Il est assez récent mais je suis très très fan de mon rhinocéros, œuvre de Chris Evans, qu’on voit en figure de proue, sur laquelle j’avais flashé. Formellement je la trouvais superbe déjà, et vraiment son style et son procédé de création me plaisent beaucoup, mais l’histoire derrière l’animal et sa représentation avait fini de me conquérir.
A l’origine, en 1974, c’est ce rhinocéros là qui est conçu par deux artistes de Boston, Daniel Thaxton et Bernie Toale, en représentation du mouvement LGBT (et sans doute plus gay qu’autre chose à cette époque).
Un rhinocéros lavande, mais pourquoi vous demandez-vous ?
« it is a much maligned and misunderstood animal » and that it was lavender because that is a mix of pink and blue, making it a symbolic merger of the feminine and masculine. [« C’est un animal très décrié et incompris » et qu’il s’agissait de lavande car c’est un mélange de rose et de bleu, ce qui en fait une fusion symbolique du féminin et du masculin.]
Voilà le genre de supports promotionnels qui ont alors été créés pour être diffusés notamment dans le métro de Boston pour promouvoir la Pride de 1974 de juin.
Mais voilà qu’au mois de mai, la régie publicitaire du métro annonce à l’association (Gay Media Action) que dans l’impossibilité de déterminer l’éligibilité de la publicité pour un tarif « institutionnel », on allait finalement passer de $2 à 7$ par impression. C’était impossible d’augmenter comme cela le budget, donc la pub n’a jamais été diffusée, mais la polémique a produit quelques articles de presse.
Et comme un bon effet Barbara Streisand, ce fut un déluge de rhinocéros lavande à la Pride de Boston de 1974 (t-shirts, pins, pancartes), dont une représentation grandeur nature en papier mâché sur un magnifique char ! Et depuis c’est un symbole (américain donc) important des mouvements LGBT.
Les mines du Roi Salomon, c’est le film hollywoodien par excellence. Il date de 1950 et figure Deborah Kerr et Stewart Granger dans l’adaptation du roman éponyme de 1885. Il y avait déjà eu des versions muettes, et on aura une version nanard des années 80 parfaitement dispensable, mais celui de 1950 est un de mes films cultes d’enfance.
On est complètement dans la veine des histoires d’exploration de terres reculées et parfaitement incognita, où les trésors les plus dingues ont eu la réputation de s’y trouver. Là c’est la version africaine, avec le fameux roi Salomon qui y aurait accumulé de fabuleuses richesses. J’avais adoré ça gamin, et ça reste un film que je trouve hyper efficace dans sa réalisation, son action et, assez rare pour l’époque, qui a bénéficié d’un tournage sur place (dans différents pays d’Afrique qui étaient encore des colonies) très impressionnant. Que ce soit les paysages, les animaux ou les tribus, il y a tout un tas de passages très beaux.
En revanche, nous sommes en 1950, et c’est l’archétype du film colonialiste, raciste et malgré tout typique de tous les films d’action d’aujourd’hui. Car que ce soit un film de cette époque ou de SF récent, on peut y voir des schémas très similaires. Et donc les héros blancs civilisés viennent apporter l’émancipation aux pauvres populations locales, à la fois veules et sans opiniâtreté, sagacité ni combativité. Bien sûr, on montre aujourd’hui des choses un peu plus nuancées, mais en réalité le fond reste assez proche de ça. Exemple avec Les mystérieuses cités d’Ordont j’ai récemment parlé, malgré le rôle essentiel des seconds couteaux c’est Esteban qui est le fils du soleil et qui va sauver tout le monde par son courage et son inventivité.
En dépit de tout cela, le film donne la part belle au principal rôle féminin du fait que Deborah Kerr est clairement la méga star hollywoodienne (même si Stewart Granger et ses tempes grisonnantes est un séducteur réputé). Et donc même si le film est bien misogyne comme il faut, elle tient malgré tout la dragée haute et apparaît dans toutes les scènes. Il y a aussi un parti pris moral avec un Alan Quatermain qui est contre la tuerie gratuite des animaux de la Savane, ou bien qui est clairement proche et avec une certaine considération des autochtones. Evidemment on a toujours un paternalisme terrible, mais c’est à noter.
Le film commence donc avec Deborah Kerr qui débarque avec son frère pour requérir les services d’Allan Quatermain, le plus célèbre pisteur et chasseur d’Afrique (un truc comme ça). Son mari, Henry Curtis, a disparu lors de ses explorations pour trouver les fameuses mines, et elle veut partir à sa poursuite. Allan débarque dans le village, et on a l’occasion de voir quelques images d’un village.
La première rencontre avec Deborah Kerr est géniale, elle est hyper guindée et bourgeoise, quand il entend qu’elle veut partir à l’aventure, il refuse d’emmener une femme. Mais elle réussit à le persuader.
Ils démarrent l’aventure, mais elle a gardé son corset et ses apparats de grande dame ce que l’aventurier trouve ridicule et énervant. Le bras droit de Quatermain est un africain, Khiva, dont on peut percevoir une certaine amitié et considération entre les deux hommes mais si c’est bien le « patron ». Il a tout de même plusieurs lignes de dialogue.
En revanche, j’adore car comme dans tous les films d’aventures, de Tarzan (celui de 1932 avec Johnny Weissmuller) jusqu’aux films des années 80/90, les noirs sont à la fois lâches (ils se barrent tous par peur des autres tribus) et souvent ignorants du terrain (les blancs guident), et alors là carrément : c’est Allan Quatermain qui parle toutes les langues africaines et qui fait toute la parlotte avec les chefs tribaux pendant tout le film. Hu hu hu. C’est tellement ridicule aujourd’hui. Mais à peu près du même ordre que Sun dans LOST (2004) qui est une milliardaire coréenne mais qui passe son temps à jardiner des plantes médicinales en amont de la plage. Je sais que ce n’est pas exactement du même ordre, mais il me semble qu’on peut facilement filer la métaphore.
Après on le passage connu du film où Deborah Kerr s’émancipe de sa condition de femme bourgeoise en arrachant son corset, et en décidant de se couper elle-même les cheveux !! Mais le lendemain, après un grand bain, c’est un magnifique brushing made in LA. Et j’adore la scène où Stewart Granger lui fait « mais qu’avez-vous fait à vos cheveux » dans un brouhaha monstre. Et elle lui fait le geste d’explication qui m’a toujours fait l’effet d’un « Mais qu’est-ce que tu crois gros con, qu’ils sont tombés tout seul pendant la nuit ? ». Et par accident (évidemment), elle lui tombe dans les bras. Tout le film est ponctué de ces scènes accidentelles où ils se retrouvent sensuellement intriqués. ^^
Après quelques mésaventures, ils rencontrent Umbopa, un personnage mystérieux et à l’allure très impressionnante !!
Après c’est de plus en plus compliqué, ils ont plein d’emmerdes, et tout le monde se barre, ou se fait tuer par tribus peu clémentes. Et à mesure qu’ils progressent vers les territoires inconnus, ils prennent des risques. Ils ne sont plus qu’avec Umbopa en réalité, qui, très pratique, s’est muté en un impressionnant boy porteur de sacs.
Ils arrivent à destination pour découvrir des partisans d’Umbopa, et ce dernier est en réalité un prétendant au trône local qui a été spolié par son oncle (Scar1).
Bon après c’est encore la cata, mais il se retrouve avec un gars qui parle d’Henry Curtis. Là c’est ma super scène culte, et je la fais super bien en montrant le visage de mon chéri et en lui disant « Curtis, Curtis… ». Cherchez pas, c’est très « private joke ». ^^
Mais le gars en profite pour les amener dans les mines du Roi Salomon, et pour les enfermer avec le trésor jusqu’à leurs morts. Ils y découvrent le cadavre d’Henry, ce qui confirme à Deborah Kerr qu’elle est libérée de tout engagement, et peut enfin filer le parfait amour avec Allan.
Après, comme d’habitude, ils trouvent un chemin consistant à péter un mur de grotte vers une rivière souterraine qui débouche sur l’extérieur. Et là ils débarquent au village en plein guerre civile et combat singulier entre Umbopa et son tonton.
Evidemment ça se finit bien pour eux, Umbopa devient le roi, et les deux stars continuent leurs jeux de tension sexuelle à couper au couteau. Mais surtout depuis qu’il est roi, le gars est vachement plus intéressant et une relation à chouchouter. Donc voilà qu’on lui parle bien, qu’on se sert la pince, qu’on se fait des coucous, et qu’on repart avec des diams et des boys pour porter nos affaires !!! A bientôôôôôt Umbopa, on revient avec des militaires bientôt pour coloniser ton pays de sauvages !! Merciiiiiii !
Bon, je fais mon rigolo. Mais c’est un bon film de cette époque, et vraiment vraiment mieux que les deux avec Richard Chamberlain et Sharon Stone de 1985 et 1986. Il faut bien sûr le regarder avec la bonne distance, et le contexte d’époque aussi moisi soit-il.
C’est encore une vue du cirque de Mafate depuis le Maïdo à la Réunion, car c’est ce qui m’est tout de suite venu en pensant au mot « crête ». Cela m’a fasciné de faire quelques randonnées en passant presque sur ces étroits chemins qui sont juste sur le fil de la montagne, avec des pentes des deux côtés. Mais la métaphore m’intéressait plus sur le coup. ^^
Et je pense aussi à ces blogueurs qui, nativement, viscéralement, sont arrivés sur le fil, et ont parcouru un chemin de crête qui ne pouvait être qu’éphémère. Briller très fort mais peu de temps, car l’un ne va pas sans l’autre. C’est aussi d’ailleurs en cela que je reconnais ma propre médiocrité1, condition sine qua non à une certaine longévité.
Je pense à des Mennuie, Paumé, Bradshaw ou plus récemment Gauthier et Quentin, qui se racontaient entiers et écorchés, et qui par définition ne pouvaient pas continuer à se promener sur la crête les yeux bandés indéfiniment. Cela a permis pendant quelques temps de nourrir le flot fertile et renouvelé de ces histoires et anecdotes qui passionnent les foules (parce que c’est passionné, c’est du cul et c’est une bonne dose de dopamine et sérotonine dans des Internets sous Prozac).
Mais j’ai mes propres petits plaisirs non coupables, ceux qui n’ont pas forcément fait l’unanimité ou qui ne sont légion que dans mes favoris et flux de syndication, et lorsqu’ils s’éteignent je suis seul à pleurer leur disparition dans mon coin. Surtout que souvent, ça se résume à un arrêt des publications, et que je réalise leur disparition au hasard de mes errements sur la toile, ou en revisitant des anciens articles.
Mawy ou son bédéblog Koudavbine2 en font clairement partie. J’ai adoré la lire toutes ces années, mais ça fait deux ans qu’elle ne publie plus, et les dernières fois c’était en partie pour fournir les explications. Ça sent le sapin !!! Mais j’adore son blog car c’est l’antithèse du truc web d’aujourd’hui. Elle dessine à la main et elle publie les scans, c’est une goudou reloue et assumée qui tire à boulets rouges, et ça se barre dans tous les sens avec de la caricature, des anecdotes, de vrais brûlots queer et furieux plutôt bien sentis, et vachement d’humour et de dérision dans tout cela.
Je ne me suis jamais remis de ses Pokémons. ^^
Des chats bien sûr, tels qu’on les connaît bien ces suppôts de Satan !!
Mais en pleine pandémie, des adaptations nécessaires, jusqu’aux principes ACAB bien inspiré à partir d’un black bloc. ^^
Le poké Lunacup avec l’attaque « bois mes règles » si c’est pas de l’humour de Xena la guerrière ça !! ^^
(Ses chats s’appellent Greta et Perli.)
L’Ado qui évolue en Booer avec l’attaque « Ouin ouin », c’est collector. Et Nucléair en Croissansverte juste avec une fleur !!!! Mein gott. ^^
Rien à voir, mais tout à voir, je viens de réaliser que Tto s’est barré aussi !!! Il n’a rien dit et ça fait, si j’en crois l’archive de ses flux RSS, plus de 6 mois qu’il a tiré sa révérence. Nan mais tout fout l’camp j’vous jure !! Me voilà encore en deuil. 🙁
Qui veut juste littéralement dire « moyen », je ne me flagelle pas. Hu hu. ↩︎
Apprendre à conduire na jamais été dans mes priorités, et mes parents l’ont vite compris en m’obligeant à suivre la Conduite Accompagnée. Là je n’ai pas eu le choix, et pourtant j’avais clairement exprimé que je n’en avais pas envie. Mais ma mère a été radicale en mode non-négociable : t’habites en grande banlieue, tu passes ton permis !
Tout a été pénible et flippant pour moi dans ce processus. Le code, raté la première fois, et les heures de conduite : supplice d’Ixion1 par excellence. J’y allais la boule au ventre, je subissais ces soixante minutes infernales sous l’autorité du vieux proprio de l’auto-école qui était très sévère et parfaitement désagréable, mais c’était trop cool d’apprendre à conduire me disait tout le monde, et mes parents me payaient tout ça, c’était une chance. Youpi les Babous.
Ce moniteur décati, ma redoutable némésis à double-pédalier, me faisait mille reproches, ne comprenant pas mon ignorance des bases de la mécanique, ou que mon père ne m’ait pas déjà fait conduire avec lui, ou encore que je ne sache pas utiliser les pédales2 ou passer les vitesses alors que ce sont des réflexes instinctifs chez les hommes. Et il pilait en plein milieu d’une rue alors que je conduisais pour me gueuler dessus, ce qui me faisait peur, me disait que j’étais nul, qu’il me faudrait au moins trois ou quatre tentatives pour avoir mon permis.
Mais môman avait bien senti que j’étais pas dans mon assiette, et j’ai fini par cracher ma valda. J’avais été très surpris, car pour l’école, par exemple, même avec les pires psychopathes, il fallait s’adapter et manger son caca. Mais là ce n’était pas l’Education Nationale, là c’était mes parents qui payaient et une sacrée somme pour eux. Donc elle s’est déplacée pour expliquer que si l’on ne me trouvait pas un moniteur plus adéquat, elle refusait de payer la suite et elle me bougeait d’endroit. Je n’ai plus jamais revu le proprio que de loin. Ouf !
Et j’ai eu Marielle en monitrice, et c’était génial. Elle était douce, gentille et pédagogue. Je pense qu’elle était trop fille à pédé, et qu’elle m’a directement grillé en réalité. Tant mieux pour moi !! On a fait un virage à 180°, je suis allé à mes leçons le cœur léger, et on a beaucoup ri et échangé. Et j’ai réussi la conduite.
L’inspecteur a dit « Il faut vraiment que je sois un supporter de la conduite accompagnée pour vous la donner. C’est vraiment parce que vous allez conduire deux ans avec vos parents !! ». Bon ok, mais c’était une victoire !! Et ça s’est plutôt bien passé avec mes parents qui étaient vraiment très très chouettes avec moi, autant mon père que ma mère d’ailleurs. J’ai conduit 3000 km, et ça m’a bien aidé pour le vrai passage.
J’avais plutôt bien réussi mes études jusque là, et cet apprentissage de la conduite m’avait vraiment fait miroiter un échec cuisant. Mais finalement, c’était une leçon supplémentaire. Même sans grand talent (c’est vraiment pas mon point fort, hu hu) et motivation, mais avec de la gentillesse et de la pédagogie, je sais que je peux faire beaucoup de choses, même d’un niveau médiocre.
J’avais besoin surtout de prendre confiance. Mais dans l’absolu, c’est juste que la conduite pour moi c’est forcément tranquille et cool. Jusqu’à 110, ça va très bien, mais au-dessus, donc sur l’autoroute, j’ai vraiment peur des voitures et des embardées possibles. Cela ne se passe pas du tout quand je suis passager, mais en conducteur vraiment je n’aime pas ça. Vous imaginez mon trauma pour l’accident de l’été dernier…
30 ans plus tard, je suis au moins capable de conduire un véhicule à peu près partout (Paris ne m’a jamais posé de problème par exemple, y compris la fameuse place de l’Etoile), même si j’ai mes limites et ne serai jamais Fangio. D’ailleurs quand j’accélère un peu sur la route, le chérichou me lance tout de suite « Ooooh qu’est-ce qu’il t’arrive Gran Turismo ?! ». Voilà c’est mon surnom de conducteur, parfaitement idoine. ^^
PS: Vous noterez que je vous livre la photo de mon permis, comme quoi vraiment je vous donne tout sans aucune retenue. Hu hu hu.
Tiens mais cela fait longtemps qu’on a pas parlé de blog sur ce blog non ??? C’est marrant car depuis le début de ce phénomène de la toute fin des années 90 au début des années 2000, il est l’objet de son propre medium. Et vngt ans après, je continue à pas mal m’exprimer sur cela. Ce qui me plaît, ce qui fait que je continue, et sur cette mort annoncée qui telle une Diva revient pour une nouvelle tournée d’adieu tous les ans.
Force est de constater que la majorité des potes qui bloguaient et se sont convertis aux réseaux sociaux ne le regrettent pas, et trouvent même toute satisfaction à pouvoir s’exprimer et se relier avec ses proches, ou se renifler les fesses avec d’autres coreligionnaires qui passent par là. Mais quelques uns persistent. Je vois surtout les quelques communautés très endogames des plateformes bien installées qui perdurent malgré l’adversité : les blogspot/Blogger et les WordPress.com surtout. Après les dotcleariens s’accrochent aussi bien aux branches, et il y a toujours quelques irréductibles, et même des nouveaux, mais force est de constater qu’on est tous et toutes en danger critique d’extinction. Tiens je vais rajouter ça dans mon blog dans le pied de page. ^^
Récemment, j’ai fait mon coming-out de blogueur (une fois de plus), et on m’a dit avec un sourire en coin : « Ah oui genre comme un Skyblog ou un MySpace ? ». Et ça m’a bien plu de répondre « Oui oui assez proche de cela, un journal intime en ligne en somme. » La personne n’a pas su quoi répondre ensuite vu que c’était plutôt un pied de nez qui était censé me faire rire, pour lui expliquer ensuite vraiment ce que j’entendais par « blog ». Sérieusement. Hu hu hu. ^^
Un journal (intime ou pas) comme on pouvait le lire avant sur les Internets, ou bien un carnet, sans doute une plus jolie et idoine traduction du weblog. Mais passée la commisération sur le c’était mieux avant, c’est tout de même également vachement bien aujourd’hui. C’est fou, jamais je n’aurais cru avoir encore assez de feu sacré pour continuer comme cela à me répandre sur la toile, et surtout pas pendant vingt balais (purée !).
Mais donc continuons à écrire ces billevesées pulvérulentes et translucides qui s’éparpillent au gré des liens et des publications sur les réseaux et les arcanes du ouaibe.
Zurban – sept 2004Têtu – nov 2004Newsletter du Monde – nov 2005Netizen – mars 2006Sensitif – mai 2007
J’ai plutôt choisi de retenir le côté anglais cette fois, et pour moi le Grunge c’est avant tout un courant musical pile-poil de ma génération. Et son représentant le plus emblématique, et c’est peut-être une vue de l’esprit ou un truc très personnel, c’est le groupe Nirvana et le fameux album Nevermind de 1991. J’avais 15 ans.
Kurt Cobain s’est suicidé en en 1994. J’en avais donc 18, l’année de mon bac. On était en plein mania du chanteur, et encore largement sur cet album mythique. Et ce fut une émotion gigantesque dans le monde, et d’autant plus sur la jeunesse d’alors. Il fait partie de cet étonnant club des 27 (ans) qui est un âge funeste pour un nombre trop important d’artistes, je pense notamment à Amy Winehouse quand j’écris cela.
Ce que j’aime c’est que lorsque je réécoute l’album (je pense que tous les 3-4 ans, ça me revient par hasard ou bien délibérément), je suis immédiatement replongé dans ces années là. Je revis vraiment de drôles de sensations entre le souvenir de l’adolescence, et des frémissements de l’âge adulte. Et ces chansons n’étaient que des sérénades torturées et d’une noirceur qui correspondaient bien à l’air du temps.
Come as you are, as you were As I want you to be As a friend, as a friend, as an old enemy Take your time, hurry up The choice is yours, don’t be late Take a rest, as a friend, as an old memoria
Comment reconnaît-on des français en voyage à l’étranger ? D’abord avec des vêtements de la marque Quechua : chaussures, sacs à dos, polaire. C’est un vrai bon signe de ralliement gaulois ! Mais ces dernières années, Decathlon a bien essaimé en Europe, et ce n’est plus aussi fiable. En revanche, il reste vraiment un signe extérieur de francitude tout à fait manifeste depuis 1926 : un Guide Vert Michelin à la main !!
Je ne fais pas exception à la règle, car je reste très très attaché au fameux Guide Vert. J’ai beau en avoir essayé d’autres, j’y retourne toujours. Et à voir la surreprésentation de livres verts aux mains de nos compatriotes en vacances et en polaires Quechua, je ne suis pas le seul. ^^
Et moi qui suis le gars qui tire moins de cent euros par an de liquide (plutôt 50 d’ailleurs maintenant), qui paye surtout avec son mobile (maintenant la carte physique c’est une fois sur vingt ou trente) et qui n’a pas de badge d’impression au boulot, bah je ne me suis pas fait à des guides en ligne. C’est comme la bédé, et même encore plus, le guide se consomme en papier. Il a besoin d’être feuilleté, annoté, corné, on a besoin de passer de la carte au détail, de repérer les trois étoiles sur le parcours, de faire un crochet pour ce truc que souligné mais qui a l’air tout de même pas mal (hein bidoubouchou ??), de regarder la carte parce que Maps n’est pas à jour, de vérifier si le resto n’est pas trop un attrape-touriste, de chuchoter la description du retable rococo de la petite l’église trop cool hors des sentiers battus (sauf par d’autres porteurs de livres verts à la francité exacerbée et au pompes Quechua rutilantes), de lire dans la voiture à son chéri qui conduit le résumé de la région dans laquelle nous arrivons etc.
« Tu prends le guide ? »
« Tu as pris le guide ? »
« Purée, il est dans la voiture ! »
Ce fameux guide nous a d’ailleurs procuré une expression idiomatique très locale, à l’échelle de notre couple carrément : « faire une sarlate ». Je vous explique.
A l’été 2011, on avait décidé d’un chouette périple façon roadtrip mais dans le sud-ouest de la France, et en essayant de voir des « Grands sites de France« . On a vu plein de trucs géniaux malgré une météo pas très clémente. Je crois que c’est vers Rocamadour, qui nous avait déjà bien fait bifurquer de notre route, que je vois que la ville de Sarlat n’est pas très loin et que c’est trois étoiles dans le Guide Vert (!!!)1. Mais non c’est une heure de détour, ça fait planter tout l’itinéraire, c’était pas prévu, nanananananana.
Je dis « bon ok, tant pis ». Et oui, ok, peut-être que j’ai répété une petite centaine de fois par la suite que « C’était tout de même dommage de ne pas être passé à Sarlat parce que tout de même : y’avait trois étoiles !!! ». Depuis les occasions manquées de ce genre, et de tous les gens, sont des sarlates ! Quand il m’entend dire d’un air dépité « ok tant pis2« , il faut que j’assure que ce n’est pas une sarlate !! (Sinon on fait demi-tour sur l’autoroute en pleine nuit, et on ne prend plus l’avion qui était prévu !! ^^ )3
Dernière mise en application : pendant les dernières vacances, typiquement nos dialogues en voyage (je dis ce que je veux visiter, et c’est lui qui fait l’itinéraire, il est assez génial il arrive à caser 95% de mes desiderata4 ^^ ).
« Ah bon ? On ne peut pas passer voir la cathédrale de Worcester et celle de Gloucester en chemin vers celle d’Exeter ??? »
« Bah non, on n’a pas le temps, Exeter c’est tout ce qu’on peut faire avant le ferry !! »
« Ok, tant pis, mais elles ont l’air vraiment vraiment vraiment incroyables, c’est vraiment dommage. Tant pis. »
Logiquement c’est le sésame imparable. Car il peut être difficile à convaincre, mais il cède à la vue des trois étoiles du Guide Vert. ↩︎
Parce qu’il déteste ne pas me faire plaisir. ^^ ↩︎
Je refuse habilement d’ailleurs d’aller à Sarlat aujourd’hui car j’ai peur que ce soit décevant et me faire coincer, et lui insiste pour qu’on y aille juste pour pouvoir me dire que c’est pourri justement. ^^ ↩︎
Je n’aime pas trop me perdre complètement et errer dans un hasard total, mais à la manière des jeux vidéos où l’on découvre peu à peu une carte, j’aime bien aller à la découverte aléatoire des terra incognita1 de mon environnement proche. Donc cela consiste à toujours vouloir aller un peu plus loin, de voir ce qui se cache derrière ce promontoire ou cette colline, au bout de ce chemin de traverse, suivre le bord du ruisseau pendant 5 minutes avant de revenir sur mes pas. Et c’est comme ça que de manière tout à fait stochastique, j’ai découvert des petits trésors. J’aime beaucoup cette sérendipité des mes errances solitaires (ça n’est souvent pas possible en groupe).
Et depuis qu’on a déménagé à Nantes, je pratique de la même manière. C’est comme cela que je suis tombé sur ce petit étang nourri par la Chézine que j’aime beaucoup.
Et il y a des tas et des tas de petits trucs comme cela qui sont mon émerveillement à moi, et je l’admets, peu compréhensibles de mes contemporains. Hu huhu. Et comme en plus souvent je baptise ces lieux lorsqu’ils n’ont pas de nom, c’est vrai que ça peut donner des choses un peu curieuses.
Il y a une vraie sensation grisante, en même temps qu’une petite peur, à affronter ainsi l’inconnu, les sens aux aguets, et la conscience en contact direct avec son environnement. Sachant que dans 90% des situations, je me retrouve au bout d’un cul de sac, à visiter la décharge sauvage locale, agrippé par les ronces d’un chemin de forêt qui n’en était pas un, les pieds dans la boue ou une pompe engloutie dans la vase, ou en panique parce que je ne retrouve pas mon chemin. ^^
Et là ma conscience me dit : putain de merde, tu t’es encore planté en voulant jouer les aèdes explorateurs de mes couilles du bois joli espèce de gros con, on va te retrouver dans trois semaines bouffé par les renards et colonisé par les cordyceps2 !!!
Tiens, c’est une expression invariable apparemment. J’étais tenté par un terrae je sais pas quoi, mais non. ^^ ↩︎
Ce qui donne au moins l’espoir de revenir à la maison sous forme de zombie un de ces quatre. ↩︎
Bon bah voilà, aujourd’hui j’ai fait une randonnée vers Préfailles (à côté de Pornic, à 1h de Nantes) à la pointe de St Gildas. Eh bien il y avait plein de photos avec l’horizon. ^^ (Mais même pas la dernière. OSEF)
On avait vraiment parlé d’un avant et d’un après COVID, et force est de constater, même si je pensais que c’était du flan à l’époque, que certaines choses ont l’air en effet de s’inscrire dans la durée. Par exemple, certaines personnes, comme en Asie par exemple, mettent un masque quand elles sont malades, et plus souvent en mettent quand elles veulent éviter de se contaminer (notamment tous ces vieux qui s’accrochent à leurs retraites ^^ ). Cet altruisme asiatique (qui est aussi une gêne et un sentiment d’opprobre quand on ne met pas un masque après avoir toussoté ou éternué même pour une allergie) n’est pas chose commune, mais c’est vrai que je le remarque de temps en temps.
Une autre chose étonnante c’est qu’on a perdu de manière assez durable, j’ai l’impression, et je n’y croyais pas non plus, le fait de se faire la bise ou même de se serrer la main. C’était un truc assez fort au boulot pourtant, me concernant, et je vois bien que c’est clairement en voie de disparition. L’histoire de la bise avec les femmes, c’est plutôt pas mal car c’était franchement subi pour beaucoup de mes collègues. Mais je regrette le serrage de pinces, que je trouvais un truc assez sympa le matin en arrivant. Après ce n’est pas une mauvaise chose pour éviter en effet qu’on se refile des miasmes, et serrer la main doit être pire que se faire la bise.
Donc aujourd’hui, c’est anecdotique quand on se fait serrer la main, et c’est arrivé récemment pour des personnes que je rencontrais en réunion (genre un commercial qui voulait vendre sa came). Clairement on a tous regardé le gars comme s’il faisait un truc très étrange. En revanche, avec sa famille et ses amis, les bisous sont revenus, et ça c’est très cool. Parce que faut pas déconner, les bisous c’est chouette !! Enfin moi je suis très pour. ^^
Et puis l’autre truc, c’est le télétravail, le distanciel comme on dit maintenant ou le remote pour les plus franglais d’entre nous. C’est devenu le grand classique d’avoir 2 jours de télétravail par semaine pour la plupart des jobs de bureau. Et comme je suis un burolier1, j’ai ce même privilège. Et là, on est tous schizophrène avec ça. C’est super, on en veut plus, mais on se plaint aussi de ne plus voir ses collègues qu’en conférence téléphonique, de n’avoir aucun confort dans des bureaux en flex (sans place attitrée), pas assez de salles de réunion ou de « coworking ». On est mieux chez soi, mais pas toujours, on est mieux au boulot avec ses collègues, mais pas toujours. C’est pratique de pouvoir faire un brin de ménage ou garder ses mômes, ou se faire livrer des trucs, ou surveiller ses travaux, et donc ça empiète bien sur le taf, mais non pas du tout, on est plus concentré, on bosse mieux sans être dérangé toutes les trois secondes. Mais avec l’ultraconnectivité, on est de toute façon dérangé que ce soit au boulot ou à la maison.
Donc on dit juste tout et son contraire sur les vertus ou des défauts du télétravail ! Mais la constante c’est que c’est séduisant, même si c’est l’horreur quand on intègre une nouvelle boite, et que ce n’est pas parfait. Mais ça permet aussi à certains de réussir à bosser loin d’où on habite, et à d’autres de concilier aussi d’autres choses. Après je vois aussi que c’est super dur pour les stagiaires et alternants qui débarquent, et que l’on peut aussi bien dissimuler du taf non fait que trop de taf chez soi, mais ces notions sont tout aussi éloquentes sur le lieu de travail. Hu hu hu. ^^
Je crois que ça a juste permis de rajouter des tas de sujets de commisérations à des tas de gens (dont moi). Mais au moins, ça me fait des chouettes week-ends et vacances prolongés à Clohars, ça me permet de passer l’aspirateur entre deux réunions (youhouuuuu !), et de dormir un peu plus le matin (c’est toujours bon à prendre), j’aime bien aussi prendre un kawa avec mon mari dans la journée (et déjeuner ensemble) et faire comme si on était collègues, et les chatounettes adorent passer devant ma caméra ce que mes collègues attendent inexorablement maintenant quand on est en visioconférence. ^^
Référence au Père Noël est une ordure, vous l’aviez ? ↩︎