidement accueilli par un tout jeune chat, qui s’est révélée chatte, qui a miaulé à ma fenêtre en arrivant dans ma chambre.

C’était ma toute première fois en Grèce, et je n’imaginais pas que l’île était, comme beaucoup de ses sœurs des Cyclades, très bien achalandée en félins de tout poil. Cette petite rouquine, qui ressemble beaucoup à Arya, m’a tenu compagnie pendant la semaine. Bien sûr, elle cherchait pitance, mais aussi des tas de câlins, et elle restait dormir ou faire la sieste avec moi entre deux promenades.

J’ai passé des heures et des heures à marcher sur ce caillou pas très intéressant, et j’ai plutôt fui les endroits « habités », et donc malgré quelques furtives rencontres, je n’ai pas du tout joué la carte du lieu gay par excellence. J’ai capahuté en écoutant Philip Glass avec mon petit « mp3 player » (c’était une clef USB sur laquelle il fallait charger les fichiers depuis un PC, et qui se rechargeait aussi comme cela) qui a été un super compagnon à ce moment là.

La veille de mon départ, la petite chatounette avait disparu, et elle n’avait pas dormi avec moi, ce qui m’avait un peu attristé, car je n’avais pas pu lui dire aurevoir. Alors que j’allais choper mon bus pour repartir avec ma valoche, dans l’allée qui permettait de sortir de la résidence, elle se tenait sur le muret. Et comme à son habitude, elle se mit à miauler comme une dingue à mon passage. J’étais content, j’ai pu lui dire aurevoir.

C’est aussi il y a vingt ans dans un post qui parle de ces vacances, que j’ai publié cette vidéo qui est devenue un peu ma marque de fabrique pendant quelques années (pour ceux qui me connaissaient évidemment ^^ ) : mannah mannah. Je ne résiste pas à vous le repartager vingt ans après pour une nouvelle empreinte mémorielle itérative (un truc qui vous rentre dans la tête quoi), et pour les nouveaux qui découvriraient on ne sait jamais.

Iwak #23 – Rouille (Rust)

J’ai déjà évoqué une certaine appétence à la rouille depuis la petite enfance et les lits en métal pour la sieste en maternelle. Mais en plus de jouer avec des poules ou des boulets de charbon chez mon grand-père, j’ai évoqué une vision plus rose chez ma grand-mère, mais c’était en oubliant l’arrière de sa maison où on adorait jouer près des cuves à mazout rouillées. Vous me reconnaissez peut-être sur cette photo, où je suis avec mon frangin et mes deux cousines, près des fameuses cuves dont l’odeur nous prenait un peu la tête, mais qu’on aimait bien.

Mein gott, entre les merdes de poule, la peinture au plomb qui s’écaillait, le mazout qui fuyait de cuves rouillées, on est absolument tout sourire, et j’adore que quelqu’un (sans doute ma môman) a jugé bon de nous immortaliser ainsi, dans ce décor idyllique. Mouahahahah. Mais bon c’était aussi ça l’insouciance de cette époque, et pour moi ce sont des souvenirs géniaux. Je n’avais aucune conscience de ce mode de vie très prolo et d’une simplicité déconcertante. Mais c’est vrai qu’on laissait facilement les gamins à s’amuser un peu comme bon leur semblait tant qu’ils fichaient le camp dehors.

Je me souviens aussi que je ne comprenais pas pourquoi tout le monde n’utilisait pas Frameto !!! Il y avait la pub mille fois par jour, et j’étais fasciné par celle avec le plongeur qui date de 1986 (comme quoi mes souvenirs sont potables, j’avais 10 ans). Je trouvais génial ce truc qui permettait de transformer la rouille en métal, et après tu veux vivre dans l’eau sans rouiller. Fabuleux ! Donc j’arrêtais pas de promouvoir ça auprès de ma grand-mère et mes parents, mais tout le monde souriait poliment, et m’ignorait. Apparemment la publicité n’avait pas le même effet sur eux. Mais je trouvais ça fou car cette panacée aurait pu prolonger l’existence de cette pauvre cuve à mazout souffreteuse et phtisique.

Après, je n’avais pas pour autant tenté de convertir mes parents à Ovomaltine (j’ai dix s’condes pour vous dire) ou Juvamine (Juvabien ?), donc peut-être que le moustachu made in 1986 a aussi eu un impact sur mon assuétude à Frameto. ^^

J’aimais aussi beaucoup la pub Ricoré (on était des consommateurs) et la chanson que tout le monde connaissait sur l’Ami Ricoré (chantée par Corinne Hermès en 1982, vous le saviez ?). Donc je ne résiste pas à vous partager le nouvel Ami Ricoré… du Nord. ^^

Iwak #22 – Camp

J’ai souri en voyant hier chez Estèf son anticipation grave du mot du jour1, alors que moi tout de suite je pense : GAY KITSCH CAMP2 ! Et le « camp », j’en ai entendu parler la première fois quand j’étais à Newcastle pour mes études en 1996. Je me souviens bien avoir vu cette expression (j’avais vu ça sur un flyer ou un petit livret au Tyneside Cinéma) et avoir eu du mal à la comprendre, et obtenir une explication de Brian à ce sujet3.

Le vocable fait aussi parti de notre langue, et il en a peut-être l’origine :

Le camp, terme anglais probablement tiré du français « se camper » (« prendre la pose »), est utilisé par les historiens de l’art et les critiques culturels pour décrire à la fois un style, une forme d’expression. L’esthétique camp joue sur l’exagération, le grotesque, la provocation et l’ironie et émerge comme une forme de sensibilité importante dans la culture des années 1960. Le style camp est aussi décrit comme un regard propre à la sous-culture gay masculine, et queer en général.

Page wikipédia pour Camp (style)

Et il se trouve qu’hier un de mes vidéastes préférés des Internets : *Very* Nasty Stories, aka Max, a sorti une superbe vidéo à propos du Camp et du Polari. C’est un créateur génial selon moi qui publie des vidéos très intéressantes, fouillées et documentées sur les films d’exploitation (de la série B, de l’horreur, du cul, des petits budgets mais aussi des trucs arty tout à fait cultes et au ton ou à la liberté totale) et leurs lectures queer plus ou moins crypto. Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet, et vraiment il excelle à vulgariser et donner des tas de codes sur ces sous-cultures.

Je vous laisse le découvrir dans la vidéo suivante sur ce passionnant sujet donc !

Et en plus, il est super mignon pour ne rien gâcher. La vidéo d’origine est bien sûr visible sur son post chez IG.

Le Polari c’est donc une sorte de Lingua Franca ou de Pidgin : Le polari (de l’italien : parlare, aussi orthographié palarie, palare ou parlary) est un argot ou un sociolecte parlé en Angleterre par des populations diverses généralement en marge de la société : hommes et femmes de spectacle, marins, homosexuels, etc. Et donc cela permettait d’échanger à mots codés et de se repérer. On retrouve finalement des stratégies différentes mais similaires aujourd’hui lorsqu’on détecte des signes plus ou moins subtils chez nos coreligionnaires (un pantalon aussi moule-burnes c’est pas un hétéro ça ma fille !!).

Ce qui est étonnant et qu’on pourrait aussi nous appliquer aujourd’hui, c’est que le Polari a été révélé au grand public lors d’une émission de la BBC dans les années 60 avec le grand succès de Round the Horne qui présentait un duo cryptopédale : Julian et Sandy (interprétés par Kenneth Williams et Hugh Paddick qui jouaient les folles hurlantes « camp »). Et dès lors que les expressions sont devenues « mainstream » (et que l’homosexualité a été dépénalisée), la langue est largement tombée en désuétude. Si vous voulez jeter un coup d’œil, voilà un dictionnaire. ^^

Cela me rappelle un peu la vague « Drag Queen » qui a commencé avec RuPaul Drag Race en 2009, je touitais tout seul à ce propos à l’époque, et je me moquais du recyclage du « Sachez Chanter » du tube de RuPaul de 1993 Supermodel (You Better Work)4.

A cette époque, et jusqu’en 2014 (la saison 6 a vraiment changé la donne), on était vraiment quelques furieuses à connaître et suivre les saisons. Et quand on croisait des congénères converties, on pouvait en parler et on était clairement incompréhensible pour les non-initiés. Après, la saison 6 et Bianca del Rio, à peu près tous les gays ont commencé à regarder en masse, et c’est presque devenu un langage queer commun, en plus de la réémergence des créatures dans les bars gays (car le tout premier mouvement date bien du milieu des années 90, on avait eu le groupe « Sister Queen » en 1995 avec le tube « Let me be a Drag Queen »).

Mais depuis 2022, on a une arrivée en France de manière très populaire, car à la télévision, et ça change tout. Les drags et tout le vocabulaire qui va avec ne sont plus l’apanage de quelques-uns (ce qui n’enlève rien bien sûr au bienfondé du mouvement ou de la tendance). Cela retire juste le côté crypto et signe de ralliement, même s’il est tout de même aujourd’hui le signe d’une personne alliée, et ce n’est pas rien.

Bon j’ai bien divergé, mais retenez que le compte de Max est à suivre avec des tas d’anecdotes très peu connues (de moi) et vraiment passionnantes !!

  1. « Camp à venir. Quel mot terrible. » chez Estèf. ↩︎
  2. C’est une maison d’édition créée par Patrick Cardon en 1987. ↩︎
  3. Il m’avait déjà expliqué l’expression « friend of Dorothy » pour dire pédé, en référence à Judy Garland. ↩︎
  4. Enfin pour moi, ça a toujours été ça depuis les années 90, donc un truc en français. Mais je suis en train de voir dans les paroles officielles que c’est bien « sashay shantay » donc je suis circonspect maintenant. ^^ ↩︎