Tron : Arès

J’ai déjà raconté à quel point Tron est un film important pour moi, j’ai vu ça à 6 ans au cinéma, et c’est avec War Games (l’année suivante), une des raisons pour lesquels j’ai voulu faire de l’informatique1 depuis tout minot. Il faut avouer que Tron était déjà assez bancal, mais pour moi c’était simplement l’Alice au pays des Merveilles de l’informatique, avec Flynn qui sublime toute sa réalité transposée dans un monde familier, et où sont personnifiées toutes les règles techniques qu’il connait et code. Le film est avant tout culte pour sa direction artistique et son action dans ce cadre si singulier, mais si on creuse un peu c’est évident assez naze.

La suite malheureusement va bille en tête sur tout ce qui était bancal et insiste très très lourdement dessus. Et exit la poésie, le côté Alice et les métaphores de l’informatique (contrôleur, processeur, programmes etc.), on est très prosaïquement et ridiculement dans ce « monde » (The Grid) avec des vrais gens. Mais cette suite avait son petit charme grâce à des effets spéciaux potables et surtout une bande son tonitruante. L’histoire était risible, mais ça se regarde avec un peu de second degré.

Avec ce troisième volet, je suis extrêmement circonspect car il y a tout un tas de choses qui prises séparément sont de bonnes qualités. On a de bons comédiens et comédiennes avec Greta Lee ou Jared Leto (même s’il fait beaucoup de merdes ces dernières années), et surtout Evan Peters et Gillian Anderson. Bon cette dernière ne fait aucun effort, et assure un service minimum. On a l’impression qu’elle veut au plus vite sortir de cette galère. Mais Evan Peters lui essaie vraiment à fond, et je salue son professionnalisme, car Dieu sait qu’on lui en fait dire des conneries.

Ce qui fonctionne c’est surtout le visuel qui est sans faute, avec vraiment de fabuleux effets spéciaux et une mise en scène assez tonique et enlevé. Je n’ai pas aimé la musique de Nine Inch Nails en revanche. Vraiment je trouve que ça ne fonctionne pas, et il y a un choix curieux d’avoir cette omniprésence musicale, parfois dissonante, qui rend l’ensemble du film comme une suite de clips avec un peu trop d’adrénaline (c’est bien aussi les moments calmes). Donc c’est joli à voir, assez bien fichu et les comédiens font le job.

Mais comme d’habitude, là où ça pèche terriblement : l’histoire. Putain mais c’est tellement con… Ils parlent d’intelligence artificielle uniquement pour ne pas en parler du tout, le lien scientifique entre la création virtuelle et la création réelle est à pisser de rire tant c’est idiot et une vraie insulte à la raison humaine. Et puis il faut arrêter avec cette fascination du « code », et encore plus caché sur des disquettes 5 pouces souples qui ont plus de 40 ans, et encore plus en « forme » de double-hélice… Mazette… Je n’arrive plus à mettre de guillemets tellement il m’en faudrait des dizaines imbriqués.

Et puis comment imaginer un scénario qui fait arriver The Grid dans la réalité pour conquérir le monde, alors que notre monde est tellement informatisé que c’est depuis l’intérieur que le pouvoir peut se prendre. En cela tiens, Tom Cruise avait mieux imaginé son « Entity » dans Mission Impossible, c’est dire… Et la conclusion du film qui est totalement technolâtre, avec des créations virtuelles à qui on donne vie grâce à ce code « en double-hélice » et qui permettent de solutionner le réchauffement climatique et guérir le cancer. Yoloooo !

J’ai eu de l’espoir avec l’entrée de Jared Leto dans le monde de Flynn de 1982, c’était cool d’avoir refait l’ancien look et tout. Mais ce n’est pas du tout bien utilisé, et le pauvre Jeff Bridges annone encore un galimatias confus et abscons qui n’arrange bien sûr rien.

Et vraiment chaque réplique est stupide, risible, emphatique et souvent absurde. Et donc tout ce qu’il se passe est naze…

Mais c’est joli, c’est rythmé. (Mais j’ai cru que ça durait 3 heures au lieu de 2.)

  1. J’adore cette expression qui ne veut rien dire mais qui est encore couramment employée. Tu fais quoi dans la vie ? Je fais de l’informatique. LAULE. ↩︎