Marche des fiertés de Lorient 2025

Apparemment pendant que la Pride parisienne battait des records de fréquentation, il y avait la petite Pride lorientaise dont il fallait bien grossir les rangs. Et donc nous avons participé à cela hier, et c’était bien cool. Il faisait une chaleur de gueux, mais on était là avec quelques centaines de personnes (moi j’ai l’impression que c’était entre 500 et 1000 en gros). La foule était composée de beaucoup de militants et d’activistes, on sentait une ambiance très revendicative et politique ce qui est très bien.

Et cela rappelle bien aussi le fait que c’est une manifestation, et au vu de la mine patibulaire (mais presque) de certains badauds sur le chemin de la marche, on en perçoit vraiment l’utilité. Cette visibilité dans des petites villes reste selon moi un élément essentiel de l’évolution de nos sociétés. Car on a vite fait de dire et croire que les dégénérés sont à Paris qui est à peu près vue comme la Babylone moderne, ou plus littéralement les Sodome et Gomorrhe de toujours.

Eh bien non, nous sommes partout. Il suffit d’ouvrir ses yeux, et son cœur. ^^

Faut pas pousser mémé dans les orties !

Bah je suis bien moi à dire haut et fort que l’Inter-LGBT devrait être neutre et accepter tous les bords et tout et tout… Bon mais je ne pensais pas que j’aurais à préciser que l’extrême droite n’était pas une option hein ?

Nan mais les gay patriotes ? Ouate ze feuque !!!

Et not’ bon ministre de l’Intérieur qui leur propose une escorte de CRS pour les défendre ???

Donc là, en effet, on refuse cette participation, on exclut les fachos d’emblée, et on leur pisse à la raie en passant. ^^

Je me suis toujours dit que c’était un bon signe d’avoir une visibilité homo à droite, et que ça voulait dire que la société changeait vraiment (enfin !). Mais là non !!!!

Marche des Fiertés de Nantes 2025

Après une année 2024 record, puisque c’était la seule année depuis 1997 où je n’avais assisté à aucune marche des fiertés, j’en suis déjà à ma deuxième cette année (après Genève la semaine dernière). Eh bien je peux affirmer que j’aime ça, et que ça fait drôlement du bien de renouer avec cette saine pratique annuelle. Cette session nantaise s’est déroulée sous les meilleurs augures avec un temps grisâtre, mais au moins pas trop chaud et sans risque d’insolation, et j’ai trouvé vraiment beaucoup de monde.

J’ai surtout retrouvé cette superbe ambiance nantaise hyper conviviale et sympathique des bonnes Prides. Absolument tous les gens croisés lors de cette marche étaient souriants, abordables et bienveillants. Il y avait ce qu’il fallait de revendications et de pancartes politiques, mais aussi des fétichistes de tous les genres, des créatures indéterminées et puis des tas de gens dans le spectre de l’humanité multicolore.

J’ai surtout noté que la meilleure idée était de venir avec des pistolets à bulles, alors là je peux vous dire qu’on a eu du succès !! J’ai encore fait mon Utakata et, grâce à mon ninjutsu des bulles de savon, les gens ont beaucoup aimé danser dans des flots de bubulles !!! Cela m’a ragaillardi d’être dans une telle atmosphère. ^^

(Oui vous noterez que j’avais mis mes faux-cils pour l’occasion. Hu hu hu.)

Marche des Fiertés de Genève

Par le plus grand des hasards, il y a une Pride pendant mon séjour suisse, alors ni une ni deux, c’est une excellente occasion de faire un tour à Genève, et de faire ma première marche des fiertés de l’année (après une année 2024, où pour la première fois pour moi depuis 1997, je n’ai pu en faire aucune1).

Le temps était, et est resté, assez incertain pendant toute la journée, et on a eu quelques averses orageuses, mais globalement un temps agréable et chaud. C’était marrant de participer à cette petite Pride, car c’était assez petit au final (le parcours et le nombre de gens), alors que c’est le rassemblement suisse LGBT par excellence. Et clairement c’est à l’image du pays, donc c’est gentil, propret et bien ordonné. Hu hu hu.

C’était un défilé très sympa avec ses drags, ses chars et des joyeux drilles, pour animer tout cela. Comme d’habitude, on note une participation très jeune et très féminine, ce qui est très très cool ! Et même si c’était très présentation, il y avait tout de même une caution « kink » avec une belle délégation puppies. Et comme dans n’importe quelle manifestation, concert ou rassemblement dans le monde entier, il y avait un DRAPEAU BRETON (associé à celui des puppies) !!! Hé hé hé. ^^

La manifestation se termine dans un parc (des Bastions) où il y avait un village associatif, de la musique et de quoi passer une bonne soirée ! L’ambiance était très chouette et festive !! On n’est pas resté, parce qu’on n’a plus l’âge, mais ça m’aurait beaucoup plu il y a quelques années !!

  1. Donc j’ai du rattrapage à faire !! ↩︎

Dustan après 30 ans

Il n’y a pas longtemps je pensais que l’année prochaine : ça fera 30 ans que « Dans ma Chambre » de Guillaume Dustan est sorti. Et il y a peu de temps, Madjid a pondu un article sur Dustan. Cette synchronicité m’a fait sourire, et encore plus avec ce brûlot qui n’est pas exactement un panégyrique de l’écrivain. J’adore qu’il en parle avec des guillemets de ce Guillaume Dustan qui a été un fouteur de merde pas possible, qui a certes rué dans les brancards, et en a tiré une certaine gloire qu’il a également réussi à éclater par terre.

Et je suis d’accord avec ce qu’en dit Madjid, il y avait une certaine médiocrité chez Dustan et un truc bourgeois assez insupportable au fond. Mais surtout sa contribution directe au mouvement de « relapse » (relâche quant à la protection contre le VIH) pour une revendication du bareback (le fait de monter à cru soit baiser sans se protéger) qui était une affirmation très individuelle de la prise de risque a mis en difficulté tous les militants et militantes en lutte contre le SIDA. Et lui en tant que séropo voulait tout faire péter, en avait assez de porter cette honte de la maladie, et voulait que chacun prenne ses responsabilités, et lui aucune en l’occurrence.

Cela a conduit à une période assez sombre dans mon souvenir, avec une guerre fratricide assez violente entre « pro » et « contre », et des trucs assez fous comme des gamins qui demandaient à se faire plomber (contracter le VIH de manière volontaire et assumée) en fantasmant sur le don du VIH (les séropos étaient alors des donneurs valorisés pour leur cadeau). Il y a eu le développement de tout un imaginaire surréaliste autour de la maladie qui n’était plus mortelle grâce aux trithérapies, et qui, pour certains, était aussi un clan désirable, une sorte de culture gay ultime avec sa communauté, ses codes, son identité, une certaine liberté recouvrée (car rien ne pouvait arriver de pire), et une énième resucée en réalité du classique Eros et Thanatos.

Je pense aussi au roman de John Rechy qui m’a tant troublé, ou même à la mini-polémique d’il y a vingt ans1 qui avait vu un blogueur très « connu » se faire vilipender parce que soi-disant chantre du bareback (et ce n’était pas du tout le sujet). J’avais essayer d’apporter, avec mon expérience et sans doute mes humbles maladresses, mon propre éclairage à cette trouble période. Et la réalité c’était aussi ce relâchement général et cette lassitude qui nous engourdissaient tous. Et mettre un couvercle dessus, même avec le poids moral d’une prévention essoufflée le plus écrasant, ne suffit pas à retenir la pression qui croît irrémédiablement.

Et donc pour des personnes comme Madjid ou Lestrade, il a fallu lutter contre ce mouvement qui risquait la vie de bien des gens. Et ils ont bien fait je pense, le truc était trop grave et palpable. En revanche, cette parole si étrange et sulfureuse, même si l’imposture était manifeste, était là, et elle a marqué son temps. Oh c’était très léger et ça n’a pas duré. A peine de souvient-on d’un énergumène avec une perruque moche chez Ardisson, mais pour moi ce sont plutôt des romans troublant qui disaient des vies à la fois en résonnance avec moi, et parfaitement opposées.

Lorsque Dustan est mort, il était déjà complètement oublié. C’est dire si ça a été une apparition fugace et discrète, même s’il a imprimé une marque durable chez certains, et reste un horrible personnage pour beaucoup. C’est pourquoi c’était vraiment incroyable de voir une pièce (réussie) adaptée de son premier roman il y a cinq ans sur scène à Paris.

Je comprends qu’avec le recul de ces années, le personnage puisse avoir un côté inclassable, singulier et punk qui plaise, mais donc c’est bien d’avoir le son de cloche de Madjid qui est également très juste. Quant à moi, je ne peux pas choisir, je ne peux pas trancher. Je prends le connard et l’auteur, le queer et le bourgeois, l’émancipateur et le danger public comme un tout inaltérable, irréconciliable et paradoxal.

  1. Les réseaux sociaux c’était les blogs ! ↩︎

30ème Marche des Fiertés de Toulouse

Il y a cinq ans, Matthieu Jeanneau avait réalisé la plus belle affiche qui soit pour une Pride. Mais nous étions en 2020, et donc comme la plupart des marches des fiertés, celle de Toulouse fut également annulée pour cause de COVID. J’étais vraiment triste pour lui et pour tout le monde que l’affiche n’ait pas eu l’opportunité d’être plus largement diffusée. Mais cette année, pour ses 30 ans, Toulouse a sollicité Matthieu de nouveau, et il a pondu cette petite merveille.

Il est doué le bougre puisque c’est encore une œuvre photographique formellement épatante, mais surtout une composition magnifique et puissante qui met en avant l’inclusion et nos luttes de la plus belle des manières. On y reconnaît même un autre Matthieu qui joue dans un club de rugby toulousain, et dont les courbes sont parfaitement reconnaissables et lui indéniablement callipyge. ^^

Dégenrement

A force de fréquenter les1 réseaux sociaux et avec mon esprit si terriblement wokiste et islamogauchiste (oh yeaaaaah), j’ai parfois des surprises qui ne devraient plus en être. Ou plutôt je réalise à quel point, je peux me faire des illusions quant à ce que je pense sont des progrès bien répandus dans la société. Et un mariage est l’événement idéal pour mettre en pratique des petites expériences éthologiques. Bien évidemment, celui de la semaine dernière m’en a fourni une à laquelle je ne m’attendais absolument pas.

Comme je vous disais, nous avons bien contribué à l’organisation et l’animation de l’événement, et nous avions notamment des petits jeux à mettre en place. La mariée avait notamment concocté des paires de cartes avec des personnages, et il fallait qu’on en distribue aléatoirement une par personne. Le jeu c’est que pendant le mariage les paires doivent se reconstituer. On avait fait ça à notre mariage avec un jeu de tarot coupé en deux, et ça avait super bien marché.

Mais là l’originalité c’était que les personnages était des « couples » célèbres, on avait Barbie et Ken, Titi et Grosminet, Mickey et Minnie etc. Moi par exemple, j’ai eu Fiona, et je devais retrouver Shrek.

On avait un paquet de cartes non triées, et on distribuait cela en expliquant les règles à tous les arrivants à la réception du mariage. Très rapidement, les gens revenaient vers nous l’air gêné en disant « Ah mais je ne peux pas avoir Minnie, je suis un homme ». Et quand ce n’était pas les hommes, les femmes l’exprimaient tout autant pour leurs maris « ah non mon mari ne peut pas être Barbie hein ? ». Et de la même manière, les filles refusaient les cartes masculines, mais avec moins de vigueur, on sentait qu’on aurait pu les convaincre de jouer le jeu. Car on a essayé d’expliquer que c’était un jeu, et que c’était drôle le « mélange des genres », littéralement. Mais ça ne faisait rire personne, et on s’est vite plié à leur donner une carte cisgenrée (laule).

Et attention hein, ce n’était pas un mariage de gens désagréables ou homophobes ou même beaufs, pas du tout. On avait une représentation de la France tout à fait médiane et chouette avec une moitié du Finistère et l’autre du Var. Et en toute sincérité, on a vraiment beaucoup apprécié toutes ces personnes qui étaient absolument adorables et sympathiques.

Mais alors, sur le sujet du genre, moi qui pense qu’on est tous aujourd’hui super détendus du slip sur le masculin et le féminin2, et que le genderfuck est le futur du genre humain. Bah je me suis bien mis le doigt dans l’œil. Les garçons veulent du bleu et jouer aux pompiers ou à la guerre, et les filles du rose et incarner des princesses en faisant la cuisine. Purée que c’est flippant. ^^

Et pour tout vous dire, je savais très bien qui avait eu la carte Shrek, et malgré cela je n’ai pas réussi à m’apparier à lui. J’ai joué les candides et fait un grand tour pendant le cocktail en me présentant en tant que « Fiona » qui cherchait « Shrek » en rigolant. Bien sûr je n’ai pas affiché la personne en question, mais elle ne s’est jamais signalée. Comme il fallait aller faire un selfie pour immortaliser le duo, peut-être que cela la gênait de faire ça avec un inverti3, ou bien c’était en tout cas une incongruité somme toute embarrassante. ^^

Bon bah, la lutte continue hein !!!

  1. En réalité « mes » réseaux donc ceux qui m’apportent une vue parfaitement déformée de la société qui a l’air représentative mais qui ne l’est pas du tout. ↩︎
  2. La série Adolescence sur Netflix me file néanmoins un petit doute je reconnais. ^^ ↩︎
  3. Hu hu hu. ↩︎

Rechute

Ruben écrit un blog sur le chemsex, et son cheminement très personnel, et ça me touche beaucoup.

Retour à la case départ ? Pas vraiment I guess. En vérité je crois que mon corps et mon cerveau ont appris et continuent à apprendre des choses depuis trois ans. Qu’ils seront constamment et fiévreusement en lutte et tiraillés par mes contradictions. Je suppose que c’est le quotidien de tous les pédés qui vivent dans ce système étouffant avec l’envie d’une liberté sans condition.

Peut être que la clé est dans cette idée de liberté. J’entends par là d’avoir le choix. Mais un choix conscient et donc responsable. Être responsable de ce que je décide de faire non seulement pour moi mais pour les autres. 

RURU PEPITO – Re

Du tac au tac

Al Green est un élu texan de la Chambre des Représentants des USA. Lorsque, récemment, un autre élu a affirmé que « Dieu était contre les droits pour les personnes trans », voilà ce qu’il a rétorqué.

Heureusement dans cette époque sombre, il y a encore un peu de décence et des personnes éclairées pour nous montrer la voie, et péter un bon boulon quand il le faut. ^^

Queer (Luca Guadagnino)

C’est vraiment difficile de juger ce film, qui n’est pas un « bon film » mais qui reste tout à fait cohérent et plutôt fidèle à l’esprit de Burroughs. Donc c’est plutôt ça le truc : la beat generation ça a sans doute beaucoup beaucoup vieilli. Donc l’homosexualité ou les drogues, ce n’est pas sensationnel ni dans l’outrecuidance, et en plus de la part de mecs junkies plus âgés, et « privilégiés » dirait-on aujourd’hui, qui ciblent des minets. Bah ça n’aide pas à s’attacher aux personnages. Et quand en plus, l’histoire tient sur une page A4, ça fait un film de deux heures qui a l’air de durer plus longtemps que le Brutalist.

Finalement Luca Guadagnino me surprend autant qu’avec Call my by your name qui m’avait étonné dans son histoire même que je trouvais totalement bancale et surannée. Et là c’est un autre film, mais j’en ressors avec la même impression. Et donc c’est tout de même là encore très bien filmé, et ça tient bien la route. Il y a surtout un très très bon Daniel Craig qui est vraiment dans une performance fabuleuse. Il mérite vraiment des prix pour son interprétation, et il tient le film avec sa présence et l’authenticité de son jeu.

Après, il y a quelques scènes d’une jolie sensualité, ou avec des élans mystiques qui sont bien « imagés ». Mais « tout ça pour ça » quoi.

L’avis d’Aleck.