Vraiment ça m’a beaucoup plu d’écrire encore pendant 31 jours tous les jours avec des thèmes imposés. Alors comme j’ai fait 2020, 2021 mais pas 2022, bah je rattrape. On est en novembre 2023 ? Ah bah ouai, j’m’en fous. Et en plus, je ne vais même pas me contraindre à écrire tous les jours. Et ça s’appellera toujours « Inktober ». Ranafout’ !! ^^
Voilà les thèmes de 2022 en anglais.
Et la traduction proposée en français, que je vais suivre quand je n’aurais pas décidé de prendre l’anglais, ou une acception un peu différente. (laule)
Il s’agit bien du mot anglais « Fire » donc on parle plutôt du feu au sens(XIIe siècle) Du moyen français feu, de l’ancien français fou (IXe siècle), fu, foc, du bas latin feu, du latin fŏcus (« foyer, feu, âtre »), qui a supplanté le latin classique ignis à l’époque impériale. Mais là, ça m’a plutôt fait penser à l’autre définition qui est d’une tout autre étymologie : du latin populaire fatutus, qui a accompli son destin, du latin classique fatum, destin. C’est donc plutôt l’adjectif feu qui signifie « qui est décédé récemment ».
Matthew Perry est en effet mort il y a trois jours, et ça a secoué pas mal de monde, à la hauteur en tout cas de l’importance qu’a été la série Friends dans la vie de beaucoup de gens (toute proportion gardée bien sûr, ce n’est qu’une série TV). Et contre toute attente, alors que je suis à 100% dans la cible qui aurait dû voir et être accroc à Friends (1994-2004), jeune adulte que j’étais au démarrage, bah je n’avais pas vu un seul épisode avant l’été dernier.
Mais l’été breton 2023 ayant été passablement médiocre, j’ai beaucoup regardé la télévision (mais de toute façon, je passe beaucoup de temps à mater des séries, c’est une réalité terrible et je ne veux même pas savoir combien d’heures cela représente dans ma vie). Et je me suis dit, tiens presque trente ans plus tard, est-ce que c’est regardable ?
J’ai eu la sensation d’une série qui a dû être considérée à un moment comme un chouïa ringarde, puis vieillotte, puis rétro, puis carrément vintage. Mais force est de constater que j’ai vraiment beaucoup aimé, et que j’ai pris beaucoup de plaisir à la découvrir, même autant de temps après. Et c’est surtout que pour l’époque, je me suis bien rendu compte à quel point il s’agissait d’un format très novateur (même si ça reste une sitcom) et surtout d’une écriture géniale, et encore parfaitement actuelle. J’ai été à la fois choqué par une certaine misogynie et terrible grossophobie ou transphobie, mais aussi agréablement surpris par l’équilibre dans les rôles et les histoires des uns et des autres, et carrément épaté par certains discours hyper nouveaux comme l’évocation de l’homosexualité, et une vraie attaque très avant-gardiste des standards de la masculinité toxique.
Mais surtout j’ai ri et vraiment de bon cœur (la plupart des blagues font encore mouche, et l’écriture est vraiment travaillée à la manière de répliques de bon stand-up), et j’ai été ému à maintes reprises et, même trente ans après, j’ai accroché à ces 6 personnages. L’harmonie et l’équilibre dans leurs histoires, et puis la proximité avec des personnalités proches de ma génération sont sans doute pour beaucoup à cette identification et cette cristallisation.
Après ces dix saisons bingées en 8 semaines je crois, j’ai enchaîné directement sur l’émission qui les réunissait 17 ans plus tard (après le clap de fin de la série). C’était évidemment assez choquant, surtout de voir l’effet de la chirurgie chez deux des héroïnes, et ce visage fatigué et abîmé de Chandler. Car son personnage était attachant, autant que les autres dans le fond, et il avait ce truc de toujours s’en sortir avec de l’humour et avec une pirouette, ce qui lui donnait souvent les répliques les plus sarcastiques et ironiques (très new-yorkaises et « françaises », mais finalement peu américaines, en plus de les voir fumer avec un grand plaisir dans les premières saisons), et carrément fendardes.
Mais donc c’était le mec drôle, le pote qui te fait rire avant tout, mais qui cache aussi ses traumas derrière son humour à toute épreuve. Et le jeu était subtil derrière Chandler Bing, où tout de même on joue sur sa potentielle homo/bi/pan/sexualité pendant dix ans. Et de savoir qu’il était en réalité, l’homme derrière l’acteur derrière le personnage, en détresse de puis très longtemps sur bien des sujets est d’autant plus triste, et une certaine ironie du sort.
Donc ça m’a fait bizarre cette mort prématurée, surtout que pour moi la série vient tout juste de se terminer. Elle est encore tout fraîche dans ma mémoire pour une première découverte. Clairement la série ne revêt pas pour moi de la même dévotion que certains de ma génération peuvent nourrir à son égard, mais ça m’a fait un petit truc.
J’ai commencé à bosser en 1997, c’était à un moment assez charnière je crois car pendant quelques semaines, je n’ai pas eu un PC à moi. A l’époque, on se partageait encore ce genre de matériels, mais très rapidement (vraiment de l’ordre de quelques semaines) j’ai eu mon ordinateur juste pour moi. Et le plus fou, c’est qu’on avait des emails qui étaient également partagés, car c’était le début des emails en entreprise, souvent c’était par service ou département. Donc le monde marchait AVANT les Internets !!! Et je me rappelle que deux mois après mon arrivée, hop, tout le monde avait internet sur son poste et un email à son propre nom. C’était carrément précurseur, et j’ai dû attendre des années avant d’avoir la plupart de mes proches avec un accès à un email pro ou perso.
On arrivait à bosser, principalement parce que les communications papiers et le courrier étaient encore de mise, et qu’on fonctionnait donc sur un rythme tout autre. Et encore, tout s’était grandement accéléré avec la généralisation des fax, et on aurait bien du mal à s’en passer même dix ans plus tard. Mais même avec des fax, on avait une latence dans les communications qui donnait une cadence sans commune mesure avec la manière dont on travaille aujourd’hui.
Je me rappelle que tout était excessivement anticipé sur des semaines et des mois, en comptant les allers-retours par courrier ou fax, les réunions pour lesquelles il fallait se déplacer et organiser ces déplacements, des conférences téléphoniques balbutiantes où on se rassemblait autour d’un téléphone avec haut-parleur qui crachotait. Tout cela faisait que l’on attendait de personne qu’il ne réagisse au quart de tour, car ce n’était simplement pas le « rythme de la vie professionnelle ».
Nous sommes arrivés dans une ère de l’opposé complet mais genre à 180°. On est aujourd’hui connecté les uns aux autres, et on reçoit des demandes qu’il faut satisfaire dans les quelques minutes, voire moins. Cela demande aussi une certaine anticipation, mais en réalité c’est juste un engrenage infernal, et une constante attention à ces messages instantanés qui ne laissent plus un répit, il n’y a plus de latence, il n’y a plus de rythme, il n’y a qu’un flot ininterrompu nécessitant une attention continue.
Et cette nécessité est contrebalancée par des technologies qui, ironie du sort, nous habituent de plus en plus à ne plus savoir nous concentrer plus de trois minutes sur un sujet. La consultation des sites web, et le clic de liens en liens, ou l’appui d’app en app, nous a reconditionné pour ne plus nous permettre de focaliser notre attention, puisqu’elle n’est qu’en attente de la prochaine quantité granulaire d’information à consommer, avant le prochain clic.
Et c’est la même chose pour les contenus qui donc sont de plus en plus concis et simplifié, c’est un cycle sans fin qui à la fois se nourrit et génère ce zapping inconsidéré, débilitant et menant à l’entropie de toutes nos existences. (Oui carrément. ^^ ) Et il y a en plus ce phénomène de polarisation des contenus, que j’ai maintes fois évoqué mais qui vraiment m’interpelle énormément. Il est le corollaire de cette accélération de nos vies « communicantes », car pour faire réagir, pour marquer et pour susciter un contact, un avis, une note, un renvoi, il faut agir sur les sentiments, et sur les instincts générant les stimuli les plus efficaces pour faire bouger ce pouce sur cet écran.
Et donc on est dans cette culture de l’immédiateté et du « clash », dans l’information qui génère du sentiment, positif ou négatif, et surtout ultra-positif ou ultra-négatif, celui qui est le plus rémunérateur à l’échelle des régies publicitaires, qui ont clairement accompagné la mutation de nos comportements récents. Encore tout à l’heure, je l’ai constaté dans l’émission « Les informés » de France Info, où deux journalistes exposaient une vision très intéressante, posée et dépassionnée, du conflit israélo-palestinien actuel. Et donc le présentateur a cru bon de faire intervenir un réalisateur de film et producteur de comédies musicales pour donner son opinion très haute en couleur et passionnelle sur le sujet. Inutile de dire qu’il était dès lors impossible de débattre et de confronter des idées, mais évidemment l’atmosphère était beaucoup plus tendue, et je suppose que ça permet à plus d’auditeurs de ne pas décrocher, car ils attendent des réponses autant polarisées et vecteur d’autres émotions. Bref le degré 0 de la réflexion est érigé en standard d’éditorialisation de la vie politique sur le service public.
Ces tensions terribles s’expriment aussi couramment maintenant sur les réseaux sociaux, et ce qui est dingue c’est que nous sommes les acteurs très directs de ces affreuses pratiques violentes et anémiantes. Je suis surpris d’ailleurs qu’on colle à des médias (ie Twitter) des pratiques ou des ambiances, et qu’on pense qu’on pourra trouver une herbe plus verte ailleurs (ie Mastodon ou Bluesky). Comme j’en parlais précédemment, on trouvait à l’époque des blogs les mêmes oppositions, et les mêmes tensions très véhémentes qui n’étaient que le début de ce que nous vivons pleinement aujourd’hui.
Il se passera la même chose sur les autres réseaux sociaux s’ils sont motivés par la pub, l’audience ou ouverts à tout le monde. Et si c’est plus calme aujourd’hui, c’est soit par rapport à une barrière technologique, et donc discriminante, à l’entrée, ou l’attrait d’une nouveauté encore seulement prisée par quelques nerds et geeks.
Bref, on est pressé. Et l’article en question prouve par sa longueur indigeste mon envie renouvelée de lutter, à mon niveau, et à ma manière, pour des Internets plus posés, réfléchis et chiants, mais libérés et émancipateurs à leur tour. ^^
Vous allez trouver que je radote car j »ai déjà parlé de Kyoto pendant ce défi : que ce soit pour parler d’une goutte de pluie parfaite ou simplement dans l’évocation de cartes, mais il y a eu aussi ce jour fantastique que j’avais évoqué dans le défi de l’été du 1jour1Kif. Mais c’est vrai que j’y suis allé pour la première fois en 2005, et puis de nouveau en 2018, et incroyablement aussi en 2019. A chaque fois c’était pour le boulot, et j’ai profité d’être là pour prendre quelques jours pour moi, et j’ai tellement aimé ma première fois que j’ai voulu refaire Kyoto malgré tout une seconde puis une troisième fois (une quatrième avec mon chérichou serait tout à fait désirée). Pour cette dernière fois, en juillet 2019, c’était vraiment une période de vache maigre pour le blog, et je n’ai même pas parlé du voyage, ce qui me paraît fou aujourd’hui.
Mais voilà ce qui brille pour moi de mille feux, ce qui m’a à chaque fois terriblement impressionné par sa flamboyance, et à la fois sa quiétude et sa distinction, c’est le Kinkaku-ji de Kyoto, le Pavillon d’Or. Et même si je l’ai donc visité la dernière fois, en juillet 2019 sous la pluie, il m’a encore fait un effet vraiment ouf. Malgré les dorures le truc est tout sauf blingbling car il est entouré de verdure, et possède des lignes pures et simples. Malgré le fait que ce soit un haut lieu du tourisme kyotoïte, c’est très calme et silencieux, et on peut en profiter allègrement et paisiblement. Le bonheur quoi.
Puisque nous sommes ici, je vais en profiter pour vous montrer les endroits que j’aime à Kyoto. ^^
Je vous passe la boutique Ghibli, mais vous imaginez que je n’ai pas fait que m’y arrêter. Hu hu hu.
Le petit parc Maruyama était bien sympathique et reposant, tout simple et déjà fou en comparaison des parcs et jardins de chez nous.
Depuis le centre-ville et ses quartiers anciens, on aperçoit la pagode du Hokan-Ji et c’est l’occasion de photos sympas qui mêlent plusieurs époques, Japon médiéval et d’aujourd’hui.
Le Ryōan-ji est le temple et jardin zen « sec » par excellence, où les cailloux savamment disposés remplace les jardins paysagers. Le spectacle est fascinant car on comprend vraiment que cette litière géante ( ^^ ) est un repos de l’âme absolu, en même temps qu’un assemblage tout sauf aléatoire et avec des explications très précises des métaphores ainsi reproduites.
La jolie pagode du Ninna-ji sous la pluie fut l’occasion d’une chouette déambulation complètement seul, un peu perdu, mais un bon moment pour passer d’un lieu « plus intense » à l’autre (mes émotions sont à fleur de peau ici).
Le Ginkaku-ji ou Pavillon d’argent, surtout notable pour ses jardins dingues !! Je pourrais y passer des heures, on est dans un décor totalement compatible avec Miyazaki et ses visions de la nature. Pourtant chaque brin d’herbe est très précisément là où il doit être, et chaque butte de mousse est coupée au millimètres, mais tout apparaît comme un peu sauvage et diablement harmonieux.
Un petit détail du Honen-in, un endroit sans prétention mais dont l’atmosphère m’a beaucoup plu.
Petit jardin intérieur sans prétention du Eikan-do, qui est en réalité sublime et bluffant.
Dans le Hojo du Nanzen-ji, j’était littéralement tout seul car ça ne doit pas être dans la dizaine de temples recommandés dans les guides, et donc dès qu’on sort des sentiers battus, on a accès à des endroits géniaux et déserts (comme partout hein). C’est encore un superbe exemple de jardin zen, mais je trouve encore plus beau et impressionnant que le Ryōan-ji.
Le temple du Kodai-ji est un immense sanctuaire avec cette première cour totalement minérale et minutieusement ratissée avec quelques cônes en points d’orgue dessinant un paysage de montagne abstrait fascinant. On passe d’un point à l’autre avec des passages surélevés en bois qui présente des plus petits temples ou pagodes avec des décors intérieurs tout aussi splendides.
Dans les Les bambous géants d’Arashiyama… Tigre et Dragon ne sont pas loin évidemment. ^^
Les jardins du Tenryu-ji sont superbes, et valent vraiment le coup d’œil.
Le Jojakko-ji et sa belle pagode qui se mérite car il faut monter what mille marches dans la montagne et la forêt. Mais résultat, il n’y a vraiment qu’une poignée de touriste qui l’ose. Hu hu hu.
Le Adashino Nenbutsu-ji et ses 8 000 pierres représentant Bouddha. Super impressionnant bien sûr, mais ce qui est étonnant c’est que l’aspect antédiluvien des temples peut être assez trompeur, car en réalité ce sont fréquemment des sanctuaires qui peuvent dater de pas si longtemps que cela, celui-ci par exemple a été créé en 1903.
Le Otagi Nenbutsu-ji et des 1 200 « rakan » (disciples de Bouddha), c’est quelque-chose !!! Mon préféré c’est celui qui sourit au ciel en plein centre de la première photo. Et celui-ci a été fondé en 766, malgré ce rakan au walkman qui est un don de SONY des années 1980, ce qui montre l’activité de ces temples, et l’importance « corporate » qu’ils revêtent pour les grandes sociétés nippones (les « zaibatsu » notamment).
Le coin est au bord de la rivière Katsura en plein parc d’Arashiyama, et c’est aussi un lieu pour randonner et rencontre faune et flore locale.
Enfin, vraiment pas au même endroit, mais un incontournable de Kyoto c’est le Fushimi Inari Taisha, le sanctuaire aux milliers de torii et de renards messagers. Les torii sont financés par des particuliers ou des entreprises, et ils sont marqués des noms de leurs donateurs qui espèrent ainsi s’attirer chance et prospérité, ces sortes d’ex-voto en somme.
Et puis après c’était Tokyo, certes moins bucolique mais tout aussi passionnant !
Voilà mon tribute à la Tokyo Tower, mon image de cette ville depuis gamin grâce à Spectroman, X-Or, Bioman mais aussi Sailor Moon et consorts.
Le Tokyo d’aujourd’hui où j’ai bossé quelques jours.
Et la pure image d’Épinal de Tokyo avec la foule toujours dense à Shibuya, et les fameuses traversées de centaines de gens sur des immenses passages piétons.
Et enfin, une des dernières images de ce voyage qui m’a beaucoup fait sourire en repartant du Japon et de Tokyo : un petit garçon fan de Gundam qui essaie d’imiter son idole !
Je refuse depuis longtemps les débats sur les Internets, et j’ai l’impression d’avoir connu ça déjà à petite échelle à l’époque de l’émergence de la blogosphère mondiale, il y a une vingtaine d’années. Lorsque les blogs ont vraiment éclos et sont devenus incontournables pour porter une certaine parole médiatique (celle des gens « en ligne », peu de gens mais influents et dotés de certains privilèges dans la société), on a vu s’opposer des extrêmes déjà à l’époque. Et déjà là, on avait des « clashs » et des paroles obscènes qui jouaient de la polarisation des opinions.
Ces éditorialistes ou « pundits » comme on disait alors dans le monde anglosaxon, qui était celui du monde des blogs de l’époque, portaient alors leurs discours critiques de la politique et des sociétés du début des années 2000. Et comme aujourd’hui, on ne savait pas exactement d’où ils venaient ou leur pedigree, des fascistes cachaient leur jeu sous couvert de rhétorique habile ou de culture, et des fake news émaillaient déjà la toile. Bien sûr, les médias traditionnels ignoraient encore tout cela, et l’impact sur la population générale était tellement faible, que tout est largement passé inaperçu. Et pourtant, je vous assure qu’il y en a eu des drames, et des gens qui suivaient des gens d’extrême-droite, contre des gens qui suivaient des gens d’extrême-gauche, et des discours « ultra », et qui n’ont cessé de s’écorcher et se dresser les uns contre les autres.
Déjà à l’époque, il fallait faire de l’audience, de la « page vue » et du commentaire, pour marquer son importance et son pouvoir. C’est un truc qui m’a toujours déplu, même si je n’ai jamais été le dernier à vouloir faire ma prostipute pour attirer le chaland. ^^
Je regardais de loin tous ces gens s’écharper sur des sujets importants et souvent très politiques, avec déjà en 2005 un Maître Eolas1 qui avait une aura assez dingue et une audience surprenante (mais à la hauteur de son esprit, je pense). Je me disais, en 2005 (avec deux ans de blogging au compteur donc), que dans ma petite pédéblogosphère parisienne, j’étais loin de tout cela et bien tranquille, mais évidemment la contagion a été complète et la pandémie a fini par nous rattraper. Il a suffit d’un sujet polémique et tout s’est enflammé. En l’occurrence, nous étions en plein mouvement de « relapse2 » et de « bareback » avec un rebond étonnant des écrits de Guillaume Dustan (et Érik Rémès, mais il faut avouer que l’auteur est beaucoup moins doué que le précédent) qui avaient été publiés quelques années auparavant.
Un pédéblogueur, dont je garde un souvenir plein de tendresse et de considération, avait témoigné de ses propres pratiques, pas pour les promouvoir, mais simplement pour témoigner, s’exprimer, et sortir du discours d’auto-flagellation et surtout des conseils hypocrites et béni-oui-oui que personne ne suivait (sucer avec capote notamment, qui était dans les diktats sans doute raisonnables scientifiquement à l’époque, mais dont on préférait ne pas parler vraiment pas car personne3 ne l’appliquait). S’en était suivi un déluge de commentaires, d’insultes et de harcèlement en tout genre, mais vraiment des trucs d’une violence inouïe pour l’époque. Evidemment ce n’est rien avec ce qui se passe aujourd’hui sur les réseaux sociaux, mais il y avait eu des menaces, de l’outing, des nuisances réelles et un bashing systématique de la part de gens très bien-pensants et qui rougiraient sans doute aujourd’hui si on pouvait leur rappeler leurs actes.
J’avais mis quelques jours à poster quelque chose, car j’étais d’abord resté mutique, et ne voulant vraiment pas attiser les choses. Mais à un moment, je ne pouvais pas ne pas m’exprimer moi aussi à ce sujet. C’était trop injuste !4 J’ai donc publié cet article Hue Dada ! (jeu de mot évident sur le barebacking), et cela m’a valu mon lot de commentaires, mais aussi d’injures, d’emails peu amènes et de dénonciations sur la place publique, mais beaucoup moins violent que pour Freaky.
Je n’ai pas eu souvent à m’exprimer ainsi, c’est arrivé une poignée de fois (notamment contre la follophobie ou la « bonne image » à la Pride), mais c’était toujours pour affirmer certaines luttes ou postures qui comptaient vraiment beaucoup pour moi. Ces sujets continuent d’ailleurs à émailler notre communauté en ligne quand on voit la polarisation des opinions à propos de la PrEP aujourd’hui ou du mariage du tous il y a quelques années.
En revanche, j’ai vraiment complètement lâché l’affaire sur les réseaux sociaux, il n’est pas question de nourrir les trolls ou de se battre contre des hordes de SJW5. Donc j’assume mon côté superficiel et hors du temps à propos des sujets d’intérêt de mes contemporains. J’écris tout cela sur un blog que peu de monde lit et lira, et sur bien trop de lignes pour que quiconque s’inflige une lecture pareille. ^^
Je suis en revanche pas mal des polémiques sur les réseaux avec le plus de distance possible, mais ce n’est pas facile. Je suis parfois atteint dans ces discours tellement opposés que les deux camps perdent tout sens commun selon moi. Donc j’essaie de rester vraiment le plus lymphatique, atone et veule possible. Je vous parle des petits oiseaux, je vous montre des couchers de soleil et je discute du dernier film. Bah c’est déjà ça.
Bon déjà, le gars il a une page Wikipédia hein. ↩︎
Mouvement de la fin des années 90 et début des années 2000 pendant lequel on a constaté une « fatigue » des HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) quant aux campagnes de promotions du préservatif et des relations sexuelles SSR (sexe sans risque). Cela a débouché sur des prises de risque barebacking (monter à cru en anglais, soit avoir des relations sexuelles non protégées) et une certaine promotion de ces relations notamment par des militants séropositifs, également fatigués des récriminations à leur égard. ↩︎
Peu de monde, mais certains oui bien sûr, et encore aujourd’hui puisque le SSR implique aussi cette pratique qui est la plus sécurisée pour minimiser les risques d’IST. ↩︎
J’aime les couchers de soleil (oui ok, ça ne vous étonne pas ^^ ), et les cieux sous toutes leurs formes, mais surtout bleu azuréen avec d’énormes nuages blancs bien duveteux, mafflus et joufflus. Mais j’aime autant la nuit étoilée sans lune qui laisse apparaître la voie lactée, et j’aime aussi la lune en tant que telle comme là au-dessus un soir d’éclipse lunaire sur l’île de la Réunion en juillet 2018.
L’amour de la nuit me vient vraiment de l’adolescence, où j’aimais me promener les nuits étoilées, et où l’ombre était une sorte de gangue protectrice, une cape d’invisibilité qui permettait de s’abstraire de son propre corps, et de n’être qu’un personnage immatériel dans les abîmes. Depuis tout petit et un plan des constellations trouvé dans je ne sais plus quel magazine (peut-être le journal de Mickey ?), j’ai adoré repérer ces agencements d’étoiles dont les noms me faisaient irrémédiablement penser à mes héros mythologiques favoris (j’ai lu Edith Hamilton avant les X-Men, ça marque !! ^^ ), avant que ce soit les chevaliers du zodiaque qui décrochent la timbale. Hu hu hu.
D’ailleurs si je me rappelle bien la première mention consciente des constellations me vient du Choc des Titans1, car à la fin du film c’est Zeus qui placent les constellations en souvenir (du film, mouahahahahaha).
Celui de 1981 évidemment, avec les effets spéciaux de l’illustre Ray Harryhausen, et pas les bouses « remake » de ces dernières années. ↩︎
Il n’y a rien de plus rugueux et assez désagréable que la langue d’un chat qui passe sur la peau. Hiiiiiiii. C’est râpeux à mort, avec tous ces petits picots qui cherchent à s’accrocher, et ce n’est pas du tout sympa comme sensation.
De temps en temps, c’est j’imagine quand les chats nous voient nous-mêmes comme de gros chats à qui on fait la toilette par sentiment de meute. Et assez souvent, c’est dans le prolongement des actions de leur propre toilette, qui, lorsque comme moi vous êtes un arbrachattes™, se passent souvent sur nos petit corps soumis, que l’on passe du poil à un bras ou une main. Et alors c’est comme une brosse à poil dur qui passe et repasse, et qui pourrait certes détacher n’importe quoi !! Je comprends l’efficacité du procédé et le fait que leur pelage soit toujours impeccable et sente si bon. ^^
Avec Sookie c’est toujours le truc par erreur, et elle se met à passer de sa patte à ma main. Mais Arya elle, elle vise parfois vraiment et elle décide de faire notre toilette. Je les arrête au bout de 5 secondes, en mode « merci, non merci, je douille déjà » et c’est marrant de voir, qu’évidemment, elle ne captent rien et me lancent des regards interdits.
Vous allez me trouver monomaniaque et beaucoup trop japamaniaque que ce que je suis en réalité, mais moi on me dit « chaînes » et je pense : NEBULA CHAAAAIIIIIINS !!!! Bah oui voilà, c’est comme ça, et pas autrement. Si vous êtes nés dans le milieu des années 70 jusqu’au milieu des années 80, il est certain que les chevaliers du Zodiaque1 n’ait pu vous laisser indifférents.
Dans ces fameux chevaliers, il y avait les mecs classiques et fiers représentants de la masculinité toxique de nos contemporains, mais nous sommes dans les animés, et leur spécialité c’est tout de même de jouer énormément dans le spectre de représentation du genre, et notamment pour essayer de toucher toutes les cibles de consommateur de mangas (des filles aux garçons, en passant par des styles très spécifiques comme les Yaoi qui sont des mangas homo-érotiques à destination des femmes).
Mais avec Shun, c’était vraiment très fort car le mec avait une voix féminine, une armure rose, des cheveux longs (verts) et deux longues chaînes, puisque son armure est celle de la nébuleuse d’Andromède. Les chaînes rappellent la manière dont Andromède fut attachée sur un rocher pour y être offerte en sacrifice. Mais les chaînes sont aussi évidemment un symbole peu discret du BDSM, et Shun est l’archétype du minet soumis qui souffrent en gémissant pendant toutes les aventures. Et il y a aussi ce truc terriblement incestueux avec son frère Ikki qui se poursuit pendant toute la série. On est vraiment dans les sous-textes nippons des plus tordus et hallucinants pour des animés pour enfants, auxquels nous étions biberonnés chez Dorothée (parce que ça ne coûtait pas très cher ^^ ).
Je passe la scène où Shun se met nu pour réchauffer de son cosmos le corps glacé de Hyôga dans le temple du Verseau. Bah oui hein, c’est logique. Et le summum, c’est le combat des folles perdues et hurlantes, alors que Shun rencontre un chevalier encore plus DEF2 que lui !! Il s’agit bien sûr du Chevalier des Poissons, le chevalier à la rose !!!
Mais ce qui est drôle c’est que d’un autre côté, Shun a une armure de dingue, et peut se montrer à plusieurs reprises super bad-ass. Dans les cours de récré, clairement les petits pédés en devenir étaient secrètement fan de ce Saint-Sébastien de l’extrême-orient, tandis que même les écoliers les plus virilistes louchaient clairement sur cette chaîne qui était un attribut sacrément enviable. Et aujourd’hui, Shun fait l’objet d’un culte particulier, alors que l’on assume beaucoup plus son caractère féminin (et quelle hérésie que cette version moderne des chevaliers où ils ont carrément fait de Shun une femme !!!) en embrassant sa fragilité, mais aussi toutes ses qualités humaines et de combattant, et la fragilité n’étant en réalité bien sûr pas du tout un défaut.
En tout cas aujourd’hui, si je devais choisir mais bien sûr que je veux avoir l’armure d’Andromède et ses chaînes géniaaaaaales !!!! ^^
Je vous conseille cet ancien article avec des pastiches et vidéo de doublage humoristique de l’animé. C’est vieux mais c’est très bon. ^^ ↩︎
DEF = expression ultra-locale parmi mon cercle amical et signifiant Désir d’Être Femme. Hu hu hu. ↩︎
Il y a dix ans, un film de Dreamworks avait eu son petit succès (trop petit à mon goût) en mettant au goût du jour des légendes populaires occidentales (mais surtout américaines) dans un film d’animation très bien fichu. Il s’agissait des « 5 Légendes » (Rise of the Guardians, bien meilleur titre au regard de l’histoire mais bon…) qui figuraient en héros : le Père-Noël, le lièvre de Pâques, le marchand de sable, la fée des dents (la Tooth Fairy même si une Petite Souris est présentée comme la filiale française, hu hu hu) et Jack Frost. Ce dernier est vraiment un truc purement nord-américain que je ne connaissais pas du tout à l’époque, et le film est plutôt centré sur lui avec une histoire très touchante. Et le héros est carrément sympa et cool, avec sa propension à diffuser du givre partout où il passe. J’avais bien aimé voir l’action de Jack Frost dans la manière dont le givre se pose et se diffuse sur une vitre glacée en formant ces jolis dessins en forme de fractales (et je comprends bien comment on peut raconter à des enfants que c’est Jack Frost qui fait ça ^^ ).
Le méchant est le Boogeyman ou le Croque-Mitaine, et il est bien flippant !! Le film raconte comment le méchant tente de faire main basse sur les sentiments de peur des enfants, ce qui déstabilise les gardiens qui se rassemblent pour lutter contre. J’avais adoré l’action très soutenue et l’humour vraiment efficace pendant tout le film. Et en plus, l’animation était de très haut niveau. On avait vraiment un truc qui rivalisait pour moi avec un bon Pixar. Et c’était super original d’avoir pioché ainsi dans des mythes populaires qui ne sont pas vraiment portés par des inventions littéraires anciennes, des mythes antiques, des traditions religieuses ou des super-héros plus contemporains.
Le plus drôle était ce Père-Noël aka1 Santa Claus chez les amerloques qui est sans nul doute un Polar Bear2 assumé, avec ses gros bras tatoué, sa bague de pouce et sa grosse beu-bar blanche. Il est sexy à mort, et n’hésite pas à embrasser sur la bouche à la russe, et on ne voit pas une Mère-Noël à l’horizon, c’était assez gonflé de produire un personnage aussi crypto dans un film d’animation, mais Disney a fait bien pire dans ses classiques (Scar, Hadès, Jafar et consorts) même si ce sont presque toujours des méchants.
Tiens ça me donne envie de le revoir !!
aka pour « also known as » : également connu par le nom de, qu’on pourrait traduire par l’expression « alias ». ↩︎
Dans la communauté gay des bears, des ours donc, il existe des sous-catégories dont les Polar Bear un peu plus âgés et « blanchis » par les années. ↩︎