Iwak #11 – En-cas (Snacks)

En 1975, mes parents ont passé trois semaines de vacances en Bretagne, en plein mois d’août, pour la première fois de leur vie. Trois semaines à Pouldreuzic, dans le Finistère, la ville natale du célère manufacturier de pâté : Jean Hénaff. Trois semaines de flotte !! Mais genre non-stop !! Cela a développé en eux une haine assez viscérale de la Bretagne, et il ont alors juré de ne plus jamais y remettre les pieds.

Mais voilà, ce jeune couple de 25 ans, avec un enfant en bas-âge, devait bien occuper ses journées pluvieuses. Alors ils décidèrent de procréer de nouveau, pour tuer le temps, entre deux tartines de pâté, et le biberon du petit dernier. Et c’est ainsi que je naquis neuf mois plus tard à Pontoise dans le Val d’Oise. Et toute ma vie, je serai attiré par la Bretagne et les bretons !!! Hasard ? Bien sûr que non, c’était le destin, tel le saumon qui retourne au lieu de sa conception ! ^^

Mes parents ont une anecdote sur ces vacances que j’ai entendu mille fois. Il y avait dans le village un café tenu par deux vieilles bretonnes bigoudènes qui portaient la coiffe traditionnelle. Vous savez genre Tipiak-Pirates quoi ! Et mes parents demandèrent un jour s’ils pouvaient avoir des sandwichs pour aller se promener (entre deux averses).

– Des quoi ?? Des sanduiches ? Des sandouiches ? Sandouitches ? Kécésséça ?
– Vous savez du jambon et du beurre et deux tranches de pain ?
– Aaaaaah, vous voulez des casse-croûtes ?? Bien sûr qu’on peut vous faire des casse-croûtes.

Et apparemment, ces casse-croûtes étaient vraiment fameux, tant d’ailleurs qu’ils en parlent encore.

On parle tout le temps de sandwichs, et je me rappelle qu’en effet le mot « casse-croûte » était beaucoup plus commun et usité quand j’étais gamin. Et j’adore ce mot composé, je le trouve super beau et drôle, et tout en relief avec son petit accent argotique.

Je milite dorénavant pour le retour du casse-croûte !!!

Iwak #10 – Nomade (Nomadic)

Mon premier nomade moderne, littéralement, c’était Gustav1 ! Je l’ai découvert il y a une dizaine d’années avec un blog qui s’appelait justement The Modern Nomad. Ce qui avait commencé par une geekerie de plus, m’avait fait débarquer sur son site où il explicitait avec moult détails son existence et sa subsistance de nomade d’aujourd’hui (d’hier plutôt). Tout cela est encore en ligne et donc largement consultable, même si ça commence à prendre sérieusement la poussière.

Ses expériences m’avaient vraiment impressionné, et je l’avais suivi avec intérêt et attention. Mais je dois reconnaître que j’avais vite remarqué qu’il était gay, et terriblement sexy et kinky, et OUI ça m’avait convaincu de le suivre d’un peu plus près. OUI OUI OUI, guilty as charged!!! Il est aujourd’hui un peu plus sédentaire mais a toujours, j’ai l’impression, cette chouette philosophie d’une vie de globe-trotter avec des amis dans le monde entier, et des pans de vie qui passent d’un continent à un autre.

Je le suis principalement sur Instagram où ses jolies tenues en cuir affriolantes sont un plaisir non dissimulé pour les yeux. Et au-delà de mes remarques de pervers cacochyme, c’est vraiment un mec très sympa et adorable. ^^

Mais il y a quelques années, c’est un autre nomade que j’ai commencé à suivre. A la base c’était juste un type écossais sur son vélo qui traversait l’Europe. Classique périple d’un mec qui veut voyager au rythme de ses coups de pédales, un peu détaché des commodités du monde, en solitaire, et baguenaudant au fil de ses rencontres inopinées. Mais voilà qu’il rencontre Nala entre la Bosnie et le Monténégro, et depuis c’est Dean et Nala !

Leur rencontre était donc vraiment touchante, et j’ai suivi ensuite le périple avec ce petit bout de félin qui s’est très bien fait à la situation. C’est tout mignon de voir à quel point elle est devenu un compagnon essentiel pour ce grand bonhomme. Il s’est mis à faire des efforts et adapter tout son mode de vie pour elle, et pour lui faciliter les choses. Evidemment c’est devenu un succès de réseaux sociaux puis médiatique, et sur son site on peut acheter des produits dérivés et tout pour payer les croquettes et le véto. ^^

Dean et Nala continuent leurs aventures nomades en vélo à travers le monde. Voilà vous avez le droit de verser votre larmichette devant cette belle anecdote, alors qu’on se fait chier au taf toute notre vie. ^^

  1. Il est suédois de naissance, et à chaque fois que je voyais son nom je ne pouvais que développer des images mentales de Krisprolls (Gustav !!!!). Je reconnais. ^^ ↩︎

Iwak #9 – Soleil (Sun)

Quand Pachamama prend le soleil dans ses bras, s’ouvre la Cité d’Or de Tseila !

Les Mystérieuses Cités d’Or ont véritablement forgé en moi une vraie fascination pour les civilisations précolombiennes, et si on ajoute le côté Indiana Jones des mécanismes en pierre et solaires de ouf, ou le côté geek antique de Tao et ses racines de l’Empire de Mu, ou encore Zia et la lecture des quipus, on a vraiment tout ce qu’il faut pour faire un dessin animé génialissime (qui n’a presque pas pris une ride).

Et ce moment là, alors qu’on a déjà eu un bateau dingue avec un panneau solaire qui active des centaines de rames, avec ce rai de soleil qui touche la déesse, et lorsque les médaillons sont posé sur sa poitrine, on voit alors les portes s’ouvrir !!! Ouuuuuuuuh, je me rappelle comme si c’était aujourd’hui à quel point on était totalement ému par tout ça. Et un épisode plus tard, c’est carrément au tour du Grand Condor de faire son envol.

Et tout ça, grâce au soleil, grâce à Inti, et grâce à Esteban : le fil du Soleil.

Je vous dis pas comment je vais être dingue le jour où je vais à Machu Picchu, ou Palenque, Chichén Itzá, Tulum ou Uxmal !!!

Dites-vous qu’il y a des fans qui ont même conjecturé l’emplacement des lieux (fictifs mais en effet inspirés par l’archéologie) cités dans le dessin animé, et tenté de reconstitué l’immense voyage des protagonistes. ^^

Iwak #8 – Marche (Hike)

Je ne sais pas si c’est un truc qui vient avec l’âge, parce que j’ai à peu près toujours aimé marcher (depuis l’adolescence en tout cas), mais clairement c’est devenu un truc essentiel aujourd’hui. Que ce soit en Bretagne sur les chemins douaniers, ou dans la ville dans laquelle j’habite, ou bien celle où je suis de passage, marcher seul avec de la musique dans les oreilles est un plaisir autant qu’une sorte de méditation qui me fait un bien fou.

Il m’arrivait à Paris de sortir même la nuit, en pleine nuit, juste pour marcher et pour laisser mes pensées errer comme bien leur semblait. C’était souvent un soir où je n’avais pas envie de dormir, et Paris a toujours été un endroit génial pour sortir marcher à 3h du matin en semaine. On y découvre un monde de la nuit fantastique et apaisant, tout en croisant des tas de gens dans la rue vaquant à leurs occupations nyctalopes.

Je rentre aussi régulièrement à pied du boulot, juste pour prendre ce temps là, et pas à pas, progresser dans la ville, reconnaître les lieux, les rues, les immeubles. Regarder vers mes pieds, ou vers le ciel, et refaire cent fois le même chemin, tout en en découvrant de nouveaux angles ou des secrets cachés. Parfois je change complètement d’itinéraire, je cherche à me perdre, et si j’ai le temps, je pousse dans de nouvelles rues, de nouvelles images…

C’est marrant car j »ai récemment évoqué la manière dont au collège on « refaisait le monde entre misfits« . Le principe c’était de marcher, il fallait être en mouvement pour éviter d’être une cible de harcèlement bien sûr, on se cachait dans la foule, mais c’était aussi, je m’en rends compte parfaitement aujourd’hui, une vraie démarche socratique1. On marchait et on parlait, on réfléchissait, on échangeait, on se questionnait et on se répondait.

Des vrais petits péripatéticiens, littéralement, en germination, en marche.

Bon après il y a aussi les marches qui permettent de voir des trucs cool en vacances, mais ça c’est trop facile.

  1. En toute humilité. ^^ ↩︎

Iwak #7 – Passeport

Rhalàlàlàlà, le passeport mais c’est le voyage bien sûr ! Et les voyages ce sont les paysages et les panoramas pour moi. Alors il y en a des incroyables très près de moi, ne serait-ce que dans ma Bretagne chérie, mais ceux que j’ai découverts en utilisant mon passeport, ils m’ont parfois marqué à jamais de leur grandeur, leur beauté et leur singularité.

J’adore faire des panoramas qui rendent selon moi le plus possible la grandeur incroyable de certains points de vue, et qui enveloppent de par leurs proportions inhumaines, à taille de géants donc, et si impropres à la publication en ligne. Donc on en montre finalement peu, alors qu’ils sont dingues et témoignent de la beauté des choses qui nous entourent.

J’ai commencé par le Chili avec ce voyage (de noces) qui nous a procuré tant de jolis souvenirs, avec notamment ce paysage montagneux extraordinaire de Torres del Paine dans le sud, en Patagonie chilienne. On est là aussi proche du détroit de Magellan, et des pingouins, des confins verglacés même en plein été, et des glaciers dont on peut voir des blocs géants bleu pétant se détacher avec fracas, comme le Serrano.

Tout au nord, aux antipodes, nous avions été émerveillés par Atacama et la Valle de la Luna, où on peut voir de ses yeux ce genre de choses.

Mais aussi encore plus loin et plus haut, à plus de 5000 mètres d’altitude, les lacs andins perdus parmi les volcans et les guanacos. Comme ce laguna Miscanti et sa végétation éparse, écrasé par le soleil et l’altitude qui sied seul aux condors qu’on voit d’un bout à l’autre de la Cordillère.

Bon, et l’Île de Pâques évidemment, c’est largement resté dans ma mémoire comme un des plus beaux endroits sur terre. Tellement loin de tout, et nimbé de mystères avec ses moaïs extraordinaires et ses paysages volcaniques érodés. Et cet endroit fabuleux qu’on penserait créé de toute pièce tant il est empreint d’une étrange spiritualité : le volcan Rano Raraku d’où sont excavés tous les moaïs (on en découvre plus d’un milliers sur la petite île).

Face au volcan, l’Ahu Tongariki se déploie avec toutes ses statues immenses et imposantes, tournées vers l’intérieur de l’île. Je suis resté de longues minutes à les regarder (et zéro touriste, c’est assez ouf) à plusieurs reprises (mon chéri en avait un peu ras le bol de mes manières ^^ ).

Mes paysages préférés, et que j’ai eu la chance et un privilège fou de voir déjà plusieurs fois, sont dans le sud ouest des USA. Ce sont les fameux parcs nationaux qui font la réputation de l’endroit, mais il faut voir ça de ses propres yeux pour se rendre compte de leurs beautés. Et c’est sans doute le Grand Canyon qui m’a le plus épaté par sa taille incommensurable, impossible à embrasser entièrement du regard. Ses couleurs changent tout le temps, selon la météo, la saison ou l’endroit précis où on se trouve. C’est une merveille parmi les merveilles. Du coup, je vous en mets 3. Hu hu hu.

Et bien sûr, il y a Monument Valley de ses décors de Westerns. On peut penser que c’est surfait ou que c’est un truc à touristes (ça l’est), mais c’est d’une telle beauté époustouflante. Quand on pense qu’on peut photographier un truc pareil sans aucun talent !

Et je dois aussi vous monter un bout de Bryce Canyon avec ses hoodoos qui s’érodent en un paysage magnifique de rouges et d’orangés.

Arches est aussi un de nos parcs préférés, avec sa Delicate Arch dont la visite se mérite après quelques heures de marche. Elle apparaît toute petite de loin, mais c’est un géant de près !

Bon et puis je vous mets un bonus pour lequel il ne faut même de passeport pour y aller, je ne suis pas à une contradiction près. Hu hu hu. Car à la Réunion, j’ai vraiment vu des trucs incroyables !!! Et le cirque de Mafate depuis le Maïdo en fait indéniablement partie…

Iwak #6 – Randonnée (Trek)

Plutôt qu’un trek en montagne, pourquoi pas une randonnée dans les étoiles ? Star Trek ? ^^ Et pour cela, je suis obligé de me remémorer ce moment culte, où on nous présente une race extraterrestre parfaitement indolente qui va se montrer très agressive par la suite. Mouahahahahahah.

On est au tout début de la série, et clairement les moyens n’étaient pas incroyables, donc on est allé chercher le toutou local et on lui a collé un petit costume avec une monocorne et des antennes de coléoptères !! C’est tellement convaincant ! Il faut dire que Star Trek c’est parfois des décors dignes d’un Bioman des années 80, à grands renforts de polystyrène et de contreplaqué.

Mais ça n’empêche que c’est une série géniale, et d’une inventivité folle, qui va marquer des générations entières. Elle a développé des histoires et des scénarios de SF qui ont inspiré jusqu’au « Space Opera » d’aujourd’hui.

Iwak #5 – Jumelles (Binoculars)

Évidemment, il y avait les comics qui me donnaient des tas d’envie de pouvoirs de mutants de l’école du Pr Xavier, mais mon tout premier héros que j’enviais et admirais, c’était clairement Steve Austin : l’homme qui valait trois milliards1. Déjà le mec, joué par Lee Majors, était canon de ouf, mais surtout il avait eu un accident mortel, et on lui avait réparé son corps avec des membres bioniques incroyables. Et son augmentation la plus dingue que j’adorais : son œil bionique !!!

Avec cet œil incroyable, il était grandement aidé dans ses missions parce qu’il pouvait voir à des distances incroyables à l’œil nu, et donc sans jamais recourir à l’usage de jumelles. Il se concentrait et hop, toudoudou toudoudou toudoudou, il voyait à des kilomètres !! Quelques années plus tard, son homologue féminin, Super Jaimie, aura une oreille bionique qui lui permet d’écouter d’aussi loin, mais ça m’a toujours paru moins cool que cette vision en mode téléobjectif 1200 mm.

J’ai toujours eu envie de ce super gadget, et encore aujourd’hui quand je suis à essayer de regarder un truc au loin dans un paysage, j’ai dans le creux de ma mémoire un petit toudoudou toudoudou toudoudou et je m’imagine zoomer comme ça. Hu hu hu.

  1. Et comment 6 millions de dollars sont devenus trois milliards ? Est-ce que c’était en anciens francs ? Rhaaa ça ne m’étonnerait pas que ce soit une bêtise comme ça. ^^ ↩︎

Iwak #4 – Exotique (Exotic)

CHARME EXOTIQUE met-il dans sa petite annonce du magazine Gaipied de 1981 ce garçon, sans doute mauricien (c’est ce que donne le googlage ^^ ), de 29 ans qui doit avoir quelques piges supplémentaires aujourd’hui. C’est marrant d’ailleurs de constater que la plupart mettent comme cela sans problème leur adresse et leur vrai nom, mais évidemment c’était le seul moyen de l’époque pour entrer en contact : le contact épistolaire ! Comme cela paraît délicieusement suranné et une vraie bouteille à la mer, mais j’ai des témoignages, ça fonctionnait !!

Et on voit donc que le charme exotique cherche un charme européen. On peut tant lire dans cette petite annonce, et notamment de la recherche d’un mec un peu plus âge et « viril ». Ok, on te voit venir charme exotique !! Aujourd’hui, on pourrait conspuer ce genre de choses, en parlant d’exotisation internalisée pour ce pauvre garçon. Et je ne dis pas que c’est faux, je pense juste que c’est une notion complexe et subtile.

Elle est en effet parfaitement existante, visible, et bien dégueulasse dans notre environnement actuel. On peut voir à quel point les personnes racisées sont traitées sur les RSA1, et cela va justement d’une exotisation, parfois véritable fétichisme, à du rejet purement raciste. Et les deux réalités sont parfaitement dégueulasses. Mais parfois aussi, le truc est plutôt bien vécu. C’est ce qui rend la chose si ambivalente.

Je vois très bien des personnes de mon entourage par exemple qui sont blanches et ont un attrait parfaitement assumé pour les personnes noires ou magrébines. Pourtant ils sont justement militants et très versés par ce même attrait dans la lutte contre les discriminations, mais il n’en reste pas moins que la surreprésentation ne laisse pas mystère à leur goût. De même, j’ai rencontré beaucoup de personnes noires ou asiatiques qui ne sortent qu’avec des blancs, mais genre exclusivement. Avec un proche qui m’a un jour dit « Oh là là, j’aurais l’impression de sortir avec mon frère, pas possible ! ». Tout cela reste de l’exotisation, mais ça passe.

Bon tout cela ne justifie en rien les exactions de fétichisme néocolonial à la con bien évidemment. Et c’est super triste que certains tombent 3 fois sur 4 sur ce genre de rencontres, ce qu’on ne mesure pas quand on est un petit gaulois de base comme moi. D’ailleurs, comme vous le savez je suis loin d’être le petit gaulois auquel je ressemble.

Je me rappelle tout de même avoir eu un plan cul inattendu via Caramail, ça devait être entre 99 et 2001. Pour l’unique fois de ma vie, j’ai été fétichisé et exotisé à mort par un mec très beau et très con. C’est en discutant sur nos origines qu’il a commencé à tripé tout seul sur mon nom de famille, second prénom, origines banlieusardes et qu’il me posait plein de questions débiles. Genre si je portais des joggings, si je parlais comme une caillera, si je parlais arabe et plein d’autres remarques complètement ineptes (pour moi en tout cas). Je répondais à tout par la négative, et cela ne faisait que plus l’émoustiller. On a fini par se rencontrer un soir très tard (dans ces années là, il fallait habiter le 11ème, on était tous à moins de 10 minutes à pieds ^^ ), et malgré toutes mes dénégations, ce fut un plan cul comme il le voulait. Et même non circoncis, apparemment j’avais quand même « une bonne bite d’arabe ». Mouahahahaha. Il était vraiment dans sa tête le mec. Mais je suis faible, et comme il était canon, bah j’ai joué le jeu.

J’ai honte, un peu. ^^

Cela me rappelle aussi cet ami des Internets qui s’appellait « Oli(vier) ». Et un pote de pote bourré qui a une vrai fascination pour les « reubeus » avait entendu « Ali ». Eh bien, ça lui avait suffisamment chauffé les sens pour qu’il lui saute dessus. Mais comme l’autre était parfaitement consentant, pas mort d’homme.

  1. RSA = Réseaux Sociaux de l’Amour, donc les sites et apps de rencontres (de cul). ↩︎

Iwak #3 – Bottes (Boots)

Souvent les figures adultes sont un peu effrayantes pour les enfants. Il y a tout de suite un côté sérieux, austère, rigoureux, à la limite de la méchanceté induite. Et puis il y a des exceptions, à commencer par sa maman souvent, et pour moi ma grand-mère bien sûr dont j’ai tant parlé, mais d’une autre manière plus subtile il y a aussi ma tante L.

Ce n’est pas tant qu’elle était gentille ou avec une approche habile des enfants, c’est jusque qu’elle était elle-même une gamine, même si pleinement adulte. Ma tante jouait réellement avec nous à tous les jeux qu’on voulait, et elle ne simulait absolument pas. Et c’est bien ce qui résume ce qu’elle était (et demeure sans doute aujourd’hui) : une enfant. Alors évidemment en termes psychiatriques, il y aurait d’autres qualifications. Dans la vie courante, on la dirait « un peu fofolle », quand on la connaît bien on peut aller jusqu’à « complètement barrée », et ça n’a forcément pas été évident de la fréquenter en tant que sœur, maman, épouse ou employée, mais cahin-caha elle a réussi à mener sa vie jusqu’à aujourd’hui.

Pour moi, ce sont des souvenirs très émus et tendres de gamins, avec cette femme qui construisait des cabanes avec nous, ou qui nous invitait à squatter chez elle quand on était adolescent. Il n’y avait juste aucune barrière chez L. Elle n’était que positive et optimiste, totalement superficielle et éthérée avec une passion pour la danse et l’expression de ses émotions les plus à fleur de peau. Et surtout mais qu’est-ce qu’on a ri ensemble, qu’est-ce qu’on a déconné en pleine et parfaite inconscience.

Elle avait ce côté complètement déconnecté de la réalité qui la rendait certes sympathique, mais évidemment avait des conséquences beaucoup plus néfastes sur ses enfants (oubliés bébés sur une plage ou dans la neige en hiver…) ou les côtés pratiques de la vie. Elle devait donc être sans cesse accompagnée et recadrée, ce qui a posé de gros soucis par la suite. Mes autres tantes me disaient qu’elle avait toujours été comme ça, et que c’était un mécanisme qui lui avait permis de s’échapper de certaines périodes très tristes et violentes de leur enfance. Mais L. était restée comme ça. A jamais la jeune fille rêveuse qui attendait son prince charmant…

Tous les matins, on passait en voiture devant chez eux avec ma maman, lorsqu’elle nous accompagnait à l’école. On jetait toujours un coup d’œil sur leur maison, et leur jardin qui était un gigantesque capharnaüm avec des herbes hautes et des gerbes d’orties de deux mètres de haut.

Un matin, on se rappelle encore régulièrement ce souvenir en famille, on passe donc devant chez eux, et c’était une matinée d’été et l’air était doux, le soleil dardait de ses premiers rayons. Et voilà qu’on aperçoit pendant trois secondes L. en majesté dans son jardin. Elle avait un peignoir rose terriblement froufrouteux et était toute enrubannée. Au milieu des mauvaises herbes, qui avaient remporté la bataille depuis des années, elle avait le regard dans le vide et contemplait son domaine royal l’air satisfaite.

Pour compléter sa tenue, elle portait en sus une paire de moon boots blanche, de bons vieux après-skis pour marcher dans la poudreuse, et cela paraissait être au moins des pantoufles de vair. C’est une image qui nous est restée, et qui est encore indélébile dans ma mémoire.

Elle est en maison de retraite aujourd’hui, et je n’ai pas eu de nouvelles directes depuis plus de 25 ans, mais je pense qu’elle est toujours aussi drôle et impériale. Elle en a eu de la chance, et des soutiens, pour survivre pendant toutes ces années dans cet univers parallèle. Mais heureusement que c’est possible !

Iwak #2 – Découvrir (Discover)

Quelque personne née dans les années 70 aura sans doute deviné où je veux en venir, à la simple découverte de cette image de proue qui fleure bon les années 80 (celles de 1900, je précise). Mais ça a commencé dans ces mêmes années 80 (celles de 1900, toujours pour la bonne mesure) avec un dictionnaire Larousse des années 60 (celui de ma grand-mère qui avait été transmis à ma maman).

D’abord ça a servi à bêtement vérifier des définitions pour l’école, mais rapidement comme une source intarissable capable d’étancher toutes les curiosités. Et c’est devenu une habitude, encore plus courante lorsque ma maman a acheté l’encyclopédie de France Loisirs1, de simplement prendre des pages au hasard, et de lire juste pour le plaisir de la découverte : la sérendipité des savoirs. De manière assez incroyable c’est devenu aujourd’hui des pertes de temps inimaginables sur Wikipédia à entrer dans des vortex de connaissance illimitée et follement grisante. Et puis parfois le hasard fait bien les choses.

Mais entre ces deux passions « je lis le dico », il y a eu les « Il était une fois ». Je crois que c’est un des trucs qui a le plus marqué tout un chacun de ma génération. Tout le monde sait qui est « Maestro », et on a appris sur l’histoire, les civilisations, le corps humain, l’espace ou les grandes découvertes avec ces séries incroyables et sans doute terriblement désuètes. On ne peut pas dire que c’était des scénarios incroyables, ni une galerie de personnages très renouvelées avec les Pierre, Pierrot et Pierrette, le Maestro Captain Carverne version barbe blanche qui explique tout, et les deux méchants qui grognent dans le coin de l’écran.

Mais qu’est-ce que j’en ai découvert des trucs super avec eux !! On regardait beaucoup là télé quand j’étais enfant, peut-être plus que certains parents bien intentionnés le refusent à leur progéniture aujourd’hui, mais ça ne rend pas forcément idiot quand on a l’esprit qui s’en nourrit à bon escient. En tout cas, pour moi, c’était une vraie stimulation de la curiosité, et je prends le succès de toutes ces chaînes Youtube actuelles de vulgarisation diverses et variées avec le même espoir pour les générations actuelles. Rien n’est parfait, à aucune époque.

Mais je subodore que le plaisir de la découverte est intact, et traverse les ans, les ères et les générations avec une certaine constance. Le mien en tout cas ne s’émousse pas trop avec l’âge, et ça reste une de mes raisons de vivre.

  1. Si ça ne fleure pas les années 80, ça aussi. ^^ ↩︎